Yokohama Shashin

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Yokohama Shashin 1860-1900 Claude Estèbe


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n langue japonaise, Yokohama shashin signifie littéralement « les photographies de la ville de Yokohama », mais désigne également les photographies produites à Yokohama ; c’est dans ce sens qu’on utilise cette expression au Japon pour désigner un genre né à la fin des années 1870, et qui a perduré jusqu’au début du xxe siècle. Il se caractérise par de grandes épreuves sur papier albuminé, soigneusement coloriées à la main, de paysages, portraits et scènes de genre du Japon. Souvent reliées dans de luxueux albums japonisants, elles s’adressaient à la clientèle des voyageurs occidentaux. Le terme Yokohama shashin regroupe l’ensemble des ateliers de photographie des ports en exterritorialité, soit principalement Yokohama, mais aussi Nagasaki, Kôbe et Hakodate. Leurs précurseurs – dont Beato, Uchida, Ueno et Stillfried – ont leur style propre, facilement identifiable ; mais, à partir des années 1880, la compétition s’intensifie, le nombre de studios et la production augmentent, le style s’unifie. Les photographes échangent des négatifs, rachètent des stocks d’images des concurrents malheureux, copient des poses, dupliquent même des épreuves « empruntées » à leurs confrères. Les studios sont de petites entreprises avec un photographe principal, des portraitistes, des opérateurs, des agents commerciaux et plusieurs dizaines d’assistants et de peintres pour le tirage des épreuves et leur mise en couleur. Relieurs et artisans associés produisent de luxueuses couvertures d’albums en laque rehaussée d’or et de motifs en ivoire et en nacre.

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okohama shashin in Japanese signifies “photos of the city of Yokohama”; but it can also mean “photos produced in the city of Yokohama”, and it is in this sense that it is used in Japan to designate a genre originating in the late 1870’s, which survived up to the beginning of the 20th century. The genre is characterized by large albumen prints, carefully hand-tinted, of landscapes, portraits and typical scenes of Japan. Often bound in luxurious ‘japanesque’ albums, they targeted a clientele of western travelers. The term Yokohama shashin covers globally the work of all the photographic studios operating in the several free ports, principally Yokohama, but also Nagasaki, Kôbe and Hakodate. Their precursors – such as Beato, Uchida, Ueno and Stillfried – have their own easily identifiable style; but beginning in the 1880’s the competition intensifies as the number and output of the studios grows considerably tending toward a unification of style. The photographers exchange negatives, purchase the stocks of their less fortunate rivals, copy each other’s poses, even duplicate prints ‘borrowed’ from their peers. The studios are small enterprises, consisting of a head photographer, a portrait photographer, technicians, salesmen and several dozen assistants and colorists to produce and finish the prints. Bookbinders and associated craftsmen produce the luxurious covers of albums in gold-filled lacquer, inlaid ivory and mother-of-pearl.


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« Japanese Women, Simoda » (Shimoda), 1856 Lithographie d’après un daguerréotype d'Eliphalet Brown Jr. pris en 1854

“Japanese Women, Simoda” (Shimoda), 1856 Lithograph from a daguerreotype by Eliphalet Brown Jr. taken in 1854


L’origine des Yokohama shashin se confond avec celle de la photographie au Japon car les premières photographies de ce pays, prises lors de l’expédition du commodore Perry en 1853-1854, étaient déjà documentaires.

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Shimoda, 1854 Le daguerréotypiste américain Eliphalet Brown Jr. (1816-1886), accompagné d’une escorte de fusiliers-marins de l’escadre de Perry, rejoint son « studio » dans les rues boueuses de ce petit village de pêcheurs. Ce jour-là, il s’apprête à tirer le portrait de deux courtisanes. Il les fait poser dans la cour du temple, assises sur un banc pour éviter le flou de bougé, et en plein soleil afin de diminuer le long temps de pose. Plusieurs secondes sont nécessaires pour impressionner la petite plaque de cuivre recouverte d’argent poli qu’il vient d’introduire dans sa chambre photographique. Un attroupement d’une centaine de curieux assiste avec intérêt aux opérations. Heine, le dessinateur de l’expédition, note dans ses mémoires que cette prise de vue est leur première sortie exempte de tensions depuis leur arrivée. Les Américains sont en effet des hôtes encombrants dont le gouvernement japonais se serait bien passé. L’année précédente, les « bateaux noirs » de l’escadre de Perry ont fait irruption dans la baie d’Edo. Après avoir déballé de somptueux cadeaux et montré la puissance de la technologie occidentale, Perry a proposé au shogoun un « traité de paix et d’amitié » permettant aux Américains de faire escale dans quelques ports japonais afin de se ravitailler et commercer. Les

Ueno Hikoma, Samouraï, carte de visite, ca. 1870 Ueno Hikoma, Samurai, carte de visite, ca. 1870

The origins of Yokohama shashin are contemporary with that of photography in Japan, as the earliest photos taken in this country were documentary, dating from Perry’s expedition in 1853-1854. Shimoda, 1854 The American daguerreotypist Eliphalet Brown Jr. (1816-1886), under Marine escort from Perry’s squadron, returns to his studio in the muddy streets of this small fishing village. That day he had to shoot a portrait of two courtesans. He has them pose in a temple courtyard, seated on a bench to avoid movement, and in direct sunlight to reduce the time of exposure. Several seconds will be necessary for the polished silver surface of the small copper plate just introduced into the chamber of his camera. A hundred curious onlookers gather to admire the operation. Heine, the sketch-artist of the expedition notes in his memoires that this shoot is the first stress-free contact since their arrival. The Americans are in fact awkward guests whom the Japanese government would gratefully have done without. The previous year the Black Ships of Perry’s squadron appeared in the bay of Edo. Perry, having presented quite generous gifts and a display of western technological prowess, proposed a “Peace and Friendship Treaty” to the Shôgun, permitting the Americans to enter several Japanese ports to refit and trade. The Japanese politely declined: their isolation was the fruit of a political decision to stabilize the country,


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Ogawa Kazumasa (attribué à), « The Sea Goddess Benten » (Benzaiten), épreuve sur papier albuminé coloriée à la main, ca. 1895 Ogawa Kazumasa (attributed to), “The Sea Goddess Benten” (Benzaiten), hand-colored albumen print, ca. 1895

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Felice Beato, “Atsunghi” (Atsugi Village), ca. 1866


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風景

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Felice Beato, “ Mayonashi” (Miyagase), ca. 1865


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Felice Beato, “View in the Native Town—Nagasaki”, 1864


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Felice Beato, Yakunin and servant, ca. 1867 Felice Beato, Samurai with a pistol, ca. 1867


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Felice Beato, “Samurai of the Satsuma clan”, ca. 1867

Felice Beato, “Japanese yakonin in dress of ceremony” (yakunin), ca. 1864


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