"Citius, Altius, Fortius !" Secondius ?

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«Citius, Altius, Fortius !» Secondius ? ORBAN Yves

Travail de fin d’étude Yves ORBAN

«Citius, Altius, Fortius !» Secondius ?



Université Libre de Bruxelles Faculté d’Architecture La Cambre-Horta Place Eugène Flagey 19 1050 Ixelles

«Citius, Altius, Fortius !» Secondius?

Auteur : Yves Orban Promoteur du TFE : Luc Deleuze Deuxième année du grade de master en architecture Deuxième session, septembre 2012



En préambule à ce mémoire, je souhaitais adresser mes remerciements les plus sincères aux personnes qui m’ont apporté leur aide et qui ont contribué à l’élaboration de ce mémoire.


Table des matières Introduction 1. Du point de vue politique

2.1 L’élaboration du dossier 2.2 L’analyse d’impact économique 2.3 La pratique 2.4 La relation entre le sport et l’économie

3. Du point de vue sociologique

3.1 Le sport confronté au star-système   3.2 Place du sport dans la société   3.3 Le sport comme religion ?

4. Du point de vue médiatique

24 25 26 30 35 40 40 41 42

4.1 La « science » médiatique   4.2 Le traitement médiatique du sport   4.3 L’exemple de Salt Lake City

50 50 53 55

5. Du point de vue urbanistique

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4

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1.1 La guerre d’influence entre états 12 1.2 L’influence des multinationales sportives 13 16 1.3 Le sport et la politique 19 1.4 Le sport outil de légitimation du pouvoir

2. Du point de vue économique

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5.1 De la volonté politique en matière d’aménagement du territoire 5.2 L’aubaine olympique 5.3 Exemple des jeux olympiques de Barcelone 5.4 Exemple de Londres

62 65 68 71


Table des matières

6. Du point de vue architectural

6.1 De l’architecture sportive 6.2 L’équipement sportif collectif 6.3 L’architecture sportive de prestige 6.4 Le monument stade 6.5 Exemples de stades dits multifonctionnels

6.5.1 L’Amsterdam Arena    6.5.2 Le GelreDome Stadium    6.5.3 Le stade de France    6.5.4 Les stades qataris    6.5.5 Stade du CSKA Moscou

80 80 83 87 88 92 92 94 95 96 99

7. Le rôle de l’architecte

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8. Conclusion

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9. Bibliographie

9.1 Ouvrages 9.2 Mémoires 9.3 Dossiers 9.4 Presse 9.5 Contenu internet 9.6 Entretiens 9.7 Références images

110 110 110 111 112 116 116 117

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INTRODUCTION


Introduction

Le sport a occupé depuis l’antiquité une place de choix dans notre société. Qu’il soit un épanouissement personnel, un rite guerrier, une pratique religieuse, un moyen de contrôle et d’encadrement des populations, le sport ou plutôt la pratique physique a toujours été codifiée. Si le sport a depuis toujours été exploité, il est étonnant que malgré le temps qui nous sépare de la Rome antique, il soit encore actuellement un outil de distraction des masses de premier choix comme le furent les jeux antiques. Le panem et circences tant employé par les différents tenants du pouvoir romain, pour remonter leur popularité et donc s’assurer de l’adhésion du peuple à leur politique, s’est mué comme premier outil de distractions mondial grâce aux différents outils de médiatisations. On aurait pu penser que la science et l’éducation, qui s’enorgueillissent à la fois de faire évoluer les consciences et de s’être considérablement développées depuis l’antiquité, auraient eu comme effet une prise de conscience plus poussée et pertinente ; mais force est de constater que si les moyens ont évolués, la pratique de l’encadrement des populations n’a, elle, pas changé. A l’heure actuelle le sport est devenu le théâtre de grandes spéculations immobilières, le tout pour séduire des organismes sans but lucratif n’hésitant pas à jouer de politique mondiale. Grands gourous de la doctrine sportive mondiale, ces Associations Sans But Lucratif (abrégé ci-après en ASBL) se situent comme les maîtres de cérémonie impartiaux d’une véritable guerre d’influence à laquelle la majorité des métropoles mondiales participent. Chacune d’elles y voit l’occasion de rénover ses friches industrielles issues du zonage de l’époque moderniste et des politiques européennes de désindustrialisation, d’attirer de nouveaux investisseurs et des capitaux étrangers, de promouvoir le tourisme,… Mais surtout ces métropoles y voit l’occasion de mener à bien les projets urbanistiques qu’elle n’a pas pu assumer auparavant.

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Introduction Dans le cadre de ma formation en architecture, il m’a semblé que pour aborder le phénomène sportif dans son ensemble, une approche pluridisciplinaire s’imposait. Comme le ferait un architecte moderne qui coordonnerait le travail d’une équipe aux disciplines variées, je me suis donc attaché à traiter de plusieurs thématiques. Celles-ci sont : la politique, l’économie, la sociologie, les médias, l’urbanisme, l’architecture et enfin le rôle de l’architecte. Le sujet de ce mémoire est de mettre en évidence l’utilisation d’une idéologie sportive, dénaturée par des Fédérations Sportives Internationales (FSI). Nous essayerons de relever les contradictions, incohérences, et manipulations que ces FSI opèrent pour arriver à leurs fins. Pour ce faire, nous attarderons plus particulièrement sur le Comité International Olympique (CIO) car il nous semble être à la fois la plus prestigieuse des organisations sportives et à la fois celle qui a le plus dénaturé l’idéologie sportive.

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DU

POINT P O L I T I Q U E


1. Du point de vue politique 1.1 La guerre d’influence entre états Pour pouvoir organiser les prochains championnats du monde, continentaux, de football ou d’autres sports très médiatisés ainsi que les jeux olympiques, les métropoles du monde entier, soutenues par leur nation, se livrent à une guerre d’influence depuis le dépôt de candidature jusqu’au vote final d’attribution. Ce type d’évènement comporte plusieurs avantages. En effet, pour une ville et son pays, c’est aussi l’occasion de montrer leur puissance économique, culturelle et sociale au niveau international, d’attirer par cette publicité des investisseurs étrangers, et de vendre une image parfaite et contrôlée de la nation. Qu’un état mette en valeur certains de ces aspects en ces temps économiques difficiles ne constitue pas une nouveauté en ellemême. L’avènement d’une société mercantile à l’échelle mondiale a induit ce type de comportement. Sur fond de crise généralisée, le système basé sur les principes de confiance, de l’offre et de la demande, de la concurrence loyale,…a évolué. Maintenant, les entités administratives, que sont la ville et sa nation, sont obligées d’adopter une attitude qui s’apparente de plus en plus, par la facilité des mesures prisent en faveur des investisseurs étrangers, à ce qui me semble être une forme de prostitution. Ce comportement vise à appâter l’investisseur privé étranger sur leur territoire, apparemment le dernier salut possible à la crise. L’évènement sportif planétaire est aujourd’hui un de ces investissements étrangers des plus prisés car, grâce au pouvoir médiatique important qui y est associé, il est possible pour le pays organisateur d’accroître son prestige et sa renommée et ainsi de se vendre sur plusieurs domaines en même temps. C’est donc à grands coups de lobbyings que la ville, secondée très étroitement par son pays, vantera ses atouts aux membres de l’organisation régissant l’évènement sportif convoité. A ce stade 12


1. Du point de vue politique de la procédure de sélection, tous les moyens sont bons pour convaincre les membres influents ; chacun d’eux devient alors la cible de toutes les attentions des organisateurs qui parfois n’hésitent pas à s’immiscer jusque dans leurs vies personnelles ou même à marchander un vote favorable contre certaines compensations. C’est l’exemple de Salt Lake City, le plus gros scandale de corruption que le mouvement olympique ait dû affronter (cf. chapitre 4.3). Ces pratiques qui peuvent être qualifiées de mafieuses ne choquent plus grand monde, vu que seul le résultat compte ; pourtant il s’agit bien là de l’engagement de l’argent de la collectivité. Le sport ne comporte-t-il pas une dimension éthique ?

1.2 L’influence des multinationales sportives Si nous prenons l’exemple du Comité International Olympique (abrégé ci-après par CIO), qui est la plus grande organisation sportive mondiale, une première analyse de surface nous permettra de nous rendre compte du poids international qu’elle représente. Le CIO, comme la plupart des organismes sportifs internationaux, est statutairement une association sans but lucratif de droit suisse dont le siège social est basé à Lausanne. Établir son siège en Suisse, un paradis fiscal avantageux à bien des points de vue, est un choix stratégique mais ce pays est aussi celui dont la neutralité politique est une fierté nationale. Si ces organismes sont des ASBL, ce n’est pas innocent puisqu’il s’agit d’une structure administrative dotée d’une personnalité juridique indépendante ; ce qui a pour effet de protéger efficacement le patrimoine de ses membres en cas de litige juridique ou financier. De plus, ces associations sont imposées de manière nettement plus avantageuse que les sociétés commerciales à but lucratif. 13


1. Du point de vue politique Un autre aspect non négligeable est le nombre de pays membres que ces organisations sportives possèdent : 204 pour le CIO1, 209 pour la Fédération Internationale de Football Association (FIFA)2, … Ces chiffres ne paraissent peut être pas importants mais il s’agit bien là du nombre de pays subsidiant des fédérations nationales correspondantes. Ce qui est encore plus intéressant c’est que ce nombre est supérieur à celui des membres d’une organisation politique comme les Nations Unies3 qui en possède 193. Pour ne pas tomber dans la théorie trop binaire du complot international mais rester attentif à la société dans laquelle nous vivons il est bon de se rappeler certaines données : le nombre de membres ne représente rien d’autre qu’une mesure de la possibilité d’écoute, de diffusion de l’information et de rencontres privilégiées. Ces opportunités de rencontre sont à l’heure actuelle considérées comme une réelle richesse : l’importance d’un organisme dépend de l’étendue de son réseau. Plus son carnet d’adresse est fourni, plus l‘organisme est susceptible d’être influente, et plus elle est influente, plus elle a de pouvoir. L’Histoire est truffée d’exemples de décisions étatiques guidées par des mobiles extérieurs. Le processus est en soi très simple bien que idéologiquement contestable : en se regroupant les individus discutent de leur vision des choses et les convictions de tout le groupe en sont modifiées ; ceux d’entre eux qui ont un pouvoir de décision l’exerceront à travers ce crible. Il est complètement impossible de demander à quelqu’un d’être totalement indépendant de l’entourage idéologique dans lequel il baigne.

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1 http://www.olympic.org/fr/comites-nationaux-olympiques 2 http://www.fr.fifa.com/ 3 http://www.un.org/fr/members/index.shtml


1. Du point de vue politique Comment alors prêter foi à ces différents cercles dont les membres ne sont pas élus au suffrage universel mais souvent cooptés et dont les procès-verbaux des réunions ne sont pas publiés ? L’organisation sportive n’échappe pas à cette logique, car son statut, souvent ASBL, empêche l’arrivée de tout un chacun aux postes de décision et n’oblige pas à une transparence de fonctionnement vis-à-vis du monde extérieur. Ces différents réseaux en théorie présentent des intérêts dans les deux sens mais certains les utilisent uniquement dans le sens de leur profit personnel. Ainsi l’organisation sportive ne se vante pas de posséder un réseau d’influence plus grand que certaines institutions qui peuvent avoir accès à troupes armées par le biais de ses membres. Mais elle se permet parfois, sous le couvert de valeurs unanimement partagées telles que la paix ou le dépassement de soi, d’intervenir auprès d’organisations officielles pour les influencer dans la direction qu’elle juge la plus adéquate. Par exemple, Juan Antonio Samaranch, alors président du CIO (de 1980 à 2001), a demandé aux Nations Unies une trêve militaire dans le monde durant les deux semaines de Jeux Olympiques (abrégé ci-après par JO) organisés à Barcelone en 1992. Cette résolution a été votée à l’unanimité et observée durant la durée des jeux4. Cette « trêve olympique » existait déjà pendant les Jeux de l’antiquité. Ceux-ci étaient perçus comme une continuité non armée des conflits militaire. Mais si Juan Antonio Samaranch a entrepris cette démarche c’est pour assouvir ses ambitions de prix Nobel de la paix.

4  Gilles DEHRS, Alain LEAUTHIER, in Marie-Pierre QUINET, “L’institution face à un scandale médiatique”, p. 53

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1. Du point de vue politique 1.3 Le sport et la politique Le sport et ces événements mondiaux ont toujours été politisés durant la période contemporaine comme le montre l’histoire des JO. En 1948, Londres a été élue ville hôte, par ailleurs ville symbole de la résistance, et les vaincus de la guerre 40-45 n’ont pas été invités5 ; durant la guerre froide, les JO ont subi de nombreux boycotts ; un groupe armé palestinien s’est attaqué aux athlètes israéliens aux Jeux de Munich en 1972 ; des athlètes noirs américains ont manifesté contre la discrimination raciale en 1968 aux Jeux de Mexico et contre l’apartheid au jeux de Montréal en 1976. Les jeux sont intimement liés à la politique, pourtant le sport en tant que tel n’a aucune préoccupation de ce type ; c’est donc bien les différentes organisations, comme le CIO qui, tout en se targuant d’être les garantes des valeurs sportives, lui confèrent un pouvoir médiatico-politique.

Carte des Boycotts lors des Jeux Olympiques de 1976, 1980 et 1984

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5 http://www.larousse.fr/encyclopedie/divers/JO_de_Londres___XIe_jeux_Oly mpiques_d%C3%A9t%C3%A9/185472


1. Du point de vue politique Il suffit aussi de se souvenir la manière dont le relais de la flamme olympique en direction de Pékin a été perturbé, à Paris notamment. Cet affront fait à une nation de plus d’un milliard de personnes a été soutenu par politiques comme Daniel Cohn-Bendit, eurodéputé, Alain Madelin, président de Démocratie Libérale, ou encore ces messieurs de Reporter sans Frontières (RSF)6. Ceuxci, se targuant d’être humanistes et dont la foi en la suprématie des valeurs « blanches européennes » semble inébranlable, se permettent de discuter la conduite de la Chine. Avec le CIO, l’Europe a encore un moyen de donner au reste du monde des leçons de gouvernance prônant son propre modèle de fonctionnement. En prêtant attention à l’histoire olympique on peut se rendre compte que l’idéologie olympique et du sport en général a été subordonnée, avec le complet consentement du CIO, à la politique ; et cela particulièrement durant des périodes troubles. Le cas des jeux de 1936 à Berlin en est le plus bel exemple : Pierre de Coubertin, son fondateur, a déclaré à ce sujet : « L’idée Olympique sacrifiée à la propagande ? C’est totalement faux ! La grandiose réussite des Jeux de Berlin a magnifiquement servi l’idéal olympique »7. Le scandale de Salt Lake City n’en est pas une autre preuve, la frilosité avec laquelle le CIO a attribué les Jeux Olympiques à Pékin n’est pas non plus innocente,… Si le CIO se prétend ne dépendre d’aucune politique extérieur, il est cependant évident qu’il est lui-même doté d’une vision le poussant à évoluer au-devant de la scène. Si l’idéologie olympique y a trouvé le moyen d’accroître sa notoriété et sa suprématie sur le sport mondial, le fait que ces jeux aient servi indirectement des politiques est indéniable.

6  Eric CHOL, “Faut-il boycotter les J.O. ?”, p 53 et 55 7  Pierre de COUBERTIN in Marie-Pierre QUINET, “L’institution face à un scandale médiatique”, p. 54

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1. Du point de vue politique

Campagne anti-JO de pékin par R.S.F

Cérémonie olympique au Lustgarten de Berlin, le 1er août 1936. 18


1. Du point de vue politique Par sa position internationale le CIO est presque automatiquement amené à jouer de politique mais il aurait pu se tenir à une ligne de conduite cohérente et intègre.

1.4 Le sport outil de légitimation du pouvoir Le sport et la culture, comme armes contre une certaine forme de dégénérescence à la fois physique et morale, ont été plusieurs fois utilisés par des « révolutionnaires » pour renverser un ordre établi, à leurs yeux dégradant. Un exemple assez récent est la prise de pouvoir du fascisme en Italie et du national socialisme en Allemagne8. Dans ces deux cas, le sport est devenu un moyen d’uniformiser les pensées et les comportements de la population en mettant à l’honneur, pour le fascisme italien, l’homme nouveau, qui s’est « redressé » moralement grâce, entre autre, à l’effort physique et est le symbole de la renaissance du peuple. L’enjeu pour les entités dirigeantes est le contrôle du « corps social par la régie des corps en mouvement »9. « Si le sport est un domaine particulièrement choyé par les idéologies en tous genres, c’est précisément parce qu’il présente toutes les apparences de l’indépendance et du désintéressement. Pour cette raison, l’idéologie s’exprime dans le sport sous son aspect le plus efficace : l’imperceptibilité. L’idéologie se donnant comme une évidence, le sport contribue à renforcer cette évidence derrière des « principes humanistes » indiscutables et indiscutés, ceux de « l’éthique sportive » »10 Les régimes communismes que sont l’ex-URSS et l’ex-RDA, ont aussi su utiliser l’idéologie sportive et si aucuns échanges 8  Daphné BOLZ, « Les arènes totalitaires », p. 11 9  Marie-Anne MATARD-BONUCCI, « Profil racial de l’homme nouveau sous le fascisme italien », art. cit. p. 152 in Daphné BOLZ, « les arènes totalitaires », p. 12 10  Daphné BOLZ, « Les arènes totalitaires », p. 12-13

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1. Du point de vue politique n’étaient permis durant la guerre froide entre les deux parties, le sport lui a su se faufiler à travers le rideau de fer. Si l’idéologie olympique n’a pas rechigné par le passé à s’allier à d’autres idéologies naissantes pour elle-même pouvoir s’amplifier ; à l’heure actuelle, c’est l’idéologie toute puissante de l’argent et de l’obsolescence programmée qui semble être la plus profitable à l’idéologie olympique. Des courants de pensées comme ceux décrivant une décroissance économique ou une rébellion aux dictats des hautes sphères de la finance, ne paraissent pas susciter un réel intérêt de la part du CIO, prestige oblige. C’est dans cette optique que jeux après jeux, l’idéologie sportive incarnée par le CIO s’enorgueillit d’être l’instigatrice de cérémonies et de rendez-vous planétaires. La dévotion tacite mondiale actuelle au règne tout puissant de l’argent fictif n’est pas pour déplaire au mouvement olympique. Le mimétisme est même troublant entre les hautes valeurs olympiques et les oukases d’une société de marché, et ce, à de nombreux niveaux. Le plus étonnant est l’indifférence générale alors que, sur le terrain, même l’athlète, pourtant le centre de la rencontre sportive, doit se plier à des impératifs apparemment plus importants que l’optimisation de ses performances. Nous verrons plus loin des cas où des contrats commerciaux peuvent effacer la performance sportive (cf. chapitre 2.4). Les Jeux Olympiques ont un tel impact que leurs tenues dans un pays peuvent faire office de déclic pour toute une nation. C’est ainsi que les JO de Séoul en 1988 ont su donner l’impulsion à la Corée du Sud d’adopter le système démocratique. Un autre exemple est l’impact politique de la Coupe du monde de football de 1998 en France. La France était alors l’organisatrice de la seizième édition et pour mener à bien se projet, elle se dota d’infrastructures sportives de grande ampleur. Cette année fut celle de tous les exploits pour l’équipe de France de football. Un 20


1. Du point de vue politique engouement gigantesque c’était alors tissé autour de l’équipe nationale black, blanc, beur et de son stade : le Stade de France. Ce stade pourtant à l’époque n’avait aucun club de football rési dent, était situé dans un quartier difficile et avait une capacité de plus de 80000 places alors que plus Paris possédait déjà un stade de 48000 places : le Parc des Princes. De plus le stade avait couté 420 millions d›euros, c’est à dire deux tiers du budget infrastructure alloué à cet événement. Si sur le papier cet investissement paraît déraisonnable, grâce aux exploits de l’équipe nationale de football et la réappropriation politique de celle-ci, le Stade de France est devenu le symbole d’une nation unie.

Smith et Carlos aux JO de Mexico en 1968 21



DU

POINT ECONOMIQUE


2. Du point de vue économique Dettes sans fonds, frasques invraisemblables, véritables marchés d’esclaves dorés lors des périodes de transfert, les multinationales du sport ne reculent devant rien pour atteindre leur objectif, et le tout sur une scène médiatique complaisante à souhait. C’est au vu de l’énorme audience récoltée par ces grands évènements sportifs, que l’on peut mesurer le poids économique de ces ASBL organisatrices. L’impunité fiscale est d’ailleurs une pratique très courante pour la chose sportive ; il suffit de constater la dette cumulée des clubs de football de première division en Espagne, dont aucun n’est déclaré en faillite, pour s’en rendre compte : 3,5 milliards d’euros, faisant de la Liga (championnat de football de 1ère division espagnole) le championnat le plus endetté au monde11. Ces grands évènements sportifs mondiaux ont donc un impact économique très important pour le pays organisateur, au point que certains budgets alloués à leur organisation dépassent de loin le PIB de certains pays participants. De telles manifestations ont des répercussions dans plusieurs domaines : média, marché du travail, tissu urbain existant, attractivité, tourisme etc. mais le plan financier reste néanmoins le sujet principal d’un dossier de candidature. Il est dès lors primordial pour l’organisateur que l’évènement se déroule dans les meilleures conditions financières possibles. L’exemple de la faillite des Jeux Olympiques de Montréal en 1976 se chiffrant par plus de 900 millions de dollars canadiens de déficit12, reste gravé dans les mémoires. Le rapport de la Commission d’enquête sur le coût des Jeux de la XXIe olympiade déposé par le juge Albert H. Malouf à l’Assemblée nationale en juin 1980, fait état, entre autre, des coûts anormalement élevés

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11  Mathieu de TAILLAC, « En crise, le football espagnol brille à crédit », Le Figaro, 25 avril 2012 12  Commission d’enquête sur le coût de la 21e olympiade, Rapport de la Commission d’enquête sur le coût de la 21e olympiade (rapport Malouf), Montréal, 4 vol., 1980


2. Du point de vue économique des infrastructures du parc olympique au vu de leur utilisation potentielle après les Jeux.

2.1 L’élaboration du dossier Malgré un cahier des charges très contraignant et une difficulté énorme à accueillir autant de visiteurs, ces manifestations sportives présentent des perspectives alléchantes qui attisent les convoitises. Depuis la remise des dossiers de candidature et durant toute la période précédant l’élection finale, les ambitions de chacun se cristallisent. Cet engouement à vouloir organiser les Jeux Olympiques est assez récent, il date de ceux organisés en 1984 à Los Angeles qui furent les premiers jeux devenus rentables avec 223 millions de bénéfices13. Il n’en fallait pas plus pour susciter l’envie de tous. Que ce soit pour les Jeux Olympiques, la coupe du monde de football, la Champions’ League, un tournoi de tennis, le Tour de France,…bref pour tout évènement sportif de grande ampleur la ville organisatrice, travaillant souvent étroitement avec son tat, effectue plusieurs études pour quantifier les différents impacts, retombées, plus-value,…qu’une telle organisation aura sur le pays. Ces différentes études sont appelées des études d’impact économique et consistent en une série d’analyses Coût Bénéfice (ACB ou BCA en anglais). Dans un premier temps nous envisagerons l’aspect théorique de ces différentes études et dans un second temps nous analyserons la manière dont est employée cette théorie. Le but n’étant pas ici d’élaborer une explication très technique, mais bien de comprendre le mécanisme par lequel ces différentes études permettent, aux villes et nations désireuses d’organiser un tel évènement, d’interpréter les données.

13  http://www.olympic.org/fr/los-angeles-1984-olympiques-ete

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2. Du point de vue économique 2.2 L’analyse d’impact économique « L’analyse d’impact économique consiste à analyser tout le circuit qu’effectuent les rentrées financières (recettes) d’une certaine zone dans laquelle s’effectue un évènement x, ainsi que l’utilisation de celles-ci (dépenses) suivant une logique de circuit sous l’influence d’un processus multiplicateur »14. Flux entrants de fonds

ARRIVÉE

Pour les résidents locaux contribuables

DÉPART Flux sortants de fonds Les résidents locaux paient des impôts (= recettes)

Aux autorités locales de la zone retenue

Créant des revenus et des emplois dans cette zone

Qui dépensent de l’argent dans cette zone

Qui les utilisent pour subventionner X

Qui attire des spectateurs ou des visiteurs non locaux

Schéma de flux monétaire Il s’agit donc de décrire et de quantifier la différence entre les recettes locales investies sous forme de subvention par l’autorité locale de la zone concernée et les revenus obtenus par les dépenses des spectateurs non locaux ; et ainsi de savoir s’il y a des pertes ou des bénéfices à organiser l’évènement x. Ces analyses sont effectuées avant l’évènement et reposent donc sur des estimations. De plus, toutes ces analyses reposent sur des montages mathématiques basés aussi sur des évaluations ; ce

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14  Adrien DECLEIRE, « Impact économique dans son ensemble pour un pays suite à l’organisation d’un grand évènement sportif international », p. 8


2. Du point de vue économique qui montre la marge de manœuvre potentielle. Dès le début du processus d’analyse il est possible d’intervenir de manière subversive sur les chiffres et de manière presque invisible et très peu incriminante. Ces études comparatives ont pour but de faciliter la prise de décision des autorités locales : y a-t-il intérêt à organiser un tel évènement, et si oui, quel est le projet le plus pertinent. Une analyse d’impact économique se déroule en plusieurs étapes, de plus en plus précises. En théorie, une étude de faisabilité qui n’analyse que les impacts directs par une analyse coûts/revenus est d’abord réalisée. Ensuite, d’autres études mesurant les impacts indirects et les impacts induits déterminent pour qui exactement l’opération sera bénéfique et pour qui elle ne le sera pas. Le processus multiplicateur est un processus qui peut être engendré par l’injection de capitaux par un circuit non-local à l’organisation de l’évènement x sur l’ensemble des autres secteurs de la zone. C’est un mécanisme important à intégrer dans l’analyse car bien le maîtriser permet d’éviter des fuites de dépenses, c.à.d. que les sommes d’argent investies ne quittent la zone. La fuite de dépenses est une donnée complexe car présente à tous les niveaux d’investissement ; il s’agit par exemple d’achats de matériel dans des entreprises externes à la zone, et qui représentent donc des pertes pour l’économie locale. Les fuites de dépenses sont représentées en pointillés dans le graphique (page suivante). Dans toute analyse d’impact économique il est très important de définir exactement ce que la notion de zone comprend ainsi que la notion de local. En effet, l’impact au niveau national d’un évènement se déroulant dans une de ses régions peut être nul si ce que va gagner cette région grâce aux dépenses non-locales sera perdu par les autres régions. 27


2. Du point de vue économique Dépenses des spectateurs ou des visiteurs non locaux

Injection monétaire initiale

Premier tour de dépenses

BILLETTERIE

RESTAURATION

HÉBERGEMENT

Achats interbranche locaux

Revenus directs des ménages

Recettes fiscales locales

Achats locaux des ménages

Épargne

Achats non locaux des ménages

COMMERCE DE DÉTAIL

Achats interbranche non locaux

Revenus non locaux des ménages

Recettes fiscales non locales

Achats interbranche non locaux

Revenus non locaux des ménages

Recettes fiscales non locales

TOUTES LES ENTREPRISES LOCALES

Tours successifs de dépenses

Achats interbranche locaux

Revenus directs des ménages

Recettes fiscales locales

Achats locaux des ménages

Épargne

Achats non locaux des ménages

Détail des investissements dans l’évènement x

C’est juste un phénomène de substitution des dépenses d’une région à l’autre. En plus de cela il ne faut pas perdre de vue que ces différentes régions nationales sont, la plupart du temps, des partenaires commerciaux et que donc, il est très complexe de déterminer exactement les pertes et les gains de chaque région. « Si nous désirons avoir des résultats raisonnables et le plus précis possible de ces trois types d’effets, seule l’utilisation d’un modèle « entrées/sorties » de l’économie locale et basé sur des études empiriques réelles peut nous les procurer »15. Les 3 effets sont donc : les effets directs, les effets indirects et les effets induits. Ce modèle comptable est composé de différents tableaux qui décortiquent l’économie en différents secteurs et branches

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15  Adrien DECLEIRE, « Impact économique dans son ensemble pour un pays suite à l’organisation d’un grand évènement sportif international », p. 9


2. Du point de vue économique d’activités afin d’analyser les différents flux monétaires mais aussi de calculer les coefficients multiplicateurs associés aux achats, recettes et revenus locaux, comme vu plus haut dans le graphique. La formule générale du calcul des effets multiplicateurs est :16

effets directs + effets indirects + effets induits dépenses injectées par les spectateurs dépenses injectées par les spectateurs locaux

Ces estimations ne sont valables que par le respect de principes d’éthiques comme ceux-ci :« Ne pas choisir intentionnellement la taille de la zone d’étude en sachant que celle-ci peut influer sur l’importance des coefficients estimés », « Faire porter les coefficients multiplicateurs sur les revenus individuels locaux et sur les emplois locaux, et non sur les ventes des entreprises locales » ou encore « ne pas reprendre les coefficients multiplicateurs d’une évaluation d’impact économique d’études analogues pour d’autres zones et les appliquer à l’impact économique de x dans la zone d’étude retenue »17. Les risques d’une sous-évaluation des investissements à réaliser sont : la réduction budgétaire du domaine artistique et culturel, pourtant mis en avant lors de la campagne électorale du projet, l’affaiblissement du caractère exceptionnel de l’évènement, l’avilissement du domaine culturel à une simple valeur marchande, la disqualification volontaire par le politique des autres projets,… Pour éviter ces risques, les analyses d’impact doivent également suivre d’autres règles comme : « exclure les dépenses des rési 16  Adrien DECLEIRE, « Impact économique dans son ensemble pour un pays suite à l’organisation d’un grand évènement sportif international », p. 10 17  Yann NICOLAS in Adrien DECLEIRE, « Impact économique dans son ensemble pour un pays suite à l’organisation d’un grand évènement sportif international », p. 10

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2. Du point de vue économique dents locaux des « changeurs de calendrier » et des visiteurs occasionnels », « tenir compte des effets négatifs » et « éviter l’erreur fiscale ».18 Ce sont là des principes qui paraissent évidents dans l’élaboration d’une étude d’impact économique honnête mais encore récemment pour les jeux olympiques de Londres, l’investissement nécessaire estimé à l’heure du dépôt de la candidature était égal au tiers des investissements réellement réalisés19.

2.3 La pratique Un des risques inévitables des études d’impact économique est la démarche entreprise par les politiques pour favoriser arbitrairement un dossier plutôt qu’un autre. Pour étayer leur choix et ainsi éviter un débat qui pourrait être favorable à un autre projet que celui désiré, il paraît assez facile de manipuler les résultats de l’analyse et modifiant des paramètres comme la zone, l’estimation du nombre de visiteurs,… Pourtant la partie de l’argent investi dans l’évènement qui provient des recettes fiscales, auxquelles a contribué toute la population, devrait être dépensé de la manière la plus démocratique possible. Dans la pratique l’organisation d’un évènement olympique est séparée en 4 phases bien distinctes : la phase préparatoire au dépôt de candidature (bidding phase), la phase préparatoire à l’évènement (pre-event phase), la phase durant l’événement (present phase) et la phase après l’évènement (post-event phase). Chacune de ces phases à ses particularités : l’élaboration du dossier et la décision politique pour la bidding phase, la

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18  Adrien DECLEIRE, « Impact économique dans son ensemble pour un pays suite à l’organisation d’un grand évènement sportif international », p. 10 19  Par Le Nouvel Observateur avec AFP, « Les Jeux olympiques en 30 chiffres », 23 juillet 2012


2. Du point de vue économique période de lobbying et de publicité pour la pre-event phase, le bon déroulement de l’évènement pour la present phase et enfin la gestion de l’après évènement et de la réhabilitation des infrastructures pour la post-event phase. La pre-event phase est dominée par les coûts d’investissements et est donc en déficit budgétaire. Celui-ci est vite rattrapé par la present phase où les rentrées d’argent sont maximales grâce aux dépenses touristiques et aux effets multiplicateurs. La post-event phase, quant à elle, est caractérisée par un déficit constant qui est lié à l’entretien des différentes infrastructures aménagées pour l’évènement. C’est pourquoi c’est la post-event qui est le véritable enjeu de l’organisation d’un évènement sportif au niveau international. Si Athènes n’a pas réussi sa post-event phase20, Barcelone sert d’exemple depuis ses JO de 1992. Il est donc primordial d’étudier sérieusement cette dernière phase au risque d’encourir un déficit énorme dû au coût de réhabilitation des constructions. Prenons l’exemple récent des jeux olympiques de Londres : avant même que cet évènement ne se clôture, plusieurs journaux avaient déjà titré que le budget déboursé était le triple de celui annoncé au moment de la candidature21. Les organisateurs ont éprouvés des difficultés à estimer le budget adéquat, alors que la ville organisait pour la troisième fois les JO. Ceci montre que les jeux de 2012 sont complètement différents des précédents organisés par Londres en 1948. Il est aussi bon de noter que pour les éditions antérieures le budget avait été systématiquement sous estimé, ce qui nous laisse penser que le dépassement du budget londonien de 2012 ne fut pas une surprise, ni pour les organisateurs ni pour le CIO.

20  Marc ROCHE, « Le fardeau olympique », Le Monde, 13 août 2012 21  Par Le Nouvel Observateur avec AFP, « Les Jeux olympiques en 30 chiffres », 23 juillet 2012

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2. Du point de vue économique Il ne faut pas être devin pour comprendre que pour la bonne tenue des jeux olympiques certaines opérations stratégiques en communication doivent être menées. En ces temps de crise, de récession et d’austérité, l’annonce d’un budget prévisionnel de 10 milliards d’euros (budget estimé par la presse22 pendant la tenue des jeux olympiques) aurait eu l’effet d’un cataclysme au niveau de l’opinion anglaise. Maintenant que les jeux sont faits, la pilule sera plus douce à avaler. Cet évènement patriotique a suscité un engouement populaire pendant les 2 semaines de compétitions, et durant toute la période pre-event la population a subit un rabattage médiatique constant. Par contre, si la période post-event est déficitaire plus vite que prévu dans les montages financiers, l’opinion londonienne risque de pénaliser fortement les politiques qui se sont impliqués dans cette organisation comme le maire de Londres et son parti. Il faut noter aussi que le comité d’organisation a été jusqu’à assurer à ses TOP sponsors l’exclusivité totale des Jeux Olympiques pour pouvoir ainsi rentrer dans leurs frais. Les TOP sponsors forment un petit club très restreint de sociétés dont le droit d’entrée dépasse les 50 millions d’euros. VISA, Coca-Cola ou Mac Donald en font partie. Quelques chiffres et faits permettent de mieux comprendre l’ampleur du phénomène et le degré de frénésie qui lui est lié : 7.000 volontaires ont été formés dans une des universités gérées par un top sponsor spécialiste dans la nutrition gastronomique. Ces bénévoles, habillés de pied en cape par d’autres TOP sponsors spécialistes en haute couture, avaient uniquement pour mission d’aider les spectateurs ! Ils auraient, pour le même travail, pu bénéficier d’un contrat de travail en bonne et due forme, mais le prestige des Jeux Olympiques les incite à accepter de se 22  Nicolas STIEL, « Les Jeux olympiques coûtent cher mais sont bénéficiaires », Le Nouvel Observateur, 11 juillet 2012 32


2. Du point de vue économique plier aux dictats publicitaires les plus contraignants. Les sponsors négocient souvent l’exclusivité et n’hésitent pas à mettre des clauses strictes dans le contrat les unissant aux organisateurs. L’ambush marketing23 guette ! Ainsi, il est illusoire de penser qu’un évènement ayant une audience planétaire puisse être la chasse gardée que d’un nombre limité de sponsors. Les autres firmes essayent aussi de croquer à la pomme juteuse des Jeux Olympiques mais sans faire l’effort financier nécessaire à l’obtention du droit d’entrée dans le club des TOP sponsors. Pour être assuré du bon déroulement, 1.200 militaires ont été affectés spécialement aux Jeux Olympiques de Londres. Il faut dire que la menace terroriste est à son paroxysme, et un incident est très vite arrivé. Imaginez-vous un spectateur réussissant à passer le contrôle d’entrée et déambulant dans la foule des pauvres gens sans défense en braquant partout … son t-shirt aux couleurs d’une marque ne sponsorisant pas les JO ! Plus sérieusement, le sprinteur Yohan Blake, en portant une montre Richard Mille à 500.000 dollars24 a dépassé sa condition de simple sportif et s’est mué en « nouveau résistant des temps modernes » en introduisant une marque non accréditée lors de la retransmission de son exploit sportif ! Quel « courage », en sachant que cela pourrait lui coûter l’annulation pure et simple de sa médaille ou même pire une exclusion à vie du mouvement olympique. Pour une raison similaire, des rumeurs de retrait des 6 médailles olympiques du nageur super médiatique, Mickael Phelps, ont circulé, mais vu sa popularité le CIO a vite démenti toute sanction.25 23  Les pratiques d’ambush marketing consistent pour une marque à "parasiter" un évènement profitant d’une forte exposition médiatique, comme par exemple un grand évènement sportif, sans en être un partenaire ou sponsor officiel. 24  Mathilde LAURELLI, « Yohan Blake disqualifié à cause de sa montre ? », L’Express, 9 août 2012 25  Rédaction de lesoir.be, « Phelps gardera ses médailles des JO », Le Soir, 22 août 2012

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2. Du point de vue ĂŠconomique

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2. Du point de vue économique 2.4 La relation entre le sport et l’économie On peut aussi discuter de l’indépendance du CIO par rapport à ses TOP sponsors (plus d’une dizaine), au vu de la somme que ceux-ci versent pour l’obtention de droits publicitaires (plus de 50 millions d’euros26). La relation qui unit le CIO à ces sponsors est une dépendance mutuelle où, le CIO doit veiller à ne pas écorner son image ultra positive d’organisation exemplaire, mettant les valeurs individuelles et collectives de l’humain en avant. Ainsi le Comité a participé à des projets « politiquement corrects » comme par exemple, l’élaboration d’un manuel d’éducation olympique comme outil de référence pour les éducateurs ou les enseignants voulant promouvoir les valeurs Olympiques27, la construction d’un mur de « trêve olympique » placé dans le village olympique pour promouvoir la paix entre les nations28, l’organisation de conférence mondiales sur le sport, la culture et l’éducation, et la construction d’un nouveau centre olympique en Haïti29. Le moindre faux pas peut être fatal, et une parfaite communication de crise doit être alors mise en place quitte à faire appel à une société privée experte dans ce domaine pour rassurer immédiatement ces TOPS sponsors afin de ne pas devoir subir en plus une crise économique. (Voir l’exemple de Salt Lake City) L’athlète, à lui tout seul, résume bien la dérive qui s’opère depuis plusieurs années dans le milieu du sport professionnel de haut niveau. La perversion du sport par la une société marchande est telle que l’on assiste à un véritable esclavage moderne où l’athlète est devenu une marchandise comme une autre, soumise aux 26  Marie-Pierre QUINET, “L’institution face à un scandale médiatique”, p 36 27  http://www.olympic.org/fr/educateurs-enseignants-kits-educationnels 28  http://www.olympic.org/fr/content/lolympisme-en-action/le-sport-pour-lapaix-/le-village-olympique-accueille-le-mur-de-la-treve-olympique-2012-/ 29  http://www.olympic.org/content/olympism-in-action/development-throughsport/after-lusaka-a-second-olympic-centre-is-to-be-created---in-haiti/

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2. Du point de vue économique desiderata de l’offre et de la demande. Il est évident que l’athlète a une série d’avantages lui permettant d’oublier sa condition : la célébrité, l’argent, la gloire, … Mais le choix du sport est primordial : si celui-ci est peu médiatisé, une activité complémentaire lucrative est plus qu’indispensable pour subvenir à ses besoins. C’est l’exemple de notre compatriote belge Lionel Cox médaillé d’argent au tir à la carabine couché à 50 mètres qui pratique cette discipline en amateur. C’est là, la dure loi du marché : si la demande est faible, l’offre télévisuelle, et donc économique, proposée sera alors inexistante. Malheur au sportif qui n’a pas su se mettre en valeur car les feux de la rampe et les implications pécuniaires qui y sont liées ne seront pas pour lui ; restent les contraintes liées à la pratique professionnelle du sport, surtout celles de la lutte anti-dopage. Ne parlons même pas de la vie d’un cycliste qui doit en permanence indiquer tous ses déplacements et l’endroit où il se trouve pour pouvoir disputer les compétitions. Par contre, certains athlètes comme la nageuse Danna Vollmer ou le nageur Brent Hayden, vont jusqu’à se tatouer le symbole olympique ce qui signifie que malgré toutes ces contraintes l’olympisme reste aux yeux de beaucoup une valeur positive et à laquelle on peut s’identifier. Mais là aussi, la mode du tatouage a ses dérives : l’athlète Nick Symmonds, à préférer se faire tatouer la marque Hanson Dodge Creative sur le bras gauche contre 11.000 dollars30. Chose amusante, pendant la durée des Jeux Olympiques, cet athlète a dû mettre un sparadrap sur le tatouage car ce sponsor n’était pas autorisé pendant l’évènement. L’effet marketing pour la marque fut alors inespéré puisque cette censure attisa la curiosité de beaucoup.

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30  Par la rédaction de bigbrowser.blog, « Astuce – Le tatouage sur l’épaule pour du sponsoring sauvage aux JO », Le Monde, 25 juillet 2012


2. Du point de vue économique En architecture la question du budget est cruciale et il arrive fréquemment que le budget soit dépassé en fin de chantier. Dans le cadre d’un évènement sportif systématiquement sous-évalué, il paraît impossible d’établir un budget prévisionnel sérieux pour le coût des infrastructures. Pourtant les conséquences d’un budget prévisionnel mal établi sont beaucoup plus lourdes en architecture que dans tout autre domaine. Dans le cadre des Jeux Olympiques, une fois le chantier commencé, il est impossible de ne pas le finir, quitte à s’endetter. C’est pour cela que quand un budget s’avère être plus important que prévu c’est le domaine des infrastructures qui est pointé. Ce fut le cas pour les Jeux de Montréal en 1976.

Nick Symmonds

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DU

POINT SOCIOLOGIQUE


3. Du point de vue sociologique 3.1 Le sport confronté au star-système Un clivage se creuse de plus en plus entre les sports dits « spectacles » et ceux qui n’ont pas la « chance » d’accéder à des retransmissions télévisuelles régulières au niveau mondial. Certains sports comme le football, le tennis, le cyclisme et l’athlétisme attirent à eux une grande partie de l’attention médiatique et donc énormément de capitaux. Dès lors qu’elles appartiennent à cette dernière catégorie, ces disciplines n’échappent pas aux règles « people » et l’on observe une starification des joueurs. L’attention portée aux différents sportifs s’intensifie tellement que le joueur de football se maquille avant d’entrer sur le terrain. Le sportif n’est plus là que pour le résultat ou la performance, il est également égérie publicitaire, ambassadeur humanitaire et taquine même le rêve d’occuper une position politique importante à l’heure de la reconversion de carrière. Après avoir épuisé le filon des univers du cinéma ou de la télévision, l’engrenage du grand déballage médiatique s’attaque au monde sportif. Presque naturellement, le sportif jusqu’alors épargné, commence à envisager une carrière post-sportive basée uniquement sur sa notoriété et plus sur ses compétences. Nouveau porte-drapeau d’un idéal social d’une société en manque d’inspiration, l’athlète voit toutes les portes s’ouvrir : parlementaire, officiel dans une organisation sportive, businessman, mannequin,…il a une légitimité dans tous les domaines. Les exemples de grands sportifs reconvertis sont légions et il est intéressant de noter qu’ils bénéficient d’une réputation majoritairement positive qui les suit toute leur carrière. En plus d’être quasi éternelle, cette réputation n’est souvent basée que sur son palmarès et sur une impression générale très partielle de la personne. Plus il est glorieux, plus l’athlète sera crédible dans son nouveau métier sans même avoir dû prouver de compétences 40


3. Du point de vue sociologique pour ses nouvelles tâches. L’élection de Marc Wilmots au sénat en Belgique ou la nomination de David Douillet au ministère des sports en France sous le mandat de Nicolas Sarkozy en sont des exemples.

3.2 Place du sport dans la société

Le sport dans notre société apparaît depuis peu comme faisant partie du nouvel idéal de vie : manger équilibré, faire de l’exercice tous les jours, mens sana in corpore santum est d’actualité ! Pourtant le sport et la raison de sa pratique ont beaucoup évolué depuis l’antiquité. Anciennement entraînement guerrier, puis vecteur d’ascension sociale et maintenant idéal de vie représenté par le businessman qui va à la salle de sport entre 2 réunions dans 2 pays différents. De ce fait, le nombre d’infrastructures sportives dédiées à la population en général a augmenté. Les fonctionnalités qu’offrent ces salles ont aussi évoluées : à la pratique sportive s’ajoute maintenant le bien-être du corps. 41


3. Du point de vue sociologique En fait de nouveauté, les stades grecs de l’antiquité étant déjà composés de plusieurs bâtiments consacrés à la pratique sportive, aux soins du corps et aux pratiques religieuses, nous assistons plutôt à une remise au goût du jour ! Il devient donc de plus en plus important de prendre soin de son corps. Que ce soit d’un point de vue nutritionnel, sportif, spirituel,… l’accent est mis sur la préservation du soi. Tout un commerce s’est créé et la pratique sportive peu se faire jusque dans son salon grâce aux toutes dernières machines, vendues sur le téléachat, promettant de maigrir et de se muscler sans effort.

3.3 Le sport comme religion ? Au début des années 1980 le sport, et surtout les organisations sportives qui en sont aujourd’hui les représentantes mondiales, ont dû choisir de suivre l’évolution de la société ou non. C’est le 1er choix qui a été pris et les différents clubs sportifs, principalement constitués en ASBL, se sont métamorphosés, petit à petit, en véritables multinationales brassant des milliards d’euros de capitaux. De plus, ils se sont enrichis de beaucoup d’éléments qui apparaissaient nécessaires comme par exemple dans le cas du CIO un protocole, des cérémonies, des rituels, une charte constitutive, des représentants, une hiérarchie bien établie, … La lecture de la charte olympique montre plusieurs choses. Outre les statuts de l’ASBL elle définit aussi la ligne idéologique dans laquelle se positionne le CIO. L’Olympisme y est définit comme : « une philosophie de vie, exaltant et combinant en un ensemble équilibré les qualités du corps, de la volonté et de l’esprit. Alliant le sport à la culture et à l’éducation, l’Olympisme se veut créateur d’un style de vie fondé sur la joie dans l’effort, la valeur éducative du bon exemple, la responsabilité sociale et le respect des principes éthiques fonda-

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3. Du point de vue sociologique mentaux universels. »31 D’autres articles de l’acte de constitution du CIO finissent de décrire l’Olympisme comme un courant de pensée décrivant une société idéale « pacifique, soucieuse de préserver la dignité humaine ». Les 7 principes fondamentaux de l’olympisme constituent donc une vision aussi précise que floue de la société idéale. Une vision précise car cette société est décrite comme pacifique et soucieuse de préserver la dignité humaine ainsi que les moyens que sont l’éducation, la culture et le sport pour y arriver. Une vision floue tant cette description est bourrée de lieux communs humanistes que notre éducation a érigés en vérité mais sans détails sur la manière de procéder exactement. Dès lors que cet Olympisme se dote d’une telle volonté politique il devient impossible de dissocier la pratique sportive de tout caractère religieux. En effet cette société, présentée comme idéale, qui se dote de vérités indiscutables apparaît plus comme un dogme que comme un courant de pensée. Le courant de pensée, lui, peut être débattu alors que nous assistons ici à une expression cadenassée d’une vision idéologique dogmatique. Un second aspect à analyser pour une compréhension correcte du mouvement olympique est la position du Comité Olympique International parmi les autres instances et son fonctionnement interne. Le CIO, qui a autorité sur le mouvement olympique n’a de compte à rendre à personne d’autre qu’à la Suisse d’un point de vue administratif et à ses sponsors d’un point de vue économique. Le mode d’élection des membres est la cooptation. Une postulation extérieure est impossible ; il faut être introduit et parrainé par un membre du CIO32. Le CIO explique que ce mode électoral est une manière de rester indépendants à une quelconque pression ou un quelconque lobbying de la part des autres organisations, nations,… Le Comité Olympique n’a bien entendu aucunement l’intention de laisser d’autres organisations, 31  La charte olympique, p. 10 32  La charte olympique, p. 30

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3. Du point de vue sociologique quelles qu’elles soient, s’immiscer dans ses décisions. C’est ainsi que le CIO se retrouve dans une position de quasi monopole et bénéficie d’une quasi impunité. Le CIO est composé à l’heure actuelle de 109 membres actifs, 32 membres honoraires et 1 membre d’honneur33. Est-il sain de laisser sans aucun contre-pouvoir une organisation de 142 personnes diriger une multinationale ayant pour plusieurs milliards de dollars de patrimoine, l’oreille attentive des dirigeants des pays et un réel pouvoir d’influence ? Comment pouvoir se faire un avis objectif sur le CIO et ses actions alors que la grande majorité des informations sur le sujet sont diffusées et contrôlées par le CIO lui-même. S’il faut croire sans pouvoir vérifier, la religion n’est pas loin ! De plus le CIO a mis en place toute une symbolique constitutive de l’image olympique ; parmi ces symboles, ayant chacun leur particularité, nous retrouvons : les anneaux olympiques sur son drapeau, la flamme olympique, le relais olympique, les cérémonies d’ouverture et de clôture des jeux ainsi que le serment olympique. Les anneaux constituent un symbole reconnu spontanément de tous et ce, dans le monde entier. Il possède même un taux moyen de recognition spontanée de 93%34, ce qui fait de lui le symbole le plus reconnu au monde. Si la flamme olympique existait déjà du temps de l’antiquité, le transport de celle-ci, par une course relais, depuis son allumage dans les ruines d’Olympie jusqu’à l’allumage de la cérémonie d’ouverture, a été inventé lors de la tenue des jeux de Berlin en 1936. C’est Goebbels, le chef de propagande d’Hitler, et Carl Diem, l’organisateur en chef des

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33  http://www.olympic.org/fr/content/le-cio/linstitution/liste-des-membres-ducio/ 34  Jean-Loup CHAPPELET, “le système olympique, presse universitaire de Grenoble, Grenoble, 1991, p. 107 in Marie-Pierre QUINET, “L’institution face à un scandale médiatique”, p. 49


3. Du point de vue sociologique Jeux de Berlin, qui ont orchestré ce relais et la couverture médiatique de celui-ci. Walter Borgers, directeur des archives de Carl Diem, dira de celui-ci « Il a décidé de donner un rôle au relais de la torche dans la cérémonie. C’était la meilleure campagne de publicité de tous les temps. »35 Pour les jeux suivants, ceux de Londres en 1948, il a été décidé de garder ce relais. Les cérémonies d’ouverture et de clôture, elles, revêtent l’habit de grands spectacles, parmi les plus suivis du monde, engendrant une émotion, un enthousiasme et une ferveur, garant d’une adhésion indéfectible du public au mouvement olympique. Enfin le serment qu’un représentant des athlètes et qu’un représentant des juges prononcent vient ponctuer le cadre parfait de rencontres sportives placées sous l’égide des quatre valeurs véhiculées par les jeux que sont : l’espoir, les rêves et l’inspiration, l’amitié et le fairplay, la joie dans l’effort36. Il est étonnant quand on analyse la structure du mouvement olympique qu’elle est similaire aussi bien aux grandes multinationales qu’à l’Eglise ou même à l’ONU (cf. tableau ci-dessous). Ces similitudes ne sont pas anodines et ne sont pas, non plus, le fruit du hasard : il y eu de multiples rapprochements entre le CIO et les Nations Unies : Pierre de Coubertin avait en son temps intégré la délégation grecque auprès des Nations Unies37 et Juan Antonio Samaranch avait obtenu une trêve olympique des Nations Unies pour la période des jeux de Barcelone en 1992. Ce dernier avait même dit que son mouvement était plus important que la religion catholique38 35  Martin ROGERS, « Torch relay’s Nazi origins aren’t widely known », Yahoo Sport, 25 juillet 2012 36  Sydney Marketing Report : “The Olympic Image and the Sydney 2000 Brand” 37  J-L CHAPPELET, p. 67 in Marie-Pierre QUINET, “L’institution face à un scandale médiatique”, p. 32 38  in : « les illusions Olympiques », documentaire réalisé par Albert KNECHTEL pour la BBC.

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3. Du point de vue sociologique

.

39

Système Olympique

Société multinationale

Eglise catholique romaine

Président

PDG

Pape

Secrétaire général

ONU

Membres du CIO

Associés

Apôtres, disciples

Etats Membres

Directeur général du CIO

Directeur Général

-

-

Session

Assemblée général

Conclave

Assemblée générale

CNO

Filiales

Archvêchés

Bureaux nationaux

FI

Ingénieurs conseils

Ordres religieux

Organisations spécialisées

Comissions

-

-

Conseil de sécurité

Commission exécutive

Conseil d‘administration

-

Membres permanents du conseil de sécurité

Tribunal arbitral du sport

-

-

Cour internationale de justice La Haye

Athlètes olympiques

Matière première ou clients

Fidèles

Citoyens du monde

Charte Olympique

Règlements et status

Bible

DUDH + résolutions

Olympie

-

Jerusalem

San Fransisco

Académie olympique

Centre de formation

Université pontificale

Université d’été

Lausanne

Siège social

Rome Vatican

New York

Solidarité olympique

Mécénat, Oeuvres sociales

Catholique romaine

Banque mondiale

Le stade, au vu des similitudes entre l’idéologie sportive et la religion catholique, pourrait être vu comme un nouveau lieu de culte. De plus le comportement adopté à l’intérieur d’un stade par ses supporters est particulier. L’intérieur du stade apparaît comme un lieu privilégié ou les personnalités sont exacerbées par l’émotion dégagée par la rencontre sportive. Le comportement des supporters est alors nettement différent que celui adopté dans la vie quotidienne et il n’est pas rare de retrouver des slogans racistes 39  Jean-Loup CHAPPELET, “Le système Olympique”, Presse Universitaire de Grenoble, Grenoble, 1991, pp. 65-75 in Marie-Pierre QUINET, “L’institution face à un scandale médiatique”, p. 33 46


3. Du point de vue sociologique ou injurieux côtoyer d’autres plutôt élogieux et amicaux. L’architecte se doit alors de questionner la pertinence d’un tel espace clos. Le stade est il un nouveau lieu de culte, un défouloir pour la population ou doit être un espace de récréation ?

47



DU

POINT MEDIATIQUE


4. Du point de vue médiatique 4.1 La « science » médiatique Les médias, de nos jours, mutent vers de nouveaux formats qui leur permettent de conquérir de plus en plus de monde. Anciennement exclusivement papier, ils sont maintenant majoritairement numériques. D’autre part, la médiatisation se décline de manière mondiale et atteint une audience de plus en plus large grâce aux nouvelles technologies De plus, maintenant tout le monde peut s’improviser journaliste grâce aux réseaux sociaux et la presse traditionnelle peine à garder sa légitimité. Nous ne discuterons pas ici de la pertinence du contenu et des sujets traités à l’heure actuelle, nous n’analyserons pas non plus de quelle manière les médias sont influencés et par qui. Le sujet de ce chapitre est de démystifier le phénomène médiatique en analysant les quelques règles qui le régissent et l’utilisation qu’une organisation en fait pour couvrir un évènement sportif comme les Jeux Olympiques. La communication faite autour d’un tel évènement répond tout d’abord à un questionnement qui est à la base de toute démarche médiatique. Les questions à se poser sont : « Qu’est-ce que je veux communiquer ? » « A qui je veux le communiquer ? » « Comment, par quel moyen je veux le communiquer ? » Les réponses à ces trois questions suffisent à tracer les lignes directrices de la campagne de médiatisation. Une autre donnée est essentielle à la finalisation de ce plan de communication : le budget alloué. Il n’est pas forcement nécessaire de faire beaucoup de frais pour atteindre son but : des messages ajustés aux différents publics visés sur des supports adaptés à chacun d’eux sont d’une grande efficacité. De nos jours il est presque impossible pour une organisation de prendre une certaine ampleur ou même d’exister sans une médiatisation adéquate. Une série d’analyses préalables sont 50


4. Du point de vue médiatique nécessaires pour bien orienter sa campagne : qui est intéressé par notre contenu, quels médias emploient-ils majoritairement, à quelle fréquence, … Le contenu est donc l’objet essentiel. C’est lui qui va être diffusé, il doit être irréprochable dans la ligne de conduite de l’organisation. Chaque domaine à ses codes, le domaine sportif n’y échappe pas : rigueur, fraternité, effort, fair-play, performance, sensationnalisme, camaraderie, exploit, dépassement de soi,… tant de valeurs qui sont aujourd’hui nécessaires pour pouvoir incarner le sport. Il est primordial de décider à l’avance de ce qui va être retransmis. L’organisation contrôle et est détentrice contractuellement des droits de chaque image qui est diffusée40 et il n’y a pas de place à l’improvisation. Pour ce faire, des équipes entières préparent uniquement le dossier de médiatisation. Ce dossier comprend le détail de chaque caméra posée sur les lieux de l’évènement : qui l’amène, où elle est placée, ce qu’elle filme, qui l’actionne, qui la démonte, … C’est la bible de l’évènement sportif ! Cette équipe de communicants se rend sur place en général 2 ans à l’avance pour préparer le terrain et étudier ce qui, au niveau local est perçu favorablement. Selon la culture locale le contenu diffère. Le but étant que durant les compétitions tout soit préétabli et qu’il ne reste plus qu’à appliquer le protocole défini. Différents cas de nuisance visuelle sont alors anticipés et la réaction à adopter est déterminée. Par exemple, au cas où un plaisantin parviendrait à se retrouver dans le plus simple appareil sur le terrain d’équitation, la retransmission doit prendre les images prises par la caméra suivant le volley, et ce, jusqu’à ce que la situation soit maîtrisée.

40  http://www.olympic.org/fr/content/Le-CIO/Diffuseurs/La-retransmissiondes-Jeux-Olympiques/

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4. Du point de vue médiatique Le choix du public visé est la seconde étape mais pas la moins importante. Elle amorce le choix du type de support à employer. Ce choix s’opère en accord avec le contenu diffusé et plus globalement selon la ligne directrice que l’organisation s’est imposée. A part les organisations multisports qui cherchent à atteindre un public toujours plus vaste, les organisations ciblent leur public pour ne pas occasionner des frais inutiles. Des études sociologiques montrent quelles tranches de la population préfèrent regarder la télévision, lesquelles sont plutôt branchées réseau social, lesquelles préfèrent le libre accès sur les sites de partage de vidéos, … A chaque tranche sont attribués des styles de vie, des préoccupations, des envies, des achats types, … et surtout un pouvoir d’achat. Toutes ces données sont enregistrées lorsque nous utilisons le web, payons par carte bancaire, utilisons les réseaux sociaux, et sont compilées pour former des bases de données qui, à notre époque, sont dotées d’une énorme valeur ajoutée. Elles constituent une véritable mine d’or, à la fois pour ceux qui les possèdent et pour les entreprises qui les achètent. Le choix d’un public n’est donc pas un choix neutre ni désintéressé mais constitue bien un choix politique et économique pour la multinationale sportive. En ce qui concerne le support il y a l’embarras du choix. Le domaine qui a cependant le plus évolué est bien sûr internet. Réseaux sociaux, vidéos libres d’accès, pop-up publicitaires, sites interactifs, jeux vidéos, … et à chaque type d’utilisation du web correspond une tranche de population. La façon dont une organisation utilise le web lui donne aussi une image. Par exemple, un spot télé peut être aujourd’hui perçu comme conventionnel, tandis qu’un site internet flamboyant peut apparaître tape-à-l’œil, un article dans la presse peut paraître pompeux tandis qu’une affiche publicitaire peut être considérée comme envahissante ; et c’est pour cela que quelque soit le support choisi, il faut l’employer avec justesse au risque d’obtenir une image plus négative 52


4. Du point de vue médiatique que positive. Cela est d’autant plus important pour ces organisa tions sportives véhiculant des valeurs communément acceptées comme positives.

4.2 Le traitement médiatique du sport L’analyse des horaires des compétitions des JO de Pékin révèle que les rencontres les plus médiatiques se déroulaient à une heure de grande écoute aux Etats-Unis, siège de l’ultralibéralisme, quitte à se passer localement à 8h00 du matin. Plus récemment lors des jeux olympiques de Londres, l’examen du calendrier des épreuves montre que les compétitions d’athlétisme n’ont commencé que le 3 août alors que les JO avaient débuté le 25 juillet. Cela s’explique par le fait que le stade olympique n’était pas praticable suite au démontage des décors pharaoniques de la cérémonie d’ouverture - d’une qualité artistique discutable quitte à emprisonner la flamme olympique plus d’une semaine.

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4. Du point de vue médiatique Est-ce une bonne gestion que de n’employer un tout nouveau stade moins de la moitié du temps des jeux, qui eux-mêmes ne durent que 19 jours ?

Stade Olympique de Londres - cérémonie d’ouverture

Ce qui est remarquable aussi c’est que tous les sports commencent à 8h00 du matin alors qu’il a été déjà démontré plusieurs fois que l’athlète ne peut être au maximum de ses capacités si tôt dans la journée. La recherche de la performance ne fait-elle pas partie intégrante de l’évènement ? Il faut néanmoins nuancer, si la plupart des sports ont effectivement commencé leurs phases de qualification dès 8h00, une discipline en particulier a échappé aux horaires matinaux : il s’agit bien sûr de l’athlétisme41. Pour être exact ce sont surtout les disciplines reines de l’athlétisme qui sont les plus favorisées, le lancer

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41  http://fr.london2012.com/fr/schedule-and-results/


4. Du point de vue médiatique du poids, par contre, a eu ses qualifications programmées à 9h00 et 10h00. Il est intéressant de noter aussi que dans cette effusion de valeurs humanistes les disciplines féminines soient en majorité plus mal desservies au niveau de l’horaire des compétitions que leurs homologues masculines. Ceci n’est pourtant pas conforme aux belles valeurs de l’olympisme. Il s’agit là des discriminations visibles dans les calendriers des activités, il va sans dire que le choix des retransmissions télévisuelles est un autre exemple de discrimination. Dans le flot d’images que les différentes caméras capturent, les chaînes des télévisions choisissent ce qu’elles veulent retransmettre. Comme plusieurs disciplines se déroulent en même temps, même pour des images « en direct », il y a un choix à faire. Cette sélection pourrait être régie par une égalité d’heures de diffusion par sport, mais la réalité est tout autre : il existe une réelle disparité médiatique entre les disciplines. La tendance générale est aussi au patriotisme exacerbé : les chaînes télévisuelles d’une nation retransmettent au maximum les exploits de leurs compatriotes. Dans ce cas, si un sportif réalise de bonnes performances dans un sport peu « bankable », ses résultats lors des jeux olympiques seront, dans son pays, le vecteur de médiatisation du sport qu’il pratique.

4.3 L’exemple de Salt Lake City Nous retracerons ici les évènements douteux qui ont entouré la candidature à l’organisation des jeux d’hiver de 2002 par la ville américaine de Salt Lake City. Avant cette élection, la ville Salt Lake City s’était déjà lancée plusieurs fois dans la compétition pour devenir ville hôte mais ces efforts c’étaient soldés par des échecs. Sa première tentative sérieuse, et malheureuse date du 4 juin 1989 pour les jeux d’hiver de 1998. C’est donc durant la période entre la réunion élective du 15 juin 1991 (pour les J.O. de 1998) et celle du 16 juin 1995 (date d’obtention des droits d’organisation des J.O. de 2002) qu’en vue de l’obtention du pré55


4. Du point de vue médiatique cieux sésame, le comité d’organisation des Jeux Olympiques de la ville Salt Lake City a effectué différentes manœuvres à la limite, et parfois en dehors, de l’éthique. Ces agissements découlent de l’analyse amère des raisons de l’échec de 1991 face à Nagano, et la stratégie prise par le comité d’organisation fut alors d’entretenir des relations plus privilégiées avec les membres du CIO et d’autres organisations importantes dans le domaine du sport. C’est en novembre 199842 qu’un reportage télévisuel de la chaîne KTVX révèle pour la première fois le scandale. Cette émission accusait le comité d’organisation de Salt Lake City (abrégé ci-après par SLOC) d’avoir financé les études de la fille d’un membre du CIO. Si, par la suite, les documents sur lesquels ce documentaire s’était basé se sont révélés être faux, les informations contenues à l’intérieur seront confirmées par le SLOC. La mèche est alors allumée : en décembre de la même année le CIO demande des comptes au SLOC et le 11 de ce mois, Marc Hodler, membre suisse de la commission exécutive du CIO, déclare qu’il s’agit là d’un problème répandu dans le milieu du sport. Il précise que Sestrières a pu accueillir les championnats du monde de ski en 1997 grâce à l’offre faite par FIAT de minibus aux fédérations d’Allemagne, d’Autriche et de Suisse. Toujours en décembre une commission d’enquête ad hoc est mise sur pied par le CIO ; et le FBI, le Comité olympique américain (USOC) et le département américain de la justice décident aussi de mener l’enquête43. Peu après, le 8 janvier 1999 les président et vice-président du SLOC démissionnent. Le 15, c’est au tour de la presse japonaise de défrayer la chronique en rapportant que Nagano aurait brûlé les dossiers de comptabilité de la candidature de 1998. Le 22

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42  Marie-Pierre QUINET, “L’institution face à un scandale médiatique”, p. 42 43  Marie-Pierre QUINET, “L’institution face à un scandale médiatique”, p. 43 et 44


4. Du point de vue médiatique c’est Sydney qui est inquiétée ; le membre du CIO libyen, Bashir Mohamed Attarabulsi, démissionne. Ce même jour la commission d’enquête rend une partie de ces résultats, six membres du CIO sont exclus et les membres ont interdiction de visiter les villes candidates et inversement,… C’est crescendo que la presse et les différentes enquêtes, plus ou moins indépendantes, vont mettre en évidence un système corrompu jusqu’à l’os où régnait une impunité totale et dans lequel l’éthique était clairement une notion mise au placard. Le CIO se trouvait dans la tourmente et décida de réagir à cette crise. Cette polémique allait continuer jusqu’aux 11 et 12 décembre 1999, dates de la 110ième session du CIO (la 3ième assemblée extraordinaire de son histoire) au cours de laquelle les membres adopteront les conclusions et les réformes conseillées par la commission d’éthique CIO 200044. Chose étonnante c’est aussi à dater de ce jour que la plupart des grands quotidiens opérèrent une volte-face impressionnant : ils cessèrent de décrier le CIO et ne firent plus que des louanges pour le Comité et les réformes qu’il a adoptées45. Pour reprendre le contrôle des évènements et retrouver une image positive dans les médias, le CIO a fait appel à une société privée spécialisée dans la gestion de crise : Hill & Knowlton46 (abrégé ci-après par H&K). Il est intéressant de noter que cette société compte parmi ses clients l’Eglise de Scientologie, le gouvernement chinois ou certains opérateurs nucléaires. L’idéal de ce genre de client n’est pourtant pas en adéquation avec celui de l olympisme mais avec un pareil curriculum vitae, cette société paraissait apte à gérer la crise du CIO. H&K dirigea son intervention en 2 axes : « protéger l’image et la marque olympique, son leader et ses membres » et « neutraliser les mauvaises impressions

44  Marie-Pierre QUINET, “L’institution face à un scandale médiatique”, p. 48 45  Marie-Pierre QUINET, “L’institution face à un scandale médiatique”, p. 60 46  Marie-Pierre QUINET, “L’institution face à un scandale médiatique”, p. 60

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4. Du point de vue médiatique véhiculées par la presse »47. C’est le journaliste Andrew Jennings qui analysera cette politique de communication de manière critique, et qui, malgré la difficulté de la tâche, jugera H&K capable de « transformer les bourreaux en agneaux comme le tabac en élixir de longue vie »48. H&K prodigua alors ses conseils en communication au CIO qui les appliqua à la lettre : d’excuses publiques49, campagne promotionnelle avec le soutien de personnalités influentes sur l’opinion publique50, mise en place de réformes étudiées par la commission CIO 2000 (à laquelle H&K était évidement associé)51. Avec la 110ième session du CIO au cours de laquelle ces réformes furent adoptées, H&K a réussi sa mission et redéfini l’image du CIO qui passa « du statut de club privé à celui d’entreprise moderne, transparente et efficace »52. Elle fut d’ailleurs récompensée du prix de All Star PR du CIPRA pour sa gestion de la crise olympique53. Le stade devient peu à peu un outil médiatique à part entière. Que ce soit sur des panneaux longeant le terrain ou sur le maillot

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47  A. JENNINGS, ”la face cachée des Jeux Olympiques, L’Archipel, 2000, p. 102 in Marie-Pierre QUINET, “L’institution face à un scandale médiatique”, p. 62 48  A. JENNINGS, ”la face cachée des Jeux Olympiques, L’Archipel, 2000, p. 100 in Marie-Pierre QUINET, “L’institution face à un scandale médiatique”, p. 62 49  Marie-Pierre QUINET, “L’institution face à un scandale médiatique”, p. 63 50  Marie-Pierre QUINET, “L’institution face à un scandale médiatique”, p. 64 51  A. JENNINGS, ”la face cachée des Jeux Olympiques, L’Archipel, 2000, p. 99 in Marie-Pierre QUINET, “L’institution face à un scandale médiatique”, p. 68 52  A. JENNINGS, ”la face cachée des Jeux Olympiques, L’Archipel, 2000, p. 102 in Marie-Pierre QUINET, “L’institution face à un scandale médiatique”, p. 62 53  “Les illusions olympiques” : documentaire réalisé pour la BBC par Andrew JENNINGS et Albert KNECHTEL


4. Du point de vue médiatique des athlètes, chaque espace de publicité disponible est utilisé. La nouvelle tendance, déjà établie dans les autres pays européens, est le « naming ». Il s’agit de nommer le stade par le nom d’une marque. Ainsi apparaissent le MMArena au Mans et le Allianz Riviera à Nice, peut être auront nous bientôt le Durex Arena au Vatican. Cette tendance marque l’alliance du marché et du sport professionnel. Le sport professionnel est une industrie, il vit au milieu du marché. Pour le mondial de 2022 le Qatar va encore plus loin avec le stade Al-Rayyan Stadium dont l’extérieur est entièrement recouvert d’écran. Faut-il vraiment un architecte pour dessiner des gradins ceinturés d’un écran géant ?

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DU

POINT URBANISTIQUE


5. Du point de vue urbanistique 5.1 De la volonté politique en matière d’aménagement du territoire L’aménagement du territoire est dans nos contrées un domaine ou la nouveauté et la prise de risque sont perçues avec beaucoup de méfiance. En Belgique les différents plan d’aménagement du territoire (plan régionaux, plan directeurs, ..) se renouvellent toutes les décennies au grand minimum, et ce, pour quelques changements urbanistiques mineurs mais importants pour le marché de l’immobilier. Ainsi celui-ci spécule sur le changement d’affectation de telle ou telle parcelle pour pouvoir rentabiliser au maximum les achats effectués. Pour prendre un exemple ne concernant pas le sport mais récent et proche de nous, la société Immobel à acheté en 2007 des terrains à l’ULB sur le campus dit de « la plaine des manœuvres ». Cet achat d’une valeur de 10 millions d’euros, Immobel compte bien le rentabiliser. Pour ce faire, Immobel a fait appel à différents bureaux d’architectes, d’urbanistes et de paysagistes, et a conçu un projet de logements se déclinant en trois temps dont la première phase commercerait fin de cette année. Pour ce faire il faut que le PRAS (Plan Régional d’affectation du sol) et le PPAS (plan particulier d’affection du sol) changent l’affectation des zones concernées en zone d’habitat ou de mixité pour que le projet puisse commencer. Cet exemple résume la majorité de l’activité de ces grandes sociétés immobilières en Belgique et nous ne nous attarderons pas sur la manière dont elles pèsent sur les décisions politiques. Il n’y a là malheureusement pas matière à s’enorgueillir car toute cette dynamique immobilière est uniquement initiée par les sociétés privées qui ne visent que le profit. Le dernier grand projetworkshop que l’Etat à initié est celui qui concerne le palais de justice et ses environs pompeusement dénommé : « Architecture for 62


5. Du point de vue urbanistique Justice ». Actuellement, l’état ou une quelconque entité administrative n’est bon qu’à lancer de manière sporadique des projets de piscines, de centres commerciaux ou d’hôpitaux. Et encore plus grave, il n’y a aucun plan courageux prospectif pour les 50 prochaines années. Les difficultés que nous rencontrerons dans les domaines du logement, de l’éducation, de l’étalement urbain, … ne semblent pas assez alarmantes pour que le politique s’y atèle autrement que de manière superficielle. Si nous poussons la caricature : un mandat politique en Belgique dure 4 ans, 6 ans au maximum, le politicien met plus ou moins 1 an à s’acclimater à son nouveau poste (différents contacts, nouveaux collaborateurs,…) et consacre la dernière année à sa réélection. Il ne reste donc que 2 ou 4 ans de travail efficace, malheureusement pollués par les « problèmes » communautaires et durant lesquels les sujets épineux sont évités afin garder sa popularité. Tout cela ne laisse pas beaucoup d’occasions au politicien pour se pencher sur son ministère ; alors imaginer que l’ensemble des ministres se mette autour de la table pour résoudre les problèmes énoncés plus haut, c’est se mettre le doigt dans l’œil jusqu’à la clavicule. Bien entendu la situation n’est pas si désespérée et la timidité des décisions politiques passées au crible du sacro-saint « consensus communautaire » fait parfois exception. Ainsi on a pu remarquer, avec le dossier de candidature de Bruxelles alias la Belgique aux Jeux Olympiques de 2016 un élan d’énergie et de « facilité linguistique ». Le dossier de candidature montrait que la réalisation d’un tel évènement était faisable par la rénovation de quelques stades déjà existants, le logement des intervenants dans des hôtels déjà construits, la dispersion des activités sur plusieurs pôles à travers toute la Belgique, la création d’une ligne de train reliant l’aéroport de Zaventem à Vilvoorde et Louvain (projet diabolo) et en implantant un seul nouveau stade en plein milieu de la gare de Schaerbeek formation. 63


5. Du point de vue urbanistique En comparant avec attention ce dossier et celui de l’Euro que la Belgique à co-organisé, on constate que le stade du Heysel, rénové pour l’occasion (le stade ne respectait déjà plus les normes internationales au lendemain de l’Euro) est difficile à remplir à l’heure actuelle et il s’agirait maintenant d’accueillir aux alentours des 2 millions de visiteurs rien que pour le ticketing ! Ce chiffre est énorme (un cinquième) par rapport à la population de la Belgique. Le trajet administratif du projet d’implantation du stade de football sur le site de la gare de Schaerbeek formation décrit bien la manière qu’a l’aménagement du territoire de fonctionner. La gare de formation de Schaerbeek est définie comme une des 8 zones leviers de Bruxelles et est une des plus grandes réserves foncières. C’est donc une zone qui peut permettre l’évolution de la ville dont les frontières sont particulièrement figées par des problèmes communautaires. De plus, cette réserve est idéalement placée pour apporter un vrai développement de Bruxelles : elle est presque adjacente au canal, traversée pas le train, juste à coté d’une des deux entrées majeures des poids lourds dans Bruxelles, comporte un quai de chargement de train, avoisine une réserve naturelle à haute valeur environnementale,… Un projet cohérent et bien ficelé de cette zone permettrait pourtant à Bruxelles de prendre un nouvel essor. Le politicien voit dans ces grands évènements l’occasion de renouveler les friches industrielles, héritage de la période moderniste, qui s’étaient propagées un peu partout dans le monde occidental. Ce zonage que la politique actuelle de désindustrialisation européenne transforme en gigantesque no man’s land devient un problème épineux. Les logements aux alentours de ces friches industrielles sont les plus accessibles financièrement mais la proximité de ces zones délaissées ne favorise pas le bien-être des habitants avoisinants. Pour le politique l’occasion ne peut pas être manquée de profiter d’un tel évènement à échelle inter 64


5. Du point de vue urbanistique nationale. Ceci pourrait résoudre ce problème de friches et en même temps, rajeunir la ville de manière globale, acquérir du prestige, doper le tourisme, donner un énorme coup de projecteur au pays, et cerise sur le gâteau gagner de l’argent à court terme ! Pour 2 semaines de compétitions médiatiques, le politicien n’hésite donc pas à entailler son tissu urbain par des constructions spectaculaires et presque impossibles à réhabiliter. La seule pensée qui accompagne les discussions préparatoires à l’élaboration du dossier de candidature est la rentabilité. Ensuite, malgré un cahier des charges très contraignant, la solution proposée est aménagée pour être la moins invasive possible. Ne serait-il pas plus judicieux de faire l’étude comparative d’un ensemble de propositions différentes, dont fait partie la candidature « rentable », et d’opérer le choix parmi celles-ci en fonction des avantages sociaux et culturels, pour la ville et la nation, et pas uniquement pécuniaires ? Quel crédit faut il alors accorder à un plan d’aménagement réfléchi de manière totalement orientée, dont certains éléments (et non les moindres) immuables sont dictés par un organisme extérieur au pays ?

5.2 L’aubaine olympique Dans ce chapitre nous tenterons de démontrer que l’organisation d’un grand évènement sportif comme les jeux olympiques peut être perçue comme une aubaine. La ville peut profiter de l’occasion pour opérer de grandes opérations de revitalisation dans plusieurs domaines comme les transports publics, la création d’un nouveau quartier de prestige, … L’enjeux contemporain de ces villes est de gérer le mieux possible la période de post-event et cela depuis que les Jeux olympiques de 1992 à Barcelone ont permis d’amorcer la mutation de son tissu urbain. Si Barcelone paraît être l’exemple à suivre c’est qu’elle a été la première à se soucier de l’après Jeux Olympiques. Depuis ce legacy ou héritage est devenu la nouvelle donnée à prendre en compte et non des moindres.

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5. Du point de vue urbanistique Cela peut paraître improbable que jusqu’en 1992, les autorités publiques n’aient pas pris en compte cette période post-évènement dans la préparation des Jeux Olympiques, tant l’héritage laissé après 2 semaines de compétitions internationales était chargé. Les enjeux financiers et le contexte immobilier étaient tels qu’on parle de l’âge d’or de l’immobilier. Londres a su surfer sur la vague du développement durable (sous une certaine forme), soucieuse de l’héritage laissé par les infrastructures construites pour les jeux olympiques. Le calcul de l’énergie grise qu’il a fallu pour mettre en place ces différentes structures et celle nécessaire pour en démonter certaines n’est bien entendu jamais abordé. La pertinence de l’héritage laissé par les Jeux Olympiques de 2012 dans le quartier Est de Londres, Startford, est lui aussi rarement abordé. Ce quartier populaire n’était pas à la hauteur de l’idéal londonien, et possédait plusieurs atouts pour la ville au niveau foncier et immobilier mais cette population non désirable empêchait des investissements à petite échelle réellement rentables. Les Jeux Olympiques ont été une réelle opportunité pour les autorités de développer Startford. Bien entendu il a fallu faire un peu le ménage et quelque peu modifier le type de population présente aux alentours des infrastructures dédiées à l’évènement de prestige. Ensuite, si cette population éloignée pour les besoins de la manifestation ne retrouve plus ses repères dans le quartier, elle n’est pas obligée d’y revenir et d’y rester plus longtemps ! Pourtant, des deux précédentes éditions des Jeux Olympiques que Londres avait organisées il ne reste plus de trace. L’exemple du Qatar qui organisera la coupe du monde de football en 2022 est très révélateur, sur plusieurs tableaux, du courant dans lequel le sport et son architecture s’engagent. L’imposture de la structure démontable écologique ayant déjà fonctionné pour Londres, elle a été reprise. En plus que ferait le Qatar de 5 stades de football flambants neufs alors que cette nation bien 66


5. Du point de vue urbanistique plus petite que la Belgique n’a pas une tradition footballistique de grande ampleur? Ces stades seront donc démontables car selon les promesses de la délégation qatari, après la coupe du monde 2022, ils seront envoyés aux fédérations en difficultés pour leur permettre d’organiser ce type d’évènement54. De plus ce seront des stades olympiques durables, puisque malgré le fait qu’ils seront entièrement climatisés, l’énergie sera fournie par la technologie solaire. Il est bien entendu qu’une simple analyse de l’impact carbone de telles constructions réduirait à néant l’aspect écologique usurpé par cette candidature. Il est clair que le continent africain a longtemps été vierge d’organisations sportives non pas d’échelle nationale, mais d’échelle mondiale. La coupe du monde en Afrique du sud fut donc une première et l’ambition de ces multinationales sportives est clairement de continuer dans cette voie en multipliant les événements sportifs mondiaux dans ces contrées. Il est bien évident que de telles organisations ne peuvent être que bénéfique ! Il ne reste plus qu’à savoir pour qui exactement cela sera bénéfique ! Le Qatar a également dû convaincre beaucoup de sceptiques quant à la faisabilité de cette coupe du monde par 50°C. Pour le bon déroulement de la compétition, le Qatar va climatiser tous les stades et donc une température idéale pour pratiquer le sport règnera pour chaque match. Une climatisation écologique bien entendu ! Des rumeurs circulent aussi sur un projet de création de nuages artificiels censés protéger le stade et ses environs des rayons hostiles du soleil55. Toujours écologique bien entendu ! Le joueur, lui, va être bichonné : il passera d’un hôtel climatisé au stade climatisé en passant par un car climatisé. Ce serait dommage que certains déclarent forfait pour un rhume ! 54  Aurélien BILLOT, « Qatar 2022, le Mondial sensation », Le Figaro, 2 décembre 2010 55  Vincent BREGEVIN, « 2022 : le Qatar va se payer le nuage artificiel », Eurosport, 30 mars 2011

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5. Du point de vue urbanistique Il faut dire que le plan d’aménagement est particulièrement bien étudié. Les 5 stades sont situés à des endroits différents, tous en dehors des agglomérations et entourés seulement de leurs parkings. Tous sauf un, pour lequel l’architecte a fait le pari de la multifonctionnalité et a eu l’audace de programmer une galerie commerçante juxtaposée au stade. Cette nouvelle galerie commerçante à de grandes chances de devenir le point de rendezvous de tous les supporters attendant les matchs. Le Qatar paraît être le parfait exemple de ce qui pourrait être la prochaine étape dans l’évolution de l’organisation d’évènements sportifs à l’échelle mondiale. Ce pays, grâce à une richesse nationale importante, a décidé d’accueillir la coupe du monde sans que cela n’ait aucun impact à long terme pour la nation : le tissu urbain n’est pas impliqué outre mesure et les stades seront démontés. De plus, il prouve que même dans le désert une telle organisation est possible ! Grâce à l’argent et à sa suprématie sur un quelconque idéal sportif, tout est possible !

5.3 Exemple des jeux olympiques de Barcelone Les Jeux Olympiques à Barcelone se sont déroulé dans une Espagne fêtant le 500ème anniversaire de la découverte de l’Amérique par Christophe Colomb, par l’organisation de trois évènements majeurs dont l’Exposition Universelle à Séville, Madrid Capitale Culturelle de l’Europe. Il est intéressant de noter que les jeux d’Atlanta en 1996 comme ceux de Los Angeles en 1984 n’ont impliqué quasiment aucunes constructions nouvelles alors que ceux de Sydney en 2000 et ceux de Pékin en 2008 ont nécessité l’élaboration ex nihilo de parcs olympiques en dehors de la ville.

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Les Jeux Olympiques de Barcelone en 1992 restent un modèle grâce à la politique menée par le comité d’organisation des jeux dans la phase post-event. Cette politique peut être qualifiée d’innovante et cela de plusieurs points de vue.


5. Du point de vue urbanistique Tout d’abord le budget alloué aux jeux était mixte, entre le privé et le public ; et c’est cet investissement de la ville de Barcelone qui fait toute l’innovation. C’est la première fois qu’un pouvoir public s’investissait autant dans ce genre d’organisation. Par l’analyse de quelques chiffres significatifs on peut déduire que le pouvoir public a investi dans un but bien précis de redynamisation de Barcelone et de ses alentours. Le COOB, (ou COJO en français : comité d’organisation des jeux olympiques de Barcelone), lui a investi dans plusieurs domaines dont les principaux sont : les infrastructures des routes et des transports, les espaces publics, les constructions environnementales,… et ce pas seulement à Barcelone mais aussi dans toute la Catalogne car le déroulement des jeux se faisant à différents endroits. Plus de la moitié des investissements se sont faits en dehors de Barcelone. Les conséquences de cette politique sont donc multiples et variées : on dénombre une augmentation de 78% des zones vertes et de plage, de 17% des infrastructures routières et de 268% des étangs et fontaines56. Mais ce sont surtout des chiffres qui démontrent la politique menée par le COOB avec l’aide du pouvoir public : les coûts liés aux infrastructures sportives ne représentent que 9,1% des investissements totaux des Jeux Olympiques. « L’ensemble des institutions a estimé un investissement direct de 5.749,5 millions d’euros (956.630 millions de pesetas). Parmi ceux-ci, 3.537 millions d’euros (588.625 millions de pestas) (61 ,5%) ont été investis dans des projets civils et 2.212,5 millions d’euros (368.364 millions de pesetas) pour le reste des constructions ce qui démontre bien l’intention d’investir dans le long terme, d’émettre un effet structurel à la ville. »57. 56  Adrien DECLEIRE, « Impact économique dans son ensemble pour un pays suite à l’organisation d’un grand évènement sportif international », p. 44 57  Chiffres basés sur le COOB 92, HOLSA, la Ville de Barcelone et la « generalitat de Catalunya » ; la transformation en euro s’est effectuée selon le taux de change fixe établi entre les pesetas et l’euro à 1€=166,386 pesetas. Les valeurs en euros sont arrondies. La valeur de l’euro n’a pas été

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5. Du point de vue urbanistique De l’ensemble des coûts (6.728,5 millions d’euros) seuls 979 millions d’euros ont été consacrés aux dépenses organisationnelles ; ce qui veut dire que 85,5% des dépenses a été consacré aux investissements directs des projets structurels. En ce qui concerne les revenus 2.711,5 millions d’euros viennent des différentes taxes et 4.017 millions d’euros sont d’origine commerciale. Bien que le budget semble aujourd’hui dérisoire il n’a pas fallu plus à Barcelone pour organiser des Jeux Olympiques et effectuer un réaménagement urbain de premier ordre. Pourtant les débuts étaient assez classiques en la matière et les études réalisées ont sous-estimé les coûts du projet : 1.424,5 millions d’euros en 1985, puis 4.618 millions d’euros en 1991 pour arriver en 1992 à la somme de 6.728,5 million d’euros. Il s’agit là des investissements directs par l’organisation qui, comme montré plus haut, par leur innovation ont permis de générer des impacts induits chiffrés pour la période de 1987 à 1992, à 11.671,5 millions d’euros. A cela il faut ajouter les impacts directs d’une valeur de 7.008 millions d’euros, ce qui fait au total 18.679 ,5 millions d’euros d’impacts économiques. Pourtant les bénéfices calculés après les jeux sont de 5 millions d’euros. La vraie richesse apportée par les Jeux Olympiques de 1992 est inchiffrable : la renommée gagnée grâce aux retransmissions télévisuelles contrôlées, les investisseurs étrangers séduits par cette image manipulée, les transformations urbaines de Barcelone réalisées à une vitesse record,… Ainsi la ville s’est vue dotée d’un ring ainsi que de nouveaux axes, d’une augmentation de 38% du secteur immobilier, 34% des parkings, 23% des logements, 13% de surfaces commerciales et 12% des surfaces de bureaux… Enfin la population barcelonaise est encore maintenant extrêmement positive envers ces Jeux Olympiques.

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5. Du point de vue urbanistique C’est grâce à tout cela qu’à l’époque, c’est à dire entre 1986 et 1993, Barcelone fut la ville européenne ayant opéré la plus importante mutation urbaine.58

5.4 Exemple de Londres Nous n’aborderons dans ce chapitre que l’implantation du parc olympique et les conséquences qu’elle entraîne. Le Comité d’Organisation des Jeux Olympiques de Londres 2012 a choisi d’implanter le parc olympique dans le quartier de Stratford, situé à l’est de Londres, à dix kilomètres du centre de la ville. Pour mieux comprendre ce choix il est bon de rappeler l’historique de Stratford. C’est à la fin du 19ième siècle que l’histoire de ce quartier commence avec l’implantation par la société ferroviaire londonienne d’un centre de maintenance. Autour de ce centre se développe alors tout un quartier ouvrier qui deviendra une cité ouvrière à part entière et formera un véritable centre urbain59. Ce nouveau pôle de la banlieue Est de Londres prospèrera avec l’apparition de bureaux jusqu’aux années 60 et 70, époque de la désindustrialisation de Londres, années qui marqueront donc le début du déclin de cette zone. Des années 70 jusqu’à aujourd’hui le quartier de Stratford périclita et se transforma en simple cité dortoir. L’activité économique et sociale pourtant florissante à l’époque se liquéfia jusqu’à atteindre la situation médiocre actuelle. Que faire alors pour redynamiser un quartier dans le déclin, véritable épine dans le pied d’une métropole européenne d’une ampleur 58  Adrien DECLEIRE, « Impact économique dans son ensemble pour un pays suite à l’organisation d’un grand évènement sportif international », p. 45 59  Caroline RENTIERS, « Double Jeux. Ou comment allier l’art de recevoir et l’art de préserver. Candidature de Paris et de Londres 2012 », p. 94 71


5. Du point de vue urbanistique comme Londres. Les Jeux Olympiques ont, comme toujours, séduit immédiatement le politique et la candidature fut lancée. Startford accueillera donc, le village olympique comprenant : le stade olympique, le centre aquatique, le vélodrome, le centre de presse ainsi que du logement pour 17.000 personnes. Ce parc olympique deviendra une extension du Lea Valley faisant la jonction entre la ceinture verte et la Tamise60. L’avantage énoncé par le Comité d’Organisation est un héritage urbain, architectural et social qui effectuera une régénération de Lea Valley, une des zones les plus pauvres du Grand Londres61. L’avenir nous dira si cet héritage aura tenu toutes ses promesses. Si on ne peut souhaiter que le meilleur à une opération immobilière empreinte d’autant d’empathie et de générosité, quelques données récentes nous font redescendre du nuage de bons sentiments ou nous étions. L’apparition de l’expression « zone de dispersion » de la part des organisateurs ne nous rappelle que de fâcheuses pratiques déjà employées à Pékin en 2008. Cette « zone de dispersion » est donc la façon politiquement correcte de nommer une population non désirable. Pour les jeux de Pékin, les autorités avaient procédé à une purification des alentours du parc olympique en expulsant les sans-abris, démolissant les immeubles à loyer modéré et évacuant les vendeurs de rue, les bordels et les travailleurs migrants62. Cette population ne devait pas être assez photogénique aux yeux des autorités Pékinoises. Si à cette époque ce procédé fut unanimement condamné, il est

60  Caroline RENTIERS, « Double Jeux. Ou comment allier l’art de recevoir et l’art de préserver. Candidature de Paris et de Londres 2012 », p. 95 61  Caroline RENTIERS, « Double Jeux. Ou comment allier l’art de recevoir et l’art de préserver. Candidature de Paris et de Londres 2012 », p. 95 62  Michele HANSON, « No room for any riff-raff in the Olympic dispersal zone », The Guardian, 19 juillet 2012 72


5. Du point de vue urbanistique surprenant de voir qu’il est à nouveau employé mais cette fois-ci en Europe. De la même manière qu’à Pékin, les autorités londoniennes ont planifié eux aussi des « travaux de déblaiement à grande échelle »63. « Vagabonds, indigents, miséreux sont évacués ainsi que leurs logements, jardins ouvriers et étals de marché. Les maisons de tolérance sont inspectées de la cave au grenier, les jeunes en sweat à capuche se font arrêter, l’amarrage des péniches sur la Lea, une rivière voisine, est passé de 600 à 7 000 livres par an [de 760 à 8 900 euros], et les abribus ont été dotés de nouveaux bancs sur lesquels il est impossible de dormir »64. Est-ce cela l’urbanisme moderne ? Ce fameux héritage urbain, architectural et social ne s’adresse donc pas à la population locale ? Si le plan d’aménagement paraît séduisant au premier abord, avec un soin tout particulier donné aux différents espaces de déambulations, le traitement architectural des bâtiments reste très standard. La juxtaposition des images de synthèses, tout proportion gardée, proposées pour le parc olympique de Londres et le projet d’universalis park proposé par Immobel révèlent de troublantes similitudes. Schéma de rue majoritairement orthogonal, façades à balcon inexpressives, traitement trop similaire des différentes voiries composant le projet, multifonctionnalité inexistante malgré la proximité de la Tamise et enfin ponctuation du nouveau tissu urbain par des « éléphants blancs » n’offrant aucune intégration visuelle. Quand on sait que celui qui s’est chargé de ce parc olympique, l’architecte Bill Hanway, est aussi chargé, avec le partenariat de l’architecte local Daniel Gusmão, de l’élaboration du parc olympique de Rio pour 2016, on sait que le pire reste à venir65. 63  Michele HANSON, « No room for any riff-raff in the Olympic dispersal zone », The Guardian, 19 juillet 2012 64  Michele HANSON, « No room for any riff-raff in the Olympic dispersal zone », The Guardian, 19 juillet 2012 65  Adapté par Jean-Philippe HUGRON, « De Londres 2012 à Rio 2016, un

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5. Du point de vue urbanistique Londres 2012

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5. Du point de vue urbanistique

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5. Du point de vue urbanistique Rio 2016

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5. Du point de vue urbanistique

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DU

POINT ARCHITECTURAL


6. Du point de vue architectural 6.1 De l’architecture sportive L’architecture présente « une spécificité par rapport aux autres formes artistiques telles que la peinture, la sculpture, voire la photographie. L’architecture dispose d’une fonctionnalité qui va au-delà de la propagande visuelle : elle est destinée à être habitée, vécue, utilisée tout en étant vue, lue et éventuellement décryptée. Autrement dit, l’architecture fasciste contribue d’une part à façonner l’homme fasciste, puis l’Homme nouveau par la pratique politique qui s’inscrit dans les bâtiments, et d’autre part à le représenter à des fins d’autolégitimation et de pédagogie »66. Ce qui fait que l’architecture sportive contient à la fois la pratique et la représentation du sport, car le sport est à la fois « façonnement physique des corps individuels et légitimation spirituelle du corps social » 67 ce qui fait donc de l’architecture sportive un haut lieu de contrôle des masses. Ce n’est pas uniquement l’usage propagandiste de l’édifice sportif qu’il est intéressant d’analyser mais aussi son coté artistique. En effet l’art, de propagande bien évidemment, est un des fers de lance qu’un régime totalitaire utilise pour asseoir sa légitimité et exhorter le sentiment d’appartenance à une identité nationale, inventée et contrôlée. L’architecture sportive revêt donc ces deux aspects que sont l’art et le sport et qui ont été les moyens de prédilection d’affirmation de l’idéologie fasciste. Pour pouvoir asseoir un nouveau pouvoir, les dirigeants façonnent de nouveaux repères culturels, politiques, économiques, socié-

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copier/coller ? », 12 octobre 2011, Le Courrier de l’architecte, Luiz Ernesto 66  Catherine BRICE, « Architecture et homme nouveau dans l’Italie fasciste »in Marie-Anne MATARD-BONUCCI, Pierre MILZA (dir.), « l’Homme nouveau dans l’Europe fasciste », p. 281 in Daphné BOLZ, « Les arènes totalitaires », p. 12 67  Daphné BOLZ, « Les arènes totalitaires », p. 13


6. Du point de vue architectural taux,… auxquels la population pourra s’identifier et donc adhérer. Cela se fait par une construction de nouveaux symboles, l’oubli forcé ou la destruction des anciens symboles, l’appropriation des symboles existants à haut potentiel de glorification de la nouvelle nation ... La culture au sens large, c’est à dire de l’éducation à la production artistique, est cadenassée et contrôlée pour finir d’asservir lentement la population. Le monumentalisme, le spectacle et le prestige sont autant d’outils utilisés pour impressionner et susciter de la passion dans la population ; et le sport n’y échappe pas. C’est ainsi que les jeux olympiques de 1936 ont été utilisés à des fins de propagande pour exhorter toujours plus une identité forte et prestigieuse. Dans les années 5068, quand la période de reconstruction s’est achevée, les pouvoirs publics des pays européens ont pris le temps de s’interroger sur la question de l’habitat et sur la programmation d’équipements collectifs qui lui sont liés. Parmi ces équipements collectifs figurent les constructions sportives. Le pouvoir public a alors commandé une série d’études dont le résultat devait être un traité de construction décrivant au mieux les attentes qu’il avait. L’initiative de commander la réalisation de ces équipements à grande échelle a permis aux architectes chargés de leurs constructions d’exprimer leur créativité. Cette période est aussi riche en facteurs qui ont influencé la façon de faire ainsi que la vision que les architectes avaient de l’équipement sportif : innovations technologiques, recherche de nouveaux langages architecturaux, contraintes de sécurité de plus en plus draconiennes, normes de plus en plus étouffantes, mode de vie très changeant, … depuis les années 50 beaucoup de paramètres ont évolués. C’est donc véritablement à partir des ces années là que l’architecture sportive et née ou plutôt a été remise au goût du jour car 68  Marc GAILLARD, « Architecture des sports », p. 9

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6. Du point de vue architectural tombée pendant longtemps dans l’oubli. Cela ne fait donc qu’à peine une soixantaine d’années que le domaine du sport se voit doté d’une recherche architecturale spécifique. A l’heure actuelle, l’architecture sportive est bien établie sur le devant de la scène et c’est grâce à la popularité croissante qu’a obtenu le sport, ou plutôt la manifestation sportive dans le monde. Pour organiser un de ces évènements internationaux il paraît primordial que le lieu où celui-ci se déroule soit tout aussi prestigieux que l’évènement en lui-même. Le contenu et le contenant sont traités presque de la même façon sur des critères de prestige, de représentativité et de propagande nationale. Actuellement, il paraît inimaginable de pouvoir faire des Jeux Olympiques dans un champ où ne seraient tracés que les différents terrains nécessaires sans aucun gradin, magasin promotionnel, espace publicitaire, espace de restauration, de repos, de bien-être, loge VIP, lieu de prestige, … Pourtant le prix des places est en constance augmentation ce qui opère lentement mais sûrement l’embourgeoisement du public sportif. Ceci a aussi pour conséquence que le stade ou une quelconque infrastructure sportive n’affiche plus complet que pour les rencontres exceptionnelles et plus particulièrement dans des nations comme la Belgique qui ne sont pas tournés vers le sport de manière poussée. Donc, on peut diviser l’architecture sportive d’aujourd’hui en deux courants, l’un qui se concentre sur les stades prestigieux, grandioses et uniques et l’autre qui définit l’équipement collectif pour tous. Ce deuxième courant, sans rechercher le majestueux comporte une grande partie d’innovation et de créativité, mais n’intéresse pas grand monde n’offrant pas de retombées publicitaires suffisantes.

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6. Du point de vue architectural 6.2 L’équipement sportif collectif Le budget accordé à l’architecture des équipements sportifs collectifs est bien moindre que celui consacré à l’architecture sportive de prestige alors qu’elle conçoit des infrastructures utilisées fréquemment et par tout un chacun. Bien qu’il ne soit pas une réussite architecturale, prenons l’exemple du stade du Heysel, qui demeure fermé à tous la plupart du temps. Il n’est ouvert qu’à l’occasion de manifestations exceptionnelles et de match de football, une fois toutes les deux semaines ; et dans ces cas, le stade a du mal à se remplir. Cette architecture des équipements sportifs collectifs, est bien plus productive ce qui permet une recherche architecturale plus rapide ; le nombre d’exemples à analyser est plus grand et les leçons tirées après l’édification d’un nouvel ouvrage aussi. Malgré le fait que certaines constructions sportives collectives n’aient fait l’objet d’aucune ambition et se résument au strict minimum, d’autres sont réellement porteuses d’innovations et de créativité. L’architecture de ces dernières aborde des sujets que son équivalent de prestige n’aborde pas ou presque pas ; il s’agit de l’intégration de l’équipement sportif dans le tissu urbain, de la capacité adéquate réelle de l’équipement pour le territoire donné, de l’accès à ces infrastructures par la population, de l’accessibilité de ces équipements à un public très large et de tous âges, de la pérennité dans le temps malgré une exploitation quotidienne. Ces ouvrages doivent donc répondre à beaucoup plus de contraintes. De plus, ils obtiennent beaucoup moins de facilités que ceux de prestiges auxquels le politique accorde sans hésiter, urgence oblige, toutes les autorisations et pour lesquels tout est mis en œuvre pour limiter au maximum les retards dans la construction. De ce fait, l’équipement sportif collectif offre parfois d’un point de vue architectural beaucoup plus de subtilités et de 83


6. Du point de vue architectural degrés de lecture que l’équipement de prestige qui lui, propose un ou maximum deux axes de lecture. De plus, la taille de ces différents ouvrages est un facteur déterminant : plus l’échelle de l’ouvrage est restreinte plus il est aisé de rentrer dans les détails et dans la subtilité ; plus l’ouvrage est grand et de prestige, plus il doit en imposer et ce, sans perdre de temps et d’argent dans le raffinement. Dans le même ordre d’idée, on peut remarquer aussi une tendance assez perverse depuis les Jeux Olympiques de Pékin en 2008 qui est l’attention portée à ce qui sera visible par le plus grand nombre, au détriment du reste. Le plus grand nombre est bien évidemment, pour toutes les multinationales du sport spectacle, le spectateur derrière sa télévision. Pendant toute la durée de l’évènement, une série d’images contrôlées est diffusée et ce qui ne sera pas montré est dans la plupart du temps délaissé.

Vue intérieure - Piscine Tournesol 84


6. Du point de vue architectural

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6. Du point de vue architectural

Projet de piscine dĂŠcouvrable pour Miami

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6. Du point de vue architectural Ainsi, dans le cas de Pékin, le visuel de la toiture vue de l’intérieur n’a fait l’objet d’aucune recherche. Pourtant il existe bon nombre d’équipements sportifs collectifs qui possèdent une unité dans le parti structurel n’hésitant pas à le mettre en avant et à montrer les poutres et colonnes en lamellé-collé ou en acier. A Pékin cet aspect est complètement inexistant : la vue intérieur de la toiture ne sera pas filmée et donc ne représente aucun intérêt et aucun investissement n’y a été fait, et cela au détriment des spectateurs.

6.3 L’architecture sportive de prestige Pour les grandes organisations sportives, l’Etat ou la ville préfère commander un ouvrage à un des grands noms de l’architecture en espérant ainsi que la notoriété de l’architecte irradie, par son ouvrage, sur la ville. L’attribution d’un projet à un architecte renommé est parfois floue, il s’agit selon les cas de concours, de candidatures sur Curriculum Vitae, de commandes spéciales… Dans tous les cas, lors de la conception il de bon ton de marquer les esprits à grands coups de grandiose. Toujours plus osée, toujours plus technique, toujours plus remarquable, l’architecture sportive de prestige se pare de ses plus beaux atours pour augmenter la renommée de la ville dans laquelle elle est programmée. Mais un constat s’impose, dans l’immense majorité des cas, ces architectures, pourtant fer de lance d’un certaine architecture contemporaine, peinent à se soustraire à la catégorie des architectures « objets » et se voient décerner le doux patronyme d’« éléphant blanc ». Il faut dire que la recherche architecturale dans ce domaine, celui de l’architecture sportive de prestige, est peut être la plus pauvre que l’époque contemporaine connaisse. Le processus créatif est souvent le même : prendre une analogie, locale de préférence, très accessible (un nid d’oiseau, un coquillage, une barque) et la transposer de manière presque intacte pour en faire un sym-

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6. Du point de vue architectural bole qui malheureusement ne se comprend pleinement que vu du ciel. Peut être que l’architecte contemporain cherche la reconnaissance du règne des oiseaux ou s’adresse à une quelconque divinité séjournant dans les cieux ! Ce qui est certain c’est que le visiteur n’a que peu de chance de comprendre à quoi ressemble le bâtiment dans lequel il se trouve. L’analyse des stades construits le plus récemment est révélateur d’une pauvreté du processus créatif qui se généralise. Le stade en Afrique du sud, celui en coquillage du Qatar, la barque du Qatar, l’Alliance Arena en Allemagne, le nid d’oiseau à Pékin,… Quand l’analogie n’est pas enfantine et de premier degré, tout le parti pris et l’identité du stade se résume à un élément de décor ou un élément structurel mis en évidence.

6.4 Le monument stade Si nous analysons précisément les différentes infrastructures nécessaires à l’organisation de championnats mondiaux, le stade apparaît comme étant l’indispensable et l’incontournable bâtiment parmi tous les autres. Il est l’objet architectural emblématique et c’est souvent à lui que l’on se réfère puisque c’est là que se passent les sports phares de ces championnats, à savoir l’athlétisme pour les JO, le football,... Le reste des autres infrastructures diffèrent selon le type de championnat organisé et donc des exigences issues du nombre et des spécificités des sports représentés. Lieu emblématique du sport dans une ville, le stade s’impose comme un élément du tissu urbain indispensable pour toute grande ville se voulant moderne. Bien qu’il soit au milieu des considérations, le stade n’a pourtant pas beaucoup évolué depuis l’amphithéâtre romain de l’antiquité. Que ce soit au niveau social, urbanistique ou même architectural le stade actuel ne diffère que très peu de son ancêtre. 88


6. Du point de vue architectural D’un point de vue social le stade s’embourgeoise, Anciennement c’était le lieu où un sénateur ou un homme d’Etat organisait des jeux accessible à la plupart pour accroître sa popularité. Actuellement, des principes de sécurité toujours plus contraignants ont fait disparaître les places debout, véritable lieu de rendez-vous populaire, et l’accès aux places assises est de plus en plus onéreux. D’autre part, le stade se mue petit à petit en lieu de business et différents types de loges apparaissent : parfois simple objet d’apparat protocolaire parfois véritable salle de réunion pour businessman désirant conclure des marchés. Le public change, l’ambiance aussi. Nous ne sommes plus au temps « du pain et des jeux » mais le spectacle sportif reste encore une puissante arme de distraction massive grâce à sa médiatisation. D’un point de vue architectural, l’amphithéâtre antique était constitué de deux éléments fondamentaux : les gradins et le terrain du centre. Sous ses gradins se trouvait même toute la machinerie nécessaire au contrôle de la plateforme en bois qui constituait le centre de l’amphithéâtre ainsi que les différentes cellules est espaces pour les prisonniers, animaux,...L’innovation architecturale n’a en rien révolutionné l’essence même du bâtiment. La ressemblance que la majorité des stades ont entre eux est assez déstabilisante. Ce mimétisme n’est pas que le fruit d’une volonté affirmée d’emprunter l’ancienne gloire de l’empire romain mais aussi le fruit de nombreuses restrictions, pour la plupart de l’ordre de la gestion de la sécurité, qui ont pour effet direct la pauvreté d’innovation architecturale. La seule question qui semble encore influencer d’une manière significative la forme d’un stade c’est le choix entre la tribune ouverte, plutôt de tradition anglo-saxonne, ou celle fermée, plutôt présente en Europe du nord. Toutes les autres considérations ne sont que pur formalisme et innovations technologiques. Le stade n’a jamais eu comme programme de se fondre dans le décor environnant ; bien au contraire, au vu de l’investissement colossal sacrifié, le stade se doit d’être un nouveau repère et cela au détriment de beaucoup de choses. 89


6. Du point de vue architectural D’un point de vue urbanistique un choix se pose : faut il incorporer le stade au centre du tissu urbain ou plutôt le construire en périphérie de la ville ? Ce choix est motivé par plusieurs préoccupations que sont la fluidité du trafic au moment de l’évènement, la sécurité avant et après la manifestation, la gène sonore et visuelle occasionnée, les retombées financières sur la zone adjacente au stade, l’émulation positive ou négative que peuvent représenter ces mouvements de population, la présence positive ou négative d’un monument sur la zone voisine,… Une fois ce choix effectué, il ne reste plus au pouvoir public qu’à minimiser l’impact qu’une construction monofonctionnelle d’une telle envergure aurait sur le tissu urbain. Suite à l’époque moderniste, la nouvelle tendance archi-urbanistique est à la mixité en tout point, à la fin du zonage, du monofonctionnel et du prototype applicable partout. L’heure est à la mixité, au bien-être de chaque être humain pris séparément et à l’architecture spécifique au contexte particulier. C’est dans cette nouvelle politique que l’on nous vend des stades multifonctionnels, véritable nouveau centre de la ville comprenant tout ce qu’une ville moderne a besoin ou presque, avec en plus le caractère monumental. Depuis les années 1990 le stade n’était plus rentable uniquement par sa fonction sportive ; le stade devait se trouver d’autres atouts pour pouvoir continuer d’exister et c’est là que la réflexion architecturale s’appauvrit. Alors que la réhabilitation d’un stade existant ne répondant plus aux exigences urbaines modernes peut être réellement intéressante, on assiste à la construction de nouveaux stades, n’innovant en rien d’autre que la technologie utilisée et, ne répondant pas plus à un tissu urbain moderne que le Colysée antique. Voici quelques exemples de stades reconnus pour leur bonne intégration dans la ville et la mixité des fonctions qu’ils proposent : l’Amsterdam Arena, le Gelredome stadium à Arnhem, le Stade 90


6. Du point de vue architectural de France, le Stade du CSKA Moscou. A travers ces 5 exemples une question s’impose : qu’est ce qu’on nous vend ? La multifonctionnalité présentée du stade et de son environnement proche ne concerne principalement que le secteur tertiaire, celui du service. Mais quelle est la pertinence d’un organigramme n’implantant que des commerces et services divers, dans une architecture spectaculaire ne faisant pas l’objet d’une réelle réflexion sur l’impact d’un tel monument sur le tissu urbain ?

Palais des sports à Saint-Nazaire

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6. Du point de vue architectural

6.5 Exemples de stades dits multifonctionnels 6.5.1 L’Amsterdam Arena

Il s’agit donc du stade de la ville d’Amsterdam conçu par les architectes Rob Schuurman et Sjoerd Soeters, inauguré le 14 août 1996. Il est d’une capacité de 52.000 places assises69. Ce stade est dit multifonctionnel sur plusieurs points. Il accueille l’équipe de football de l’Ajax Amsterdam, celle de football américain l’Amsterdam Admirals et est capable d’accueillir des évènements culturels de grandes ampleurs. Pour ce faire il dispose de deux configurations possibles. Une première, dédiée aux grands concerts avec une capacité de 153.000 places, dont 68.000 debout, en prenant en compte la capacité cumulée de l’espace central faisant office de fosse, la tribune Nord et les tribunes latérales. L’autre configuration est celle d’un amphithéâtre et a la capacité de 12.000 places situées dans la tribune sud et les tribunes latérales. En plus de ces différentes dispositions d’accueil, l’Amsterdam Arena contient aussi 14 salles de meeting et de congrès (capacité 3.500 visiteurs), 4 restaurants, des espaces pour la presse, des loges, des espaces VIP, des business seats, … Ce qui fait la spécificité de l’Amsterdam Arena c’est le quartier avoisinant le stade qui regroupe tout le projet multifonctionnel énoncé. Le plan d’implantation montre la présence autour du stade d’un music dôme, d’hôtels, de bureaux, de mégastores, d’un cinéma, de restaurants, d’une gare, d’une haute école et de tours d’habitation. C’est cette multitude de fonctions différentes qui est la prétendue richesse du projet. Mais en étant un peu plus attentif on se rend compte que la grande majorité des fonctions installées appartiennent au même secteur, celui des services. Seul le logement constitue une exception à cette règle et sa part est très minime par rapport aux autres fonctions présentes. Quelle est alors la pertinence de ce plan d’aménagement ? Où se trouve la complexité nécessaire pour implanter un restaurant ou

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69  Jérôme MEGALI, « Construction et rénovation d’un stade de football », p. 34


6. Du point de vue architectural

un magasin à coté d’un stade ? La vrai multifonctionnalité n’estelle pas celle qui à l’audace de mélanger les différents secteurs dans un même projet ?

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6. Du point de vue architectural 6.5.2 Le GelreDome Stadium

Ce stade se situe dans la ville d’Arnhem en Hollande et a une capacité de 30.000 places. Il a été conçu par le bureau d’architecture Alynia et inauguré le 25 mars 199870. Si ce stade contient les mêmes aménagements que l’Amsterdam Arena, il comporte une particularité technique lui permettant de déplacer à l’extérieur du stade la pelouse lorsqu’elle n’est pas nécessaire. Cela permet de la protéger mais l’opération dure 6 heures. Si l’entretien de la pelouse est une priorité dans un stade de foot il peut paraître assez saugrenu de la placer sur roues. Certains vont même jusqu’à installer un système de chauffage par le sol en dessous de la pelouse pour que les matchs puissent avoir lieu même par temps de gel intense. Le GelreDome Stadium est situé en dehors de toute agglomération et son seul voisinage est son propre parking. Il paraît difficile alors de continuer à prétendre que ce stade est multifonctionnel de manière pertinente.

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70  Jérôme MEGALI, « Construction et rénovation d’un stade de football », p. 36


6. Du point de vue architectural 6.5.3 Le stade de France

Le stade de France est celui de la ville de Paris, conçu par les architectes Michel Macary, Aymeric Zublena, Michel Regembal et Claude Costantini, inauguré le 28 janvier 1998 et ayant une capacité de 81.338 places71. Ce stade abrite une équipe de football, le PSG, et l’équipe de rugby du stade de France. La particularité technique de ce stade est que ses tribunes sont rétractables : il est possible d’avancer les tribunes au dessus de la piste olympique entourant la pelouse du terrain de football. Néanmoins cette opération comporte trois étapes et nécessite cinq jours de travail. Le stade de France est situé dans la plaine Saint-Denis au nord de Paris. Ce quartier est décrit comme défavorisé et mal famé et il est intéressant de noter que le projet qu’avait Paris lors de sa candidature aux JO de 2012 était d’aménager le parc olympique autour du stade de France. L’intention de l’équipe d’organisation de la candidature française était donc la même que celle de l’équipe londonienne : redorer un quartier défavorisé grâce au « droppage » d’un OVNI urbanistique prestigieux qui requalifierait les populations environnantes.

71  Jérôme MEGALI, « Construction et rénovation d’un stade de football », p. 37

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6. Du point de vue architectural 6.5.4 Les stades qataris

Lors de sa candidature à l’obtention du droit d’organiser la coupe du monde de football en 2022, le Qatar a voulu mettre toutes les chances de son côté et a été une des rares nations à proposer un cahier des charges très détaillés. Lors de la réunion élective de la FIFA le Qatar proposa une vidéo de cinq minutes72 détaillant l’emplacement et l’architecture des 5 stades phares de leur candidature. A la vue de cette vidéo une constatation s’impose : quelle pauvreté architecturale ! Au lieu de vendre une architecture contemporaine pleine d’inventivité, la présentation de chaque stade est précédée de la mise en scène de l’analogie à laquelle le stade se réfère. Ainsi se succèdent les images de barque pour le Al-Shamal Stadium, d’un coquillage pour le AlKhor Stadium, d’une oasis pour le Al-Wakrah Stadium, des drapeaux des futurs pays qualifiés pour le Al-Gharafa Stadium et enfin d’un écran pour le Al-Rayyan Stadium73. Pour chacun de ses stades la traduction architecturale de l’analogie présentée est fondamentalement du premier degré. Au coquillage répond un stade en forme de coquillage, à la barque répond un stade en forme de barque, à une oasis répond un stade entouré d’une galerie commerciale. La médiocrité architecturale est criante, d’autant plus que le visiteur lambda n’a aucune chance de ressentir cette analogie puisque elle n’est destinée qu’à être vue depuis le ciel. Une aberration de plus mais au combien révélatrice de l’attention portée au spectateur amateur de sport.

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72  http://www.youtube.com/watch?v=d-z2jtUS9-Y 73  Julien Van CAEYSEELE, “Qatar 2022 : les futurs stades du mundial”, L’Express, 6 décembre 2010


6. Du point de vue architectural

Al-Shamal Stadium - L’Express

Al-Gharafa Stadium - L’Express

Al-Khor Stadium - L’Express

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6. Du point de vue architectural

Al-Wakrah Stadium - L’Express

Al-Rayyan Stadium - L’Express 98


6. Du point de vue architectural 6.5.5 Stade du CSKA Moscou

Pour les besoins de la coupe du monde de football en 2018 la Russie doit se doter de plusieurs nouveaux stades dont un à Moscou. Leur candidature décrivait plusieurs stades neufs, chacun dans une ville différente mais reliés entre eux par un système ferroviaire et aérien performant. Un projet de stade parmi tous les autres a retenu mon attention : celui du RSKA Moscou. Et pour cause, c’est la première transgression visible à la forme du stade, tel qu’elle a été consacrée en l’an 80 après Jésus-Christ par l’empire romain. Enfin, cette conformation allait être un peu modifiée par l’apparition d’une tour placée à un des quatre coins du stade. Bien que cette tour ne contiennent rien d’extraordinaire : bureaux, salles de réunion, siège du club CSKA, elle est peut être le symbole d’un changement de direction en architecture. En plus de n’avoir qu’une capacité annoncée de 30.000 places, ce stade représente une réelle innovation architecturale. Et cela est révélateur de la pauvreté architectural en la matière : le fait de mettre une tour sur un des coins d’un stade aurait dû déjà avoir été expérimenté et ne devrait donc pas paraître aussi novateur.

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LE

RÔLE ARCHITECTE


7. Le rôle de l’architecte

Nous l’avons aperçu, l’architecture sportive est loin d’être un ensemble de constructions neutres ne représentant rien et ne portant aucun message. L’architecture, par sa place au croisement de l’art et de la science est vecteur d’idées qui sont matérialisées et donc expérimentées. Là où l’œuvre d’art et le message qu’elle véhicule n’ont que peu d’incidence sur la collectivité (on peut choisir de la regarder ou au contraire l’oublier), l’architecture, elle, s’impose et confronte la collectivité consciemment ou inconsciemment à une théorie. Que cela soit l’expérimentation spatiale en vue d’améliorer le bien-être humain ou l’expression d’un pouvoir absolutiste, l’architecture est rarement neutre ; même lors d’édification d’ouvrages plus modestes comme une maison unifamiliale. La construction doit répondre à une série de critères émis par l’entité administrative, regroupés sous le titre de prescriptions urbanistiques ; ce qui veut dire, répondre à une certaine vision de ce que doit être l’architecture à un endroit et à un moment donné. Si l’architecture représentative d’un pouvoir public est très facile à déceler pour le passant car elle emprunte les codes des architectures de l’antiquité, d’autres pouvoirs se cantonnent dans des hauts buildings vitrés n’exprimant rien pour justement restés méconnus du grand public tout en jouant d’influence au niveau mondial. L’architecte a donc la responsabilité de dessiner un projet qui s’inscrit dans un cadre et dont les codes, normes et symboles sont très particuliers. Jusqu’à maintenant l’architecture sportive n’a que très rarement les codes qui la composent, rarement un stade bousculant l’ordre établi a été construit. Il est pourtant du devoir de l’architecte de sans cesse se renouveler et sans cesse expérimenter au risque de s’encrouter dans des formes établies et immuables. Pourtant durant sa formation l’étudiant en architecture se voit ouvrir les portes d’un monde très restreint de gens capables de pouvoir réfléchir la ville et l’habitat et de réaliser les conclusions de leurs réflexions. Pourtant la réalité du métier est tout autre et on pourrait caricaturer cela en un simple choix à faire : soit l’architecte devient homme de main du pouvoir et, avec un peu de 102


7. Le rôle de l’architecte talent, obtient tout ce que cette société vénère, c’est à dire la célébrité et tous ses avantages, soit il choisit d’être intègre à ses opinions et c’est le début de la galère. Sous le couvert d’innovations techniques et architecturales qui n’en sont pas, l’architecte camoufle sa soumission au pouvoir et surtout son désir ardent de reconnaissance ainsi que sa cupidité. C’est consciemment que l’architecte collabore à l’appauvrissement de l’architecture sportive. Il existe pourtant des exemples de projets urbains courageux que des politiques ont mené, sans attendre « l’opportunité olympique ». Le quartier Vauban de la ville de Fribourg-en-Brisgau en Allemagne en est un exemple. Cet éco-quartier, commandé en 1996 par la municipalité, a renouvelé un ancien terrain militaire, comprenant des casernes, selon une démarche de développement durable. Le traitement architectural et urbanistique de ce quartier comprend beaucoup plus de subtilités que le prétendu parc olympique durable de Londres74. Un autre exemple est celui de Lyon Confluence. Lancé par la mairie de Lyon dès 1996, ce projet remet au goût du jour une presqu’île composée uniquement de friches industrielles monofonctionnelles. Ce nouveau quartier d’habitations, de bureaux et de commerces est aussi labellisé éco-quartier, et se situe comme un nouveau pôle important de Lyon.75 Sur le plan sportif aussi il existe des alternatives au gigantisme actuel. La F.I.S.U (Fédération Internationale de Sport Universitaire), deuxième fédération multisports du monde, au nombre de membres nationaux, régissant depuis 1949 les rencontres sportives entre universités, est pourtant très méconnue du grand public. Mais au regard, toutes proportions gradées, des déboires du CIO, une médiatisation plus discrète est peut être un garant d’intégrité. 74  http://www.vauban.de/ 75  http://www.lyon-confluence.fr/

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CONCLUSION


8. Conclusion

Au vu des différents thèmes abordés, il est préoccupant de constater la manière dont le mouvement sportif mondial est accaparé par des associations sans buts lucratifs prétendues représentatives. Si les intentions premières de ces organismes ont pu être louables, le gigantisme médiatique, économique et politique qui s’est emparé de la mouvance sportive fait des ravages. Les conséquences sont lourdes et de moins en moins de nations peuvent se permettre d’organiser de tels évènements. Une spirale infernale s’est enclenchée, plus l’évènement sportif est grandiose plus la popularité de la nation l’organisant augmente et plus la popularité et la légitimité de l’ASBL sportive grandi. Cela entraine pour effet que de moins en moins de nations peuvent se permettre d’organiser de tels évènements ; quel est le pays qui oserait proposer un évènement plus durable, moins fastueux et à contre-courant du modèle économique actuel, sans encourir la désapprobation de sa population, ni subir le veto implicite de l’ASBL organisatrice ? Perchés sur un nuage d’impunité les organismes sportives, avec le CIO en première ligne, rêvent d’étendre leur aura pour imposer leur vision du monde. Les contraintes qu’elles imposent aux infrastructures sont toujours plus ardues à mettre en œuvre et pénalisent le tissu urbain de la ville organisatrice. Nous ne disposons malheureusement d’aucun contre-pouvoir à ce phénomène. Au train où vont les choses on peut s’inquiéter de la tournure que prendra ce mouvement olympique et avec lui le sport spectacle. Jeux après Jeux, la part que représente le ticketing dans le budget global est de plus en plus insignifiante. Le spectacle sportif devient inabordable pour une majorité de la population, la tendance est de suivre ces confrontations sportives à la télévision. Si la présence de supporters galvanise l’athlète, il deviendra de plus en plus difficile, pour les organisateurs, de justifier le prix exorbitant des places. En caricaturant, on pourrait imaginer dans 106


8. Conclusion un futur proche que les Jeux Olympiques ou la Coupe du Monde ne soient qu’uniquement retransmis sur le petit écran, les gradins devenant obsolètes. A la manière de « Big Brother », les Jeux Olympiques se mueraient en téléréalité à par entière, où les athlètes vivraient pendant deux semaines dans une nouvelle forme de parc olympique isolé de tout. Le résultat serait édifiant ! Si le constat paraît consternant et l’avenir pessimiste, un changement de direction peut néanmoins s’opérer et une évolution de la chose sportive est possible. Pour ce faire, l’abandon du gigantisme et du grandiose est plus que nécessaire, et l’architecte a un rôle à jouer dans ce changement. Il est temps de revoir le concept du stade, d’oser le questionner, de jouer le jeu de la multifonctionnalité pertinente en y implantant des fonctions du secteur primaire et secondaire, de sorte que le stade devienne un véritable lieu de mixité. Il doit également servir en tant qu’équipement collectif ouvert à tous. Il pourra alors être un réel lieu de rencontre dans la ville, et apporter une nouvelle dynamique urbaine. Incorporé dans projet urbanistique pertinent le stade pourrait magnifier la ville. De plus en devenant plus accessible, un évènement sportif majeur, comme les Jeux Olympiques, pourrait réintégrer la ville comme c’est encore le cas pour certains championnats. Pour que cette évolution soit complète, une implication politique est nécessaire. Un retour aux valeurs premières du sport et une honnêteté intellectuelle dans l’organisation des compétitions permettraient à l’architecte d’innover sans tabous ni entraves.

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BIBLIOGRAPHIE


9. Bibliographie 9.1 Ouvrages • «Athletic & recreation facilities; New concepts in architecture & design», Meisei publications, 1994 • John BALE, « Sport, space and the city », London, Routledge, 1993 • Daphné BOLZ, « Les arènes totalitaires : fascisme, nazisme et propagande sportive », Paris, CNRS, 2008 • Carles BROTO, «Architecture on sport facilities», Structure, 2005 • Francisco Asensio CERVER, «Sport facilities tome 3», Atrium, 1992 • Eric CHOL, « Faut-il Boycotter les J.O. ? », Larousse, A dire vrai, 2008 • « Dans la ville chinoise : Regard sur une mutation d’un empire », Cité de l’architecture et du Patrimoine • Christian DUBRAU, « Sinotecture : Nouvelle Architecture en Chine », Parenthèses, 2008 • Marc GAILLARD, « Architecture des sports », Paris, Le Moniteur, 1982 • Frédérique de GRAVELAINE, « Le Stade de France », Paris, Le Moniteur, 1997 • Robert JOFFET, «Traité de construction sportive et de plein air», France, Société d’impression et de publicité technique, pour le Comité National des sports, 1947 • Geraint JOHN and Helen HEARD, «Handbook of sports and recreational building design», London, The architectural press, 1981 • Allan KONYA, “Sports buildings”, London, the Architectural press, 1986 • “Le moniteur des travaux publics et du bâtiment”, avril 1972, hors-série • Sous la direction de Chang ZHOU, Peiyun WANG, Huizhen ZANG, « Architectures olympiques : Pékin 2008 », Marseille, 110


9. Bibliographie

Parenthèses • « Work Shop Batignolles Paris, Village Olympique Paris 2012 », Pavillon de l’Arsenal, 2005 • « L’Envers des médailles. J.O. de Pékin 2008 », Bleu de Chine, 2007 • « 454 Projet pour Paris 2012. Concours international d’architecture pour la réalisation du repère Olympique », Pavillon de l’Arsenal, Paris, 2004

9.2 Mémoires • Adrien DECLEIRE, « Impact économique dans son ensemble pour un pays suite à l’organisation d’un grand évènement sportif international. Les JO [Jeux Olympiques] à Bruxelles?» • Vincent GOLABEK, « Introduction à l’ambush marketing. Mise en perspective du phénomène à travers les événements sportifs majeurs, principalement dans l’histoire des Jeux olympiques modernes. » • Olivier GOFFIN, « Jeux olympiques, instrument de recyclage urbain : Londres 2012 » • Cédric MAILLAERT, « Le sponsor comme outil de propagande politique. Etude de deux cas : les Jeux Olympiques de Moscou (1980) et de Los Angeles (1984). » • Jérôme MEGALI, « Construction et rénovation d’un stade de football », 2011 • Marie-Pierre QUINET, « L’institution face à un scandale médiatique. Le cas du Comité international olympique (CIO) suite à l’affaire de corruption liée à l’attribution des Jeux olympiques à la ville de Salt Lake City. » • Caroline RENTIERS, « Double Jeux. Ou comment allier l’art de recevoir et l’art de préserver. Candidature de Paris et de Londres 2012 » • Maxime SERVAIS, «La place du Sport dans la société et son architecture», 2006 111


9. Bibliographie

9.3 Dossiers

• La charte Olympique du CIO (état en vigueur au 8 juillet 2011) • Rapport financier 2009/2010 de l’UEFA présenté lors du XXXVième congrès ordinaire de l’UEFA le 22 mars 2011 • Statut de la FIFA (état en vigueur en août 2011) • IOC Marketing : media guide, Londres 2012 • Rapport de la commission CIO 2000 à la 110e session du CIO, Lausanne, les 11 et 12 décembre 1999 • Le bulletin d’information du marketing olympique, n° 15, juin 1999 • Olympic Marketing Fact File, édition 2011 • Factsheet, The Environment And Sustainable Development, juillet 2012

9.4 Presse (classée par ordre de parution) • Lothar GORRIS et Dirk KURBJUWEIT, « “Même dopés, ils sont sacrés” », Courrier International, 17 juillet 2008 • De Morgen, « Polémique autour de la Coupe du monde 2018 », Presseurop, 3 août 2010 • Aurélien BILLOT, « Qatar 2022, le Mondial sensation », Le Figaro, 2 décembre 2010 • Julien Van CAYESEELE, « Qatar 2022 : les futurs stades du mondial », L’Express, 6 décembre 2010 • Jean BERTHELOT-DE-LA-GLETAIS, « Qatar 2022 - le Mondial interdit aux gays », FranceSoir, 06 février 2011 • Vincent BREGEVIN, « 2022 : le Qatar va se payer le nuage artificiel », Eurosport, 30 mars 2011 • Süddeutsche Zeitung, « Le nouveau poste de Ronaldo au Real Madrid : garantie bancaire », Presseurop, 26 juillet 2011 • Adapté par Jean-Philippe HUGRON, « De Londres 2012 à Rio 2016, un copier/coller ? », 12 octobre 2011, Le Courrier de l’architecte, Luiz Ernesto MAGALHÃES, O Globo, Brésil, 01 octobre 2011 112


9. Bibliographie

• Emmanuelle BORNE, « Nouveau gymnase à Tours, structure élancée pour complexe sportif », Le Courrier de l’architecte, 15 février 2012 • Jean-Philippe HUGRON, « Bains des Docks, un bouillon pour Jean Nouvel ? », Le Courrier de l’architecte, 29 février 2012, • Marina HYDE, « Don’t let these Olympics spoil our love affair with failure », The Guardian, 9 mars 2012 • ABC, « Le ballon rond, resquilleur de la crise », Courrier International, 05 avril 2012, • Mathieu de TAILLAC, « En crise, le football espagnol brille à crédit », Le Figaro, 25 avril 2012 • Par Challenges.fr, « Les JO ne sortiront pas la Grande-Bretagne de la récession », Le Nouvel Observateur, 02 mai 2012 • Jagienka WILCZAK, « L’Euro 2012 victime des jeux de pouvoirs », Polityka, Presseurop, 15 mai 2012 • Jean-Philippe HUGRON, « J+H Boiffils ou l’architecture du bâton de rouge au ballon de foot », Le Courrier de l’architecte, 06 juin 2012 • Jean-Philippe HUGRON, « SCAU, aux stades avancés », Le courrier de l’architecte, 20 juin 2012, • Youssef BAZZI AL-MUSTAQBAL, « A l’Euro 2012, les nations sans les nationalismes », Courrier International, 28 juin 2012 • Le Courrier de l’architecte, « Groupe-6 en territoire hybride », 04 juillet 2012 • La rédaction de ZDNet.fr, « Cloud Computing au Jeux Olympiques : pas pour 2012 et les JO de Londres », ZDNET France, Le Nouvel Observateur, 12 juillet 2012 • Nicolas STIEL, « Les Jeux olympiques coûtent cher mais sont bénéficiaires », Le Nouvel Observateur, 11 juillet 2012 • Dominique CLERE, « Aux JO, je suis un panneau publicitaire ambulant », Le Nouvel Observateur, 14 juillet 2012 • Keith WEIR, « Comment sont financés les Jeux olympiques de Londres », Le Nouvel Observateur, 16 juillet 2012 • Pierre BEZBAKH, « Pierre de Coubertin, les JO et le professionnalisme », Le Monde, 17 juillet 2012 • Michele HANSON, « No room for any riff-raff in the Olympic 113


9. Bibliographie

dispersal zone », The Guardian, 19 juillet 2012 • Sarah LYALL, « The Olympic Spirit, British Style: When Will This Nightmare End? », The New York Times, 19 juillet 2012 • Par Le Nouvel Observateur avec AFP, « Les Jeux olympiques en 30 chiffres », 23 juillet 2012 • Nicolas BOURCIER, « Londres laissera un héritage durable », Le Soir, 23 juillet 2012 • Gabriel De AZEVEDO, « La Gazette des JO : 1.200 soldats en renfort », Le Nouvel Observateur, 25 juillet 2012 • Gabriel De AZEVEDO, « JO : un parc olympique recyclable », Le Nouvel Observateur, 27 juillet 2012 • Michel DONVAL, « Twitter interdit aux Jeux Olympiques de Londres : pourquoi c’est absurde », Le Nouvel Observateur, 25 juillet 2012 • Jérôme LEFILLIATRE, « Les JO sortiront-ils le Royaume-Uni du marasme économique ? », Le Nouvel Observateur, 25 juillet 2012 • Martin ROGERS, « Torch relay’s Nazi origins aren’t widely known », Yahoo Sport, 25 juillet 2012 • Marc ROCHE, « Paul Deighton, médaille d’or », Le Monde, 25 juillet 2012 • Par la rédaction de bigbrowser.blog, « Astuce – Le tatouage sur l’épaule pour du sponsoring sauvage aux JO », Le Monde, 25 juillet 2012 • Eric CHOL , « JO : la part de l’homme », Courrier International, 26 juillet 2012 • Jean-Marcel BOUGUEREAU, « JO LONDRES 2012. Derrière le voile, l’enjeu caché des Jeux olympiques », Le Nouvel Observateur, 27 juillet 2012 • Cahier du « Monde » n°21001, « Londres 2012 », Le Monde, 28 juillet 2012 • Didier FISCHER, « JO LONDRES 2012. Derrière le sport, la course aux médailles devient politique », Le Nouvel Observateur, 30 juillet 2012 • Alexander ERASTOV, « Kazan, capitale russe du sport », La Russie d’aujourd’hui, 31 juillet 2012 114


9. Bibliographie

• Daniel Salvatore SCHIFFER, « JO LONDRES 2012. Pierre de Coubertin, l’idéal olympique et le sombre héritage nazi », Le Nouvel Observateur, 01 août 2012 • Mathieu SICARD, « JO LONDRES 2012. Twitter est-il soluble dans les Jeux olympiques ? », le Nouvel Observateur, 02 août 2012 • Fanny GUINOCHET, « A Londres, les commerçants commencent à détester les JO », Le Nouvel Observateur, 03 août 2012 • Kevin DALY, « Accueillir les JO favorise la relance de l’économie », Le Monde, 3 août 2012 • William C. RHODEN, « Enjoying the Games, Despite What May Be Behind the Curtain », The New York Times, 5 août 2012 • Tristan de BOURBON, « Londres veut sa Silicon Valley », Le Soir, 8 août 2012 • Mathilde LAURELLI, « Yohan Blake disqualifié à cause d’une montre ? », L’Express, 9 août 2012 • Christophe DEROUBAIX, « Visite de Sponsorland, monde rêvé des trusts », l’Humanité, 9 août 2012 • Muriel FERAUD-COURTIN et Maxime LEBLANC, « L’esprit olympique, un concept à géopolitique variable ? », Le Monde, 10 août 2012 • Laurent JOFFRIN, « La leçon des JO », le Nouvel Observateur, 12 août 2012, • Ian BIRRELL, « Cameron must now embrace the spirit of the Games », The Independent, 12 août 2012, • Marc ROCHE, « Le fardeau olympique », Le Monde, 13 août 2012 • Andy ROBINSON, « Les JO en valent-ils la chandelle ? », La Vanguardia, Presseurop, 13 août 2012 • Par Le Nouvel Observateur, « Le bilan des JO ? Gabegie, affairisme mafieux et «Big Brother» », 13 août 2012 • Par Editorial, « De l’or olympique au plomb économique ? », Le Monde, 13 août 2012 • Ian BIRRELL, « Les Jeux sont finis. Au travail ! », The Independent, Presseurop, 13 août 2012, 115


9. Bibliographie

• Marc ROCHE, « Des Jeux au bilan économique incertain », Le Monde, 14 août 2012 • Marc BOURCIER, « La réussite de Londres est un modèle à suivre pour Rio en 2016 », Le Monde, 14 août 2012 • Patrick CLASTRES, « Il faut repenser un modèle olympique menacé par l’affairisme et les mafias », Le Monde, 14 août 2012, • Julian JAPPERT, « Une candidature franco-allemande aux JO 2024 ? », Le Monde, 21 août 2012 • Par la rédaction de lesoir.be, « Phelps gardera ses médailles des JO », Le Soir, 22 août 2012

9.4 Contenu Internet (dernière consultation : 27 août 2012) • • • • • • • • •

http://www.olympic.org / http://www.fisu.net/ http://www.fr.fifa.com/ http://www.amsterdamarena.nl/ http://www.gelredome.nl/ http://www.franceolympique.com/ http://www.londres2012.com/ http://www.vauban.de/ http://www.lyon-confluence.fr/

9.6 Entretiens • Marc Vandenplas : FISU Director for the Summer Universiade • Kolë Gjeloshaj : FISU Director for Educational Services et collaborateur scientifique à l’ULB à la CEVIPOL • Laurent Briel : FISU Development Director • Melanie Stallecker : FISU Sport Assistant • Dejan Susovic : FISU Media and Communications Director/ Head of TV Production 116


9. Bibliographie 9.7 Références Images Page Source 9 http://satiricalsketches.com/ 16 http://fr.wikipedia.org/wiki/Boycotts,_scandales_et_ controverses_olympiques 18 http://fr.rsf.org/ et Cérémonie olympique au Lustgarten de Berlin, le 1er août 1936. AP/dapd 21 http://www.larousse.fr/encyclopedie/divers/JO_de_ Mexico_1968__XVIe_jeuxOlympiques_d%E9t%E9/185477 26 Adrien DECLEIRE, « Impact économique dans son ensemble pour un pays suite à l’organisation d’un grand évènement sportif international », p. 8 28 Adrien DECLEIRE, « Impact économique dans son ensemble pour un pays suite à l’organisation d’un grand évènement sportif international » p. 9 34 http://www.tumblr.com/tagged/scotlandyard?before=1344609509 37 http://bigbrowser.blog.lemonde.fr/2012/07/25/astuce-letatouage-sur-lepaule-pour-du-sponsoring-sauvage-aux- jo/ 41 http://olenparim.wordpress.com/ 46 Jean-Loup CHAPPELET, “Le système Olympique”, Presse Universitaire de Grenoble, Grenoble, 1991, pp. 65-75 in Marie-Pierre QUINET, “L’institution face à un scandale médiatique”, p. 33 47 mediabenews.wordpress.com/2012/08/07/10677/ 53 pinterest.com 54 http://images.scribblelive.com/2012/7/27/0ffef7dc-f537- 4ddd-9a49-470980e25b5f_500.jpg 74 http://www.populouslondon2012.com et http://www. aecom.com/ 75 http://www.aecom.com/ et London Legacy Develop pment Corporation 117


9. Bibliographie

76 www.rio2016.com 77 www.rio2016.com 84 Marc GAILLARD, « Architecture des sports » 85 Marc GAILLARD, « Architecture des sports » 86 Marc GAILLARD, « Architecture des sports » 91 Marc GAILLARD, « Architecture des sports » 93 http://www.amsterdamarena.nl/ 94 http://www.gelredome.nl/ 95 www.stadefrance.com/ 97 http://www.lexpress.fr/diaporama/diapo-photo/actua lite/sport/qatar-2022-les-futurs-stades-du-mon dial_942235.html?p=11#content_diapo 98 http://www.lexpress.fr/diaporama/diapo-photo/actua lite/sport/qatar-2022-les-futurs-stades-du-mon dial_942235.html?p=11#content_diapo 99 http://ijk.wz.cz/

118


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