De l'urbanisme culturel et de la nouvelle architecture à Montréal

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De l’urbanisme culturel et de la nouvelle architecture à Montréal ORBAN Yves

Travail de fin d’étude ORBAN Yves

De l’urbanisme culturel et de la nouvelle architecture à Montréal



Université Libre de Bruxelles Faculté d’Architecture La Cambre-Horta Place Eugène Flagey 19 1050 Ixelles

De l’urbanisme culturel et de la nouvelle architecture à Montréal.

Auteur : Yves Orban Promoteur du TFE : Jean-Marc STERNO Deuxième année du grade de master en architecture Première session, Juin 2013



En préambule à ce travail de fin d’étude, je souhaitais adresser mes remerciements les plus sincères aux personnes qui m’ont apporté leur aide et qui ont contribué à l’élaboration de ce travail de fin d’étude.




Table des matières 1. Introduction 10 2. Montréal 14 2.1 La ville.......................................................................................14

2.1.1 Situation géographique.................................................14 2.1.2 Bref historique...................................................................16 2.1.3 Situation sociale de Montréal.......................................18 2.1.4 Situation politique de Montréal....................................19 2.1.5 Situation économique de Montréal.............................21 2.1.6 L’architecture et l’urbanisme de Montréal................23

2.2 Le domaine des arts et de la culture...........................28 2.2.1 Les différentes initiatives de développements.......28

2.2.1.1 Plan 2007-2017-Montréal métropole culturelle.........28 2.2.1.2 Montréal créative...........................................................30 2.2.1.3 Montréal, Métropole du 21e siècle.............................31 2.2.1.4 Montréal 2025................................................................32

2.2.2 L’idéologie culturelle.......................................................33

3. Quartier des Spectacles 38 3.1 Contexte...................................................................................39

3.1.1 La situation géographique............................................39 3.1.2 Historique...........................................................................40 3.1.3 La question du patrimoine............................................44 3.1.4 Les champs d’intervention............................................45 3.1.4.1 L’éclairage public, le mobilier urbain et la distribution multimédia.................................................46

3.2 Le projet par phase.............................................................49 3.2.1 Phase 1 : La Place des Festivals................................50

3.2.1.1 Phase 1A........................................................................50 3.2.1.2 Phase 1B et 1C..............................................................52

3.2.2 Phase 2 : Place de l’Adresse symphonique et Promenade des Festivals .........................53

3.2.2.1 Phase 2A........................................................................54 3.2.2.2 Phase 2B........................................................................54

3.2.3 Phase 3 : Rue Sainte-Catherine .................................56 3.2.4 Phase 4 : L’esplanade Clark .......................................58

3.3 Discussion des retombées espérées par le p.p.u.60

3.3.1 Développement urbain..................................................60 3.3.2 Développement durable................................................62 3.3.3 Développement culturel.................................................62 3.3.4 Développement économique et retour sur l’investissement................................................................65

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Table des matières 4. Le havre de Montréal 70

4.1 Le havre de Montréal.........................................................70 4.1.1 Le territoire.........................................................................72 4.1.2 Contexte fluvial.................................................................74 4.1.3 La Société du havre de Montréal ..............................75 4.1.4 Évolution au cours de l’histoire....................................76

4.2 Le secteur Peel-Wellington..............................................80

4.2.1 Contexte géographique.................................................80 4.2.2 Contexte urbain................................................................80 4.2.3 Grandes orientations du programme particulier d’urbanisme..................................................82 4.2.3.1 Assurer la vitalité et l’animation du secteur par la création d’un milieu de vie offrant une mixité de fonctions...................................................................83 4.2.3.2 Mettre en valeur le caractère patrimonial et l’identité culturelle du secteur....................................84 4.2.3.3 Mettre en valeur le canal de Lachine et les abords du bassin Peel.................................................85 4.2.3.4 Retisser les liens avec les secteurs limitrophes.......86 4.2.3.5 Améliorer les conditions d’accessibilité et les déplacements internes du secteur............................86 4.2.3.6 Assurer l’exemplarité de la mise en valeur du secteur en matière de développement durable.......87

4.3 Projets.......................................................................................88

4.3.1 Griffin District....................................................................92 4.3.2 Projet Bonaventure..........................................................94 4.3.3 Les bassins du havre ..................................................100 4.3.4 Lowney sur ville..............................................................102

4.4 Discussion des constats.................................................104

5. Conclusion 108 6. Bibliographie 114

6.1 Ouvrages............................................................................... 114 6.2 Articles..................................................................................... 115 6.3 Dossiers................................................................................. 115 6.4 Contenu internet................................................................. 117 6.5 Presse..................................................................................... 118 6.6 Conférences, expos, colloques et entretiens......... 119 6.7 Références iconographiques........................................120 7



INTRODUCTION


1. Introduction

Lors d’un voyage outre-Atlantique, j’ai eu l’envie d’étudier le phénomène architectural et urbanistique d’une ville nord-américaine. Montréal m’a dès lors intéressé, car tout en se situant au croisement des deux cultures américaine et européenne, elle a réussi à créer une identité propre. L’analyse de deux projets architecturaux et urbanistiques d’envergure montre les solutions adoptées par la ville face aux différents enjeux économiques et sociaux. Nous déterminerons quels sont la place et le rôle de la production architecturale dans cet ensemble d’innovations artistiques et culturelles Parmi ces défis, la culture prend une place de plus en plus grande. Nous analyserons en profondeur cet enjeu lors de l’étude du projet du Quartier des Spectacles. A l’instar d’autres villes occidentales, Montréal accueille presque exclusivement des activités économiques relevant du secteur tertiaire. Celuici s’est également développé en diversifiant l’offre des services, notamment en matière artistique et culturelle. Depuis l’exemple de Bilbao jusqu’à l’engouement populaire énorme provoqué par l’élection de Marseille au titre de capitale européenne de la culture, il n’est plus à démontrer que le développement d’un pôle culturel fort au sein d’une métropole peut engendrer des retombées économiques très positives. Le second projet que nous étudierons caractérise le futur de l’architecture et de l’urbanisme montréalais, et vient de débuter. Il est un des rares projets qui traite une berge du Saint-Laurent et de son lien avec le reste de la ville. Ce projet s’inscrit dans un contexte particulier parce que son lieu d’intervention, le secteur Peel-Wellington, fait partie du territoire du havre de Montréal. C’est là que se situait historiquement l’ancien port de la ville et que débuta l’industrialisation de Montréal. À cause de la désindustrialisation de la ville, de l’essor du secteur tertiaire et de la délocalisation du port lui-même plus au Nord-Est, le havre s’est transformé en un énorme terrain 10


1. Introduction en friche en fracture totale avec le reste de la ville. À l’heure actuelle, d’intenses pressions immobilières s’exercent sur ce territoire. Au travers de ces deux projets, nous montrerons l’évolution du tissu urbain de Montréal depuis les années soixante et jusque dans le futur. Cette mutation participe au lent changement de mentalité des citoyens montréalais en matière d’aménagement urbain. Longtemps, ce domaine a été relégué au second plan des préoccupations publiques si bien que la ville de Montréal souffre de nombreux espaces résiduels sans autre fonction que des occupations sauvages. Le centre-ville, lui, est aujourd’hui un désert de gratte-ciels rectangulaires et vitrés occupés principalement par des cabinets financiers ou commerciaux. Avec le réaménagement du Quartier des spectacles, les Montréalais ont d’abord été projetés dans un endroit plus défini et ensuite ont pris goût à un espace plus subtil et bien fini. Le réagencement du secteur Peel-Wellington fait partie d’un projet plus global de réaménagement d’un ancien territoire industriel aujourd’hui principalement en friche : le havre de Montréal. Il participe de la même dynamique puisque son ambition est de renouer les liens physiques, mais aussi sensoriels entre la ville et son fleuve. Pour mener notre étude, nous commencerons par décrire le contexte montréalais. Ensuite nous parlerons d’urbanisme culturel à propos du projet du Quartier des Spectacle et de nouvelle architecture dans le secteur de Peel-Wellington. Enfin, nous analyserons la cohérence entre ces réalisations, et les objectifs établis par la ville de Montréal dans les programmes particuliers d’urbanisme.

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REAL


2. Montréal Montréal est la deuxième plus grande métropole occidentale francophone après Paris avec une population de près de 2 millions de personnes sur l’île, centre historique de la ville. L’aura de cette métropole contemporaine rayonne loin en dehors du Canada. Montréal est une ville attirante que ce soit pour l’investisseur étranger ou pour l’immigrant en quête de nouvelles opportunités. De plus, la ville tout entière semble éprise d’événements culturels, et Montréal a même été élue ville UNESCO du design en mai 20061. Les notions de design, de culture et d’art apparaissent comme une nouvelle idéologie sociétale. Il est dès lors important d’appréhender dans son ensemble ce qu’englobe ces notions et dans quel contexte elles s’inscrivent. Dans ce chapitre nous envisagerons les grandes lignes de la situation politique économique et sociale de Montréal. Nous montrerons ainsi l’importance de Montréal sur la scène canadienne et nous détaillerons les ressources et les tendances du secteur immobilier, sujet qui nous intéresse spécialement. Enfin, nous parlerons plus précisement du domaine des arts et de la culture, domaine sur lequel la Ville porte une attention particulière.

2.1 La ville 2.1.1 Situation géographique

Montréal est une métropole de la province du Québec. La ville est située sur une île faisant partie de l’archipel d’Hochelaga situé à la confluence du fleuve Saint-Laurent et de la rivière des Outaouais. L’île de Montréal, la plus grande de l’archipel, fait une superficie de 482,8 km2 et est située à l’est du continent nord-américain. Montréal est située à des latitudes inférieures à celles de Bruxelles, et est très proche de la frontière avec les Etats-Unis. 1.  mtlunescodesign.com/

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2. Montréal

1000 Km 1. Amérique du nord Quartier des Spectacles Havre de Montréal Port de Montréal Mont-Royal Aéroport Canal de Lachine Tracé des arrondissements

N

5 Km 2. Archipel d’Hochelaga

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2. Montréal 2.1.2 Bref historique Montréal fut fondée en 1642 par une mission catholique romaine menée pour la France2 par Paul de Chomedey, Sieur de Maisonneuve. Montréal n’est alors qu’une île vierge parmi tant d’autres, ponctuée par un mont et bercée par le fleuve Saint-Laurent. L’île de Montréal doit son nom à ce mont, le Mont-Royal, lieu historique de la fondation de la ville lorsque Paul de Chomedey érige une croix à son sommet. Officiellement, cette nouvelle ville permettra à la France de se faire une place dans la traite des fourrures, mais officieusement elle permettra aussi une conversion des Amérindiens au christianisme3. On peut remarquer que la situation de Montréal est stratégique, car l’île se trouve en aval des rapides de Lachine ce qui la rendait quasi inexpugnable4. Bien que l’année de fondation soit 1642, les récits des premières expéditions datant des années 1535 parlent d’une bourgade iroquoise nommée Hochelaga. Les premières expéditions européennes sur l’île de Montréal sont attribuées à Jacques Cartier et à son équipage. Ce serait lui qui aurait nommé la colline située sur l’île : Mons realis. Montréal aura connu deux régimes politiques différents avant de devenir la ville internationale qu’elle est actuellement. Le premier est celui qui a commandé la fondation de la ville, il s’agit du régime français. De 1642 à 1763, c’est dans la province de la Nouvelle-France que Montréal se développa malgré quelques débuts difficiles. La cohabitation avec les Amérindiens fut conflictuelle dès le début de la fondation. Ce n’est qu’en 1701 qu’un traité de paix de grande envergure franco2.  Alain HUSTAK et Johanne NORCHET, « Montréal, then and now », Thunder Bay PRESS, 2006, p. 10 3.  « Montréal en tête », (magasine), Ulysse, 2008, p. 14 4.  Yves MARCOUX et Jacques PHARAND, « Montréal, les lumières de ma ville », les éditions de l’homme, 1999, p. 15

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2. Montréal

3. Carte d’Hochelaga,Giovanni Battista Ramusio,1556

iroquois est signé. Nous n’irons pas plus loin dans l’analyse de ce conflit au vu de l’attitude générale des nouveaux colons envers les populations autochtones lors des colonisations européennes en Amérique. Durant le régime français, Montréal croît lentement jusqu’à totaliser environ 5000 habitants (dans les années 1760), devient un comptoir économique pour la traite des fourrures et développe un territoire agricole en pleine croissance. C’est en 1763, date de la signature du traité de Paris, et à l’issue d’un conflit armé entre l’empire britannique et l’empire français que Montréal changea de régime. La guerre des sept ans marqua la fin de l’empire colonial français en Amérique du Nord. Entre épidémies, grands incendies et troubles politiques, Montréal continue malgré tout sa croissance, et ce principalement grâce à sa position géographie. C’est dans le début du 19ème siècle que l’empire britannique atteint son 17


2. Montréal plein essor et que Montréal est alors utilisée à son plein potentiel. La ville était déjà un grand centre de la traite des fourrures vers l’Europe, elle sera le point de départ de la colonisation anglaise vers le reste du Canada et son port deviendra un grand lieu de commerce et d’import-export. La construction du canal de Lachine en 1824 permettant de franchir les rapides de Lachine et l’utilisation du chemin de fer conforteront encore la position commerciale de Montréal dans le nord de l’Amérique.

2.1.3 Situation sociale de Montréal Une chose qui différencie Montréal d’autres villes européennes comme Bruxelles est sa politique d’immigration. Avec une démographie en constante progression, la ville de Montréal accueille actuellement une population de près de 2 millions de personnes. Le solde migratoire de la ville n’est devenu positif qu’à partir de l’année 2008 et actuellement c’est 37 000 immigrants qui sont accueillis chaque année. Ce chiffre est très faible par rapport aux grandes villes européennes car le Canada applique un politique d’immigration très sélective et ferme ses frontières à toute immigration dite illégale. Dans la mentalité canadienne : « immigrer au Canada n’est pas un droit, mais un privilège5 » et c’est avec cette mentalité que le pays au vu de ses besoins sélectionne les dossiers. Une grande partie des permis d’immigration octroyés sont soit des permis touristiques soit des permis de travail temporaire. Montréal a connu en 2012 un taux de chômage de 9,5 %6 (il était de 20,78 % dans la Région de Bruxelles-Capitale selon Actiris) et un taux d’emploi de 57,5 %. Le nombre de travail5.  Conférence sur l’immigration au C.I.T.I.M 6. Rapport de la situation économique 2012 dans l’agglomération de Montréal, Ville de Montréal, octobre 2012, p. 4

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2. Montréal leurs étrangers était de 30 2577 en 2011 ce qui sur un marché de l’emploi d’une ampleur de près de 940 000 postes ne représente que 3 % du total. 14,5 % de ces emplois appartiennent au secteur de production de biens et 85,5 % concernent le secteur des services. Nous pouvons déduire que la situation du marché du travail à Montréal est loin d’être préoccupante au regard de celle de Bruxelles ou de l’Europe en général. Depuis trois ans le taux de chômage a même tendance à baisser tandis que le nombre de travailleurs étrangers lui a augmenté. Un autre point à signaler est le nombre de bénéficiaires de l’aide sociale. Ce nombre est de 54 463 en 2011 ce qui a été le moins élevé depuis plus de vingt ans à Montréal. Enfin, le revenu moyen par habitant était de 27 646 $ (taxes comprises) en 2010. Si les chiffres cités ci-dessus décrivent une situation sociale plus enviable dans sa globalité que celle de Bruxelles, il faut garder à l’esprit que la répartition de ces données sur les différentes couches de la population montréalaise ne se fait pas de manière homogène. L’immigrant paraît être le statut le plus précaire, ne serait-ce que pour les débuts. Mais a contrario de ce qui se fait à Bruxelles, la surqualification n’est pas non plus un statut confortable à Montréal. Il se dit souvent que Montréal possède les chauffeurs de taxi ayant le plus de qualifications, car bon nombre d’entre eux se révèlent être ingénieurs. C’est cette situation qui oriente Jason Kenney, le ministre canadien de la Citoyenneté et de l’Immigration, à vouloir freiner l’immigration étrangère au profit de la population canadienne.

2.1.4 Situation politique de Montréal L’administration montréalaise est composée de trois niveaux de pouvoirs : l’agglomération, la ville et les arrondis7. Rapport de la situation économique 2012 dans l’agglomération de Montréal, Ville de Montréal, octobre 2012, p. 4

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2. Montréal sements. Au somment de la hiérarchie se trouve un maire, ayant un mandat de quatre ans. L’organe décisionnel de la ville est le conseil municipal. Siègent à celui-ci le maire, les dix-neuf maires d’arrondissement et quarante-six conseillers ce qui fait un total de soixante-cinq membres8. Pour informer ces membres neuf commissions permanentes (chacune composée de sept à neuf membres élus) ont pour mission, entres autres, d’organiser les débats et les consultations publiques. Trois commissions nous intéressent plus particulièrement car elles sont impliquées directement par le thème de ce mémoire : la commission sur le transport et les travaux public ; la commission sur la culture, le patrimoine et les sports ; ainsi que la commission de la sécurité publique. Montréal compte plusieurs partis politiques dont certains sont également présents au niveau provincial : le Parti Libéral du Québec, le Parti Québécois (actuel parti au pouvoir), le Parti Conservateur et le Parti Union Nationale. Ce sont les quatre seuls partis à avoir gagné les élections québécoises depuis la confédération canadienne de 1867. La situation politique de Montréal peut paraître critique. De nombreuses affaires de corruption actuellement en procédure judiciaire (commission Charbonneau9) entachent et décrédibilisent les administrations publiques. C’est jusqu’au plus haut niveau de pouvoir que ces affaires remontent et les maires, eux-mêmes, semblent être impliqués de manière directe. La confiance citoyenne envers leur administration semble si pas brisée, sérieusement affaiblie. Or les différents projets de développement dans la majorité des domaines d’activités sont d’origine publique. On peut dès lors craindre que l’enthousiasme citoyen attendu ne soit pas au rendez-vous quand les projets seront finalisés. Cela pourrait être catastrophique 8.  ville.montreal.qc.ca/ 9.  ceic.gouv.qc.ca/

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2. Montréal surtout dans les domaines des arts et de la culture, ainsi que dans les domaines de l’urbanisme et de l’architecture, car pour tous la participation citoyenne est essentielle. De plus, l’urbanisme et l’architecture sont les deux disciplines les plus sensibles dans l’opinion publique puisque la majorité des cas de corruption se sont produits justement lors de travaux publics. Un adage est d’ailleurs apparu dans les médias pour qualifier ironiquement le milieu de la construction : « l’argent fut coulé dans le béton ».

2.1.5 Situation économique de Montréal En quelques chiffres Montréal se distingue très vite des autres villes québécoises et canadiennes : avec un produit intérieur brut (PIB) de 109 milliards en 201110 (plus de 30 % du PIB total de la province du Québec), une population en légère croissance de près de 2 millions11 (plus de 20 % de la population totale de la province du Québec) et une affluence touristique avoisinant les 8 millions de visiteurs l’année dernière, Montréal est une métropole importante pour le Canada tout entier et si ce n’est la plus importante pour la province du Québec. Ces quelques chiffres énoncés, nous pouvons nous intéresser plus en détail aux différents mécanismes économiques de Montréal. Comme beaucoup de villes occidentales, l’économie de Montréal repose dans sa grande majorité (environ 80 % des emplois de la métropole) sur le secteur tertiaire. Pourtant l’économie de celle-ci reste très diversifiée. Montréal accueille sur son territoire des entreprises de hautes technologies, de pharmacologies, de biochimie, de raffinage de pétrole,… 10.  Rapport de la situation économique 2012 dans l’agglomération de Montréal, Ville de Montréal, octobre 2012, p. 4 11.  Rapport de la situation économique 2012 dans l’agglomération de Montréal, Ville de Montréal, octobre 2012, p. 10

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2. Montréal De plus, Montréal est un des grands centres mondiaux de l’industrie de l’aérospatiale avec un chiffre d’affaires de 12 milliards de dollars12 et regroupant 98 % de cette activité dans la province du Québec13. De par sa position territoriale et par sa localisation sur le fleuve Saint-Laurent qui lui-même débouche sur l’océan Atlantique, le port de Montréal est d’importance. Il permet les importations et les exportations internationales non seulement de la métropole, mais de tout le Canada (à lui seul il effectue 80 % des échanges commerciaux du Canada14), car le port et la métropole sont reliés à la voie principale du chemin de fer canadien. Le secteur immobilier, lui, connaît une croissance depuis l’année 2008 avec un pic pour l’année 2012 de 15 milliards d’investissements. Ce total est réparti en 9 à 10 milliards de dollars pour le secteur privé et 5 à 6 milliards de dollars pour le secteur public15. La grande majorité des permis de construction non résidentiels octroyés l’est pour des édifices commerciaux. Au regard des sommes investies, de la croissance constante de celles-ci ainsi que du nombre de permis de construction accordés, le secteur de l’immobilier semble bien se porter. Si l’ensemble des investissements du secteur privé représente 65 % du total des investissements dans l’immobilier à Montréal en 2012, il faut garder à l’esprit les différents programmes d’aide à l’investissement émis par la ville de Montréal. Toujours selon les chiffres du rapport sur la situation économique de Montréal pour l’année 2012, l’investissement immobilier du secteur industriel semble retrouver sa croissance, mais ne représente que 8 % de la valeur totale des permis octroyés. 12.  aeromontreal.ca/ 13.  aeromontreal.ca/ 14.  Fiche technique du Port de Montréal 15.  Rapport de la situation économique 2012 dans l’agglomération de Montréal, Ville de Montréal, octobre 2012, p.6

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2. Montréal 2.1.6 L’architecture et l’urbanisme de Montréal Au-delà de ce qui a été énoncé plus avant, Montréal peut dérouter plus d’une personne par son architecture et son urbanisme. Dans sa grande majorité, l’île de Montréal suit un plan d’implantation orthogonal hormis quelques rares exceptions comme le quartier du Vieux-Montréal ou les rues avoisinant le Mont-Royal. Ce type d’urbanisation est la conséquence de plusieurs facteurs : fondation assez récente, développement rapide et brusque et enfin une volonté d’organiser efficacement et rapidement la ville lors de son développement. Cette configuration rend la ville vulnérable aux bourrasques de vents puisqu’ils peuvent parcourir des kilomètres en ligne droite sans jamais rencontrer d’obstacle. À cela il faut ajouter le fait que les tours du centre-ville font de gigantesques appels d’air accentuant encore la force des vents nordiques déjà violents par nature. Pour ce qui est du paysage urbain autant le centre-ville est hétéroclite autant certains quartiers de Montréal semblent avoir été fondus dans le même moule. Tous ces éléments ont pour conséquence de doter Montréal d’un caractère peu engageant. Pour pouvoir apprivoiser l’urbain montréalais, un certain souci du détail et de la patience sont nécessaires. Montréal ne se dévoile pas au premier coup d’œil. Victime comme beaucoup de métropoles de son acabit de la même maladie boulimique, Montréal se caractérise aussi par un centre-ville, centre d’affaire majoritairement composé de gratte-ciel et d’une banlieue majoritairement résidentielle qui borde celui-ci. C’est précisément ce centre-ville qui par sa taille et sa majesté domine le paysage de la ville. Pourtant il n’est pas la partie de la ville la plus intéressante architecturalement parlant. Cet état de fait ne permet pas à Montréal de séduire au premier coup d’œil le touriste ou l’immigrant lambda. « Montréal n’a ni le charme des villes mythiques 23


2. Montréal européennes ni le panache médiatique de ses voisines du sud. Sa beauté n’est pas classique pour ne dire évidente et il est facile d’y trouver des tares. »16. Dans le cadre du projet de Montréal Métropole17, les artistes Gil Courtemanche et Jean Barbc qualifient Montréal de : « une ville qui ne flamboie pas » ou « n’offre rien de saisissant ». À ces qualificatifs peu enthousiastes, plusieurs choses peuvent être opposées. D’une part l’image internationale de Montréal est celle d’une ville chaleureuse accueillante et attachante qui est fièrement portée par ses citoyens. D’autre part Montréal possède une réelle identité architecturale. Outre des tours sans âmes, sacerdoce de toute ville de grande ampleur, Montréal abrite tout de même quelques réalisations architecturales intéressantes et majoritairement encensées. Dans ces réalisations deux composantes se dégagent : la composante contemporaine et celle patrimoniale. La grande majorité du patrimoine architectural montréalais est postérieur à 176318, date de changement de gouvernance de Montréal au profit de la Grande-Bretagne. Ironiquement, pour la principale métropole de la seule province francophone du Canada, c’est la gouvernance anglaise qui laissera le plus d’empreintes sur l’urbain. Ce patrimoine, qu’on pourrait qualifier d’assez récent en comparaison de ce que l’on peut visiter en Europe, a réussi pourtant à se doter de particularités et de spécificités propres à la ville. Dans ce patrimoine on peut retrouver quelques codes communs à beaucoup de villes comme le registre classique de certains bâtiments d’importance, mais aussi l’écriture particulière de la maison mitoyenne. 16.  Louise LARIVIERE et Jean-Endes SCHURR , « Je suis Montréal », les éditions de l’homme, 2004, p.16 17.  «Montréal Métropole», éditions aux yeux du monde, 2000, p. 9 18.  Anne GAUTHIER, « L’histoire par l’architecture : les éléments d’architecture classique à Montréal », édition du Méridien, 1987

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2. Montréal

4. Boulevard René-Lévesque

5. Vue de Montréal

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2. Montréal Le patrimoine semble préoccuper de plus en plus de personnes. Peut-être est-ce dû à une recrudescence d’une certaine forme d’architecture et d’urbanisme depuis une cinquantaine d’années. En caricaturant un peu : « à Montréal le condo19 est roi ». Face à cette tendance, des associations citoyennes, partis politiques et certaines municipalités tentent de se mobiliser pour protéger leur patrimoine. De cette manière la municipalité du Plateau Mont-royal ainsi que celle d’Outremont ont approuvé un règlement d’urbanisme stipulant que chaque bâtiment est classé20. Cette mesure permet aux municipalités de contrôler très précisément leur tissu architectural. Cette disposition est également possible, car Montréal est divisé en différents quartiers contenant des populations et des architectures très spécifiques. Phénomène apparu dans les années 1900 à 193021 à Montréal, la maison mitoyenne à escalier extérieur est purement nord-américaine. La mitoyenneté en soi est une réponse apportée par nombre de villes à de gigantesques incendies (en 1851 pour Montréal22 où plus de 1200 édifices ont brulé) dues à l’utilisation exclusive du bois dans la construction. Ce phénomène est apparu surtout dans les quartiers populaires et ce sont des milliers de duplex, triplex,23… qui ont été construits. Originellement, la maison mitoyenne montréalaise est composée de deux à trois étages avec une structure en planches de bois revêtue de pierres calcaires locales ou de briques. Un des éléments distinctifs de cette signature architecturale est l’aménagement d’un escalier extérieur. Choix particulier 19.  Le condo ou condominium est un appartement réservé à ceux qui veulent être propriétaire. 20.  Conférence : “Montréal un patrimoine à préserver” 21.  “Montréal en tête”, (magasine), Ulysse, 2008, p.18 22.  Yves MARCOUX et Jacques PHARAND, “Montréal, les lumières de ma ville”, les éditions de l’homme,1999, p. 22 23.  “Montréal en tête”, (magasine), Ulysse, 2008, p.18

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2. MontrĂŠal

6. Maisons mitoyennes montrĂŠalaises

7. Maisons mitoyennes montrĂŠalaises

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2. Montréal à la vue des conditions climatiques de Montréal en hiver où les tempêtes de neige et les températures négatives sont habituelles. D’origine modeste certaines de leurs façades ont pourtant été traitées avec beaucoup de soin arborant parfois une corniche ou un parapet très orné, des balcons à colonnes toscanes et de vitraux d’inspiration Art Nouveau. L’immigration semble avoir influencé la maison mitoyenne montréalaise : celle-ci semble être le mélange des architectures écossaise, anglaise et française. Les premiers gratte-ciel, verront le jour après 1928, date de l’abrogation du règlement limitant les constructions à 10 étages, mais il faudra attendre la fin des années 1950 pour que le centre-ville de Montréal entame une refonte en profondeur. C’est à cette période que l’architecture dite moderne prendra le dessus avec des moments phares comme l’inauguration de la première ligne de métro en 1966, l’organisation de l’expo universelle de 1967 ou celle des Jeux olympiques en 1976. C’est dans ces années 60-70 que le centre-ville entamera les transformations qui en ont fait ce qu’il est aujourd’hui.

2.2 Le domaine des arts et de la culture 2.2.1 Les différentes initiatives de développements 2.2.1.1 Plan 2007-2017-Montréal métropole culturelle Ce plan d’action est le fruit de l’association de la ville de Montréal avec Culture Montréal, la Chambre de commerce du Montréal métropolitain, le gouvernement du Québec et le gouvernement du Canada. Ce plan à été élaboré suite au rendez-vous donné aux différents acteurs qui contribuent au développement artistique, culturel, économique, social et démocratique de Montréal pour entendre leurs attentes, leurs interrogations et leurs ambitions. Cette initiative se veut être le catalyseur du déploiement et de la consolidation de la place 28


2. Montréal de Montréal comme métropole culturelle du XXIe siècle. Ce sont quelque 1300 Montréalais de tout bord qui ont participé à ce rendez-vous ce qui lui donna une légitimité partagée par la population.24 Suite à cette consultation publique, le comité de pilotage du plan 2007-2017 a élaboré un plan en fonction de trois thématiques stratégiques25 : • la démocratisation de l’accès à la culture ; • l’investissement dans les arts et la culture; • la qualité culturelle du cadre de vie ; enrichies de deux orientations additionnelles • le rayonnement culturel de Montréal; • les moyens d’une métropole culturelle. Un deuxième rendez-vous a été organisé en novembre 2012 pour faire le point sur l’avancement du plan entamé en 2007. Lors de ce rendez-vous, plus de 800 créateurs, gestionnaires et professionnels culturels se sont réunis et 42 interventions ont été planifiées. De manière générale la mobilisation initiée en 2007 est sentie comme croissante grâce à la dynamique de concertation mise en place par le comité de pilotage26. L’année 2017 est pour Montréal une année clé, car elle sera l’année de plusieurs anniversaires commémoratifs de son histoire. A cette date Montréal fêtera le 375ème anniversaire de la fondation de Montréal, le 50ème de l’exposition universelle de 1967 et le 150ème du Canada. L’option a été prise de regrouper autour de ces différentes festivités prévues d’autres évènements internationaux. Montréal est donc candidate à l’organisation du Global Planners Network (GPN), de l’International 24.  Plan d’action 2007-2017, Montréal métropole culturelle, 2007, p. 7 25.  Plan d’action 2007-2017, Montréal métropole culturelle, 2007, p. 8 26.  montrealmetropoleculturelle.org/

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2. Montréal Council of Graphic Design Associations (Icograda), de l’International Council of Societies of Industrial design (Icsid), de l’International Federation of Interior Architects/Designers (IFI), de l’Union internationale des architectes (UIA) et de l’International Federation of Landscape Architects (IFLA)27. Montréal tente l’exploit d’organiser ces différents congrès mondiaux au cours de la même année. 2.2.1.2 Montréal créative Montréal créative est une plateforme internet permettant les échanges et la mise en valeur des projets et des « expériences inédites en matière d’innovation sociale et de créativité portées par des entrepreneurs, des communautés de citoyens, des organismes publics et des entreprises privées basées à Montréal28 ». Elle est composée d’une banque de donnée des différents projets référencés. Chacun de ses projets s’inscrit dans les démarches de licences libres comme : Créative Commons et A.G.P.L. Cette plateforme a été l’initiative d’une association citoyenne : Imagination for people, soutenue par la CRé de Montréal. La CRé est la Conférence Régionale des élus qui a pour mandat de favoriser le développement de son territoire29. Imagination for people est : « un projet international multilingue qui a pour but de repérer et de soutenir les projets sociaux créatifs dans le monde.30» Créée au printemps 2012, Montréal créative poursuit 3 objectifs principaux : • Poursuivre le développement de la banque de projets afin d’avoir un portrait diversifié de la créativité et de l’innovation montréalaise 27.  28.  29.  30.

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actiondesign.info/ montrealcreative.org/ credemontreal.qc.ca/ imaginationforpeople.org/


2. Montréal • Créer des synergies avec Imagination For People • Mettre en place des outils afin d’animer et de faciliter les échanges entre les membres de la communauté Imagination For People Grâce à cette plateforme internet se voulant libre à la manière d’un wiki-citoyen ce sont près de 1380 projets internationaux (dont 264 rien que pour le Canada) de tout horizon qui sont à l’heure actuelle répertoriés et mis en valeur. De toutes les échelles, les projets de restaurant à but non lucratif voisinent des laboratoires artistiques et même des projets de développement urbain dans des zones défavorisées. 2.2.1.3 Montréal, Métropole du 21e siècle Il s’agit du plan quinquennal de développement 20102015 dans lequel s’inscrivent les interventions du CRé de Montréal. Le gouvernement du Québec a confié au CRé la gestion du Fonds de développement régional (FDR) ainsi qu’un mandat de développement régional en concertation. Ce plan édition 2010-2015 s’articule sur les cinq enjeux suivants : • l’éducation et le savoir, • le développement social, • la créativité et l’innovation, • une économie dynamique et innovante, • l’environnement. Ce sont quelque 45,2 M$ qui ont été investis dans la métropole31 lors du précédent plan quinquennal. C’est son expertise en concertation et ses liens privilégiés avec les intervenants du milieu socioéconomique qui font du 31.  Plan quinquennal de développement 2010-2015, Montréal métropole du 21ème siècle, le CRé de Montréal, p. 5

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2. Montréal CRé de Montréal un des acteurs efficaces pour mener à bien ce plan quinquennal. « La CRé entend en effet caractériser son action en misant sur les projets qui intègrent, comme stratégie de développement, la connectivité des intervenants, la transversalité des interventions, des expertises et des enjeux32». Un des chevaux de bataille de ce plan est de faire appel aux «collectivités intelligentes» qui sont la nouvelle génération de créateurs, d’intervenants sociaux et d’associations de Montréal. 2.2.1.4 Montréal 2025 Ce plan de développement économique et urbain adopté en 2005 par la ville de Montréal vise les entreprises et les promoteurs étrangers, publics et privés, nationaux et internationaux en mettant en place des offres de partenariat aux entreprises, un centre d’expertises et de services ainsi que des partenariats financiers publics. La mission des experts de ce plan de développement est de favoriser les liens entre l’administration municipale et la direction des entreprises pour « créer des solutions sur mesure, efficaces et harmonieuses33 ». En tout c’est environ 430 M$34 qui sont investis par un conglomérat d’institutions financières, de sociétés de capital de risque, du gouvernement et d’organismes de développement économique dans ce plan de développement reparti en 325 M$ de fonds d’investissement et 105 M$ de programmes de subventions. D’un point de vue plus quantitatif ce sont plus de 260 projets qui sont actuellement mis en évidence rien que sur la plateforme internet. Chacun de ces projets est de grande ampleur, 32.  Plan quinquennal de développement 2010-2015, Montréal métropole du 21ème siècle, le CRé de Montréal, p. 8 33.  Montréal2025.com/ 34.  Montréal2025.com/

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2. Montréal mais ce plan de développement a choisi de mettre en évidence trois projets de plus grande importance. Ce sont là de véritables bouts de villes qui sont traités et il est assez intriguant d’y voir figurer un réaménagement du parc olympique de 1976 à côté du traitement de deux autres parcelles désaffectées et délabrées actuellement.

2.2.2 L’idéologie culturelle Au regard des différents plans d’investissements énoncés plus tôt, il est aisé d’isoler certains termes communs à toutes ces initiatives. Créatif, compétitif, innovant, culturel, artistique... ces différents adjectifs semblent être devenus officiellement et communément acceptés pour décrire l’avenir souhaité de Montréal. L’engouement prononcé pour le domaine culturel par le pouvoir public est pourtant récent. La proportion allouée au domaine des arts et de la culture dans la politique budgétaire des métropoles occidentales est toujours plus élevée. Ceci n’est pas anodin et si un pouvoir collectif se permet des investissements aussi importants que ceux que nous avons pu chiffrer ci-avant, il est raisonnable de penser que le domaine ainsi favorisé doit ou devra se montrer rentable. Surtout en ces périodes de récession globalisée. Certains disent même que la culture est vue par les décideurs politiques « comme pouvant s’inscrire dans une volonté accrue de rendre attractif certains territoires »35. Montréal n’est pas la seule métropole occidentale à investir dans la culture, c’est le cas de bon nombre d’entre elles et Bruxelles en fait partie. Cette politique budgétaire n’est pas uniquement le fruit d’une vision idéologique, mais résulte aussi d’un long processus qui a vu la majorité des métropoles européennes et américaines se détacher de leur secteur primaire 35.  Damien ROUSSELIERE et Marie J.BAUCHARD, « Cité créative et économie sociale culturelle : étude de cas de Montréal », 2010, p. 10

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2. Montréal puis secondaire pour ne se reposer presque uniquement que sur leur secteur tertiaire celui des services. L’adage populaire conseille cependant de ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier, mais la constatation est sans appel : plus de 80 % de l’économie de la municipalité montréalaise reposent uniquement sur l’économie des services. Les autres secteurs d’activité sont majoritairement délégués à d’autres pays, pour la plupart non occidentaux, qui acceptent des tâches plus ingrates. Le domaine des arts et de la culture est actuellement presque totalement apparenté à l’économie des services, mais cela implique au moins deux choses : d’une part, la production artistique et culturelle est devenue un bien marchand comme un autre et in fine répond à la logique du marché dans son intégralité. Il est à noter une recrudescence à la fois de l’offre et de la demande d’évènements culturels. Le domaine des arts et de la culture suscite souvent l’enthousiasme des populations citadines européennes, car dans l’esprit de la majorité de cellesci, il est associé au festif et au loisir. Les récentes réjouissances de la ville de Marseille lors de son élection comme capitale européenne de la culture en témoignent et ont même parfois frôlé l’hystérie collective. Il est même curieux que cet événement suscite autant de liesses. Un élément de réponse peut être que dans l’ensemble des services proposés dans une ville, l’offre culturelle fait partie des plus accessibles. Cet attrait populaire intéresse bien évidemment l’investisseur qu’il soit privé ou public jusqu’à devenir pour ce dernier le fer de lance de sa nouvelle politique économique. Nous pouvons pourtant émettre certaines réserves quant à cette croissance constante des investissements publics dans le domaine culturel. Mon intention n’est nullement de discuter des effets bénéfiques d’un tel développement des arts, mais surtout de la vulnérabilité de cette nouvelle bulle économique. 34


2. Montréal La difficulté qu’ont les métropoles occidentales à équilibrer leurs budgets annuels n’est pas facilitée par la tendance à l’uniformisation de ce budget sur le seul secteur tertiaire. À l’heure actuelle, la demande et l’offre croissent en parallèle, mais cela n’est pas si évident pour l’avenir. Comme abordé précédemment, le domaine culturel est principalement apparenté au loisir36 par la majorité des citadins occidentaux. C’est dans cette optique que pullulent les festivals à Montréal. Or dans l’horaire de tout un chacun, la proportion allouée aux loisirs n’augmente pas de manière significative surtout en ces périodes de crise. Le risque à long terme est donc de se retrouver avec une équation de plus en plus déséquilibrée opposant une offre croissante à une demande constante. Au vu de la proportion de l’offre festivalière à Montréal certains posent la question : « L’arbre des festivals, la forêt des arts ? »37, et donc osent envisager la situation critique où l’offre festivalière étoufferait l’offre artistique générale.

36.  « Montréal la créative », Héliotrope, 2011, p.14 37.  « Montréal la créative », Héliotrope, 2011, p.14

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DES SPECTACLES


3. Quartier des Spectacles Le Quartier des Spectacles est situé dans le cœur symbolique et historique de la ville de Montréal. Deux axes majeurs s’y croisent : le Boulevard Saint-Laurent (dont une partie a été classée au patrimoine montréalais38 et qui divise longitudinalement la ville en deux) et la rue Sainte-Catherine. De ce croisement débute la numérotation des bâtiments composant le tissu urbain montréalais. Le Quartier des Spectacles fait aussi partie intégrante d’une des périodes prolifiques de la ville de Montréal qui a vu son centre-ville grandement se transformer grâce, par exemple, à l’aménagement de la Place Ville-Maire, de l’autoroute Métropolitaine, du métro, de la Tour de la Bourse, de l’île Notre-Dame, de l’Habitat 67, de l’Exposition Universelle de 1967 et de la place Bonaventure. Le territoire du « secteur de la Place des Arts du Quartier des spectacles » que nous étudions dans ce chapitre ne représente qu’un petit pourcentage de l’ensemble du Quartier des Spectacles (estimé à un kilomètre carré39), mais concentre 58 % des 27 200 sièges de spectacle cumulé.40 Il est aussi le seul qui a eu droit à un programme particulier (p.p.u.). Ce secteur accueille la majorité des grands festivals culturels de Montréal, mais aussi des salles de répétition, un atelier de costumes, des espaces administratifs et des espaces d’entreposage. Ceci fait du secteur envisagé un carrefour dans la vie culturelle montréalaise et québécoise à la fois pour l’artiste, l’organisateur d’événement et le spectateur. Tout ceci a doté le quartier des Spectacles mais aussi la ville de Montréal d’une grande réputation internationale dans le domaine des arts et de la culture. La ville a d’ailleurs reçu le titre de Ville UNESCO du Design41. 38. heritagemontreal.org/ 39. ville.montreal.qc.ca/ 40.  Plan Particulier d’Urbanisme : Quartier des Spectacles, secteur Place des Arts, 2007, p. 8 41. mtlunescodesign.com/

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3. Quartiers des Spectacles Pour ces différentes raisons, l’analyse du projet envisagé pour ce quartier, symbolique à bien des égards, permettra de comprendre les dynamiques qui ont participé à faire du centre-ville ce qu’il est aujourd’hui. Nous décrirons le contexte géographique et historique du Quartier des Spectacles et aborderons la question du patrimoine et les différents champs d’intervention du projet avant d’en analyser les phases successives. Nous conclurons par une discussion sur les retombées espérées par le p.p.u.

3.1 Contexte 3.1.1 La situation géographique La parcelle étudiée se situe dans le sud-est de l’île de Montréal entre l’avenue du Président Kennedy, la rue SainteCatherine, la rue Clark et la rue Balmoral. Elle est située dans le centre-ville dans le quartier de Ville-Marie, non loin du Vieux-Port et du Vieux-Montréal. À l’Est de la parcelle se situent le Quartier Latin, actuel quartier étudiant du centre-ville, et la place Emilie-Guillemin, actuel lieu de rendez-vous de la population marginale, principalement composée de sans-abris. Est présente aussi une zone résidentielle, dont l’architecture mitoyenne typique illustre bien le mélange des différentes immigrations et donc des différentes visions de l’architecture que Montréal a connu. À l’Ouest se trouve l’édifice Belgo, qui accueille bon nombre d’activités artistiques et culturelles, et quelques rues commerçantes, comme la rue Sainte-Catherine, le square Philips et la rue de Bleury. Au Nord se situe le Musée Juste pour Rire, salle reconnue dans l’univers humoristique montréalais, et la rue Saint-Denis, 39


3. Quartier des Spectacles un des axes importants de la ville qui comporte à la fois des commerces, de la restauration et des salles de spectacle. Au Sud se trouve à proximité directe le quartier chinois de la ville, qui possède son identité et sa propre dynamique et est la zone avoisinant la parcelle étudiée qui comporte le plus de chantiers d’envergure. Un quartier de la santé est en élaboration, avec la construction du CHUM42, ainsi que le projet de recouvrement de l’autoroute urbaine Ville-Marie.

3.1.2 Historique L’histoire du quartier des Spectacles débuta au XIXe siècle pendant le développement du Faubourg Saint-Laurent au nord de la ville fortifiée (actuel Vieux-Montréal). Ce Faubourg malgré le grand incendie de 1851 sera presque entièrement urbanisé dans les années 187543 et n’abritera dans ses débuts que des fonctions résidentielles et commerciales. S’ajoutera alors la fonction éducative (une filiale de l’Université de Laval s’y installa à partir de 187644) qui fera pendant longtemps partie intégrante du quartier. La présence universitaire dans le Faubourg sera croissante jusqu’à ce que cette filiale prenne alors son indépendance pour devenir l’Université de Montréal (en 1919) et déménage vers un autre site. La fonction du spectacle pénétra le Faubourg Saint-Laurent en 1865 avec l’inauguration du théâtre du Gesù, la salle académique du collège Sainte-Marie (qui ne sera ouverte au public qu’en 1930), mais surtout en 1893 quand le faubourg accueillera ses deux premières salles : le Théâtre Français et 42.  Centre Hospitalier de l’Université de Montréal 43.  Plan Particulier d’Urbanisme : Quartier des Spectacles, secteur Place des Arts, 2007, p. 10 44.  Plan Particulier d’Urbanisme : Quartier des Spectacles, secteur Place des Arts, 2007, p. 10

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3. Quartiers des Spectacles N

200 m 8. Vue d’ensemble Secteur de la place des Arts Édifice Belgo

Quartier asiatique Autoroute Ville-Marie

Édifice Juste pour Rire

Quartier de la santé Rue

Rue Balmoral

Rue Saint-Urbain

Rue Jeanne-Mance

9. Contexte

Boulevard Maisonneuve

Boulevard Saint-Laurent

Rue Bleury

Rue Sainte-Catherine

rio

Onta

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3. Quartier des Spectacles le Monument National. Ce dernier, établi boulevard Saint-Laurent, est un lieu emblématique de la vie culturelle et politique des Montréalais francophones. Le Princess, le Gayety, le cinéma Impérial et le Théâtre Saint-Denis sont des rescapés de cette époque. Pourtant vers la fin des années 1950, le Faubourg avait une réputation sulfureuse. La quantité de débits de boisson, de jeux illicites et de cabarets en est la principale cause. Ce qui se nommait alors le Redlight District de Montréal était le plus important en Amérique du Nord ce qui attira bon nombre de visiteurs. Il va sans dire que cette forme de tourisme n’était pas la plus appréciée par la ville de Montréal. Les années soixante sont pour le Faubourg les années de grands changements : celles de la Révolution tranquille. Elle a été initiée par la municipalité de Montréal, décidée à faire évoluer les choses et à transformer durablement et drastiquement son quartier le plus mal famé. C’est l’époque de la transition pendant laquelle ce quartier de la ville deviendra ce qu’il est aujourd’hui. Ce qui se passa pour le quartier des Spectacles est de même nature que ce qui transformera le centre-ville tout entier. La transformation du Faubourg SaintLaurent passera par plusieurs étapes : la construction des habitations sociales Jeanne-Mance (en 1958-196145), l’aménagement de la place des Arts, l’ouverture du métro (19631967), et l’implantation des sièges sociaux de compagnies comme Hydro-Québec (1963) et du Complexe Desjardins46 (décennie 1970). Ces différents travaux amélioreront de façon drastique le cadre de vie du quartier des Spectacles, mais aussi du Faubourg et changeront le type de population les fréquentant. Et c’est en 1979 que le quartier prendra toute la dimension qu’il a aujourd’hui en accueillant la première édi45.  Plan Particulier d’Urbanisme : Quartier des Spectacles, secteur Place des Arts, 2007, p. 11 46.  Le plus grand groupe financier coopératif au Canada

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3. Quartiers des Spectacles tion du Festival International de Jazz de Montréal. Bien que les Habitations sociales Jeanne-Mance soient encore debout à l’heure actuelle, hors périodes festivalières, le quartier des Spectacles accueille une population bien différente de celle qui fréquentait le Redlight District. Tout un chacun peut maintenant arpenter le quartier le soir sans craindre quoi que ce soit et c’est une population bourgeoise et cultivée qui assiste aux différentes représentations proposées. L’idée de concentrer en un même endroit des salles de spectacle de toutes tailles et de grands événements culturels date du début des années 198047. Les riverains montréalais de l’époque avaient déjà eu le désir de créer dans l’est du centre-ville un arrondissement culturel. Ce n’est qu’en 2001 que le projet urbain du Quartier des Spectacles a été formulé par l’ADISQ (Association québécoise de l’industrie du disque, du spectacle et de la vidéo)48. Cette initiative a alors été soutenue par le milieu des arts de la scène et a été portée depuis lors par le Partenariat du Quartier des Spectacles jusqu’à devenir un des dossiers principaux des différentes entités administratives de l’arrondissement Ville-Marie, mais aussi de la municipalité de Montréal. Un programme particulier d’urbanisme (p.p.u.) fut alors monté ce qui permit à l’arrondissement Ville-Marie et à la ville de Montréal de se doter d’un cadre juridique et d’une planification pour accomplir le projet tant espéré.

47.  Plan Particulier d’Urbanisme : Quartier des Spectacles, secteur Place des Arts, 2007, p. 11 48.  Plan Particulier d’Urbanisme : Quartier des Spectacles, secteur Place des Arts, 2007, p. 12

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3. Quartier des Spectacles 3.1.3 La question du patrimoine La question du patrimoine au centre-ville, comme nous l’avons décrit dans le premier chapitre, est épineuse. Quand elle se pose pour le quartier des Spectacles, elle l’est d’autant plus que l’évolution de Faubourg de Saint-Laurent est emblématique de ce qui s’est fait dans le reste du centre-ville actuel. L’aménagement urbain à Montréal peut être symbolisé par un éternel retour à la feuille blanche. Quand il a été question pour les autorités d’assainir le Redlight District, la politique d’aménagement n’a pas fait exception. De plus les travaux ont été faits dans l’urgence pour répondre à une volonté politique forte de changer le visage de Montréal. Cela a eu pour conséquence de laisser beaucoup d’espaces résiduels sans fonctions qui encore aujourd’hui pénalisent le quartier et explique une grande partie des opérations menées par la ville de Montréal. Et donc par l’analyse de la situation actuelle de ce même territoire, nous pourrons décrire l’orientation et les décisions prises par les autorités publiques pour régler une situation jugée problématique. Nous pouvons dès lors émettre une réserve quant aux méthodes employées qui nous paraissent excessives, se répéter inlassablement et surtout non durables dans le temps. Un premier constat est qu’il est très difficile, sans être connaisseur, de déceler une quelconque trace de bâtiment originel du Redlight. Cela peut être jugé ironique au vu de ce qu’il était avant et il apparaît très clairement que la direction choisie en amont du projet a dépossédé le quartier des Spectacles de tout encrage historique visible. Cela pose la question de l’authenticité du projet, ainsi que celle du patrimoine vécu et de la mémoire des groupes urbains49. L’âme du Redlight a aujourd’hui disparu et cela a forcé le projet de réaménagement 49.  Pierre-Mathieu Le BEL, « Patrimoine vécu et choc des mémoires urbaines dans le Redlight de Montréal », 2012

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3. Quartiers des Spectacles

10. Le café Cléopâtre, rare rescapé du Redlight District

d’en créer une autre ex nihilo.

3.1.4 Les champs d’intervention50 Lors de l’élaboration de l’avant-projet, il a fallu délimiter très clairement quels en étaient les différents champs d’intervention. Certains regroupent des interventions nécessaires et strictement techniques comme les études de sols, les infrastructures urbaines, le verdissement et les opérations de nivellement. Il s’agit d’optimiser l’usage de la zone concernée en déterminant la géométrie et les niveaux de l’ensemble des surfaces (rues, trottoirs, voies réservées, espace de sta50.  Projet de réaménagement du Quartier des Spectacles : premier rapport d’avant-projet, Juin 2009, p. 4

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3. Quartier des Spectacles tionnement, emprise, places). Par cela ce sont les différentes circulations (piétonnes et automobiles principalement) et la localisation des infrastructures urbaines envisagées (aqueducs, égouts, conduites de gaz, d’électricité et de téléphone) qui sont quantifiées et qualifiées, mais aussi l’esthétique générale de l’espace urbain envisagé. Nous n’étudierons pas plus précisément ces champs d’interventions, car ils sont essentiellement techniques et ne participent que de manière éloignée au reste du projet. Par contre, les champs d’interventions directement liés à l’élaboration de la nouvelle identité de la place des Festivals ont fait l’objet d’une attention particulière. De cette manière, l’éclairage public, le mobilier urbain et la distribution multimédia ont été traités avec plus de soins. Il est d’ailleurs étonnant pour notre époque que l’espace vert n’ait été traité que secondairement et se résume à des arbres plantés en fosse continue ou en pleine terre. 3.1.4.1 L’éclairage public, le mobilier urbain et la distribution multimédia La typologie des modèles de luminaires du quartier des Spectacles a été conçue spécifiquement pour le projet. Un nouveau plan directeur d’éclairage public a été élaboré en collaboration avec les services municipaux de Montréal. La volonté était de doter le quartier des Spectacles d’une identité particulière et d’une signature lumineuse. Cette signature a même évolué au-delà du projet et ce sont tous les lieux de culture du centre-ville qui sont ponctués d’une installation lumineuse particulière. En supplément de l’éclairage public, huit superstructures d’éclairage ont été pensées comme des éléments repères du quartier. Elles revêtent un caractère fonctionnel (c’est sur ces superstructures que viennent habituellement se plugger les éclairages supplémentaires lors 46


3. Quartiers des Spectacles

11. Plan d’implantation des éclairages et de la distribution multimédia

12. Typologie des différentes structures d’éclairage

13. Mobilier urbain

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3. Quartier des Spectacles d’événements festifs) et un caractère scénographique par leur disposition et leur design. Par la matière lumière, il a été possible de doter le Quartier des Spectacles d’une atmosphère chaleureuse, originale et détonnante avec le reste de la ville. Il est important de préciser que dans le centre-ville, contexte du Quartier des Spectacles, rares sont les rues ou les places dont l’éclairage ne se résume pas à celui distillé par des immeubles environnants. Malheureusement, cet éclairage est de piètre qualité puisqu’il n’a pas été réfléchi à cet effet. Un mobilier urbain spécifique et permanent propre au quartier a été dessiné : bancs, poubelles, supports à vélo. D’autres sont éphémères et ont été réalisés dans le cadre d’un concours national de design industriel. Un équipement dénote tout en restant dans le thème général adopté : il s’agit de la conception des vitrines habitées. La vitrine habitée est un bâtiment rectangulaire de petite envergure et essentiellement vitré qui est positionné au milieu d’un trottoir et conçu pour accueillir diverses fonctions. Certaines ont un caractère transformable et multifonctionnel et sont situées sur la promenade des Festivals, d’autres ouvertes l’année, accueillent les fonctions de bar-restaurant dans la rue Jeanne-Mance. Ces dernières ont selon moi une grande qualité : celle de proposer une utilité au quartier des Spectacles entre les événements culturels. Bien qu’à Montréal l’attente entre deux spectacles est très réduite, le quartier des Spectacles, étant uniquement dédié à la culture, semble bien vide pendant ces intervalles. Avec peu, ces vitrines habitées proposent une autre utilisation que la déambulation du quartier des Spectacles à l’inverse des autres commerces et restaurants du quartier qui ne font que border la Place des Festivals. De plus, ces vitrines ont l’intérêt d’amener la population au centre du projet pour qu’elle lui donne vie et ne fasse pas que le longer. 48


3. Quartiers des Spectacles La distribution multimédia est un nouveau concept présenté dans le plan particulier d’urbanisme du quartier des Spectacles. Non seulement l’organisation de festivals, mais aussi l’intervention artistique ponctuelle peuvent être envisagés avec de nouvelles ambitions. C’est la transmission par câble optique d’informations numériques sur tout le quartier des Spectacles qui permet d’envisager par exemple des façades réactives ou même des interventions en mutation constante sur tout le quartier. Du point de vue technique cela consiste à proposer un réseau de panneaux de branchement à différentes tensions et de câbles data (fibre optique et cat.6). Le placement des sorties de ce réseau de distribution multimédia à des endroits stratégiques permet de faciliter le travail les organisateurs d’événements.

3.2 Le projet par phase Comme bon nombre de projets d’envergure, celui du réaménagement du Quartier des Spectacles a été phasé et planifié sur plusieurs années. Ceci est dû à un principe pratique qui voulait que l’organisation des grands festivals annuels ne soit jamais privée de plus d’un espace public majeur à la fois. Pour pouvoir tenir cet objectif, chaque espace réaménagé fut livré dès que possible quitte à entamer des travaux d’aménagement complémentaires après livraison et à anticiper des travaux préparatoires avant le début de la phase. Le projet complet débute en 2008, comporte 4 phases principales dont les trois premières sont terminées à ce jour51. La première phase est celle du réaménagement de la Place des Festivals, la deuxième phase concerne la Promenade des Artistes et le Parterre, la troisième la rue Saint-Catherine et enfin la quatrième l’Esplanade Clark.

51. ville.montreal.qc.ca/

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3. Quartier des Spectacles 3.2.1 Phase 1 : La Place des Festivals La première phase du projet a été celle de l’aménagement de la Place des Festivals du quartier des Spectacles. Cette parcelle est située à l’ouest et consiste en un ilot rectangulaire faisant presque tout la longueur du quartier. Elle est délimitée par la rue Balmoral à l’ouest, la rue Jeanne-Mance à l’est, la rue Sainte-Catherine au Sud et le boulevard de Maisonneuve au Nord. D’une superficie52 de 6141 m2 cette parcelle contient la plus grande place du Quartier des Spectacles, c’est elle qui accueille la grande majorité des festivals. Elle présente quatre des huit superstructures d’éclairage et deux vitrines habitées (cf. ci-avant). La phase 1 est planifiée en 3 étapes appelées phase 1A, 1B et 1C. Les phases 1A et 1B sont livrées à ce jour. Les axes principaux d’aménagement de la phase 1 sont : le nivellement du plateau de l’îlot Balmoral, l’aménagement de la place des Festivals, le verdissement de la moitié de la parcelle et d’autres chantiers peut être moins intéressants comme le prolongement de la rue Mayor l’élargissement du trottoir de la rue Jeanne-Mance et donc la réduction de la largeur de voirie de celle-ci, le réaménagement de la rue Balmoral et enfin la construction d’une salle mécanique en souterrain. 3.2.1.1 Phase 1A Cette étape est celle qui a traité directement de l’aménagement de la Place des Arts. Bien que la triangulation originelle végétale-minérale de la place ait été conservée, un vrai travail a été fourni sur ces deux parties. La partie végétale qui n’était alors qu’une pelouse en pente a été retravaillée en liant plus subtilement la rue Balmoral au triangle minéral. Un escalier supplémentaire a été dessiné, 29 arbres de gros calibres 52. ville.montreal.qc.ca/

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3. Quartiers des Spectacles

14. Phasage du projet de réaménagement

15. Perspective 3D de la place des Festivals

16. Plan d’implantation

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3. Quartier des Spectacles ont été plantés, et la dénivellation entre la rue Balmoral et la partie minérale a été atténuée ce qui a permis d’imaginer un espace vert non plus uniquement décoratif, mais aussi propice à la détente. La partie minérale a fait l’objet d’une plus grande attention. Le choix des matériaux qui composent les différents pavages de la place et la plantation d’un mur végétal en face du boulevard Maisonneuve ne furent pas les seules préoccupations des aménageurs de la place. S’ajoute, à l’outil scénographique et technique qu’est la superstructure d’éclairage mise en place dans le quartier, un autre outil scénographique : l’implantation d’une fontaine de 255 jets d’eau couvrant toute la surface de la place. La fontaine a été conçue comme un rideau et un éclairage de scène. Les jets bénéficient chacun d’un éclairage intégré et une fontaine centrale constitue le point focal de l’implantation générale. 3.2.1.2 Phase 1B et 1C La phase 1B concerne le réaménagement de la rue Jeanne-Mance (côté nord). C’est pendant cette étape que le concept de vitrines habitées fut développé. Le trottoir de la rue accueille deux des vitrines, chacune fait une largeur de 4 mètres (sur les 10m de largeur du trottoir) et peut accueillir 65 personnes. La fonction de ces vitrines est de bar-restaurant. Ce trottoir accueille aussi quatre des huit superstructures d’éclairage. La phase 1C concerne le réaménagement du côté sud de la rue Jeanne-Mance. Elle n’accueillera pas de vitrines habitées, mais bénéficiera du même traitement de voirie (choix des matériaux ou dans le verdurisation du trottoir) que pour la phase 1B.

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3. Quartiers des Spectacles

17. Vue d’une vitrine permanente

3.2.2 Phase 2 : La place de l’Adresse symphonique et la promenade des Festivals Les parcelles de la phase 2 bordent un bâtiment phare et prestigieux du Quartier des Spectacles : l’Adresse symphonique ou la Maison symphonique. Inauguré en 201153, c’est dans cette salle que se produit l’Orchestre symphonique de Montréal, l’Orchestre Métropolitain et d’autres groupes musicaux de moins grande ampleur. Lieu mondain par excellence, les abords de la Maison symphonique sont pourtant peu engageants. Si, par sa programmation et donc pour des raisons acoustiques, la salle symphonique est hermétique, le résultat architectural de l’ensemble du bâtiment amène au même constat : très peu de communication avec son environnement proche. Les espaces traités par la phase 2 sont des espaces résiduels situés autour de l’Adresse symphonique. Planifiée en deux étapes, la phase 2A concerne la parcelle délimitée par le boulevard Maisonneuve au nord, et la rue de Montigny au sud. Cette parcelle occupe une surface de 7370 m2 53. laplacedesarts.com/

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3. Quartier des Spectacles au total (composée d’une partie de 1816 m2 et d’une autre de 5554 m2). La phase 2B concerne l’aménagement de la promenade des Festivals et l’élaboration des vitrines événements (une surface de 2408 m2). 3.2.2.1 Phase 2A Avant les travaux la place de l’Adresse symphonique n’était qu’un square en friche n’ayant aucune fonction. En redessinant le tracé de la rue Montigny, il a été possible d’aménager un début de promenade et un espace vert de taille modeste. Une partie minérale a été aussi créée, ce qui accentue l’unicité de traitement dans le Quartier des Spectacles. Ici c’est la partie minérale qui accueille la fonction de détente et la partie végétale qui est majoritaire. Deux superstructures d’éclairage sont implantées sur cette place et un travail de verdurisation a été là aussi effectué. On ne peut que s’enthousiasmer du réaménagement de friche résiduelle en parc pour les citadins, mais il est difficile de ne pas constater l’isolement de la place. Cela est dû au fait qu’elle est entourée de voies automobiles et qu’elle est située à l’écart du centre de gravité du projet. De plus, les travaux de la phase 4 n’ont pas encore débutés ce qui accentue encore l’isolement de la place de l’Adresse symphonique. Bien que ce parc soit bien réalisé, il semble étranger à l’Adresse symphonique, dont il porte pourtant le nom, tant ses relations avec elle se résument au vis-à-vis d’une façade aveugle. 3.2.2.2 Phase 2B L’aménagement de la Promenade des Festivals avait à traiter d’un territoire longiforme de 2408 m2 coincés entre deux voies automobiles. Espace résiduel comme la place de l’Adresse symphonique, le choix de programmation a été de traiter cette parcelle comme espace de déambulation. L’axe 54


3. Quartiers des Spectacles

18. Plan d’implantation du parc de l’Adresse symphonique

19. Plan d’implantation de la promenade des Artistes

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3. Quartier des Spectacles de promenade a donc été souligné par une scénographie imaginée par le rythme des arbres plantés, des éclairages de voiries et est ponctuée par les structures permanentes des vitrines événements. Les vitrines événements sont le pendant des vitrines habitées de la place des Festivals dans leur version modulable, transformable et multifonctionnelle. De plus ces vitrines ne sont pas utilisées en permanence, mais à la demande des organisateurs d’événements. Le squelette des sept vitrines placées sur la promenade est lui aussi amovible, mais peut demeurer sur place (ce qui est le cas actuellement) quand elles ne sont pas utilisées. Leurs utilisations sont fréquentes au printemps et en été et certaines installations éphémères ont rencontré un tel succès qu’elles reviennent depuis annuellement54.

3.2.3 Phase 3 : La rue Sainte-Catherine Cette phase concerne peut-être la partie du projet qui est la plus utilisée quotidiennement. L’axe Saint-Catherine est un axe commercial majeur du centre-ville de Montréal et accueille régulièrement de cours événements culturels ou citoyens. Toujours dans l’optique de doter le quartier des Spectacles d’une signature urbaine unique, la portion de la rue Sainte-Catherine qui traverse le projet a été retravaillée et recalibrée de fond en comble. L’élément marquant de ce réaménagement est le traitement de sol de la chaussée et du trottoir qui détonne très fortement par rapport au reste de la rue. Peut être est-ce dû à la relative monotonie du traitement de sol appliqué à la ville entière, mais le motif de pavé de béton utilisé sur les 5063 m2 de trottoirs et de 7897 m2 de chaussée du projet marque très clairement un changement d’atmosphère. Le trottoir le plus travaillé est celui situé au sud, celui qui fait face à la place des Festivals et qui longe le com54.  l’installation : Les 21 balançoires, revient chaque année depuis 2011

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3. Quartiers des Spectacles plexe Desjardins. Il est le plus spacieux, arboré et accueille des fontaines d’eau potable ce qui le dote d’une atmosphère élégante et propice à la déambulation : ceci permet d’observer la majeure partie du projet, ainsi que les commerces implantés en continu le long de la rue Sainte-Catherine.

20. Plan de la rue Sainte-Catherine

21. Dimensionnement

22. Perspective 3D

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3. Quartier des Spectacles 3.2.4 Phase 4 : L’esplanade Clark Cette phase est la dernière d’envergure qui n’est pas encore livrée. Elle concerne donc l’esplanade Clark, un vaste espace situé tout à l’est du territoire du projet. Le territoire envisagé est presque de même taille que la place des Festivals et est situé au sud de la place de l’Adresse symphonique. L’aménagement imaginé pour cette parcelle réserve toujours une partie minérale et une partie végétale, mais accueille aussi l’élément eau (comme la Place des Festivals). Elle comprend les deux dernières superstructures d’éclairage du projet, un verdissement par la plantation d’arbres, et le tracé diagonal de la promenade principale. Elle accueille aussi une version plus grande du concept de vitrine habitée. Cette vitrine habitée accueillera des commerces et des espaces de restaurations. Le but est de créer un pôle d’intérêt à l’Est du projet qui actuellement n’intéresse que peu de personnes puisque pour l’instant l’esplanade Clark n’est utilisée que comme parking d’autobus. La finalisation de cette étape permettra de compléter le réaménagement du parc de l’Adresse symphonique et de former un espace cohérent et se suffisant à lui-même. L’îlot central, formé par les différentes salles de spectacles, divise le projet en deux pôles reliés uniquement par la promenade des Artistes au nord et par un trottoir au sud. La place des Festivals étant un centre de gravité trop important pour le concurrencer, le choix a été de proposer une autre utilisation pour la partie Est du projet. Outre un projet de système de poubelles pneumatique, un peu anecdotique à mes yeux, le projet d’aménagement d’un stationnement souterrain a été proposé hors programmation. Ce stationnement sera donc situé sous l’esplanade Clark et est envisagé sur trois niveaux. Il pourra accueillir 300 à 58


3. Quartiers des Spectacles 900 places automobiles selon les moments, 350 places pour vélos, toilettes publiques, vestiaires-douches, et un poste de réparation et de location de vélos. L’ambition de ce parking souterrain est de répondre aux besoins des festivaliers en été et aux besoins de l’ensemble des visiteurs durant l’année. Cette proposition me semble très appropriée et permettra en plus, me semble-t-il, de désengorger un peu le stationnement automobile dans le centre-ville.

23. Plan d’aménagement de l’esplanade Clark

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3. Quartier des Spectacles 3.3 Discussion des retombées espérées par le p.p.u

Dans le plan particulier d’urbanisme sont aussi décrits les objectifs et les retombées espérés du projet de réaménagement du Quartier des Spectacles. Les retombées espérées sont détaillées en quatre chapitres de développement : développement urbain, durable, culturel, et économique, et un chapitre sur l’investissement. Nous les analyserons chapitre par chapitre de manière concise pour en extraire l’essentiel et déterminer si ces retombées ont été réalisées. À l’heure actuelle, le réaménagement est en grande partie livré et nous pourrons déjà analyser et discuter les directions prises par le projet.

3.3.1 Développement urbain En bref, les retombées espérées par le p.p.u. e n matière de développement urbain peuvent se résumer à : la transformation d’un secteur fortement déstructuré en un nouveau quartier attrayant situé au centre-ville de Montréal et ainsi le doter de nouveaux espaces publics de grande qualité et d’orientation culturelle en vue d’accroître son image internationale55. Requalification du bâti existant, reconfiguration des voiries, accentuation du caractère de destination du quartier et réappropriation piétonne des espaces nouvellement créés sont autant de retombées envisagées. Cela montre très clairement la direction choisie par les différents acteurs de ce projet : créer un nouveau quartier parmi les plus contemporains et les plus élaborés de Montréal tout en faisant oublié l’ancien quartier du Redlight. Nous pouvons avant toute chose signifier que le projet à l’heure actuelle fonctionne assez bien. Pour l’avoir emprunté 55.  Plan Particulier d’Urbanisme : Quartier des Spectacles, secteur Place des Arts, 2007, p. 49

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3. Quartiers des Spectacles de nombreuses fois pendant ou sans événements, le quartier des Spectacles dans son ensemble est accueillant, dynamique et se prête très facilement à la flânerie de jour comme en soirée. S’il paraît légitime que le pouvoir public ne veuille plus entendre parler de son Redlight District, le pire de toute l’Amérique du Nord, il est aussi important de s’interroger sur la manière dont cela a été réalisé. Dans les faits, ce projet de réaménagement s’est imposé comme une évidence et était pensé de longue date par les différents partenaires. Cela résulte en droite ligne des travaux (comme expliqué ci-avant) entamés dans les années 1960 par la municipalité de Montréal. Le projet global d’assainissement du Redlight District n’a pas été exécuté de manière subtile. Le résultat que l’on observe aujourd’hui est que le tissu urbain du Faubourg Saint-Laurent a été transfiguré. Ce tissu jusqu’à lors, plutôt cohérent et résultant de plusieurs décennies d’occupations diverses et variées a été démantelé et transformé. L’emploi systématique de la démolition suivie de nouvelles constructions a enlevé tout contexte bâti pertinent au projet de réaménagement. En analysant plus attentivement ce projet, on constate que celui-ci a contribué à mettre le point final aux démarches entamées en 1960. Il a rassemblé les différentes parcelles résiduelles, les a réaménagées et a donné une nouvelle identité à l’ensemble. Celle-ci est le point d’orgue de cette requalification urbaine qui a dépossédé un quartier de son identité pour lui en donner une nouvelle. Encore une fois, il n’est pas ici question de porter un jugement de valeur, mais il est essentiel d’en décrypter les mécanismes. Ce faisant et contrairement au traitement que la ville d’Amsterdam par exemple a fait de son Red District, le Quartier des Spectacles ne possède plus d’identité historique si ce n’est quelques bâtiments non mis en valeur et disséminés dans le tissu urbain. 61


3. Quartier des Spectacles 3.3.2 Développement durable Le développement durable paraît être le parent pauvre par rapport aux autres développements envisagés par le PPU. Cela se constate par le peu d’indices utilisés pour mesurer ces retombées et quelques non-sens qui à mes yeux contredisent la notion de durable. Les indices de mesures utilisés par le p.p.u. sont : « l’augmentation relative de la circulation piétonne et du recours aux modes alternatifs de transport (vélo, autobus, métro, tramway), et de la réduction relative de l’utilisation de l’automobile56 ». Ces indices ne me semblent pas pertinents ni même suffisants pour aborder la complexe notion de développement durable. Il faut aussi constater que certains éléments du projet de réaménagement contredisent même cette notion, comme par exemple le choix du pavé de béton comme élément principal de recouvrement de voirie et de trottoir quand on sait que la fabrication de ce matériau est extrêmement énergivore et consommateur d’énormément d’eau. De plus, comme le montre ce graphique57 il paraît assez clair que ce qui impacte le plus l’environnement dans l’élaboration d’un projet est la fabrication des matériaux de construction. Le développement durable ne semblait pas avoir été la priorité première de ce projet au moment de son élaboration ou alors elle n’a pas fait l’unanimité parmi les différents acteurs participant à ce projet.

3.3.3 Développement culturel Le développement culturel quant à lui est un domaine d’importance puisque comme évoqué dans le premier chapitre, il est le fer de lance de beaucoup de politiques d’investisse56.  Plan Particulier d’Urbanisme : Quartier des Spectacles, secteur Place des Arts, 2007, p. 49 57. http://conseils.xpair.com/actualite_experts/impact-carbone-construction-batiment.htm

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3. Quartiers des Spectacles

24. Graphique de l’impact environnemental des différents postes d’émission de carbone d’un projet

ment. Les retombées espérées par le p.p.u. sont : l’ancrage des festivals culturels et de l’art public (éphémère et permanent) dans le Quartier des Spectacles tout en accroissant la réputation internationale de la ville58. Ceci permettra de diffuser plus largement les différents événements artistiques et d’en favoriser l’accessibilité. Ce projet permettra aussi «de susciter un développement immobilier qui favorisera largement l’implantation d’activités culturelles dans le territoire 59». En décortiquant les chiffres proposés par le rapport annuel on peut constater que pour un total de 1056 représentations en salle pendant la saison 2011-2012, la Place des Arts a accueilli 890 047 spectateurs ce qui représente 73% d’occupa58.  Plan Particulier d’Urbanisme : Quartier des Spectacles, secteur Place des Arts, 2007, p. 49 59.  Plan Particulier d’Urbanisme : Quartier des Spectacles, secteur Place des Arts, 2007, p. 49

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3. Quartier des Spectacles tion des salles60. L’indice d’occupation de salle oscille, depuis la saison 2006-2008, entre 73% et même 80%61 pour la saison 2007-2008. Ce nombre de spectateurs étant global, il ne différencie ni le nombre de spectateurs différents qui fréquentent les salles, ni la proportion de spectateurs qui résident à Montréal. Or ce type de chiffres permettrait de relativiser quelque peu les retombées de la politique culturelle de Montréal. Un dernier chiffre, figurant dans les rapports des saisons 20062007 et 2007-2008, mais plus dans les autres, est l’affluence de spectateurs dans les espaces extérieurs de la Place des Arts lors d’organisations festivalières. Pour la saison 20072008, ce sont 3 340 148 de spectateurs62 qui ont participé à 55 jours de festivals extérieurs. Cette affluence confirme le succès populaire du projet de réaménagement du Quartier des Spectacles. La dernière chose que nous évoquerons est, une fois n’est pas coutume, celui du point de vue des artistes locaux, ces « travailleurs créatifs »63 de Montréal. L’effervescence créée par le projet n’est aucunement mise en cause, bien que vu précédemment, l’initiative et les débouchés de la politique culturelle des villes européennes sont bien souvent très différents des volontés affichées. De la même manière, l’offre culturelle proposée par le Quartier des Spectacles est spécifique et orientée. Ceci parce qu’elle s’inscrit dans la stratégie globale de positionnement de la ville de Montréal comme Métropole culturelle internationale. Or par le développement 60.  Rapport annuel de la Société de la Place des Arts de Montréal saison 2011-2012, p. 13 61.  Rapport annuel de la Société de la Place des Arts de Montréal saison 2007-2008, p. 13 62.  Rapport annuel de la Société de la Place des Arts de Montréal saison 2007-2008, p. 13 63.  « La perception des artistes montréalais du Quartier des spectacles », 8e Colloque de la Relève VRM, Montréal, POIRIER Josianne, p.5

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3. Quartiers des Spectacles immobilier, entre autres, qui a été mis en place, la communauté artistique locale a été dispersée ailleurs dans la ville et de nouveaux pôles se sont créés et un retour au territoire du Quartier des Spectacles, comme lieu de vie, mais aussi comme lieu d’expression, semble compromis64. Et c’est là une des faiblesses du projet : il n’y a pour l’instant pas ou très peu d’implication des artistes dans ce projet. Ces derniers n’ont aucune facilité pour pouvoir exposer ou se produire dans les salles de ce secteur sans avoir de renommée au moins nationale. Cela pourra évoluer à l’avenir, mais pour l’instant le quartier des Spectacles est le lieu ou des artistes de renommée internationale, souvent étrangers, viennent se produire, mais pas les artistes montréalais ou même québécois. Ceci questionne bien entendu l’impact du projet sur le développement artistique local.

3.3.4 Développement économique et retour sur l’investissement La réalisation du p.p.u. aura, en plus des différentes retombées espérées décrites précédemment, pour effet une augmentation de la création de richesse au centre-ville65. Cette création de richesse est répartie entre la plus-value commerciale due à l’implantation de nouveaux espaces d’affaires et l’amélioration des conditions d’accessibilité (piétonne, automobile et par les transports publics) augmentant la fréquentation du quartier des Spectacles. Le p.p.u. indique aussi que pour atteindre son plein potentiel, il est nécessaire de favoriser encore l’accès piétonnier du Quartier des Spectacles en parallèle avec les autres grandes destinations touristiques de Montréal. 64.  « La perception des artistes montréalais du Quartier des spectacles », 8e Colloque de la Relève VRM, Montréal, POIRIER Josianne, p.7 65.  Plan Particulier d’Urbanisme : Quartier des Spectacles, secteur Place des Arts, 2007, p. 49

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3. Quartier des Spectacles L’investissement public annoncé par le plan particulier d’urbanisme est de 120 M$66. Celui-ci est réparti entre la Ville, le gouvernement québécois et le gouvernement canadien. L’investissement privé, lui, est de 12 M$67. Le retour sur l’investissement est planifié comme le montre ce graphique, par des revenus fiscaux et parafiscaux dus au développement immobilier (pour le public) et par une augmentation de valeur locative et une réduction de dépenses infrastructurelles (pour le privé). En conclusion, nous pouvons rappeler que ce projet fonctionne très bien mais que nous regrettons son manque d’ancrage historique et le peu d’intérêt porté au développement durable.

25. Perspective 3D imaginée par la Société du havre de Montréal

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66.  Plan Particulier d’Urbanisme : Quartier des Spectacles, secteur Place des Arts, 2007, p. 50 67.  Plan Particulier d’Urbanisme : Quartier des Spectacles, secteur Place des Arts, 2007, p. 50


3. Quartiers des Spectacles

26. Vue actuelle du viaduc Bonaventure depuis les berges du canal de Lachine

27. Perspective 3D imaginée par la Société du havre de Montréal

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DE MONTREAL


4. Le havre de Montréal Le projet du havre de Montréal traite une zone de 10 km² et est décliné en une multitude de projets d’ampleur moindre, échelonnés sur plusieurs dizaines d’années. Après avoir décrit le contexte général de cet ensemble de projets, nous décrirons le contexte particulier du secteur Peel-Wellington. Ensuite, nous analyserons les projets qui débutent dans ce secteur et nous terminerons par une discussion des constats.

4.1 Le havre de Montréal Après avoir dressé un rapide portrait du havre de Montréal, nous nous attarderons plus spécifiquement sur la description du territoire concerné, le contexte fluvial, la Société en charge de ce redéveloppement et l’évolution de la zone au cours de l’histoire. Le havre de Montréal est le site fondateur68 de la ville ellemême. C’est bien par sa position potentiellement commerciale que l’île-de-Montréal à été choisie par la mission d’exploration commanditée par la France. Cet ancien port a été dès lors extrêmement lié au développement de la ville, qu’il soit économique, politique ou social. Il fut dès sa fondation le point stratégique de départ vers le reste de l’Amérique du Nord et est devenu au XIXe siècle « le creuset de la révolution industrielle au Canada69 ». L’état actuel du havre est pourtant critique. Bien que la plupart des quartiers autour du havre, aient déjà bénéficié d’une restauration ou d’un réaménagement, il est à noter que les berges du Saint-Laurent, là où Montréal s’est développé dans 68.  Le havre de Montréal : vision 2025, la ville et son fleuve - une proposition pour l’avenir, la Société du havre de Montréal, 2004, p. 4 69.  Le havre de Montréal : vision 2025, la ville et son fleuve - une proposition pour l’avenir, la Société du havre de Montréal, 2004, p. 4

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4. Le havre de Montréal ses premières heures, se sont délabrées au fur et à mesure que la ville s’étendait et se développait. Ce n’est que très récemment, avec l’apparition d’un engouement plus prononcé pour le patrimoine qu’un nouveau souffle a été donné à ces différents quartiers. Le secteur du havre a une population de 24 749 habitants70, dont 69,5 % sont répartis dans la partie ouest du secteur. Le havre abrite donc très peu de population par rapport à la population totale de Montréal, mais est aussi beaucoup moins dense que la moyenne de Montréal. La densité du havre est de 2756 habitants/km2 pour 3625,1 hab/km2 sur l’île. La population immigrante est de 17 %71 de la population totale du secteur du havre. Ces chiffres sont d’ailleurs étonnants au vu de la population historique du quartier avoisinant directement le secteur du havre : le Griffintown qui a longtemps abrité la population ouvrière immigrante irlandaise. Si le secteur du havre comprend aussi peu de population et autant de terrains en friches, c’est que les activités du port ont été délocalisées plus au nord de l’île. Le secteur du havre ne pouvait plus accueillir l’expansion du port et par le départ progressif des fonctions portuaires vers le nouveau port, le havre s’est vidé petit à petit pour arriver à la situation actuelle. Tout ce territoire, maintenant quasi vide, a donc un potentiel de développement résidentiel, récréatif, commercial, industriel, touristique et culturel très important.

70.  Le havre de Montréal l’état des lieux, Société du havre de Montréal, 2004, chapitre 3 : profil socio-économique sommaire de la population du havre, p. 2 71.  Le havre de Montréal l’état des lieux, Société du havre de Montréal, 2004, chapitre 3 : profil socio-économique sommaire de la population du havre, p. 2

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4. Le havre de Montréal 4.1.1 Le territoire Le territoire d’intervention du havre de Montréal traité par la Société du Havre de Montréal est gigantesque. D’une superficie de 10 km2 72, ce territoire est délimité au nord par la rue Notre-Dame jusqu’au pont Jacques-Cartier ce qui inclut le Vieux-Montréal, le faubourg des Récollets et le faubourg Québec. Sa limite sud incorpore l’île Notre-Dame, les îles SainteHélène et bien entendu le fleuve Saint-Laurent. De l’ouest à l’est, le territoire est délimité par le pont Champlain, la jonction ferroviaire du Canadien Pacifique et du port de Montréal. Cette dernière limite englobe dans sa partie nord, le quartier Griffintown, une section de l’autoroute Bonaventure, une partie du canal de Lachine (dont son entrée historique), la partie est du quartier de Pointe-Saint-Charles, la pointe nord de l’île des Sœurs et une partie du campus du Technoparc. Ce territoire, comme nous pouvons le voir sur ce graphique, est enclavé et isolé par des infrastructures de transport terrestre. De par ses fonctions premières, portuaires et industrielles, cette parcelle a eu besoin de ces infrastructures pour pouvoir acheminer les différentes marchandises entrantes et sortantes. C’est ainsi que le havre est bordé par les autoroutes Bonaventure et Ville-Marie, mais contient aussi une cour de triage ferroviaire de marchandises. Ces infrastructures ont malheureusement perduré malgré la désindustrialisation progressive du havre. Le résultat handicape lourdement tout projet de réaménagement du havre. Cette fracture à la fois visuelle et sensorielle fragilise surtout l’accès au havre. Sans un travail important sur cette problématique, n’importe quel projet de requalification urbaine de ces zones désaffectées semble compromis tant l’accès à ce dernier est fastidieux et décourageant. Sur un court tronçon l’autoroute Ville-Marie est 72.  Le havre de Montréal l’état des lieux, Société du havre de Montréal, 2004, chapitre 2 : territoire du havre de Montréal, p. 2

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4. Le havre de Montréal enterrée et permet une « traversée » plus harmonieuse et facile, mais à l’échelle de la zone urbaine qui est adjacente au havre, cela est clairement insuffisant.

28. Territoire du havre de Montréal

29. Contraintes anthropiques

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4. Le havre de Montréal 4.1.2 Contexte fluvial Pour mieux comprendre quels ont été et quels sont les dynamiques et les enjeux du havre de Montréal, il est intéressant de le situer dans son contexte fluvial. Comme montré sur ce graphique, Montréal est la porte d’entrée vers l’intérieur du continent depuis l’océan Atlantique. C’est un très grand nombre de grandes métropoles américaines et canadiennes qui sont reliées par réseau fluvial à Montréal. Ce réseau hydrologique complexe est constitué par une alternance de grands lacs reliés par le Saint-Laurent. À cet énorme potentiel de transport fluvial de marchandises, il faut ajouter un autre potentiel : le potentiel hydroélectrique. En effet le débit médian calculé sur les trente dernières années à hauteur de Montréal oscille entre 8000 et 12 000 m3/s.73 Des centrales hydroélectriques se sont donc logiquement implantées près de Montréal comme la centrale de Beauhamois (1652 mégawatts), celle des Cèdres (135 mégawatts) ou encore celle de Carillon (752 mégawatts).

30. Contexte fluviale 73.  Le havre de Montréal l’état des lieux, Société du havre de Montréal, 2004, chapitre 2 : territoire du havre de Montréal, p. 3

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4. Le havre de Montréal 4.1.3 La Société du havre de Montréal La volonté d’entamer un redéveloppement du territoire du havre de Montréal date d’il y a plusieurs années, mais ce n’est qu’au printemps 200274 que la ville a convoqué, à l’occasion du Sommet de Montréal, divers intervenants autour d’une table pour examiner concrètement les enjeux et contraintes du développement urbain et donc économique de ce territoire. L’intérêt était de faire s’entendre investisseurs privés et publics autour d’un plan d’intervention cohérent sur l’ensemble de la parcelle. Pour ce faire, toujours en 2002, la Société du havre de Montréal a été mandatée pour : « proposer, pour le havre et les espaces urbains qui l’entourent, les grandes lignes d’un plan d’intervention concerté, assorti d’une stratégie de mise en œuvre et de financement75 ». La volonté principale de la création de cette Société était d’élaborer un projet viable à long terme76 et de mieux aborder la complexité du territoire étudié pour ne pas se contenter de demi-mesures : « …, il ne suffit pas d’ouvrir des accès au fleuve et d’aménager ses berges. »77. Le projet voulu doit être global, pour éviter que le développement d’un secteur ne tourne pas le dos à la planification des autres, le havre doit s’ouvrir à la ville pour qu’elle puisse rejoindre ses berges. De ce mandat découlent donc en réalité deux missions distinctes, mais extrêmement liées qui sont pour l’une concevoir les lignes directrices qui accompagneront les différents travaux futurs, regroupés par la vision 2025 du havre, et pour l’autre de réfléchir aux rela74.  Le havre de Montréal : vision 2025, la ville et son fleuve - une proposition pour l’avenir, la Société du havre de Montréal, 2004, p. 7 75.  Le havre de Montréal : vision 2025, la ville et son fleuve - une proposition pour l’avenir, la Société du havre de Montréal, 2004, p. 7 76.  Le havre de Montréal l’état des lieux, Société du havre de Montréal, 2004, chapitre 2 : territoire du havre de Montréal, p. 2 77.  Le havre de Montréal l’état des lieux, Société du havre de Montréal, 2004, chapitre 2 : territoire du havre de Montréal, p. 2

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4. Le havre de Montréal tions potentielles entre le fleuve et la ville. La démarche de la Société du havre s’inscrit dans la continuité des différentes actions qui ont voulu rouvrir l’accès du Saint-Laurent et à ses berges telles que : l’Expo 67, l’aménagement du Vieux-Port en 1992 et la réouverture du canal de Lachine en 2002. Ce type de questionnement est éminemment d’actualité, car on constate que bon nombre de métropoles occidentales se retrouvent dans cette même situation. Bruxelles d’ailleurs ne fait pas exception. Long et pénible héritage des pensées modernistes, la majorité des cours d’eau, autour desquels les villes se sont installées, est empêtrée dans un zonage industriel lui fermant l’accès du grand public. Bien qu’elles puissent être considérées comme une façade de la ville à part entière, les berges ne sont le théâtre que des machines élévatrices et autres pelleteuses. Ce n’est que très récemment que les grandes villes ont décidé de retrouver au moins une partie de leurs cours d’eau et d’en faire profiter leurs concitoyens.

4.1.4 Évolution au cours de l’histoire L’histoire du havre de Montréal remonte au temps de la fondation même de la ville. Comme vu dans le premier chapitre de ce mémoire, c’est en vue de l’établissement d’un port de commerce pour la traite des fourrures et en vue de mener une mission évangéliste des populations amérindiennes que les premières expéditions, datant de 1535 et menées par Jacques Cartier, ont été mandatées. On considère que c’est par la fondation de la ville de Montréal qu’a commencé l’exploration du reste du continent nord-américain78, ce qui dote l’origine du havre d’une importance nationale. Le havre est implanté à la confluence de trois cours d’eau majeurs que sont le Saint-Laurent, la rivière des Outaouais et la rivière Ri78.  Le havre de Montréal l’état des lieux, Société du havre de Montréal, 2004, chapitre 1 : historique du havre ancien de Montréal, p. 2

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4. Le havre de Montréal chelieu. Pour finir sur l’implantation géographique du havre, il se trouve à la limite ouest de la partie navigable du Saint-Laurent. Plus bas se trouvent les rapides de Lachine, longtemps impraticables par les bateaux, ce qui amorcera la construction du canal de Lachine pour les contourner. Cela fera du havre un point d’arrêt obligé79 pendant longtemps et de ce fait la plaque tournante du commerce international du continent nord-américain. Bien avant l’implantation de la ville que l’on connaît, la présence humaine sur ce qui était un havre naturel remonte à la période dite archaïque (de 4000 à 2000 ans av. J.-C. 80). Les premières traces de présence humaine remontent à l’époque des Sylvicoles moyens (de - 400 à 1000 ans ap. J.-C.). Les Iroquoiens du Saint-Laurent, ancêtres des Nations iroquoises, font partie des plus vieilles populations autochtones connues vivant sur ce territoire. Le havre dans sa configuration naturelle était alors composé de nombreux marécages et sa proximité avec les rapides de Lachine en faisait un lieu privilégié pour la chasse et pour la pêche. Montréal va alors se développer malgré les aléas politiques et militaires d’abord vis-à-vis des premières nations puis visà-vis de l’empire britannique. Ces nombreuses périodes de conflits étant néfastes aux échanges commerciaux ce n’est qu’en période de paix que ceux-ci ont pu se développer. Cela a pu se faire particulièrement à la fin du 18ème siècle, début 19ème, période proto-industrielle, mais surtout dans les années 1821-1860, période de la révolution industrielle. C’est à cette période que le canal de Lachine sera creusé et le port véritablement aménagé. Le port n’était alors qu’une plage boueuse, 79.  Le havre de Montréal l’état des lieux, Société du havre de Montréal, 2004, chapitre 1 : historique du havre ancien de Montréal, p. 2 80.  Le havre de Montréal l’état des lieux, Société du havre de Montréal, 2004, chapitre 1 : historique du havre ancien de Montréal, p. 3

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4. Le havre de Montréal les transactions se faisant par l’intermédiaire de petites embarcations pendant que le navire mouillait plus loin. Jusqu’en 1967 Montréal était une métropole qui ne cessera de croître.

31. Anciennes berges de Montréal

Une autre année marquante quant à l’histoire du havre et celle de 1968. Les années qui vont suivre vont baigner dans un contexte social, politique et militaire très tendu. Cela est dû à une baisse de prospérité qui sévit depuis plusieurs années déjà. L’activité économique fluviale se déplace alors lentement vers le Midwest en laissant New York et Montréal sur le carreau81. Plusieurs projets publics sont alors élaborés pour renouer avec la prospérité. La construction de l’autoroute Ville-Marie au nord du Vieux-Montréal débute et signe le premier cloisonnement du havre de Montréal. S’en est suivi très rapidement en 197082 la fermeture complète du canal de Lachine et le remblaiement d’une partie de ses écluses et de ses bassins. À cela s’ajoutent des projets d’extension du port sont envisagés sur le territoire du Vieux-Montréal, qui se heurtent aux défenseurs du patrimoine qui ont réussi à faire classer le Vieux-Montréal arrondissement historique. 81.  Le havre de Montréal l’état des lieux, Société du havre de Montréal, 2004, chapitre 1 : historique du havre ancien de Montréal, p. 20 82.  Le havre de Montréal l’état des lieux, Société du havre de Montréal, 2004, chapitre 1 : historique du havre ancien de Montréal, p. 20

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4. Le havre de Montréal C’est en 1975 que, conduit par le rapport Lincourt, le port se délocalise à l’est du Vieux-Montréal et tous les travaux en cours sur le territoire du havre cessent. À partir de 1975 plusieurs projets de redéveloppement sont soumis au service public lors des consultations organisées. Le choix se tournera vers l’aménagement d’espaces publics comme la réalisation d’une esplanade verdurisée à l’emplacement d’anciens silos détruits en 198483. Puis en 1991 ce sont les anciens bassins et le quai Jacques-Cartier qui sont réaménagés en Centre des Sciences. Le canal de Lachine sera rouvert à la navigation et ses berges seront réaménagées en mai 2002. Le bassin Peel sera lui excavé en 2001. Sur l’île Notre-Dame, les différentes constructions éphémères de l’Expo 67 sont détruites l’une après l’autre et il n’en reste aujourd’hui que quelques œuvres d’art, la biosphère, ancien pavillon américain, le Casino de Montréal, ancien pavillon français, et l’Habitat 67. Dans la même dynamique, le VieuxMontréal a été restauré, ses faubourgs ont été redéveloppés, le Vieux-Port a été réaménagé et des nouveaux quartiers ont été créés. Le Quartier international, l’agrandissement du palais des congrès, et la cité multimédia sont autant de nouveaux aménagements qui ont redynamisé ce territoire. Ces différents projets, nécessaires bien entendu, ne sont malgré tout pas suffisants pour aborder la question du havre dans sa globalité. Ils ont, chacun à leur échelle, permis de panser un peu les dégâts, mais un travail d’une tout autre ampleur devra être fourni pour réhabiliter et résorber les erreurs du passé. C’est bien pour cela que la Société du havre de Montréal a été créée. 83.  Le havre de Montréal l’état des lieux, Société du havre de Montréal, 2004, chapitre 1 : historique du havre ancien de Montréal, p. 20

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4. Le havre de Montréal 4.2 Le secteur Peel-Wellington Après une mise en situation géographique et une brève description du contexte urbain particulier à ce secteur, nous présenterons les six objectifs du plan particulier d’urbanisme et leur traduction dans quatre projets.

4.2.1 Contexte géographique Le secteur Peel-Wellington est situé sur une berge du canal de Lachine. Il se trouve à proximité de pôles importants de la ville de Montréal : le centre-ville, le quartier international, le Vieux-Montréal et le lieu historique national du Canal-deLachine. Le bassin bénéficie d’une grande accessibilité régionale puisqu’il est traversé par l’autoroute Bonaventure, qui traverse le canal, et par des voies ferrées anciennement destinées au centre de tri. L’accessibilité piétonne et cycliste est entravée par ces infrastructures automobiles et ferroviaires dont les abords s’opposent à toute traversée. De plus, cette zone est très mal desservie par les transports en commun. La plus proche station de métro se trouve à quinze minutes à pied et peu de lignes de bus traversent les environs. Le territoire que nous étudierons est celui repris par le plan particulier d’urbanisme du quartier du Griffintown, secteur Peel-Wellington datant d’avril 2008. La parcelle est délimitée par le canal au sud, la rue du Séminaire à l’ouest, la rue Ottawa au nord et les voies ferrées puis l’autoroute Bonaventure. Le secteur entier comprend une surface d’environ 225 000 m2.

4.2.2 Contexte urbain Le tissu urbain du bassin est intimement lié au canal de Lachine et à son exploitation industrielle. Terre agricole au le début du 19ème siècle, l’aménagement du canal de 1819 80


4. Le havre de MontrĂŠal

32. Territoire du Secteur Peel-Wellington

33. Territoire du Secteur Peel-Wellington

81


4. Le havre de Montréal à 182684 a nettement changé l’affectation de ce territoire. D’abord composé d’usines d’électricité hydraulique puis d’industries et du chemin de fer, le bassin a accueilli l’immigration ouvrière irlandaise. Manufactures, entrepôts et habitations modestes ont formé le premier tissu urbain du secteur, et ce de manière croissante jusqu’au milieu du 20ème siècle, période de l’apogée industrielle de Montréal, pendant laquelle le quartier accueillera jusqu’à 30 000 habitants. Le déclin des industries à partir des années 60, la fermeture et le remblaiement du canal ont vidé progressivement le quartier de ses industries envoyant la population vers d’autres quartiers. Depuis l’année 1975, la ville de Montréal et le gouvernement fédéral ont investi plus de 100 millions de dollars85 pour l’avenir du havre tout entier. La revitalisation du canal par l’excavation de ses écluses, et du bassin Peel ainsi que sa réouverture en furent les premières étapes. Aujourd’hui le quartier est principalement composé d’anciens bâtiments industriels dont certains sont reconnus comme patrimoine remarquable. La densité de la parcelle étudiée n’est pas élevée, on remarque beaucoup d’espaces vides qui font office à l’heure actuelle de parking pour voitures.

4.2.3 Grandes orientations du programme particulier d’urbanisme Comme dans le chapitre précédent nous commenterons et analyserons chacun de six objectifs du programme particulier d’urbanisme (p.p.u.) au regard des projets analysés.

84.  Programme particulier d’urbanisme, Griffintown secteur Peel-Wellington, avril 2008, Ville de Montréal, p. 9 85.  Programme particulier d’urbanisme, Griffintown secteur Peel-Wellington, avril 2008, Ville de Montréal, p. 10

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4. Le havre de Montréal Les six objectifs principaux développés par le programme particulier d’urbanisme sont : « Assurer la vitalité et l’animation du secteur par la création d’un milieu de vie offrant une mixité de fonctions ; mettre en valeur le caractère patrimonial et l’identité culturelle du secteur; mettre en valeur le canal de Lachine et les abords du bassin Peel; retisser les liens avec les secteurs limitrophes; améliorer les conditions d’accessibilité et les déplacements internes du secteur ; et enfin assurer l’exemplarité de la mise en valeur du secteur en matière de développement durable86 ». Ces six objectifs s’inscrivent dans le cadre de planification du Plan d’urbanisme de Montréal qui a prévu trois orientations : « Préserver le caractère et l’échelle urbaine associés au passé industriel du secteur; intensifier et diversifier les activités en privilégiant la cohabitation des activités économiques et résidentielles; renforcer la vocation récréotouristique des abords du bassin Peel et la vocation nautique du canal de Lachine en misant sur la proximité du Vieux-Montréal, du Vieux-Port et du Centre des affaires87 ». 4.2.3.1 Assurer la vitalité et l’animation du secteur par la création d’un milieu de vie offrant une mixité de fonctions88 Le secteur Peel-Wellington est pour l’instant un quartier monofonctionnel et très peu habité. Cet objectif est, à mon sens, celui qui est au cœur du projet. Il prévoit comment redonner vie, si tant est qu’elle ait disparu, au secteur PeelWellington. Revitaliser ce quartier passe, selon le programme particulier d’urbanisme, par l’accroissement de la densité du secteur, mais aussi par une diversification des activités qui 86.  Programme particulier d’urbanisme, Griffintown secteur Peel-Wellington, avril 2008, Ville de Montréal, p. 11 87.  Programme particulier d’urbanisme, Griffintown secteur Peel-Wellington, avril 2008, Ville de Montréal, p. 11 88.  Programme particulier d’urbanisme, Griffintown secteur Peel-Wellington, avril 2008, Ville de Montréal, p. 8

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4. Le havre de Montréal seront nouvellement implantées. Ces nouveaux équipements, composés de différents services, d’espaces verts et de commerces, permettront d’établir une population résidante diversifiée et bénéficieront aux quartiers environnants. C’est dans cette dynamique que la densité, le taux d’implantation ainsi que les hauteurs de bâtis ont été redéfinis par le p.p.u. 4.2.3.2 Mettre en valeur le caractère patrimonial et l’identité culturelle du secteur89 L’identité du secteur Peel-Wellington est principalement associée à son passé industriel et à la présence du canal de Lachine. La volonté du programme particulier d’urbanisme est de considérer cette identité comme une : « richesse devant servir de fondement au redéveloppement du secteur 90». Le projet proposé devra s’inscrire dans la même dynamique que d’autres projets réalisés précédemment sur le secteur du havre comme la cité multimédia, la rue McGill ou les abords du canal de Lachine qui ont gardé un souci d’intégration des éléments patrimoniaux intéressants. Depuis quelque temps l’identité du secteur est liée au domaine des arts et de la culture. Les immeubles désaffectés ont été une aubaine pour les artistes qui les ont utilisés comme lieux de création et de diffusion et en ont occupés certains dans la formule d’atelier-résidence. Cette réappropriation des artistes est la seule animation que le quartier ait connue ces dernières années. L’intégration des bâtiments dont le patrimoine est remarquable obligera les différents projets à s’adapter au contexte historique.

89.  Programme particulier d’urbanisme, Griffintown secteur Peel-Wellington, avril 2008, Ville de Montréal, p. 10 90.  Programme particulier d’urbanisme, Griffintown secteur Peel-Wellington, avril 2008, Ville de Montréal, p. 10

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4. Le havre de Montréal 4.2.3.3 Mettre en valeur le canal de Lachine et les abords du bassin Peel91 Le canal de Lachine a été, comme nous l’avons vu cidessus, le creuset de la révolution industrielle de Montréal, mais aussi de l’ensemble du Canada. Redonner ses lettres de noblesse à un lieu désaffecté qui a tant servi par le passé paraît légitime, mais aussi très rentable. Pour ce faire, la volonté est de favoriser une production architecturale « de qualité exceptionnelle »92 sur les berges et les abords du canal. Les berges seront aussi rouvertes au public grâce à la maximisation des accès piétonniers et cyclables par la création de nouveaux points d’accès conçus en tenant compte du plan d’implantation des futurs bâtiments et par l’implantation d’espaces riverains (restauration, mise en valeur et interprétation). Le canal de Lachine constitue pour la municipalité montréalaise un potentiel d’équipement récréotouristique majeur93 pour le secteur Peel-Wellington, pour le havre et pour la ville tout entière aussi. Le bassin Peel, composé de deux anciens « bassins à farines »94 accueillera lui l’implantation d’un équipement culturel ou touristique majeur. L’agence Parcs Canada95 envisage la reconstruction des cinq entrepôts historiquement présents sur le bassin ainsi qu’une marina d’escale, des commerces et des services. 91.  Programme particulier d’urbanisme, Griffintown secteur Peel-Wellington, avril 2008, Ville de Montréal, p.12 92.  Programme particulier d’urbanisme, Griffintown secteur Peel-Wellington, avril 2008, Ville de Montréal, p. 17 93.  Programme particulier d’urbanisme, Griffintown secteur Peel-Wellington, avril 2008, Ville de Montréal, p. 16 94.  Programme particulier d’urbanisme, Griffintown secteur Peel-Wellington, avril 2008, Ville de Montréal, p. 16 95.  l’actuel responsable du lieu historique national du Canal-de-Lachine

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4. Le havre de Montréal 4.2.3.4 Retisser les liens avec les secteurs limitrophes96 Le secteur Peel-Wellington est composé principalement d’industries tandis que ses abords directs sont composés essentiellement de logements. L’aménagement des deux infrastructures de transport que sont les voies ferroviaires et l’autoroute Bonaventure ont fini de scinder et d’enclaver le secteur monofonctionnel Peel-Wellington sur lui-même. Le programme particulier d’urbanisme a l’ambition de reconnecter le quartier avec ses quartiers limitrophes. Pour ce faire plusieurs interventions sont envisagées. Le rôle stratégique de la rue Peel, artère qui relie le Mont-Royal et le canal Lachine, va être confirmé notamment par l’implantation d’une ligne de tramway qui relira le Vieux-Montréal au centre-ville. La rue Wellington sera elle aussi confirmée dans son rôle stratégique et historique en étant traitée comme porte d’entrée du secteur Peel-Wellington. L’impact physique du viaduc ferroviaire et de l’autoroute Bonaventure sera atténué par la mise en valeur de la qualité architecturale du viaduc et par l’organisation d’activités d’animations à ses abords. En ce qui concerne l’autoroute Bonaventure, le projet du secteur PeelWellington s’inscrit dans le projet de réaménagement de l’autoroute Bonaventure proposé par la Société du Havre. Enfin les axes visuels et les perspectives entre le centre-ville et le canal Lachine seront mis en valeur. 4.2.3.5 Améliorer les conditions d’accessibilité et les déplacements internes du secteur97 Comme vu précédemment, l’accessibilité à la parcelle étudiée est surtout d’échelle régionale et non locale. La po96.  Programme particulier d’urbanisme, Griffintown secteur Peel-Wellington, avril 2008, Ville de Montréal, p. 18 97.  Programme particulier d’urbanisme, Griffintown secteur Peel-Wellington, avril 2008, Ville de Montréal, p. 20

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4. Le havre de Montréal sition géographique et la présence de l’autoroute Bonaventure font du secteur Peel-Wellington une des portes d’entrée de la ville depuis la Rive-Sud. Cela est plus problématique qu’avantageux puisque déjà à l’heure actuelle il y a quotidiennement d’importantes congestions de circulation aux heures de pointe. C’est bien entendu inhérent au fait que Montréal soit une île, mais avec le développement du secteur Peel-Wellington la situation risque d’empirer. Pour résoudre le manque d’accessibilité piétonne ou cycliste, un plan de gestion des déplacements et des circulations sera établi ce qui permettra de maximiser et d’optimiser les modes de transport alternatifs, mais aussi de diminuer la dépendance à l’automobile. Dans cette dynamique des pistes cyclables seront créées et raccordées au réseau cyclable de la ville. À cela s’ajouteront l’amélioration de la desserte en transport collectif de la parcelle et l’aménagement d’un tramway (transport collectif aujourd’hui disparu sur l’île-de-Montréal). 4.2.3.6 Assurer l’exemplarité de la mise en valeur du secteur en matière de développement durable98 Cet objectif est peut-être le plus compliqué à mettre en place au vu des fonctions industrielles lourdes qui ont été longtemps présentes (près de 150 ans) et ensuite laissées à l’abandon. La gestion des sols pollués est donc d’importance et surtout de longue haleine. Les prescriptions du programme particulier d’urbanisme promeuvent l’utilisation de matériaux durables et de fabrications locales, mais aussi le recyclage des futurs matériaux de démolition. La verdurisation de la parcelle au maximum est aussi vivement souhaitée pour réduire les effets d’îlots de chaleur et la réalisation de toitures-terrasses ou de toitures vertes est encouragée. L’aménagement du tramway participera aussi à promouvoir l’usage de moyens 98.  Programme particulier d’urbanisme, Griffintown secteur Peel-Wellington, avril 2008, Ville de Montréal, p. 23

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4. Le havre de Montréal de transport alternatifs à l’automobile. Les projets immobiliers d’initiatives privées sont encouragés à atteindre des certifications environnementales ; l’aménagement public est encouragé à favoriser l’économie énergétique et les performances écologiques ; une meilleure gestion de l’eau de pluie est envisagée... En bref c’est donc à tous les niveaux d’intervention et à toutes les étapes de création que le développement durable doit être intégré.

4.3 Projets Après avoir étudié le secteur Peel-Wellington, de ses origines historiques jusqu’à son état actuel, nous envisagerons son futur concret sur base des objectifs énoncés ci-dessus. À l’heure actuelle, un programme particulier d’urbanisme a donc été émis par la ville de Montréal qui trace le cadre des interventions futures sur le secteur ainsi que les grands objectifs structurants et la direction générale voulue dans ce territoire. Le secteur Peel-Wellington subit à l’heure actuelle de très fortes pressions immobilières et quatre promoteurs sont actuellement à pied d’œuvre pour concrétiser leurs projets respectifs. L’ampleur de ces projets est unique dans l’univers montréalais puisqu’il est question de concrétiser vingt-trois projets immobiliers de grande envergure qui cumulés totalisent la création, entre autres, de 6500 logements dans le seul quartier de Griffintown. Deux de ces macros-projets seront réalisés sur le territoire du secteur Peel-Wellington tandis que les deux autres sont limitrophes à la parcelle. Nous allons aborder chacun de ces quatre macro-projets et juger de leur pertinence au vu des objectifs prescrits par la ville. Dans un premier temps, rappelons que le secteur Peel-Wellington n’est originellement composé que d’une quinzaine de rues et d’une densité faible voir très faible au regard du reste 88


4. Le havre de Montréal de la ville. Rappelons également que le programme particulier d’urbanisme a promulgué une règlementation en matière de densité d’occupation, de taux d’implantation, et de hauteur de bâti. Le coefficient d’occupation du sol (C .O.S.99) doit être au minimum de 3 et au maximum de 10,5 sur la parcelle et le taux d’implantation de 35 à 100 % pour une hauteur de bâti minimale de 9 m et maximale de 25 m. Enfin rappelons aussi que l’investissement de la ville, pour ce qui peut être considéré comme une simple remise en état des voiries et des parcs, a été de 95 millions de dollars canadiens. La ville de Montréal a aussi concrétisé sa vision du havre en général et donc de la parcelle ciblée en particulier. Toujours dans le format d’objectifs et de lignes directrices pour les projets futurs, certaines images ont été produites pour orienter les projets. Malheureusement, ces images sont beaucoup trop vagues ce qui a eu pour effet que les promoteurs immobiliers se sont écartés parfois fortement de ce qui était voulu par la ville. En préambule il convient de montrer dans quel cadre urbain les futurs projets s’inscrivent. Comme le montre cette carte, 90 % de l’ancien tissu urbain sera démoli. Ce qui est curieux au vu de l’importance affichée dans le programme particulier d’urbanisme pour le passé historique de la parcelle l’objectif de «mettre en valeur le caractère patrimonial et l’identité culturelle du secteur ». De plus si la volonté de la Société du havre était de planifier les projets immobiliers, des réserves peuvent être émises tant il est difficile de connaître quels projets seront construits dans le havre, mais surtout tant ces macros-projets n’ont aucun rapport entre eux. De plus, les projets ne sont, selon moi, pas très pertinents tant leur écriture est similaire à 99. Il détermine la surface totale des planchers - épaisseurs des murs non comprises - autorisée en fonction de la surface du terrain

89


4. Le havre de Montréal ce qui se fait dans le reste de la ville.

34. Programme de démolition

35. Densité de construction et taux d’implantation

90


4. Le havre de MontrĂŠal

36. Parcs et places publiques

37. Hauteurs de construction

91


4. Le havre de Montréal 4.3.1 Griffin District Le projet District Griffin va construire plus de 1500 loge100 ments qui seront échelonnés sur quatre phases. Chacune de celles-ci se trouve sur la parcelle du secteur Peel-Wellington. Le projet comporte à l’heure actuelle outre l’implantation des différents immeubles de logement, l’aménagement de trois parcs urbains, et d’une dizaine de lieux de services (un hôtel, une épicerie, une pharmacie, et sept restaurants). La phase 1 est coincée entre la rue Wellington et les voies ferrées qui traversent toutes les deux le canal. Pourtant le traitement architectural des bâtiments paraît des plus classiques, avec un rez-de-chaussée dédié aux services. L’ampleur de ce projet a été beaucoup plus vaste avant 2008 puisqu’il concernait l’ensemble du secteur Peel-Wellington et était alors appelé projet Griffintown. Suite à des ennuis économiques, les ambitions ont été revues à la baisse pour arriver à ce projet-ci. On peut remarquer que la phase 1 est celle qui a le plus d’ambition et qui aura le plus d’ampleur sur l’ensemble du macroprojet. Cela se vérifie par les hauteurs de gabarits (jusqu’à 20 étages pour la phase 1, 14 étages pour la phase 2 et 18 étages pour les phases 3 et 4101). La phase 1 concerne l’aménagement de la parcelle la plus grande du projet, celle qui fait face au bassin Peel. Cette première étape constituera donc une partie de la nouvelle façade du canal de Lachine. C’est elle aussi qui accueillera la majeure partie des différents services proposés (sept sur les dix prévus actuellement) au niveau du rez-de-chaussée qui justement constituera un nouveau grand centre commercial pour tout le quartier et les environs. Comme vu précédemment et également exprimée par 100. districtgriffin.com/ 101. districtgriffin.com/

92


4. Le havre de Montréal

38. Perspective 3D de l’ensemble du projet

39. Plan d’implantation

93


4. Le havre de Montréal diverses associations de riverains, de sérieuses inquiétudes existent à propos de l’accessibilité automobile déjà problématique qui risque d’empirer par la création de ce nouveau pôle attractif. De ce projet il n’y a malheureusement pas grand-chose à rajouter. Architecturalement le projet est dans l’air du temps que ce soit dans le traitement de façade qui se veut ludique dans le choix des matériaux ou dans le jeu des décalages dans le bâtiment. Néanmoins nous restons dans une écriture de projet de tour de logement des plus classique et d’un rezde-chaussée presque continu proposant des services. Je ne résiste pas à vous soumettre quelques plans d’appartement du projet dont l’aménagement semble peu travaillé. Tout cela est bien dommage pour un projet essentiellement de logements qui a été construit sur une parcelle rendue complètement vierge par l’expropriation et par la démolition de tout ce qui y existait auparavant.

4.3.2 Projet Bonaventure Ce projet est donc celui qui traite de l’épineuse question de l’autoroute Bonaventure qui fait quasi tout le pourtour du territoire du havre de Montréal. Nous avons établi précédemment que cette autoroute était un des facteurs limitant du futur redéveloppement du havre. Son réaménagement est donc d’importance. Comme pour le secteur Peel-Wellington ou pour le territoire du havre entier, la société du Havre et la ville de Montréal on publié leur vision conjointe du futur aménagement de l’autoroute. La synthèse des études du projet de réaménagement de l’autoroute Bonaventure est très vaste , mais comprend les abords du secteur Peel-Wellington. L’autoroute Bonaventure ne fait pas directement partie du secteur Peel-Wellington, mais lui est limitrophe sur son côté 94


4. Le havre de Montréal

40. Secteurs traversés par l’autoroute Bonaventure

41. Territoire du projet

42. Plan d’implantation

95


4. Le havre de Montréal est. Le principal objectif du projet est de rabaisser l’autoroute qui est actuellement élevée en viaduc pour pouvoir traverser le canal de Lachine. Ce projet de transformation de l’autoroute en un grand boulevard urbain a subi beaucoup de versions différentes ces dernières années (presque une version par année). L’aménagement du futur boulevard urbain permettra de redévelopper ses abords directs avec plus de facilité qu’actuellement avec la présence du viaduc. Plusieurs inquiétudes sont nées, l’une d’elles prend pour exemple le boulevard Léopold II reliant le centre-ville de Bruxelles à la Basilique de Koekelberg. Ce tronçon de la petite ceinture bien qu’il ait accueilli un viaduc de trois bandes pour l’Expo 58 ensuite remplacé par un tunnel de quatre bandes, reste à l’heure actuelle un boulevard très fréquenté, souvent congestionné et difficile à traverser. Suivant cet exemple je ne pense pas que le simple rabaissement de l’autoroute suffira à rendre une accessibilité piétonne ou cycliste au secteur Peel-Wellington comme le programme particulier d’urbanisme le prévoit.

43. Perspective 3D imaginée par la Société du havre de Montréal

96


4. Le havre de Montréal

44. Vue actuelle du viaduc depuis les berges du canal Lachine

45. Perspective 3D imaginée par la Société du havre de Montréal

97


4. Le havre de Montréal

D-1 952

RUE DU SÉMINAIRE / ST.

pi²/sq

88,4 m²

Pavillon des ventes / Sales Centre 1040 Wellington, Montréal, Qc, H3C 2G4 T / 514 914-4743 districtgriffin.com

ÉTAGES / FLOORS 10-14

________COUR INTÉRIEURE

N

ÉTAGES / FLOORS 10, 12, 14 Condos 1004, 1204, 1404

#1004,1104,1204, 1304,1404

Chambre / Bedroom 18'-3'' x 9'-9'' 11'-7 x 8'-10'' Séjour et salle à manger / Living room and dining area 18'-10'' x 11'-3'' Cuisine et entrée / Kitchen and entrance 8'-2'' x 18'-2'' Salle de bain / bathroom 9'-10'' x 6'-0'' 6'-7'' x 5'-6'' Balcon / Balcony 11'-3'' x 4'-10'' 10'-5' x 5'-0''

________COUR INTÉRIEURE

ÉTAGES / FLOORS 11, 13 Condos 1104, 1304

Terrasse / Terrace N/A

Ce plan d'étage est fourni à titre informatif seulement. Pour consulter les plans détaillés des étages mentionnées ci-joint et obtenir les spécifications techniques réelles des étages et/ou des unités, veuillez vous référer à la brochure Distric Griffin 02, rue du Séminaire. / This floor plan is provided for information purposes only. For detailed plans of the floors outlined above and to obtain the technical specifications of the various floors unit, please refer to the brochure

Distric Griffin 02, Séminaire St.

DISTRIC GRIFFIN 02 / TYPE D-1 / 08-05-12 Les dimensions et superficies sont approximatives et sujettes à des modifications sans préavis. La superficie et l'emplacement des terrasses peuvent varier d'un étage à l'autre. Le mobilier montré l'est à titre indicatif seulement. La superficie brute est calculée en incluant la moitié des murs mitoyens, le mur extérieur et le mur du corridor. / Dimensions and areas are approximate and are subjet to change without notice. Areas and locations of the terrasses may vary from level to level. The furniture is shown as an example only. The gross area indicated includes half the common walls, the exterior wall and the corridor wall

46. Exemple d’aménagement d’appartement

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1 cour INTÉRIEURE

B9

3

489

0

2

3 1 2 5 10

3 1

2

4 28.09.2012

4

PRELIMINARY PLANS SUBJECT TO MODIFICATIONS. THE UNIT AREA EXCLUDES THE BALCONY AND/OR TERRACES. THE AREAS ARE APPROXIMATE AND ARE SUBJECT TO VARIATION.

2

PLANS PRÉLIMINAIRES SUJETS À CHANGEMENTS. LA SUPERFICIE BRUTE DES LOGEMENTS N'INCLUT PAS CELLE DES BALCONS ET/OU TERRASSES. LA SUPERFICIE ET LA DIMENSION DES PLANS DE VENTE SONT APPROXIMATIVES ET PEUVENT VARIER.

rue OTTAWA

4. Le havre de Montréal

rue ANN

UNITÉS - UNITS 906, 1006, 1106, 1206, 1406, 1506, 1606, 1706, 1806

rue SHANNON 15 pi 15 ft

5

4

5

47. Exemple d’aménagement d’appartement

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4. Le havre de Montréal 4.3.3 Les bassins du havre Ce projet concerne comme le projet Bonaventure une parcelle directement limitrophe à l’ouest de la parcelle étudiée. Le projet envisage la création de 1800 unités de logements102 réparties en quatre îlots programmés sur 2 à 4 phases. Les deux premiers îlots, appelés quais, seront livrés en automne 2013 pour le quai n°1 et en automne 2014 pour le quai n°2. Plusieurs points sont intéressants dans ce macro-projet : le premier est, comme nous pouvons le constater sur ce plan, que le projet joue le jeu du canal de Lachine en intégrant la composante eau. De plus, le projet des bassins du havre est le seul que nous avons abordé qui affiche des préoccupations environnementales. Par une gestion de l’eau (bassins alimentés par l’eau de pluie bio filtrée puis redirigée vers le canal de Lachine, toitures végétalisées et réduction de la consommation d’eau potable par les appareils sanitaires), une favorisation des transports alternatifs (accès aux pistes cyclables et parcours piétonniers environnants, mise en place de parkings à vélos intérieurs et extérieurs et stationnements équipés de branchements pour voitures électriques), une diminution de la consommation énergétique (isolation des bâtiments supérieure à la norme, luminaires économes en énergie, mise en place de panneaux solaires, appareils mécaniques et électriques à haute performance énergétique) et un souci d’avoir la plus faible empreinte écologique (choix de matériaux de construction de fabrication régionale, à contenu recyclé et préfabriqué, utilisation de bois de construction, triage et recyclage des déchets de construction, immeuble de conception durable et reconstitution du tracé des anciens bassins). La qualité architecturale n’est pas extraordinaire, car elle se cantonne à l’agencement de rectangles de logement dont le 102. lesbassins.ca/

100


4. Le havre de Montréal traitement est dans l’air du temps. Par contre le fait d’incorporer l’élément eau dans le cœur du projet et d’avoir tenu compte des préoccupations environnementales dote ce projet de beaucoup de qualités. Le fait de rester dans des gabarits relativement bas (huit étages) montre aussi le souci d’intégration dans le contexte ancien du projet.

48. Perspectives 3D

49. Plan d’implantation

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4. Le havre de Montréal 4.3.4 Lowney sur ville Ce projet situé entre les rues Ann, Shannon et Ottawa envisage de construire 500 logements répartis dans deux tours de vingt étages et deux tours de huit étages103. Ce projet est planifié en plusieurs phases et pour le moment seule la première est en construction. Ce projet qui est donc implanté dans le territoire Peel-Wellington, fait partie d’un plus grand projet immobilier appelé le Lowney situé deux rues plus au nord-ouest104. Ce dernier sera fini lorsque sa dernière phase, la onzième, sera livrée en été de cette année. La première phase de la partie du projet située dans le secteur Peel-Wellington sera livrée en automne 2014 et verra la première tour de vingt étages contenant 176 condos être construite. Ce projet est de moins grande ampleur que les projets précédemment abordés en terme de surface exploitée. Cependant par ses vingt étages, son impact sur le secteur est considérable. Ce projet propose d’avoir une vue imprenable sur la ville depuis le toit aménagé. Bien entendu ce toit ne sera accessible que par les futurs habitants de la tour. Le reste du projet se résume à une tour de logement dont le traitement de façade est plus sobre que les autres projets. Le rez-de-chaussée n’est pour l’instant pas prévu pour une quelconque exploitation commerciale.

103.  lelowney.ca/ 104.  lelowney.ca/

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4. Le havre de MontrĂŠal

50. Perspectives 3D

51. Plan d’implantation

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4. Le havre de Montréal 4.4 Discussion des constats En conclusion, l’analyse des projets au regard des objectifs énoncés par le programme particulier d’urbanisme est préoccupant. Sur les quatre projets étudiés seul un, les bassins du havre, a intégré dans son aménagement plusieurs des objectifs du p.p.u. Ce dernier contenait déjà des contradictions en préconisant de mettre en valeur le patrimoine du secteur Peel-Wellington, tout en autorisant la destruction de plus de 90% des bâtiments présents. Sur les six objectifs du programme particulier d’urbanisme, certains étaient plus faciles à réaliser que d’autres. La volonté de retisser les liens avec les autres quartiers et de revitaliser le secteur par la mixité de fonction, est plus facilement atteinte. En effet il est de plus en plus répandu d’aménager le rez-de-chaussée des tours de logement par des fonctions commerciales pour n’englober actuellement que de l’habitat et du secteur tertiaire. Par contre l’objectif de revitaliser le secteur a peut-être trop bien abouti, ce qui a pour conséquence de concentrer pour l’instant 6500 logements dans la quinzaine de rues que compte le secteur Peel-Wellington. L’amélioration des conditions d’accessibilité et des déplacements internes du secteur n’est pas un objectif difficile à remplir tant la situation d’origine était critique. La réelle difficulté de cet objectif était le traitement des deux éléments les plus contraignants de la parcelle : l’autoroute Bonaventure et les voies ferrées. Malheureusement les voies ferrées non pas été traitées pour l’instant et l’autoroute sur viaduc s’est transformée en boulevard urbain sans résoudre le problème de fracture en terme d’accessibilité. Nous pouvons même noter que l’affluence future de ce nouveau quartier aggravera presque assurément une circulation automobile déjà critique.

104


4. Le havre de Montréal La mise en valeur du canal de Lachine, des abords du bassin Peel et l’exemplarité dans le domaine du développement durable n’ont clairement pas été la priorité de trois des quatre projets étudiés. Si nous nous concentrons sur les deux projets en liens directs avec le canal, à savoir les bassins Peel et la phase 1 de Griffin district, nous remarquons que le seul qui ait intégré le canal dans le projet est le projet des bassins Peel. Griffin district s’est contenté d’imaginer une nouvelle façade pour le canal quand le projet des bassins du havre l’a complètement intégré dans son aménagement. Pour ce qui est du développement durable, seul les bassins du havre sont le résultat d’une démarche écologique comme nous l’avons vu ci-avant.

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CONCLUSION


5. Conclusion La nature des deux projets que nous avons abordés est unique dans le paysage urbain montréalais. Ces projets ont non seulement apporté à Montréal une autre façon de percevoir l’espace urbain, inspiré par une vision européenne, mais ont aussi permis d’endiguer quelque peu la création de nouveaux centres satellites dû à l’expansion urbaine. Le projet de réaménagement du Quartier des Spectacles se distingue du reste du tissu urbain sur au moins trois points : l’attention apportée au traitement des différents éléments de voiries en vue de créer une identité singulière pour le quartier ; le fait de mettre enfin le piéton au centre du projet par le recalibrage des différentes voiries et le traitement de tous les espaces résiduels; et enfin l’incorporation du ludique dans le projet avec la création d’une fontaine dynamique et l’installation d’interventions artistiques éphémères. Le projet du havre de Montréal se particularise par la volonté de reconnecter Montréal avec son fleuve et de réaménager le territoire historique de la fondation de la ville. Ce dernier projet possède un énorme potentiel de développement qui pourra impacter l’ensemble de la ville. Nous avons voulu étudier l’urbanisme culturel via le projet du Quartier des Spectacles et la nouvelle architecture dans le secteur de Peel-Wellington ainsi que la cohérence entre la réalisation de ces deux projets et les objectifs établis par la ville de Montréal dans les programmes particuliers d’urbanisme. Dans le cadre du projet de réaménagement du Quartier des Spectacles, nous avons pu voir que le plan directeur d’aménagement a rempli tous ses objectifs en proposant un espace récréatif et festif de qualité dans le centre-ville. Les retombées espérées dans le plan particulier d’urbanisme ne sont, par contre, pas toutes au rendez-vous : le développement urbain a fait oublier définitivement le contexte historique du quartier 108


5. Conclusion mais a su créé une nouvelle identité séduisante, les retombées culturelles sont bien meilleures lors des festivals qu’en salle tout au long de l’année, l’introduction du ludique sur la Place des Festivals est une grande réussite, le développement durable n’a pas été traité en profondeur et les retombées économiques espérées paraissent se concrétiser par l’affluence festivalière et la plus-value apportée au quartier. L’étude des quatre projets du secteur Peel-Wellington a permis de soulever un manque de cohérence entre leur réalisation et le programme particulier d’urbanisme (P.P.U.) émis par la ville de Montréal. Des six objectifs seuls deux (retisser les liens avec les quartiers limitrophes et revitaliser le secteur) ont été communs aux quatre projets, les quatre autres (la mise en valeur du canal de Lachine, le développement durable, le patrimoine et l’amélioration des conditions d’accessibilités) n’ont malheureusement pas été leurs priorités. Le projet des bassins du havre est le seul à prendre en compte dans son plan d’aménagement l’ensemble des objectifs et plus particulièrement le développement durable. De plus, le traitement des réelles difficultés du secteur Peel-Wellington que sont les grandes infrastructures de transports a été évité ce qui handicape l’avenir de l’ensemble du secteur. Enfin, au cours de notre étude, nous nous sommes également rendu compte que la politique immobilière montréalaise se résume à un éternel retour à la feuille blanche. La parcelle traitée est systématiquement nettoyée de fond en comble par des bulldozers pour accueillir une nouvelle construction, qui bien souvent fait fi de son environnement. Cela se remarque d’autant plus quand le territoire envisagé est de grande ampleur. Les deux projets que nous avons abordés traitent de territoires fort défavorisés qui ont subi une totale requalification urbaine. Que ce soit pour le projet de réaménagement du Quartier des Spectacles ou pour le projet de havre de Mon109


5. Conclusion tréal, le quartier traité s’était vu, avant intervention, dépossédé de son identité première et de sa cohérence de lieu de vie intégrée dans son tissu urbain. Par les projets que nous avons abordé, nous avons pu observé par endroit les prémices d’une nouvelle façon d’envisager l’architecture et l’urbanisme, plus globale, plus participative et tenant compte du développement durable qui nous l’espérons perdurera et dotera Montréal de nouveaux espaces urbain de qualité.

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BIBLIOGRAPHIE


6. Bibliographie 6.1 Ouvrages • Nancy DUNTON, Helen MALKIN, « Guide de l’architecture contemporaine de Montréal », Presses de l’Université de Montréal, 2008 • Anne GAUTHIER, « L’histoire par l’architecture : les éléments d’architecture classique à Montréal », édition du Méridien, 1987 • « Montréal la créative », Héliotrope, 2011 • Luc d’IBERVILLE-MOREAU, « Montréal perdu », Quinze, 1977 • Alain HUSTAK et Johanne NORCHET, « Montréal, then and now », Thunder Bay PRESS, 2006 • « Montréal en tête », (magasine), Ulysse, 2008 • Yves MARCOUX et Jacques PHARAND, « Montréal, les lumières de ma ville », les éditions de l’homme, 1999 • Yvan MASSE et Raynald MURPHY, « Carnets du VieuxMontréal », les heures bleues, 2011 • « Montréal Métropole », éditions aux yeux du monde, 2000 • Louise LARIVIERE et Jean-Endes SCHURR , « Je suis Montréal », les éditions de l’homme, 2004 • Pauline DESJARDINS, « Le Vieux-port de Montréal », les éditions de l’homme, 2007 • Maxime LEFIN, « Réflexions sur Montréal », Broquet, 2009 • « Parcours littéraire d’une architecture gagnante, prix d’excellence en architecture », Ordre des Architectes du Québec, 2011 • Alejandro BAHAMON et Ana CANIZARES, « Banque une architecture corporative », l’inédite, 2007 • Maria Alessandra SEGANTINI, « L’habitat contemporain », Skira, 2008 • Philippe TRETIACK , « Faut-il pendre les architectes ? », édition du Seuil, 2001 • Thierry PAQUOT, « La folie des hauteurs. Pourquoi s’obstiner à construire des tours ? », Bourin éditeur, 2008 114


6. Bibliographie • Martin DROUIN, « Le combat du patrimoine à Montréal, 1973-2003 », Presses de l’Université du Québec, 2005 • « Montreal », Phaidon, 2008 • Sophie THIEBAUT, « Le quartier Griffintown réincarné », Projet Montréal, Mémoire présenté à l’Office de Consultation Publique de Montréal, février 2012

6.2 Articles • Damien ROUSSELIERE et Marie J.BAUCHARD, « Cité créative et économie sociale culturelle : étude de cas de Montréal », 2010 • Hélène HAYOT, « Susciter la créativité et gérer l’innovation », 2004 • Louise SEGUIN DULUDE et Fernand AMESSE, « L’activité inventive des Canadiens », 1984 • Maurice LAGUEUX , « Economics and Architecture », 1991 • Pierre-Mathieu Le BEL, « Patrimoine vécu et choc des mémoires urbaines dans le Redlight de Montréal », 2012 • Josianne POIRIER, « La perception des artistes montréalais du Quartier des spectacles », 8e Colloque de la Relève VRM, INRS-UCS, Montréal, 2011

6.3 Dossiers • Plan Particulier d’Urbanisme : Quartier des Spectacles, secteur Place des Arts, 2007 • Projet de réaménagement du Quartier des Spectacles : premier rapport d’avant-projet, Juin 2009 • Rapport annuel de la Société de la Place des Arts de Montréal saison 2006-2007 • Rapport annuel de la Société de la Place des Arts de Montréal saison 2007-2008 • Rapport annuel de la Société de la Place des Arts de Montréal saison 2008-2009 115


6. Bibliographie • Rapport annuel de la Société de la Place des Arts de Montréal saison 2009-2010 • Rapport annuel de la Société de la Place des Arts de Montréal saison 2010-2011 • Rapport annuel de la Société de la Place des Arts de Montréal saison 2011-2012 • Mémoire du partenariat du Quartier des Spectacles sur les quartiers culturels, Partenariat du Quartier des Spectacles, 2011 • Programme particulier d’urbanisme, Griffintown secteur Peel-Wellington, Ville de Montréal, avril 2008 • Un grand montréal attractif et durable, Communauté métropolitaine de Montréal, Plan métropolitain d’aménagement et de dévellopement, avril 2012 • L’autoroute Bonaventure : Vision 2025, synthèse des études du projet de réaménagement, la Société du havre de Montréal, octobre 2005 • Mémoire du Comité pour le Sain Redéveloppement de Griffintown sur le règlement modifiant le plan d’urbanisme de la ville de Montréal -secteur Peel-Wellington, 2008 • Mémoire du Regroupement économique et social du SudOuest sur le plan d’urbanisme de la ville de Montréal -secteur Peel-Wellington, 2008 • Projet de programme particulier d’urbanisme - secteur Griffintown, Ville de Montréal, octobre 2012 • Présentation du projet Griffintown (Montréal 2025), Daniel Arbour et Associés, Martin + Marcotte architectes, 2008 • Office de Consultation Publique de Montréal, Projet de réaménagement de l’autoroute Bonaventure (Avant-projet détaillé – phase 1) : Rapport de consultation publique, mars 2010 • Le havre de Montréal : vision 2025, la ville et son fleuve une proposition pour l’avenir, la Société du havre de Montréal, 2004 • Le havre de Montréal : rapport final et recommandations, 116


6. Bibliographie

• • • •

la ville et son fleuve-plan d’intervention, la Société du havre de Montréal, avril 2006 Le havre de Montréal : l’état des lieux, la ville et son fleuve – analyse du territoire et enjeux d’aménagement, la Société du havre de Montréal, 2004 Plan d’action 2007-2017, Montréal métropole culturelle, 2007 Plan quinquennal de développement 2010-2015, Montréal métropole du 21ème siècle, le CRé de Montréal Rapport de la situation économique 2012 dans l’agglomération de Montréal, Ville de Montréal, octobre 2012

6.4 Contenu internet (dernière consultation : 29 mai 2013) • • • • • • • • • • • • • • • • • • • •

credemontreal.qc.ca/ montrealcreative.org/ montreal2025.com/ ville.montreal.qc.ca/ havremontreal.qc.ca/ sdemontreal.com/ actiondesign.info/ montrealmetropoleculturelle.org/ missiondesign.org/ pda.qc.ca/ statcan.gc.ca/ heritagemontreal.org/fr/ aeromontreal.ca/ culturemontreal.ca/ mtlunescodesign.com/ ceic.gouv.qc.ca/ plannord.gouv.qc.ca/ daoustlestage.com/ disttrictgriffin.com/ projetbonaventure.ca/ 117


6. Bibliographie • lesbassins.ca/ • lelowney.ca/

6.5 Presse • Marie-eve SHAFFER , « Montréal se prépare à 2017 », Métro, 20 octobre 2010 • Brian MYLES , « Guérir Montréal d’ici à 2017 », Le Devoir, 11 décembre 2012 • Isabelle PARE, « Architecture-Quel Montréal pour demain ? », Le Devoir, 21 avril 2010 • Isabelle PARE, « Quand les Métropoles nous rendent malades », Le Devoir, 5 mai 2012 • Jeanne CORRIVEAU, « Réaménagement de l’autoroute Bonaventure-début des consultations le 24 novembre », Le Devoir, 10 novembre 2009 • Jeanne CORRIVEAU, « La Société du havre sera démantelée en avril », Le Devoir, 25 janvier 2013 • Jeanne CORRIVEAU, « La Ville doit reprendre en main Griffintown », Le Devoir, 1 mai 2012 • Guy TURCOT, « Montréal, ville verte … pour qui ? », Le Devoir, 10 mai 2013 • Normand THERIAULT, « Et les gratte-ciels surgissent », Le Devoir, 20 avril 2013 • Emilie CORRIVEAU, « Plan d’action 2007-2017-Cinq ans après … », Le Devoir, 25 février 2012 • Marco FORTIER, « Un nouveau quartier pour les riches ou pour tout le monde ? », Le Devoir, 29 mai 2013 • Jean-Claude POITRAS, « Il manque un symbole architectural emblématique », La Presse, 30 avril 2012 • Maxime BERGERON, « Vivre dans le quartier des Spectacles », La Presse, 12 juin 2012 • Maxime BERGERON, « Bassins du havre : 650 millions investis à Griffintown », La Presse, 15 juin 2011 • Maxime BERGERON, « Autre Investissement de 261 mil118


6. Bibliographie lions dans Griffintown », La Presse, 26 août 2011 • Stéphanie VALLET, « Quartier des Spectacles : bouffée de culture en plein air », La Presse, 26 août 2011 • Karim BENESSAIEH, « Quartier des Spectacles : la Ville tend l’oreille », La Presse, 12 novembre 2011 • Karim BENESSAIEH, « Quartier des Spectacles : des poubelles à 2400 $ », La Presse, 20 août 2012 • Nathalie COLLARD, « Qaurtier des Spectacles : va-t-on trop vite ? », La Presse, 15 février 2009 • Bruno BISSON, « Quartier Bonaventure : le projet révisé suscite des inquiétudes », La Presse, 12 août 2010 • Bruno BISSON, « Autoroute Bonaventure : le réalisme du projet remis en cause », La Presse, 25 janvier 2010 • Eric CLEMENT, « Nouveau projet d’habitation : les Bassins du Nouveau Havre », La Presse, 12 novembre 2008

6.6 Conférences, expos, colloques et entretiens • 5e Biennale internationale Toronto/Montréal/Lille, thème « Lumières de la ville » au Cœur des sciences • 3e édition du séminaire international : Brillante Cité au Cœur des sciences • Conférence « C pour Consultation » au CCA. Conférenciers : Dinu BUMBARU, Marie-Odile TREPANIER, Dimitri ROUSSOPOULOS, Nancy NEAMTAN, Michel GARIEPY. • Exposition : « ABC : MTL Archicontre » au CCA • Conférence : « Tom Balaban : Passé composé/Present Perfect », au pavillon de la faculté de l’aménagement • Conférence : « Montréal, un patrimoine à préserver » au centre d’art de Montréal, Conférenciers : Dinu BUMBARU, Christina CAMERON, Naomi LANE, Alex NORRIS. • Conférence : Le café des architectes n°3 saison 2 : « Quand l’état construit : comment bonifier la commande publique ? ». Conférenciers : Michel LANGUEDOC, Clément DEMERS, Maxime-Alexis FRAPPIER, Joël THIBERT. 119


6. Bibliographie • Visite guidée du secteur de la place des Arts du quartier des Spectacles par un des membres du bureau d’architecture Daoust Lestage

6.7 Références iconographiques N° Source

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1. Google maps...................................................................................... 15 2. Bing maps.......................................................................................... 15 3. ville.montreal.qc.ca/........................................................................... 17 4. Google street view.............................................................................. 25 5. cityhdwallpapers.com/....................................................................... 25 6. de-westlander.nl/................................................................................ 27 7. instagram.com/visit_montreal#........................................................... 27 8. Google maps...................................................................................... 41 9. Plan Particulier d’Urbanisme : Quartier des Spectacles, secteur Place des Arts, 2007, p. 23................................................... 41 10. Pierre-Mathieu Le BEL, « Patrimoine vécu et choc des mémoires urbaines dans le Redlight de Montréal », 2012, p. 9....................... 45 11. Projet de réaménagement du Quartier des Spectacles : premier rapport d’avant-projet, Juin 2009, p. 8............................................. 47 12. Projet de réaménagement du Quartier des Spectacles : premier rapport d’avant-projet, Juin 2009, p. 6............................................. 47 13. equiparc.com/.................................................................................. 47 14. Études de cas en montage et gestion de projets d’aménagement, le quartier des Spectacles-secteur place des Arts, Thomas GERARDIN, 2010, p. 3..................................................................... 51 15. daoustlestage.com/.......................................................................... 51 16. Plan Particulier d’Urbanisme : Quartier des Spectacles, secteur Place des Arts, 2007, p. 24................................................. 51 17. Projet de réaménagement du Quartier des Spectacles : premier rapport d’avant-projet, Juin 2009, p. 11........................................... 53 18. Projet de réaménagement du Quartier des Spectacles : premier rapport d’avant-projet, Juin 2009, p. 12........................................... 55 19. Plan Particulier d’Urbanisme : Quartier des Spectacles, secteur Place des Arts, 2007, p. 28................................................. 55 20. Projet de réaménagement du Quartier des Spectacles : premier rapport d’avant-projet, Juin 2009, p. 14........................................... 57

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6. Bibliographie N° Source

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21. Projet de réaménagement du Quartier des Spectacles : premier rapport d’avant-projet, Juin 2009, p. 15........................................... 57 22. Plan Particulier d’Urbanisme : Quartier des Spectacles, secteur Place des Arts, 2007, p. 29................................................. 57 23. Projet de réaménagement du Quartier des Spectacles : premier rapport d’avant-projet, Juin 2009, p. 17........................................... 59 24. conseils.xpair.com............................................................................ 63 25. Plan Particulier d’Urbanisme : Quartier des Spectacles, secteur Place des Arts, 2007, p. 44................................................. 66 26. ville.montreal.qc.ca/......................................................................... 67 27. ville.montreal.qc.ca/......................................................................... 67 28. Le havre de Montréal : l’état des lieux, la ville et son fleuve – analyse du territoire et enjeux d’aménagement, la Société du havre de Montréal, 2004, p. 30 ....................................................... 73 29. pmad.ca/.......................................................................................... 73 30. Le havre de Montréal : l’état des lieux, la ville et son fleuve – analyse du territoire et enjeux d’aménagement, la Société du havre de Montréal, 2004, p. 31........................................................ 74 31. Le havre de Montréal : l’état des lieux, la ville et son fleuve – analyse du territoire et enjeux d’aménagement, la Société du havre de Montréal, 2004, p. 14........................................................ 78 32. Programme particulier d’urbanisme, Griffintown secteur Peel-Wellington, Ville de Montréal, avril 2008, p. 3.......................... 81 33. Présentation du projet Griffintown (Montréal 2025), Daniel Arbour et Associés, Martin + Marcotte architectes, 2008, p. 3....... 81 34. Programme particulier d’urbanisme, Griffintown secteur Peel-Wellington, Ville de Montréal, avril 2008,p. 47......................... 90 35. Programme particulier d’urbanisme, Griffintown secteur Peel-Wellington, Ville de Montréal, avril 2008, p. 37........................ 90 36. Programme particulier d’urbanisme, Griffintown secteur Peel-Wellington, Ville de Montréal, avril 2008, p. 31........................ 91 37. Programme particulier d’urbanisme, Griffintown secteur Peel-Wellington, Ville de Montréal, avril 2008, p. 38........................ 91 38. disttrictgriffin.com/............................................................................ 93 39. disttrictgriffin.com/............................................................................ 93 40. L’autoroute Bonaventure : Vision 2025, synthèse des études du projet de réaménagement, la Société du havre de Montréal,

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6. Bibliographie N° Source

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octobre 2005, p. 2............................................................................ 95 41. havremontreal.qc.ca/....................................................................... 95 42. havremontreal.qc.ca/....................................................................... 95 43. Le havre de Montréal : rapport final et recommandations, la ville et son fleuve-plan d’intervention, la Société du havre de Montréal, avril 2006, p. 24................................................................................ 96 44. Le havre de Montréal : rapport final et recommandations, la ville et son fleuve-plan d’intervention, la Société du havre de Montréal, avril 2006, p. 22................................................................................ 97 45. Le havre de Montréal : rapport final et recommandations, la ville et son fleuve-plan d’intervention, la Société du havre de Montréal, avril 2006, p. 22................................................................................ 97 46. disttrictgriffin.com/............................................................................ 98 47. lelowney.ca/...................................................................................... 99 48. lesbassins.ca/................................................................................ 101 49. lesbassins.ca/................................................................................ 101 50. lelowney.ca/.................................................................................... 103 51. lelowney.ca/.................................................................................... 103

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