AVRIL 2015
Le sanctuaire des Annapurnas Récit de notre trek au Népal
Ce trek s'est déroulé du 12 au 30 avril 2015. Le 25 avril, jour du tremblement de terre, nous étions à Ghandruk. Nous avons eu la chance de ne pas être dans un lieu dangereux : gorges étroites avec avalanche de pierres, bord de moraine, avalanches de séracs, de neige tombée en abondance les deux jours précédents en altitude. Un grand merci à notre guide, Him Lal, pour avoir rapidement su réorganiser la fin du séjour dans ces conditions difficiles.
17/11/2015
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Le Sanctuaire des Annapurnas
JOURNAL TREK SANCTUAIRE DES ANNAPURNAS...
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JOUR 1 : PARIS vers KATHMANDU, via NEW DELHI (12 avril) .................................................................4 JOUR 2 : arrivée à KATHMANDU puis BHAKTAPUR (13 avril) ..................................................................5 JOUR 3 : BHAKTAPUR - POKHARA (14 avril : nouvel An hindou 2072, naissance de Shiva) ........9 JOUR 4 : POKHARA - NAYAPUL - TIKHEDHUNGGA (15 avril)................................................................. 13 JOUR 5 : TIKHEDHUNGGA - GHOREPANI (16 avril) .................................................................................... 15 JOUR 6 : GHOREPANI - TADAPANI (17 avril) ................................................................................................. 18 JOUR 7 : TADAPANI - CHHOMRONG (18 avril) .............................................................................................. 22 JOUR 8 : CHHOMRONG - DOBHAN (19 avril).................................................................................................. 30 JOUR 9 : DOBHAN - DEURALI (20 avril) ........................................................................................................... 39 JOUR 10 : DEURALI - MACHHAPUCHHRE BASE CAMP (21 avril).......................................................... 44 JOUR 11 : MACHHAPUCHHRE BASE CAMP - ANNAPURNA BASE CAMP 4130 m - HIMALAYA (22 avril) ........................................................................................................................................................................ 51 JOUR 12 : HIMALAYA -SINUVA (23 avril) ........................................................................................................ 60 JOUR 13 : SINUWA - JHINUDANDA (24 avril)................................................................................................. 65 JOUR 14 : JHINUDANDA - GHANDRUK, D. DAY de l’earthquake (25 avril) ........................................ 72 JOUR 15 : GHANDRUK - NAYAPUL - POKHARA (26 avril) ........................................................................ 84 JOUR 16 et 17 : POKHARA (27 et 28 avril) ...................................................................................................... 89 JOUR 18 : Retour sur KATMANDU - BHAKTAPUR (29 avril) ................................................................... 98 JOUR 19 : KATMANDU - NEW DEHLI - PARIS (30 avril) ......................................................................... 104 En conclusion
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Annexe 1 : itinéraire suivi
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Annexe 2 : notre guide Him Lal et nos porteurs
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Annexe 3 : permis de randonner dans le Conservatoire des Annapurnas
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Annexe 4 : quelques animaux rencontrés … ou rêvés !
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Annexe 5 : quelques plantes de la moyenne montagne himalayenne
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Le Machhapuchhre, notre montagne mythique
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JOURNAL TREK SANCTUAIRE DES ANNAPURNAS
Départ Montpellier 12/04/2015
Retour Montpellier 30/04/2015
Le projet de trek « Sanctuaire des Annapurnas » a pris jour en 2014 par des échanges entre Francis, Christiane d’une part et Him Lal guide népalais d’autre part. Him Lal a réalisé plusieurs treks avec des équipes françaises dont Francis et Christiane ont déjà fait partie. La venue de Him Lal en France, à Teyran en juillet 2014, nous a donné l’occasion de faire sa connaissance et, ce jour-là, de réaliser avec lui une randonnée sur les bords du Causse du Larzac, au-dessus du Pas de l’Escalette. A ce groupe se sont ajoutés par la suite : Jean-Pierre, Philippe et enfin Michel. Divers échanges de messagerie ont permis de fixer les dates : du 12 au 30 avril 2015, soit 19 jours de séjour pour 12 jours de marche effective et 7 jours de voyage et visites, plus une marge de sécurité. Participants au trek : Armand Boyat, Jean-Pierre Dicque, Philippe Domien, Michel Ferrier, Christiane Gareil, Yvan Morel et Francis Viala, sous la conduite d’Him Lal Poudel et de son adjoint Passang et des porteurs, Ganesh, Tikharam, …
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JOUR 1 : PARIS vers KATHMANDU, via NEW DELHI (12 avril) Le groupe se retrouve à l’aéroport de Roissy dans l’après-midi, sauf Michel qui s’étant trompé de date à la réservation, se trouve à Kathmandu depuis 2 jours ! L’avenir démontrera que son erreur fut, pour lui, une excellente opportunité de réaliser des visites initialement prévues en fin de séjour, devenues totalement impossibles par la suite. Enregistrement sans problème, seul l’un d’entre nous, Philippe, a bien lu les conditions d’enregistrement, il a fait le nécessaire et ne se trouve donc pas contraint à faire la queue ! Vol lui aussi sans problème avec un service soigné ; seule difficulté : celle de dormir dans l’avion. Escale à New Dehli, aéroport bien agencé avec salons confortables, voitures électriques dans les couloirs, boutiques modernes et … 3 h 20 d’attente. Nous passons tous les contrôles de police ; bien qu’en transit, Armand se fait prendre son briquet au contrôle, briquet passé inaperçu à Roissy ! Yvan, parti un peu sous-équipé, car il a prévu de compléter son équipement sur place au Népal, oublie une casquette dans le premier avion, un gilet dans le second avion et … même pas vrai dit-il !
Arrivée sur Kathmandu.
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JOUR 2 : arrivée à KATHMANDU puis BHAKTAPUR (13 avril)
Arrivée à Kathmandu à 13 h locale, aucun problème pour la récupération des bagages, tous sont bien au rendez-vous. Nous retrouvons Him Lal à la sortie de l’aéroport avec des transporteurs et des taxis. En signe de bienvenue, nous recevons chacun un collier de fleurs orange, des œillets d'Inde. Merci Him Lal pour cet accueil chaleureux ! Sur le parking de l’aéroport premier concert de klaxons, bien représentatif de ceux qui suivront dans la traversée de Kathmandu. Pollution atmosphérique importante au-dessus de la ville, qui amène un certain nombre d’habitants à porter des masques, masques pratiquement sans aucune efficacité comme Philippe aimerait bien leur expliquer, mais il y aurait de quoi faire ! Him Lal nous accompagne à notre hôtel à Bhaktapur, ville de la banlieue de Kathmandu, moins polluée, avec un centre historique ancien remarquable jouxtant l’hôtel. Le trajet nous permet d’avoir un aperçu de Kathmandu avec sa circulation (à gauche) anarchique, des voitures et des motos dans tous les sens, signalant leur présence et leur volonté de passer, tourner, doubler … avec force coups de klaxon.
Les lignes électriques et téléphoniques aériennes sont hallucinantes, chaque poteau est un véritable sapin de Noël avec guirlandes, mais sans lumière ! Le spectacle des ordures jonchant certaines rues est lui aussi impressionnant. Comme les voitures particulières ne sont pas monnaie courante, même dans la capitale, beaucoup de personnes se déplacent à pied.
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Dans la salle de réception de l’hôtel, autour d’un rafraîchissement, nous entreprenons de régler le montant du séjour à Him Lal, d’effectuer du change (euros contre roupies), de recevoir les premières consignes … et finalement de prendre possession de nos chambres. Un peu plus tard, nous retrouvons Michel. Il a visité seul Kathmandu et Bhaktapur pendant 2 jours. Il est particulièrement content de son périple et de tout ce qu’il a pu voir.
Certains entreprennent de visiter le centre ancien de Bhaktapur, mais c’est payant, il faut donc ruser pour y pénétrer et faire connaissance des ruelles tortueuses serpentant entre des immeubles, véritables coupe-gorge, mais les népalais ne semblent pas particulièrement agressifs ! Pour le repas du soir, nous allons dans un restaurant du centre ancien où nous découvrons le spectaculaire service des plats de viande à la népalaise. 6
Beaucoup, beaucoup de monde dans les rues, car nous sommes Ă la veille du Nouvel An hindou.
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JOUR 3 : BHAKTAPUR - POKHARA (14 avril : nouvel An hindou 2072, naissance de Shiva) Lever à 5 heures ce jour-là, pour pouvoir prendre le bus de tourisme partant de Kathmandu vers Pokhara à 7 heures. Ce matin nous sommes tous réveillés très tôt car encore peu habitués aux bruits de la ville et aux cris des oiseaux du matin forts bruyants et pas tous très agréables (corneilles en particulier). Nous découvrons au fur et à mesure les petits métiers de la rue et la notion élastique du temps, adaptée à l’individu. On peut faire attendre une demi-heure un bus plein, pour prendre un passager en retard. Peu après le départ, le bus entreprend de faire la queue pendant trois quarts d’heure le long d'une rue commerçante, sans que l'on sache pourquoi ! Il semble qu'il s'agissait d'attendre un autre passager. Après un petit quart d’heure de voyage, dans la descente du premier col après Kathmandu, arrêt d’une demi-heure pour accident : un minibus a percuté de face un camion, une passagère blessée à la tête et saignant au front est évacuée à 3 sur une moto : le chauffeur, la personne blessée et un accompagnateur qui lui tient la tête !
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Voyage éprouvant par les conditions de conduite, mais beau par les paysages tout au long de la vallée qui suit une rivière coulant souvent en torrent et où le raft est pratiqué. Nous croisons un petit défilé de femmes en tenue locale et portant un petit vase de fleurs sur la tête, à l’occasion du Nouvel An.
Après un repas dans un petit restaurant au bord de la route (découverte des premiers momos, des spaghettis à la mode népalaise), arrivée à Pokhara en début d’après-midi, sur un vaste parking terreux et caillouteux, encombré de bus et de taxis. Des fourgonnettes nous emmènent à notre hôtel, dans un quartier plutôt huppé, mais dont la route d’accès, en cours de réfection, est digne d’une piste de haute montagne ! L’hôtel est propre et se veut même sans doute de luxe, mais comme dans beaucoup de lieux d’hébergement, il est parfois difficile de comprendre et de faire fonctionner le réseau électrique (interrupteurs, éclairage, prises …).
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La fin de l’après-midi est consacrée au shopping pour ceux qui veulent compléter leur équipement (Yvan, Christiane, Francis), puis à une balade au bord du lac et dans la rue principale touristique avec sa foultitude de petits magasins de souvenirs, de gadgets, d’équipement de trek ... Nous découvrons une ville agréable, où l’on rencontre dans la rue plus de touristes que de Népalais et où se mélangent les trekkeurs avec quelques soixante-huitard attardés type routards et autres babacools.
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Bien qu’entre l’aller et le retour nous passerons plus de 4 jours à Pokhara, nous ne verrons jamais que très furtivement quelques sommets des massifs du Dhaulagiri et des Annapurnas, sur un fond de brume et de nuages, à partir du toit de notre hôtel.
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JOUR 4 : POKHARA - NAYAPUL - TIKHEDHUNGGA (15 avril) Premier vrai jour de trek, pour cela nous nous rendons à Nayapul en minibus, point de départ de la marche. Ce petit voyage permet de voir le lac de Pokhara et la vallée qui le suit, dont la formation est semble-t-il due à la libération par rupture d'un barrage naturel, d'une importante et ancienne accumulation d'eau et de sédiments, sur la rivière Modi Khola, entrainant des alluvions qui ont rendues cette plaine fertile. L'arrivée à Nayapul est folklorique, ambiance montagne avec les trekkeurs, les porteurs qui se répartissent les sacs et de nombreuses boutiques pour les derniers achats. La rue principale de Nayapul est bien à l’image de la plupart de celles de beaucoup de villes : défoncée, défigurée par les boutiques, encombrée, sale … mais très vivante.
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Le trajet commence par une première passerelle et le chemin monte doucement jusqu'au premier lodge où nous mangeons. Him Lal fait ses premières tentatives de pêche à la truite, accompagné des petits gamins du coin qui nagent dans la rivière, pas très chaude. Il a manifestement sa canne à pêche réservée dans un coin du lodge et ne rate jamais une occasion de l’utiliser, mais de toute évidence, le succès n’est pas toujours au rendezvous ! Arrivée tranquille à Tikhedhungga en fin d'après-midi. C’est notre premier lodge sympathique, multinational, avec ses groupes « ethniques » : hollandaises sympathiques, américaines qui nous surprennent par leur look (cheveux bleus) et leur procédé de désinfection de l'eau (rayons ultraviolets portatifs) et avec qui nous commençons à lier connaissance le soir, à la fin du repas.
Dans ce lodge, comme dans tous les autres, nous y trouvons les mêmes structures sur plusieurs étages : des coursives desservant les chambres à 2 ou 4 lits, le cabinet de toilette (le plus souvent à la turque), la douche (souvent unique) au fonctionnement parfois capricieux, le séchage du linge. Le lavabo, souvent unique lui aussi, est en extérieur dans la cour. La salle collective est destinée à la restauration, aux rencontres, aux discussions, aux parties de cartes et autres activités … Pour certains d’entre nous, visite de l’école dans le haut du village, reconnaissance du départ de l’itinéraire du lendemain, itinéraire qui commence par un beau pont suspendu.
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JOUR 5 : TIKHEDHUNGGA - GHOREPANI (16 avril) Les premières paroles de Christiane avant le petit déjeuner sont pour dire que le violent bruit entendu la veille au soir ne peut être dû qu’à la chute de Jean-Pierre, entendue dans tout le bâtiment, sur le coup de 10 heures du soir. Et bien non, c’est son coturne, Armand, qui se retournant très rapidement pour attraper son téléphone qui sonnait, avec l’élan et grâce à la matière synthétique et glissante du sac, s’est retrouvé très rapidement chutant de tout son long sur le plancher de la chambre … Pas discrète la chute !
Suite au passage de la passerelle suspendue commence la véritable montée vers les massifs : 1350 mètres de dénivelé et 3360 marches ce jour-là. Un vrai calvaire pour ceux qui n’aiment pas les marches ! On en entendra parler pendant quelques jours car ce ne sont pas les dernières. Malgré tout et globalement, le groupe monte bien. Yvan qui manque un peu d’entrainement souffle un peu, mais c’est le métier qui rentre !
La montée du matin a été rude et une pause thé est la bienvenue auprès d’une petite maison qui, bien placée sur l’itinéraire, profite du passage des randonneurs. Après avoir donné un cours sur les 15
modalités de décontraction musculaire à ses compagnons, Philippe tente de donner un cours de prise de vue photographique aux enfants. Ces derniers sont particulièrement réceptifs à la leçon !
Fort bien positionnée par rapport à notre programme, la pluie est arrivée pendant le repas de midi, alors que nous nous restaurions avec l’un de nos nombreux « dal bat », le plat traditionnel népalais. Nous avons attendu une accalmie pour repartir et finir notre dernière volée de marches de la journée.
Ghorepani est un petit village situé sur un col assez ouvert qui aurait dû nous offrir une superbe vue sur le Dhaulagiri et l’Annapurna sud. Seul l’Annapurna sud est visible, mais pas trop longtemps. Les nuages du soir ne l’ayant pas permis, nous fondons nos espoirs sur la journée du lendemain. 16
Plusieurs avions se dirigeant vers Jonsson (point de départ vers le Mustang et le tour des Annapurnas) passent au ras des maisons. Petit lodge, peu de chambres, mais cheminée en fonctionnement fort appréciée ce soir-là.
Par contraste et avec la fatigue du jour, les chambres sont glaciales, car nous sommes tout de même à plus de 3000 m. Les épaisses couvertures de lit sont les bienvenues ! Même dans ces conditions, Christiane et Yvan trouvent le moyen de se doucher à l’eau froide !
Première partie de belote après le repas, première alcoolisation sérieuse avec bières pour certains, suivie d'alcool de riz avec du rhum et du miel, chaud, excellent, mais trompeur ... Certains se demanderont, le lendemain matin, pourquoi avoir mis le casque à pointes pendant la nuit !
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JOUR 6 : GHOREPANI - TADAPANI (17 avril) La visibilité à 5h du matin est mauvaise, la montée sur Poon Hill belvédère merveilleux sur les massifs du Dhaulagiri et des Annapurnas, à l'aube, est annulée par Him Lal. Un couple de Japonais logeant à coté de notre chambre, monté à Poon Hill, nous dira avoir vu le Dhaulagiri à travers les éclaircies : vérité ou chinoiserie ? Toujours est-il que nous n'aurons plus l'occasion de voir le Dhaulagiri pendant tout le voyage.
Le matin, Philippe souffre de maux de tête et accuse l'altitude. Avec Michel ils décident donc de commencer à prendre le Diamox (médicament contre le mal aigu des montagnes) à petites doses. Mais réflexion faite, l’alcool de la veille était sans doute plus en cause que l'altitude !
En quittant Ghorepani et à travers une forêt de rhododendrons au départ, nous montons à 3200 m pour atteindre la passe de Deurali (3090m). Nous y retrouvons plusieurs autres randonneurs, car c’est un lieu de passage important et très pratiqué.
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Le temps est maussade, parfois pluvieux et il faut au moins sortir les capes de sacs ... et les autres !
Vue plongeante vers la vallée par laquelle nous étions montés la veille. La pente est raide ! Ensuite très longue descente vers Tadapani, au moins 800 m de dénivelé, à travers une belle forêt de grands arbres où nous apercevrons le premier singe langur (singe à la face environnée de poils blancs dont le vrai nom est entelle ou semnopithèque). Nous enchainons les gorges, les cascades, par des marches rendues glissantes par la pluie et la boue. 19
Cette descente fut hallucinante pour Philippe, au bord de l’abandon, les 2 genoux étant extrêmement douloureux, mais il a finalement choisi de poursuivre … en doublant la dose d'antiinflammatoires ! Le repas de midi pris dans un lodge, comme la veille, à l'abri de la pluie. Photos d'enfants et de la jeune patronne, épouse d'un guide ami de Him Lal et par ailleurs fort belle.
Arrivée à Tapadani à la suite d’une rude montée et sous un ciel plus que chargé. Le lodge est, ici encore, situé sur un petit col. La pièce à vivre, positionnée comme une tour au point haut et largement ouverte sur le paysage par ses baies, est équipée d’un poêle allumé qui diffuse une agréable chaleur.
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Parties de belote entrecoupées de batailles pour l'accès aux prises destinées à la recharge des batteries de téléphones et autres Smartphones et où Jean Pierre s’est avéré fort bon pour contenir une jeune Canadienne. Déjà Armand, en bon major de la compagnie lutte pour que Michel et Philippe rasent leurs barbes de bobos branchés. Mais sans trop de succès ! Solide petit déjeuner en plein air le lendemain matin, avant d'attaquer l'étape suivante.
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JOUR 7 : TADAPANI - CHHOMRONG (18 avril)
Peu avant l’arrivée au lodge de Chuile nous croisons de très près un petit groupe de buffles. Ces animaux au port de tête très particulier (dû au poids des cornes qui ramène la tête vers l’arrière ?) ont toujours un petit air supérieur, voire narquois donc assez peu sympathique !
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Le lodge de Chuile installé en bordure d’une vaste cour herbeuse très plate, dominant la vallée de la Kimrong Khola, a été repeint d’un rose violent qui contraste avec le vert des moyennes montagnes, sous un soleil resplendissant.
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De ce lodge, il faut descendre pour traverser la rivière Kimrong Khola sur une longue passerelle, impressionnante mais bien sécurisée.
A ses côtés, l'ancienne passerelle, eut donné quelques sueurs froide à certains d'entre nous, si nous avions été obligés d’y passer !
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Repas au lodge de Kimrongkholagaon.
Him Lal en profite pour vérifier l’état de grossesse d’une jeune brésilienne très chargée !
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Montée en direction de Taulung sous un ciel qui se couvre et devient presque menaçant.
Puis descente en escalier impressionnante sur Chhomrong et son gîte perché dans le haut du village.
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Chhomrong est un village agricole bien exposé avec ses terrasses cultivées, très étalées en hauteur, sur la pente du versant.
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Le lodge est propre, vaste et confortable avec des douches plus nombreuses qu’habituellement et cleans.
La journée a été calme pour les articulations ! Le soir nous retrouvons l'américaine aux cheveux bleus lors de l'apéritif, Michel et Philippe poursuivent leurs investigations pour connaitre ses motivations. Ils sont surpris lorsqu’elle leur annonce qu'elle ne poursuivra pas le trek avec son amie, qu'elle se demande ce qu'elle fait là et que pour être heureuse, elle préfère faire du tricot chez elle avec son chat sur les genoux ! Elle avait semble-t-il peu de motivation pour le trek ! En fin de soirée vision furtive du Machhapuchhre la montagne si typique du massif des Annapurnas dont la légende raconte que c’est un saumon géant qui a sauté et qui est retombé sur la tête. Cette dernière est restée plantée dans la montagne et c’est la raison pour laquelle on ne voit plus que la queue bifide de l’animal. De désespoir, ses yeux pleurent maintenant et abondent la rivière Modi Khola !
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JOUR 8 : CHHOMRONG - DOBHAN (19 avril) La journée s’annonce superbe avec un soleil radieux et dans un ciel sans nuage, ce qui permettra des points de vue sur le Machhapuchhre, le massif que nous aurons le plus admiré, mais aussi l’Annapurna sud et le Hiun Chuli (trois sommets dans le même alignement géographique !).
Annapurna sud (7219 m)
Hiun Chuli (6441 m)
Machhapuchhre (6993 m)
Annapurna sud ou Modi Peak ou Moditse 30
Le début de l’itinéraire de la journée commence par une très longue descente sur des escaliers « confortables » car restaurés très récemment et de belle facture.
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Ils mènent à une longue passerelle traversant la rivière Chhomrong Khola.
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Là, il aurait été encore plus difficile de contraindre certains à passer sur l'ancienne passerelle !
La remontée sur l'autre côté de la rivière est rude ...
En montant on peut apercevoir tout le chemin déjà parcouru depuis Chhomrong. 33
Puis le chemin permet de s’engager dans la longue vallée, étroite et profonde de la Modi Khola que nous suivrons et qui remonte jusqu’au cirque du Sanctuaire des Annapurnas. Nous entrons de fait dans la zone protégée du Sanctuaire.
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Poursuite de la remontée sur un sentier en balcon très agréable,
mais où cette maman nous donne quelques frissons en laissant son enfant ainsi au bord du vide!
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Le midi, repas dans un lodge à Bamboo où nous revoyons pour la dernière fois le groupe des hollandaises sympathiques, qui randonnent en laissant leurs maris à la maison !
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Nous retrouvons nos porteurs qui soufflent un peu.
Dans le milieu de l’après-midi, arrivée au lodge de Dobhan avec les nuages qui ont remonté la vallée et nous ont rattrapés. Le lodge est lui aussi propre et confortable avec plusieurs douches et toilettes.
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Certains éprouvent le besoin d'assouplir un peu leur musculation. On se demande bien pourquoi !
Du lodge, nous pouvons observer une famille de singes langurs qui circulent et se nourrissent dans les arbres, sur l’autre rive de la rivière Modi Khola. La troupe se trouve à faible distance de nous, mais séparée du lodge par un profond canyon, donc parfaitement protégée des risques d’incursions humaines.
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JOUR 9 : DOBHAN - DEURALI (20 avril) Remontée continue de la vallée de la Modi Khola, mais l’étape du jour est plutôt courte, dans une partie de la vallée très étroite et surmontée d’abrupts particulièrement impressionnants, signes d’une montagne très jeune encore peu érodée.
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Petite pause de 10 heures à Himalaya où nous pouvons admirer le talent d’un fabricant de ces hottes en écorce de bambou extrêmement légères, mais pour autant solides, que nous voyons régulièrement sur les épaules des habitants de ces lieux.
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Nous passons par la grotte de l’Hinku Cave, qui est en fait un énorme rocher tombé des flancs de l’Hiun Chuli et dont le côté plat posé au sol et en partie dégagé, sert de plafond à une forme de grotte. C’est un lieu de pause pour beaucoup de marcheurs.
Plus loin nous traversons notre premier névé avant de parvenir à Deurali, à temps pour le repas de midi !
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Le spectacle des évacuations et les odeurs précédant l’arrivée au lodge ne laissent rien présager de bon sur notre hébergement de ce jour. En effet, Deurali est pour nous le pire des lodges que nous ayons eu à fréquenter : toilettes malodorantes et sales, couchage à 5 par chambre, portes et fenêtres 42
de la salle commune toujours ouvertes malgré le froid et nos récriminations, propriétaire peu accueillante et affalée sur son couchage dans son poste de surveillance à l’entrée du lodge. Manifestement sa seule et unique tâche est d’encaisser les consommations et les hébergements, son mari s’occupant du service et du reste. Elle est pour nous la mère Thénardier !
L'après-midi Michel et Armand vont chercher des pierres dans le ruisseau situé juste avant l’arrivée au lodge. Une détonation violente retentie, Philippe et Christiane restés au lodge, pensent à un avion passant le mur du son, mais regardant par la fenêtre, ils voient un vol de corneilles s'enfuyant à tire d’ailes et surtout d’énormes blocs de pierres dévalant la pente, rebondissant dans un bruit épouvantable, en direction du ruisseau. Philippe pense que Michel et Armand ont vraisemblablement été touchés par les cailloux et se précipite à l’extérieur. Dans la cour, Him lal lui indique qu'il a vu Michel et Armand remonter, passer devant le lodge et se diriger vers la rivière Modi-Khola. Pour lui, gros choc émotionnel, en particulier lorsque les deux « chercheurs de cailloux » réapparaissent un peu plus tard, à la suite de leur expédition dans la rivière, sans avoir, de leur côté, rien vu, ni absolument rien entendu ! L'après-midi se termine par des parties de belote.
Comme à l’accoutumée, le très beau temps du matin n’a pas duré. Nous avons vu les nuages monter progressivement dans la vallée, jusqu’à nous envelopper dans une forme de brouillard glaçant, tout l’après-midi. 43
JOUR 10 : DEURALI - MACHHAPUCHHRE BASE CAMP (21 avril) Nous quittons Deurali sans regret, dernière étape avant la zone de haute montagne qui se manifeste par une disparition progressive de la végétation arbustive. L’itinéraire nous permet aussi, en contournant le Machhapuchhre, d’admirer cette montagne dégagée et élégante sous un autre angle. Elle contraste particulièrement avec les autres sommets du Sanctuaire, plus hauts, mais plutôt lourds et massifs. Au Machhapuchhre Base Camp (MBC) nous verrons une face nord enneigée assez différente de la face sud et dont la forme en queue de poisson est assez saisissante.
La montée vers MBC se fait toujours par une vallée très étroite avec, soit l’évitement, soit la traversée d’avalanches de neige et de rochers. Les sommets qui surplombent sont 3000m plus hauts et la pente est extrême. Peu après Deurali, une avalanche qui s'est produite, est telle qu’un chemin de remplacement a été créé sur la rive gauche de la Modi Khola qu’il faut donc traverser à deux reprises sur de rustiques passerelles métalliques. 44
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Par la suite la pente s’accentue encore à l’approche de Machhapuchhre Base Camp (MCB) et l‘itinéraire quitte l’orientation plein nord pour virer franchement à l’ouest et s’engager dans une vallée beaucoup plus large et plus ouverte, complètement cernée par l’ensemble des sommets entre 6000 et 8000 m.
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MBC est la porte qui ouvre sur le cirque des Annapurnas. Nous y arrivons pour le repas de midi sous un grand soleil. MBC est constitué d’un grand ensemble de lodges assez récents semble-t-il, adossés à la moraine du glacier sud des Annapurnas.
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Comme à l’accoutumée en milieu de journée, les nuages montent de la vallée et envahissent progressivement le cirque.
Après le repas à MBC nous montons en direction de l’Annapurna Base Camp (ABC), sur environ la moitié du chemin, pour reconnaitre l'itinéraire du lendemain et parce que nous avons le temps. 48
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La piste se trouve encore enfouie sous une épaisse couche de neige qui porte bien. Par ailleurs nos très nombreux prédécesseurs l’ont suffisamment tracée et marquée ! Nous en profitons aussi, en nous écartant de la piste et en gravissant la moraine d’aller contempler le spectacle sur son autre versant. De son bord le regard plonge directement et brutalement sur le glacier sud des Annapurnas, il ne s’agit pas de perdre pied, la chute serait rude ! Le glacier est presque recouvert en totalité par des tas de cailloux gris et la glace est peu souvent visible. Le brouillard qui monte de la vallée finit par nous rattraper et nous donne prétexte à redescendre sur MBC. Nous avons vu un petit groupe de pigeons himalayens détectés par Philippe, l’œil aux aguets. Par contre point de Yéti !
Enfin l'émotion était là. Nous sommes entourés par des sommets entre 6 et 8000 m. Demain il faudra se lever tôt pour la montée vers ABC et profiter du beau temps qui est presque toujours présent en début de matinée, mais qui peut se gâter, plus ou moins vite, mais presque toujours en fin de matinée ou début d’après-midi ! Philippe apprend avec plaisir, ce soir-là, qu’il est désigné volontaire « spontané » pour écrire le journal du trek, puisqu’il a pris forces notes tous les jours !
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JOUR 11 : MACHHAPUCHHRE BASE CAMP - ANNAPURNA BASE CAMP 4130 m HIMALAYA (22 avril) Départ le matin vers 6h30. Le jour est levé et le soleil illumine déjà la face est de l’Annapurna Sud et de l’Hiun Chuli. L’air est frais, nous sommes tout de même presque à 4000 m, mais la température est agréable pour cette dernière montée qui s’effectue assez rapidement en 1h 45, dans l’enthousiasme, sur la piste ou sur la neige qui l’environne.
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Rapidement le soleil inonde de clartÊ la piste. La neige recouvrant le chemin est très praticable.
Le paysage est somptueux.
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Nous approchons d'ABC (Annapurna Base Camp) avec en fond de cirque l’Annapurna sud et l’Annapurna I.
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Arrivés au panneau de l’ABC, le spectacle du cirque des sommets du massif sous un ciel encore totalement dégagé, est absolument grandiose, mais nous ne sommes pas seuls !
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Nous sommes tous particulièrement heureux d’être parvenus au but de notre trek et nous nous congratulons devant le paysage. Personne n’oublie de faire des photos. 55
Annapurna I (8091 m), face est
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Nous rejoignons le groupe de lodges qui marque l’ABC, puis nous nous dirigeons vers la moraine qui domine de près de 150 m le glacier et à partir de laquelle la vue est particulièrement dégagée.
Le glacier sud des Annapurnas.
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Le groupe réuni aux lodges, nous prenons le petit déjeuner habituel, à 4130 m face au massif de sommets qui nous entourent et dont Him Lal nous énumère les noms. Malheureusement les nuages en provenance de la vallée arrivent plus vite que d’habitude et s’installent insidieusement dans le paysage gâchant la vue. 58
Nous redescendons très rapidement, presque en courant, vers MBC pour récupérer nos sacs (que nous confions comme d'habitude à nos dévoués porteurs). Nous engageons la descente dans la vallée. Très vite le temps se dégrade et c’est sous la pluie et la grêle, sur un terrain devenu glissant et par petits groupes que nous rejoignons le lodge de Deurali, de mauvaise mémoire, chez la mère Thénardier où nous avons prévu de déjeuner. Il ne fait jamais très chaud dans la salle commune ouverte aux quatre vents, mais le repas nous requinque après cette matinée froide et pluvieuse ! Le repas avalé, nous reprenons la longue descente qui nous mène jusqu’au lodge d’Himalaya, celui où nous avions pris la collation de 10 heures, deux jours plus tôt. La pluie ayant pratiquement cessé, cette partie est plus facile que celle du matin. Les bâtiments des lodges du hameau sont couverts de larges lauzes rectangulaires qui leur donnent bien meilleure allure que les couvertures en tôles bleues très courantes dans ces vallées himalayennes.
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JOUR 12 : HIMALAYA - SINUVA (23 avril) Comme d’habitude le début de matinée est superbe et sous un ciel radieux qui persiste jusqu’à Dobhan.
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Mais les nuages se chargent bien vite de monter de la vallée et sous les orages de pluie et parfois de grêle, nous retrouvons la végétation et les grands arbres. La halte de midi à Bamboo est appréciée car la pluie tombe en abondance et il est préférable d’être à l’abri pour manger ! Poursuite et arrivée à Sinuva d’où la vue est magnifique sur Chhomrong, ses terrasses cultivées, son habitat disséminé sur 400m de dénivelé.
On rencontre des hommes et des femmes affairées aux travaux des champs, des buffles et des vaches. A la campagne, le zébu est partout chez lui !
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Curieusement dans la descente, nous n'avons pas croisé de suites de mules chargées, Philippe se demande si elles ne s'arrêtent pas entre Deurali et Bamboo. Avant le repas, Philippe et Michel sont priés d’examiner (médicalement parlant s’entend !) une jeune dame qui a des difficultés pour marcher.
Dans la salle collective Him Lal pouponne la fille des propriétaires du lieu et Tikaharam commence à nous faire état de son art d’animer les conversations, de ses mains et de sa voix ! 62
Après le repas du soir, les habitants du hameau donnent une petite fête en notre honneur.
Le groupe des musiciens équipés de tambours (hommes) et les chanteuses (dames), assis par terre sont chargés de l’animation.
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Après nous avoir offert un collier de fleurs de rhododendrons, les habitants et surtout Tikaharam nous invitent à venir danser sur la petite « piste » de bal improvisée devant les musiciens et les chanteuses.
Une grande partie de la soirée est égayée par les chants et les répons entre le chœur des femmes et un soliste qui est bien souvent Him Lal lui-même. Les éclats de rires marquent la gentillesse et l’humour des propos, mais malheureusement pour nous, il est difficile d’en comprendre le moindre mot et donc de s’associer aux rires !
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JOUR 13 : SINUWA - JHINUDANDA (24 avril) Au départ de Sinuwa, longue descente jusqu'à la passerelle permettant la traversée de la Chhomrong Khola et dernière vision ensoleillée de l’Annapurna sud et du Hiun Chuli. Him Lal remonte presque jusqu'à Sinuwa, pour rechercher l'appareil photo de Francis, oublié dans le lodge de l’hébergement de la nuit.
Puis c’est la remontée vers le village de Chhomrong, toujours sous le soleil, par le très long escalier, avec ses belles marches régulières, déjà emprunté à l'aller. Cet escalier est bordé d'innombrables terrasses cultivées qui reflètent l’incroyable travail de mise en valeur de ce terroir difficile, très en pente, mais où chaque mètre carré possède une grande valeur agricole. Il faut parfois aussi éviter les caravanes de mules ... et leur chargement ! 65
De Chhomrong, l’itinéraire quitte celui que nous avions pris à l’aller en provenance de Ghorepani, pour descendre longuement en direction de Jhinudanda. Dans la descente, ce sont les chèvres qui sont ici chez elles et daignent à peine se pousser pour nous laisser passer. 66
Le repas de midi est pris au soleil sur la terrasse du lodge de Jhinudanda, mais la fin de celui-ci sera marquée par une petite alerte à la pluie : il faut vite rentrer le linge mis à sécher ! Arrivée de deux coréennes, belles et sérieuses, comme sur des estampes japonaises. C'est vrai qu’elles sont belles... 67
Yvan et Him Lal profitent de la coiffure généreuse d’une népalaise pour se faire une nouvelle tête !
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L'après-midi nous descendons aux bains dans les sources chaudes qui alimentent la Modi Khola et lui font peut-être remonter la température ? Le groupe y reste presque une heure et demie à deviser toujours dans la même piscine que les coréennes surveillées par leur guide, véritable duègne !
Him Lal et Tikaharam en profitent pour tenter de pêcher dans la rivière, mais sans plus de succès que la dernière fois !
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Les arbres qui garnissent le flanc de la vallée entre le village et la rivière sont envahis de superbes orchidées qui tapissent les troncs. Armand en récoltera quelques-unes qu’il ramènera en France dans ses bagages, à l’intérieur d’une bouteille plastique pour ne pas les écraser. De la même manière, des philodendrons majestueux escaladent les troncs et les ornent de leurs superbes feuilles lobées et luisantes. La traversée du village nous permet de découvrir la beauté du site particulièrement propre et soigné, des lodges copieusement fleuris, avec des plantes luxuriantes. L’humidité de la vallée doit y aider grandement.
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Après le repas, grande soirée dansante improvisée par les porteurs, Him Lal et les locaux du lodge. Bière, alcool de riz aidant, nous participons tous à la grande fiesta mémorable. Tout le monde danse, Philippe et Francis avec Tikaharam, Michel sur une table, ambiance bon enfant, les coréennes réservées tout d’abord se déchainent et sont méconnaissables.
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JOUR 14 : JHINUDANDA - GHANDRUK, D. DAY de l’earthquake (25 avril) Le matin, descente de Jhinudanda sous une pluie battante, tout le monde en cape. Arrêt fort apprécié en milieu de matinée dans une ferme pour nous sécher, nous sommes tous mouillés, intérieur et extérieur.
Dans la pièce d’habitation particulièrement propre et bien rangée, le propriétaire des lieux nous laisse nous chauffer et nous sécher au feu à même le sol, avec une extrême gentillesse.
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Grand merci à cet homme qui nous a réchauffé le cœur et le corps !
Puis nous repartons par un cheminement en balcon, sous une pluie atténuée. 73
Passage de la première passerelle suspendue, en bois à l'ancienne, avant de finir par une remontée sans fin vers Ghandruk sur un chemin très herbeux.
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Remontée au milieu des champs en terrasses soigneusement cultivés : blé, haricots, riz, maïs, pommes de terre, bétails, hommes et femmes au travail sous la pluie, courbés vers la terre. Arrivée à Ghandruk par le passage obligé devant des moulins à prières.
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Attaques de sangsues : Philippe en brule une, fixée au bas du mollet d’Armand, à l’aide de son briquet. Au hurlement de l’intéressé, il a eu chaud ( !), la sangsue tombe au sol, elle s’était déjà bien servie sur la bête ! Arrivés au lodge, nous allons nous changer dans les chambres du premier étage, desservies par une coursive en bois, car nous sommes tous trempés.
Philippe ouvre l'infirmerie pour désinfecter et mettre un pansement sur les plaies des sangsues, car ces dernières sécrètent un anticoagulant qui fait saigner longuement le point de morsure.
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Et brutalement tout se met à bouger sur cette terrasse, un miroir ne cesse d’osciller … Nous nous regardons tous les uns les autres, imperturbables. Nous n’avons pas peur car nous ne réalisons pas de quoi il s’agit. Le bâtiment bouge effectivement et pour tenir en équilibre, il faut élargir le polygone de sustentation ! Les animaux se manifestent : hurlements des chiens, beuglement des vaches et des buffles. Nos amis népalais et surtout Him Lal, dans la cour que domine le lodge, nous voyant sans réaction, nous enjoignent de descendre immédiatement, c’est un tremblement de terre … ! Alors nous descendons, à la queue leuleu, après avoir parcouru la galerie qui bouge, par un escalier en bois au milieu de deux murs de pierres. Et puis dehors sur la terrasse en grosses dalles nous attendons la fin de la première secousse (entre 2 et 3 minutes), puis quelques répliques. Michel est en slip au milieu de la cour, mais nous n’avons strictement rien eu à souffrir. Dans les toutes premières minutes ayant suivies le séisme, Michel parvient à joindre son épouse par le téléphone et lui signaler que nous sommes tous sains et saufs. Très vite, elle diffusera la nouvelle aux familles des membres de notre groupe. 77
A posteriori, comment expliquer le caractère inapproprié de notre attitude : le statisme et l'ambiguïté de nos réactions et sensations : chance, bonheur, satisfaction, plaisir d'avoir vécu un évènement unique et improbable dans la vie d'un individu : subir un séisme d'amplitude 7.9 à 70 km de l'épicentre. Ensuite chance de ne pas avoir été dans un lieu plus dangereux : gorges étroites avec avalanches de pierres, bord de moraines, avalanches de séracs, de neige tombée en abondance les 2 jours précédents en altitude ... L'inquiétude semble aussi s'estomper chez les anciennes ... !
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Par la suite, nous tentons, pour ceux qui le pouvaient, de communiquer avec la France, sans grand succès car très rapidement toute communication a été impossible. Nous passons le reste de la journée à visiter le charmant village de Ghandruk, village essentiellement agricole avec des fermes d'allure montagnarde alpine et une cour intérieure entourée de murs, des bâtiments d'habitation et une étable.
Nous rentrons dans un atelier de fabrication de petits tapis, représentant le Machhapuchhre ou un yak, tapis à priori fait sur place dans un atelier de commerce équitable.
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Dans la cour, une vielle dame carde la laine.
Ghandruk est un charmant bourg dont la propreté contraste fortement avec ce que l’on peut constater dans les villes populeuses des plaines. Les maisons sont construites en pierre bien ajustées, tous les toits sont en grandes lauzes, les avant-toits soutenus par des éléments de charpente ouvragés et les fenêtres en bois travaillé, de type moucharabieh.
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Présence d’un peu d’artisanat traditionnel dans le village : vannier, fabricant de chenaux en bois de gros bambou, menuisier … Petit musée local, restaurants, lodges … Dans le village, quelques maisons ont été touchées par le séisme avec des pans de mur écroulés.
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Vannier et fabrication de chenaux en bambous.
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Les enfants ne semblent-pas traumatisés et jouent aux cartes avec acharnement.
La fête du soir avec les porteurs est annulée à cause du séisme. Au moins l’un d’entre eux a sa maison familiale détruite et nous n’avons, à ce moment-là bien évidemment, qu’une vision très limitée de l’ampleur du séisme sur tout le pays. 83
JOUR 15 : GHANDRUK - NAYAPUL - POKHARA (26 avril) La descente de Ghandruk vers Nayapul se fait à flanc de montagne avec la traversée de 2 à 3 villages où nous avons le sentiment de retrouver des éléments de ce que nous qualifions de civilisation, avec les premiers 4x4 et les autobus locaux, mais malheureusement aussi le laisser-aller dans la gestion des détritus. Nous voyons un vautour planer et se poser sur un arbre proche.
Étape essentiellement de descente, donc douloureuse pour les articulations de certains membres du groupe (Philippe, Christiane) et peut-être fatigue aussi ou inattention qui fait chuter Yvan au pied de quelques marches. Par chance, grâce à sa souplesse bien connue, il a raté la boue et la bouse mais se 84
retrouve écorché et saignant ; heureusement, nous avons une sérieuse, copieuse et compétente infirmerie.
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Nous prenons le dernier repas du trek dans un lodge à midi, au bord du chemin à Syauli Bajar. Him Lal tente encore, mais toujours sans succès, sa chance à la pêche à la truite dans la Modi Khola, pendant que se prépare le repas. Le bord de la rivière est garni de pierres aux colorations curieuses marquant le caractère prononcé et la force du plissement himalayen. Nous voyons longuement un couple d’oiseaux très colorés : un jaune et un rouge. Pendant le repas une petite réplique du tremblement de terre se fait sentir : elle est très courte et certains préfèrent sortir du resto ne faisant pas une grande confiance à ses assises ... mais pas nous !
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L’après-midi, traversée de la Modi Khola à Birethanti sur un vaste pont métallique surchargé de drapeaux. C’est la sortie du parc naturel des Annapurnas et pour nous la boucle du trek est complètement achevée.
La remontée sur le village de Nayapul nous parait beaucoup plus longue qu’au départ. Sans doute l’impatience d’arriver à l’ultime terme de notre périple et de retrouver le minibus qui doit nous ramener à Pokhara ? Ce dernier est en lieu et place de celui qui nous avait amené 12 jours plus tôt, comme si de rien n’était ! Pokhara ne semble pas avoir souffert du séisme, pas de destruction visible. En ville, Him Lal règle la réservation de notre retour vers Kathmandu, il estime plus prudent de rester deux jours à Pokhara où notre hébergement est assuré, plutôt que de rester un jour sur Pokhara et un jour sur Kathmandu avant notre départ, l’hébergement étant très difficile sur Kathmandu, avec peu d’eau, peu d’électricité et par ailleurs et pour l’instant, aucun moyen de s’y rendre ! Opération rasage pour Philippe et Michel qui avaient tout d’abord annoncé en début de trek qu’ils ne se raseraient pas avant leur retour en France. Mais craignant ne pas pouvoir être reconnus sur leur passeport, ils avaient par la suite envisagé de se rabattre sur un barbier local en fin de séjour, par exemple à Pokhara. Puis ayant réalisé qu’une telle option était peut-être le plus sûr moyen d’attraper une hépatite, ils décident donc de se raser ! Mais Michel ayant un peu perdu la main, il doit s’y reprendre à deux fois pour parvenir à un rasage acceptable ! 87
Effet du climat himalayen sur la pousse des cheveux ?
En fin de soirée, alors que nous sommes tous couchés, petite secousse nocturne en réplique. Nous sommes presque tous réveillés par les hurlements d’asiatiques évacuants l'immeuble par les escaliers, mais aucun d’entre nous ne bougera de son lit et ne se lèvera ! Nous sommes toujours aussi imperturbables et inconscients face au tremblement de terre. Un certain nombre de touristes et de Népalais couchent dehors sur les pelouses, sous des tentes de fortune, dans la crainte de nouvelles répliques. Pour notre groupe l’inquiétude est forte pour certains de ne pouvoir rentrer en France dans les délais prévus par notre planning et malgré le calme et les assurances données par Him Lal. Il est même envisagé de louer un minibus pour rentrer directement sur New Delhi !
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JOUR 16 et 17 : POKHARA (27 et 28 avril) La journée du 16 avril est consacrée à la visite du musée de la montagne à Pokhara, après une traversée de la ville avec les bus locaux, puis à pied.
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Les multiples boutiques locales bordant les rues ...
… et les vaches, chez elles, sur le trottoir où il peut y avoir un peu d’herbe à manger, ou au milieu de la chaussée ! 90
L’artisanat n’a pas toujours besoin d’un camion !
Et tout le monde est au travail, même pour les tâches nécessitant de la force !
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Une école Montessori …
L’entrée du Musée International de la Montagne de Pokhara ;
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La visite du musée est intéressante, le bâtiment néo moderne est vaste et assez bien conçu, mais l’éclairage a été mal réalisé et il ne met pas suffisamment en valeur les pièces exposées.
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En premier lieu un petit film donne un aperçu de l’ensemble des sommets du Népal, le pays qui dispose du plus grand nombre de plus de 8000 au monde ! Nous y retrouvons en particulier l’historique des grandes expéditions himalayennes du XXème siècle, avec en tout premier lieu la conquête de l’Annapurna, premier 8000 m par les français conduits par Maurice Herzog. Les grands alpinistes sont à l’honneur avec leur tableau de conquêtes et de réalisations, mais nous n’avons pas trouvé citation de l’ascension du Kilimandjaro par les Domien et Ferrier ! Nous regardons avec curiosité les anciens équipements de montagne avec lesquels, néanmoins, ont été vaincus les premiers 8000. Il y a aussi une reconstitution d’un temple bouddhiste. L’ensemble est agréable et distrayant.
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Le repas de midi est pris au restaurant, dans le parc du musĂŠe.
Puis un repos bien mĂŠritĂŠ s'impose.
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Pendant le repas nous constatons l’atterrissage et le décollage d’avions à partir de l’aéroport tout proche du musée. C’est bon signe et cela signifie que l’aéroport de Kathmandu est sans doute lui aussi fonctionnel. Par contre, un contact avec le consulat de France au Népal ne permet pas de faire savoir à ce dernier les noms des membres de notre groupe présents au Népal et bien en vie ! Le soir shopping dans Pokhara.
Le 17 avril, une partie du groupe part, en bus et à pied sous la conduite d’Him Lal, pour visiter les gorges, grottes et chutes d’eau marquant la sortie de la rivière qui alimente le lac de Pokhara. Malheureusement et en raison du tremblement de terre, les grottes ne sont pas ouvertes. Nous poursuivons pour aller voir un peu plus loin la sortie des eaux en pleine campagne.
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L’après-midi, dernier jour de shopping dans Pokhara et repas dans un très beau lieu proche du lac.
Un petit paradis sur terre !
Donc deux jours faciles et agréables dans Pokhara, alors qu’en France les coups de téléphone ne cessent d’affluer auprès de nos familles pour avoir des informations sur notre état et notre situation, les informations données par les médias n’étant pas particulièrement rassurantes !
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JOUR 18 : Retour sur KATHMANDU - BHAKTAPUR (29 avril) Sous une pluie de mousson, nous quittons l’hôtel pour la gare routière. L’autobus part, bien rempli, mais son état donne des inquiétudes : manque total de « reprise » et bruits de transmission au-delà de 40 km/h. Nous mettrons 8 h pour faire le trajet retour entre Pokhara et Bhaktapur.
Le plus impressionnant pour la plupart d’entre nous, fut la vision d’un véritable exode en provenance de la capitale et sans doute des villages environnant Kathmandu. Des autobus et des camions par centaines se dirigeant vers l’Inde, femmes, enfants et bagages entassés à l’intérieur, hommes en grappes accrochés sur la galerie de toit. La plupart étaient soit des travailleurs immigrés indiens, employés des briqueteries ne pouvant plus fonctionner suite aux dégâts provoqués par le tremblement de terre (nous avons pu constater les cheminées brisées des briqueteries de Bhaktapur), soit des Népalais qui rentraient dans leur village, faute de nourriture et d’eau potable en quantité suffisante en ville. La presse indiquera plus tard un véritable marché noir des prix des billets d’autobus qui ont pu être multipliés par 10 ! Cette noria d’autobus dura jusqu’à l’entrée de Katmandu, sur une route sinueuse bordée de pentes très fortes, avec parfois des effondrements de terrain empiétant sur la route. Dans les villages, certaines maisons sont totalement effondrées, au milieu d’un tas de briques de couleur ocre et de poussière, d’autres partiellement … avec des murs basculés, en appui sur la maison voisine … A l’écart de bien des maisons et sur les parties herbeuses ou terreuses, des bâches sont érigées en guise de tentes, sous lesquelles on aperçoit du matériel de couchage. C’est là que les familles dorment dans la crainte d’une récidive du tremblement de terre.
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L’entrée sur Katmandu est la plus impressionnante encore : à l’odeur de la pollution majeure habituelle liée aux hydrocarbures s’ajoute l’odeur de la poussière fine de terre et de chaux résultant des effondrements et cette odeur, inhabituelle et indéfinissable, qui est probablement celle des morts sous les décombres. Dans les rues beaucoup de monde, à pied, en particulier dans les zones de banlieues. Des maisons détruites, totalement, partiellement basculées, y compris parfois des maisons modernes en béton (probablement mal construites ou avec du mauvais béton). Nous croisons de nombreuses équipes de secouristes, asiatiques, en tenue avec masques et matériel et ça et là des regroupements de nombreux Népalais, observant l’avancée des opérations de secours.
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Dans ces instants, on ressent, avec la gorge serrée, les dernières impressions du séisme : de la compassion, de la tristesse et du malheur qui touche toute cette population népalaise démunie face aux conséquences terribles de ce tremblement de terre.
Sur le trajet entre Kathmandu et Bhaktapur, pour nous rendre à notre nouvel hôtel (l’ancien dans le vieux Bhaktapur a été trop ébranlé et il y a beaucoup de maisons et temples détruits dans la vieille ville), nous voyons un stigmate impressionnant du séisme. Sur la route à quatre voies avec terreplein central, une marche d’environ 1 mètre de haut s’est créée perpendiculairement à l’axe de la voie. Bien entendu elle est comblée de graviers et de terre pour assurer le trafic. Paradoxalement les immeubles de 3 à 4 étages des 2 côtés de la route sont intacts. 100
L’hôtel de Bhaktapur dans lequel nous logeons a été endommagé sur les parties de toitures en élévation, elles sont en cours de réparation.
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Les jardins et poulaillers d’Him Lal n’étant pas très loin de l’hôtel, nous nous y rendons à pied en traversant des hameaux. Nous faisons un peu figure de curiosités, ces endroits n’étant pas particulièrement visités par les touristes ! Him Lal nous montre et nous explique le fonctionnement de ses jardins travaillés et entretenus par deux personnes (des anciens porteurs).
De la même manière et tout à côté, Him Lal élève environ 500 poulets dans deux poulaillers. Les poulets sont vendus lorsqu’ils font un peu plus d’un kg et demi, c’est-à-dire très prochainement.
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Une maison a été partiellement détruite par le tremblement de terre et est tombée sur une petite partie du jardin d’Him Lal.
Les enfants du voisinage sont très fiers de discuter avec nous avec leurs connaissances d’anglais encore un peu rudimentaire, mais avec beaucoup de bon sens.
Certains d'entre eux vivent sous une tente de la Croix-Rouge, maison détruite, d'autres, familles plus aisées, ont une maison mieux construite ... 103
JOUR 19 : KATHMANDU - NEW DEHLI - PARIS (30 avril) Contrairement à nos craintes, les modalités d’embarquement ont été très simples, pas de pagaille à l’aéroport. A l’entrée, une personne de la Croix rouge française s’enquiert de nos possibilités de retour en France, nous la rassurons, notre vol est bien programmé. Seule la compagnie aérienne Air India semble faire du zèle et nous impose une fouille complète de nos bagages de cabine avant de monter dans l’avion. Auparavant, Francis qui avait une petite paire de ciseaux dans son bagage, se fait rappeler à l’ordre et bien sûr confisquer ses outils ! Sur le tarmac très encombré de l’aéroport de Katmandu, un avion de la République française est présent pour ramener les blessés et les touristes en déshérence. Nous en verrons un deuxième à New Dehli. De nombreuses palettes de matériel (groupes électrogènes en particulier) sont le signe de la mise en place de l’aide humanitaire en provenance de divers pays dont la France, la Chine … Le retard pris au départ de Kathmandu n’est pas rattrapé et il nous faut effectuer rapidement le transfert d’avion à New Delhi en traversant l’aéroport d’un pas rapide. Il n’est pas question pour nous de rater cette dernière étape de notre retour en France !
Pas d’autres difficultés, si ce n’est la longueur du vol de retour (9 heures) et une arrivée à Paris Roissy vers 19 h 30, sous la pluie !
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En conclusion Au terme de ce périple, nous avons le sentiment d’avoir vécu des moments humainement riches et souvent à charge émotionnelle élevée. Dans un premier temps et sur un versant positif et joyeux, avec l’excellente ambiance de camaraderie que le groupe a conservée pendant tout le trek, mais également avec les rencontres internationales que nous avons eues à diverses reprises, amenant à des échanges intéressants et fructueux. S’y est ajouté la satisfaction personnelle de chacun d’avoir accompli un rêve, d’avoir tutoyé les 8000 et d’avoir traversé des paysages somptueux où réside une population chaleureuse et fière. Dans un deuxième temps et sur un versant empreint de tristesse et négatif quant à ses conséquences, nous avons vécu, expérience unique, le tremblement de terre du 25 avril. Immédiatement après, nous n’avons imaginé ni l’ampleur des dégâts humains, ni l’étendue des dégâts matériels. Suite au sentiment d’avoir vécu un évènement exceptionnel, l’inquiétude quant aux modalités de notre retour en France s’est installée et le retour sur Kathmandu restera gravé dans nos mémoires. L’exode routier des populations, fut pour la plupart d’entre nous la première vision d’un tel phénomène, de par son ampleur et de par les conditions de fuite subies par ceux qui quittaient les lieux sinistrés. L’arrivée à Kathmandu, avec la découverte de maisons et d’immeubles effondrés, la vision de grappes humaines entourant les sauveteurs s’affairant dans les décombres d’immeubles, à la recherche d’éventuels survivants, généra en nous une profonde compassion. Le tout dans cette odeur de poussière et de cadavres en décomposition, cette odeur de mort, grand moment de solitude pour chacun de nous, face au malheur et au vécu de la mort de masse, en direct. Un grand moment de silence s’est établi dans le car, seulement coupé par le bruit des sirènes des véhicules officiels ou de secours. Le fil de la vie humaine est extrêmement ténu : un simple glissement des entrailles de la terre peut le rompre pour des centaines ou milliers d’individus simultanément, sans distinction d’âge, de race, de sexe ou de qualité humaine. Pour nous tous, en voyage d’agrément dans un pays que la plupart d’entre nous ne connaissions pas, nous avons immensément apprécié toutes les qualités de notre guide Him Lal : sa gentillesse et son attention à tout un chacun pour satisfaire toutes les demandes et les souhaits, sa bonne humeur, son humour permanent et son sourire pour vivre le bon côté des choses de la vie, des plus simples aux plus compliquées, ses compétences de guide pour adapter le rythme, conduire le trek, faire préparer les repas, réserver les hébergements, parler aux autochtones qu’il connait presque tous, son bon sens pour adapter la fin du séjour aux conditions difficiles liées au tremblement de terre : retour sur Kathmandu, hébergement du dernier jour … Nous lui sommes redevables de tout le plaisir que nous avons eu à faire ce trek sous sa conduite, dans de très bonnes conditions, même si le temps souvent nuageux ou pluvieux a gâché quelques paysages et malgré le tremblement de terre et ses conséquences dramatiques. Une image de cette sérénité est peut-être celle d’Him Lal chantant et répondant à ses interlocuteurs, lors des petites fêtes organisées en notre honneur. Et notre merci va aussi, bien évidemment, au groupe de porteurs qui a supporté et transféré nos bagages de lodge en lodge, avec abnégation, bonne humeur et une extrême gentillesse, à l’image de tout ce peuple népalais.
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Annexe 1 : itinéraire suivi
Les étapes aller de Nayapul à Chhomrong : Birethanti, Hile, Tikkhedhungga, Ulleri, Banthanti, Nangge Tanthi, Ghorepani, Ban Thanti, Tadapani, Kimrongkholagaon, Taulung, Chhomrong et … retour de Chhomrong à Nayapul : Chhomrong, Jhinudanda, Ghandruk, Kimche, Chimrung, Birethanti, Nayapul.
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Les étapes aller : … Chhomrong, Kuldhigar, Bamboo, Dobhan, Himalaya, Deurali, Machhapuchhre Base Camp, Annapurna Base Camp et … retour : Machhapuchhre Base Camp, Deurali, Himalaya, Dobhan, Bamboo, Kuldhigar, Sinuwa, Chhomrong ...
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Annexe 2 : notre guide Him Lal et nos porteurs
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Annexe 3 : permis de randonner dans le Conservatoire des Annapurnas
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ANNEXE 4 : quelques animaux rencontrés ou … rêvés !
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ANNEXE 5 : quelques plantes de la moyenne montagne himalayenne
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Le Machhapuchhre, notre montagne mythique.
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