Baptist Roux a dit : Un mètre cube d’illusion Régulièrement, sous le regard inquiet d’affairés anonymes, Vaysse et Belsoeur se ravitaillent en toiles, les enchâssent en cube et vagabondent de foire en foire. Les deux joyeux lascars s’affichent entre femmes à barbes et chanteurs siamois, s’acharnant inutilement à dégoupiller leur boite à peindre pour y agiter des pinceaux façon dripping à l’ancienne. Ces abrutis gestuels, affligent des attaques héroïques au support déployé dans une dernière tentative de grâce picturale, mais forcé par l’inaptitude à la collaboration, les pauvres hères se lancent alors dans une course à la surface, se recouvrant l’un l’autre à force de brossages. Faute d’accords territoriaux, ils s’activent bravement à l’inutile onction d’une liturgie de primate vouée aux desseins burlesques. Tel deux fauves dégénérés, ils s’arrachent les morceaux encore vierges de couleurs et puis las et usés s’en vont sans plus d’espoir qu’ils n’étaient arrivés. Assis non loin, un vague musicien affublé d’un Piano premier âge, décapite encore quelques classiques les ayant accompagnés durant la scène, puis s’efface lui aussi dans un dernier râle sonore. Ainsi va la vie de ces deux bougres picturaux, ils errent sans fin dans d’improbables chapiteaux urbains à la recherche d’un géant, peintre abstrait du grand siècle, qu’ils tentent de raviver dans du vaudou normand.
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Eric Chevillard dit :
Eric Chevillard dit :