HETERONYMÛ - jour deux AFFICHAGE (LIVRE) François Belsoeur / Julien Colombel Philippe de Jonckeere / José Luis Borges / Odile Leguillon / Frédéric Vaysse / Maxence Alcalde / Delphine Leblond / Angèle Del Campo Edouard Hollis Brown / Anthony Cuvier / Pierre Brunel / Roger Garaudy / Hakim Bey Julien Prévieux / Theodor Adorno
(me relisant, je regrette qu’il faille si souvent faire) Donc il faudrait en faire un spectacle, de cet éparpillement. On en fait un livre d’abord – en feuilleton, par fragments. Le panache : un le texte brut, bloc (effacé, repris mais point coupé), journal au plus près ; des sorties aussi, des bords de texte polis – eux élisent au plus pressé, pure nécessité (strict minimum vital). Les logos, les schémas, les trajets, les organigrammes, notation et puis planche. Et puis les pièces – que faire de la production des locataires de la chambre à damier? Il y a des traces, ou bien on en fera, mais il ne faut pas tout faire, je crois. Le livre-panache en feuilleton, donc, comme partition : chaque fois il faudrait refaire le schéma, en repenser les mots et les distances, les preuves et les tailles. Chaque déploiement (du bataillon vers la plaine, soit du livre au mur) sera l’occasion d’un état des lieux de l’enquête en cours : révélation de l’ensemble du tableau – de l’image-projet, dont la texture appartient au livre et le dessin au mur. Tout ce qui me précède : projet. Ensuite : substance. D’où pars-je ? Selon le principe d’origine, mon geste traité par la machine devient son geste contre, son geste autre, tous ses gestes autres qu’il me convient de, qu’il m’intéresse de, que je pense, que je parviens à explorer. Donc : partir de mes gestes – le plus récent : chaque matin, avant toute chose et dès le lever, ouvrir la boîte, prendre le pot d’encre, le carton format diapo et la cuillère à café. Une, deux gouttes dans la cuillère, qu’il faut renverser sur le carton. Ça peut sécher toute la journée – souvent, la quantité d’encre dans une goutte dépendant de la fermeté de ma tenue, de la viscosité du liquide, probablement donc de la pression atmosphérique, des cycles de la lune – ces choses là changent chaque jour. Parfois c’est plein cadre mais souvent je rate, je glisse, je déborde, le métal frappe deux fois le carton, l’encre se glisse dessous et il devra sécher de travers, et la verso sera sans doute plus à mon goût (la meilleure peinture est toujours sous nos pieds, sous nos pieds – d’où : marcher sur les murs, « à la Fantasio ») ; mais c’est bref (mais c’est chaque jour), et si j’oublie de faire ma tache d’abord, je ne la ferai pas du tout : puni jusqu’au lendemain, ça m’apprendra à l’apprécier. Alors, tous ces gestes : comment je les rentre dans la machine ?
On remonte : de a) ouvrirlaboîteencredanscuillèrecuillèresurcartonetlaissersécher vers b) faire une tache par jour. Connexion avec la décision : produire davantage/produire plus régulièrement ; qui découle de : produire de l’art (contre : saisir l’art (flux) ; autre: produire autre chose que de l’art, produire des clémentines dans le Cotentin) ; qui découle de: faire quelque chose (contre : ne rien faire ; autre : faire autre chose, faire la vaisselle). Naïveté de l’homme atteint de vertige – il croit que le vide n’en a qu’après lui. Connexion aussi avec le geste : dessiner le monde. Puisque contre : ne pas le dessiner (le peindre, le crier, le poursuivre) ; mais autre : dessiner le monde, sans représenter ce que j’en vois. Et puis connexion encore : du dessin, avec de la ligne (autre : du dessin, c’est du fil de fer (provisoire) ; contre : du dessin, abolir le tracé : jeter, renverser, étendre : encre et tache, donc). Cherche dessinateur prisant la ligne, artiste produisant davantage, bricoleur qui cultive la clémentine (« ça repose, ça occupe les mains, ça les fatigue, tu comprends, elles sont heureuses ensuite de danser ») ; il répète, il accumule, il rate et il le sait, même : ça l’amuse. Odile Leguillon pose ainsi ses valises.
Odile Leguillon 150,000 dessins infructueux (76 Ă 100 sur 150,000) 1994-2008
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