Oudhna
" Uthina "
Le Parc ArchĂŠologique
C Restitution J.Cl.Golvin
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Agence de Mise en Valeur du Patrimoine et de Promotion Culturelle
C Restitution J.Cl.Golvin
S
ituée à une trentaine de kilomètres au sudouest de Tunis, la ville antique d’Uthina correspond aujourd’hui au domaine agricole d’Oudhna. Installée sur une légère éminence, elle domine une fertile plaine agricole qui s’étend entre le djebel Ressas, le djebel Boukournine et l’oued Meliane.
Plan de situation.
Uthina et les cités limitrophes dans l’antiquité.
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On connaît peu de choses sur les origines de la ville. Il s’agissait sans doute d’un bourg préromain comme l’atteste la céramique trouvée. C’était probablement une agglomération berbéro-punique transformée en colonie à l’époque d’Octave-Auguste. Au Ie s.ap.J.-C. Pline l’Ancien la place parmi les plus anciennes colonies d’Afrique. Elle eut son âge d’or tout le long des deux premiers siècles ap. J-C. À la fin de l’antiquité la cité périclita devint un bourg très modeste à l’époque arabo-musulmane.
En dehors des fouilles ponctuelles effectuées au cours du XIXe siècle au niveau des grandes demeures et de l’acropole (actuel capitole) et des travaux du colonel Reyniers en 1947, il y a eu très peu d’interventions sur le site. Ce n’est qu’à partir de 1993 que les travaux de mise en valeur entrepris ont permis de sortir des décombres et de l’oubli une bonne partie de cette ville, de consolider et de restaurer ses principaux monuments, de lui donner l’allure d’une citée ressuscitée afin d’en faire un parc archéologique. 2
Fouilles du début du XXe siècle.
Les principaux monuments du site Le Capitole
Considéré comme l’un des plus grands temples d’Afrique romaine si ce n’est le plus grand, le capitole d’Oudhna vient d’être identifié définitivement en tant que tel, grâce à la découverte d’un fragment d’inscription où on lit OPTIMO qui signifie en latin Grandeur. En outre le dégagement de sa façade et de ses deux côtés latéraux nous ont permis d’affirmer que nous sommes en présence d’un capitole à trois temples dédiés à la triade capitoline : Jupiter, Junon et Minerve. De proportions gigantesques, le temple, complètement disparu aujourd’hui, se dressait sur un podium très élevé. Ce podium, qui comprenait deux niveaux de salles, est bien conservé. Il a été construit dans le but de placer le temple en position très élevée, afin qu’il domine et la ville et la plaine environnante.
Restitution du temple capitolin
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Le temple central mesurait 43 x 27m. Il comportait six grandes colonnes d’ordre corinthien en façade (du type hexastyle). Il était accessible par un grand escalier comprenant deux volées et un palier. L’édifice a été remanié plusieurs fois comme l’atteste le doublage de ses murs. À l’origine (premier état) il comportait un podium percé de fenêtres et une façade sans doute très élevée (cet état remonte probablement au Iè siècle après J.C).
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Le Capitole Vue: côté nord est.
Le Capitole Vue: côté sud.
Au IIè et IIIè le monument a reçu plusieurs remaniements. À l’extrémité ouest de la longue pièce voûtée située sous le grand escalier du monument une huilerie d’époque tardive a été localisée. Un pressoir rustique, un plateau de pressurage, un contrepoids et deux cuves ont été identifiés.
Les travaux de dégagement et de restauration aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur du monument ont permis de mettre en valeur l’originalité du monument, de restituer une partie des escaliers, et de restaurer partiellement des colonnes afin d’assurer une meilleure lecture du temple.
Escalier et colonnes de la façade principale du Capitole.
Le Capitol premier sous-sol du podium.
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L’amphithéâtre À la limite septentrionale de la ville, l’amphithéâtre occupait une position qui rappelle celle de la grande majorité des exemples connus. La colline qui se trouvait à cet endroit a été choisie dans le but d’adosser directement la partie inférieure du monument.
L’édifice est semi creusé et ses gradins ont été adossés aux pentes d’une colline. Seule la partie supérieure de l’édifice qui comprenait un étage d’arcades et un étage d’attique a été bâtie au dessus du sol. Le soussol de l’amphithéâtre était desservi par une galerie souterraine voutée alignée sur le grand axe. De part et d’autre de cette galérie se trouvait des carceres voutés et symétriques.
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L’édifice mesure 112,50 x 89m et son arène centrale, de forme elliptique, 58,50 x 35m. Sa contenance a été estimée à 15623 places environ, ce qui le classe au troisième rang des amphithéâtres connus de Tunisie après ceux de Carthage et d’El-Jem.
Restitution de l’amphithéâtre (J.Cl.Golvin).
Plusieurs travaux de dégagement et de restauration ont été réalisés dans ce monument. Il est daté de l’époque d’Hadrien (début du IIe siècle ap. J.C.).
Vue extérieure de l’amphithéâtre.
Arène et gradins restaurés.
Combats de gladiateurs dans l’amphithéâtre d’Oudhna.
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Les grands Thermes Publics Les grands thermes s’étendaient sur une surface de 84 x 80 m. Ils comprenaient un niveau inférieur où se trouvaient des citernes et des salles de service (Seule partie de l’édifice bien conservé et accessible aujourd’hui) et un niveau supérieur disposé sur une grande terrasse. Le plan est parfaitement symétrique; on reconnaît les salles chaudes (Caldaria) à leur sol soutenu par des pilettes de briques pleines ou de pierres volcaniques à travers lesquelles passe l’air chaud (hypocauste).
Les Grands Thermes Publics, vue générale.
Quant aux salles froides, elles comprenaient le grand frigidarium dont les voûtes se sont effondrées mais dont on aperçoit encore le bassin. Un fragment d’une inscription a permis de dater la construction des thermes de l’époque de Trajan (fin du Ier siècle, début du IIe siècle).
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L’édifice a connu ensuite (au IIe ou au début du IIIe siècle) une phase
Le sous-sol des Grands Thermes Publics.
d’extension (une terrasse de 8m de large est venue ceinturer toutes la partie arrière de l’édifice, autour du caldarium et des tepidaria).Une huilerie tardive a été découverte dans le prolongement nord du tepidarium. Un plateau de pressoir travaillé sur un fragment d’un sol mosaïqué, un grand contrepoids en grès doté de deux encoches latérales et d’une rainure qui les relie et deux fragments d’une meule sont encore en place. Plusieurs pièces mosaïquées ont été dégagées dans l’angle nord-ouest. Dans la partie sud-est de l’édifice que nous supposons être des palestres, les travaux de dégagement ont permis la mise au jour d’une série d’absides de formes rectangulaires et demi-circulaires dont certaines ont été consolidées.
La Maison dite des Laberii Cette vaste demeure supposée, construite par la riche famille des Laberii (IIe siècle après J.-C), est une des plus belles maisons d’Uthina avec une superficie de 2300 m2. Organisée autour d’un péristyle et d’un jardin, elle possédait de belles pièces pavées de mosaïques exposées aujourd’hui au Musée du Bardo (« scènes de vie rurale » « chasse à courre », « don de la vigne »). Des copies de celles- ci ont été remises en place sur le site.
L’Oecus de la maison dite des Laberii.
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Mosaïque de la vie rurale (Musée National du Bardo).
Emblema de la mosaïque du « Don de la vigne » : scène présidée par Dionysos (au milieu). (Musée National du Bardo).
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Les Thermes des Laberii
La construction de ces thermes est due à la famille des Laberii, comme l’atteste la grande mosaïque qui décorait leur frigidarium (Orphée charmant les animaux, qui se trouve au musée de Bardo).
Les Thermes de laberii.
Après son abandon à la fin du Ve siècle ap. J.-C., un atelier de potiers y a été installé.
Orphée charmant les animaux. (Musée National du Bardo).
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Les thermes des Amours pêcheurs.
Les Thermes des Amours pêcheurs.
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Ces petits thermes (IIe siècle ap. J.-C.) ne sont pas encore complètement fouillés. Le frigidarium voûté comportait des bassins. Le plus important situé dans l’axe de la pièce correspondait à une abside pourvue de niches décorées de mosaïques. L’une des scènes évoque des «amours pêcheurs». Les récents travaux ont permis de localiser le caldarium et le tepidarium avec une partie de ses banquettes. Dans la dépendance immédiate sept latrines en exèdre, très bien conservées, ont été mises à jour.
Latrines des Thermes des Amours pêcheurs.
La maison de l’Industrius Demeure construite entre la fin du IIIe et le début du IVe s ap. J.-C. comme l’atteste la mosaïque de l’atrium de la maison d’Industrius. Cette mosaïque représente la déesse Venus Anadyomène entre deux nymphes nues tenant des vasques. Elle a une superficie d’environ 700 m2.
La maison d’Industrius.
Vénus à sa toilette. (Musée Nationl du Bardo).
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Les grandes citernes Un aqueduc capait les eaux des sources des collines environnantes et alimentait la ville en eau potable. Cette eau était déversée dans une série de citernes situées au sud de la ville. Les plus vastes de toutes se composent d’espaces voûtés disposés parallèlement les uns aux autres et reliés à une citerne transversale.
Les grandes citernes.
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La grande citerne du forum Cette grande citerne placée entre le capitole et les grands thermes publics alimentait ces derniers ainsi que le capitole et les quartiers d’habitations environnants.
La grande citerne du forum.
L’aqueduc L’aqueduc d’Uthina est le point d’aboutissement d’un vaste réseau de captage des sources (s’étendant en deux branches sur plusieurs kilomètres) dans les collines situées au sud de la ville. Il alimentait les grandes citernes où l’eau était emmagasinée pour les besoins des thermes et des habitations. Un bassin répartiteur (castellum dividorum) permettait d’orienter le débit vers l’un des quartiers à desservir.
L’aqueduc.
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Le Théâtre Les fouilles récentes ont mis en exergue la scène et les gros murs rayonnants qui soutenaient les voûtes et les gradins destinés au public ainsi que l’emplacement de son or�chestra central.
La scène de théâtre.
Texte : Habib Ben Hassen
Photographies : Sow Daouda - Mohamed Ayeb Photo de couverture : Restitution de J.Cl.Golvin Édition : L’Agence de Mise en Valeur du Patrimoine et de Promotion Culturelle (AMVPPC) I.S.B.N : 978-9973-954-49-7
Agence de Mise en Valeur du Patrimoine et de Promotion Culturelle : 20 Rue 8010 Montplaisir - 1075 Tunis - BP. 345 Tél: (00216) 71 909 264 - Fax: (00216) 71 908 993
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