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TECHNOLOGIE ET PERFORMANCE
ato e magazine
LE MONDE_SELON KANT : 9 pages
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En cinq participations, Xavier Thévenard ne s’est jamais classé au-delà de la quatrième place à l’UTMB. Il est également le seul traileur à avoir remporté aussi toutes les courses annexes: la CCC (99 km) en 2010, la TDS (119 km) en 2014 et l’OCC (55 km) en 2016.
TOMBÉ DU CIEL
TRIPLE VAINQUEUR DE L’UTMB, LE TRAILEUR XAVIER THÉVENARD A DÉCIDÉ LUI AUSSI DE NE PLUS PRENDRE L’AVION POUR COURIR LE MONDE.
DANS QUELLES CIRCONSTANCES AVEZ-VOUS PRIS CETTE DÉCISION?
J’ai toujours trouvé un peu absurde de traverser les continents pour courir un 100 miles à l’autre bout du monde.
C’est devenu plus clair en juin dernier juste après le premier confinement. Privé de compétition, on se rend compte que l’essentiel est de courir. Pas d’accrocher un dossard. Cette pandémie a aussi été l’occasion de me replonger dans quelques livres qui ont nourri ma réflexion, comme Le Plus grand défi de l’humanité d’Aurélien Barrau (ndlr, éd. Michel Lafon, 2020). Tous ces éléments mis bout-à-bout ont fait que lorsqu’un journaliste du magazine canadien Distance+ m’a interrogé sur l’annulation de la Hard Rock 100, je lui ai d’abord fait part de mon soulagement de ne pas devoir traverser l’Atlantique en avion avant de réaliser qu’en somme, je n’y participerais plus jamais… l’avion, c’est fini pour moi!
DANS CETTE COURSE, VOUS AVIEZ POURTANT UNE REVANCHE À PRENDRE, NON?
Je n’ai pas l’esprit revanchard. Quelques semaines après ma disqualification, j’ai remporté l’UTMB devant un
Américain, Zach Miller, en brandissant ma gourde à l’arrivée (*). C’était juste un clin d’œil et cela m’a suffi pour passer à autre chose. Pas de regret, donc. De façon plus générale, je n’ai pas le sentiment de consentir à d’énormes sacrifices en renonçant au transport aérien.
Les voyages lointains imposent toujours un tas de contraintes qui font qu’on détourne son temps et son énergie de ce qui constitue l’essence même de notre sport, c’est-à-dire courir dans la nature.
LA PRATIQUE DU TRAIL IMPLIQUE D’ÊTRE SOUVENT À L’EXTÉRIEUR, AU CONTACT DIRECT DES PLANTES ET DES ANIMAUX. VOUS ARRIVE-T-IL D’ÊTRE TÉMOIN DES CHANGEMENTS ANTHROPOCÉNIQUES?
Bien sûr. Je vis dans le Haut-Jura à 1300 mètres d’altitude. Nous sommes le 23 décembre (ndlr, c’était le jour de l’interview), le thermomètre avoisine les 8°C et si on regarde par la fenêtre, on aperçoit quelques taches de neige ci et là. Mais quand j’étais gosse, il faisait tout
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RENCONTRE_ : 2 pages
INCOHÉRENCE QUAND TU NOUS TIENS! MICHAËL
«Ah l’avion! Autant l’écologie revient souvent sur la table entre coureurs, autant le sujet du transport aérien reste tabou. Il faut dire que nous sommes nombreux à nous offrir des petits voyages dans le ciel pour participer à des épreuves à l’étranger, quitte à ruiner en quelques heures des mois de sobriété énergétique. Personnellement, j’use mes vêtements et mes chaussures jusqu’à la corde pour ne pas polluer. Mais je poursuis ma découverte des grandes villes italiennes via leurs marathons.»
BONJOUR, COMMENT POLLUEZVOUS?
DANS LE MONDE ACTUEL, IL EST PRATIQUEMENT IMPOSSIBLE DE VIVRE SANS PRODUIRE LE MOINDRE DÉCHET. CHACUN PLACE DONC LE CURSEUR OÙ CELA LUI CONVIENT EN MÉNAGEANT SOIT LA CHÈVRE (SON CONFORT DE VIE), SOIT LE CHOU (LA SANTÉ DE LA PLANÈTE). ET VOUS, COMMENT VOUS DÉBROUILLEZ-VOUS?
Propos recueillis par Olivier Beaufays
LA RÈGLE DE CINQ JAN
«Quand je n’ai d’autre choix que prendre ma voiture pour me rendre sur une course, je m’impose une règle très simple: il doit y avoir un rapport de un à cinq entre le nombre de kilomètres de l’épreuve, et le nombre de kilomètres à parcourir en auto pour y aller. Je n’ai dérogé à ce principe qu’à une seule reprise ces dernières années. Il s’agissait de l’UTMB et j’ai triché pour une petite vingtaine de bornes seulement!»
IL L’A DIT!
«Finalement, ce sont les gens qui ne marchent jamais qui croient que c’est pénible.»
LA RÈGLE DU CHRONO JEAN-FRANÇOIS
«Moi aussi, je me suis fixé une règle. Je choisis mes courses de façon à ce que le temps mis pour me rendre sur place ne soit jamais supérieur au chrono que je vise.»
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TÉMOINS_ : 4 pages
UN ECOTRAIL PEUT EN CACHER UN AUTRE
ECOTRAIL EST LE NOM GÉNÉRIQUE D’UNE SÉRIE DE COURSES-NATURE ORGANISÉES DANS UN GRAND NOMBRE DE VILLES: PARIS, OSLO, STOCKHOLM, FLORENCE, MADRID, ETC.
Né en France il y a une dizaine d’années, ce concept reposait au départ sur deux idéesforces: 1/ ne laisser aucun détritus derrière soi (aujourd’hui toutes les courses s’engagent à le faire). 2/ Ramener le sport en ville. C’est surtout ce deuxième point qui était audacieux. A l’heure où les organisateurs de trails donnent parfois l’impression de rivaliser d’exotisme dans leurs projets (désert, jungle, montagne), on se réjouissait que des épreuves labélisées «Ecotrail» puissent aider à prendre conscience qu’il existe des écrins végétaux près de chez soi et que, pour s’ébattre dans la nature, il n’est pas forcément nécessaire de faire des milliers de kilomètres en contribuant ainsi au saccage de l’environnement. Ceux qui composent la rédaction belge du magazine Zatopek étaient sensibles à cet argument et, lorsque fut proposée l’idée de mettre sur pied un Ecotrail à Bruxelles, ils l’ont soutenue avec enthousiasme. «En 2012, la direction parisienne est effectivement venue nous voir pour nous expliquer son projet d’expansion», se souvient Jean-Paul Bruwier, à la fois organisateur de courses et directeur de publication de Zatopek Belgique. «Nous étions donc les premiers à nous engager sur cette voie qui sera ensuite empruntée par beaucoup d’autres villes. Ce fut une très belle expérience qui a duré neuf ans.» Celle-ci a en effet pris fin en 2021. Pourquoi? Le désaccord est né à propos de l’organisation d’un Ecotrail en Arabie Saoudite. En 2019, les promoteurs du circuit ont choisi de retenir la candidature d’Al Ula, une oasis de la province de Médine, au nord-ouest de l’Arabie Saoudite, où les Saoudiens proposaient d’organiser à leur tour un Ecotrail au mois de février, le treizième du nom. Au sein de la rédaction belge du magazine