île de Pâques Dix années de fouilles reconstruisent son histoire
Le grand tabou Nicolas Cauwe
île de Pâques Dix années de fouilles reconstruisent son histoire
Le grand tabou
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île de Pâques Dix années de fouilles reconstruisent son histoire
Le grand tabou Nicolas Cauwe
L’île de Pâques, dénommée par ses habitants Rapa Nui ou Te Pito Te Henua, est l’île occupée la plus isolée du monde. Mythes et réalités se mélangent en cette terre qui a donné naissance à une extraordinnaire culture, devenue un véritable trésor archéologique dont la réputation outrepasse les frontières du Chili. Aujourd’hui, de nouvelles perspectives sur l’histoire d’un des sites les plus mystérieux du patrimoine mondial se font jour. Soutenir la réalisation de ce livre est pour nous rendre hommage cette culture unique.
Juan Clavería CEO and Country Manager IPR-GDF SUEZ Chile
Je vois qu’aussitôt que quelques causes physiques, telles, par exemple, que la nécessité de vaincre l’ingratitude du sol, ont mis en jeu la sagacité de l’homme, cet élan le conduit bien au-delà du but, et que, le terme passé, on est porté dans l’océan sans borne des fantaisies, d’où l’on ne se tire plus. Denis Diderot, 1772 (Supplément au voyage de Bougainville)
À Irirangi Hey Medina, petit guerrier rapanui. À Johnny De Meulemeester (†), qui fut le complice de nos recherches.
introduction
Prélude à la reconstruction d’une histoire
Chapitre 1
Les gardiens des carrières
1. De mystérieuses carrières abandonnées 2. Un inachèvement volontaire 3. Les gestes des sculpteurs 4. Obstruction des carrières et des chemins 5. Pourquoi fermer les carrières ? Chapitre 2
Relégation des morts et des statues
1. Ancêtres et dieux domestiques 2. J’emporte ma statue 3. Les moai ne souffrent pas la vue des champs 4. La cérémonie du hanihani 5. Dépôt de moai 6. Condamnation des ahu-moai 7. Morts et ancêtres reçoivent leur congé Chapitre 3
Guerres des hommes, guerres des dieux
1. La guerre des arbres 2. Les dieux engagent le combat 3. Tous les dieux ne travaillent pas de la même façon 4. Crise climatique ou évolution culturelle conclusion
Pour une nouvelle histoire de l’île de Pâques
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Annexes A. Description des principaux sites archéologiques B. Notes C. Lexique rapanui (polynésien de l’île de Pâques) D. Orientation bibliographique E. Index F. Remerciements
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Encadrés 1. Des volcans et des falaises (géographie de l’île de Pâques) 2. Un très long voyage (origine des Pascuans) 3. Une histoire mouvementée (repères chronologiques) 4. Histoires de géants (transport et bris de moai) 5. Maisons des hommes, autels des dieux (architecture traditionnelle de Rapa Nui) 6. Légende de la destruction de l’Ahu Tongariki 7. De la forêt à la steppe (évolution du paysage à Rapa Nui) 8. Légende sur le début de la sculpture sur bois 9. Légende de la guerre entre les Longues- et les Courtes-Oreilles 10. Carte de l’île 11. Visiter l’île : proposition de circuits
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Introduction Prélude à la reconstruction d’une histoire Le dimanche de Pâques 1722, un 5 avril cette annéelà, Jakob Roggeveen, capitaine hollandais mandaté par la Compagnie des Indes occidentales pour découvrir un hypothétique continent austral, vit apparaître une petite île à l’horizon. Il crut d’abord y reconnaître la terre sableuse décrite en 1697 par le boucanier Plans et élévations de monuments de l’île de Pâques. En haut, une plate-forme à statues est dessinée en plan, en élévation et en coupe ; au centre, on découvre différentes constructions en pierre ; en bas, une maison longue, aux fondations en pierre et à la couverture végétale, est représentée en élévation et en plan. La qualité de ce document, publié en 1798 sur base des notes et des croquis de l’expédition du comte de Lapérouse (1786), est impressionnante, mais il en est fort peu de ce genre avant l’extrême fin du xixe siècle (© Collection privée).
anglais Edward Davis, avant de se raviser et de baptiser sa découverte du nom de la fête chrétienne du jour1. Mais l’île intéressa peu Roggeveen, tant elle était loin de répondre aux espérances commerciales de ses commanditaires. Aujourd’hui, force est de reconnaître que la relation de son voyage n’est guère instructive quant au mode de vie et à la culture des Pascuans du début du xviiie siècle, encore moins quant à leur histoire. Cette lacune documentaire ne sera pas comblée au cours des décennies suivantes, malgré la bonne foi et la maturité de beaucoup d’explorateurs, imprégnés des idées du siècle des
Prélude à la reconstruction d’une histoire – Le grand tabou
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Lumières2. Seules quelques notes ont été conservées, ne laissant entrevoir que de faibles lambeaux, parfois contradictoires, de l’histoire de cette île. Cependant, il est souvent prétendu que, dans les sociétés orales, les souvenirs et les récits se maintiennent mieux et plus longtemps, car ils sont le seul espoir de conserver vivantes les traditions. À l’île de Pâques, l’entretien d’un répertoire de ce type, par-delà les générations, pourrait ainsi pallier la carence des études ethnographiques menées aux xviiie et xixe siècles. Mais qui peut assurer que les mythes et les légendes relatent des faits historiques ? Dans le meilleur des cas, ces éléments permettent de comprendre la mentalité de la société concernée et sa manière d’envisager le monde, non de restituer les étapes de son histoire. En d’autres mots, les traditions donnent un accès aux raisons du présent – nécessairement issu du passé –, non à la restitution de faits précis des époques précédentes. Dans le cas spécifique de l’île de Pâques, cet apport oral n’est pourtant que d’un très faible secours. Lorsque les missionnaires s’attachèrent, tard dans le xixe siècle, à consigner quelques mots de la langue indigène et à décrire mœurs et coutumes des Pascuans, il était trop tard ! Les autochtones n’étaient plus que l’ombre d’eux-mêmes, vaincus par des maladies contre lesquelles ils n’avaient aucune immunité et privés de leurs plus vaillants représentants, déportés comme esclaves. La première étude scientifique digne de ce nom ne fut signée qu’en 1891 par l’Étasunien William Judah Thomson, 169 ans après le passage de Jakob Roggeveen, alors qu’il n’existait plus qu’une centaine d’insulaires, essentiellement des femmes et des enfants épargnés par la traite3.
discipline n’a pas toujours eu pleinement son mot à dire à Rapa Nui. Les premières fouilles scientifiques ne furent réalisées qu’au début du xxe siècle (1914), grâce aux efforts de Katherine Routledge, une anthropologue britannique. Les quelques sondages alors creusés restèrent longtemps sans lendemain. Il fallut attendre quarante ans de plus (1955-1956) pour assister au lancement d’un véritable programme archéologique, sous la houlette du célèbre explorateur norvégien Thor Heyerdahl, celui-là même qui traversa le Pacifique en 1947 sur le Kon Tiki4. À sa suite, l’archéologue étasunien William Mulloy poursuivit des travaux et entama les premières restaurations de monuments. Depuis les années 1970-1980, les recherches de terrain se sont, enfin, quelque peu multipliées. Désormais, les archives du sol s’accumulent, mais elles offrent un éclairage inattendu sur l’histoire des Rapanui.
La tradition orale permet de comprendre le présent d’une société, non d’en restituer l’histoire
Tout du passé est donc à reconstruire. Aussi, convient-il de s’appuyer d’abord sur l’archéologie. Pourtant, cette 12
Parlant d’archéologie, la seule période qui sera abordée ici est celle qui a précédé l’annexion de Rapa Nui par le Chili. Le début de cette histoire remonte donc à l’arrivée des Polynésiens sur l’île de Pâques – un moment dont la détermination exacte fait toujours débat. Quelques chercheurs privilégient une chronologie haute (entre 500 et 800 de notre ère), d’autres n’acceptent que des chiffres plus récents (entre 800 et 1000, voire 1100 de notre ère)5. Mais la fin de l’isolement des Pascuans est tout aussi floue. Les premiers Européens qui ont accosté en ces terres lointaines dès 1722 marquèrent – souvent non sciemment – la vie sur l’île, tandis que le Chili n’a annexé Rapa Nui qu’en 1888. Au cours de ce laps de temps, la christianisation des insulaires fut accomplie, les activités d’aventuriers influencèrent notablement le cours des choses et la population autochtone fut décimée par la maladie, des raids esclavagistes et d’autres exactions. L’histoire traditionnelle de l’île de Pâques s’arrête donc quelque part entre 1722 et 1888, sans que la
circonstance ne soit marquée par un événement plus symbolique que d’autres. Enfin, il ne sera pas fait mention dans ce livre des fameuses tablettes en bois portant des glyphes et qui, depuis près d’un siècle et demi, intriguent les chercheurs. Ces objets, appelés kohau rongorongo (« bâtons parlants »), porteraient une écriture et, à ce titre, provoquent régulièrement l’enthousiasme de passionnés de mystères ou d’adeptes d’ésotérisme. Les essais de décryptage n’ayant pas donné grand-chose jusqu’ici, les kohau rongorongo ne sont, pour l’instant, d’aucune utilité pour la reconstruction de l’histoire de l’île de Pâques. Mais ces tablettes contiennent-elles réellement des textes ? On peut entrevoir, grâce à des témoignages de la fin du xixe siècle, que chaque signe gravé serait associé à un concept (une idée, une divinité, un esprit, un ancêtre…), dont l’énumération ressemble à une litanie des saints, à une généalogie ou à un inventaire des éléments qui forment le monde.
Par ailleurs, des expériences anciennes montrent que la « lecture » de ces bois n’était apparemment possible qu’en connaissant au préalable le répertoire traditionnel par cœur. En Polynésie, les conteurs en appellent souvent à des accessoires chargés de pouvoir (bâtons, cordes à nœuds…) pour certifier l’authenticité de leurs narrations. Il semble que les tablettes de l’île de Pâques permettaient d’atteindre le même but, via l’invocation d’entités fondamentales. Si tel est le cas, les kohau rongorongo ne renferment aucun récit ; ils assuraient plutôt la force de la tradition orale. Hélas, l’essentiel de celle-ci a disparu, ce qui rend peutêtre les tablettes définitivement illisibles !
Tout du passé est à reconstruire
L’écriture « rongorongo ». Vingt-cinq tablettes en bois portant des signes sont encore conservées. Ces objets ne contiennent probablement pas une écriture au sens où nous l’entendons aujourd’hui, mais plutôt un système de notation qui permettait d’assurer l’efficacité de ces bois, certainement chargés de pouvoir. (Moulage de la tablette dite « Mamari » (L’Œuf), original conservé à Rome).
Prélude à la reconstruction d’une histoire – Le grand tabou
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Des volcans et des falaises
(géographie de l’île de Pâques)
L’île de Pâques est un des lieux les plus isolés du monde : rien dans un rayon d’un peu moins de 3.000 km autour de l’île, sinon l’océan. Vers l’Ouest, la terre la plus proche est à 2.600 km (îles Gambier), tandis que vers l’Est, il faut franchir près de 1.000 km supplémentaires pour atteindre les rives du continent américain. Pourtant, d’un point de vue géologique, l’île de Pâques n’est pas un élément perdu à la surface de l’océan. Il s’agit du point culminant d’un vaste système volcanique issu de la séparation de deux plaques immergées, la Pacifique se dirigeant vers l’Ouest et celle dite de Nazca, avançant à l’opposé vers le continent américain. L’île ne s’est pas constituée en une fois. Elle est issue d’une histoire compliquée d’au moins un million d’années, faite d’éruptions volcaniques diverses et de mouvements tectoniques. Il y a seulement 200.000 ans que tous les volcans sont réunis en une île continue et 2.000 ans à peine que les côtes ont pris l’allure qu’elles
Ahu 4500 km³
1000 0 -1000 -2000 -3000
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ont encore aujourd’hui. Depuis lors, plus aucune activité volcanique n’a été enregistrée. Les insulaires n’ont donc pas connu d’éruptions, leur arrivée intervenant, au plus tôt, aux alentours de l’an 800 de notre ère. Par contre, la dérive des continents déplace lentement tout le système vers l’Est, à la vitesse moyenne de quelques centimètres par an. Actuellement, l’île de Pâques est une terre d’un peu moins de 170 km 2. Elle accuse la forme d’un triangle rectangle, dont l’angle droit se situe au Nord et dont l’hypoténuse (côte sud) est longue de 22 km. Toute l’île est hérissée d’anciens cratères. Certains ne
Grandes étapes de la formation de l’île de Pâques. A. Il y a un million d’années. B. Il y a un demi-million d’années. C. Il y a 200.000 ans. D. Il y a 2.000 ans. Schéma du système volcanique auquel appartient l’île de Pâques. Les différents massifs submergés ont reçu des noms qui évoquent la culture pascuane (« ahu », « pukao », « moai », etc.) (hauteur exprimée en mètres).
Pukao 2000 km³
Moai 547 km³
Île de Pâques 19 km³
Rapa Nui 4300 km³
Kio 355 km³
dépassent pas la taille d’une colline, d’autres atteignent une masse beaucoup plus impressionnante. Ainsi, le volcan Terevaka culmine-t-il à 507 m et le Puakatiki, au centre de la péninsule de Poike, atteint-il 370 m de hauteur. Cette géographie d’origine strictement volcanique a entraîné la formation de rivages peu propices à l’accostage des bateaux. Une grande partie des côtes sont constituées de falaises atteignant plusieurs dizaines de mètres de haut ; ailleurs, les rivages sont une succession de coulées de lave tumultueuses qui forment autant d’arêtes coupantes s’enfonçant lentement dans la mer ; point de barrière de corail et de calmes lagunes. Les seules plages d’une certaine envergure se sont développées au Nord, autour du volcan Te Puha Roa. La première, d’à peine 600 m de long, est enfermée dans la crique d’Anakena. La seconde, un peu plus courte encore, se situe dans la petite baie d’Ovahe.
A Poike
Rano Raraku Maunga Toa Toa
0
5 km
B
Rano Kau Maunga Orito
C
Maunga Terevaka Rano Aroi
Maunga Tangaroa
D
Maunga Hiva Hiva
Des volcans et des falaises – Le grand tabou
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Un très long voyage
(origine des Pascuans)
La question de l’origine des Pascuans se pose à deux niveaux, celui de l’aire de formation et de l’ancienneté du monde polynésien auquel ils appartiennent et celui qui rend compte du cas particulier de l’île de Pâques. Concernant les Polynésiens, la génétique a permis de progresser à grands pas et de désigner l’Asie comme point d’origine, il y a plus de 10.000 ans. Longtemps, pour des raisons linguistiques, on a évoqué Taiwan ou les Philippines. Les recherches récentes montrent qu’il s’agit plus certainement de l’Asie du Sud-Est continentale et que les premiers migrants s’installèrent déjà entre les 9e et 6e millénaires avant notre ère dans des archipels proches de la Papouasie-Nouvelle-Guinée. Quant aux Pascuans en particulier, on ne sait exactement le lieu de leur dernière étape avant d’atteindre Rapa Nui, ni la date précise de leur arrivée. Ils partagent, cependant, un grand nombre de traits culturels avec la Polynésie orientale (Pitcairn, les Marquises, Tahiti, les Tuamotu, les Australes, les îles Gambier…). Aussi, ne fait-il aucun doute qu’ils sortent de ce milieu culturel. Mais il est difficile d’apporter plus de précision, d’autant que des échanges ou des migrations répétées ont eu lieu entre les îles et les archipels de Polynésie orientale, sans qu’on puisse reconstituer
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tous les détails de cet imbroglio. La légende du roi Hotu Matua, qui évoque l’arrivée des premiers colons à Rapa Nui, ne nous apprend rien de plus précis. Il y est question d’une terre d’origine s’appelant Marae Renga, située à l’ouest de l’île de Pâques, mais qu’on ne peut identifier. Quelques-uns ont essayé de dénombrer les générations de rois pour estimer l’époque à laquelle Hotu Matua aurait débarqué à l’île de Pâques. Selon les témoignages enregistrés à la fin du xixe siècle et au début du suivant, entre 23 et 57 rois se seraient succédé, ce qui détermine un laps de temps assez imprécis de six à quatorze siècles. L’inauguration du premier règne se situerait donc entre l’an 600 et les alentours du xive siècle. Quoi qu’il en soit, des datations par le carbone 14 montrent que des monuments existaient déjà sur l’île de Pâques au xiie siècle et qu’il est des traces d’installations humaines un peu plus anciennes. Les Pascuans sont donc les héritiers très lointains de populations qui se sont mises en route depuis l’Asie du Sud-Est, il y a déjà huit ou onze millénaires. Vers le iiie siècle de notre ère, cette lente mais irrésistible vague migratoire atteignit la Polynésie orientale, puis l’île de Pâques, cinq à huit siècles plus tard.
île de Pâques Dix années de fouilles reconstruisent son histoire
Le grand tabou L’histoire de l’île de Pâques telle que nous la connaissons est-elle remise en question ? Force est de constater que les éléments de terrain mis à jour depuis une douzaine d’années par une équipe d’archéologues des Musées Royaux d’Art et d’Histoire (Bruxelles) nous obligent à revoir notre vision de l’histoire de l’île. Nicolas Cauwe, directeur des fouilles, nous livre ici les conclusions de ses travaux. Des faits de terrain inédits balaient certains des mythes les plus ancrés, autant qu’ils transforment les hypothèses précédentes. Le déboisement de l’île n’engendra pas de guerres civiles, pas plus qu’un effondrement culturel ou la destruction des statues. On assiste plutôt à un formidable changement politique et religieux. C’est toute une population qui s’est remise en cause, afin de s’adapter à des temps nouveaux. Tout le passé de l’île est à présent à reconstruire et l’aventure, en compagnie de l’auteur, se révèle passionnante !
Nicolas Cauwe est actuellement conservateur de la section Océanie des Musées Royaux d’Art et d’Histoire (Bruxelles) et directeur des fouilles belges à l’île de Pâques. En 1999, curieux d’en apprendre plus sur l’imposante sculpture de l’île de Pâques ramenée en Belgique par l’expédition Métraux-Lavachery de 1934, il s’embarque sur les traces des célèbres explorateurs en compagnie d’une équipe d’archéologues. Ce qui devait n’être qu’une simple campagne de fouilles se transforme rapidement en une investigation minutieuse qui aujourd’hui, après plus de dix ans d’efforts, bouleverse bien des idées reçues.