GOURLAT Isabelle ________________ Mémoire de Master
L’INFLUENCE DES POLITIQUES PUBLIQUES DES ANNÉES 80 SUR L’ESTHÉTIQUE DE LA VILLE DE LYON PAR QUELS MOYENS LES POLITIQUES PUBLIQUES MISES EN PLACE DANS LES ANNEES 80 FAÇONNENT-ELLES L’ESTHETIQUE DE LA VILLE DE LYON AUJOURD’HUI ?
Directrice de mémoire : Brigitte Sagnier ENSAL 2014-2015
SOMMAIRE
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INTRODUCTION............................................................................................................. 7 I – LES POLITIQUES URBAINES À LYON......................................................................... 11
A. Qu’est ce que la ville ? ....................................................................................................... 11
B. La ville de Lyon ................................................................................................................. 13 1 / Situation géographique et administrative .......................................................................... 13 2 / Présentation historique de la ville ...................................................................................... 17 3 / Classement au patrimoine mondial de l’UNESCO .............................................................. 20
C. La genèse des politiques urbaines dans les années 80 ....................................................... 22 1 / Politiques publiques et politique de la ville ........................................................................ 22 2 / Le contexte socio-économique d’émergence : 1960-1990 ................................................. 23 3 / Une nouvelle ambition pour la ville : 1990 ......................................................................... 26 4 / Le Grand Lyon aujourd’hui ................................................................................................. 28
II – LES DIFFÉRENTS PROCESSUS D’ESTHÉTISATION DE LA VILLE................................... 30
A. Processus de construction ................................................................................................ 31 1 / Les équipements publics ..................................................................................................... 31 2 / Les espaces publics ............................................................................................................. 34
B. Systèmes de mise en valeur .............................................................................................. 37 1 / L’esthétique du paysage ....................................................................................................... 37 2 / La mise en valeur de l’existant et du patrimoine ................................................................. 42
C. La signalétique : nouveau dispositif urbain ........................................................................ 48 1 / Une nouvelle signalétique ................................................................................................... 48 2 / Le mobilier urbain ................................................................................................................ 52
D. L’art urbain ....................................................................................................................... 54
E. Opération de marketing .................................................................................................... 58 1 / La stratégie touristique OnlyLyon ........................................................................................ 58 2 / L’événementiel ..................................................................................................................... 60
CONCLUSION............................................................................................................... 62 ANNEXE....................................................................................................................... 66 BIBLIOGRAPHIE........................................................................................................... 68 SOURCES ICONOGRAPHIQUES..................................................................................... 72
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INTRODUCTION
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Le 1er Janvier 2015, La Métropole de Lyon a vu le jour. C’est une collectivité territoriale unique en France et qui a été créée par la fusion entre la communauté urbaine de Lyon avec le conseil général du Rhône. Selon Gérard Colomb, le président de la Métropole, les objectifs de cette fusion sont clairs. « D’abord asseoir la place de Lyon dans les villes qui comptent et fabriquent l’économie mondiale, soutenir la recherche, l’innovation et l’entreprenariat, développer de grands projets urbains et rendre la ville toujours plus agréable. » Un des buts sous jacents est donc d’améliorer l’efficacité de l’action publique et de la rendre plus lisible. Cette question de lisibilité est récurrente, depuis 30 ans, les appels se multiplient pour alléger le « millefeuille administratif Français ». Cette métropole est donc un prototype essayant de répondre à cette problématique. Elle s’inscrit dans la lignées des politiques publiques mises en place dans les années 80 afin d’améliorer le cadre de vie des Lyonnais en effectuant un « ravalement de façade » de la ville et de ses espaces publics. En raison de son statut de « précurseur de la réforme territoriale », la Métropole Lyonnaise a d’ailleurs reçu le prix de la performance publique en décembre dernier lors de la cérémonie des Victoires des acteurs publics.
La perception des espaces urbains, passant par leur représentation esthétique et formelle est devenue depuis les années 80 une des préoccupations majeures des décideurs locaux. Les politiques publiques dans les villes occidentales contemporaines utilisent désormais des moyens de communication afin de rendre l’espace urbain accueillant. Ce marketing urbain traduit une volonté croissante de rendre la ville attrayante, que ce soit pour ses usagers quotidiens ou pour les touristes, ces derniers étant le moteur de l’économie touristique que les villes cherchent à développer. Les municipalités cherchent à embellir, sécuriser, gérer et mettre en valeur ces espaces publics.
Les espaces à vocation touristique, comme les centres historiques, illustrent encore mieux que d’autres espaces urbains cette nouvelle tendance à « esthétiser » la ville. Depuis les années 80 et avec plusieurs plans mis en place dès lors, le paysage urbain est devenu un attrait culturel, une identité urbaine s’est créée. Les villes veulent faire évoluer le cadre de vie qu’elles proposent, en aménageant les espaces publics, en créant des équipements, en proposant de plus en plus de services afin de séduire les usagers et de leur rendre l’environnement urbain plus agréable et cohérent. Cet objectif est surtout atteint à l’aide d’interventions formelles comme la mise en place d’un design urbanistique, la mise en place de signalétiques, l’édification d’objets architecturaux complétement déconnectés du tissu urbain dont seules l’esthétique et la signature d’un grand nom de l’architecture va avoir de la valeur aux yeux des décideurs publics. Dans le sillage de Bilbao, et de son fameux musée signé par Frank Gehry, plusieurs acteurs locaux au cours des dernières années ont cherché à miser sur l’architecture afin de se repositionner dans l’économie tertiaire. Un star-system architectural et international est né, les architectes doivent désormais pouvoir apporter une signature aux bâtiments qu’ils conçoivent, une signature gage de notoriété et d’attrait touristique. Les dernières décennies du XX° siècle ont vu un changement important entre architecture contemporaine et iconicité. Les territoires cherchent à se distinguer, se singulariser. Plus la forme architecturale est étonnante, plus on parle de nous, c’est en quelques sortes un effet publicitaire qui est recherché également. Selon Klingmann, le produit proposé n’est plus un but en soi, nous évoluons vers une consommation non plus d’objets mais de sensations, de lifestyle. Les bâtiments ne sont plus vus comme des objets mais comme des publicités de destinations. Elle avance également que la conception de l’environnement urbain en tant que paysage (skyline) cède la place à la conception d’environnements « signés » (brandscapes).
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En effet, ce que l’on peut observer dans ces tendances architecturales se retrouve aussi dans certains éléments urbains. Des designers de renom sont invités à concevoir une ligne de mobilier urbain, tout comme les architectes le sont pour des équipements publics. Ces méthodes de branding sont un des outils stratégiques de transformation culturelle et économique, et la starchitecture contemporaine tout comme les pouvoirs publics ont recours à ces méthodes. La ville de Lyon fut d’ailleurs l’une des premières à mettre en place une telle volonté. Aujourd’hui on peut voir très clairement que l’outil marketing Only Lyon participe à l’essor de la ville. Cette dernière améliore son image et génère de la croissance économique, pour mieux s’insérer dans l’économie mondiale, pour se lancer dans le tourisme ou encore pour consolider sa place parmi les destinations touristiques internationales. La frénésie de construction de musées que l’on peut observer ces dernières décennies le met d’ailleurs en avant. Il faut montrer son histoire, sa culture, et le bâtiment muséal constitue à lui seul un objet architectural qui peut participer à la présentation de la ville. Aussi bien sur le fond des collections qu’il abrite que sur la forme de son enveloppe. Ces traitements architecturaux, urbains ou la mise en valeur du patrimoine font appel à la notion d’identité territoriale. Les responsables locaux utilisent ces outils esthétiques au même titre que le lancement de grandes manifestations festives et événementielles. Encore une fois, la ville de Lyon présente un exemple des plus intéressants avec la fête des Lumières accueillant plus de 4 millions de personnes chaque année ou encore le festival Lumière, mettant en avant le patrimoine culturel de la ville en rappelant que les frères Lumière ont inventé le cinématographe à Lyon et que c’est ici que le premier film fut tourné. Les stratégies de requalification dans la ville contemporaine sont désormais décidées et mises en place par les politiques locales. Le paysage urbain tend à s’esthétiser et c’est dans sa forme plus que dans le fond que les pouvoirs publics tentent de façonner la ville d’aujourd’hui. Ces préoccupations d’ordre esthétique sont relativement nouvelles, la mise en valeur du patrimoine, les ravalements de façades, des actions événementielles, la réfection des espaces publics
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ou encore la création d’équipements publics sont autant de symptômes qui montrent cette volonté des décideurs politiques de rendre la ville plus attrayante. Toutes ces actions d’ordre esthétique tendent également à montrer la volonté de créer une identité urbaine. Le marquage du territoire par les acteurs publics est de plus en plus perceptible et à commencer à se mettre en place dans les années 80, où des villes, Lyon en tête, ont commencé à s’intéresser de près à ces questions de cadre de vie. Il fallait rendre la ville plus lisible, attractive, propre, sécurisante. La ville se transforme peu à peu en produit de consommation, que l’on cherche à vendre, à exporter. Elle doit séduire les touristes, mais aussi ses usagers. Cette hypothèse est bien sur à mettre en parallèle avec la mondialisation et la société de consommation dans laquelle la société occidentale est aujourd’hui. La gestion esthétique de la ville a donc pris une importance énorme. On parle désormais de marketing urbain, de branding, de marques comme OnlyLyon. Les villes font leur publicité et se positionnent sur un marché mondial. Ce qui m’intéresse de montrer, ce sont ces symptômes de la gestion esthétique des villes, et la ville de Lyon est d’ailleurs un parfait exemple car elle regroupe à elle seule la plupart des mécanismes de requalification cités plus haut. Il s’agit de comprendre quels sont ces mécanismes mais également leur but, qui les a mis en place, pour quelles raisons et pour quelles cibles. Entre le Plan bleu, le Plan vert, le Plan lumière, l’événementiel, la politique marketing, la mise en valeur du patrimoine, le design du mobilier urbain, l’édification d’équipements publics ou encore de grands projets urbains tels que le quartier Confluence ; la ville de Lyon est une étude de cas type qui peut permettre de comprendre les enjeux de ces politiques urbaines. Par qui et pour qui sontelles mises en place ? Pourquoi et comment ?
En d’autres termes :
« Par quels moyens les politiques publiques mises en place dans les années 80 façonnent-elles l’esthétique de la ville de Lyon aujourd’hui ? »
Ainsi, il nous faudra tout d’abord comprendre et définir les termes mobilisés dans cette problématique afin de cerner clairement les différents enjeux et restreindre le champ d’étude avec une étude de cas précise : la ville de Lyon. Puis, nous étudierons la genèse de ce phénomène d’esthétisation avec la mise en place des premières politiques publiques dans les années 90 à Lyon. De là, nous pourrons donc remonter le fil du temps et appréhender plus en détail les impacts que ces différents traitements ont eu sur le paysage urbain. Enfin, nous répertorierons les différents outils à disposition de la municipalité de Lyon qui participent à cette esthétisation de la ville. Et c’est à travers ces différents mécanismes tels que la construction architecturale, la mise en valeur du paysage ou du patrimoine, la signalétique mise en place ou encore le marketting urbain que nous arriverons à cerner les enjeux de cette esthétisation. En répondant à cette question, c’est avant tout les processus par lesquels les acteurs privés et publics donnent du sens au paysage et au patrimoine urbain et comment ils le transforment que nous cherchons à analyser et démontrer. Ce questionnement établi donc un lien entre la gestion de l’urbain qui est faite par les politiques publiques et le développement des villes.
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LES POLITIQUES URBAINES A LYON
I - LES POLITIQUES URBAINES A LYON
A. QU’EST CE QUE LA VILLE ?
De tous temps, les villes et leur fonctionnement ont intéressé nombre de scientifiques, sociologues et autres intellectuels. Les principes qui régissent la structure et l’organisation de la ville sont aujourd’hui étudiés par la sociologie urbaine, l’urbanisme ou encore l’économie urbaine. Si la compréhension de ces mécanismes complexes qui font la ville est si importante, c’est bien parce que la ville est l’un des habitats de l’homme, et en ce sens le reflet de nos cultures et sociétés. C’est donc une question décisive que celle de la ville, car tout porte à croire que l’urbanité est l’avenir de l’homme, puisque dans un peu plus d’une génération seulement un tiers de la population mondiale vivra encore en milieu rural. Le futur de nos sociétés s’inscrit également dans ce questionnement. Néanmoins une ville peut être définie de plusieurs façons différentes, selon qu’on l’observe d’un point de vue sociologique, historique, urbanistique ou politique. Dans ce contexte foisonnant, il me semblait donc essentiel avant de rentrer dans le sujet de définir les concepts abordés dans celui-ci. L’étymologie du mot “ville” provient de la racine indo-européenne weik qui désigne l’unité sociale en lien avec la notion de famille. Weik a donné la racine oikos en grec signifiant la maison, d’où viennent des mots comme vilain (qui désignait les paysans au Moyen-Age) villa, village, vicinal et voisin. Le mot “cité” est tiré quant à lui du latin civis : “membre d’une cité” ou “citoyen” d’où l’on tire le nom civitas. A cette racine sont associés des mots comme citadin, citoyen, civique, civil, et même civilisation. Ces termes définissent des ensembles sociaux. On peut donc considérer que la ville comme une cellule vivante de la société. L’Homme a besoin d’un certain cadre, d’un certain environnement. Tout comme certaines espèces animales, la tendance naturelle des hommes est de se regrouper. Auparavant, cela assurait leur sécurité et leur permettait de se protéger des invasions de groupes étrangers, ce qui les a poussé par la suite à bâtir des murailles pour contrer ces attaques.
« Ville,s. f. (Architect. Civil.), assemblage de plusieurs maisons disposées par rues, & fermées d’une clôture commune, qui est ordinairement de murs & de fossés. Mais pour définir une ville plus exactement, c’est une enceinte fermée de murailles, qui renferme plusieurs quartiers, des rues, des places publiques, & d’autres édifices » Cette définition du mot ville figure dans le tome XVII de l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert datant de 1751. Avant la révolution industrielle le phénomène urbain se manifestait avant tout par des murailles encerclant des constructions. Cette association entre ville et muraille met en avant le fait qu’une ville devait pouvoir se défendre, mais la muraille était également à l’époque signe d’urbanité. De nos jours la délimitation d’une ville est fondée sur le seul critère de continuité de l’habitat. Ainsi, si la population agglomérée d’une commune contient au moins 2 000 habitants, cette commune peut alors être désignée comme « ville ». Une ville est donc une entité physique regroupant un certain nombre d’habitants. Ses espaces seront donc aménagés dans le but de concentrer et de faciliter les activités qui s’y trouvent ; habitat, commerce, industrie, éducation, politique, culture, etc. Et c’est là que rentre en jeu l’urbanisme, dont le rôle va être de gérer et d’aménager ces espaces. L’ONU s’intéresse de très près à ces questionnements de peuplement humain dans les villes et les campagnes, en produisant depuis 1988 des statistiques au niveau mondial permettant de suivre cette évolution. Publiés l’année dernière, ces chiffres démontrent qu’un vaste mouvement d’urbanisation est en marche. En effet, alors qu’en 1900 une personne sur dix vivait en ville, c’est désormais plus de la moitié de la population qui est aujourd’hui urbaine, soit 54%. En revanche, le peuplement ralentit dans les campagnes. L’Asie et l’Afrique contribuent largement à cette tendance, avec respectivement 48% et 40% de personnes vivant en ville. La population urbaine y est donc encore minoritaire, mais les chiffres affichent une croissance rapide. Les projections démographiques prévoient qu’à l’horizon 2050, ces deux continents produiront neuf fois plus d’urbains que le reste du monde :
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ce qui ferait 2,5 milliards de nouveaux urbains en Asie et en Afrique à eux seuls, venant s’ajouter aux 3,9 milliards actuels. Ces chiffres attestent de l’importance croissante des villes. Et même si ce constat est très largement admis, sa mesure en est de plus en plus discutée à cause des transformations profondes qui redéfinissent les espaces urbains et ruraux. Certaines villes adoptent par endroits une morphologie nouvelle, plus verte et moins densément peuplée, et que certains peuvent percevoir comme une « nouvelle campagne ». A l’inverse, certaines régions rurales (en Chine ou en Inde par exemple) se sont peuplées rapidement, jusqu’à atteindre une densité similaire à certaines villes Européennes. L’urbain de la ville, et la ruralité de la campagne deviennent donc des notions de plus en plus difficiles à définir clairement. Villes diiffuses, Espaces semi-urbains, villes campagnes, Zwischenstadt (de l’Allemand Swischen = entre et Stadt = ville) ; autant de néologismes qui ont ainsi vu le jour pour tenter de saisir ces nouveaux espaces et qui témoignent de la confusion qui peut avoir lieu sur ce sujet. La notion d’esthétique des villes existe quant à elle depuis l’antiquité et s’est surtout développée à l’époque de la Renaissance avec l’évolution des rapports entre le sujet et l’objet. En effet la naissance de la perspective en dessin d’architecture fait complétement évoluer la vision que l’on peut avoir de l’architecture en elle même. Pour Alberti, la ville doit être commode et belle, la question d’usage et du sens est donc posée. Au 19ème siècle, avec la logique classique, la composition et l’esthétique urbaine étaient des préoccupations majeures. C’est pourquoi il était indispensable de poser un cadre précis à cette question d’esthétisation de la ville. De quelle ville parle t-on ? Où commence et s’arrête celle ci ? Sur quelles parties de la ville les mécanismes que nous voulons étudier s’appliquent ? Ces mécanismes étant mis en place par les pouvoirs politiques en charge de la ville, ils vont donc s’appliquer sur l’ensemble du territoire régis par ces acteurs politiques locaux.
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La ville de Lyon ayant été l’une des premières en France à mettre en place des stratégies urbaines, elle présente une étude de cas idéale afin de mettre en lumière ces processus nouveaux. De plus, elle propose de par sa taille, un panel assez conséquent de mesures mises en place à étudier. Ainsi, nous allons étudier les effets et le fonctionnement de différentes actions réalisées sur un espace donné : celui de la ville de Lyon.
B. LA VILLE DE LYON
1 / Situation géographique et administrative La région Rhône Alpes
Figure 1: Accessibilité en transports en Europe
Figure 2: Situation géographique de la région Rhône-ALpes
6 millions d’habitants
La Région Rhône-Alpes s’est bâtie autour d’une vallée fluviale naturelle sur l’axe Rhône-Saône et s’étend sur un vaste territoire long de 200 km du Nord au Sud et de près de 180 km d’Ouest en Est. Bordée par le Massif central à l’Ouest et le massif Alpin à l’Est, la région se distingue par la diversité de ses paysages avec notamment des plaines, des plateaux ainsi que des moyennes et hautes montagnes. C’est d’ailleurs la deuxième région de France en superficie, avec la région Midi-Pyrénées, et la 6ème au niveau Européen. Concernant les cours d’eau, Rhône-Alpes est l’une des régions les mieux loties de l’hexagone. Une eau abondante a fait des vallées alpines et des rivières, les axes majeurs du développement de la politique de production énergétique du quart SudEst de la France. Le couloir rhodanien jouit d’un climat continental marqué par des étés chauds et des hivers rigoureux. Les massifs montagneux (Alpes, sud Jura, Massif Central) connaissent des variations climatiques importantes. La région compte plus de 6 millions d’habitants, ce qui représente environ 10 % de la population française et regroupe 8 départements : l’Ain, l’Ardèche, la Drôme, l’Isère, la Loire, le Rhône, la Savoie et la Haute-Savoie avec la ville de Lyon comme chef-lieu. C’est une des régions les plus industrialisées de France et accueille une cinquantaine de leaders mondiaux dans plusieurs domaines économiques. Sur le plan économique, la ville fait d’ailleurs partie d’un dense réseau de villes moyennes (Grenoble, Saint-Etienne, Chambéry, Annecy...) qui développent des liens de plus en plus étroits permettant à la région Rhône-Alpes toute entière de se positionner parmi les grandes régions européennes d’influence.
10% de la population française
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Figure 3: Vue aérienne de Lyon
Figure ci-dessous : Schéma de la métropole de Lyon
Le Grand Lyon
L’agglomération lyonnaise est la deuxième agglomération de France après l’agglomération Parisienne. Constituée de 59 communes et nommée « Le Grand Lyon », elle compte plus de 1,2 million d’habitants et s’étend sur une surface de 55 000 hectares. Chaque année, elle attire un nombre toujours plus important de visiteurs, que ce soit pour un tourisme d’affaires ou de loisirs. En termes de territoire, elle est bordée au Nord par le Pays Beaujolais, à l’Ouest par les Monts du Lyonnais, à l’Est et au Nord par la plaine de la Dombes et de l’Isère.
Le nouveau Rhône 2 711 km2 230 communes 460 000 habitants
La Métropole de Lyon Depuis le 1er janvier 2015, la Communauté urbaine de Lyon a fait place à la Métropole de Lyon. Le but de cette nouvelle collectivité est de réunir les champs d’action du Département et de la Communauté urbaine sur les 59 communes qui composent le territoire du Grand Lyon.
Le territoire de la Métropole de Lyon
=
Le territoire de la Communauté urbaine de Lyon
La Métropole de Lyon 538 km2 59 communes 1,3 million d’habitants 24% de moins de 19 ans 17% de plus de 65 ans 140 000 étudiants
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Figure 5 : SchĂŠma des communes composant la communautĂŠ urbaine du Grand Lyon
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La ville de Lyon La ville de Lyon est située à un carrefour géographique, au nord du sillon naturel de la vallée du Rhône s’étendant jusqu’à Marseille. Elle occupe donc une position stratégique dans la circulation Nord-Sud en Europe. De tout temps, la région Lyonnaise a constitué un lieu de passage, une ville étape et un point de rencontres et d’échanges. Une position qu’elle confirme aujourd’hui encore dans de nombreux secteurs, et qui fait de l’agglomération lyonnaise la capitale de la région Rhône-Alpes, mais surtout une métropole européenne. La population, l’économie et le dynamisme global de Lyon sont directement liés aux attraits géographiques de la ville.
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La ville peut également se vanter de plusieurs spécificités géographiques : située à mi-chemin entre mer et montagne, et s’étendant sur 4 575 ha de terres, elle est surplombée de deux collines (La colline de Fourvière à l’ouest qui culmine à 300 m d’altitude, et celle de la Croix-Rousse au nord qui culmine à 250 m) et traversée par deux cours d’eau se rejoignant à Lyon même (le Rhône et son affluent la Saône). De cette situation exceptionnelle de se trouver au confluent de deux cours d’eau, naît la particularité physique de la ville : sa presqu’île.
La Croix Rousse Fourvière
Le confluent
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Figure 6 : Image satellite de Lyon avec ses deux collines et ses deux cours d’eau
2 / Présentation historique de la ville
L’époque Romaine et la fondation de Lugdunum I av JC- III ap JC Dès le IVe siècle avant Jésus-Christ, il y avait à l’ouest de la colline de Fourvière, un camp de Gaulois. Malgré les marécages présents dans la région à cette époque, le camp joua un rôle important dans les échanges avec Marseille. L’histoire officielle de la ville commence en 43 avant Jésus-Christ, lorsque Lucius Munatius Plancus, gouverneur de la province romaine de la Gaule transalpine (ou Gaule lyonnaise) fonda une ville connue sous le nom de Lugdunum, ce qui signifie Colline de la lumière ou colline des corbeaux, sur la colline de Fourvière. C’est l’empereur Claude en prononçant le fameux discours gravé sur les Tables Claudienne en 28 après Jésus-Christ, qui permit à la ville de se voir accorder le haut statut de colonia par le Sénat, bénéficiant ainsi d’important privilèges fiscaux. En 27 avant JésusChrist, les provinces de Gaule sont réorganisées et Lugdunum devint alors la capitale de la Gaule lyonnaise et le siège du gouvernement impérial. Un réseau de routes partant de la ville fut mis en place, ce qui contribua largement à sa suprématie économique et politique. Avec 60 000 habitants c’était la deuxième ville de l’empire après Rome. Elle jouissait d’un statut spécial, en effet c’était à cet endroit que le Conseil des trois Gaules se réunissait tous les ans. Les représentants de toutes les villes des trois provinces Gauloises se retrouvaient sur les pentes de la Croix-Rousse, au sein du sanctuaire dédié à Rome et à Auguste. C’est pour cela que la ville fut consacrée Capitale des 3 Gaules. Cela participa à son rayonnement économique, politique, militaire et religieux. C’est le déclin de la puissance romaine qui marque la fin de la puissance de la ville, à la fin du IIIe siècle.
Figure 9: Perspective de Lugdunum
Figure 7: Emplacements des vestiges retrouvés
Figure 8: Emplacements des lieux importants sur la colline de Fourvière
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Le Moyen Age
La Renaissance et les débuts de la soie
A la période qui suivit l’effondrement de l’Empire romain occidental, Lyon survécut comme un important centre urbain, et c’est l’émergence de l’Eglise qui marquera par la suite le retour de la prospérité de la ville, en effet un grand nombre de communautés monastiques importantes s’y sont établies. En 843, elle fut cédée à la Lotharingie, puis appartenue par la suite au royaume de Bourgogne et plus particulièrement au comté de Lyon dont elle devint le centre. L’archevêque de Lyon fut chargé en 1157 par l’empereur du Saint Empire Barberousse du contrôle de la Seigneurie. Son statut indépendant et sa situation stratégique, tant politiquement que commercialement, permirent au comté de devenir très influent malgré sa petite taille. Le pape Grégoire VII a également souligné l’importance de l’archevêché en lui conférant le titre de « primat des Gaules » en 1078. Plusieurs pontifes y furent d’ailleurs couronnés par la suite. C’est en 1312 que son indépendance prit fin, lorsque Philippe le Bel annexa la ville au royaume de France. Toutefois, elle conserva son importance commerciale, et elle continua à prospérer. Au début du XVIe siècle, Lyon devint également le centre des activités politiques françaises en Italie. Par conséquent la cour française s’y rendait régulièrement et elle attirait avec elle de nombreux artistes et grandes familles Italiennes.
C’est à cette époque-là que Lyon connait un essor industriel et textile, notamment grace aux quatre foires annuelles qui furent créées sous le règne de Louis XI (1461-1483). Ces foires attiraient des marchands venus de toute l’Europe, et plus particulièrement d’Italie (Florence). La ville devint un centre majeur en ce qui concerne le commerce des épices mais surtout du commerce de la soie. C’est sous François 1er que l’industrie de la soie va prendre son essor. Jusqu’alors les Italiens avaient le monopole du tissage, mais le roi de France va faire passer une ordonnance royale accordant aux ouvriers venant s’installer à Lyon des privilèges financiers. Ainsi une très grande communauté de tisseurs Italiens vont venir s’y implanter. Les immigrants florentins firent également de Lyon un centre financier de la banque et de l’assurance. C’est donc à cette époque que va naître la Fabrique. C’est ainsi que l’on nomme les activités de soierie dans la région Lyonnaise. C’est également un événement marquant le fondement d’une très forte culture ouvrière avec ces ouvriers de la soie que l’on surnomme les Canuts. L’apogée de la soierie Lyonnaise au XVIII° siècle, va permettre grâce à une créativité sans pareille de développer la manufacture de la soie et son négoce. La soie Lyonnaise est si renommée que Phillippe de Lassalle va même l’utiliser pour la décoration du château de Versailles. L’industrie connut un essor sans précédent lorsque Napoléon Ier imposa l’usage de la soie lyonnaise à toutes les cours d’Europe. De nouveaux logements pour les ouvriers furent construits sur les pentes de la Croix-Rousse. Entre 1800 et 1848, le nombre de métiers à tisser en fonctionnement fut multiplié par 10, passant de 6.000 à 60.000, et plus de 90.000 personnes travaillaient dans cette industrie. Cependant, les relations entre les ouvriers produisant la soie et les marchands la vendant furent toujours tendues, et en 1831 et 1834, Lyon connut ses premieres manifestations. Le Second Empire matta ces révoltes avec autorité et beaucoup de Canuts y perdirent la vie. En parallèle, l’année 1805 va marquer l’invention du Jacquard, une nouvelle mécanique de métiers à tisser composée de cartes perforées et qui porte le nom de son créateur. Cette évolution mécanique remplace dès 1870 les vieux métiers à tisser par des métiers mécaniques : peu à peu, les Canuts et les ateliers familiaux de la Croix-Rousse disparaissent.
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Figure 10: Un métier à tisser Jacquard
L’époque moderne La situation géographique de Lyon se voulait incontournable pour les nombreux artistes et architectes qui se rendaient ou venaient d’Italie. On voit d’ailleurs leur influence sur les nombreuses constructions de l’époque, telles que l’Hôtel-Dieu et le palais du Change. La prospérité de la ville était telle au XVIIIe siècle, que l’on imposa une mesure de planification urbaine systématique afin de contrôler l’expansion. Cette planification fut pensée par de grands urbanistes et architectes tels que de Soufflot, Morand, Perrache ou encore Cotte. Le XIXe siècle a par la suite affirmé la puissance industrielle de Lyon. Cette dernière déplace sa base industrielle de la soie vers de nouveaux secteurs, comme l’automobile, la chimie textile ou encore la pharmaceutique. La création d’une véritable région économique lyonnaise va permettre à la ville de prendre une place essentielle dans l’économie française. On lance alors de grands travaux d’envergure pour l’agrandir. L’urbanisme poursuit son évolution au cours du XXe siècle, et la ville prend une dimension européenne. Un soin tout particulier est porté sur le cadre de vie offert aux citoyens et à la mise en lumière de la ville.
Figure 11: Façade de l’Hotel DIeu dessinée par Soufflot
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3 / Classement au patrimoine mondial de l’UNESCO Le Vieux Lyon, 1er secteur sauvegardé En 1962, André Malraux alors ministre de la culture met en place le principe de secteur sauvegardé dont le but est de préserver l’authenticité de certains ensembles bâtis. Grâce à cela, l’existant est protégé, de plus toute démolition et nouvelles constructions sont réglementées. Dans les années 60, le Vieux Lyon était considéré comme un quartier insalubre. Au lieu de le réhabiliter, le maire de l’époque Louis Pradel, surnommé “l’amoureux du béton” prend la décision de raser une partie située tout près de la cathédrale SaintJean et du Palais de Justice pour créer une bretelle d’autoroute. Ce sont les habitants farouchement opposés au projet qui vont lancer une action de protection du quartier en se réunissent autour d’organismes tels que La Jeune Chambre Economique et La Renaissance du Vieux Lyon.
Et en 1964 la demande de protection du Vieux Lyon comme secteur sauvegardé est acceptée. Les quartiers de Saint-Paul, Saint-Jean et Saint Georges sont les premiers en France à recevoir ce titre et vont alors faire l’objet d’une grande politique de restauration et de réhabilitation.
Figure 12: Carte de la zone inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO 1998 En rouge : le périmètre inscrit par l’UNESCO au patrimoine mondial / En orange : zone tampon destinée à la réservation des abords du site.
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Critère (ii) : Lyon représente un témoignage exceptionnel de la continuité de l’installation urbaine sur plus de deux millénaires, sur un site à l’énorme signification commerciale et stratégique, où des traditions culturelles en provenance de diverses régions de l’Europe ont fusionné pour donner naissance à une communauté homogène et vigoureuse.
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Critère (iv) : De par la manière particulière dont elle s’est développée dans l’espace, Lyon illustre de manière exceptionnelle les progrès et l’évolution de la conception architecturale et de l’urbanisme au fil des siècles. Critères donnés par l’UNESCO
”
Le 5 décembre 1998, le site historique de Lyon, dont le territoire est délimité par les anciennes fortifications de la ville et qui comprend la colline de Fourvière ainsi qu’une grande partie de la Presqu’Ile, est inscrit sur les listes du Patrimoine Mondial de l’Unesco. La partie historique de la ville réunissait de nombreux critères qui faisaient d’elle un site exceptionnel : sa position géographique d’une part bordée de deux collines et se situant au confluent de deux fleuves; mais également une occupation par l’Homme continue ainsi qu’un développement urbain cohérent. On peut aussi noter un mode de vie caractéristique grâce au passé marchand de la ville et du brassage de population issue de différentes régions européennes qui en découle. Enfin, une architecture imposante et remarquablement préservée est le témoin de l’évolution de la ville au cours de ses deux millénaires d’occupation. C’est donc en partie grâce à la manière particulière dont la ville s’est développée dans l’espace (d’ouest en est) que Lyon a pu bénéficier de cette inscription. La ville illustre de manière exceptionnelle les avancées et l’évolution du dessin d’architecture ainsi que de l’urbanisme sur plusieurs siècles.
En partant de la colline de Fourvière occupée par les Romains, le quartier médiéval du vieux Lyon, les bâtiments Renaissance de la presqu’ile jusqu’à l’est Lyonnais et ses plans d’urbanisme. L’inscription du site historique de Lyon est le fruit d’un long processus de protection et de mise en valeur du patrimoine qui a permis de préserver des traces de chacune des périodes de l’histoire. Les logiques d’inscription du label UNESCO sont avant tout politiques et économiques. En effet la candidature de la ville auprès de l’organisme international est l’aboutissement d’un travail collectif initié par des associatifs, puis relayé par des spécialistes du patrimoine (locaux et internationaux), puis soutenu par des élus locaux. Au même titre que l’obtention des Jeux Olympiques, l’inscription sur la liste du patrimoine mondial est devenue un label très prisé. Cette inscription constitue donc un enjeu de taille pour les pouvoirs publics. En ce qui concerne le patrimoine bâti, l’UNESCO est aidée par le Conseil international des Monuments et des Sites (Icomos). Ce dernier a pour rôle d’assurer les missions techniques. Il va donc faire appel à l’expertise de divers professionnels du patrimoine tels que des architectes, urbanistes, paysagistes ou des conservateurs, ceux ci proviennent de différents pays et sont légitimés en tant qu’experts internationaux par l’ICOMOS et l’UNESCO. Le patrimoine est donc analysé scientifiquement et jugé sur des logiques urbanistiques et enjeux culturels de préservation. Il faut noter que contrairement à la zone de protection dont font parties le vieux Lyon ou encore la colline de la Croix-Rousse, l’inscription de l’Unesco n’apporte pas de contraintes supplémentaires par rapport aux juridictions préexistantes. Elle permet cependant de rendre la ville et son patrimoine visibles sur la scène internationnale et ainsi développer son tourisme et son économie.
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B. LA GÉNÈSE DES POLITIQUES URBAINES DANS LES ANNÉES 80
1 / Politiques publiques et politique de la ville : mission et acteurs Le sens donné à l’expression « politiques publiques » comporte une assez grande homogénéité d’un auteur à l’autre. Une politique publique peut être définie comme la somme des actions engagées par une autorité publique en vue de résoudre un problème, ou de maintenir une situation satisfaisante, dans un domaine pour lequel cette autorité est compétente. Les politiques publiques sont mises en œuvre par les institutions publiques et les administrations publiques avec un ensemble de moyens (humains, financiers et matériels) pour agir sur une situation donnée comme la gestion d’infrastructures, de la santé, des questions de famille, logement, emploi, formation professionnelle ou encore de la recherche. Le domaine qui nous intéresse donc ici est celui de la gestion des villes. Une ville étant sous la responsabilité d’élus locaux, c’est à eux que revient cette gestion. L’urbanisme est donc lié très étroitement à la politique, car ce sont ces acteurs qui décident de la création de projets sur le territoire. La gestion de la ville par les politiques publiques est à ne pas confondre avec la « politique de la ville ». En effet, la politique de la ville désigne une politique mise en place il y a une trentaine d’années par les pouvoirs publics alors que le « problème de banlieues » émergeait, et dont le but était de revaloriser les zones urbaines en difficulté et de réduire les inégalités entre les territoires. C’est au début des années 1970 que les pouvoirs publics prennent conscience des difficultés des grands ensembles d’habitat social. Des mesures sont prises telle la circulaire « Guichard » en 1973, qui limite la construction d’ensembles de plus de 2 000 logements, et en 1977 est publié le rapport « Peyrefitte » sur la violence. Plusieurs dispositifs se sont depuis succédés et superposés. Créant ainsi un millefeuille administratif et réglementaire rendant la politique de la ville peu lisible et, dans certains cas, peu efficace.
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Et c’est au cours des années 1980 qu’une approche globale est apparue nécessaire. Il fallait apporter une réponse à la fois sociale, économique et urbanistique aux problèmes spécifiques des villes modernes. Cette prise de conscience a mené à la création d’un ministère de la Ville en 1990. Cette politique de la ville mise en place au niveau national a toutefois un statut particulier, car audelà du ministère qui lui est spécifiquement dédié, elle consiste en une multitude d’actions menées par différents ministères dans le cadre de leurs politiques propres : mesures en faveur du logement, de l’emploi, du développement économique des quartiers, sécurité, prévention de la délinquance, enseignement scolaire et promotion de « l’égalité des chances » etc. Elle ne se limite donc pas à la question urbanistique du développement des villes, mais prend aussi en compte toute la dimension sociale qui s’y attache. Cette politique cherche donc à englober les divers aspects qui composent la ville, or dans la suite de notre étude c’est seulement l’aspect de l’aménagement urbain qui fera l’objet d’un développement. Il est cependant essentiel avant d‘approfondir ces mécanismes d’aménagement urbain, de comprendre pourquoi et comment cette politique a été mise en place. Car c’est bien à la suite à des événements survenus dans certains quartiers que cette approche nouvelle de la ville est apparue.
2 / Le contexte socio-économique d’émergence de la politique de la ville: 1960-90 Années 60 A partir des années 60, où l’étalement urbain non organisé du territoire Lyonnais devient préoccupant et l’Etat exprime alors sa volonté d’aménager ce territoire à l’échelle de l’aire urbaine en impulsant une politique d’aménagement du territoire. On était alors dans une logique de décentralisation de l’Etat. Le lancement en 1962 du Plan d’Aménagement et d’Orientation Générale (PADOG) de la Région Lyonnaise montre cette volonté déjà présente de l’Etat d’harmoniser le territoire à une échelle plus large que la seule agglomération Lyonnaise et en comprenant les communes situées aux alentours. Ce plan dont l’objectif était de définir la localisation des secteurs d’urbanisation à long terme de la région Lyonnaise, réunit 913 communes soit 1,6 M habitants et s’étale sur quatre départements (Rhône, Loire, Isère, Ain) sur lequel sera calqué par la suite le périmètre de la Région Urbaine de Lyon, future entité qui sera créée pour représenter l’aire de développement et d’aménagement de la métropole lyonnaise.
Cependant, à la suite de la Seconde Guerre Mondiale et dans un contexte de boom démographique, apparaît de la ségrégation sociale au sein de l’agglomération Lyonnaise. La rénovation du centre de Lyon va chasser les ménages populaires vers les communes situées en périphérie. La crise du logement devient en France, comme dans l’agglomération lyonnaise, un enjeu politique, social et économique crucial. La création des Zones à Urbaniser en Priorité (ZUP) proposée par le ministère de la Construction est désignée comme un élément pouvant apporter une solution. Or, ce sont surtout les communes situées en périphérie qui vont accueillir les populations ouvrières et immigrées. Celles ci sont logées ou relogées dans les banlieues industrielles de Lyon, à Villeurbanne, Saint-Fons, Vaulx-en-Velin ou encore à Vénissieux où émergent de véritables enclaves pour les immigrés. Le rapport Barthez publié en 1970 interpellera déjà les politiques en incitant à « limiter la ségrégation Est-Ouest » de l’agglomération.
Figure : Erigée entre 1965 et 1973, la ZUP des Minguettes est l’un des plus vastes programmes français d’habitat social : à l’origine 9 200 logements au total, principalement collectifs sous forme de barres et de tours, soit environ 35 000 habitants.
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Années 70
Années 80
Ce phénomène va s’amplifier dans les années 70. En effet suite aux chocs pétroliers et face à la montée du chômage, une fracture sociale se dessine. Le choix d’une partie des classes moyennes de quitter les grands ensembles pour accéder à la maison individuelle ainsi que le passage d’une immigration de travail à une immigration de peuplement (avec l’instauration du regroupement familial) va également amener son lot de discriminations et par la suite mener aux émeutes urbaines du début des années 80.
La crise économique et sociale s’amplifie dans les banlieues: bien plus qu’ailleurs le taux de chômage progresse, passant de 13% en 1982 à près de 22 % en 1993. De plus en plus de logements deviennent vacants et le processus de ghettoisation ne cesse de croître. Les émeutes ont véhiculé une image négative de ces quartiers et cela rejaillit sur les habitants qui sont alors davantage discriminés. Les maires, les bailleurs HLM et certaines les associations interpèllent la communauté urbaine sur ces questions de logement social, et c’est alors que celle commencera timidement, à s’impliquer dans des politiques à destination des quartiers.
C’est dans le début des années 70 que l’on prend conscience que les quartiers bâtis au cours de la decennie précédente et les principes sur lesquels ils reposent amènent de sérieux problèmes. En 1973, la circulaire Guichard parle de “ségrégation sociale par l’habitat” en se référant à l’urbanisation des grands ensembles. C’est à ce moment là que la politique de la ville est mise en place. En 1977, émerge une première procédure « Habitat Vie Sociale » (HVS) avec l’office HLM de Lyon à la Grappinière, à Vaulx-en- Velin. La même procédure est lancée aux Minguettes deux ans plus tard. Plusieurs facteurs se combinent pour modifier totalement la sociologie des ZUP au cours de la décennie: les lois Barre-Barrot de 1975 qui conduisent les classes moyennes à acheter des maisons individuelles dans les communes des alentours, la politique de regroupement familial menée sous la présidence de Valéry Giscard d’Estaing qui fait de la population immigrée une population familiale, et la crise économique avec l’augmentation du chômage. Les grands ensembles d’habitats sociaux vont petit à petit se dégrader et il y aura de plus en plus de logements vacants. Au final, ce sont des familles issues de l’immigration et aux ressources économiques les plus modestes qui vont se retrouver concentrés dans ces quartiers. Le 15 septembre 1979, Des troubles auront lieu à Vaulx-en-Velin et dans la cité privée Olivier de Serres à Villeurbanne où les policiers essuient la première émeute urbaine d’ampleur en France. L’image de ces quartiers degradés sera alors largement médiatisée lors de ces émeutes urbaines.
L’enjeu principal devient alors de réduire ces fractures et c’est à travers ce qui sera appelé la politique de la ville instaurée à la suite des émeutes urbaines de 1981 dans le quartier des Minguettes à Vénissieux que l’Etat tente d’y répondre. Les mesures prises concernent d’abord 14 quartiers en France. Au sein de cette politique de la ville se croisent de multiples enjeux; allant des questions d’urbanisme, de transports, de rapport entre centre et périphéries à celles de peuplement, de mixité sociale, de diversité, de sécurité et d’immigration. C’est donc un dispositif multifacettes qui est mis en place, comprenant la démolition de certains logements ainsi que des réhabilitations, la création de lignes de transports en commun, l’ajout de moyens pour les établissements scolaires avec notamment les Zones d’Éducation Prioritaire créées en 1981, la prévention de la délinquance, le soutien à l’emploi et la formation, l’animation culturelle et sociale et enfin l’implantation de diverses activités économiques.
Figure 13: Photo des émeutes à Vaulx-en-Velin
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Années 90 Paradoxalement, ce sont les émeutes du Mas du Taureau d’octobre 1990 à Vaulx- en-Velin qui feront un électrochoc aux élus de l’agglomération et aux acteurs de terrain, et qui amèneront à un renforcement de l’intervention publique dans les quartiers désignés par la politique de la ville. Deux grands textes seront marquant durant cette décennie: la loi d’orientation pour la ville (LOV) de 1991 et le Pacte de relance pour la ville (PRV) de 1996. Au début des années 90, l’Etat reprend la main en cherchant à mieux articuler les multiples activités déployées depuis une dizaine d’années et en se dotant d’outils d’impulsion ou de contrôle. Sont ainsi créés la Délégation Interministérielle à la Ville, les contrats de villes et les Grands Projets Urbains. Et là où Lyon va se démarquer, c’est en se saisissant rapidement de ces nouveaux outils. La production de logements sociaux augmente, en particulier grâce au travail mené conjointement entre la DDE, le Grand Lyon et les organismes HLM. Michel Noir, nouveau président de la Communauté urbaine, a pour objectif de faire de cette politique de la ville, à ses débuts uniquement tournée vers les quartiers défavorisés, une véritable politique d’agglomération. Il veut qu’une vue d’ensemble soit prise et que cette politique ne dépende plus des différentes communes concernées. Le Grand Lyon devient durant cette décennie moteur de la politique de la ville sur les volets urbain et de l’habitat. Il se dote d’un service Développement Social Urbain. Un nouveau schéma directeur de l’agglomération lyonnaise est créé en 1992, et donnera lieu par la suite à la mise en œuvre du programme local de l’habitat (PLH), adopté en 1995. Il y a alors un changement dans l’échelle d’intervention, on ne parle plus de «développement social des quartiers» mais de «développement social urbain». Le mandat de Raymond Barre de 1996 à 2001 va consolider à la fois l’intervention de la Communauté urbaine en matière de politique de la ville mais également le rôle des communes. Certaines interventions comme le quartier des Etats-Unis, le Prainet à Décines ou encore l’Arsenal à Saint-Fons sont réalisées et permettent de faire revenir des « petits » quartiers dans la ville.
De plus, les acteurs politiques s’unissent aux associations et commencent à valoriser les cultures urbaines dans le but de renouer des liens positifs avec la jeunesse des banlieues populaires. Le défilé de la biennale de la danse verra par exemple une forte implication de ces quartiers retenus au titre de la politiqe de la ville.
Figure 14: Le quartier des Etats-Unis
Figure 15: Quartier du Prainet à Décines
Figure 16: Quartier de l’Arsenal à Saint-Fons
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3 / Une nouvelle ambition pour la ville : 1990 Suite à la prise de conscience amorcée au cours des années 80, plusieurs observations ont été notées sur les origines de la situation qui se dégradait et sur l’état général des espaces publics de l’agglomération lyonnaise. On a pointé du doigt les aménagements de piètre qualité aussi bien du point de vue des usages que du point de vue esthétique et formel. Le premier exemple est celui de la voiture particulière, qui, seul mode de déplacement était alors au centre des logiques d’aménagements. Ces logiques répondant essentiellement à des questions purement techniques visaient à répondre aux besoins fonctionnels liés à l’automobile, mais ne s’intéressait pas outre mesure aux autres usagers tels que ceux des piétons ou des cyclistes. La voirie constituait le principal service technique de la communauté urbaine mais se préoccupait principalement des chaussées et du trafic routier. L’autre constat qui est dressé est celui de la répartition des acteurs ayant pour mission l’aménagement et la gestion de l’espace non bâti. En effet, à Lyon comme dans d’autres grandes villes, la gestion de ces espaces publics était partagée, et non mélangée, entre les différents services techniques et une multitude d’intervenants. Par exemple, l’organisation des services du Grand Lyon était basée sur des logiques de fonctions et non sur des logiques d’espace et de lieu. L’espace public était donc sous la responsabilité de plusieurs spécialistes différents. Ainsi le service de la voirie avait comme mission principale d’assurer la fluidité du trafic des véhicules, le service des espaces verts se cantonnait quant à lui uniquement à l’entretien des plantations ou encore les éclairagistes qui se souciaient principalement des questions de sécurité. Le problème étant que ces services ne communiquaient pas entre eux et défendaient souvent des intérêts divergents voire contraires. Cela aboutissait régulièrement à des interventions successives, et parfois à des aberrations comme le fait de creuser et de reboucher une rue trois fois de suite au cours de la même année. De plus, ces interventions réalisées par strates et indépendantes entre elles menaient à des contradictions d’usages, à la
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création d’espaces vides de sens et sans intérêt de vie sociale. C’est donc fort de ces observations et conscient du rôle essentiel que jouent les espaces publics dans la qualité de la ville, que le Grand Lyon a engagé une nouvelle politique de requalification. Cette dernière visait à transformer et redéfinir ce qui n’était plus qu’une juxtaposition de fonctions, en de nouveaux espaces porteurs de sens et d’usages. L’objectif étant que les places, les jardins, les squares mais aussi les rues, les avenues ou les boulevards, redeviennent des espaces de vie et de lien social. Il fallait répondre aux exigences de la vie moderne, en introduisant une sensibilité nouvelle, permettre par exemple rencontres et rêverie au sein de ces espaces. La réflexion sur l’espace public s’étant notamment faite grace à la politique de la ville mise en place dans certains quartiers dit « sensibles » à partir des années. Ces quartiers on en quelque sorte servi de laboratoire. Les aménagements commencés dans le centre de Lyon avec notamment la place des Terreaux et la rue de la République se poursuivent à un rythme soutenu. En effet, c’est plus de 150 aménagements qui sont réalisés des années 1990 à 1995. A cette volonté de résoudre les problèmes urbains, s’ajoute le contexte croissant de mondialisation. En effet, à partir de la seconde moitié des années 80, les thèmes des villes internationales et de la métropolisation sont au centre des réflexions des grandes collectivités partout en Europe. Face à la compétition internationale des villes, Lyon se doit organiser son développement, son attractivité et son rayonnement à une échelle plus importante : l’échelle métropolitaine. L’aménagement de l’espace et l’urbanisme deviennent des priorités au même titre que le développement économique et la création d’emplois pour les grandes villes cherchant à être plus attractives. Ce changement de cap est ainsi décrit par l’urbaniste François Ascher :
« Si dans les années 1960/1970 les pouvoirs publics se préoccupaient beaucoup de la «maîtrise des processus d’urbanisation», dans les années 1980/1990, la préoccupation principale des autorités locales qui ont dorénavant pleinement la compétence en matière d’urbanisme, est avant tout la création d’emplois. Ayant pris conscience qu’un certain nombre de qualités urbaines sont des facteurs clefs de leur attractivité, les villes se livrent à une concurrence aiguë sur ces « facteurs pour attirer les entreprises». 1 La fin des années 80 marque donc l’apparition du sentiment que les espaces publics pouvaient, et devaient constituer un des outils majeurs de l’amélioration de la qualité urbaine et de l’ouverture sur le monde. Ayant pris conscience que la requalification de l’espace public pouvait constituer un outil majeur de «recomposition urbaine» et que l’espace public pouvait aussi contribuer à véhiculer une «identité globale» dans les 55 communes de l’agglomération, le vice-président à l’urbanisme de l’époque, Henry Chabert et son conseiller Jean-Pierre Charbonneau travaillent à la création d’un Service Espace Public au sein de la Communauté urbaine. La ville de Lyon fut ainsi l’une des premières villes à lancer en 1989 une grande politique de requalification urbaine et l’aménagement des espaces publics devient un véritable enjeu politique et sera porté par le Grand Lyon.
1 Ascher, 1992 « Projets publics et réalisations privées. Le renouveau de la planification des villes », Les Annales de la Recherche Urbaine, n°51, pp. 4-15.
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4 / Le Grand Lyon aujourd’hui
Chaque jour, le Grand Lyon équipe, entretient, structure et aménage son territoire, avec une volonté de développer une cohérence entre les communes qui le composent. Pour améliorer la vie des habitants, c’est donc avant tout un travail quotidien qui est mis en oeuvre, à la fois par le Grand Lyon, mais aussi par les communes en son sein ou même des organismes extérieurs et privés. Afin de mieux comprendre les implications de chacun, voici ci-contre l’énumération de diverses fonctions gérées à différents niveaux. L’aménagement de l’espace urbain peut donc mobiliser des instances, publiques ou privés, à différents niveaux. Les outils ci-contre répondent aux besoins qu’ont les habitants sur un territoire afin de le gérer correctement. Mais ce qui caractérise l’urbanisme aujourd’hui, c’est aussi une volonté de créer une uniformité sur le territoire à l’aide, certes de différents outils, mais en ayant toujours le même objectif en vue : créer une identité urbaine. Cela s’inscrit directement dans la continuité des actions menées depuis une trentaine d’année, avec la volonté de répondre aux nouveaux enjeux de la mondialisation et de ces villes internationales qui fleurissent partout dans le monde. Il faut attirer et séduire non seulement les habitants, mais aussi les touristes ou investisseurs potentiels. Les politiques l’ont compris, quoi de mieux pour se façonner une nouvelle image que d’agir sur l’esthétique, l’image même, de la ville ? Ainsi, c’est à travers une palette non exhaustive, mais très caractéristique de plusieurs interventions sur le territoire Lyonnais, que nous allons pouvoir étudier ce phénomène d’esthétisation de la ville.
La communauté urbaine de Lyon exerce un grand nombre de compétences: L’urbanisme et l’habitat: - Schéma directeur - Plan d’occupation des sols - Logement social - Création et la rénovation de zones d’habitat ou d’activités Les services publics dits fondamentaux: - Transports et stationnement - Entretien de la voirie - Gestion de l’eau potable et l’assainissement - Collecte et le traitement des ordures ménagères - Abattoirs et marché de gros - Créationet extensions de cimetières.
En revanche, le Grand Lyon délègue également aux communes membres qui exercent alors certaines competences dans les domaines suivants: Urbanisme et habitat: - Intervention économique, aide aux entreprises - Permis de construire. Services publics fondamentaux: - Culture, - Action sociale, sanitaire, éducative et sportive, - Police, maintien de l’ordre, sécurité, salubrité, - Cimetières existants - Éclairage public, - Espaces verts
Enfin, le Grand Lyon peut également déléguer l’exécution de certains services à des organismes extérieurs: - Eau potable - Logement social - Transports en commun Sytral et TCL - Parcs de stationnement - Marché d’intérêt national - Lutte contre l’incendie par l’Établissement Public d’Incendie et de Secours (EPIS)
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Figure 18: Carte du Grand Lyon et des communes qui le composent
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LES DIFFÉRENTS PROCESSUS D’ESTHÉTISATION DE LA VILLE
I - LES DIFFÉRENTS PROCESSUS D’ESTHÉTISATION DE LA VILLE
A. LA CONSTRUCTION
1 / Espaces publics
Depuis l’impulsion donnée à la ville de Lyon dans les années 80, un grand nombre d’acteurs, qu’ils soient des élus locaux, des associatifs ou encore des investisseurs privés, s’intéressent désormais de très près à l’esthétique de la ville. Il faut rendre cette dernière accueillante, propre, sécurisante, adaptée, en bref améliorer encore et toujours le cadre de vie de ses habitants.
La conception des espaces publics s’est pendant très longtemps cantonnée à une approche uniquement fonctionnelle. Cela était du au développement rapide des villes et en parallèle de la circulation automobile qui a prit en l’espace de peu de temps une importance considérable. Les concepteurs des espaces publics privilégiaient donc les déplacements et les stationnements au détriment de la vie locale des habitants et du cadre urbain. De nos jours, les villes ont pris conscience de ce problème et elles donnent désormais une plus grande importance à l’aménagement de ces espaces.
La métropole lyonnaise apparaît comme un centre majeur au sein de l’hexagone, une agglomération forte et complexe, dans laquelle on retrouve une un cadre urbain de grande qualité ainsi qu’une grande diversité de fonctions et d’activités. C’est donc en cela une étude de cas de choix. Nous allons au sein de cette partie dresser une liste des différents mécanismes mis en place au sein même de la ville de Lyon par différents acteurs, permettant ainsi d’appréhender ce processus d’esthétisation dans sa globalité.
Les Jacobins
La République Les Célestins
Bellecour
Figure 19: Carte de certaines places réhabilitées de la presqu’ile
La ville de Lyon, en créant le service des espaces publics en 1989, est l’une des pionnières en matière d’aménagement de l’espace public. L’objectif poursuivi est d’assurer à chaque habitant du Grand Lyon, quel que soit son lieu de résidence, la présence d’espaces publics de qualité à moins de 500 m de son domicile. (cf CERPA Grand Lyon) Tout d’abord, la terme d’espaces publics est telement vaste qu’il peut englober beaucoup de choses, allant des places en passant par les jardins et parcs jusqu’aux voieries, rues et autres espaces de liaison. Or, nous regroupons dans notre étude différents mécanismes, et c’est seulement des places auxquelles nous allons nous intéresser ici car la plupart des autres thèmes cités ci-dessus seront traités ultérieurement. De grands travaux furent engagés avec notamment la réfection de places comme la place des Terreaux en 1994 ou encore la place des Célestins en 1995. Aujourd’hui, cette logique de requalification se poursuit avec plus récemment la transformation lançée en 2005 de la place des Jacobins qui était alors un parking bétonné autour d’une fontaine, en une magnifique place dont tous les détails furent pensés. On peut également ajouter que la place des Terreaux fait aujourd’hui à nouveau l’objet de travaux suite à plusieures concertations lancées par la mairie de Lyon.
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Les places constituent un objet central de la vie urbaine. Et le sujet en est d’autant plus vaste. En effet, on peut parler de la morphologie même de la place (plan, dimensions, gabarit, échelle, insertion dans le site, rythme des façades, proportions, ouverte ou fermée), de ses usages ou fonctions (animations, évenements, fonctions administrative culturelle commerciale ou religieuse, son organisation ou encore la circulation de celle ci), de son évolution dans l’histoire (son historique, sa signification, le symbôle qu’elle représente), mais ce qui va intéresser les acteurs publiques en charge de ses rénovations va surtout être la perception de l’espace vécu.
La place des Célestins
En effet, on s’inquiète désormais plus du sentiment que les usagers vont avoir au sein de l’espace que de l’espace en lui même. Les caractéristiques citées plus haut servent d’ailleurs cet objectif, comment l’architecte ou le designer va appréhender l’espace afin de le rendre convivial et agréable. Cela peut passer par la définition des entrées de la place (avec un axe traversant ou bien en biai ou frontales), sa situation dans la ville (en périphérie, en bord de fleuve), le paysage environnement doit lui aussi être traité avec attention (on peut penser à la vue sur la basilique de Fourvière lorsque l’on se trouve sur la Place Bellecour, ce qui donne une profondeur d’autant plus importante à la place), son caractère général (encore une fois, la place Bellecour marque par sa monumentalité alors que celle des Célestins grâce aux arbres qui la bordent va revêtir un caractère plus intimiste), et enfin le traitement du sol et des façades avec les matériaux utilisés en revêtement de sol, le mobilier, la presence ou non de fontaine, la végétation, la presence d’oeuvre d’art (statue, fresque, colonne, etc.), de portiques, d’arcades allant meme jusqu’à son éclairage. Tous ces éléments participant au même objectif : la création d’un cadre de vie. La vocation même de la place étant de créer un lieu de vie publique, ouvert à tous.
Concepteur : Michel Desvigne Année de réaménagement : 1995
Figure 21: Les sophoras du Japon en fleur
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Figure 20: Elévation de la place
Située au pied du théâtre des Célestins et audessus d’un parking souterrain de plusieurs niveaux, l’espace paysager de la place est constituée d’un planché percé d’un periscope qui permet d’admirer la structure du parking. De forme carré, elle est isolée de la (faible) circulation par des buissons et de magnifiques Sophoras du Japon. Deux plans d’eau ainsi que des bancs ombragés lui confèrent également une ambiance zen, à l’abri de l’agitation urbaine. C’est un lieu de détente privilégié pour les habitants.
Figure 22: Le plancher et le périscope
Figure 24: Vue aérienne de la place
Figure 23: Vue par le périscope dans le parking
La place des Jacobins Concepteur : Michel Desvigne Année de réaménagement : 2011 L’aménagement de la place des Jacobins est composé de différentes ondes, centrées sur la fontaine, dans lesquelles viennent s’inscrire marches, bancs et tables végétales. La première onde organise le socle de la fontaine. Ce mouvement est repris par les rampes et tables végétales côté rue du président Herriot. Un alignement d’arbres souligne le cadre architectural de la rue du Président Herriot tout en amenant de l’ombre ainsi qu’une touche de végétal à cette place très minérale. Le sol est unifié par un dallage en pierre calcaire ocre clair, incrusté de barrettes de bronze. Cet habillement noble souligne la fontaine conforte le caractère prestigieux de la place. La pierre calcaire flammée, permet d’unifier le sol tout en laissant place à différentes textures. Ces effets de matière au sol accrochent la lumière prolongent le miroitement de l’eau. Malgré leurs tailles quasiment identiques, la place des Célestins et celle des Jacobins donnent des ambiances complétement différentes aux usagers. La premières est plus intimiste alors que la seconde est plus ouverte et aérée.
Figure 26: La place avant le réaménagement
Figure 28: les ondes au sol
Figure 25: Plan du réaménagement de la place
Figure 27: La place après le réaménagement
Figure 29: des espaces de détente
Figure 30: le mobilier urbain assorti au sol
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2 / Equipements publics
Le deuxième impact formel que l’on peut observer au sein d’une ville, est bien évidemment l’architecture en elle même. L’impact esthétique d’un bâtiment sur ce qui l’entoure est énorme, et les municipalité l’ont également bien compris. Depuis la construction du musée de Bilbao par Frank Gehry, plusieurs acteurs locaux au cours des dernières années cherchent à se repositionner dans l’économie tertiaire grâce à l’architecture. Les décideurs publics font désormais de plus en plus appel à des grands noms de l’architecture en espérant obtenir une plus value sur le bâtiment réalisé grâce au renom de la signature de l’architecte. Cette tendance a crée un star-system architectural et international. Les dernières décennies du XX° siècle ont vu un changement important entre architecture contemporaine et iconicité. Les territoires cherchent à se distinguer, se singulariser. Plus la forme architecturale est étonnante, plus on parle de nous, c’est en quelque sorte un effet publicitaire qui est recherché également. Là où cela peut poser problème, c’est que certains objets architecturaux vont être alors complétement déconnectés du tissu urbain car ce sont désormais l’esthétique et la signature d’un grand nom de l’architecture qui auront de la valeur aux yeux de certains décideurs publics.
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Selon l’architecte Anna Klingmann, le produit proposé n’est plus un but en soi. Les gens recherchent aujourd’hui une consommation non plus d’objets mais de sensations, de lifestyle. Les bâtiments ne sont plus vus comme des objets mais comme des publicités de destinations. Ces méthodes de branding sont un des outils stratégiques de transformation culturelle et économique, et la starchitecture contemporaine tout comme les pouvoirs publics ont recours à ces méthodes. Lyon a elle aussi succombé à la frénésie de construction de musées que l’on peut observer ces dernières décennies un peu partout dans le monde, en commandant le Musée des Confluences. J’ai décidé de prendre ce bâtiment en exemple car c’est celui qui est le plus représentatif de mon propos. En effet un bâtiment muséal constitue à lui seul un objet architectural qui peut participer à la présentation de la ville. Aussi bien sur le fond des collections qu’il abrite que sur la forme de son enveloppe. Et c’est bien pour cela que les municipalités y investissent en masse, espérant des retombées économiques, touristiques et publicitaires.
Figure 31: Photo extérieure du musée des Confluences
Cet énorme projet architectural réalisé par l’agence Autrichienne Coop Himmelbau, se situe sur un site remarquable, au confluent du Rhône et de la Saône. Outre les dix années de retard dans la livraison de l’ouvrage et les dépassements en terme de coût faramineux du projet (255 millions d’euros contre 60 millions prévus initialement), nombre de critiques sont adressées à ce musée. Son apparence pour commencer, même si cette question relève bien évidemment de l’avis personnel de chacun, on est en droit de se demander quelle est la relation avec le site et son environnement qu’entretien le bâtiment ? Si toutefois il y en a une.
Quasiment aucune vue sur l’extérieur lorsque l’on navigue au sein du musée, et la terasse au sommet de l’édifice, pourtant prometteuse, laisse une pointe d’amertume lorsque l’on constate que l’on ne peut pas admirer la vue sur le fameux confluent, seulement sur l’autoroute voisin. De plus, sa construction a drainé les subventions de la région et du département, laissant les autres musées nationaux tels que celui des Beaux-Arts ou le musée Gallo-Romain en difficile posture. Néanmoins, même si ce musée d’histoire naturelle est critiqué par la presse française, il est très apprécié à l’étranger où de nombreux journaux tels, qu’entre autres, le New York Times ou The telegraph louent ses collections et son architecture. Contrat rempli donc pour le Grand Lyon qui a misé sur ce musée afin de se positionner sur la scène internationale. Le musée des Confluences a d’ailleurs déjà accueilli plus de 500 000 visiteurs en l’espace de 6 mois seulement.
Figure 32: Coupe du musée des Confluences
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Figure 33: Décomposition schématique du concept architectural
Figure 34: Plan masse du musée
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B. LA MISE EN VALEUR
Une ville ne peut ne peut évoluer que dans le respect des traditions. Un regard culturel sur celle ci permet de continuer à l’inventer tout en respectant son identité. Lorsque l’on réhabilite une zone ou un quartier, le but n’est pas de le changer mais de le poursuivre. C’est à partir d’une analyse historique précise que l’on peut alors apporter des réponses adéquates en respectant la mémoire des sites. Après un travail sur la morphologie urbaine, l’agglomération a donc instauré des plans directeurs tels que le plan Vert, plan Bleu, plan Couleurs ou encore le plan Lumière, dans le but d’assurer la cohérence entre les différentes interventions urbaines et d’encadrer les actions menées par les différents services.
Figure 35: Plan Vert
1 / Esthétique du paysage
Le plan Vert Ce premier document prévoit la protection des espaces naturels et espaces verts de l’agglomération. A terme quatre grands parcs oxygéneront le Grand Lyon en ses points cardinaux : le parc de la Tête d’Or, le parc de Fourvière, le parc de Parilly, et le parc du Confluent en cours d’aménagement. Trois objectifs sont annoncés : - Créer une continuité entre les grands espaces boisés de l’agglomération et ceux de la ville. - Tisser un réseau d’espaces publics dans la ville, à différentes échelles. - Enrichir les espaces publics de proximité dans les quartiers, l’objectif étant qu’à moyen terme, chaque habitant puisse disposer d’un espace aménagé à moins de 500 m de son domicile. (jardins de proximité)
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Toujours dans une logique de course à la notoriété, les grandes métropoles misent sur les parcs urbains qui sont des symboles de qualité de vie mais aussi de développement durable. Généralement qualifiés comme les poumons verts des villes, les parcs urbains en deviennent des lieux stratégiques en permettant aux politiques publiques par leur création de répondre à l’insatisfaction croissante des gens qui habitent en ville concernant leur environnement. Désormais les grandes villes rivalisent à coup de chiffres et de calculs pour obtenir la mention de “ville la plus verte”, cela se vérifie avec la campagne d’information que mène la ville de Lyon en vantant le nombre de mètres carrés de parc par habitants ou encore la distance minimum pour accéder à un espace vert. Derrière cet engouement se cachent diverses considérations.
Le plan Bleu Ce plan a pour vocation première la réappropriation des cours d’eau par les habitants. A ce titre, les rives du Rhône et de la Saône vont être réaménagées afin de devenir accessibles aux piétons et cyclistes et d’offrir de nouveaux usages aux citadins. Une nouvelle vision de la ville est alors possible depuis l’espace des bas ports. Trois objectifs principaux de ce plan sont mis en avant : - aménager les berges pour les mettre à disposition des habitants. - préserver et restaurer le caractère naturel et patrimonial des berges. - développer les activités nautiques de toute nature
La première étant celle de l’embellissement paysager, en effet la visée esthétique et paysagère est une des premières vocations des parcs urbains. Certaines villes peuvent même se servir de ce mécanisme afin de combler un déficit d’image. Les zones industrielles qui ne jouent aujourd’hui plus aucun rôle au sein de ville, se voient peu à peu remplacées par ces espaces verts, solution somme toute assez efficace pour gommer les traces de ces zones en friche comme ce qui se passe avec le parc du musée des confluences par exemple. Vient ensuite la recherche du bien être personnel. Quoi de mieux qu’une aire de verdure pour développer le rapport qu’ont les citoyens avec la nature ? De plus, les parcs offrent un espace de détente, de loisirs et de rencontres. Les visiteurs apprécient plusieurs critères comme la taille, la qualité paysagère, l’accessicibilité et surtout la proximité avec le centre ville. Généralement, plus un parc va se trouver au centre de la ville, plus il sera prisé. L’exemple le plus connu étant Central Park à New York qui joue son rôle de poumon vert en articulant toute la presqu’ile de Manhattan. Aujourd’hui, de nouvelles attentes environnementales et écologiques ont émergées, faisant des parcs un vrai enjeu social et politique. Face à la croissance urbaine, les parcs aparaissent comme des lieux sains, une alternative à la “cité béton” et au “tout-urbain”.
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Figure 36: Plan Bleu
Autrefois, il existait de nombreuses activités liées à l’eau, comme celles des lavandières ou des moulins. Les habitants entretenaient donc un lien étroit avec les fleuves. La fin de ces usages a mené à un abandon de ces espaces qui devinrent alors des dépotoirs. Avant que le plan bleu ne soit mis en place, ces espaces de bas ports étaient donc insalubres, les quais supérieurs étaient d’ailleurs eux aussi occupés par des parking ou des infrastructures routières. Cela n’engageait pas à la flânnerie. En prenant conscience que la ville disposait là d’immenses étendues avec un caractère exceptionnel et en décidant de les réaménager, la ville de Lyon a réussi à réintégrer les cours d’eau en son sein. L’esprit du Plan Bleu est de relier la terre avec l’eau de façon permanente afin de favoriser l’apparition de nouveaux usages. Pour se réapproprier les fleuves il faut donc les ouvrir aux habitants et donner aux navigants la possibilité de faire des haltes. Des promenades, des pistes cyclables, des rampes de mise à l’eau pour les bateaux et des pontons d’accostage sont donc crées. Un grand nombre de projets ont vu le jour grâce à ce plan, comme la construction de 11 haltes fluviales sur la Saône, la réalisation du parc de Gerland et du confluent, ainsi que l’aménagement de l’embarcadère Place Antonin Poncet.
Des principes de continuité sont mis en place, que ce soit dans le sens longitudinal que transversal avec la traversée des cours d’eau par plusieurs ponts et passerelles. De plus grâce à ces nouveaux quais, la circulation piétonne et cycliste de toute l’agglomération s’en voit facilitée. On peut désormais rejoindre le coeur de la presqu’ile du parc de la tête d’or en à peine 15 minutes en vélo (utilisation de la Via Rhôna) C’est un véritable parcours qui est tissé entre ces grands sites fluviaux. Les cours d’eau servent désormais d’articulation entre le tissu urbain. Bien qu’il s’agisse d’un document sans valeur juridique le Plan Bleu a plu à tous. Un “esprit Plan Bleu“ s’est crée et de nombreuses actions ont été mises en œuvre. Ce plan s’est donc imposé et a modifié le rapport au fleuve qu’avaient les habitants. Il a été un moteur de développement et son succès l’a vite dépassé. Il a donc été revu et enrichis en 1998. Ce “nouveau plan bleu” comporte des orientations thématiques et non plus géographiques avec 3 grands thèmes : - Environnement et patrimoine - Continuité, organisation urbaine et usages - Economie du fleuve avec les diverses activités nautiques Cela confère au plan Bleu une dimension plus globale, car chaque thème est travaillé en cohérence avec les autres sur l’ensemble des cours d’eau.
Figure 37: Photo de l’aménagement des Rives de Saône
Figure 38: Plan de l’aménagement des Rives de Saône qui s’étend sur 50 km, artistes et maitres d’œuvre ont travaillé ensemble pour dessiner une promenade piétonne qui traverse 14 communes, dont 5 arrondissements de Lyon. En 2013, 15 kilomètres sont achevés.
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Figure 39: 3D sur la partie nord des berges du Rhône
Figure 40: Coupe de matérialité
Figure 43: Plan de zones
Figure 41: Coupe de matérialité
La rive habitée
L’archipel des îles jardins
Figure 42: Plan de répartition des zones
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La rive active et festive
La grande prairie
Les planches
Les terrasses de la Guillotière
Le plan couleurs Ce dernier plan est né à partir du travail de mise en couleur qui a été réalisé sur les façades des quais de Saône, des quais du Rhône et des grands ensembles. Les palettes de couleurs choisies ont pour but de mettre en valeur les différents sites de l’agglomération en fonction leurs caractéristiques propres. Figure 44: Photo des terrasses de la Guillotière - Eau
Figure 45: Photo de la rive habitée - Végétal
Figure 46: Photo de la rive habitée - Minéral
Figure 47: Section sur la longue prairie du Rhône
Figure 48: Photo sur la rive “active et festive” - Bars, terrasses, promenade, pelouse, piste cyclable, quai en hauteur
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2 / Mise en valeur de l’existant et du patrimoine Lors de mon parcours étudiant et professionnel, j’ai toujours nourris un grand intérêt pour l’étude du patrimoine. J’ai d’ailleurs eu l’occasion en troisième année de licence et dans le cadre du rapport d’étude d’approfondir la question de la conservation et de la restauration patrimoniale en étudiant les questions de classement et en évoquant les différentes doctrines à ce sujet établies respectivement par Eugène Viollet-le-Duc, John Ruskin ou encore Camillio Boito. Or, ce patrimoine que l’on peut imaginer figé évolue. Il évolue avec le temps, avec les civilisations et les villes, et surtout avec la perception que l’on en a. Et c’est en me penchant sur cette question des centres historiques, de leur gestion par les municipalités et de leur mise en valeur que je me suis rendue compte que cette problématique se le limitait pas au patrimoine architectural. En effet, ce patrimoine architectural est englobé dans l’urbain, il constitue un marqueur identitaire ainsi qu’une ressource touristique et une attraction culturelle. Les villes cherchent donc à exploiter cette ressource au même titre que d’autres outils qu’elle a en sa possession afin de rayonner toujours plus loin, et d’attirer toujours plus de monde. Afin de protéger ces ressources urbaines plusieurs dispositifs ont été mis en place. Les sercteurs de protection Le périmètre UNESCO que nous avons pu étudier plus haut, est une inscription qui rend compte de la qualité architecturale de l’hypercentre de Lyon. Il englobe la totalité de la presqu’île, ainsi que les pentes de la Croix-Rousse, le quartier du Vieux-Lyon et de Fourvière. En demandant cette reconnaissance, la ville de Lyon et l’Etat s’engagent à maintenir le haut niveau de qualité de l’ensemble du site. Cependant, l’appellaton n’impose aucune contrainte technique ou juridique, c’est en quelques sortes un titre honorifique. La zone de protection du patrimoine architectural, urbain et paysager (ZPPAUP) qui s’étend sur l’ensemble du secteur des pentes de la Croix-Rousse en revanche, est définie par un cadre bien précis et impose des contraintes aux habitants.
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La protection de ce secteur se justifie à la fois par l’histoire et l’identité architecturale du site ainsi que l’unité dont il fait preuve. Elle a comme objectifs premiers de protéger et mettre en valeur le quartier. Les impératifs à respecter sont établis en neuf articles, répartis au sein de cinq thèmes : - L’archéologie : 4 zones sensibles ont été définies à partir des connaissances archéologiques actuelles. - La protection et la mise en valeur des immeubles existants : La plupart des immeubles construits avant le XXe siècle sont protégés de toute démolition en étant inscrits ou classés. - La reconstitution du tissu urbain : les nouvelles constructions : Les nouvelles constructions se doivent de conserver l’essence de l’urbanisme des Pentes de la Croix Rousse comme le fut l’immeuble croix-roussien dans la continuité de celui du XVIIIe siècle. Pour cela on prend comme référence l’immeuble Canut afin que l’architecture contemporaine s’adapte à l’ensemble bâti. - Les prescriptions particulières pour le paysage urbain : Les vues du quartier vers la ville, les échappées visuelles, les vues cadrées ou panoramiques sont considérées comme un patrimoine original - Les espaces extérieurs Les cours et coeurs d’îlot ont la même valeur de patrimoine que le bâti qui les encercle. Ces espaces vides sont aussi typiques du quartier que les bâtiments en eux même et doivent donc être protégés et mis en valeur (revêtements de sol traditionnels, puits, fontaines, sculptures, végétation…). Ces passages, appelés traboules, forment un réseau piéton parfaitement adapté à la topographie du site et ses caractéristiques sont très rares dans l’urbanisme occidental, c’est pourquoi ils revêtent une grande importance. Ces règles, parfois assez contraignantes, sont à appliquer pour tout habitants de la colline désirant effectuer des travaux. L’article L.642-3 du code du patrimoine définit d’ailleurs que : “les travaux de construction, de démolition, de déboisement, de transformation et de modification de l’aspect des immeubles [...] sont soumis à autorisation spéciale [...] après avis conforme de l’architecte des bâtiments de France.
Le permis de construire et les autres autorisations d’utilisation du sol prévues par le code de l’urbanisme en tiennent lieu sous réserve de cet avis conforme [...]”. Voici quelques exemples de prescriptions issues du site officiel de la Ville de Lyon : - Les dormants et les ouvrants des châssis des fenêtres seront en bois. - Les couvertures doivent être en matériaux de type naturel (tuile canal ou à emboîtement en terre cuite ou similaire). - Les installations techniques, les appareils de climatisation, les antennes paraboliques, les machineries d’ascenseur, … ne devront pas être visibles du domaine public. - Les caissons des fermetures métalliques (rideaux, grilles, …) ne doivent pas être apparents. Cependant, la ville continue à évoluer, et les évolutions de ces dernières années ont amené à réfléchir à des nouvelles dispositions ne remettant pas en cause les objectifs préexistants mais en les enrichissant dans une optique de développement urbain.
Le plan de sauvegarde et de mise en valeur (PSMV) est quant à lui effectif sur le secteur du Vieux-Lyon. Il fut crée en 1964 afin de sauvegardé ce quartier très riche historiquement. Cette réglementation régit l’ensemble des espaces, publics ou privés, faisant partie du quartier. Contrairement au secteur de protection de l’UNESCO, la zone est donc définie par un cadre légal. En effet, tous les travaux ou aménagements effectués par les habitants doivent faire l’objet d’une demande écrite et d’une autorisation. La DRAC et les ABF sont donc fortement solicités : L’architecte des bâtiments de France assure la surveillance générale sur le secteur sauvegardé, en application de l’article R.313-4 ; il est compétent sur toutes les demandes d’autorisation, en apprécie la conformité avec les dispositions du P.S.M.V. et peut assortir son avis de prescriptions particulières. Par exemple la restauration des murs, des façades et des toitures des immeubles doivent respecter la nature, la mise en oeuvre et la couleur des matériaux d’origine. Les ouvertures, menuiseries et vitrages, sont aussi réglementés. De plus, les Bâtiments de France doivent donner leur feu vert pour toute installation d’une antenne collective, en contrôlant la couleur et l’emplacement. L’espace public, comme les rues piétonnes, est lui aussi réglementé. Les devantures originales doivent être conservées. L’emplacement des enseignes est lui aussi étudié, et les enseignes lumineuses sont interdites. Enfin la publicité est interdite dans le secteur sauvegardé. Toutes ces réglementations ont bien évidemment pour but de respecter le caractère pittoresque du quartier.
Figure 49: Montée de la grande côte, pentes de la Croix-Rousse
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Le plan Lumière Instauré parrallèlement aux plan Vert et plan Bleu, le plan Lumière constitue un point essentiel de la mise en valeur de l’existant. C’est une mise en lumière nocturne de la ville. A l’origine, c’était seulement les façades de certains monuments que l’on mettait en valeur, désormais ce n’est plus un seul bâtiment en particulier que l’on cherche à montrer, mais l’ensemble historique de la ville, la globalité de celle ci. Dépassant la vocation purement technique utilitaire de l’éclairage réglementaire, le plan lumière est une mise en scène nocturne de la ville et des sites naturels qui la composent. En façonnant ce paysage nocturne, autrefois plongé dans l’obscurité, il donne une nouvelle image ainsi que de nouveaux usages aux habitants qui vivent la ville d’une toute nouvelle façon. La ville revêt des habits de lumière dès la nuit tombée, ce qui augmente non seulement le sentiment de sécurité, mais aussi l’esthétique et l’image de la ville.
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Ce premier Plan mis en place est un sujet de fierté pour la ville de Lyon qui est devenue pionnière en la matière. La lumière a modifié l’image de la ville et a permis une nouvelle lecture de ce celle ci en amenant de nouvelles activités de nuit. C’est même devenu une attraction touristique, notamment avec la Fête des Lumières en décembre. Ce succès a attiré l’attention de nombreuses délégations françaises et étrangères et a permis à la ville d’acquérir une dimension internationnale dans le domaine de l’éclairage public. Plusieurs partenariats ont vu le jour : La Havane (Cuba), Ho Chi Minh et Hanoï (Vietnam), St Pétersbourg (Russie) et Jéricho (Palestine). La perception même de l’éclairage public s’en est vue modifiée. Désormais, les projets d’aménagement paysagers font la part belle à cette notion de “paysages nocturnes” aujourd’hui familière. Une nouvelle activité est née, la mise en lumière des villes, les éclairagistes acquièrent peu à peu une notoriété. Cette évolution bien entendu suscité l’émergence de nouvelles techniques et de nouveaux matériels.
Figure 50: Schéma du premier plan lumière
En quoi consiste t-il concrètement ? - marquage les cheminements piétons - éclairage des monuments - augmentation de la visibilité et du repérage nocturne - distinction des quartiers - amélioration de la qualité de l’éclairage et du design du mobilier Le Nouveau Plan Lumière Aujourd’hui, Lyon renouvelle son Plan Lumière suite à une réflexion menée avec plusieurs partenaires au sein d’un groupe de travail initié par Gilles Buna, adjoint au Maire et chargé de l’urbanisme et du développement durable. Ce groupe de travail composés de professionnels, d’experts, de chercheurs, de concepteurs, de techniciens et d’associations, avait pour mission de réfléchir à de nouvelles propositions sur les thèmes de “la vision de la ville”, “l’évolution des techniques”, “l’écologie de la lumière” et “la mise en oeuvre du plan Lumière”.
Les nouveaux objectifs du plan furent fixés : - ouvrir le champ de la création - mettre à jour les nouvelles possibilités techniques - prévenir les risques de cacophonie lumineuse - réduire les consommations énergétiques des lampes et les pollutions nocturnes. Le nouveau Plan Lumière va essayer de créer des ambiances différenciées selon les quartiers, en s’appuyant sur les éléments naturels du site, commes les fleuves et collines, ainsi que de la silhouette architecturale et les grands axes de circulation qui constituent le socle topographique de la ville. Il prolonge ainsi la mise en lumière préexistante du premier plan, en ne modifiant que le strict nécessaire. Son but étant de créer des visions lointaines et de multiplier les panoramas sur la ville. La mise en lumière permet également de souligner ou suggérer des détails du paysage. De plus on peut s’en servir pour signaler des parcours, des trajectoires, des remontées ou des descentes de fleuve, des traversées, des lignes de fuites, des transversales…. Toujours dans une volonté de créer de nouvelles perspectives et points de vue, de nouveaux lieux vont être dédiés à la contemplation nocturne comme le parc des hauteurs, le belvédère de Fourvière, le jardin de l’annonciade ou même sur des ponts. Ces derniers étant essentiel dans l’histoire Lyonnaise, de par le symbole du franchissement pour relier les différentes rives ou de par leur architecture, il était naturel de les mettre en lumière. La mise en lumière des fleuves va elle aussi être revisitée, et réduite, car ceux ci constituent des zones de calme et de respiration au sein de la ville. En effet avec les parcs, ce sont les rares espaces restants où il convient de respecter l’obscurité. L’éclairage peut donc s’y faire plus discret. Cependant, les ambiances seront toutefois travaillées différemment entre les berges du Rhône et les Rives de Saône afin de les différenciées.
Figure 51: Vue du belvédère de Fourvière
Enfin, la dernière volonté est de souligner les grandes silhouettes de la ville. Pour ce faire, on vient marquer le paysage bâti comme la basilique de Fourvière, les tours du quartier de la Part Dieu ou encore de grandes infrastructures du paysage Lyonnais (Musée des Confluences, la salle 3000, la cité internationnale...)
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Figure 53: Le nouveau plan Lumière
Figure 54: La mise en lumière de la Bourse
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Figure 55: La mise en lumière des quais du Rhône
Concrètement, cela se traduit par : - des tâches pour valoriser la géogr aphie de la ville : collines et fleuves. - des halos pour souligner les silhouettes de la ville : grands repères exceptionnels et cônes de vue (La Duchère, la Part-Dieu, Fourvière, le Confluent, Salle 3000) - la mise en lumière du patrimoine de la ville avec différentes ambiances : centre historique, architecture contemporaine, parcours historiques. - éclairage des grands sites de développement urbain : Confluence, Duchère, Gerland, PartDieu, Etats-Unis. - éclairage des grands axes : les lignes TCL, Tramway et parcours de modes doux (pistes cyclables) Ce nouveau plan Lumière est donc plus en lien avec l’homme et les activités humaines. Son but est de donner à la lumière un autre usage que celui d’éclairer un monument comme elle le faisait traditionnellement. Son support s’étend désormais à la rue. Le paysage nocturne ainsi révélé, permet de créer de nouvelles ambiances, de faire rentrer les gens dans un monde différent. C’est une sorte de lien poétique qui enrichit la vie Lyonnaise par cette ambiance nocturne électrisante, où les lumières de la ville qui scintillent nous montrent les mouvements et les pulsations de la cité. C’est aussi la richesse et la diversité du patrimoine géographique ou historique de la ville qui sont ainsi mises en valeur.
Figure 55: L’Opéra de Jean Nouvel mis en lumière par Yann Kersalé
Enfin on peut souligner de subtiles interventions sur les bâtiments en eux-même comme le pont de l’Université qui fût mis en lumière par Louis Clair en 1992, le Château Lumière par Roland Jéol la même année, l’Auditorium par Michel Pieroni en 2000, le parc de Gerland par Laurent Fachard en 2001 ou encore le dôme de l’Opéra par Yann Kersalé en 1994. Cette dernière intervention est d’ailleurs un moyen que l’éclairagiste a donné au bâtiment pour communiquer directement avec la ville, en effet, lorsque le dôme de l’opéra est éclairé il suffit de prêter attention à la façon dont la lumière rouge pulse pour savoir ce qu’il se passe à l’intérieur : - une montée en puissance de la lumière de façon continue sur l’ensemble de la structure, qui croît puis décroît, telle une respiration lente, indique qu’une représentation est en cours. - une montée saccadée et graduelle de la lumière rouge, en partant de la base du dôme en allant jusqu’à son sommet, signifie qu’une répétition est en cours - et si la lumière rouge est continue, celà a juste pour effet de souligner l’architecture du dôme car il ne se passe rien à l’intérieur.
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C. LA SIGNALÉTIQUE
L’espace public peut parfois être un lieu dénué de sens évident où certaines fonctions et usages se superposent en entraînant un manque de limites bien définies et donc de lisibilité. Il est donc essentiel de traiter clairement les délimitations entre les différents espaces afin de les rendre clairement identifiables par les usagers. Face à cette complexité, la signalétique et le mobilier urbain mis en place ont pour objectif de rendre plus agréable et lisible le milieu urbain de l’agglomération.
1 / Signalétique
La signalétique comprend un grand nombre d’objets, allant des panneaux de circulation, aux panneaux d’orientation pour les piétons, le marquage au sol pour les pistes cyclables ou encore les délimitations au sol destinées aux personnes aveugles sur la chaussée ou en bordure de station de tramway ou métro pour leur indiquer le dénivelé. Les questions de signalétique ne sont pas nouvelles, et l’on se préoccupait déjà des personnes malvoyantes ou aveugles par le passé. Il y a donc une vocation informative, sécuritaire et directionnelle essentielle. Ce genre d’informations permettant aux personnes de se repérer dans l’espace urbain, mais leur garanti aussi un niveau de sécurité. Un passage piéton peint au sol indique que la traversée de la chaussée est sécurisée par exemple. Un deuxième rôle que remplie la signalétique est celle de l’esthétique et de la mise en ambiance. En effet, au niveau de l’agencement au sein des espaces publics, plusieures règles entre en jeu : - Retrouver rigueur et simplicité dans les tracés. - Accorder aux délimitations une importance accrue, surtout en terme de surface en ayant, par exemple, une bordure suffisamment large. - Utiliser des matériaux qui, par leur nature soient de qualité et mettent en valeur la délimitation. - Utiliser dans un même espace au maximum trois revêtements. - Les délimitations seront traitées de manière plus noble que les surfaces qu’elles e n t o u r e n t et pour lesquelles des choix de revêtement éventuellement plus simples donc moins coûteux seront prescrits.
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Ces règles servent non seulement de délimitation entre les espaces, permettant ainsi une meilleure lecture du lieu, mais elles apportent aussi une lisibilité aux usagers et donc une impression d’ordre et de propreté. C’est donc l’image de la ville qui est en jeu ici. Une ville dont les espaces piétons seraient ternes, mal délimités, mal indiqués et où l’on finit par se perdre ne va pas laisser un bon souvenir aux visiteurs. La ville de Lyon a bien compris cet enjeu et a lancé depuis plus d’une dizaine d’années une grande campagne à ce sujet, dans le but d’uniformiser le language signalétique utilisé sur l’ensemble de son territoire. On peut notamment citer la création d’un nouveau type de signalétique depuis quelques années : la signalétique du patrimoine. Consciente de son potentiel patrimonial, la ville de Lyon a investi depuis 2014 dans la mise en place d’une nouvelle signalétique patrimoniale pour faciliter l’orientation et l’information à ce sujet. Cette signalétique a pour l’instant été mise en place dans le secteur classé à l’UNESCO, celui ci comprenant la presqu’île, le Vieux-Lyon, Fourvière et Confluence. Tous ces éléments ont bien sur été intégrés au paysage urbain dans le respect du design et des couleurs de la palette Lyonnaise. Ludique et esthétique, cette signalétique offre un nouveau visage au site lyonnais sans le dénaturer. “Francioli s’est appuyé sur son expertise en matière de mobilier urbain sur mesure et sa maîtrise des Bétons Fibrés Ultra Hautes Performances (BFUHP) pour remporter ce marché associant plusieurs matériaux. Francioli s’est ainsi entouré des meilleurs spécialistes du granit, grèscérame, bronze et de l’aluminium pour fabriquer une signalétique au design novateur. Le principe de la boussole a été retenu pour ce projet, utilisant les supports en place afin de de ne pas surcharger l’espace urbain historique et éviter des fléchages et des mats déjà surabondants. Un dispositif simple, conçu par l’agence VIA DESIGN.”
Ont donc été installée : 11 nouvelles tables d’orientation vont permettre de se situer géographiquement au sein du périmètre UNESCO et de se repérer par rapport aux sites remarquables alentours. Ces tables fonctionnent avec leur époque car elles sont également équipées de la technologie sans contact NFC, ou encore du scannage de QR codes, grâce auxquelles le visiteur peut à l’aide de son smartphone se géolocaliser et accéder à toutes les informations patrimoniales. Cette application est actuellement développée en partenariat avec le musée Gadagne. Techniquement parlant, ces tables sont composées d’un pied en BFHUP gris en forme de cône (diamètre : 35 cm à la base et 1,20 m en haut) avec un méplat sur toute la hauteur et surplombé d’un disque de grès-cérame émaillé, celui ci est verrouillé par un cerclage en aluminium. Scellée au sol, la table est fixée sur une semelle enterrée, éliminant ainsi toutes les reprises au sol et préservant l’esthétique des lieux. Elles sont situées à des entrées de sites (métro) et sur des lieux emblématiques (place Bellecour, Saint Jean, Fourvière…). Dimensions de la table : Diamètre 1,20 m, hauteur 1,20 m. Poids 600kg. 67 bornes de guidage se trouvant à des intersections clefs permettent l’orientation des visiteurs à l’aide des quatre points cardinaux, mais aussi des quartiers ou monuments environnants. Ces bornes ont été crées à partir de plots de granite déjà existants (65 cm de hauteur), que l’on est venu surmonter par des disques en grès-cérame émaillé (diamètre 33 cm). Ces coiffes en aluminium moulées représentant des boussoles sont donc collées sur l’existant.
Figure 56: Une table d’orientation
Figure 57: Une signalétique connectée
Figure 58: Une borne d’orientation
45 trottoirs sont désormais marqués au sol avec des clous en bronze, emblèmes de la signalétiques patrimoniale, balisant ainsi un parcours patrimonial proposé aux usagers. Ce marquage est également associé à des gravures en rouge sur les trottoirs qui indiquent les directions à suivre. En référence à l’ocres rouge, couleur de la ville, les bordures en granit ont été gravées sur place par Roger Gorrindo, tailleur de pierre et calligraphe puis une résine rouge y a été coulée. Figure 59: Le marquage au sol
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Le parcours Flesselles Points de vue Durée moyenne : 1h15
Dans cette même logique de signalétique à vocation patrimoniale, il existe 5 parcours sur les pentes de la Croix-Rousse, permettant aux visiteurs de découvrir ce quartier au fil de promenades guidées.
La mise en place est relativement simple, car elle consiste en la présence de petits logo carrés de couleurs différentes en fonction du parcours choisi, apposés sur des murs ou au dessus de passages afin de guider les touristes. Ce logo est accompagné d’une petite plaque explicative des lieux traversés, comme les traboules ou les jardins. En suivant ces itinéraires, cela permet aussi de trouver des points de vue sur la ville.
Du boulevard de la Croix-Rousse au quai de Saône et vice versa cet itinéraire tracé dans la partie médiane des pentes traverse des éléments caractéristiques des occupations successives de la colline.
Figure 60: Campagne de publicité pour les 5 parcours de laparcours Croix-Rousse grande côte2 (1396x992x24b jpeg) parcours amphithéatre2 (1396x992x24b (1396x992x24b jpeg) jpeg) parcours flesselles2 (1396x992x24b jpeg)parcours amphithéatre2
Figure 61: Plans de la Croix-Rousse et des 5 parcours qui la traversent
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Le parcours de l’amphithéâtre des trois Gaules Histoire et Points de vue Durée moyenne: 1h
Ce parcours donne une idée pratiquement complète des périodes historiques qui ont marqué la physionomie des Pentes de la Croix-Rousse.
Le parcours des Voraces Histoire et Traboules Durée moyenne: 1h
De la place des Terreaux au boulevard de la CroixRousse et vice versa. Cet itinéraire traverse le quartier des pentes les plus marqués par les anciennes activités des artisans de la soie : les canuts.
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Le parcours de la grande côte Jardins, Histoire et Traboules Durée moyenne: 1h
Du boulevard de la Croix-Rousse à la place des Terreaux et vice verça cet itinéraire passe deux fois par la Grande Côte, emblématique voie de traversée des pentes de la Croix-Rousse.
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Le parcours Soufflot Architecture et Points de vue Durée moyenne: 1h
Ce parcours pourrait s’appeler celui de la cornicherhodanienne. L’important dénivelé, élément dominant du site a imposé une structure, typique dans la Croix-Rousse, du tracé des rues qui seront empruntées sur la promenade : un quadrillage moderne de voies tracées en courbes de niveau comme la rue des Fantasques et de rudes escaliers perpendiculaires comme la rue Grognard ou la montée du Boulevard.
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2 / Mobilier urbain
Parallèlement à la politique d’aménagement engagée par la communauté urbaine de Lyon dans les années 90, la ville de Lyon décida de lancer en 1991 un concours ouvert aux designers et architectes dans le but de créer une ligne de mobilier urbain cohérente tout en redéfinissant l’identité et l’image de la ville. A l’époque, le mobilier urbain était peu esthétique , incohérent et encombrant, ce qui broullait la lisibilité de l’espace public. L’objectif était donc d’utiliser un vocabulaire commun à tous les quartiers de l’agglomération pour ainsi créer un sentiment d’unité, d’appartenance.
En février 1991, les résultats du concours sont publiés et ce sont deux équipes qui sont sorties du lot :
Comme le directeur du service Espaces Publics du Grand Lyon, Jean-Louis Azéma explique : “Il fallait sortir à l’époque de la cacophonie ambiante.La cacophonie, c’était non seulement que les services intervenaient les uns sur les autres, mais qu’en plus, on avait 40 000 bornes, 40 000 poteaux, des mobiliers d’éclairage public dans tous les sens, c’était le règne du catalogue. Et les catalogues, à l’époque, étaient d’une pauvreté extrême. On ne trouvait rien en catalogue qui nous satisfasse et qui puisse signer effectivement un appartenance lyonnaise. il nous fallait donc travailler sur un vocabulaire d’aménagement; d’où le lancement d’un concours de mobilier urbain, dès 1990, pour définir une ligne propre à l’agglomération.”
Les deux équipes poursivent donc dans la phase finale du concours, et en novembre de la même année c’est la ligne de mobilier de Wilmotte qui fut sélectionnée car celle ci était plus adaptée à être diffusée sur l’ensemble de l’agglomération. En effet, les propositions de Jourda-Perraudin étaient plus complexes à mettre en oeuvre. cependant, elles furent également retenues pour être mises en place dans certains sites forts et atypiques de l’agglomération, comme la cité internationnae de Renzo Piano par exemple. C’est donc sur la notion d’industrialisation que le vote s’est fait. Aujourd’hui, plusieures autres villes française ont d’ailleurs elles aussi adoptées la ligne de mobilier Governor, la ville de Lyon n’ayant pas acheté les droits ou l’exclusivité de celle ci afin de réduire les coûts.
Le mobilier urbain commandé comprend donc les luminaires, les bancs, les poteaux, les poubelles, les bornes, les panneaux, les armoires et coffrets techniques comme ceux d’EDF...la diversité de ces objets rendait la tâche complexe, comment réussir à unifier un mobilier aussi vaste et qui s’étend sur tant d’espace tout en restant économiquement abordable ? La sobriété était donc de mise. La mise en place de tous ces objets c’est bien évidemment faite progressivement, les 57 communes du grand Lyon les ayant adoptés au fur et à mesure pendant ces 20 dernières années. D’après le cahier des charges remis par l’agence d’urbanisme du Grand Lyon à l’époque du concours, le mobilier urbain se définit en opposition au “contenant” (l’espace en lui même, l’architecture, la végétation, le sol) c’est à dire en tant que “contenu” (les objets qui se trouvent
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Celle de l’agence Parisienne de Jean-Michel Wilmotte pour sa ligne de mobilier nommé “Governor” qui a été qualifiée par le jury de “d’une proposition élégante jointe à un réalisme et professionnalisme certains”. Et celle du cabinet lyonnais de Jourda-Perraudin dont le projet est caractérisé par “sa créativité et sa valeur poétique”.
La nature du mobilier urbain n’est pas anodine, au delà du coté pratique et technique, se joue un enjeu social. La présence d’un mobilier de qualité va en effet définir l’ambiance d’un lieu, et participe souvent à améliorer l’image d’un quartier. Le droit à la ville se doit d’être accessible à tous, et c’est une bonne chose que le mobilier urbain en hyper-centre, dans le quartier touristique, soit de même qualité que celui implantés dans les périphéries. Ce nouveau mobilier urbain dépasse donc les attentes décoratives et fonctionnelles, c’est un des éléments d’une politique globale qui pense désormais la ville comme un espace public. L’esthétique au service de la ville.
Figure 62: Station de tramway dessinée par JM Wilmotte
Figure 63: Banc Wilmotte, place des archives Figure 64: Luminaire “Tulipe” par Jourda-Perraudin, Cité internationale
Figure 65: Luminaire “Corolle” par Jourda-Perraudin, Cité internationale
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D. L’ART URBAIN
“ L’art dans l’espace public c’est amener à un plus grand nombre la culture d’une époque “. Jerôme Sans, directeur artistique du projet d’art public Rives de Saône.
L’art en lui même a toujours été un un vecteur du pouvoir et un outil de communication efficace. L’art dans l’espace public a donc directement été censé représenter, symboliser ou célébrer quelque chose en particulier. Pendant longtemps, l’art urbain s’est affranchi des contraintes de l’art contemporain, il était plus libre, plus autonome, c’était en quelques sortes de “l’art pour de l’art”. Mais peu à peu, l’art public est devenu le moyen d’expression des intentions de l’artiste, ce dernier souvent désireux d’apposer sa signature dans un lieu public. Aujourd’hui, d’après le sociologue Pierre-Alain Four, « l’art public se réinvente, dans ses modes de commandes, dans ses propos, dans les publics qu’il peut toucher, dans ses modes de réalisations, dans ses formes… ». L’art dans un espace public permet d’adoucir celui ci, de le rendre plus sympathique et moins austère, l’esthétique de l’art joue donc un rôle social. A Lyon, deux ambitieux projets d’art public “sans équivalent en Europe par leur ampleur et l’originalité de leur démarche” sont en cours de réalisation actuellement : Le projet Rives de Saône : Le réaménagement des rives de la Saône sur plus de 50 km du Confluent jusqu’au nord de l’agglomération a été engagé depuis plusieures années et continu de suivre son cours. Le Grand Lyon a dans sa commande, prévu qu’un parcours d’art public accompagne les usagers le long des rives, la direction artistique du projet a été confiée à Jérôme Sans. En février 2011, une douzaine d’œuvres ont été présentées. De nombreux artistes ont été mobilisés, tels que Tadashi Kawamata, Didier Fiuza Faustino, Jean-Michel Othoniel ou Le Gentil Garçon. La démarche est unique car les équipes de maîtrise d’oeuvre et les paysagistes chargés du réaménagement des berges sont directement en relation avec les artistes et plasticiens venant créer leurs oeuvres in-situ.
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Le projet 8e art : C’est le Grand Lyon Habitat qui lança ce projet en 2007. L’objectif est de mettre en valeur le patrimoine le long du Boulevard des Etats-Unis (2km). Cette artère est en partie marquée par l’architecture de Tony Garnier, et une dizaine d’oeuvres d’art contemporain viennent ponctuer le cheminement. De plus, des ateliers d’artistes et un lieu dédié à la médiation entre les associations locales, les artistes et les habitants ont été installés. C’est le profil atypique de la maîtrise d’ouvrage, le Grand Lyon Habitat étant un bailleur social, qui rend l’opération originale. Il faut égaement saluer la mise en place de dispositifs de médiation dont le but est de porter l’art contemporain au cœur des logements sociaux. A côté de ces projets d’envergure d’art public, il existe des réalisations plus modestes, diverses et diffuses venant enrichir les collections artistiques de l’agglomération. - Matt Mullican a habillé le mur mitoyen de l’Institut d’Art contemporain de Villeurbanne. - Des artistes sont associés à la réalisation des bâtiments construits à la Confluence. - Le 2ème tunnel sous la Croix-Rousse, dédié aux modes doux avec son parcours d’installations numériques et lumineuses. - Une œuvre de Wang Du installée à la Cité Internationale. - Une série d’œuvres de Xavier Veilhan, Les Habitants (2006) au sein de la CIté internationale de Renzo Piano - A la demande des habitants, le GPV (Grand projet de ville) de la Duchère a développé une réflexion participative sur l’art public qui aboutit à l’installation ou la rénovation de plusieurs œuvres dans le quartier. - La Galerie Roger Tator travaille au projet Factatory d’installation de résidences d’artistes éphémères à Lyon 7e. Ces projets ont pu voir le jour grâce au soutien d’une volonté politique affirmée. L’agglomération lyonnaise avait comme objectif de réinvestir le champ de l’art public afin de retrouver un certain leadership dans ce domaine où la compétition est de plus en plus forte entre les villes. Car il faut savoir que Lyon n’a pas toujours été une grande amatrice d’art urbain. Alors que d’autres villes avaient déjà commencé à se pencher sur
la question dans les années 60, c’est seulement dans les années 1980 avec la présence du Symposium de la Sculpture que le territoire lyonnais commence à se couvrir d’œuvres d’art contemporain, notamment dans les stations de métro. Par la suite le Nouveau musée de Villeurbanne a toujours mis en avant le dialogue entre l’art contemporain et l’espace public. La ville de Lyon a par la suite gagné ses lettres de noblesse par la qualité de ses aménagements urbains et paysagers ou encore par sa politique événementielle depuis les années 2000 (La fête des lumières, les Invites de Villeurbanne) mais il lui manquait cette présence artistique dans l’espace du quotidien. C’est cette nouvelle ambition de transformation artistique de l’espace urbain qui est désormais mise en avant et qui permet de porter une multitude de projets. Les ronds points Ces sont les villes de Villeurbanne et Vénissieux qui furent en premier les plus militantes en matière d’art public. En 1980 les élus de Villeurbanne veulent “démocratiser la culture”, faire en sorte que l’art aille directement à la rencontre des gens. Ils vont donc mettre en place une colonisation d’oeuvres d’art, réparties dans tous les bâtiments publics. Les ronds points et les carrefour, points de rencontre stratégiques deviennent également le lieu d’œuvres emblématiques comme le Totem de Guy de Rougemot place Albert-Thomas en 1981, Autour d’un abri jaune d’Etienne Bossut au carrefour Greuze-Pressensé en 1987
Figure 67: Parking de la République
ou encore le rond point des Buets de Patrick Raynaud en 1989. Les ronds points sont d’ailleurs devenus par la suite une exception française, de par eur décoration flamboyante et originale. L’art en souterrain Le Lyon parc auto a également mené une campagne assez emblématique pour démontrer l’attention qualitative qu’il avait de ses espaces souterrains. La signalétique et l’identité graphique du projet a été créee par le designer Yan Penor’s. La scénographie à quant à elle été confiée à JeanMichel Wilmotte.La particularité du projet est que les architectes ont travaillés main dans la main avec les artistes dès la conception du projet. La force de celui ci réside donc dans cette association entre architecture, art et design. Aujourd’hui, des visiteurs du monde entier se bousculent pour venir admirer certains de ces 16 parkings. On y trouve là une représentation de l’art contemporain s’étalant des années 1970 à 2000. On peut citer quelques uns des artistes ayant participés au projet : - Parking République : François Morellet - Parking Berthelot : Dror Endeweld - Parking des Célestins : Daniel Buren - Parking de Villeurbanne : Philippe Favier - Parking Morand : Georges Adilon
Figure 66: Parking des Célestins vue de l’intérieur
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Les fresques murales Dans le domaine de l’art, la ville de Lyon s’est taillée une réputation internationale dans une autre spécialité : les murs peints. Cette spécificitée est cependant méprisée par le monde de l’art contemporain. C’est à une SCOP, nommée la Cité de la Création et qui réunit les pionniers de l’art mural en France, que l’on doit ces fresques populaires, murs peints ou trompes l’oeil comme on les appelle désormais. Ils ont pour but de révéler l’identité culturelle du lieu, d’embellir les bâtiments, les tours ou les rues. On trouve ce type de fresques murales un peu partout dans l’agglomération lyonnaise, mais également à l’étranger, où CitéCréation s’est bien exporté, notamment à Québec, Berlin ou Shangaï. La Cité de la Création a signé plus de 650 fresques monumentales à travers le monde depuis sa création en 1978, ce qui fait de ce groupe le leader mondial en ce domaine. En 1986, ce sont les habitants du quartier des Etats-Unis qui vont être demandeurs de ce genre d’interventions. Un ensemble de 24 fresques en l’honneur de Tony Garnier va être réalisé et des artistes étrangers comme Matt Mullican vont être invités. Dernièrement plusieurs projets ont été mis en place : une fresque lumière à Lyon 7e à partir du dessin de l’auteur de Bandes Dessinées François Schuiten et une fresque végétale à Lyon 1er.
Figure 68: Le mur des Canuts
Figure 69: Le mur Lyonnais
Figure 70: Peintures pour habiller la zone industrielle de Feyzin
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Figure 71: Peintures murales
Figure 72: Peinture “Tours de Babel” sur des HLM
Figure 73: Oeuvre de Philippe Ramette sur l’immeuble B10
Les travaux Enfin il existe une nouvelle forme d’art, toujours destinée à embellir la ville et la rendre plus agréable, celle qui consiste à mettre en place une oeuvre éphémère afin de dissimuler un chantier en cours. L’exemple le plus probant actuellement se trouve sur le parvis de la gare Part-Dieu. Lorsque l’on sort de la gare côté ouest, on se retrouve alors face à la démolition en cours de l’immeuble B10. Cette démolition est dans le cadre de la restructuration du quartier de la part-dieu et de l’agrandissement de la gare. Or, la ville de Lyon ne pouvait pas laisser un chantier d’une telle envergure accueillir les 80 000 usagers qui empruntent cette esplanade chaque jour, l’image de la ville était en jeu. C’est pourquoi la municipalité a décidé d’y installer une oeuvre provisoire, en l’occurence d’un artiste mondialement reconnu : Philippe Ramette. Celle ci consiste simplement à tendre une immense bâche, recouvrant ainsi la structure d’une de ses photographie. L’oeuvre est tout de même réalisée in-situ, car la photographie représente le quartier de la part-dieu, tout en reprenant la marque de fabrique de l’artiste qui s’amuse sur ses clichés à se jouer de la gravité. Différentes formes artistiques L’art est présent à Lyon, dans toute sa diversité. Une multitude de combinaisons sont possibles au sein de l’espace public : la sculpture en premier lieu, mais aussi la peinture, la photographie, le design et l’architecture, la mise en lumière ou encore les technologies de l’image et du son (PierreAlain Jaffrenou au parc de Gerland). Des artistes régionaux côtoient des artistes reconnus nationnalement (Daniel Buren, Patrick Raynaud, Arman) et même internationalement (Bill Fontana, Matt Mullican). Tous ces exemples ne sont bien entendu pas exhaustifs, tant la diversité et l’étendue de ce domaine sont grandes. La vocation que la ville veut donner à l’art urbain est de venir au contact des gens dans leur quotidien, que ce soit dans le métro, dans la rue, sur des bâtiments ou à des carrefours, l’art se doit d’intriguer, d’intérroger, d’amuser, de plaire ou de déplaire aux passants mais aussi d’habiller un lieu par son caractère plastique, esthétique et exceptionnel.
Figure 74: “Le balcon” de Philippe Ramette
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E. LE MARKETING
En 2006, le Grand Lyon lançait une grande campagne publicitaire nommée “Lyon 2020” afin de produire une Vision métropolitaine à l’horizon 2020. L’objectif étant de donner une image attractive de la ville, et Lyon l’a bien compris en gérant son image à l’aide d’équipes spécialisées dans la communication, comme une compagnie gérerait un produit qu’il comercialise. Il faut attirer le plus de touristes et de capitaux étrangers possible afin de générer des retombées médiatiques et économiques, l’ère du brandscaping est née.
1 / La stratégie touristique OnlyLyon
Création d’un logo et d’une image de marque Afin de générer un sentiment de fierté et d’appartenance à cette métropole, il fallait lui donner des emblèmes, des signes de reconnaissance permettant de la distinguer et de la rendre visible sur le plan international. Plusieures références identitaires ont donc été mises en avant comme la géographie de la ville avec ses fleuves et colline (projet Confuence), sa gastronomie, sa qualité de vie, son dynamisme qu’il soit économique ou culturel etc. Mais l’essentiel restait la création d’un logo, une image représentative de la ville. Le lion s’imposait comme une évidence, et la couleur rouge est la couleur de la ville.
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Campagne de publicité Une fois l’image crée, il faut la diffuser et la faire connaître. Que ce soit à travers une campagne d’affichage, des vidéos dynamiques, des opérations qui font le “buzz” et qui donne envie de vivre ici comme Le Grand Lyon sait bien en produire, des happening dans la ville (comme la statue mobile du logo OnlyLyon changeant régulièrement d’emplacement afin que les gens se prennent en photo et les diffuse sur les réseaux sociaux et sur le site officiel de la ville). De plus, la ville de Lyon est très active sur internet, que ce soit via leurs sites officiels très fournis en informations, ou via les réseaux sociaux. Communication à l‘internationale Enfin, ce n’est pas tout de faire aimer sa ville aux gens qui l’habitent, il faut aussi donner envie à d’autres de venir la visiter en étendant les campagnes publicitaires à l’étranger, et en allant même jusqu’à créer un réseau de personnes dont le but est de faire connaître et promouvoir la ville de Lyon, ces gens sont appelés les “ambassadeurs”. Pour devenir ambassadeur de Lyon c’est assez simple, il suffit de se rendre sur ambassadeurs. onlylyon.com et de s’y inscrire. La ville compte aujourd’hui plus de 20 000 ambassadeurs, ce qui prouve l’attachement à celle ci.
Figure 75: Statue mobile du logo OnlyLyon, happening dans la ville
Figure 76: communication à l’international à l’aide d’adverbes positifs en anglais qualifiant la ville de Lyon
Figure 77: Le Logo OnlyLyon très similaire à celui d’Amsterdam
Figure 78: Campagne d’affichage OnlyLyon nommée “addicted to Lyon” où l’on un pannel de personnes dynamiques et souriantes
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Alors qu’en Europe, Londres et Paris sont en tête des destinations les plus touristiques, la ville de Lyon continue inlassablement son ascension et son travail de séduction afin d’attirer toujours plus de touristes et de professionnels. Avec plus de 5,5 millions de visiteurs en 2013, Lyon creuse l’écart avec Bordeaux ou Marseille et se place en deuxième position des villes françaises. Le tourisme d’affaires représente 65 % des visiteurs, le tourisme de loisirs quant à lui atteint 35 %. Des chiffres en large hausse sur l’année. L’ouverture de vols hebdomadaires entre Lyon et Dubaï par la compagnie Emirates a aidé cette hausse en augmentant le nombres de touristes en provenance de destinations loitaines, le pourcentage étant passé de 5 à 25% en une année seulement. OnlyLyon Tourisme et Congrès observe également que les visiteurs en provenance du Japon sont en hausse de 35 %, les australiens de 26 % et ceux d’Amérique Latine ou Centrale de 5,21 %. Pour conforter ces améliorations, l’organisme lyonnais de promotion du tourisme (OnlyLyon) effectue un grand nombre d’opérations à l’étranger, comme celle réalisée à Osaka en 2014, où il a organisé une campagne de promotion de Lyon dans un centre commercial où un village lyonnais de 1 500m2 a été reconstitué. Plus de 150 000 personnes en l’espace d’une semaine s’y sont rendues. OnlyLyon multiplie ce genre d’opération de communication à l’étranger afin de faire parler de Lyon, tout en continant la promotion de la ville sur le sol français, notamment avec une grande campagne de promotion sur les autoroutes. Car les chiffres montrent également que 48 % des touristes arrivent à Lyon en véhicule, 40 % en train et 2 % en bus et seulement 10 % depuis l’aéroport. Ce qui montre bien qu’il y a encore du chemin à parcourir et surtout des capitaux à gagner sur le plan international.
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2 / L’évènementiel
Le travail marketing du grand Lyon ne s’arrête pas seulement à une opération publicitaire. Au dela de ça, la ville de Lyon a toujours été présente dans le domaine de l’évènementiel et du culturel. Une étude récente a d’ailleurs placé la ville de Lyon en tête des villes françaises devant Bordeaux et Paris avec le plus grand nombre de salles de théâtre et de spectacles par nombre d’habitants. Il y a à Lyon, 6 677 habitants pour chaque salle de spectacle. A titre de comparaison, Reims, 32ème du classement propose une salle de spectacle pour 36 880 habitants. Lyon est donc une ville qui bouge, et des évènements attirants des spectateurs du monde entier sont nombreux : La Fête des lumières organisée tous les 8 décembre pendant 3 jours prend la troisième place des grands rassemblements mondiaux après le carnaval de Rio et la Fête de la bière de Munich. Chaque année, plus 3 millions de spectateurs viennent découvrir la centaine d’installations et spectacles lumineux qui habillent les monuments, ponts et rives de la ville. Le festival musical des Nuits de Fourvière, prenant place dans les théâtres Gallo-Romain de la colline du même nom drainent tous les été plus de 130 000 spectateurs. 80 représentations, concerts ou pièces de théâtre sont données de juin à juillet sur un site historique exceptionnel. Le désormais reconnu et prestigieux festival du film Lumière (aussi appelé Grand Lyon Film Festival) en l’honneur des frères Lumière ayant inventés le cinématographe et tournés le premier film à Lyon, attire quant à lui 95 000 spectateurs, sans compter de grandes pointures du cinéma, parrains du festival comme Quentin Tarantino, Ken Loach, Pedro Almodovar ou encore Martin Scorsese. 265 séances pendant le mois d’octobre mettant à l’honneur l’histoire du Cinéma. Le but principal de ces grands évènements étant bien évidemment de proposer un large choix de divertissement et d’accès à la culture, il ne faut pas non plus négliger les importantes retombées économiques et médiatiques que genèrent des évènements d’une telle ampleur. Cela aide la ville de Lyon à se positionner toujours plus dans la course des destinations touristiques mondiales.
Figure 79: Lyon Eurexpo, salle d’expositions et d’évènements
Figure 80: Concert au Nuits de Fourvière dans le grand théâtre
Figure 81: Scéance de cinéma gratuite et en plein air
Figure 82: Mise en lumière et spectacle sur la Cathédrale St Jean
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CONCLUSION
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Depuis les années 80, la ville de Lyon a su saisir les enjeux qui allaient être ceux d’aujourd’hui. Grâce à la mise en place du service des espaces publics en 1989, la qualité de ces espaces n’ont cessés de s’améliorer. Les élus ont su comprendre que les problèmes sociaux pouvaient être en partie résolus par une politique publique adaptée et novatrice. Avec la mise en service de la métropole lyonnaise le 1er janvier 2015, Lyon a réaffirmé son désir de conforter sa place de ville à l’international. C’est en adaptant sans cesse ses infrastructures, en offrant de nouveaux équipements publics de qualité, en permettant un rayonnement plus important (transports, culture, loisirs), en offrant un cadre urbain qui répondent aux standards internationaux tout en restant compétitif par rapport aux coûts des autres grandes métropoles françaises et européennes (élément d’attractivité pour les investisseurs), que la ville de Lyon a su développer tout son potentiel. Les politiques publiques ont depuis une trentaine d’années, travaillé main dans la main avec des architectes, designers, artistes et experts en tous genre afin de proposer dans chaque domaine une réponse créative et adéquate. Ainsi, tous les mécanismes mis en place ont comme point commun, la volonté qu’a la ville de s’étendre, de s’embellir, de devenir plus propre et agréable, et surtout d’attirer toujours plus de visiteurs, que ce soit pour le tourisme d’affaires ou de loisir, générant ainsi des retombées médiatiques et économiques. Cependant, on peut déplorer que ces mécanismes ne soient pas toujours si originaux que cela. En effet, on peut aujourd’hui observer partout dans le monde les mêmes centre villes, avec les mêmes rues piétonnes où s’affichent les mêmes enseignes, comme de gigantesques centres commerciaux. Cette impression d’uniformisation vient en premier lieu de ces magasins que l’on retrouve partout, le géographe français Jacques Lévy dit d’ailleurs : “La ville devient une marchandise, un produit générique à travers lequel un club très fermé de firmes, de Starbucks à Zara, opère une construction mondiale de visibilité, approche paresseuse de la mondialisation.”
De même, on peut critiquer un certain nivellement de la ville par le bas sous couvert de modernisation. Les voyageurs étant en quête d’un paysage urbain rassurant, qu’ils connaissent déjà, on retrouve partout les mêmes aéroports, le même mobilier, les mêmes oeuvres de quelques “starchitectes” dont les commandes obtenues reposent parfois plus sur leur notoriété internationale et la volonté qu’a la ville de posséder un bâtiment signé d’un grand nom de l’architecture, plutôt que de la réponse architecturale donnée face à la commande. On observe donc des effets de mode, comme le musée de Bilbao de Frank Gehry qui, suite à son succès, a rapidement fait des petits. Chaque ville étant soudainement désireuse de faire construire un musée, symbole d’une identité territoriale et d’un renouveau. A la vue des chiffres croissants de l’urbanisation dans le monde, il n’y aucun doutes pour dire que le XXIème siècle sera celui des villes. Mais à quoi vont-elles ressembler ? A force de vouloir être trop consensuels, ne risquons nous pas de produire des lieux sans âme, neutres et uniformes ? Qu’en est-il du charme de l’authenticité ? L’architecte Néerlandais Rem Koolhas met d’ailleurs en garde dans son livre Junkspace, contre des villes génériques, toujours plus lisses et plus fades et sans paysage de qualité. Les villes Nouvelles comme Chandigarh en Inde, imaginée par Le Corbusier, poussent comme des champignons. A Lyon, fin 2012, eût lieu un débat dans le cadre du festival Mode d’emploi, dont le thème était “Habiter le monde, urbanisation et mondialisation”. La question posée fût la suivante : “Le monde globalisé crée t-il une nouvelle diversité ou doit-on désormais admettre un modèle urbain dominant qui modèle des espaces de vie identiques et impose des pratiques uniformisées?”. Doit-on donc craindre que l’espace urbain tende à devenir un objet de consommation ? Consommation de destinations et de sensations.
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Néanmoins, les aspects positifs de ces politiques pubiques sont loin d’être négligeables. En effet, la ville ne cesse de s’embellir, de devenir plus propre, plus sécurisante, en bref plus agréable à vivre. En changeant son image depuis les années 80, la ville de Lyon à certes comme objectifs d’attirer des capitaux étrangers et de se positionner sur une économie mondiale, mais aussi et avant tout d’améliorer le bien être de ces citoyens.
Ainsi a pu naître une cohérence urbaine qui est aujourd’hui reconnue par tous. Lyon métropole a d’ailleurs été crée dans le même esprit. Supprimer un millefeuille administratif tout en unifiant les communes et la région dans un ensemble plus cohérent, avec des institutions et des pratiques encore plus efficaces, bref une nouvelle vision politique.
Les zones de protection, les classements ou encore l’inscription sur les listes du patrimoine mondial de l’UNESCO ont également participé à la conservation de son identité et de son histoire. C’est l’ADN même de la ville que l’on retrouve dans sa morphologie, surtout à Lyon, où le développement urbain s’est fait d’ouest en est à cause de la topographie du terrain et de ses fleuves. L’identité du territoire repose en grande partie dans ces espaces et bâtiments protégés qui sont mis en valeur par des politiques publiques ayant bien saisi cet enjeu. De plus, la diffusion des modèles occidentaux ne sont pas toujours néfastes, en Chine cela est même couronné de succès, des quartiers standardisés étant préférables à des bidonvilles. Standardisation certes, mais en ne reproduisant que le meilleur en somme. Des villes souples et éphémères qui évoluent avec les habitants et qui ne restent pas forcément figées dans une volonté de conservation poussée à l’extrême. Comme dans certains quartiers de Paris où le patrimoine est devenu un phénomère de marketing urbain. Le façadisme parisien reproduisant des façades à l’apect pittoresque alors que l’arrière du bâtiment n’a rien d’originel, revient en quelques sortes à diffuser une image de marque que la ville tente de donner. L’aventure Lyon metropole s’inscrit donc dans une dynamique de progrès et d’avancées. La ville évolue et ne cesse de croître, et se faisant les politiques publiques se doivent de répondre à de nouveaux enjeux, comme l’accès aux logement à tous. Là où la ville de Lyon a su se démarquer assez vite de certaines autres villes françaises, c’est en remettant en question sa politique de la ville dans les années 80, et en créant de nouveaux services, comme celui des espaces publics, destinés à prendre de la hauteur sur les projets et les saisir dans une globalité et non plus isolés les uns des autres.
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ANNEXES
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CHRONOLOGIE DES POLITIQUES DE LA VILLE EN FRANCE Si les Groupes d’action municipale ont, dès le milieu des années 1960, tenté d’attirer l’attention du monde politique sur l’importance sociale de ce type de politiques, la politique de la ville en tant que telle n’apparaît qu’à la fin des années 1970. Depuis une série de plans successifs se sont succédé, souvent en réponse à des crises ponctuelles. • 1977 : opérations « Habitat et vie sociale » (HVS) sous la direction de Jacques Barrot, secrétaire d’État au Logement dans le gouvernement de Raymond Barre. Ces opérations visent à réhabiliter les HLM avec l’aide financière de l’État. • 1981 : violents incidents dans le quartier des Minguettes (à Vénissieux dans la banlieue de Lyon). Lancement du dispositif « Opérations anti été chaud » ensuite rebaptisé « Opérations prévention été » puis « Ville-Vie-Vacances », et création des zones d’éducation prioritaires (ZEP) par Alain Savary, ministre de l’Éducation nationale. •1981-1983 : Trois rapports qui seront les fondements de la politique de la ville : o Le rapport Schwartz (1981) : « L’insertion professionnelle et sociale des jeunes », qui sera à l’origine de la création des Missions Locales et de la Délégation Interministérielle aux Jeunes. o Le rapport Bonnemaison (1982) : « Face à la délinquance : prévention, répression, solidarité », qui introduira la notion de prévention de la délinquance (avec la création des Conseils National et Communaux de Prévention de la Délinquance). o Le rapport d’Hubert Dubedout (1983), maire de Grenoble (et membre fondateur de son groupe d’action municipale) : « Ensemble refaire la ville », qui s’arrête sur la question des quartiers déshérités et qui amènera à la mise en œuvre des opérations de Développement Social des Quartiers (DSQ) et à la constitution du Conseil National du DSQ. • 1983 : lancement de la mission « Banlieues 89 » par Roland Castro et Michel Cantal Dupart, dont l’objectif est de réhabiliter et relier entre elles les banlieues. • 1984-1988 : Premiers contrats de plan État-régions intégrant le Développement social des quartiers : 148 conventions concernant environ 170 quartiers. • 1988 : création de la Délégation interministérielle à la ville, dirigée par Yves Dauge en remplacement du Conseil National du développement social des quartiers. La reprise en main au niveau de l’État vise à étendre et professionnaliser les actions4. Toutefois, les dirigeants de la structure s’institutionnalisent ; après Yves Dauge, il s’agit de fonctionnaires, ce qui fait perdre le caractère auto-gestionnaire présent au sein du CNDSQ, qui était présidé par des maires5. • 1988 : création du Conseil national des villes, instance consultative placée auprès du Premier ministre, a pour mission de conseiller le Gouvernement sur l’élaboration de la politique de la ville, le développement social urbain et les nouvelles formes de démocratie de proximité et de participation des habitants. • 1990 : après les troubles de Vaulx-en-Velin, François Mitterrand annonce dans son discours de Bron la création d’un ministère de la Ville, confié à Michel Delebarre. • 1991 : premiers Grands Projets urbains du gouvernement de Michel Rocard ; loi d’orientation pour la ville (LOV). • 1992 : Bernard Tapie, nouveau ministre de la Ville, démissionne trois jours après avoir proposé un « plan pour les banlieues ». • 1994 : premiers contrats de ville sous l’impulsion de Simone Veil, ministre des Affaires sociales dans le gouvernement d’Édouard Balladur. • 1996 : pacte de relance pour la ville du gouvernement d’Alain Juppé : création des zones urbaines sensibles. • 1999 : nouveaux contrats de ville ; programme de rénovation urbaine du Comité interministériel à la ville du 14 décembre 1999 : GPV et ORU. • 2000 : Loi relative à la solidarité et au renouvellement urbains dite loi SRU, loi élaborée autour de trois exigences : o exigence de solidarité , o développement durable , o renforcement de la démocratie et de la décentralisation. La loi SRU reste surtout connue pour son article 55 qui impose aux villes de plus de 3500 habitants de disposer d’au moins 20 % de logements sociaux. • 2003 : programme national de rénovation urbaine (PNRU) de la loi Borloo ; création de l’agence nationale pour la rénovation urbaine (ANRU) (loi d’orientation et de programmation pour la ville et la rénovation urbaine du 1er août 2003, dite loi Borloo). • 2005 : o loi de programmation pour la cohésion sociale du 18 janvier 2005 o loi pour l’égalité des chances du 31 mars 2006 o automne : une vague sans précédent d’émeutes urbaines remet au premier plan de l’actualité la politique de la ville. • 2006 : o loi portant Engagement National pour le Logement (loi ENL) du 13 juillet 2006 • 2007 : remplacement des contrats de ville par le contrat urbain de cohésion sociale • 2008 : plan banlieue « Une nouvelle politique en faveur des banlieues », présentée par Nicolas Sarkozy, qui veut mettre en synergie l’Éducation nationale, le développement durable, la Police et la sécurité intérieure, les élus locaux, les professionnels de la politique de la ville, le milieu associatif, les travailleurs sociaux et les entreprises. Cette nouvelle politique a été précédée d’une présentation « Espoir Banlieues - Une dynamique pour la France » présentée en janvier 2008 à Vaulx-en-Velin par Fadela Amara, secrétaire d’État chargée de la Politique de la ville.
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Figure 25 : http://www.dessein-de-ville.com/assets/1_2648_10_LYON_PLAN-MASSE-250-D Figure 26, 27 : Google Image Figure 28 à 30 : http://projets-architecte-urbanisme.fr/amenagement-place-jacobin-lyon-reportagephotos/ Figure 31 : Google Image Figure 32 : http://static.dezeen.com/uploads/2015/01/Musee-des-Confluences-by-Coop-Himmelblau_ dezeen_6_1000 Figure 33 : http://www.icmimarlikdergisi.com/en/2015/01/08/coop-himmelblaus-musee-des-confluences-opens-on-a-river-peninsula-in-lyon/ Figure 34 : http://www.icmimarlikdergisi.com/en/2015/01/08/coop-himmelblaus-musee-des-confluences-opens-on-a-river-peninsula-in-lyon/ Figure 35, 36 : Powerpoint sur les espaces publics, Brigitte Sagnier Figure 37 : http://www.lavilleavelo.org_IMG_png_DeCaluireAConfluence Figure 38 : http://www.lavilleavelo.org_IMG_png_DeCaluireAConfluence2 Figure 39 à 48 : http://www.landezine.com_wp-content_uploads_2011_06_54-section-Berges-du-Rhone Figure 49 : http://www.lyon.fr_page_projets-urbains_perimetre-unesco_la-zone-de-protection-du-patrimoine-architectural-urbain-et-paysager.html Figure 50, 51 : Extrait du powerpoint sur les espaces publics de Brigitte Sagnier Figure 52 : Extrait du Nouveau Plan Lumière, document disponible sur le site de la ville de Lyon Figure 53 : Photo personnelle Figure 54 : Google Image Figure 55 : Google image Figure 56 : Photo personnelle Figure 57 : Google image Figure 58, 59 : http://journal-du-btp.com_files_2014_03_Sans-titre-1-2-455x250
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Figure 60, 61 : Mission pentes Croix Rousse Figure 62 : http://www.wilmotte.com/fr/projet/199/Tramway Figure 63, 64, 65 : http://www.millenaire3.com/ Figure 66, 67 : http://www.wilmotte.com_fr_projet_273_Huit-Parkings-avec-interventions-dartistesLyon-Parc-Auto Figure 68 à 72 : http://cite-creation.com/ Figure 73 à 75 : Google Image Figure 76 à 78 : http://www.business.greaterlyon.com/onlylyon-only-lyon-city-branding-marketingcommunication.9.0.html? Figure 79 à 82 : Google Image
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REMERCIEMENTS
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Un grand merci à mon encadrante de mémoire, Brigitte Sagnier, qui a su m’aiguiller dans ce vaste sujet et dont la compréhension et la bienveillance en début d’année ont été d’un grand soutien.
Un chalereux merci également à Christian Marcot, dont les notes et les références données à mi-parcours m’ont beaucoup aidé pour avancer.
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Merci à ma famille pour leur soutien sans faille et à Morgane pour la motivation qu’elle m’a insuflé.
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Key Words Mots clefs Public policies Politiques publiques Mechanisms of the urban aestheticization Mécanismes d’ésthétisation de l’urbain Urban Planning Aménagement de l’urbain Enhancement Mise en valeur City of Lyon Ville de Lyon
SummaryRésumé Depuis les années 80 des politiques publiques se sont mises en place afin de transformer le paysage urbain en une une identité urbaine et culturelle. La ville de Lyon a fait évoluer le cadre de vie qu’elle proposait, en aménageant les espaces publics, en créant des équipements, en proposant de plus en plus de services afin de séduire les usagers et de leur rendre l’environnement urbain plus agréable et cohérent. Cet objectif est surtout atteint à l’aide d’interventions formelles et d’une gestion esthétique de la ville. Entre le Plan bleu, le Plan vert, le Plan lumière, l’événementiel, la politique marketing, la mise en valeur du patrimoine, le design du mobilier urbain, l’édification d’équipements publics ou encore de grands projets urbains tels que le quartier Confluence ; la ville de Lyon regroupe à elle seule une quantité impressionante d’outils de requalification et constitue donc une étude de cas type qui peut permettre de comprendre les enjeux de ces politiques urbaines. Par qui et pour qui sont-elles mises en place ? Pourquoi et comment ? Since the 80’s, public policies were established to transform the urban landscape into an urban and cultural identity. The city of Lyon has changed the living environment that it provided, by arranging public spaces, creating public facilities, offering more and more services to attract users and make the urban environment more pleasant and consistent. This objective is best achieved by means of formal interventions and aesthetic management by the city. With the Blue Plan, the Green Plan, the Light Plan, promotion of events, marketing policy, heritage development, the design of street furniture, building public facilities or large urban projects such as the Confluence district; Lyon alone accounts for an impressive amount of requalification tools and is therefore a good case study that can help to understand the issues of the urban policies. By whom and for whom are they implemented? Why and how?