Rapport de
STAGE OUVRIER MENUISERIE BOIS Du 9 au 27 septembre 2019 Effectué par
Zoelie MILLEREAU-DUBESSET N°18499
Auprès de
Rémi PERRET
Membre du collectif
Wood And The Gang
Enseignant tuteur
Marc LEYRAL
ENSA Paris-La Villette 144, Avenue de Flandres 75019 PARIS
SOMMAIRE Introduction
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Structure d’accueil
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Moyens matériels
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Déroulé du stage
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Projets suivis
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Bilan critique
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INTRODUCTION Depuis le début de mes études je souhaitais réaliser mon stage dans un atelier de menuiserie ou de charpenterie. Le bois est un matériau qui m’a toujours attirée pour ses qualités esthétiques et sensorielles. J’aime sentir son odeur, son grain et observer ses différentes textures. À l’école, nous entendons beaucoup parler des propriétés physiques de ce matériau, mais peu de sa mise en application concrète. J’étais donc très curieuse d’en apprendre davantage et de pouvoir manipuler ce matériau. En effet la symbiose entre technique et créativité, artisanat et art, me semblent être des qualités essentielles à la conception. Habitant dans le XIXe arrondissement de Paris, j’ai cherché des ateliers dans les communes limitrophes telles que Montreuil et les Lilas car je savais qu’il s’y développe une forte activité d’artisanat et des métiers d’art. J’ai finalement entendu parler du collectif Wood and the Gang par des amis vivants aux Lilas. C’est ainsi que j’ai fait la connaissance de Rémi Perret. D’abord artiste plasticien, son univers très créatif et soucieux de l’objet m’a tout de suite beaucoup plu.
STRUCTURE D’ACCUEIL 6
L’ATELIER 11
9BIS rue du Coq Français 93260 Les Lilas L'atelier se situe aux Lilas, commune limitrophe de Paris, à 15 minutes de mon domicile. Je m’y suis rendue en métro en empruntant la ligne 11. Le collectif Wood and the Gang s’y installe fin 2013 après deux ans passés dans un atelier à Pantin. L’atelier occupe le rez-de-chaussée du bâtiment avec les établis de chacun des artisans, les outils et les machines communes. Un espace regroupe la cuisine, une table à manger et les sanitaires à proximité. À l’étage, on trouve les bureaux de chacun ainsi qu’une matériauthèque d’échantillons envoyés par les fournisseurs.
Vue d’une partie de l’atelier. établi de Rémi Perret
Actuellement, il est occupé par 4 artisans : Sten Ridarch – Menuisier/ ébeniste Rémi Perret - Artiste Plasticien Bois Olivia Brunet - Menuisière/ébeniste Pierre - Menuisier/ Tour à bois
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LE COLLECTIF À l'origine de ce collectif Rémi Perret, Arnaud Maurer et Sten Ridarch, tous issus de formations différentes. Rémi Perret est diplômé de l'École d'Architecture de Paris-La Villette, Arnaud Maurer est designer et Sten Ridarch menuisier. Tous les trois créent le collectif Wood and the Gang afin de confronter leurs corps de métier respectifs au profit de projets communs. Ensemble, ils relèvent le défi de 10 tables en 10 jours lors d’un évènement Withaa, à La Galerie Bensimon, dans le cadre de leur exposition sur l’Upcycling durant les D’Days 2013. La même année, ils concoivent et fabriquent la scénographie Animal Instinct pour le Showroom Peugeot des Champs Elysées. Ils collaborent également sur la Scénographie du Forum des Tendances des salons Who’s Next de janvier 2014, juillet 2014 et septembre 2015.
Quelques réalisations du collectif...
Défi 10 tables en 10 jours. Galerie Bensimon, exposition sur l’Upcycling // D’Days 2013
Animal instinc Show Room Peugeot // Septembre 2013
Flipper Géant Salon Who’s Next // Janvier 2014
MOYENS MATÉRIELS 8
FOURNISSEURS Les fournisseurs et soustraitants auxquels fait appel l’atelier sont situés majoritairement dans le Nord-Est parisien et ses communes limitrophes. Cela favorise l’activité de proximité, permet un gain de temps, et une réduction des consommations et du coût des déplacements. L’atelier a régulièrement recours à des sous-traitants pour des tâches spécifiques telles que la découpe numérique (CNC) ou laser et pour traiter des pièces métalliques (sablage, peinture, etc.). Ces ateliers sont nombreux en Seine Saint Denis où l’artisanat et les métiers d’art occupent une place importante dans l’économie, soutenus par les politiques publiques locales.
Epoxy Bobigny 90 rue de l’Etoile 93000 BOBIGNY UFacto 15 rue Jacquart 93500 PANTIN Décor Plus 1 Place des Fêtes 75019 PARIS
Placages André 30 rue de Picpus 75012 PARIS
Epoxy Bobigny
UFacto
Décor Plus
Placages André
Epoxy est une entreprise spécialisée dans le traitement de surfaces métalliques. Sablage, grenaillage, microbillage, traitement anti-corrosion et peinture, elle répond au besoin des professionnels et particuliers.
Ufacto est un atelier de fabrication de maquettes et de prototypes localisé à Pantin. On peut y travailler de nombreux matériaux (bois, cuir, verre, résines, métal, Il propose notamment des services de découpes laser et numériques (CNC).
DécorPlus est un magasin de peinture qui fourni essentiellement des professionnels. On y retrouve peinture, vernis, colles, pinceaux, etc. Il offre également des services de mise à la teinte et de suivis de chantier pour les professionnels.
Placage André est une entreprise de gros de bois et de matériaux de construction. Il s’agit du dernier fournisseur de bois dans Paris Intramuros. Ainsi, ils assurent la livraison des panneaux commandés aux ateliers.
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OUTILLAGE COUPER
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Pour couper le bois, on utilise la scie. Il existe différents types de scie pour différents usages. On utilise la scie radiale (1) pour couper de petits élements (tasseaux, planches etc.) suivant une coupe verticale ou bien suivant des plans inclinés. La scie circulaire plongeante (2) est utilisée pour découper des panneaux sur de grandes distances. La scie circulaire sur table (3) s’emploie par exemple pour découper des éléments sur de petites largeurs. Enfin pour des découpes de formes irrégulières ont pourra employer la scie sauteuse (4), plus petite et plus maniable.
FIXER Pour fixer des éléments entre eux on utilise une perceuse visseuse (5) qui permet de pré-percer un trou et d’y enfiler une vis. Il existe des vis de différentes tailles, pour différents matériaux (bois, métal etc.). La perceuse à choc est une alternative qui permet d’éviter de pré-percer. Pour certains ouvrages on peut employer une agrafeuse-cloueuse (6) branchée à un compresseur. On s’en sert en accompagnement d’un collage ou pour une fixation discrète sur du tissu par exemple.
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MESURER Au cours de la fabrication, la mesure est essentielle afin de respecter le dimensionnement à la conception. On utilise différents outils qui correspondent à des usages et des degrés de précisions différents. Le mètre ruban (7) est employé pour de grandes distances ou pour vérifier des mesures. Pour des petites distances on choisira le réglet (8) qui offre une précision au millimètre voir au demi-millimètre. Pour mesurer une épaisseur de manière très précise on utilise un pied à coulisse (9) qui permet de préciser la mesure au dizième de millimètre.
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MATÉRIAUX BOIS Au cours de ce stage j’ai pu découvrir différents matériaux bois et dérivés bois. Je les avais pour la plupart déjà étudiés théoriquement dans le cadre des cours qui nous sont enseignés à l’école. Toutefois le fait de les avoir entre les mains, de pouvoir les toucher, les sentir, les couper, les soupeser, les poncer permet une meilleure assimilation de leurs caractéristiques. J’ai pu apprendre à les reconnaitre et à savoir dans quels cas les utiliser et de quelle manière. Certains possèdent déjà un revêtement particulier, d’autres sont traités à la finition. On assiste à une grande diversité de matériaux qui permet une résolution au plus juste du processus de fabrication.
AVANT
APRÈS
Contreplaqué Pin maritime Avant et après ponçage
LE CONTREPLAQUÉ
LES PANNEAUX DE PARTICULES
L’un des matériaux le plus utilisé à l’atelier est le contreplaqué. Il s’agit de plusieurs couches de placage bois. Le croisement à l’angle de ses fils le rend isotrope et donc résistant dans les deux dimensions; Il peut être produit à partir de différentes essences telles que le bouleau, le pin maritime et l’okumé. Le bouleau est caractérisé par sa dureté et l’okumé par sa faible densité. On distingue le CP pin maritime par ses fils très marqués sur les faces qui apportent un aspect esthétique supplémentaire à la pièce fabriquée.
Pour des ouvrages structurels, on peut utiliser l’OSB du fait du croisement des copeaux qui rendent le matériau isotrope. On le retrouve notamment dans le bâtiment pour la fabrication de plancher et de remplissage de contreventement. Dans la même famille de matériaux le MFP (panneau multifonction) est également connu pour ses valeurs de solidité transversale et longitudinale ce qui lui confère une très bonne résistance au percement dans la tranche contrairement à l’aggloméré. Il possède également une excellente résistance à l’humidité.
Okumé
OSB
Pin maritime
Bouleau
MFP
Aggloméré
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LES PANNEAUX DE FIBRES
LE VALCHROMAT©
Pour la fabrication de meuble on utilise aussi beaucoup de panneaux de fibres tel que le MDF (ou médium) composé de fibres de bois encollées. Il est très peu sujet aux déformations et ses faces lisses permettent de nombreux types de finitions. Toutefois il est très controversé pour sa composition en colle riche en formaldéhydes ce qui le rend nocif à la fabrication, à l’usage et lui donne un mauvais impact environnemental. Par ailleurs, l’isorel est un autre panneau de fibre, surtout utilisé comme isolant acoustique et thermique. On le retrouve également comme élément de remplissage pour le mobilier (fond de tiroir par exemple). Lorsqu’il est perforé, il peut aussi être employé pour son aspect esthétique.
L’atelier utilisait beaucoup de Valchromat©, un matériau fabriqué à partir de fibres de bois comme le MDF à la différence qu’il contient beaucoup moins de formaldéhydes ce qui le rend beaucoup moins toxique à la fabrication et l’usage. Les colorants organiques utilisés offrent une gamme de teintes naturelles et une facilité de finition. La résine dans laquelle sont incorporés les colorants lui confère également des caractéristiques physicomécaniques supplémentaires telles qu’une meilleure résistance à l’humidité, à la flexion et garantit une plus faible abrasion des outils. De plus il s’agit d’un produit Européen puisqu’il est exclusivement fabriqué au Portugal par Valbopan.
MDF
Valchromat©
Isorel comme isolant
Isorel perforé
LES MATÉRIAUX CINTRABLES La résistance à la flexion induite par la plupart des matériaux bois empêche le cintrage de certains ouvrages courbes. Il existe alors des matériaux spécifiques dont la configuration naturelle ou artificielle permet le cintrage. Le souplex est un contreplaqué issu de l’essence de fromager caractérisé par sa très faible densité. La minceur du pli central produit un effet de charnière, qui permet le cintrage du panneau. Le MDF cintrable est caractérisé par ses rainures qui lui permettent d’augmenter considérablement la résistance en flexion.
Souplex©
MDF cintrable
Tranche du Souplex©
Principe du MDF cintrable
DÉROULÉ DU STAGE 12
RÉMI PERRET
© Maxime Huriez
Au cours des trois semaines que j’ai passées à l’atelier, j’ai été encadrée par Rémi Perret. Diplômé de l’École d’Architecture de Paris La Villette (anciennement UP6), il s’oriente vers la création artistique de mobilier dans une démarche d’Upcycling. Il utilise des objets trouvés, d’anciens éléments de mobilier récupérés un peu partout et des chutes de bois pour produire de nouvelles pièces. Il a notamment eu l’occasion de travailler avec Christian Lacroix pour le design des éléments de chevet des chambres de l’Hôtel Antoine à Paris. Parmi ses clients on trouve également des particuliers pour la fabrication de chambres d’enfants et également des architectes. Le travail de Rémi démarre par des esquisses qui font partie de son identité et univers artistique. C’est pourquoi j’ai tenu à les présenter en parallèle du processus de fabrication associé.
L’ «UPCYCLING», qu’est ce que c’est ? Upcycling, ou par traduction upcyclage ou recyclage, est un terme anglophone désignant l’action de récupérer des matériaux ou des produits dont on ne se sert plus pour créer des objets ou produits de qualité supérieure. Ainsi cela consiste en une revalorisation du produit source.
Esquisse pour un bureau parents/enfant © Rémi Perret
Esquisse d’une chambre pour d’enfant © Rémi Perret
Il s’agit d’une des fortes tendances actuelles favorisant l’économie circulaire que l’on retrouve dans différents domaines tels que la création textile, la création de mobilier, la conception de matériaux pour le bâtiment, etc. Réalisation de chevets pour les chambres de l’Hôtel Antoine à Paris
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PROGRAMME Au début de mon stage, je me suis rendue avec Olivia au Salon Maison et Objets où artisans, designers et créateurs exposent. Cette visite m’a servi d’introduction et m’a permis d’observer différentes techniques utilisées dans le mobilier (Ex : marqueterie de paille), de constater les tendances en terme de mobilier et de découvrir de nouveaux matériaux (maille de béton, lave émaillée, parement planche de surf recyclé, résine). J’ai également pu observer la valorisation du produit exposé et dimension scénographique du stand d’exposition. Une grande partie de ces trois semaines ont été consacrées à un projet mené par Rémi pour la SNCF. Il a été choisi pour réaliser trois pièces de mobilier à partir d’éléments de wagon du Petit Gris afin de rendre hommage à cet élément du patrimoine ferroviaire. Je l’ai donc accompagné dans leur fabrication, aussi bien au niveau de la réflexion de la mise en œuvre, que de l’exécution.
J’ai également eu l’occasion de travailler avec Sten Ridarch sur deux projets de stands pour le Salon de l’optique Silmo Paris qui s’est tenu du 27 au 30 septembre 2019 à Villepinte. J’ai ainsi participé à la phase de fabrication au sein de l’atelier puis j’ai aidé au montage des stands sur le salon. Cette expérience m’a permis d’aborder un angle différent du salon d’exposition, après avoir été usager dans le salon Maison et Objet, j’ai pu me confronter à la mise en place de ce type de salon éphémère.
Vers la fin de ce stage j’ai fabriqué sur la totalité du processus, une pièce parmi la production de galets de Rémi. Ce sont des objets issus du réemploi de chutes de bois de l’atelier. Le processus suit des étapes simples mais soignées qui m’ont permis d’aborder toutes les phases jusqu’aux finitions.
PROJETS SUIVIS 14
LE PETIT GRIS // SNCF Le «p’tit gris» est le surnom donné à la rame Z5 300 qui desservait le réseau transilien Sud-Est et Sud-Ouest de Paris, en raison de sa caisse en acier inoxydable. Mise en service en 1965, elles sont progressivement mises hors-service à partir de 2004, pour être définitivement supprimées en 2010. En 2012, la SNCF avait organisé une vente aux enchères des pièces détachées au profit des Restos du Coeur. Cette année, elle renouvèle l’expérience en invitant des créateurs et artisans choisis à revisiter ses pièces détachées. Au total, 90 pièces brutes et 35 pièces transformées seront exposés du 28 novembre au 1er décembre 2019 au Ground Control à Paris avant d’être mises aux enchères.
© Rémi Perret
Rémi Perret s’est donc prêté au jeu en proposant trois pièces de mobilier, faites à partir de pièces détachées : une armoire à tiroirs, une liseuse et un coffre à jouets.
Monsieur Gris-Gris
Bien être à Confesse
Le Trèfle
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Ce projet m’a paru très pertinent car il m’a permis de comprendre l’importance de l’ attention portée sur l’objet source, la matière première utilisée pour concevoir ces nouvelles pièces. En effet, ici, les pièces d’origine sont issues d’une production industrielle. Il était donc intéressant d’observer au moment du démontage, la manière dont l’objet était conçu et assemblé. Cette étape influence grandement la suite du projet puisqu’elle induit de nombreux questionnements pour parvenir à construire l’objet à partir des esquisses. Rémi avait ainsi imaginé le visuel de ses meubles à partir des pièces dont il disposait, en fonctionnant avec des collages. Ce sont d’ailleurs les pièces détachées qui dimensionnent l’échelle du meuble. L’étape à laquelle on réfléchit à la manière dont on va construire le meuble permet de réaliser les débits de bois, c’est-à-dire calculer la taille des éléments en bois dont on aura besoin, afin de connaitre le nombre de panneaux à commander. Cette étape est également le moment où l’on réfléchit à l’assemblage du meuble. En effet l’utilisation de pièces industrialisées suppose de s’adapter à l’assemblage initial car certaines pièces présentent par exemple des rivets qui ne peuvent être retirés. Au moment du démontage de certains éléments nous avons justement été confrontés à ce type d’imprévus. L’exposition ayant eu lieu pendant le séjour d’étude de la semaine transversale de 3ème année, je n’ai pas eu l’occasion de m’y rendre pour voir les pièces finalisées avant la vente aux enchères.
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© Maxime Huriez
Esquisse de la liseuse «Bien être à confesse» pour la SNCF © Rémi Perret
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«Bien être à confesse» Pour cet objet, l’idée imaginée par Rémi était de renverser la banquette d’origine, transformant ainsi les deux assises et leur dossier commun en un seul dossier compartimenté de liseuse. Les pieds seraient également réutilisés pour la nouvelle assise.
Au moment de démonter les différents éléments pour le nettoyage, on réalise que le pied est en réalité la pièce commune d’assemblage du dossier et des assises. (Fig.1) Il a donc fallu reconstituer l’ensemble dossier/assises en vissant des planches à la sous-face de l’ensemble qui constitue le dossier du banc à l’arrière de la liseuse. (Fig.2) Puis nous avons cherché la bonne inclinaison du dossier en utilisant des cales. (Fig.3) L’assise est un seul et même élément commun à la liseuse et au banc. Il est constitué d’un cadre réalisé avec des tasseaux sapin et de deux panneaux de pin maritime pour refermer le tout. (Fig.4) Afin d’offrir une meilleure résistance en flexion, contreventer et avoir de la matière pour visser la banquette, on ajoute des montants dans le cadre. (Fig.5) À l’aide d’une scie cloche, on évide le panneau en sous-face pour permettre de visser une fois le cadre refermé. (Fig.6)
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© Maxime Huriez
Esquisse du coffre à jouet «Le Trèfle» pour la SNCF © Rémi Perret
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«Le Trèfle» Cette pièce est composée de quatres corbeilles issues des WC des wagons du Petit Gris. Pour cette pièce, j’ai été chargée de simuler l’assemblage des corbeilles avec cales afin d’en prendre les dimensions. (Fig 1 et 2) Nous avons ensuite échangé autour de la manière d’assembler la pièce. Compte tenu des éléments d’accroches de la corbeille aux parois du wagon que l’on ne pouvait pas retirer, il fallait trouver un moyen de fixer le caisson bois intérieur aux parois des corbeilles. (Fig 3) À partir des dimensions des corbeilles et des épaisseurs de bois à utiliser, j’ai pu produire le fichier de découpe numérique. Il faut faire en sorte de réduire au maximum l’occupation de la partie à découper sur le panneau pour limiter les chutes tout en prenant en compte l’épaisseur de la fraiseuse. (Fig 4) Les parties évidées du trèfle correspondent aux couvercles amovibles du coffre. Ainsi, en optimisant le matériau à la conception, on réduit les chutes à la fabrication. Il a ensuite été envoyé dans un atelier de fabrication de maquette et de prototype à Pantin qui dispose d’une fraiseuse numérique. (Fig 5) Compte tenu de l’état des corbeilles, elles ont été portées dans un atelier qui s’occupe de sabler, nettoyer et repeindre les objets métalliques.
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Après mon départ de l’atelier à la fin de mon stage, Rémi à procédé à l’assemblage du coffre et aux finitions de peinture et de poignées du coffre à jouets. (Fig 6) 5
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© Maxime Huriez
Esquisse du vaisselier «Monsieur Gris-Gris» pour la SNCF © Rémi Perret
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«Monsieur Gris-Gris» Le vaisselier est la plus grosse pièce de la série. Elle est composée de plusieurs compartiments et tiroirs correspondant à différents éléments du Petit Gris (plaques de wagon, poignées de porte, panneaux de signalisation, feux, corbeilles, porteserviette).
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Les grandes dimensions du meuble ont été définies par ces pièces détachées qui définissent la taille des tiroirs. J’ai donc produit les fichiers de découpe sur Autocad pour les différentes parties du meuble : façades, joues et étagères afin qu’ils soient envoyés à l’atelier de découpe numérique. (Fig.1) J’ai très peu participé à la fabrication de ce meuble mais j’ai eu l’occasion d’observer les différentes étapes du processus et de réaliser les finitions des tiroirs (ponçage et vernis.) La façade du meuble est ensuite évidée pour laisser place aux tiroirs et étagères. (Fig.5) Pour accueillir les portes-serviettes qui servent de portes à un des caissons du vaisselier, des feuillures ont été réalisées dans l’épaisseur du panneau de contreplaqué à l’aide d’une fraise. (Fig.2/3) Les tiroirs sont réalisés à partir de grosses chutes de bois (CP pin maritime, OSB et MFP) avec un assemblage coulissant traditionnel. (Fig.6) Les caissons de tiroirs sont ensuite habillés en façade par les plaques SNCF puis une poignée de porte de wagon sera ajoutée pour tirer les tiroirs. (Fig.4) La démultiplication des caissons d’accueil des tiroirs a rendu le meuble plus lourd que prévu, s’ajoutant ainsi à la massivité de l’objet.
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PROJETS SUIVIS 22
LE GALET
Ce travail nécessite un travail de finition attentionné pour obtenir un objet lisse et permet de se familiariser avec les différents matériaux bois.
© Rémi Perret
Le galet est une production phare de Rémi. Produite à partir de chutes de différents matériaux bois, elle permet de réduire la quantité de bois à jeter au sein de l’atelier et constitue un objet de décoration original et unique. Ce modèle a même fait l’objet d’une commande de plusieurs dizaines de pièces uniques pour une boutique à Arles.
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Impression papier sur placage sapin 1. Valchromat noir 2. Contreplaqué Pin 3. Contreplaqué Okumé 4. Valchromat jaune 5. Contreplaqué Bouleau mélaminé 6.
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Le processus de fabrication est une succession d’étapes de base que l’on reproduit pour chacune des pièces. Tout d’abord on sélectionne les chutes en fonction de leur matériau, leur couleur, le rythme des fils du bois afin de composer le galet. (Fig 1) Les différentes couches sont ensuite collées avec de la colle à bois et maintenues avec des serres joints pendant plusieurs heures. (Fig 2)
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Vient ensuite le moment de la taille. Avec la scie radiale on façonne le galet suivant différents angles de coupe. Il faut parfois y revenir plusieurs fois pour obtenir un résultat satisfaisant. (Fig 3) Les différentes faces sont ensuite poncées à la machine d’abord avec un grain épais (P120) puis avec un grain plus fin (P80). Les arêtes sont chanfreinées puis polies à la main avec une mousse abrasive afin de permettre une meilleure accroche de la lumière sur l’objet et d’éviter l’usure des arrêtes et des sommets. (Fig 4) Enfin on protège les faces qui bénéficient déjà d’un revêtement avant de vernis le galet à la bombe en plusieurs couches. (Fig 5) Entre chaque couche, le galet doit sécher, puis il est égrainé et nettoyé afin d’accueillir la prochaine couche de vernis.(Fig 6)
On obtient un objet lisse et satiné qui peut être employé comme présentoir et objet de décoration.
PROJETS SUIVIS 24
SALON SILMO PARIS 2019 Le salon Silmo Paris est le salon mondial de l’optique qui se tient tous les ans à Villepinte. Professionnels de l’optique, opticiens et créateurs de montures y exposent pendant 3 jours sur une surface de 80 000m2. J’ai eu l’occasion de pouvoir m’y rendre afin d’accompagner le montage de deux stands sur le salon auprès de Sten Ridarch : Very French Gangsters et Vue DC
STEN RIDARCH Mécanicien puis cadre dans l’aéronautique, Sten Ridarch se reconvertit dans la menuiserie/ ébénisterie en suivant les cours du soir de l’École Boulle puis en passant par l’INFA et au Lycée Technique Léonard de Vinci. Également membre du collectif Wood and the gang dont il est l’un des fondateurs, il crée mobilier, scénographie et stands éphémère pour des salons d’exposition.
STOCKAGE
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Le stand de salon est une approche différente de la menuiserie car il s’agit d’une architecture éphémère qui exige des assemblages facilitant le transport et le montage sur place. C’est une approche très intéressante que l’on peut relier à une démarche architecturale car elle permet d’aborder la conception d’un espace à plus petite échelle. Dans un périmètre défini et imposé il s’agit de produire une spatialité valorisant les produits exposés et invitant les potentiels clients à entrer. Le tout doit être pensé dans un souci de facilité et rapidité de mise en œuvre. Comme sur un chantier de bâtiment, des ouvriers mettent en œuvre le projet conçu. Avant la fabrication, le projet d’un stand induit différentes étapes, de la même manière que toute autre production dans ce domaine. Il y a toute une phase de discussion et d’échange avec le client pour développer son projet, adapter la fabrication à la charte visuelle de la marque. Ensuite, il faut prévoir la sous-traitance pour la découpe numérique, les impressions sur support, la métallurgie, etc. Par la suite, il faut effectuer le calcul des débits, la liste des matériaux à se procurer. Et enfin, il s’agit d’élaborer une liste des éléments à produire, leur quantité ainsi que les différentes étapes de pose pour la fabrication en atelier et le montage sur salon.
1. Chantier Stand Very French Gangsters 2. Chantier Stand Vue DC 3. Vue du salon en chantier
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Very French Gangsters Le stand de Very French Gangsters est constitué de châssis en bois qui délimitent le périmètre du stand et permettent d’accueillir les différents supports visuels ainsi que les éléments de présentation. Une première partie du travail s’effectue à l’atelier et tout le reste aura lieu sur place le jour du montage. Pour ce stand, le mobilier et le décor de l’année précédente seront réutilisés.
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J’ai égrainé avec un grain fin toutes les parties peintes aux couleurs de l’année précédente puis je les ai repeintes aux couleurs de la collection actuelle. (Fig 1/2) Une fois sur place, le jour du montage, on pose la moquette qui est choisie par l’exposant parmi un catalogue de teintes. Les châssis sont réutilisés chaque année et seuls les visuels amovibles changent. (Fig 3) Certains châssis sont occupés par des bâches tendues (Fig 4) et d’autres accueillent des compositions imprimées sur du Forex, une matière plastique PVC. (Fig 5) Une fois les cadres occupés par les visuels, ils sont assemblés les uns aux autres par vissage (Fig 6) et les étagères sont montées. (Fig 7)
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Des tasseaux en bois de biais ainsi que des éléments de remplissage participent au contreventement de la structure.
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Vue DC Le stand «Vue DC» est essentiellement composé de meubles indépendants les uns des autres. La plus grande partie de la fabrication est réalisée en atelier. (cf p. suivante) Sur place, on pose la moquette que l’on fixe au sol avec de l’adhésif double face. (Fig 1) Le film plastique est laissé jusqu’à réception du stand le jour de l’exposition pour éviter de faire des traces avec les meubles et les passages répétés des ouvriers. (Fig 2) Le reste du montage du stand consiste à l’assemblage des pièces amovibles de chacun des éléments de mobilier. (Fig 3) Les pieds sont vissés sur la tablette du bureau. (Fig 3) Les étagères sont fixées sur les montants tubulaires. (Fig 5) Les visuels en forex ainsi que les miroirs sur mesure sont collés sur leurs supports.
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Certains éléments tels que les pieds des structures tubulaires ainsi que les présentoirs muraux, nécessitent d’être accrochés aux parois du stand. Comme il est impossible de les fixer avec des chevilles et que les meubles ont étés conçus pour être prêts à poser le jour du montage, on utilise une fixation «french clamps». (Fig 6) 6
SURFACE DE POSE
OBJET À POSER SURFACE DE POSE
OBJET À POSER
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Desserte de présentation La desserte est composée de 3 plateaux qui forment le volume du meuble, ils sont assemblés les uns aux autres par quatre tasseaux verticaux. Le tout est ensuite enveloppé avec du MDF cintrable afin d’épouser les courbures des plateaux. Le MDF cintrable est fixé avec de la colle à bois et des clous que l’on pose sous pression grâce à l’agrafeuse-cloueuse reliée au compresseur.
On prépare en parallèle des tasseaux fins en Valchromat jaune. À l’aide d’une défonceuse sur table on chanfreine les arêtes longitudinales au quart de rond afin d’assurer une finition solide et une meilleure accroche de la lumière. Les tasseaux sont ensuite poncés puis vernis. On remarque alors au vernissage que le Valchromat prend différentes teintes alors qu’ils sont issus du même panneau.
La surface extérieure lisse du MDF cintrable permet d’accueillir les tasseaux à la verticale. Ils sont collés les uns à côté des autres en veillant à ce qu’ils soient bien verticaux grâce au niveau. Enfin, la tablette de finition est posé au sommet de la desserte. La desserte n’aura plus qu’à être déposée sur le stand du salon.
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Portant d’étagère Le portant est composé d’une structure tubulaire tenue par un pied d’encastrement. Il contient 4 étagères de présentation des montures situées à hauteur d’homme. Ce meuble est concerné par deux problématiques : d’une part la stabilité de la structure tubulaire et d’autre part la fixation invisible des étagères.
On considère que la structure tubulaire est comprise dans un plan. Elle est ainsi soumise à 3 moments rotatifs sur chacun des axes de l’espace qui conduiraient à son basculement. Le pied d’encastrement permet donc de bloquer les moments autour des axes x et z. Sa fixation à la paroi du stand grâce au french clamps permet de bloquer le moment en y de l’ensemble du meuble.
Afin de ne pas avoir de têtes de vis visibles sur la structure métallique, les étagères sont assemblées sur place par l’intérieur dans un axe biais préalablement creusé dans l’épaisseur de la planche.
BILAN CRITIQUE 32
«Découverte de la construction bois. Développement auprès d'un professionnel sur les matériaux, ses contraintes physiques, sa conception et sa mise en œuvre. Accent sur les détails et les assemblages.» Au cours de mes études d’architecture, il a souvent été évoqué la nécessité pour l’architecte en tant que concepteur de savoir dialoguer autour d’un vocabulaire avec les constructeurs que sont les ingénieurs et les artisans. Cette expérience auprès de Rémi Perret et Sten Ridarch a donc eu un intérêt particulier puisque tous deux sont à la fois concepteurs et constructeurs de leurs réalisations. D’autre part, les différentes formations dont ils sont issus telles que l’architecture, la menuiserie et le design ont permis de nourrir le collectif qu’ils ont formé et d’influencer chacune de leurs productions. La question «Comment construire ce que je conçois ?» s’est ainsi avérée significative dans leurs champs de production respectifs. En effet, malgré des univers différents, dans chacun de leurs projet il y a la mise en avant d’un process et une réflexion autour de la manière de mettre en œuvre ce qui a été conçu. Rémi conçoit du mobilier issu de pièces recyclées ou réemployées. L’enjeu est donc de convertir un objet initial à un nouvel usage et ainsi adapter l’assemblage à la forme et aux particularités de l’objet initial, de même qu’en réhabilitation. Sten conçoit des espaces d’exposition pour des salons, où le stand peut être assimilé à une parcelle cadastrale. L’enjeu ici est de concevoir un espace en volume qui peut être transporté, monté et démonté le plus aisément possible.
LE BOIS COMME MÉDIUM Durant ces trois semaines je me suis donc familiarisée avec le bois comme matériau de conception et de construction. En effet il entre déjà en jeu au moment de la réflexion du projet puisque ses capacités physiques influencent directement la mise en œuvre et l’aspect esthétique. Masse, densité, comportement mécanique, couleur sont propres à chaque essence et à chaque matériau bois. Il existe donc une grande variété de possibilités comme réponse aux besoins du projet. CONSTRUCTION RESPONSABLE Le bois est un matériau naturel mais sa transformation induit des enjeux environnementaux essentiels tels que la présence de colle et la production massive. La production artisanale comme j’ai pu l’expérimenter sous-entend une petite production et un contrôle des produits utilisés. Ainsi le collectif favorise des matériaux plus responsables tels que le Valchromat et limite son utilisation de colles polluantes. D’autre part, ils se fournissent et soustraitent dans un périmètre restreint ce qui valorise l’économie locale tout en réduisant les coûts de déplacement. La démarche créative de Rémi Perret s’inscrit également dans une responsabilité environnementale de revalorisation d’objets d’occasion. Sten tend à réfléchir des stands qui pourraient être réemployés d’année en année tout en garantissant une évolutivité et une cohérence de la charte des marques.
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CONCLUSION J’ai pris beaucoup de plaisir à venir travailler chaque matin. La production artisanale offre la possibilité de voir évoluer sous nos yeux et dans nos mains le projet en cours et cela représente pour moi une grande satisfaction. Cette expérience m’a permis de me projeter dans des perspectives d’avenir plus larges et je ne mets pas de côté la possibilité de poursuivre professionnellement dans un domaine tel que la menuiserie. J’ai d’ailleurs eu l’occasion à la suite de ce stage d’être missionnée par la créatrice de Milky Wood pour l’aider à sa production de Noël de maisons de poupée en bois. L’an prochain j’ai été sélectionnée pour partir étudier en Norvège à Bergen où la construction bois est très répandue et valorisée. J’espère pouvoir y nourrir encore davantage mon intérêt pour ce matériau qui me semble prometteur et fondamental pour répondre aux enjeux environnementaux et énergétiques auxquels nous sommes de plus en plus confrontés.