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VINCENT PERRIOT
FAIT PACI, ET PAS ÇA ! Remarqué pour ses premiers travaux qui illustraient des histoires d’Arnaud Malherbe, Vincent Perriot vient de conclure de façon ébouriffante et en solo sa trilogie Paci, avec un rythme de parution qui force l’admiration (trois double albums en un an). D’autres éléments peuvent susciter des interrogations sur ce thriller contemporain qui mélange notamment trafic de drogue, poursuites automobiles et intrigue sentimentale. Nous passons donc la parole à l’auteur. © Perriot / DARGAUD
la question, en déformant les perspectives et en étirant au maximum les dynamiques des voitures. Quelles sont vos influences ? Je me rappelle avoir vu la série The Wire et en être ressorti chamboulé par autant de justesse dans les personnages ainsi que dans les scénarios. Mais je ne peux pas dire que tout vient de cette série. Comme Paci sÊécrivait au fur et à mesure, je mÊinspirais de plein dÊauteurs, de livres ou dÊexposition du moment. Je pense par exemple à un photographe, Saul Leiter, dont jÊadmire profondément le travail. Dans un premier temps, LÊInsoutenable Légèreté de lÊêtre de Kundera mÊavait aussi beaucoup marqué. JÊai pas mal de projets en cours, en bande dessinée ou pour dÊautres médiums, comme la photo ou la vidéo [les curieux pourront ainsi admirer un magnifique vidéoclip de jazz ainsi quÊune BD numérique inédite et gratuite sur www.zoolemag.com, NDLR]. Je pense en tout cas me replonger dans un dessin moins épuré, peut-être plus nerveux et détaillé quÊavant. Mais qui sait, un dessin peut évoluer dans des directions quÊon ne connaît pas vraiment !
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omment sÊest construite la trilogie Paci ? Vincent Perriot : Paci, cÊest une histoire pour moi un peu spéciale. Je lÊai totalement improvisée, page après page, case après case, avec en tête des personnages qui avançaient dÊeuxmêmes au fil des situations auxquelles je les confrontais. CÊétait un plaisir de création immense, un petit défi de tous les jours de savoir comment ce récit allait se finir. Ça a donné un polar très particulier, très personnel, qui mélange les genres. Je me demandais parfois si je voulais raconter une histoire dÊamour ou la vie dÊun ancien mafieux... CÊétait se mettre dans la peau de ce type, Paci. Lui qui souhaite vivre une forme de sagesse intérieure, mais qui succombe au final à ses anciens démons, jusquÊà devenir lui-même un tueur. Je suis resté pour cela dans la veine polar, mais jÊai adopté un graphisme assez éloigné de celui de ma précédente série, Belleville Story, bien
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que jÊaie été très influencé par lÊécriture dÊArnaud Malherbe, le scénariste. JÊai beaucoup appris en travaillant avec lui, notamment de son écriture dynamique et très cinématographique. Il mÊa ouvert des voies que je souhaite encore approfondir dans mes futurs scénarios. DÊoù vient son personnage principal ? Le personnage de Paci est influencé par un ami rwandais que jÊai rencontré là-bas, mais je lui complètement inventé une histoire, un passé. Et en aucun cas mon ami est un malfrat, bien au contraire, cÊest lÊhomme le plus sage que je connaisse ! Je me suis simplement imaginé une mauvaise histoire qui aurait pu lui arriver ici, en France, dans ma ville à Bordeaux, ou bien à Calais. Même si mon ami nÊest pas le personnage Paci, je mÊen suis inspiré quant à sa retenue, au mystère qui entoure sa personne, et à sa manière dÊéluder les questions sur son passé. Je pense que
mon ami est très sensible au fait que je le dessine, et je dois avouer que jÊaurai assez peur de sa réaction quand je lui enverrai enfin le troisième album et quÊil découvrira la fin de la série⁄ JÊespère quÊil ne mÊen voudra pas ! Votre dessin est au service de la vitesse. Oui, je dessine vite, mais le style me le permettait. Une ligne rapide, à lÊextrême épure de ce que je faisais habituellement, cÊest à dire des milliers de hachures. Pour cette série, cÊétait donc différent : Paci est dÊapparence plus sage, mais il revient à lÊivresse dangereuse des go-fast, un peu comme une drogue. JÊavais vu des vidéos sur Youtube qui montrent des mecs qui font des courses de voitures à 300 km.h1 sur autoroute... Ça mÊa vraiment fait un choc et ça mÊa beaucoup interrogé. Je nÊai pas obtenu de réponses précises, mais le dessin mÊa permis dÊapprocher
PROPOS RECUEILLIS PAR
JEAN-PHILIPPE RENOUX
PACI, T.3 RWANDA
de Vincent Perriot, Dargaud, 88 p. coul., 17,95 €
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LA BD DANS LE SANG AU PAYS DU LONG NUAGE BLANC Un polar néo-zélandais dans le monde des comics, y a-t-il plus exotique ? Avec Hicksville, Dylan Horrocks s’amuse à dire son amour pour la bande dessinée. Intelligent et sensible.
crayonnés, encrage, mise en couleur, etc.) sont beaucoup plus fractionnées et il est rare que le créateur dÊun personnage en soit le propriétaire. Ce qui transforme lÊauteur de BD en fournisseur plus ou moins interchangeable. Un arrière-plan économique et organisationnel qui structure lÊintrigue, lÊhistoire de Leonard Batts, journaliste pour le magazine américain Comics World et auteur dÊun livre sur Jack Kirby. Si le jeune homme vient à Hicksville, cÊest pour en savoir plus sur la jeunesse de Dick Burger, dessinateur à succès multimillionnaire, nouveau wonderboy de la BD de super-héros, originaire du village néo-zélandais. Dylan Horrocks prend plaisir à confronter Batts au silence gêné des habitants, distillant les
informations au compte-goutte, par des moyens originaux comme la mise en abyme dans des mini-comics autobiographiques écrits par les anciens amis de Burger. Le malaise grossit, les secrets inavouables se dévoilent, dans ce polar jubilatoire où Astérix, Little Nemo, Tintin, Pogo, the Yellow Kid et Popeye ne sont jamais très loin. En somme, un bel hommage au 9e Art. THIERRY LEMAIRE
© Horrocks / CASTERMAN
Il est plutôt dans la description dÊun monde impitoyable, celui des comic books américains, assez différent de ce quÊon peut connaître en France. Le métier y est tout aussi dur, mais lÊartiste nÊa pas vraiment le même statut. Pour les grands éditeurs, les tâches (scénario,
© Horrocks / CASTERMAN
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erdu, ce nÊest pas Angoulême la ville de la BD, mais bien Hicksville, un village néozélandais perdu dans la nature dont chaque habitant est un amateur, passionné, spécialiste, voire même auteur, de bande dessinée. Un lieu féérique pour nÊimporte quel amoureux du 9e Art. Un hameau où lÊunique salon de thé (la boisson nationale) sÊappelle ÿ La potion magique Ÿ, où la bibliothèque contient les classiques du genre (dont le premier numéro hors de prix dÊAction comics qui signe la naissance de Superman), où lÊon disserte sur les mérites comparés dÊEdgar P. Jacobs et Sergio Aragonès, où chacun devise naturellement sur la bande dessinée comme on parle sport ou politique, où des éditions rarissimes et inconnues des maîtres de la BD sont précieusement conservées. On aura compris que cette bourgade est un fantasme de Dylan Horrocks. Qui montre en creux à quel point le 9e Art accuse toujours un déficit de légitimité. Le même parti pris avec des passionnés de littérature, de peinture ou de cinéma aurait beaucoup moins étonné. Mais bref, le cflur du sujet de Hicksville nÊest pas dans cette désolante constatation.
HICKSVILLE de Dylan Horrocks, Casterman, 264 p. n&b, 25 € 4
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Intégrale Tanguy et Laverdure,T.1
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Vaincus mais vivants
Le Choix
de Locatelli Kournwsky & Le Roy, Le Lombard, 128 p. coul., 17,95 euros
de Désirée et Alain Frappier, La Ville brûle, 80 p. n&b, 15 euros
Le Confesseur sauvage
Route 78
de Philippe Foerster, Glénat, 104 p. bichromie, 22 euros
dÊÉric Cartier, Audrey Alwett et Pierô Lechevalier, Delcourt, 176 p. couleurs, 20 euros
hilippe Foerster compte nombre P dÊinconditionnels qui ont
e premier numéro de Éric hacun son 11 Pilote en 1959 présentait L Cartier septembre. Pour les 1 978. C la première apparition dÊun et sa femme partent dans un Chiliens, la date coïncide
été bercés par les nouvelles macabres parues naguère dans les pages de Fluide Glacial. Son fluvre est fortement marquée par le mouvement surréaliste et surtout, par les trésors dÊhumour noir que renferment les fameux ÿ E.C. Comics Ÿ. En dehors des pages du mensuel de Gotlib, Foerster a réalisé de petites merveilles, dont Styx et le très mésestimé Chien de prairie. Ceux qui apprécient lÊauteur lÊaiment pour ses univers étranges et le décalage de ses histoires. Ceux-là regrettent que Foerster nÊait pas plus de reconnaissance. Alors quand un nouvel album est annoncé – une histoire dÊun seul tenant, qui plus est –, on imagine quÊune nouvelle perle noire se cache dans un écrin de papier. Dès les premières pages, on retrouve en effet la causticité et la structure narrative des contes de Fluide Glacial, à ceci près que lÊeffet de chute est absent. Les histoires se suivent et confirment ce goût dÊinachevé. DÊaucuns objecteront que Le Confesseur sauvage reste en lui-même un univers loufoque qui se suffit à luimême et que lÊabsence dÊironie, de renversements de situation ou de cruelles révélations nÊest pas préjudiciable. DÊautres auront le sentiment dÊavoir lu un album vide de ce qui avait fait le génie dÊun auteur jadis. Difficile dÊavoir un avis tranché...
road-trip aux États-Unis sur les traces du mouvement hippie. New York-San Francisco en stop durant deux mois, à la manière d'un Jack Kerouac. Mais de désillusions en rencontres imprévues, de scènes inoubliables en moments angoissants, il semblerait qu'ils arrivent dix ans après une utopie de vie, dans une illusion rongée par les blattes, la dope et les jeux d'argent... Pour ce one-shot autobiographique, le dessinateur a changé de style pour se rapprocher d'une mouvance underground. Il s'est également adjoint l'aide de la scénariste Audrey Alwett pour donner un regard extérieur. En résulte un récit prenant, de lift en lift, parfois émouvant, parfois âpre. Ce roman graphique alternant deux langues (mieux vaut comprendre l'anglais!) jouit d'un caractère authentique et marginal – mêlé d'une nostalgie surannée – et est endiablé par une BO de choix (on peut s'amuser à écouter les titres cités en lisant pour se mettre dans l'ambiance). Tout cela appuyé par des choix colorimétriques en camaïeu qui posent les atmosphères à chaque rencontre, chaque lieu. Calé dans votre nid douillet, un peu envieux de la diversité hétéroclite qu'offre le continent de la démesure et de la dégénérescence ainsi que de la liberté qui se dégage de cette aventure, voilà un bon livre pour ÿ hit the road, Jack Ÿ !
célèbre petit Gaulois, mais aussi le début des aventures de deux pilotes de chasse de lÊarmée de lÊair française. Passionné dÊaviation (et dÊailleurs titulaire dÊun brevet de vol), Charlier anime déjà en compagnie de Victor Hubinon les aventures de Buck Danny pour lÊhebdo Spirou. Tanguy possède les mêmes qualités de calme et de sérieux que Buck Danny et Tumbler : cÊest le héros traditionnel, intrépide et propre sur lui. En revanche, Laverdure assume le même rôle comique que Sonny Tuckson, ce qui nÊempêche pas nos deux rigolos de service dÊêtre dÊexcellents pilotes. Dans cette intégrale, Tanguy et Laverdure arrivent à la base de Meknès au Maroc, où ils vont suivre un stage de perfectionnement au pilotage dÊavions de chasse. Ils surmontent avec brio le rituel du bizutage, mais un autre nouvel arrivant va se heurter au caractère viril et bien trempé de lÊinstructeur de vol. Des pirates détournent une fusée munie dÊune ogive ultrasecrète qui va sÊécraser en montagne. Un efficace mélange dÊaventures militaires et dÊémotions humaines (fierté, compassion, humour), servi avec un découpage efficace, chaque page se terminant par un mini-suspense. Le dessin réaliste (mais avec une petite dose de caricature) ne peut quÊétonner et séduire ceux qui connaissent les aventures dÊAstérix. Notez que les couleurs ont été refaites pour lÊoccasion, et quÊun dossier érudit de présentation introduit ce volume inaugural.
avec le coup dÊÉtat du général Pinochet en 1973. Une prise de pouvoir par les armes qui aboutit au suicide du président en exercice, Salvador Allende. Un épisode connu et maintes fois traités qui trouve ici un éclairage original. Contrairement à lÊhabitude, la prise du palais de La Moneda nÊest pas la conclusion du récit, mais son pivot. ¤ partir de la moitié de lÊalbum, Maximilien Le Roy sÊattache en effet à décrire la vie des opposants à la dictature militaire. Et pour cela, il dispose dÊun témoignage de choix, celui de Carmen Castillo, épouse de Miguel Enriquez, leader du MIR (le Mouvement de la Gauche Révolutionnaire). Pendant un an, le couple échappe ainsi aux recherches de la police et de lÊarmée pour produire tracts et livres, pour résister en somme. La clandestinité, lÊangoisse, les dénonciations, les tortures, les emprisonnements, les assassinats, la peur. Le quotidien des résistants chiliens ressemble fort à celui de leurs ainés français pendant la Seconde Guerre mondiale. Raconté avec la fougue mélancolique latinoaméricaine, il prend une dimension épique. CÊest la vraie réussite de ce livre, qui trace avec intensité la vie hors du commun dÊindividus ordinaires, portés par la force de leurs convictions.
grossesse (IVG) ont été commémorés. Mais un peu plus dÊun an plus tôt, en décembre 2013, le gouvernement conservateur espagnol adoptait un projet de loi visant à restreindre les possibilités dÊavortement aux cas de viol ou de risque physique ou psychique pour la mère, sur certificat dÊun médecin ou dÊun psychiatre. Ceci, alors que lÊEspagne était jusque-là un des pays les plus libéraux dÊEurope (et donc, du monde) sur le sujet. Devant la résistance farouche des femmes espagnoles, devant les manifestations de soutien à ces femmes dans toute lÊEurope, ce projet de loi rétrograde a finalement été abandonné. Mais cette tentative montre à quel point certaines libertés, quÊon pourrait croire acquises pour toujours, sont en réalité fragiles. Il est donc essentiel de rappeler comment le droit à la contraception et à lÊIVG a été conquis, quels combats ont été menés pour lÊobtenir, et quelle était la situation avant la loi Veil : cÊest la démarche entreprise par Désirée et Alain Frappier, dans Le Choix. Le récit prend la forme de lÊautobiographie dÊune militante proavortement, forme dÊautant plus pertinente que la scénariste, comme elle le rappelle parfois en signant ÿ Désirée qui ne lÊa pas été Ÿ, est le fruit dÊune histoire familiale où, comme dans tant dÊautres familles françaises avant la libéralisation de la contraception (en 1967) puis de lÊavortement (en 1975), les grossesses involontaires rythmaient la vie de couple, et la gâchaient parfois.
KAMIL PLEJWALTZSKY
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JEAN-PHILIPPE RENOUX
THIERRY LEMAIRE
JÉRłME BRIOT
de Charlier et Uderzo, Dargaud, 148 p. couleurs, 19,99 euros
e 17 janvier 2015, les 40 ans de la loi Veil sur L lÊinterruption volontaire de
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NE TIREZ PAS SUR L’OISEAU PRÉTENTIEUX
Six ans après Public Enemies, son dernier long-métrage, Michael Mann revient avec un polar technologique où un hacker de génie est extrait de sa cellule pour arrêter un confrère à lÊorigine dÊattaques catastrophiques en Chine. Que le roi du polar urbain américain se penche sur la cybercriminalité peut séduire. Malheureusement, Mann véhicule maladroitement une imagerie surannée du piratage quand il nÊest pas occupé à singer ses propres effets stylistiques. On en vient à se désintéresser de lÊhistoire et de ses protagonistes, très mal incarnés, Chris Hermsworth en tête.
(même si ça démange)
Arjun, le prince guerrier Inédit en salles, Arjun, le prince guerrier se révèle être un film dÊanimation ambitieux en provenance dÊInde. Libre adaptation du Mahâbhârata, le célèbre poème fleuve épique, Arjun relate la lutte de pouvoir entre les Pandava et les Kaurava sur 13 années. Le film étonne par ses choix esthétiques, à savoir une animation infographique avec du cel-shading pour donner une patine plus traditionnelle. Walt Disney Pictures a co-produit le film et son influence a dû aller au-delà à en juger le character design. Cela étant, Arjun est une belle découverte, avec ses moments de grâce, dans lÊonirisme comme dans la violence sèche.
Précédé d’une solide réputation et d’une palanquée de nominations aux oscars, Birdman (ou la surprenante vertu de l’ignorance) s’envisagerait comme l’alliance rêvée entre tour de force technique et pertinence du regard sur l’art et l’existence. Si seulement...
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l y a un quart de siècle, Reegan Thomson était propulsé roi dÊHollywood grâce à Birdman, film de super-héros pulvérisant le boxoffice. Birdman engendra deux suites qui rencontrèrent un succès équivalent. Reegan refusa de prendre part à un quatrième film... et retomba dans lÊoubli. AujourdÊhui Reegan joue gros en portant sur les planches de Broadway Parlez-moi dÊamour, recueil de nouvelles de Raymond Carver quÊil adapte, produit, met en scène et interprète. Seulement, à une semaine de la première, rien ne va plus entre les tumultes au sein de son casting, lÊétat de ses finances, le chaos de sa vie privée et la voix intérieure de Birdman lui répétant sans cesse quÊil fonce droit dans le mur. Petite précision : Reegan Thomson est incarné par Michael Keaton, ayant également connu une carrière compliquée après avoir remisé la cape de Batman au placard. CÊest dÊailleurs le leitmotiv de Birdman : confondre la vie et lÊfluvre des stars à lÊécran avec leurs personnages.
Un DVD Condor Entertainment JF
Le Voyage de Chihiro / Si tu tends lÊoreille On ne présente plus Le Voyage de Chihiro, fluvre-somme de Miyazaki inoubliable, empreinte dÊune profondeur philosophique ahurissante derrière ce récit initiatique. DÊinitiation, il est également question dans Si tu tends lÊoreille, film méconnu des studios Ghibli. Écrit et story-boardé par Miyazaki, cette adaptation de shôjo fut réalisé par le regretté Yoshifumi Kondo, alors pressenti en dauphin du Maître. SÊil nÊatteint pas les sommets de délicatesse de Souvenirs goutte à goutte de Takahata, Si tu tends lÊoreille nÊen est pas moins un petit bijou de récit humaniste et délicat de passage à lÊadolescence. Restaurés en haute définition, ces deux films sont à se procurer dÊurgence. Des Blu-ray Walt Disney Home Entertainment JF
VOL EN CONTINU Bien que le récit ne soit pas en temps réel, Birdman est, grâce à des coutures numériques, réalisé comme un long plan-séquence de deux heures. Autrefois considéré comme marqueur ultime de vérité quasi documentaire dans la fiction, le plan-séquence devint par la suite un outil pour appuyer une subjectivité ou le poids du temps. Les plus cinéphiles verront immédiatement en Birdman un étrange mariage entre Opening Night de John Cassavetes pour le portrait de Broadway et LÊArche Russe dÊAlexandre Sokourov. Si le procédé se justifiait pleinement dans la rêverie slave au cflur du musée de lÊErmitage, il trouve ici rapidement ses limites. Flamboyant et grisant dans sa manière de dépeindre lÊeffervescence des coulisses et le sentiment dÊurgence, le planséquence vire vite à la démonstration formelle sans aucune résonance thématique défendable, hormis celle de la
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Hacker de Michael Mann
Sortie le 18 Mars JULIEN FOUSSEREAU
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vanité pure. Le film nÊest pas aidé en cela par son fond dans la mesure où les grandes questions quÊil pose sur lÊart, la vie et le besoin de reconnaissance sont évacuées au profit de répliques cinglantes (quoiquÊefficaces) et de lapalissades faciles et aigries.
gale que son incapacité à faire exister ses personnages et sa propension à dispenser des leçons de vie dÊune assommante banalité. JULIEN FOUSSEREAU
VOL AU-DESSUS D’UN NID D’ÉGOS On nÊa rien contre lÊaigreur tant que cela sert le film dans lequel elle se répand. Robert Altman lÊavait érigé au rang dÊart. Alejandro Gonzalez Iñárritu, cinéaste de Birdman, marque bien quelques points en pestant sur la prédominance des franchises hollywoodiennes de super-héros et de robots transformistes... rapidement écrasés par son manque de nuances proverbial. Littéral et délicat comme un éléphant dans un magasin de porcelaine, Iñárritu balaie les planches et les coulisses de sa caméra mais ne comprend rien à ce qui fait lÊessence du théâtre, à ce qui le différencie du cinéma tant dans sa scénographie que dans les subtilités du jeu dÊacteur. Car, comme dÊhabitude, il se voudrait génial à en hurler alors que sa balourdise nÊa dÊé-
BIRDMAN (OU
LA SURPRENANTE VERTU DE L'IGNORANCE)
d'Alejandro Gonzalez Iñárritu, avec Michael Keaton, Edward Norton, Naomi Watts... 1h59 - Le 25 février 2015