MÉMOIRE PROFESSIONNEL
HABILITATION À LA MAÎTRISE D’ŒUVRE EN SON NOM PROPRE
Atouts et limites des outils paramètriques pour une pratique locale Sami El Khattabi ENSAG 2016
01. INTRODUCTION
ADE AGENCE
Sami EL KHATTABI Youssef MELEHI Architectes, Rabat (Maroc) Nicolas TIXIER Youssef MELEHI Catherine POULLAIN Christophe MIGOZZI Florent SINATRA Frédérique LONCHAMPT Valérie CARGNEL
DIRECTEUR D’ÉTUDES TUTEUR MEMBRES DU JURY
SOUTENANCE
Le 28 Septembre 2016 à 11h
REMERCIEMENTS J’aimerais tout d’abord remercier les personnes sans qui ce travail n’aurait pas été possible: Youssef Melehi pour m’avoir accueilli au sein son agence, pour la confiance et les responsabilités qu’il m’a accordées. Mes collègues à l’agence YMA, pour avoir rendu cette expérience agréable même durant les moments de travail intense. Nicolas Tixier pour encouragements.
son
suivi,
sa
réactivité
et
ses
Mes professeurs à l’ENSAG: Philippe Liveneau, Yann Blanchi et Grégoire Chelkoff pour m’avoir permis de voir l’architecture autrement. J’aimerais aussi remercier d’avance les membres du jury pour le temps qu’ils vont accorder à lire ce travail. Enfin et surtout, un grand merci à ma famille qui m’a toujours soutenu et encouragé. 3
SOMMAIRE
SOMMAIRE
00. AVANT-PROPOS 1. Introduction 2. Parcours initial 3. Choix de l’agence 01. PARTICULARITÉS DU CADRE D’EXERCICE 1. Particularité de la profession d’architecte au Maroc 2. Particularité de l’agence YMA 02. ETUDE DE CAS - LA GARE LGV DE RABAT 1. 2. 3. 4.
Enjeux d’un projet d’infrastructure Présentation de la maîtrise d’ouvrage Présentation du projet Developpement du projet
03. ATOUTS ET LIMITES DES OUTILS PARAMÈTRIQUES 1. 2. 3. 4. 5. 6.
Vers un changement de paradigme La notion de qualité architecturale Dialogue au sein de l’agence Relation avec la maîtrise d’ouvrage Relation avec les BET Relation avec les entreprises
04. PROJET PROFESSIONNEL 1. Bilan personnel 2. Association et expérimentation BIBLIOGRAPHIE
06 07 08 10 12 13 16 22 23 24 26 28 34 35 40 42 45 46 48 52 53 54 59
5
00. AVANT-PROPOS
00. AVANT-PROPOS
“Il faut prendre l’escalier, parce que c’est un parcours. Et marche après marche, on apprend. Alors qui si l’on prend l’ascenseur, on est à l’école, on a un diplôme et ensuite on croit qu’on est architecte, mais en fait, à ce moment, tout commence.1” Dominique Perrault
0.1. INTRODUCTION Obtenir mon diplôme d’architecte à l’école nationale supérieure d’architecture de Grenoble en juin 2014 fut autant un aboutissement ; celui d’un long et passionnant parcours d’études ; qu’un nouveau départ. C’est donc avec beaucoup d’enthousiasme que j’ai décidé de m’engager tout de suite après le diplôme dans la pratique du métier, puis de m’inscrire une année après dans la formation HMONP. Ceci, en vue de la création ou la co-création de ma propre structure à moyen terme. J’ai effectué ma mise en situation au Maroc, au sein de l’agence Youssef Melehi Architectes. Durant une période de 15 mois, j’ai pu me confronter à la réalité de la pratique locale, à la lumière des connaissances théoriques et pratiques acquises tout au long de mon parcours académique et à travers les enseignements apportés par les sessions de formation HMONP. Il n’est évidemment pas possible de prétendre maîtriser tous les aspects de la profession en une durée aussi courte, cependant, je pense avoir pris conscience de ses enjeux majeurs, acquis une vision plus lucide du métier, et une compréhension des responsabilités réelles de l’architecte maître d’œuvre. Ce mémoire a pour objet d’exposer les questionnements que j’ai eus durant ma période de MSP, et les réponses que j’ai pu y trouver:
- Quelles sont les responsabilités réelles du maître d’œuvre vis-à-vis du maître d’ouvrage, que ce soit pour la phase d’étude ou celle d’exécution ? - Dans quelles mesures les aspects réglementaires, juridiques et économiques, peuvent-ils avoir une influence sur un projet d’architecture ? - Quel est le rôle des différents partenaires de la maîtrise d’œuvre ? - Quels sont les aptitudes, et les outils à développer pour être en mesure de gérer un projet de la conception à la livraison ? Avec comme sujet principal : les potentialités et les limites de l’utilisation des outils paramètrique au sein d’une 1 Tadao Ando Laboratory, World architects in their twenties, 2003, p. 173.
7
HMONP
MÉMOIRE PROFESSIONNEL
agence d’architecture marocaine. Ceci, en relation avec les contraintes techniques, économiques, et relationnelles que l’exercice du métier exige. Le fil conducteur sera le projet de la gare LGV de Rabat Agdal, auquel j’ai dédié la grande partie de mon temps de travail au cours de cette expérience, qui m’a permis de suivre l’ensemble des phases d’étude, et prochainement la phase d’exécution. Ce travail se structure en quatres parties :
1
La première vise à identifier le contexte d’exercice ; d’abord, à l’échelle globale du cadre légal, où il s’agit de dresser un tableau comparatif entre différents aspects juridiques en France et au Maroc. Puis, à l’échelle plus spécifique de l’agence YMA, afin de définir sa spécificité et son mode de fonctionnement.
2
La deuxième partie est une étude de cas. Il s’agit de développer, à travers le récit d’un unique projet, une position critique par rapport aux multiples enjeux/contraintes rencontrés lors de ma MSP, et susceptibles d’être généralisés à toute opération de maîtrise d’œuvre.
3
La troisième partie s’appuie sur les deux précédentes, en visant à déterminer dans quelle mesure il est possible d’utiliser les outils paramètriques pour créer une architecture non standard dans le contexte Marocain. Tout en définissant ce que ces outils offrent comme potentiels, et leurs limites telles que vécues de lors de mon expérience.
4
La quatrième et dernière partie est une projection vers la maîtrise d’œuvre en mon nom propre. À travers la mise à l’épreuve de mes attentes au début de la MSP, la consolidation de mes acquis et le développement de nouvelles connaissances. Je tente d’y dresser un bilan provisoire de mon expérience, et d’y définir une synthèse de mes ambitions professionnelles.
0.2. PARCOURS INITIAL J’ai commencé ma formation en architecture à l’ESAMA de Rabat (Maroc), où j’ai acquis les bases d’une méthode de conception de projet rattaché à son contexte. Une approche qui m’accompagne jusqu’à aujourd’hui. Je me suis dirigé ensuite vers l’ENSAG, où j’ai pu accéder directement au cursus master, après l’acceptation de mon dossier de validation des acquis. « Architecture, Ambiance et Cultures Numériques » fut ma thématique de choix, motivé 8
Stage de chantier COTER, Rabat
Formation HMONP ENSAG, Grenoble
Soutenance HMONP ENSAG, Grenoble
2012 2013 2014
Diplôme d’Etat d’Architecte ENSAG, Grenoble
Concours gare LGV de Kénitra Orange atelier, Rabat
Pavillion “Faire-École” MAACN, Grenoble ENSAG, Grenoble
Stage de master Arkhenspaces, PAris Charrette Concours, Shigeru Ban, Paris
2015
Accés au Master en architecture par VEA. ENSAG, Grenoble
2016
Master en architecture ESAMA, Rabat
Concours ensemble résidentiel Alomrane Abdellah Serhane, Rabat
2011
2010
2009
2008
Lisence en Architecture d’intérieur ESAMA, Rabat
2007
2006
Bac Sciences Expérimentales Rabat
2005
00. AVANT-PROPOS
Mise en situation professionnelle YMA, Rabat Concours OJOLOCO, Grenoble Concours CNDH Rabat
par le désir de découvrir de nouvelles perspectives. Je ne fus certainement pas déçu puisque j’ai eu l’opportunité de m’initier à l’approche paramètrique à travers le logiciel Rhinoceros/Grasshopper, dont j’ai concrètement appris l’utilisation lors des différents workshops organisés au sein des Grands Ateliers à L’Isle-d’Abeau. Tout au long de la première année de master, j’ai participé à la fabrication de multiples pavillons sous l’encadrement de M. Philippe Liveneau et plus particulièrement le pavillon « Faire École », conçu, fabriqué, et exposé par notre atelier dans le cadre la Biennale de design de Saint-Étienne. J’ai aussi pu continuer à explorer les potentialités de cette approche lors de mon PFE, où nous nous sommes intéressés, mon collègue Shmavon Minasyan et moi même, à la notion de réseau complexe et sa traduction en architecture. Le site proposé par le studio étant la gare de Grenoble, c’était aussi l’occasion d’approfondir mes connaissances sur cette typologie d’équipements publics. Motivés par l’assistance et les encouragements de nos encadrants Yann Blanchi et Grégoire Chelkoff, nous avons pu réaliser un travail de qualité qui a reçu la mention honorable. En parallèle, les stages et expériences professionnelles furent aussi l’opportunité de mettre en pratique mes connaissances et de me familiariser avec le fonctionnement d’une agence d’architecture. Une de mes premières expériences en agences a été celle du concours pour la conception de la gare LGV de Kenitra, pour lequel je me suis associé à l’architecte Saad Derouich de Orange Atelier (Rabat) en tant que chef de projet. J’ai aussi effectué un stage chez l’agence Arkhenspaces à Paris, où j’ai fait partie de l’équipe qui travaillait sur le concours pour la conception du musée Guggenheim à Helsinki. Un autre stage chez Shigeru Ban Paris, m’a offert l’occasion de participer au rendu de concours du siège du journal Le Monde, en tant que membre de l’équipe responsable de la réalisation des maquettes du projet. Ainsi, j’ai démarré cette mise en situation professionnelle avec une certaine confiance en mes capacités conceptuelles, et une aisance dans l’étape concours. Mais aussi beaucoup d’interrogations quant à la suite du processus, de l’avant-projet sommaire jusqu’à l’exécution.
9
HMONP
MÉMOIRE PROFESSIONNEL
0.3. CHOIX DE L’AGENCE
Localisation de l’ENSAG
Désireux d’explorer d’autres aspects du métier que ceux auxquels j’ai eu affaire jusque-là, j’ai profité de la période de 5 mois ou j’effectuais mon stage de fin d’études pour chercher une opportunité propice. Mes recherches étaient focalisées sur la France, le Maroc et les États-Unis. J’ai eu finalement des offres et des rendez-vous pour entretiens dans les trois pays, mais mon choix final a été plutôt motivé par l’envergure du projet et la taille de l’Agence que par des considérations géographiques. En effet, le cabinet Youssef Melehi Architectes à Rabat, m’a proposé de travailler comme architecte assistant sur un projet de gare LGV. Ceci, au sein d’une agence expérimentée, mais dont la taille moyenne pouvait potentiellement me permettre d’observer et de participer à toutes les étapes du projet. Le premier critère de choix fut donc par affinité pour le sujet des grands équipements de transport. C’était pour moi l’opportunité de faire fructifier mes expériences précédentes et de pousser ma réflexion a ce sujet au-delà de l’étape du projet théorique vers la concrétisation effective. Un autre facteur déterminant pour moi était la qualité des intervenants ; entre un maître d’ouvrage dont l’ambition est de donner un projet emblématique à la ville, le bureau d’études à la compétence prouvée et des entreprises de renommée, tout augurait d’une expérience riche en apprentissages.
Localisation de l’agence YMA
Après un premier entretien sur Skype, j’ai été invité par Youssef Melehi à venir passer un second entretien à l’agence, à l’issue duquel j’ai été embauché pour une première période d’essai de 3 mois, suivi d’un contrat CDD de 6 mois. J’ai pu prolonger cette expérience en effectuant la MSP au sein de la même structure, grâce à la bonne compréhension de mon tuteur, qui a accepté de se dispenser de mes services une semaine par mois, où je devais me déplacer pour assister au cours d’HMONP à Grenoble. Ce fut donc une année riche en échanges, en réflexions, et parfois aussi en contradictions. En effet, se trouver dans une position à cheval entre Grenoble et Rabat ; avec une expérience antérieure hautement expérimentale (pendant le master) et un exercice de la profession aux multiples contraintes, sont autant de facteurs qui m’ont permis de réellement adopter une vision critique sur l’exercice de la maîtrise d’œuvre et de tracer, grâce à l’apport de cette expérience, un schéma pour mon parcours futur.
10
00. AVANT-PROPOS
11
01. PARTICULARITÉS DU CADRE D’EXERCICE
01. PARTICULARITÉS DU CADRE D’EXERCICE
1.1.
PARTICULARITÉS
DE
LA
PROFESSION
D’ARCHITECTE AU MAROC Le métier d’architecte au Maroc est organisé par la loi 16-89 relative à l’exercice de la profession d’architecte et à l’institution de l’Ordre national des architectes, qui fixe les conditions d’inscription à l’ordre, les missions de l’architecte, les modalités d’assurance et de rémunération. La profession est également régie par la loi 12-90 relative à l’urbanisme, ainsi que les décrets de passation de marchés publics. L’équivalent de cette loi en France est la Loi n° 77-2 du 3 janvier 1977 sur l’architecture. Une des différences notables réside dans le premier article, où la loi française stipule que l’architecture est une expression de la culture. Alors qu’au Maroc l’article premier de la loi 16-891 définit simplement la mission technique de l’architecte comme concepteur et directeur d’exécution. - Un titre protégé Tout comme en France, nul ne peut porter le titre ou exercer la profession d’architecte, s’il n’y est autorisé par l’administration. L’autorisation est délivrée après avis du Conseil national de l’ordre des architectes si le demandeur remplit un ensemble de conditions, dont la première est d’être de nationalité marocaine, et titulaire d’un diplôme de l’école nationale d’architecture ou d’un diplôme reconnu équivalent. Pour les diplômes français, l’état exige également la validation de l’HMONP. - L’ordre des architectes L’ordre national occupe un rôle phare dans l’organisation de la profession puisqu’il a pour mission de veiller au respect de la discipline, à la déontologie, et à la protection des intérêts moraux et matériels de ses membres. En plus de ces missions classiques, la loi n° 77-2 du 3 janvier 1977 sur l’architecture ajoute les missions de promotion de l’architecture, et la mise en valeur du patrimoine national. Une des différences avec l’ordre des architectes en France est que celui-ci ne peut pas agir en justice pour le compte de ses membres, contrairement à l’ordre au Maroc qui peut 1 Article Premier de la loi 12-90 relative à l’urbanisme : L’architecte est chargé de la conception architecturale des bâtiments et des lotissements, de l’établissement des plans y afférents et de la direction de leur exécution.
13
HMONP
MÉMOIRE PROFESSIONNEL
défendre les intérêts de ses membres devant les juridictions compétentes. - L’obligation de recours à un architecte L’obligation de recourir à un architecte est fixée en France par l’article R-421-1-2 du code de l’urbanisme à 170 m2 de surface de plancher hors œuvre nette pour les constructions de droit commun, et à 800 m2 de surface plancher hors œuvre brute pour les constructions à usage agricole. Au Maroc, elle est fixée par l’Article 50 de la loi 12.90 pour toute construction nouvelle, ou modification apportée à une construction existante, ainsi que tous travaux de restauration de monuments. Et ce, au sein des communes urbaines, les centres délimités, et leurs zones périphériques. Le recours obligatoire à l’architecte est étendu à l’ensemble du territoire national lorsqu’il s’agit de construction de bâtiments publics ou à usage du public. Cependant, s’il n’y a pas de chiffres officiels sur l’application réelle de cette loi, la réalité du paysage urbain atteste que l’écrasante majorité des bâtiments à usage d’habitation, notamment en auto-construction, sont construits sans architectes. En France, 68% des constructions sont édifiés sans architectes. - Obligation d’assurance Au Maroc, l’Article 26 de la loi 016-89 relative à l’exercice de la profession, stipule que tout Architecte est tenu de fournir à l’Ordre un certificat attestant qu’il a souscrit une assurance couvrant tous les risques dont il peut être tenu pour responsable, avant de n’accomplir aucun acte professionnel. Cependant, cet article qui date de 1993 comporte de nombreuses lacunes. Tout d’abord il fixe les seuls responsables de l’acte de construire comme étant les architectes, l’ingénieur et l’entrepreneur, occultant ainsi les bureaux d’étude, promoteurs, sous-traitant, vendeurs d’immeubles après achèvement, etc. Contrairement à la France, où l’obligation de l’assurance pour tout constructeur est en vigueur depuis la loi Spinetta, au Maroc, seul l’architecte est obligé de souscrire à une assurance tous risques chantier. Mais un projet de loi est actuellement à l’étude pour l’étendre à tous les acteurs de la construction, et y ajouter une assurance de responsabilité civile décennale. - Missions de l’architecte
14
Au Maroc, les missions de l’architecte sont définies par deux textes de loi : la loi n° 12-90 relative à l’urbanisme et la loi n°
01. PARTICULARITÉS DU CADRE D’EXERCICE
25-90 relative aux lotissements qui stipulent que l’architecte est obligatoirement chargé de : - l’établissement de tous documents architecturaux écrits et graphiques nécessaires à l’obtention du permis de construire conformément à la réglementation en vigueur ; - veiller à la conformité des études techniques réalisées par les autres professionnels en construction (ingénieurs spécialités) avec la conception architecturale ; - suivre l’exécution des travaux de construction et en contrôler la conformité avec les plans architecturaux et les indications de l’autorisation de construire, et ce, jusqu’à l’obtention du permis d’habiter ou du certificat de conformité. Ainsi les missions de base de l’architecte sont décomposées comme suit : ESQ — APS — APD — Dossier de permis de construire — PRO — EXE — Suivi des travaux. L’architecte peut aussi être chargé de missions complémentaires : aménagement intérieur, établissement du programme, enquêtes spécifiques, études paysagères, coordination et pilotage des travaux, maîtrise d’ouvrage déléguée...Etc. - Honoraires Hormis les cas d’assistance architecturale prévue par l’article 25 de la loi 016/89 et gérée par l’Ordre des Architectes, la détermination des honoraires est soumise aux règles suivantes : - Pour les constructions de la catégorie de projet 1 (Habitat social), le taux d’honoraires minimum applicable est de 3%. Dans ce cas, l’architecte est dispensé de l’établissement du dossier de consultation des entreprises, de la prise des attachements, ainsi que de la gestion des décomptes des entreprises. - Pour les constructions d’habitat entrant dans le cadre du programme des 200.000 logements, le taux d’honoraires minimum applicable est de 3,5%. Pour tous les autres cas, le taux d’honoraire minimum applicable est de 5%. Toutefois, ce taux pourra être ramené à 4,5% dans le cas de répétitivité d’éléments du projet et/ ou dans le cas où le maître de l’ouvrage est l’entrepreneur de construction du projet concerné. L’assiette de calcul des honoraires est basée sur le montant total des travaux T.T.C. ; cette assiette de calcul peut être basée sur le montant total hors TVA au cas où la construction concernée bénéficie de l’exonération de la TVA accordée par l’état.
15
HMONP
MÉMOIRE PROFESSIONNEL
1.2. PARTICULARITÉS DE L’AGENCE
Gare de Marrakech
Gare de Nador
Résidence Machallah
Villas de Benguerir
Gare LGV de Tanger
16
L’agence Youssef Melehi Architectes (YMA) a été créée à Rabat en 1990 par Mr Youssef Melehi, diplômé de l’École d’architecture UP 7 à Paris, ainsi que de l’Université de Georgia Tech aux USA. II a commencé sa carrière en tant qu’architecte chez Henri Tastemain et Éliane Castelnau, des pionniers de l’architecture moderniste au Maroc, avec lesquels un de ses premiers projets réalisés a été l’hôpital militaire de Rabat. Il s’est vite illustré à la fois par ses projets résidentiels, tels que les logements d’Aslihah pour lesquels il a été nominé au prix Aga Khan. Ainsi que pour ses équipements publics, notamment ferroviaires et hospitaliers. À mon sens trois mots clés caractérisent l’agence YMA : la signature, la spécialisation et la résilience. En effet, Youssef Melehi a voulu dès le départ se distinguer de la norme dans le milieu architectural marocain, qui est soit d’imiter ce que se fait comme architecture contemporaine sous d’autres cieux, soit ce qui se faisait dans le territoire Marocain à une époque révolue. Entre le mimétisme et le pastiche, Youssef Melehi a choisi de s’orienter vers une approche de réadaptation des concepts architectoniques locaux, tout en utilisant les nouvelles techniques de construction disponibles. Je pense que ça a été un facteur déterminant dans la réussite de l’agence, qui avec 20 ans de carrière se positionne parmi les agences les plus réputées au niveau national. La spécialisation dans les domaines hospitalier et ferroviaire, s’est fait grâce notamment à la notoriété obtenue à travers la réalisation du premier hôpital militaire au Maroc, mais aussi aux liens tissés avec le maître d’ouvrage public qu’est l’ONCF. En leur assurant à la fois des projets fonctionnels, et une forte symbolique à travers des projets qui marquent leurs contextes, l’ONCF a accordé à Youssef Melehi une confiance continuellement renouvelée. En effet, l’agence a réalisé pour leur compte six projets de grandes gares dans différentes villes du Maroc, et a remporté durant les deux dernières années la réalisation de deux nouvelles gares TGV. En ce qui concerne la résilience, c’est un des aspects qui a garanti la pérennité de l’agence à travers un mode d’exercice particulier : une méthode d’organisation précise, un nombre de salariés réduit, et une grande souplesse au niveau des équipes grâce à la polyvalence des profils recrutés. Youssef Melehi a pu créer une manière de faire où il garde le contrôle sur l’ensemble du processus de la conception jusqu’à l’exécution, puisque l’architecte tient
01. PARTICULARITÉS DU CADRE D’EXERCICE
toujours à se déplacer lui-même chaque semaine pour la visite et le suivi des chantiers importants. Cela ne l’empêche pas d’accorder une assez grande marge de liberté aux architectes qui exercent à l’agence, et qui selon les cas peuvent rester à l’agence entre 6 mois et 7 ans. Néanmoins, certaines personnes sont stables telles que le technicien Larbi Drissi qui accompagne l’architecte depuis la fondation de l’agence et qui maîtrise tout l’aspect technique des projets, et le secrétariat qui se charge du volet administratif. Il ya lieu de constater que, si ce contrôle direct lui permet de garantir une conception originale, des projets fonctionnels et un niveau de qualité d’exécution assez irréprochable, l’architecte est obligé de maintenir continuellement un rythme de travail très soutenu. C’est aussi un choix qui cadre et oriente de fait les types de projets choisis et leurs échelles. J’ai eu l’occasion d’assister durant ce projet à une certaine mutation de notre mode d’exercice, puisque l’architecte a été obligé, face à l’ampleur des tâches, de louer un autre local annexe à l’agence principale, où l’équipe Gare LGV a été délocalisée pour travailler quasi exclusivement sur le projet. L’équipe s’est aussi vu étoffer d’un nombre inhabituellement important de personnes. Je pense que cette transition qui s’est faite par la force des choses et sous la pression des délais de réalisation du projet, devra être repensée consciemment et méthodiquement par l’architecte maître d’œuvre lorsque la situation le permettra, car il doit aussi garder assez de souplesse pour pouvoir rétrécir son effectif lorsque les projets se feront plus rares. - Organigramme fonctionnel général MAÎTRISE D’ŒUVRE Architecte maître d’oeuvre
Maître D’OUVRAGE
ONCF COLLABORATEURS
Chefs de projets
Techniciens
Livrables architecte
Assistants d’études
BET Consultants OPC Bureaux de contrôle ...Etc. INTERVENANTS EXTERNES
Paysagistes Designers Economistes
17
HMONP
MÉMOIRE PROFESSIONNEL
ORGANISATION ET HIÉRARCHIE DE L’AGENCE: CHEF D’AGENCE Mr. Youssef Melehi • Définit les grandes orientations du projet selon les demandes et les exigences du MOA • S’assure du bon avancement des études techniques internes au cabinet YMA et au respect des délais annoncés dans le planning prévisionnel • Porte conseil au MOA, en cas de non-conformité des travaux effectués ou suite à des problèmes liés à l’avancement des études techniques • Assure la qualité définitive des études et des travaux CHEF DE PROJET Mr. Med Akram Laimani • Assure les échanges avec le BET • Assure l’avancement des études détaillées • Établit les livrables pour les phases APS à PRO • Répartit les tâches à effectuer en interne suivant un planning hebdomadaire de travail
18
DIRECTEUR DE PROJET Mr. Pascal Fresnel • Assure les échanges avec le bet • Établit les livrables • Informe le moa de l’avancement des études et des travaux • Prend en charge la charte qualité du projet • Établit les procédures d’échange et de production des documents en interne
ASSISTANT DÉTUDES Mr Issam El Mousghi
ASSISTANT DÉTUDES Mr. sami El Khattabi
• Accompagne le chef de projet pour l’établissement des livrables des phases APS à PRO à savoir les plans généraux, coupes et élévation.
• Modélisation 3D des études détails • Livrables APD et DCE • Intègre les études de décoration et aménagement • Supervise les lots architecturaux
TECHNICIEN 1 Mr. Larbi Drissi
TECHNICIEN 2 Mr. Imane Bouchir
• Accompagne le chef de projet pour les détails constructifs des phases DCE et PRO
• Établit les plans généraux de revêtements et calepinage • Établit la nomenclature des menuiseries bois, aluminium et métallique.
02. PARTICULARITÉS DU CADRE D’EXERCICE
L’architecte mandataire supervise le travail de coordination et de management mené par les chefs de projets, tout en établissant un rapport immédiat avec le maître d’ouvrage. Ainsi les chefs de projets s’engagent à transmettre l’information aux assistants d’études ainsi qu’aux techniciens pour l’élaboration des livrables qui reviennent au maître d’ouvrage. Ils assurent aussi les échanges avec les intervenants externes tels que le décorateur ou le paysagiste, mais aussi avec le BET et le bureau de contrôle, dont les prestations déterminent également les livrables architecturaux dont il est question. - Méthodes de communication • Toutes les questions de coordination et de conception nécessitant l’intervention d’une tierce partie sont transmises au chef de projet. • Si le problème est mineur, le chef de projet le discute avec le représentant approprié. • Si le problème est majeur, le chef de projet doit en débattre avec le coordinateur ou le directeur de projet. • S’il y’a besoin, le chef de projet discute et résout le problème avec le département concerné. - Échanges par mail Il existe au sein du cabinet YMA deux boîtes mails hébergées sur le routeur Gmail : cabmelehi@gmail.com melehiarch@gmail.com La première est accessible par l’ensemble des collaborateurs et est destinée aux études dites techniques. Elle permet ainsi des échanges pouvant contenir jusqu’à 25 Mo d’informations. La deuxième quand elle n’est accessible que par le chef de file, Mr Youssef Melehi, ainsi que par le secrétariat du cabinet YMA. Ainsi cette adresse est plutôt destinée aux échanges abordant des questions d’ordre administratif (ex. : contrats, correspondances clients, etc.) Au cas où les échanges dépassent la capacité limite des 25 Mo, nous utilisons la plate forme d’échange gratuite «We Transfer», facile d’utilisation et pouvant transférer une capacité allant jusqu’à 2 Go. D’autre part, le cabinet YMA exige à ce que chaque mail transmit soit accusé de sa bonne réception dans un délai maximal de 2 jours ouvrés (48h). Enfin, le délai de vérification et d’approbation des documents graphiques est de 15 jours ouvrés pour les BET 19
HMONP
MÉMOIRE PROFESSIONNEL
ou autres intervenants MOE, et de 1 mois pour la maîtrise d’ouvrage ONCF. Une fois ces délais dépassés l’agence considère qu’aucune remarque n’a été soulevée et que les informations ont été approuvées. - Charte graphique des documents Il s’agit d’un des éléments indispensables à la qualité et à la cohérence des livrables produits au sein du cabinet YMA. Cela 6)touche à ladesfois à des questions d’arborescence des Charte graphique documents: fichiers, mais aussi à la charte graphique AUTOCAD. Il s’agit d’un des éléments indispensable à la qualité et à la cohérence des livrables produits au sein du cabinet YMA. Cela touche à la fois à des questions d’arborescence des fichiers mais aussi à la charte graphique AUTOCAD. Voici comment nous comptons procéder :
- Arborescence des dossiers et fichiers
Afin de faciliter les échanges entre collaborateurs, mais 6.1) Arborescence des dossiers et fichiers : aussi pour assurer la simultanéité des modifications sur les Nous travaillons au sein du cabinet YMA en réseau, montrecabinet le schéma ci dessous, afin en fichiers partagés, le travail aucomme seinle du se fait de faciliter les échanges entre collaborateurs mais aussi pour assurer la simultanéité des modifiréseau, comme le montre le schéma ci-dessous: cations sur les fichiers partagés. W: PROJETS YMA_ONCF_LGVT PHOTOS PIECES GRAPHIQUES
CONCOURS
REFERENCES
APS
PIECES ECRITES
SUIVI DE PROJET
APD
PIECES GRAPHIQUES
DCE PEO
CARTOUCHE 3D PLANS DE NIVEAUX PLANS DU BV EXISTANT PLANS DE REFERENCE COUPES - FACADES ETUDES - DETAILS
6.2) charte La charte graphique AUTOCADAUTOCAD : - La graphique Cette charte graphique permet de contrôler la bonne qualité graphique du dessin d’une part, mais
aussi de permettre d’identifier les calques du permet cabinet YMA lorsque fichiers sont transmis à Cette charte graphique de des contrôler la bonne d’autres intervenants. En effet chaque calque est précédé de la mention «YMA_» qualité graphique du dessin d’une part, mais aussi de (ex : YMA_Murs Vus ou YMA_Axes) (Cf Annexe 3 pour la liste complète des calques) permettre d’identifier les calques du cabinet YMA lorsque des fichiers sont transmis à d’autres intervenants. En effet chaque calque est précédé de la mention «YMA_» (ex. : YMA_Murs Vus ou YMA_Axes) Cabinet YMA // PAQ
23
- Le cartouche des planches A3, A0 et A0+
juillet 2015
Le cartouche permet d’apporter toutes informations nécessaires au repérage et à la classification des dossiers. Le cartouche A4 pour les formats A0 et A0+ est principalement destiné aux plans de gros oeuvres, plans de repérages, coupes générales et élévations générales. 20
01. PARTICULARITÉS DU CADRE D’EXERCICE
Le cartouche A3 est destiné aux carnets de détails en tout genre à savoir : détails gros oeuvres, détails des lots architecturaux (Revêtements, faux plafonds, décoration, etc..) et nomenclature des menuiseries. - L’archivage Lors du passage d’un indice à un autre, nous effectuons en interne un archivage de l’ensemble des fichiers afin de garder une traçabilité d’une part, mais aussi pour garder une visibilité sur l’ensemble des modifications effectuées.
21
02. ÉTUDE DE CAS LA GARE LGV DE RABAT-AGDAL
02. ÉTUDE DE CAS - LA GARE LGV DE RABAT
2.1. ENJEUX D’UN PROJET D’INFRASTRUCTURE Une gare, porte d’entrée de la ville, constitue un carrefour d’infrastructures et un nœud de vie urbaine considérable. Plus qu’un autre édifice, et bien au-delà de sa simple fonction de transport, une gare est porteuse de signes, dans son rapport au contexte urbain, culturel et historique. La complexité d’un projet d’équipement public d’infrastructure réside essentiellement dans la quantité des connaissances à posséder, et des techniques à maîtriser par la maîtrise d’œuvre. Il est donc nécessaire que l’équipe soit pluridisciplinaire, et que le maître d’ouvrage ait précisé suffisamment le programme et les besoins à l’origine pour que l’équipe puisse travailler en collaboration. L’architecte mandataire doit être en mesure de répondre à ces besoins, de garder une vision globale du projet et d’animer le dialogue entre les différents intervenants. En parallèle, il doit aussi garder en vue l’impact que peut avoir un projet d’une telle envergure sur les dynamiques urbaines du lieu où il est édifié, et sur le développement des programmes d’activités, ou les opérations immobilières. Ceci nécessite de sa part de raisonner dans une optique d’aménagement urbain. Par ailleurs, il ne faut pas négliger la composante temporelle d’un tel projet : les phases d’études et de travaux d’une gare prennent quatre, cinq voir parfois dix ans en phases successives, au cours desquels le projet peut subir une multitude de modifications, qui le rendent plus adapté aux problématiques qu’il est censé résoudre. La mémoire de ces ajustements doit être préservée pour que les nouveaux intervenants sur le projet, notamment les entreprises en phase de réalisation puissent rester fidèles au projet initial et au programme. Il y a aussi pour les infrastructures une interaction encore plus forte entre programme et projet que dans d’autres bâtiments publics. J’ai pu constater durant ce projet que la programmation d’une infrastructure est continue et se poursuit tout au long de la conception. Cette interaction programme-projet qui est portée par le dialogue entre maître d’ouvrage et maître d’œuvre est fructueuse dans la mesure où chacun a conscience de son rôle et de ses limites : le maître d’ouvrage est celui qui doit poser ses problèmes, et prendre les bonnes décisions ; Le maître d’œuvre est celui qui doit faire preuve de créativité et de proposer des solutions adaptées aux problèmes posés.
23
HMONP
MÉMOIRE PROFESSIONNEL
2.2. PRÉSENTATION DE LA MAÎTRISE D’OUVRAGE L’Office National des Chemins de Fer (ONCF) est un établissement public marocain chargé de l’exploitation du réseau ferroviaire du pays sous forme d’une entreprise publique à caractère commercial et industriel avec autonomie financière. Il est créé en 1963 et placé sous la tutelle du ministère de l’Équipement et du Transport. Dans le cadre du projet de réalisation de la première Ligne à grande vitesse ferroviaire du Maroc, qui relie les centres politiques (Rabat) et économiques (Casablanca et Tanger) du pays. L’ONCF à lancé en 2014 un concours visant à sélectionner les cabinets d’architectures qui seront chargés de la conception, du suivi et de la réalisation de quatre nouvelles gares TGV prévues à Casa-Voyageurs, Rabat — Agdal, Kénitra et Tanger, qui doivent comprendre, en plus des espaces dédiés à l’activité des voyageurs (billetteries, accueil, information…), des centres multiservices avec commerces, bureaux et espaces de loisirs. Ceci afin d’accompagner le développement urbain des villes et la création d’une nouvelle dynamique autour des gares à travers le développement de projets urbains sur le foncier libéré. Conformément au décret relatif aux marchés publics, et qui fixe les obligations de la maîtrise d’ouvrage publique dans sa relation avec l’architecte. Toute consultation pour projet d’architecture dont le budget dépasse les 20 millions de DH de travaux (20.000 €) doit passer par un concours. Une procédure d’exception encadrée dite « consultation architecturale négociée » est toutefois prévue dans les cas de consultation architecturale infructueuse, ainsi que pour les situations exceptionnelles. Ce fut le cas pour le projet de la gare LGVR de Rabat. L’ONCF a lancé un concours international auquel ont participé de grands noms de l’architecture internationale, et qui a été jugé par la suite infructueux. L’ONCF a donc choisi de s’adresser à l’agence YMA pour la consultation architecturale négociée, vu la vaste expérience que l’agence possède dans le domaine ferroviaire, et la réussite d’un des projets phares de l’ONCF qui est la gare de Marrakech. L’agence YMA a aussi eu le privilège de remporter le concours pour le la réalisation de la gare LGV de Tanger. Vu la particularité du projet, l’ONCF s’est fait accompagner de la SNCF comme assistant à la maîtrise d’ouvrage et d’un bureau de contrôle technique QUALICONSULT. L’équipe de maîtrise d’ouvrage était elle même constituée 24
02. ÉTUDE DE CAS - LA GARE LGV DE RABAT
d’architectes et d’ingénieurs qui faisaient l’interface avec la maîtrise d’œuvre. Les échanges se faisaient à un rythme hebdomadaire, au cours de réunions organisées dans les locaux de l’ONCF et auxquelles étaient conviés le bureau d’étude,et les services de l’ONCF concernés par l’objet de chaque réunion (service commercial, signalisation...Etc.) L’avantage d’une maîtrise d’ouvrage aussi qualifiée est d’avoir dès la phase esquisses une enveloppe financière précise et un programme extrêmement détaillé, avec des exigences claires en termes d’organisation des espaces, de surfaces, et d’orientations. Cela permettait aussi d’avoir un interlocuteur sensible aux questions architecturales et capables d’une réactivité immédiate lorsqu’il s’agissait de prendre des décisions importantes, ou pour la validation des dossiers techniques produits par la maîtrise d’œuvre. Par contre, l’inconvénient est que cela accentuait le paradoxe entre la considération du maître d’ouvrage comme « non sachant » au vu de la loi, et son implication dans les décisions architecturales, plus importantes que celle d’un maître d’ouvrage classique.
25
HMONP
Vue du parvis sud
MÉMOIRE PROFESSIONNEL
Lieu: Rabat, Maroc Programme: Gare LGV Surface: 24 932 m² Maîtrise d’œuvre: Cabinet Melehi Architecte Maîtrise d’ouvrage: ONCF Assistant à maîtrise d’ouvrage: SNCF Année: 2016 2.3. PRÉSENTATION DU PROJET
Vue sur le hall d’acceuil
Vue sur le hall des pas-perdus
Vue aérienne du projet urbain
La gare de Rabat-Agdal a été conçue comme une garepont, qui entend créer une nouvelle liaison, entre deux quartiers aujourd’hui séparés par la ligne de chemin de fer: le quartier commercial d’Agdal, et celui plus résidentiel de Akkari. Ainsi, le projet ne se résume pas à créer un bâtiment isolé, mais une véritable séquence urbaine qui se compose notamment: - D’une esplanade piétonne couvrant la voie ferrée, offrant un espace public à grande échelle, qui permettra de mettre en valeur le bâtiment de la gare, en fond de perspective. - De différents bâtiments à vocations diverses: Centre d’affaires, commerces, ensemble résidentiel, hôtels, ainsi qu’un immeuble à grande hauteur qui sera le futur siège de l’ONCF. Le tout s’articule autour du bâtiment voyageurs, auquel les divers aménagements sont reliés, grâce à la promenade centrale qui permet de faire la liaison à la fois au sein du projet urbain et au niveau des quartiers mitoyens. Cette promenade mènera l’usager directement au niveau R+1 du bâtiment voyageur, ou l’on retrouve les services aux usagers ainsi que les salles d’embarquement et des commerces. Le deuxième niveau étant quant à lui réservé à un Food court. Les locaux de services indispensables pour l’utilisation de la gare seront logés dans les deux bâtiments nord et sud. La gare est également accessible au niveau rez-de-chaussée, à travers ses deux parvis : Le parvis nord est une plateforme multimodale, qui comporte arrêts de bus, parking pour taxis et dépose rapide, ainsi que le passage projeté du tramway. Le parvis sud est quant à lui considéré comme une promenade paysagère, conçue comme une mosaïque de placettes et d’espaces verts aménagés, façonnant la trajectoire vers le
26
02. ÉTUDE DE CAS - LA GARE LGV DE RABAT PLAN DE MASSE GENERAL
7
2
10
6
4 13
1 3
12
11
5
8
9
Plan de masse général 5
ESEMBLE RESIDENTIEL 1
9
2 TOUR
6
MULTIPLEX + HOTEL
10 HOTEL 2
3 ESPLANADE
7 PLATEFORME MULTIMODALE 11 POSTE CENTRAL DE COMMANDEMENT
4 CENTRE D’AFFAIRES
8 ENSEMBLE RESIDENTIEL 2
1 GARE
HOTEL IBIS
13 KIOSQUES
12 LOGEMENTS SOCIAUX
bâtiment principal de la gare. Son objectif est de soulager la pression urbaine créée par l’environnement dense et de favoriser nettement le flux piéton. L’architecture a été pensée suivant des concepts de transparence, de flexibilité et de sobriété dans les formes. Tout en introduisant au niveau de la façade en double peau des motifs d’inspiration artisanale, réduits à leurs essence géométrique. La gare sera conçue avec un souci d’intégration et de préservation environnementale. En effet, elle s’inscrit dans une démarche de durabilité, avec des systèmes d’autorégulation thermique et une dominance d’espace planté. Les objectifs fonctionnels principaux ont été définis comme suit : • Consentir l’accès aux trains et, notamment aux trains LGV, de la façon la plus directe et la plus rapide possible. • Créer une interface bien organisée pour faciliter les échanges entre les différents modes de transport. • Faire communiquer l’espace central de la gare avec ses différents niveaux de façon à relier visuellement les espaces commerciaux et les organes fonctionnels de la gare. • Organiser deux cheminements distincts,l’un pour les arrivées, l’autre pour les départs. • Prévoir un emplacement stratégique des activités commerciales et des guichets de vente des billets de façon à éviter que ces espaces d’attraction majeure ne viennent gêner l’accès aux trains ou la sortie des quais. 27
HMONP
MÉMOIRE PROFESSIONNEL
2.4. DÉVELOPPEMENT DU PROJET 2.4.1. PHASE APS
Plans du parking souterrain
Extrait du rapport de sécuité incendie
MISSIONS • Élaborer la maquette numérique. • Exporter les documents graphiques à partir de la maquette numérique. • Concevoir la structure quais en collaboration avec le BET. • Proposer conception des verrières et toiture du projet. • Redessiner le parking selon le premier rapport du bureau d’étude de sécurité incendie. DOCUMENTS CONSULTÉS OU UTILISÉS • Rapport de sécurité incendie. • Études de circulation établie par AREP. • Relevé topographique, qui a permis l’insertion du projet sur le point 0,0,0, et de caler les hauteurs des niveaux • Étude géotechnique provisoire transmise par la maîtrise d’œuvre, et qui a été une des bases de discussion pour le choix du système structurel. CHALLENGES • Se familiariser avec la méthode de travail de l’agence. • Se familiariser avec le projet de gare déjà conçu et complexe. • Initiation au logiciel REVIT. • Premières réunions avec le BET et le MO. L’aspect fonctionnel était la préoccupation principale durant cette étape du projet. À l’échelle urbaine, il fallait intégrer l’étude des flux réalisée par AREP afin de redimensionner les voies et calculer le besoin en stationnement. À l’échelle du bâtiment voyageur, les flux intérieurs ont été le sujet de nombreuses réunions avec la maîtrise d’ouvrage afin de déterminer les dimensions optimales des couloirs, le meilleur positionnement de la billetterie, et la facilité d’accès aux commerces à l’étage. Un autre interlocuteur clé a été le BET de sécurité incendie, avec qui s’est déroulée la première réunion à laquelle j’ai assisté. Le sujet était de s’aligner sur les normes internationales pour ce qui est du nombre de dégagements et les distances à parcourir par rapport à l’issue de secours la plus proche. Je me suis occupé par la suite de ce volet du projet, afin d’appliquer les recommandations du BET. Le sous-sol a été
28
02. ÉTUDE DE CAS - LA GARE LGV DE RABAT
sans doute le niveau le plus problématique à cause de la multitude de paramètres à gérer : • Éviter le croisement des flux entrant et sortant. • Placer les gaines de désenfumage sans pénaliser la circulation. • Compartimenter le sous-sol en trois parties de moins de 3000m², divisés par des murs coupe-feu 1h, afin d’éviter la propagation du feu en cas d’incendie et pour réaliser un système de désenfumage mécanique efficace. J’ai été surpris par la complexité d’une facette du projet jamais affrontée durant le cursus académique: la sécurité incendie. D’autant plus que ce sujet à une importance capitale pour l’obtention du permis de construire.
29
HMONP
MÉMOIRE PROFESSIONNEL
2.4.2. PHASE APD MISSIONS • Établir les plans d’aménagements extérieurs avec le paysagiste. • Détailler les verrières. • Superposer des documents BET et relevé les incohérences. • Dessiner les locaux techniques • Dessiner le plan de toiture. • Modéliser la façade en double peau sur REVIT
Différentes pièces de la double-peau en Ductal
DOCUMENTS CONSULTÉS OU UTILISÉS • Plans du BET structure. • Plans de climatisation/ventilation pour le dimensionnement et l’emplacement des gaines. • Notice acoustique, pour l’élaboration des plans de faux plafond, le dimensionnement des parois, murs rideaux, et des portes. CHALLENGES • Première réalisation de plans de repérages et nomenclatures. • Importance des locaux techniques dans le fonctionnement du projet. • Contrainte économique de plus en plus présente.
Vue sur la façade double-peau en Ductal
Coupe sur la façade, indiquant le système de fixation de la double-peau
30
Cette étape était l’occasion de faire la synthèse des différents éléments soumis par les bureaux d’études de structure, fluide et électricité. J’ai pu me rendre compte concrètement de la distinction nuancée entre les documents graphiques servant à représenter le projet et ceux qui permettent de le détailler en vue de la construction. Ainsi, il s’avère que chaque trait dessiné représente un impact économique, des décisions de phasages, et des choix de mise en œuvre. C’est sur la base de ces trois critères que nous avons réévalués de nombreux choix fait précédemment tels que: • Le changement du système structurel. • L’abandon de la couverture du parvis en ETFE. • La diminution de l’ampleur de l’aménagement extérieur. En ce qui concerne la distribution des tâches, la vérification des structures a été faite par le chef de projet, avec la participation de l’ensemble de l’équipe. De nombreuses discordances ont pu être relevées et revues avec le BET. Pour ma part, en parallèle avec le développement des Premiers détails de la toiture, je me suis occupé du dessin de la double peau sur REVIT, ainsi que la disposition des locaux
02. ÉTUDE DE CAS - LA GARE LGV DE RABAT
techniques selon les besoins exprimés par le BET. Nous avons aussi eu l’opportunité de visiter une gare LGV réalisée, afin de nous familiariser avec les locaux nécessaires au désenfumage et à la climatisation. L’examen des différentes gaines d’extractions et d’amenée d’air neuf, nous a permis de nous rendre compte directement de la nuisance visuelle et sonore que cela pouvait créer. - Le rendu APD Une des étapes les plus instructives pour moi a été le rendu APD. Étant le seul architecte présent en agence à ce moment, j’avais pour responsabilité de superviser l’équipe de dessinateurs-projeteurs, faire la synthèse et le dépôt des documents à l’ONCF. Ayant une vue d’ensemble du projet, plutôt qu’une vue réduite sur ma tâche, je me suis rendu compte d’un ensemble d’incohérences entre le travail de chacun causé par le manque de communication, et de coordination entre les nomenclatures et les plans de repérage. Cela dit, la difficulté relative de cette mission m’a permis de gagner en assurance quant à mes capacités à gérer une équipe de travail sous la pression du temps, déléguer certaines tâches, et motiver les collaborateurs à finaliser le travail dans le délai imparti. - Le dépôt du permis de construire Le permis de construire a été réalisé principalement par le directeur du projet qui a élaboré les planches du PC, et le secrétariat qui rassemble les pièces administratives. J’ai pu observer de près ces étapes, et assister à la mise en page des planches. Il s’agissait passer en revue tous les détails, leur conformité avec les plans de repérage, et vérifier la présence des mêmes éléments sur la cartouche comme sur les plans. Autant de points qu’il a fallu passer en revue pour éviter le retour du permis avec un avis défavorable.
31
HMONP
MÉMOIRE PROFESSIONNEL
2.4.3. PHASE DCE
Plan de calepinage du faux plafond
MISSIONS • Élaborations des documents graphiques : plan de calepinage, de repérage et nomenclatures. • Précision des détails techniques avec le BET. • Prise de contact et réunion avec les fournisseurs pour le choix des prestations. DOCUMENTS CONSULTÉS OU UTILISÉS • Notice acoustique. • Rendu APD du BET Structure. • Bilan estimatif du BET. • CCAP et CCAG. CHALLENGES • Le niveau de précision requis sur les plans, coupes et détails.
Détail de garde-corps
La phase DCE, ou PRO était l’étape la plus cruciale pour le projet. Le lancement des travaux de construction ayant été marqué par l’inauguration royale du chantier, la pression se faisait sentir sur toute l’équipe. En conséquence, afin d’élaborer les documents nécessaires au dossier de consultations des entreprises, l’équipe a été renforcée par deux autres architectes, ainsi que le dessinateur senior de l’agence. J’ai aussi pu travailler en étroite collaboration avec le paysagiste pour le choix des revêtements extérieurs, les détails des fontaines, des talus paysagers ainsi que le choix des essences végétales. La pression exercée sur le BET et la maîtrise d’œuvre pour déposer nos deux rendus DCE en même temps, a fait émerger pas mal de tensions entre les deux partenaires dues à l’interdépendance des missions. C’est donc cette relation entre MOE et BET qui était la plus marquée durant cette phase, puisque nous effectuons des réunions bihebdomadaires afin de clarifier et de relever tous les points restés jusque-là en suspens. C’est réellement à cette étape que je me suis rendu compte de l’échelle monumentale du projet. 21 000 m² est un chiffre abstrait, jusqu’à ce que l’on ait la mission de dessiner le faux plafond ou le calepinage de tous les locaux et les détails de
COUPE SUR LA TOITURE
32
02. ÉTUDE DE CAS - LA GARE LGV DE RABAT
Coupe indiquant la jonction entre la charpente et la structure de la verrière
la menuiserie intérieure. Même avec la mobilisation de toute l’équipe et le travail en heures supplémentaires, nous avions beaucoup de mal à finaliser toutes les pièces graphiques et écrites nécessaires. En effet, le délai initial a encore été repoussé de deux semaines. Le recours à la délégation de certaines parties du projet s’avère déterminant pour le gain de temps dans des situations similaires. Pour ce qui est des pièces administratives, l’architecte directeur de projet s’est occupé de rédiger le CCAP, CPS (cahier de prescriptions spéciales équivalent au CCTP) et le STD (spécifications techniques détaillées).
Simulation 3D réalisé par le BET, montrant la jonction entre verrière etcharpente métalique
Coupe-détail sur la verrière, échelle 1/100
Le maître d’ouvrage ayant choisi le mode de dévolution du marché unique, l’ensemble de ces documents lui a été soumis afin de consulter l’entreprise générale qui pourra assumer la responsabilité globale de la construction. Je n’ai malheureusement pas pu voir le reste du déroulement de cette phase, puisque l’agence a été exemptée de la mission ACT (Assistance pour la passation des contrats) qui a été faite en interne à l’ONCF. Au vu de ce chevauchement des compétences et des missions, je suis curieux de savoir à quel point le projet sera chapeauté par le maître d’ouvrage dans les mois qui viennent, sachant que l’architecte garde néanmoins toute la responsabilité de la bonne exécution des travaux.
Coupe-détail sur la verrière, échelle 1/10ème
33
03. ATOUTS ET LIMITES DES OUTILS PARAMÈTRIQUES POUR UNE PRATIQUE LOCALE
03. ATOUTS ET LIMITES DES OUTILS PARAMÈTRIQUES POUR UNE PRATIQUE LOCALE
“Les techniques paramètriques vont être utilisés de plus en plus, facilitant le lien entre le milieu de la recherche formelle et de la production, avec une capacité grandissante de contrôle sur l’implémentation et la matérialisation des projets, l’optimisation des ressources, le temps d’exécution, et un développement substantiel dans la qualité du cadre bâti 1” Albert Ferré
3.1. VERS UN CHANGEMENT DE PARADIGME Si concevoir un projet d’architecture passait nécessairement par le dessin à la main, de la première esquisse aux documents d’exécution, cela a vite changé à l’arrivé des premiers logiciels CAD et de simulation 3D. Même s’ils n’ont pas apporté un changement radical, ces outils ont permis un gain de temps et d’effort considérable dans la représentation du projet. La conception paramètrique, qui fait partie de ce qu’on pourrait appeler l’approche computationnelle, est une autre étape de cette évolution. Elle pourrait selon ses défenseurs, transformer la manière de faire de l’architecture à travers la continuité qu’elle offre entre conception et fabrication. Parmi ses défenseurs, Patrick Shumahker, directeur chez ZHA et Charles Jencks, architecte et théoricien, affirment que cette nouvelle approche peut prétendre au statut de nouveau style après le modernisme, qui accompagnerait le changement de paradigme de l’ère industrielle vers l’ère de la complexité. Ainsi, pour Charles Jencks “Les nouvelles
sciences de la complexité – les mathématiques fractales, les systèmes dynamiques, la nouvelle cosmologie, l’autoorganisation – ont apportés avec elles un changement de perspective. Nous sommes passés d’une vision mécaniste de l’univers, vers celle d’un univers auto-organisé à tous les niveaux, de l’atome à la galaxie. Illuminée par l’ordinateur, cette nouvelle vision du monde est parallèle au changement qui s’opère actuellement en architecture. 2“ On peut classer ces nouveaux outils en deux grandes familles: Les logiciels de modélisation NURBS, tels que Rhinoceros(Mcneel) ou Digital Project (Ghery technologies): Initialement utilisés dans l’industrie automobile et navale, ils permettent de modéliser des formes complexes avec une grande précision. 1 Tomoko Sakamoto et Albert Ferré, From control to design, Actar, 2007, P. 05. 2 Charles Jencks, The new paradigm in architecture, Yale University Press, 2002
35
HMONP
MÉMOIRE PROFESSIONNEL
Les logiciels BIM, tel que REVIT ou Archicad, à laquelle on peut ajouter les logiciels CAD classiques qui tendent à inclure la fonction de modélisation de maquettes numériques, en plus du dessin en 2D et la modélisation en maillage (Mesh). Ces deux familles intègrent des plug-ins de modélisation paramètrique tel que Grasshopper pour Rhinoceros, ou Dynamo pour Revit, qui permettent de faire intervenir des algorithmes sous la forme de scripts ou codes liés à des paramètres variables (nombre d’éléments, tailles des modules, forme, densité... Etc.) permettant ainsi de générer non pas une forme, mais un ensemble de formes issues du même processus génératif. La différence entre les deux familles reste quand même assez vaste, et chacune a son rôle à jouer dans le processus de conception selon le niveau de précision requis, la souplesse du processus de génération de formes et la nécessité de collaborer en temps réel avec d’autres intervenants.
- Courbe générative
- Surface de base
- Décomposition triangulaire
de
la
surface
en
- Interface de Grasshopper montrant paramètres de division variables
grille
les
En approfondissant davantage ce raisonnement, on peut envisager que l’architecte du futur ne sera plus seulement celui ou celle qui conçoit, dessine et exécute le projet, mais aussi celle/celui qui programme son code génératif. AVANTAGES DES OUTILS PARAMÈTRIQUES - La liberté formelle Le premier avantage des outils de modélisation NURBS est la liberté formelle qu’ils offrent. Celle-ci va de la représentation de formes qu’il aurait été difficile d’imaginer auparavant, à la matérialisation de ses formes à travers les Machines-outils à commande numérique.
- La modification des paramètres de division change la densité de la grille
Ainsi la disponibilité de ces outils ouvre le champ à un vaste domaine formel dont les premiers explorateurs ont été des architectes comme Greg Lynn, Lars Spuybroek ou Kas Oosterhuis. Ces architectes ont produit les premiers exemples d’architecture non standard, grossièrement catégorisé comme blobs, formes libres ou définies sous la houlette du style appelé « Paramètricisme ». Cependant, de plus en plus d’architectes se distancient de cette doctrine formelle, qui juge comme obsolète toute architecture rectiligne. Le paramètricisme est aussi critiqué pour produire des formes les plus invraisemblables, uniquement parce qu’il est aujourd’hui possible de les construire. Dans cette nouvelle mouvance qu’on pourrait appeler
36
03. ATOUTS ET LIMITES DES OUTILS PARAMÈTRIQUES POUR UNE PRATIQUE LOCALE
« Paramètricisme critique », on retrouve des architectes et designers comme Thomas Heatherwick ou Toyo Ito, mais aussi des ingénieurs tels que Cecil Balmond et Mutsuro Sasaki, qui ont recours aux outils paramètriques, pas uniquement pour leurs capacités formelles, mais comme techniques permettant de générer de nouvelles expériences spatiales, de s’insérer plus harmonieusement dans le paysage ou pour optimiser les structures. - La fabrication numérique Je pense que le grand avantage de la fabrication paramètrique est qu’elle permet de sortir du moule de la standardisation imposé par l’industrie. En utilisant des machines contrôlées par ordinateurs tels que les machines CNC, les découpeuses laser, ou les imprimantes 3D, on peut obtenir des résultats extrêmement précis en une durée de temps très réduite. Pour une forme courbe par exemple, la surface est décomposée en amont par le logiciel paramètrique sous forme de grille rectangulaire, triangulaire ou hexagonale... Etc. Qu’il s’agira ensuite de découper et d’assembler pour créer la structure finale. - La facilité de collaboration Les projets d’architecture étant de plus en plus complexe et devant intégrer à la fois les nouvelles techniques de construction, les considérations économiques et le souci climatique, la collaboration interdisciplinaire devient une nécessité. Le potentiel d’utilisation des nouveaux outils informatiques et du BIM en particulier, réside dans la capacité de créer une maquette numérique partagée par l’ensemble des intervenants. Cela permet au projet d’être enrichi continuellement et en temps réel, par l’apport de chacun. Ces logiciels peuvent aussi être utilisés conjointement avec d’autres plug-ins pour l’analyse de données tels que, la simulation structurelle ou climatique. C’est donc des outils qui, au-delà des résultats qu’ils produisent actuellement, seront à mon avis, inévitables dans les années à venir, vu les nombreux avantages qu’ils offrent. Un potentiel en développement grâce au recherches effectuées dans le milieu académique, sur des sujets aussi variés que la fabrication par robot ou par drones et l’architecture interactive qui répond aux exigences des conditions climatiques ou aux besoins particuliers des usagers. 37
HMONP
MÉMOIRE PROFESSIONNEL
INCONVÉNIENTS DES OUTILS PARAMÈTRIQUES L’inconvénient de ces techniques est qu’elles nécessitent pour être implémentées en agence, une expertise rarement possédée par les architectes. Comme j’ai pu l’observer chez Shigeru Ban Paris, les agences internationales sont obligées d’intégrer des ressources humaines dédiées à la programmation des scripts et capables de modéliser les formes paramètriques. En sachant que ces personnes ne s’occupent en général que de cette partie du projet sans s’intéresser à la conception en elle même. Ainsi, le recours à une segmentation de l’activité en agence, telle qu’on pourrait la retrouver chez Norman Foster & Partners, ou chez Jean Nouvel Atelier, devient impératif. Une autre alternative plus courante ; puisqu’elle ne nécessite pas la maîtrise du langage informatique ; est d’utiliser des scripts partagés en open source sur internet, par la communauté de programmeurs. Ces scripts sont nombreux, variables en termes de complexité et en termes de résultats qu’il produisent. Ils sont aussi hautement personnalisables et produisent des conceptions totalement différentes selon les paramètres même s’ils obéissants aux mêmes principes de pliages, de tessellation, ou de fluidité. Un autre inconvénient de l’architecture paramètrique tel que produite actuellement est qu’elle reste limitée aux paramètres intrinsèques à sa forme ou à son contenu, rejetant parfois d’autres « paramètres » importants liés aux qualités intangibles du site sur lequel elle s’impose, qu’ils soient sociaux, culturels ou symboliques. - Conclusion Je vois donc dans les logiciels paramètriques, des outils qui permettent de gérer une échelle de complexité importante et intégrer des données impossibles à assimiler par l’esprit humain. Cependant, ces données doivent nécessairement s’additionner à la subjectivité de l’architecte, qui est le véhicule absorbant de la culture du site et à travers lequel peut s’opérer la décision de faire intervenir des outils différents selon les besoins du projet. Pour l’architecte Louis Kahn “un grand bâtiment doit commencer par
l’immesurable, passer par des moyens mesurables quand il est dessiné, puis finalement retourner à l’immesurable3”,
je pense que c’est précisément dans cette dimension du mesurable que l’outil paramètrique aura un impact grandissant dans les bâtiments futurs, l’immesurable est, et sera toujours, de l’apanage de l’architecte. 3
38
Vincent Scully, Louis I. Kahn, New York, Braziller, 1962, P. 114.
03. ATOUTS ET LIMITES DES OUTILS PARAMÈTRIQUES POUR UNE PRATIQUE LOCALE
Un de mes objectifs au cours de cette MSP était de confronter l’utilisation des outils de conception paramètrique, à la réalité d’une pratique locale. Malgré le contexte complexe du projet, j’ai pu grâce à l’ouverture d’esprit de l’architecte en chef et la collaboration de collègues en agence, introduire cette approche pour la conception d’une partie du projet, la proposer au maître d’ouvrage, puis collaborer avec le bureau d’étude pour optimiser la structure, et la rendre réalisable. Par ailleurs, une grande partie du projet a été réalisé sur Revit, ce qui m’a aussi permis de m’initier au BIM et collaborer à la réalisation de la maquette numérique. Le but de ce chapitre est de décrire en quoi l’utilisation de ces outils a été bénéfique pour le projet, tout en identifiant les freins à l’exploitation de son potentiel. Que ce soit au sein de l’agence, dans le dialogue avec la maîtrise d’ouvrage, le BET ou les entreprises en phase EXE.
39
HMONP
MÉMOIRE PROFESSIONNEL
3.2. LA NOTION DE QUALITÉ ARCHITECTURALE Produire un projet architectural de la complexité d’une gare ne peut pas se faire en autarcie. C’est un long processus qui demande la convergence de tous les efforts vers un but commun. Cependant, si l’intention de tous les intervenants peut être considérée comme bonne, un des éléments de discordances majeurs que j’ai appris à percevoir durant ce projet est la variation de la notion de qualité architecturale chez les différents intervenants, ou au sein d’une même agence. Les notions de solidité(firmitas), d’utilité(utilitas) et de beauté (venustas) ont de tout temps été les raisons d’être du métier d’architecte1, et l’essence de la valeur qu’il peut ajouter à la société en général et à son commanditaire en particulier. On peut dire cependant que ces notions sont de plus en plus sophistiquées et segmentées en plusieurs domaines de compétences: La notion de beauté, par exemple, ne suit plus les canons classiques et peut englober la représentation d’une identité culturelle ou la création de formes nouvelles facilitée par les technologies de l’époque. Elle reste toujours l’apanage de l’architecte. La fonction de solidité est devenue la spécialité des ingénieurs. Au vu de la complexité des systèmes structurels actuels, ils sont les seuls à posséder l’expertise nécessaire pour aboutir sur des structures viables en adéquation avec les choix de l’architecte. La notion d’utilité est le souci majeur de la plupart des maîtres d’ouvrages. Elle est liée à la fois au Bien-être des usagers, mais aussi au potentiel de rentabilité économique que peuvent générer les dispositions spatiales, ou les choix esthétiques. Dans un projet idéal, chaque intervenant aurait une compréhension parfaite de l’importance de ces trois qualités et travaillerait en synergie pour aboutir sur le projet qui représenterait l’équilibre entre elles. Cependant la réalité est souvent autre et j’ai pu m’apercevoir que la plupart des problèmes naissent de la tendance d’un ou plusieurs des intervenants de ne considérer que leurs notions de la qualité architecturale et de tirer les ficelles du projet pour se donner plus de garanties par rapport aux parties qu’ils maîtrisent ou dont ils ont la charge. 1 la triade Vitruvienne est issu du traité “De Architectura”, écrit par Vitruve en l’an -25.
40
03. ATOUTS ET LIMITES DES OUTILS PARAMÈTRIQUES POUR UNE PRATIQUE LOCALE
On peut dire que pour un tel équipement public, avec des exigences fonctionnelles et opérationnelles aussi présentes, la marge de manœuvre de l’architecte tend à être réduite aux simples stratégies de camouflage ou d’enveloppe. Il lui est souvent demandé de ne faire que sublimer une machinerie omniprésente à travers des solutions créatives. J’ai eu affaire à ce dilemme à plusieurs reprises où, selon la bonne coopération du BET et l’enthousiasme du maître d’ouvrage, nous avons pu mener à bout certaines propositions et en abandonner d’autres au privilège de simples solutions esthétiques. La segmentation du domaine de compétence de l’architecte est donc une réalité à prendre en compte de façon à tirer avantage de la spécialisation croissante des différents acteurs. Il serait judicieux d’instaurer une culture commune où la qualité architecturale est considérée comme un ensemble de valeurs qui doivent être défendues avec conviction, tout en privilégiant des solutions architecturales globales.
41
HMONP
MÉMOIRE PROFESSIONNEL
3.2. DIALOGUE AU SEIN DE L’AGENCE D’ARCHITECTURE Je pense qu’il est primordial pour un architecte de déterminer les valeurs qui orientent la culture de son agence et guident ses choix et ceux de son équipe. Dans le cas de l’agence YMA, Youssef Melehi privilégie d’abord la fonctionnalité de ses bâtiments et la réinterprétation de concepts locaux alors que pour les jeunes membres de l’équipe, l’innovation est un critère important que ce soit en matière de choix de matériaux, du système structurel ou pour ma part, de processus de conception et de fabrication. Ainsi dès le début de l’APS, nous avions choisi d’élaborer le projet en BIM, de sorte à faciliter les modifications et la synchronisation du travail en interne et une plateforme d’échanges avec les autres intervenants. Youssef Melehi n’y voyait pas nécessairement l’avantage, mais il n’y voyait pas d’inconvénient non plus tant que le travail était exécuté dans les délais. A priori, je n’avais qu’une connaissance sommaire du logiciel REVIT. Grâce à la supervision du chef de projet, j’ai pu réellement le pratiquer. Il a été un outil d’avancement critique jusqu’à l’étape APD où la fréquence des échanges avec le BET et le renforcement de l’équipe par d’autres personnes n’utilisant pas REVIT ont imposé le basculement vers AUTOCAD. Cette transition a été problématique sur plusieurs niveaux puisqu’elle a nécessité un temps considérable pour redessiner l’ensemble des documents en Polyligne et opérer un changement complet de logique de travail de la modélisation 3D au dessin 2D, et du BIM au XREF. En ce qui concerne les parties du projet dont j’avais la responsabilité, j’ai pu continuer à les développer sur Rhinoceros, qui offre plus de souplesse pour la modélisation et la division des modules destinés à l’usinage. Il s’agit notamment de la double peau en DUCTAL, l’habillage de la structure en charpente métallique au niveau de la toiture ainsi que les verrières. Pour la double peau, il s’agissait de créer une variation de la taille des ouvertures selon le besoin en lumière et en visibilité, tout en limitant au maximum le nombre de pièces uniques. Après la conception, le résultat a été exporté en 2D sous format Autocad, pour être intégré dans le dessin des façades, coupes et plans. Pour ce qui est des verrières et du faux plafond, les modules triangulaires ont subi de nombreux changements au fur et à mesure des discussions avec le BET. Ces mises à jour nécessitaient forcément la simulation en 3D et la 42
03. ATOUTS ET LIMITES DES OUTILS PARAMÈTRIQUES POUR UNE PRATIQUE LOCALE
modification de paramètres telles que la courbure de la surface, la densité de triangulation ou la taille des modules. Par la suite, les coupes et les détails ont été extraits du modèle paramètrique pour être enrichis des détails du BET et retravaillés sur Autocad. Dans les deux cas de figure, que ce soit pour une forme simple ou complexe, il était question de créer de multiples modules tout en maîtrisant des paramètres de variabilités. C’est là où l’outil paramètrique trouve toute sa valeur. Il nous a permis de sortir du moule de la standardisation et de produire un résultat peut-être plus coûteux pour le maître d’ouvrage et plus demandeur en compétences pour le BET, mais certainement, plus à même de tirer avantage des possibilités constructives de l’époque pour apporter une valeur ajoutée au projet. LA PHASE CONCOURS L’étape concours est généralement celle où l’architecte a le plus de marge de manœuvre pour la conception du projet. Il peut choisir de travailler en aparté, en association avec une autre agence ou de faire intervenir d’autres compétences. C’est donc une étape ou la collaboration lorsqu’elle est choisie, doit se faire surtout en interne. Cette étape permettra donc d’illustrer l’intérêt de l’outil paramètrique dans le dialogue entre collaborateurs de la maîtrise d’œuvre. Chez YMA, la « Charette » de concours est un « sport » que Youssef Melehi considère comme essentiel de pratiquer régulièrement. J’ai pris part à deux concours durant ma MSP où il s’agissait de concevoir un théâtre de quartier, pour le premier, remporté par l’agence et un centre hospitalier universitaire pour le second, dont les résultats sont toujours en attente. - Théâtre de Martil (Tétouan) Pour le concours du théâtre de Martil, j’étais responsable aux côtés de l’architecte senior de l’analyse du cahier de charges et la proposition des premières esquisses. Ayant déjà eu l’occasion de pratiquer cette étape du projet lors de mes expériences précédentes, j’ai donc pu rapidement produire quelques premières ébauches dont l’une a été retenue par Youssef Melehi, pour être ensuite développée en 3D. J’ai choisi pour cela le logiciel Sketchup. Par sa simplicité d’usage, cet outil offre une méthode de travail intuitive et 43
HMONP
MÉMOIRE PROFESSIONNEL
simple pour dialoguer avec le reste de l’équipe, qui pouvait suggérer directement des modifications de la volumétrie comme on le ferait pour une maquette physique par exemple. Utiliser le BIM dès cette étape aurait été à mon sens une perte de temps. Il est en effet nécessaire de connaître les atouts de chaque outil de travail pour différentes étapes du projet afin de ne pas se perdre dans des détails superflus. Une fois le modèle établi, deux autres personnes se sont jointes à l’équipe pour réaliser les diagrammes, les plans et les coupes puis finaliser la plaquette de rendu. - Centre Hospitalier Universitaire (Rabat) Pour le concours du CHU de Rabat, notre équipe a été renforcée par trois architectes de l’agence AIA associés, basée à Lille (France). Sur un tel projet, avoir une connaissance préalable des exigences et contraintes techniques est une nécessité au vu de la durée limitée et des références érigées par le maître d’ouvrage. L’agence YMA avait donc l’avantage d’avoir réalisé deux CHU auparavant ainsi que de nombreuses cliniques privées. De plus, l’association avec un partenaire étranger possédant également des références dans le secteur hospitalier ne peut que contribuer à la solidité du dossier de candidature. Une des difficultés pour ce projet a été de réaliser la synthèse de toutes les parties élaborées individuellement par chaque membre de l’équipe. Malgré la forte implication des architectes en chef dans le processus de conception et la distribution des tâches, il était difficile d’imposer une méthode de travail rigoureuse sachant que les deux agences ont chacune une méthode et des outils de travail différents. Je pense qu’il est primordial, lorsqu’un projet implique une équipe importante, de se fixer une charte dès le commencement du concours, de purger tous les anciens fichiers dans un dossier d’archives au fur et à mesure de l’avancement et de s’assurer que tous les collaborateurs travaillent à la même échelle et au même point d’insertion par rapport aux coordonnées Lambert. Cela paraît évident, mais dans le feu de l’action, ces priorités sont rarement soulevées. Compte tenu de ces complications, nous avons décidé, mon collègue et moi, de modéliser le projet sur Revit, sachant que nous avons pu développer durant les travaux sur le projet de la gare une méthodologie efficace. Ce fut aussi l’occasion d’expérimenter avec Dynamo (le plug-in paramètrique de Revit) pour la double peau du bâtiment afin d’aboutir sur une conception qui pourrait satisfaire à 44
03. ATOUTS ET LIMITES DES OUTILS PARAMÈTRIQUES POUR UNE PRATIQUE LOCALE
la fois le besoin en lumière naturelle, la vision lointaine et l’échelle du détail. L’avantage était de pouvoir créer plusieurs variantes afin de les soumettre au débat au sein de l’équipe. Cela nous permettait aussi d’envoyer régulièrement les mises à jour du modèle 3D, à l’agence de graphisme qui s’occupait des vues en perspectives. Toutefois, si l’intérêt de Revit et de Dynamo comme outils de modélisation est certain, ils restent largement sous-exploités dans un tel contexte où la collaboration se fait uniquement entre une partie réduite de l’équipe de maîtrise d’œuvre. Le temps investi dans l’export des documents graphiques et la nécessité d’améliorer le dessin sur Autocad rendent ce processus inefficace, voire même pénalisant, en comparaissant avec le dessin 2D lorsqu’il permet une collaboration réelle entre les membres de l’équipe.
3.3. RELATION AVEC LA MAÎTRISE D’OUVRAGE IIl était clair dès le départ que l’ONCF cherchait en l’agence YMA, d’abord un architecte qui puisse mettre en forme leur vision du projet tout en lui conférant une image adaptée au contexte culturel. Comme mentionné précédemment, les priorités pour un maître d’ouvrage aussi hiérarchisé sont le respect du cahier des charges, et des délais de rendus. Le volet économique est aussi extrêmement présent pour juger de la validité des choix de l’architecture qui doit également justifier la faisabilité de chaque composante du projet dans un phasage déterminé. J’ai eu l’occasion de traiter de ces sujets dans un rapport direct avec la maîtrise d’ouvrage lors des réunions hebdomadaires auxquelles j’assistais en compagnie du directeur de projet, du chef de projet ou de l’architecte en chef. Je me suis rendu compte à quel point le métier d’architecte, notamment pour un projet aussi complexe, était fait en grande partie de dialogue. Nous nous sommes souvent retrouvés à élaborer entre deux réunions des documents destinés uniquement à la présentation, mettant ainsi en suspens la conception architecturale à proprement parler. Ces réunions, malgré leur utilité pour expliquer l’avancement du projet, étaient souvent perçues de notre part comme une perte de temps, additionnés aux communications par téléphone et la rédaction des réponses par mail. Une des principales leçons tirées de ces échanges, est l’importance de maîtriser son sujet avant chaque réunion, d’avoir toutes les pièces graphiques à disposition, et surtout de maîtriser les chiffres : SHOB, SHON, hauteurs des différents
45
HMONP
MÉMOIRE PROFESSIONNEL
niveaux...Etc. Ce sont des questions qui reviennent souvent et ne pas connaître les réponses est vite perçu comme un manque d’engagement dans le projet. Un autre enjeu délicat consiste à se restreindre à révéler toutes les informations tout en disant assez pour permettre au projet d’avancer. C’est le cas par exemple pour un choix de conception qui serait encore en étude et qui ne serait pas encore assez concret pour être défendu. La relation entre maître d’œuvre et maître d’ouvrage oscille souvent entre concordance et discordance. Notamment, lorsqu’il s’agit d’une maîtrise d’ouvrage publique avec une équipe d’architectes comme interlocuteurs, les situations de visions divergentes sont facilement provoquées créant des tensions palpables lors des réunions. C’est donc une difficulté supplémentaire pour l’architecte qui est appelé à agir avec diplomatie, à défendre ses idées lorsqu’il est convaincu du bien-fondé par rapport à l’usager. Mais il est aussi important d’avoir assez de souplesse pour permettre au maître d’ouvrage de s’approprier le projet, en allant dans son sens ou en adoptant certaines de ses propositions. Pour ce qui est de l’outil de conception en tant que tel, il n’a jamais été pour l’ONCF ni une exigence ni un sujet de discussion du moment que les livrables étaient sous format DWG et en version papier. Le BIM ou le logiciel paramètrique étaient utiles uniquement dans la mesure où il permettaient le respect des exigences concernant le rendu des différentes phases du projet. Cependant, il est fort probable que cela change dans les années à venir où le BIM tend à devenir une exigence légale chez les maîtres d’ouvrage publics. Ce changement qui s’opère actuellement en France et qui est déjà pratiqué au Royaume-Uni arrivera sûrement plus tardivement au Maroc, mais c’est un processus d’évolution des normes qui, à mon avis, est inévitable.
3.3. RELATION TECHNIQUES
AVEC
LES
BUREAUX
D’ÉTUDES
Le bureau d’études sur le projet de la gare Rabat Agdal est Omnium technologies, assistées par un consultant en charpente métallique, et FERRÉS Architectes, comme consultant en façades. L’interlocuteur principal avec l’agence était le chef du projet au BET: Mme Halima M. qui était présente à toutes les réunions, en compagnie des ingénieurs concernés par le sujet à traiter. Si les réunions se tenaient dans une ambiance de collaboration et de coordination au début, un climat conflictuel s’est vite installé entre les deux partenaires à 46
03. ATOUTS ET LIMITES DES OUTILS PARAMÈTRIQUES POUR UNE PRATIQUE LOCALE
cause notamment de la pression du maître d’ouvrage par rapport au délai. Chaque intervenant avait tendance à justifier ses retards en responsabilisant l’autre partie pour manquement à fournir des éléments nécessaires à l’avancement du projet. En ce qui concerne les potentialités de l’outil numérique, si la modélisation paramètrique a ouvert la possibilité de générer différentes variantes au fil des étapes, le dialogue avec le BET a permis de constater que tout changement gênerait une contrainte énorme pour le recalcul structurel dans le logiciel ROBOT. Aussi, notre modèle n’étant pas exploitable au même format, les échanges de données se faisaient le plus souvent en 2D que l‘ingénieur devait reconstruire en modèle 3D. Je pense qu’une des problématiques vient du fait que le projet n’est communiqué au BET que dans des étapes assez avancées. En effet, déjà lors de la phase concours, le projet passe par de nombreuses étapes de prises de décisions et acquiert un certain niveau de maturité en quelques semaines. Cela ne laisse en fin de compte qu’assez de temps pour une ou deux rencontres avec le BET pour confirmer la faisabilité du projet. Le processus se répète à chaque fin de phase où l’architecte a besoin de temps pour faire évoluer le projet avant de l’envoyer au BET, ce qui fait que la solution de ce dernier peut être compatible ou pas avec l’évolution la plus récente du projet. Cette position génère d’autres réunions dont l’objet est de débloquer la situation. À mon avis, un scénario idéal serait une collaboration soutenue durant toutes les phases de la conception. LE BIM me semble être un excellent compromis puisqu’il permet de créer une base de données partagée par l’ensemble de la maîtrise d’œuvre, avec un format convertible entre tous les intervenants et une instantanéité d’implémentation des décisions. La définition du niveau de détail de la maquette numérique est aussi un grand atout: si le matériau de structure n’a pas encore été défini, il est évident que le BET ne pourra pas encore se focaliser sur les calculs de l’armature des structures, mais se penchera plus sur l’analyse de l’ensoleillement par exemple.
3.4. DIALOGUE AVEC LES ENTREPRISES
47
HMONP
MÉMOIRE PROFESSIONNEL
La phase d’exécution des travaux reste un des moments les plus stimulants du métier d’architecte, celle de la matérialisation. Ce passage du dessin ou de la maquette numérique à la réalité concrète nécessite l’effort commun de tous les partenaires auxquelles s’ajoutent les entreprises ainsi que le contrôleur technique, l’OPC, et le CSPS. C’est donc une étape qui engage davantage la responsabilité de l’architecte en tant que “chef d’orchestre” et qui exige de sa part une préparation non négligeable en amont, notamment lorsque le projet comporte des ouvrages innovants ou qu’il obéit à une logique constructive d’assemblage à l’inverse d’une logique de façonnage plus “artisanale”. Les outils paramètriques et le BIM, s’ils sont utiles pour minimiser les discordances, maîtriser les coûts pendant les études et instaurer une collaboration efficace avec les BET. Ils sont naturellement moins utilisés à cette phase du projet, ou l’informatique est à ce jour peu sollicitée en chantier. Les études doivent donc être faites avec précision, pour que la maquette numérique puisse intégrer à cette phase toutes les informations de la future construction: l’enveloppe, la structure et les matériaux. Encore plus importants, les ouvrages doivent être rigoureusement décrits dans le CPS (cahier de prescriptions spéciales) et le STD (spécifications techniques détaillées) qui accompagnent les pièces du dossier de consultation des entreprises. Les entreprises doivent aussi être choisies selon des critères de compétences et en fonction de leurs capacités à réaliser les prescriptions telles que définies dans le CPS. Le choix étant effectué par le maître d’ouvrage, l’architecte à travers sa mission d’assistance pour la passation des contrats, peut avoir un rôle de conseil. La rencontre entre les personnes qui ont conçu le bâtiment (maîtrise d’œuvre) et ceux qui vont le construire (entreprises) ne se fait réellement que lors de la mission de synthèse lorsque celle-ci est confiée à la maîtrise d’œuvre. À cette étape, les plans marché sont enrichis de l’apport des entreprises et compilés par l’architecte ou le BET. L’architecte et le contrôleur technique doivent aussi donner leurs visas aux plans des entreprises après avoir vérifié qu’ils respectent toutes les dispositions du projet. Le projet de la gare LGVR étant encore en phase PRO, je ne peux à cette étape, que spéculer sur les difficultés qui pourraient être rencontrées dans la concrétisation des ouvrages complexes du projet. L’étape suivante sera la période de préparation du chantier qui est légalement de 3 mois. Ensuite, commenceront l’installation de chantier 48
03. ATOUTS ET LIMITES DES OUTILS PARAMÈTRIQUES POUR UNE PRATIQUE LOCALE
et l’exécution des travaux. Je reste enthousiaste à l’idée d’aborder ce chantier qui sera certainement moins artisanal qu’un chantier “classique” puisqu’il est pris en charge par une entreprise générale qui assure l’ordonnancement, le pilotage et la coordination des travaux. J’aimerais cependant mettre en évidence certains aspects de cette relation architecte-entreprises tel que j’ai pu l’apercevoir sur un autre chantier de maison individuelle à Rabat. En effet, j’ai eu l’occasion d’accompagner un autre architecte de l’agence sur la visite de ce chantier plus avancé, où j’ai pu appréhender directement le rôle du maître d’œuvre au cours de la mission de suivi des travaux. Ainsi, j’ai pu assister l’architecte lors de quelques réunions de chantier hebdomadaires où nous commencions par effectuer avant la réunion un tour du chantier afin de repérer les éventuelles malfaçons. Ces visites sont parfois faites sans préavis afin de ne pas venir uniquement quand les entreprises sont préparées. Il fallait ensuite établir un compte rendu de l’état d’avancement de la villa et y noter toute observation. En cas de problème, la communication se fait avec le chef de l’entreprise ou parfois avec l’ouvrier lui-même afin de refaire l’ouvrage. Ce fut intéressant aussi de noter le jargon utilisé sur chantier, qui demande une certaine période d’adaptation pour pouvoir comprendre et se faire comprendre clairement. Les réunions sont un moment intéressants sur le chantier ou l’autorité de l’architecte comme chef d’orchestre est la plus évidente. Les sujets traités sont variés mais il s’agissait principalement lors des réunions auxquelles j’ai assisté, de l’avancement du chantier ou de l’approvisionnement en matériaux. La présence de toutes les entreprises est obligatoire puisque l’architecte examine les points délicats, s’informe auprès de chaque entreprise de son avancement ou examine leurs demandes de paiement. Les notes et photos prises permettent, au retour au bureau, de vérifier la conformité de l’ouvrage avec le plan d’exécution ou les descriptifs. J’ai pu appréhender l’importance du marché qui est souvent le document arbitre en cas de malentendus puisque les descriptions des ouvrages sont en théorie le plus précises possible. Au cas où le détail ne se trouverait pas sur le marché, la négociation devient la solution. L’architecte doit aussi rédiger un compte rendu où il récapitule tout ce qui a été dit de manière objective et souligne les remarques importantes à prendre en 49
HMONP
MÉMOIRE PROFESSIONNEL
considération pour la prochaine réunion. Ce compte rendu est réalisé dans les trois jours qui suivent puis envoyé aux entreprises et au maître d’ouvrage. Une autre mission importante pour le suivi de chantier est la mise à jour des plans au fur et à mesure des travaux, en raison des modifications dues à certaines imprécisions ou contraintes du chantier. Ces modifications doivent être gérées rapidement pour que chaque entreprise puisse travailler avec le bon plan mis à jour. Sachant que la liste des plans mis à jour, avec leurs indices, est affichée dans le bureau du chantier. Par ailleurs, il était intéressant d’assister aux cours d’HMONP qui traitent du sujet du chantier dans la même période que je faisais ces visites et de constater par la suite la concordance ou la différence avec la pratique. Le planning par exemple est une nécessité de tout chantier et ce fut utile de comprendre les enjeux du choix entre les différents systèmes de planning et de prendre connaissance du vocabulaire de cette activité: tâches, tâches fictives, réseau graphe, chemin critique, jalon, ordonnancement... Etc. La sécurité au niveau des chantiers est aussi un des points critiques de discordances entre les normes et la réalité du métier notamment à cause de l’absence de lois qui imposent des précautions de sécurité au niveau du chantier ou la présence d’un CSPS (coordonnateur en matière de sécurité et de protection de la santé). Sur le chantier que j’ai pu visiter, les ouvriers ne portaient souvent pas de casques ou de vêtements de protection. Ceci malgré l’insistance de l’architecte à exiger dans les comptes rendus de réunions, la nécessité d’adopter des mesures de prévention des risques du chantier. Je pense qu’il est important, pour rester dans un cadre légal, que l’architecte maître d’œuvre exige de la part des entreprises des mesures de sécurité rigoureuse. En attendant l’adoption du projet de loi sur la sécurité de travail, qui risque de prendre encore du temps. - Conclusion Je retiens de cette expérience que la communication avec les entreprises est l’un des principaux facteurs de réussite du projet. Il s’agit pour l’architecte de mettre en place un langage architectural commun et d’adopter une posture à la fois ferme et collaborative afin d’assurer sa fonction de direction de chantier tout en gardant la possibilité d’enrichir le projet par la grande expertise des ouvriers et artisans. 50
03. ATOUTS ET LIMITES DES OUTILS PARAMÈTRIQUES POUR UNE PRATIQUE LOCALE
La position particulière entre le maître d’ouvrage et les entreprises fait qu’il doit souvent endosser le rôle d’arbitre, afin de défendre les intérêts de son commanditaire d’une part et d’inciter ce dernier à régler les entreprises d’autre part. Une bonne gestion du chantier passe donc par un équilibre délicat entre autorité et diplomatie, rigueur et souplesse, qualités que j’aimerais acquérir et maîtriser au fil des expériences. Le but étant bien évidemment d’arriver à produire un projet qui fasse le consensus entre la satisfaction d’une enveloppe financière respectée pour le client, celle d’un travail bien exécuté pour les entreprises et pour l’architecte celle d’avoir contribué, ne serait-ce qu’un peu, à concrétiser sa vision de l’utopie.
51
04. PROJET PROFESSIONNEL
04. PROJET PROFESSIONNEL
4.1. BILAN PERSONNEL La rédaction de ce mémoire d’HMO a été pour moi, plus qu’une retranscription écrite de mon expérience, un outil d’analyse qui m’a permis de clarifier les questions que je me suis posées avant et tout au long de la MSP. En m’inscrivant dans l’optique d’un architecte maître d’œuvre, j’ai essayé de garder au cours de ma pratique un regard critique sur la discipline, sur la relation avec les différents intervenants et sur l’aspect réglementaire ou économique du projet d’architecture. L’objectif est de trouver mon positionnement au sein de cette sphère disciplinaire qu’elle soit nationale ou internationale. Ainsi, j’ai pu tirer quatre conclusions de cette expérience :
1
2
La première est l’importance de trouver son créneau. L’accès à la commande étant déjà bien assez compliqué pour un jeune architecte, il faut selon moi savoir mêler les pistes de recherche qui nous intéressent et les types de projets qu’on maîtrise pour se frayer un chemin et se distinguer de ce qu’on pourrait appeler l’architecture générique. L’agence YMA a dans ce sens réussi à se créer une signature par la spécialisation dans l’hospitalier et le ferroviaire. Elle a acquis une maîtrise et une force d’argument lorsqu’elle participe à des concours. Par le refus du style moderniste pur et dur, Youssef Melehi a pu se médiatiser comme le détenteur du renouveau de la tradition et attirer les clients qui cherchent à s’associer à cette image. Pour ma pratique future, j’aimerais continuer à explorer les pistes qui me passionnent; l’architecture paysage, l’autosimilarité, la fabrication digitale, sans tomber ni dans l’extrême du modernisme ni dans celui du pastiche. Le deuxième constat concerne l’importance de la prise en compte de la notion de “qualité architecturale” chez les différents intervenants de la construction. Elle est généralement synonyme d’efficacité économique chez le maître d’ouvrage, et d’optimisation structurelle chez les bureaux d’études. La valeur culturelle qu’apporte un architecte par la création d’œuvres originales est rarement mentionnée. J’ai pu observer concrètement ce décalage de priorités lors de ce projet où nous avons dû militer pour faire accepter certaines décisions d’ordre conceptuel et constater l’impuissance de l’architecte par rapport à des arguments de faisabilité à moindre coût sur le chantier. Ainsi je pense qu’il est important d’arrêter les priorités du 53
HMONP
MÉMOIRE PROFESSIONNEL
projet dès le départ et de sensibiliser les maîtres d’ouvrage et les bureaux d’études lorsqu’on n’a pas le privilège de les choisir. Ceci pour ne pas laisser cette mission, qui est une des raisons pour lesquelles je me passionne pour ce métier, se faire éclipser par les autres aspects qualitatifs d’un projet.
3
Troisièmement, j’ai pu voir à quel point les délais jouent sur la qualité d’une œuvre architecturale. Vouloir construire au plus vite lorsque des enjeux économiques sont liés au projet est un réel frein pour produire une architecture de qualité, notamment à cause du manque de dialogue entre BET et architectes dès les phases premières du projet. La collaboration est un facteur commun de toute œuvre d’architecture pérenne et elle serait impossible à instaurer lorsque le jeu est de jeter la responsabilité à l’autre pour justifier les retards. À mon sens, le BIM s’inscrit parfaitement dans cette logique de collaboration. Grâce à la rigueur qu’il nécessite dans la modélisation, les zones d’ombres, les oublis ou les négligences volontaires sont beaucoup moins courantes. Une réactivité plus importante s’impose puisque les modifications du projet sont intégrées et communiquées directement.
4
Enfin, en ce qui concerne l’apport de l’outil paramètrique, s’il a été un réel atout pour faciliter le dessin de formes complexes, je pense qu’il ne peut être réellement bénéfique que si les trois autres facteurs sont maîtrisés : 1. La recherche continue d’une ligne de pensée et d’une posture à la fois théorique et médiatique. 2. La sensibilisation du public (dont font partie les maîtres d’ouvrages) sur la nécessité de sortir des sentiers battus et la production d’une architecture purement fonctionnelle 3. La collaboration réelle avec des bureaux d’études performants. La difficulté restante est celle de la disponibilité d’une main-d’œuvre locale compétente. Je pense que celle-ci tend à se développer grâce à l’émulation créée par les projets récents conçus par des architectes de renommée internationale, tel que Christian De Portzamparc, Zaha Hadid, ou Morphosis, et qui a permis aux entreprises locales de gagner en expertise. 4.2. UNE AGENCE ENTRE EXPÉRIMENTATION ET APPLICATION
54
04. PROJET PROFESSIONNEL
Après un an et demi en agence, je ne pourrais prétendre avoir assimilé toutes les facettes du métier ou avoir maîtrisé tous les domaines de compétences qui incombent à l’architecte. Encore moins, d’avoir rencontré toutes les situations problématiques que l’on peut avoir dans la gestion d’un projet ou d’une agence. Cependant, je me sens prêt à faire le saut vers la création de ma propre structure. J’ai désormais la conviction que l’apprentissage du métier se fait plus facilement dans les situations de prise de risque, ce que l’exercice, en tant que salarié, n’offre pas ou trop peu. Aussi, à partir des conclusions tirées de cette MSP, j’aimerais m’orienter vers une pratique axée sur deux volets :
Concours de la gare LGV de Kenitra
- l’association de compétences
Concours du pavillion CNDH
Une agence qui veut rallier une bonne gestion de projet, de la compétence technique et une force de production doit aujourd’hui être une agence pluridisciplinaire. Notamment, lorsque le but est de produire une architecture qui a une ambition culturelle. Dans mon expérience, je n’ai jamais fait un projet seul. Pour les projets académiques, Il y avait toujours l’apport du directeur d’études. Mon PFE ainsi que les 3 derniers concours que j’ai faits ont tous été des partenariats qui se prolongent jusqu’à aujourd’hui et que j’aimerais maintenir par la suite. Aussi, le BIM fait partie des outils nécessaires à cette bonne collaboration avec la nouvelle réglementation en France et dans d’autres pays européens et, certainement dans les années qui viennent au Maroc. Prendre une longueur d’avance et garantir la bonne coopération avec les partenaires ingénieurs qui s’intéressent à cet outil ne peut être que bénéfique.
Concours du pavillion OJOLOCO
Projet de fin d’études: Gare de Grenoble
- L’expérimentation
36
4
4
5
32
5
10 22
Pavillion “ABRI 0.2”
21
Le métier d’architecte étant extrêmement dépendant des conditions économiques et de l’apport de disciplines parallèles, il est difficile de prétendre à l’expérimentation ou l’innovation dans des projets d’équipements publics complexes. Aussi, je pense qu’il serait primordial de dédier une partie de la force de production de l’agence à l’expérimentation à travers des projets à petites échelles, des pavillons, des expositions, voire même du design. C’est une approche adoptée par les grands noms de l’architecture aujourd’hui, tels que OMA et sa filiale dédiée la recherche AMO, Kengo Kuma avec ses explorations structurelles, ou BIG avec ses projets liés aux technologies interactives. Je suis déjà engagé dans cette dynamique puisque durant
http://vimeo.com/61851768
Pavillion “Faire-école”
55
HMONP
MÉMOIRE PROFESSIONNEL
cette MSP j’ai participé en parallèle à deux concours, où l’objectif était de continuer la recherche entamée durant mon PFE sur l’architecture paysage et Les limites spatiales diffuses.
Rolex learning Center, Sanaa. Lausanne
musée des confluences, coop himmelb(l)au. Lyon
Casa Milà, Antoni Gaudí. Barcelona
Pavillon chinoix à l’expo de Milan, Studio Link-Arc. Milano
56
Je pense qu’il est aussi important pour un architecte de se tenir au courant des nouvelles technologies et de préférence les maîtriser, ou avoir des personnes qui les maîtrisent en agence. La programmation informatique sera par exemple une compétence clé dans les années qui viennent. Durant la formation HMONP, j’ai essayé de profiter de tous mes séjours à l’ENSAG pour emprunter et lire plusieurs livres chaque mois à propos des sujets théoriques qui m’intéressent. J’ai aussi profité de tout moment de répit pour faire des voyages/pèlerinages architecturaux et visiter notamment l’exposition universelle de Milan, le projet “VM houses” de BIG à Copenhague, le “Learning center” de la faculté de Lausanne réalisé par Sanaa, ou encore La Casa Milà de Gaudi à Barcelone... Etc. Ce fut des moments forts de cette année, qui m’ont permis de revenir en agence avec un nouvel élan et le recul nécessaire pour juger de la validité des choix qu’on faisait à l’agence. Je projette donc dans l’année en cours de construire un pavillon que ça soit par voie de concours ou d’initiative personnelle et de faire une formation en architecture paramètrique. J’aimerais continuer à m’associer à d’autres personnes qui ont les mêmes ambitions qu’ils soient architectes, ingénieurs ou informaticiens et acquérir d’avantage d’outils théoriques et d’expérience pratique qui permettront à ma future agence d’accompagner la dynamique actuelle et les mutations que connaissent nos sociétés. Dans le but de créer une architecture qui répond aux besoins d’usages, offre une contribution à la société dans laquelle elle s’insère et témoigne de son époque.
04. PROJET PROFESSIONNEL
57
HMONP
58
MÉMOIRE PROFESSIONNEL
BIBLIOGRAPHIE
BIBLIOGRAPHIE - Ouvrages Tomoko Sakamoto et Albert Ferré, « From control to design », Actar, 2007, P. 05. Charles Jencks, « The new paradigm in architecture », Yale University Press, 2002. Vincent Scully, « Louis I. Kahn », New York, Braziller, 1962, P. 114. Tadao Ando Laboratory, « World architects in their twenties », 2003, p. 173. - Publications Jan Harmens. « Is what is seen by the public as parametric architecture actually parametric? », Leeds Metropolitan University, 2014, 40p. Christophe Czajka, « BIM/Maquettes numérique, contenu et niveaux de développement” », LE MONITEUR, N°5763, 9 mai 2014, pp. 01-42. JACQUES CABANIEU, « Infrastrcture de transport, la maîtrise d’oeuvre », ARCHIPRESS, 1998, 64p. - Sites webs Mohamed Bennani, 16 mars 2016, « La nouvelle gare Rabat Agdal sera réalisée par l’architecte Youssef Melehi ». En ligne: < http:// www.medias24.com/CULTURE-LOISIRS/162320-La-nouvelle-gareRabat-Agdal-sera-realisee-par-l-architecte-Youssef-Melehi.html >. Consulté le 01/09/2016 « Avantages du BIM », 2016. En ligne : < http://www.objectif-bim. com/index.php/bim-maquette-numerique/le-bim-en-bref/lesavantages-du-bim >. Consulté le 01/09/2016 « L’architecte au Maroc », 2001. En ligne : < http://www. architectes.com/pays/maroc/savoirplus/savoirplus.htm >. Consulté le 01/09/2016
59
MÃ&#x2030;MOIRE PROFESSIONNEL HMONP Sami EL KHATTABI 28 Septembre 2016