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Tu viens de Stras, toi ?
from Zut Strasbourg n°45
by Zut Magazine
Olivier Babinet Tu viens de Stras, toi ?
Par Cécile Becker Photo Pascal Bastien
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C’est qui, lui ?
Réalisateur, il nous avait séduit avec Swagger. Ce documentaire, né après l’animation d’ateliers cinéma au collège Debussy d’Aulnay-sous-Bois, raconte les espoirs, les passions, le quotidien parfois drôle, parfois bouleversant, souvent poétique de 11 ados. On le connaît aussi pour sa série Le Bidule (Canal +, 1999). Il a récemment sorti Poissonsexe, un ovni dystopique qui parle d’amour.
Son parcours strasbourgeois
« J’ai vécu à Strasbourg jusqu’à mes 18 ans, avant de m’installer à Paris. J’ai détesté l’école maternelle, [école Sainte-Madeleine, ndlr] ma mère m’avait fait porter une chemise à fleurs et j’avais les cheveux longs. Beaucoup se sont moqué, des filles m’ont fait manger du sapin dans la cour… En primaire, j’ai été chef de bande, j’étais assez bagarreur. J’ai d’ailleurs deux dents cassées de cette époque-là. »
Le collège
« Il y avait des mecs assez durs au collège Foch. J’étais dans une classe à horaires aménagés et j’allais donc aussi au conservatoire. Je côtoyais la bourgeoisie d’un côté, le quartier de l’autre. On achetait des bières et des chips à la station
essence – le seul endroit où on vendait de l’alcool aux mineurs –, à côté de l’ambassade américaine je crois. On faisait semblant d’aller se coucher et traînait jusqu’à 4-5h du matin au Contades, avant d’aller à l’école. »
La castagne
« Avec mon copain Laurent, on faisait le mur et les 400 coups. On piquait des auto-radios, on cassait tout ce qu’on pouvait casser, on faisait des petits cambriolages… On s’en est aussi beaucoup pris à notre collège. Et puis, le lycée est arrivé : les skinheads et les gens du GUD, je ne peux pas supporter ça. Je me baladais avec une batte de baseball. Tous mes copains se sont fait casser la gueule et se sont radicalisés. Moi, j’ai appris à courir vite. »
Le départ
« À Paris, j’ai gardé mes copains de Strasbourg. On a décidé de mettre toute cette violence et cette rage dans la musique et les films. Je faisais de la batterie, du punk, on créait des espèces de clips, des romans photos, des courts métrages… On s’est mis à écrire une série, c’était Le Bidule. »
Un héritage
« J’ai longtemps voulu faire un film sur mon adolescence à Strasbourg, raconter ça, ce sentiment qu’on a d’échapper au monde des adultes. Un copain me disait que Swagger était un film sur mon adolescence… Je regarde aussi les choses d’un regard de provincial, d’étranger, ça me sert beaucoup. »
Ce qui lui reste ici ?
« Les parents de ma compagne vivent à l’Esplanade, et j’ai toujours quelques amis ici. Je reviens régulièrement et vais toujours voir la Cathédrale, j’en suis fasciné depuis que je suis petit. Je suis toujours plus détendu quand j’arrive ici. »
Panier culture
Par Cécile Becker Photo Hugues François
Uani
Violaine Leroy
— Les secrets transmis sont aussi lourds que de petites pierres portées dans les poches. Découverts et laissés par des autochtones vivant dans le « village perdu des sommets », ils invitent notre aventurière à se taire, à chercher au fond d’elle-même et à lâcher prise. Une histoire (brillamment illustrée par Violaine Leroy) de rencontres et d’écoute, pour les petits, mais qui touche grandement les grands. lapasteque.com
Une année
Léontine Soulier
— Un coffret de 12 illustrations en édition limitée (50 ex.) comme une éphéméride. À chaque mois son dessin, réalisé aux crayons de couleurs et avec quelques touches d’aquarelle. Des corps, des scènes fantastiques, des petits cocons à contempler ou accrocher. Disponible Au Générateur 8, rue Sainte-Madeleine leontinesoulier.com
Sarajevo, vingt ans après
Sophie Dupressoir
— 20 ans après le siège de 1992-1995, la photographe strasbourgeoise s’est régulièrement rendue à Sarajevo, durement marquée par la guerre. Ce livre montre les cicatrices laissées sur les paysages urbains et sur les habitants, exsangues, parfois en perte d’identité. Portrait sensible d’une ville. www.soufflecourt.com
KNMD
The Med Trips
— Kayo and Nakre Making Dinars, c’est un hommage à la culture méditerranéenne à base de samples chinés par Nakre et de beats et rythmes fabriqués par Kayo. Un retour aux sources, un voyage sonore, des paysages fantasmés. Résultat : des instrumentaux extrêmement bien produits mêlant hiphop et musiques du monde. Ça laisse rêveur. weareknmd.bandcamp.com
Fleurs plantées par Philippe
Dominique Ané
— Philippe pour Philippe Pascal, chanteur du groupe Marquis de Sade, disparu le 12 septembre 2019. Dominique Ané, pour Dominique A, auteur-compositeur-interprète, qui livre ici un récit plein de pudeur et d’admiration pour Philippe Pascal. Petites musiques qui reviennent, rendez-vous manqués, chagrin et surtout… aura d’une amitié et d’un homme fascinant. mediapop-editions.fr