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Zut, v’la Dosda !

Mate les godasses ! « Hey, c’est les mêmes Jordan qu’Eminem  ! Le flow en moins…  » Excellente et adolescente manière de briser la glace lorsqu’on pénètre chez le directeur de Musica, festival de musique contemporaine à l’extrême exigence qui fête son 40 e anniversaire (1983-2023). Large sourire, tignasse attachée, il nous reçoit dans son appartement de l’avenue de Colmar qu’il prétend avoir «  vaguement rangé  » avant notre arrivée. Rien ne semble cependant jamais dépasser ici : seuls éléments anarchistes de son appart au design moderniste, un ouvrage sur Stockhausen posé sur la table à manger, quelques stickers Musica, un bouquin sur l’afro-futurisme gravitant au-dessus d’une pile bancale de livres –Susan Sontag, David Foster Wallace, Christian Marclay... L’extrêmement relax Discreet Music de Brian Eno tient bien son rôle en tournant sur la platine vinyle. Épris de design, Stéphane collectionne un créateur néerlandais adepte des lignes épurées et des matières boisées, entre Eames et Prouvé, dont il s’est récemment « entiché », Cees Braakman (1917-1995). Le hobby du moment ? S’essayer à la rénovation de ces pièces de mobilier des années 1950, se former à la tapisserie… Car cet intellectuel féru de musique répétitive, de peinture (de Bosch à Basquiat en passant par Hogarth), de littérature et de philosophie, ancien directeur éditorial de la Cité de la musique et de la Philharmonie, s’avère être avant tout un « manuel, doté de grandes paluches d’ouvrier ».

Créer du sens, faire effet

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Stéphane a toujours un pied-à-terre à Paris, « près du siège du PC de Niemeyer », précise-t-il « Pour moi, Paris n’est pas le centre du monde… et je vis surtout dans les 19 e et 20 e arrondissements : je ne traverse presque jamais la Seine. » Il perçoit « une continuité entre l’est parisien et Strasbourg ; continuité sociale, culturelle… qui a ses origines, puisque le 19e arrondissement était beaucoup peuplé d’Alsaciens et d’Allemands jusqu’à la Première Guerre. » Quant à l’Alsace, « elle est pleine de paradoxes, à la fois riche de culture et in novatrice, mais aussi conservatrice, voire marquée par une xénophobie rampante. » Selon lui, « Strasbourg est une cité de sens, une ville de traces. Elle est chargée de styles dans son architecture comme dans ses comportements ou son bilinguisme. Elle est bien plus créolisée qu’elle ne le semble, v’tami ! Et bien sûr marquée par

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