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chez Stéphane Roth, directeur du festival Musica

le conflit. Notre région a été longtemps un Donbass. Il faudrait le garder à l’esprit… Bien qu’inégalitaire, Strasbourg est par essence une ville-refuge où toute la misère, toute la richesse du monde a sa place. » Alors la politique, bientôt ? « À Strasbourg ou ailleurs, je pense finir par m’engager en tant que citoyen pour défendre certaines idées, quitte à faire 0,5 % dans les urnes. » Il revient dans le présent : «  Pour moi, Musica n’est pas qu’un festival : je cherche à plugger des éléments de sens épars et faire effet, créer du bizarre pour faire bouger des lignes. » On se rappelle alors le concert des ex-Diabologum, en 2021, ayant mis en musique les Feuillets d’usines de Joseph Ponthus, intello précaire contraint à l’intérim dans des abattoirs. Ponthus écrivait comme il bossait, à la chaîne, à la ligne, tandis que son corps se fracassait.

Des volets roulants à Olivier Messiaen

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L’histoire de Ponthus fait quelque peu écho à la trajectoire de Stéphane Roth qui a grandi « aux portes du Sundgau », passé un bac technique et bossé à l’usine : volets roulants, presses à injection, chimie… La musique est l’échappatoire au quotidien de manœuvrier. Il n’évolue pas dans un milieu musical, mais se met au saxo, puis à un très large éventail d’instruments : « J’étais médiocre dans l’usage de tous, mais au total, ça faisait une bonne moyenne », rigole-t-il aujourd’hui. Remonté comme l’horloge astronomique de la cathédrale, Stéphane quitte son giron pour Strasbourg, ville qu’il trouve « trop bourgeoise  », mais qui l’aimante. «  J’ai eu un bon mood à l’université  », ressentant une irrépressible envie d’apprendre. Son appétit de savoir le conduit à mener plusieurs cursus simultanément : musico, histoire de l’art, sciences du langage et des incursions en philo, socio… Petit à petit, il « développe une stratégie » pour construire sa culture, citant au passage Le Degré zéro de l’écriture de Roland Barthes. En 2002, l’étudiant passionné découvre Écoute. Une histoire de nos oreilles, essai de Peter Szendy qui explique sa démarche ainsi : « J’ai voulu savoir d’où elles me venaient, ces oreilles que je porte et que je prête. Quel était leur âge ? Que devais-je, que pouvais-je faire avec elles ? De qui les tenais-je, à qui en étais-je redevable ? » À partir de ce moment, Stéphane cesse de « jouer » de la musique et « assume d’être avant tout un auditeur. »

« D’Abba à Stockhausen, il n’y a qu’un pas » Dans la maison familiale, il y avait quelques cassettes – Abba, Elvis, la musique militaire du huitième régiment de hussards d’Altkirch… – mais guère plus. Puis il y a eu Zappa, Red Hot, Nirvana, le jazz… Et la musique dite contemporaine grâce à Musica qu’il découvre en 2001, ainsi que Jazzdor dont il ne rate pas une édition, pas une note, durant ses années d’études. «  J’étais vierge et je découvrais Louis Sclavis, Peter Brötzmann – la claque – , Heiner Goebbels, Georges Aperghis, Kaija Saariaho… Finalement, d’Abba à Stockhausen, il n’y a

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Hatice Özer qu’un pas ! » Le programmateur qu’il est devenu n’a pas oublié l’auditeur. Pour la prochaine édition de Musica, il a lancé un « avis de recherche » pour trouver des «  boomers, enfants des Trente Glorieuses », témoins de l’année de naissance du festival, 1983. Ainsi, Véronique Boyer, Bernard Pfister, Alain Harster, Louis Piccon, Violaine Bouttier, Françoise et Vincent Barret ont rejoint l’équipe pour participer à la programmation du cru 2023. Un festin rétrospectif – mais pas que – avec des brèches inédites ouvertes dans les murs de la musique contemporaine, comme ces jeunes musiciennes palestiniennes à écouter Au pied du mur et rencontrées dans le camp d’Aida à Bethléem, «  dans une cave, dans un contexte de méga-baston et de lacrymo ». Le 40 e anniversaire de Musica  ? Des larmes, ok, mais pas de lacrymogène !

Festival Musica, 15.09 --> 01.10 dans divers lieux

— au CEAAC (exposition « Colère divine »),

— à La Laiterie (soirée d’ouverture),

— à l’Opéra national du Rhin ( Don Giovanni aux enfers de Simon Steen-Andersen),

— au Hall Grüber du TNS ( A-Ronne de Luciano Berio),

— au Palais des fêtes (La Nuit Jean Catoire),

— en l’ église Sainte-Aurélie (Quatuor Arditti),

— au TNS ( KV385 de Séverine Chavrier et Pierre Jodlowski),

— en l’ église Saint-Paul (Sonic Temple vol. 5 : la lutte libre),

— à La Pokop ( Safe Place),

— à POLE-SUD ( Answer Machine Tape, 1987 de Philip Venables), festivalmusica.fr

— mais aussi à Bâle pour la clôture du festival le 1er octobre.

Les techniques traditionnelles verrières prisent à revers

Exposition temporaire jusqu’au 22 octobre 2023

Centre International d'Art Verrier infos : site-verrier-meisenthal.fr

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