mbre 2012 #23
zyvamusic.com トア Novembre / Dテゥce
DISCUSSIONS AVEC :
WHOMADEWHO
EN RHテ年E-ALPES
SUISSA
Nickel Pressing / C2C / oxmo puccino / BD : David Ziggy Greene + scティne locale, chroniques, agenda concerts / cd...
Ne pas jeter sur la voie publique
EZ3kiel
E D I T our le dernier numéro de l’année 2012, il fallait faire P les choses bien. Parler des derniers disquaires de la région Rhône-Alpes nous semblait être une priorité,
et ce, pour deux raisons : premièrement, parce que ce sont les derniers remparts contre “l’analphabétisme” de la musique ; et deuxièmement, on peut allégrement faire un parallèle avec ZYVA. Je m’explique. Chez le disquaire, le prix du disque est inévitablement plus cher qu’ailleurs, mais malgré tout, certains continuent à y aller. Pourquoi ? Pour l’ambiance, le conseil, la découverte, pour soutenir les artistes et le disquaire, entre autres. Pour ZYVA, c’est un peu pareil. Nos annonceurs y trouvent certes leur compte, mais ils entretiennent également notre passion, notre travail, celui des artistes dont on parle, alors merci à eux. Et pour ceux qui font le choix de ne pas apparaître dans nos pages, c’est leur décision et nous la respectons. Pourtant, paradoxalement, ce sont souvent ceux qui nous soutiennent le moins qui en demandent le plus. Bizarre... Maintenant que la parenthèse est close, on peut vous dire que ce numéro met en avant, entre autres, le groupe EZ3kiel et son univers si particulier. Toujours hors des sentiers battus, et après avoir expérimenté toutes sortes de concepts, les Tourangeaux se payent le luxe de revisiter leurs titres avec l’Orchestre Symphonique Francis Poulenc de Tours. Un vrai moment de poésie, mais qui aurait eu davantage sa place dans un opéra ou un amphithéâtre, qu’au Transbordeur. Dernière petite nouveauté dans ce magazine : la disparition de l’agenda central (il sera exclusivement disponible sur notre site internet), remplacé par nos coups de cœur concerts des deux prochains mois. Pour le reste, comme d’habitude, ce sera surprises, découvertes et bons plans. C’est à vous ! Grégory Damon
Passionnés de musique, vous souhaitez partager notre aventure, pour nous contacter : contact@zyvamusic.com Retrouvez les numéros précédents et les points de dépôt du magazine en téléchargement sur zyvamusic.com/mag
SOMMAIRE Keskiss pass dans l’coin ? p. 4 & 5 Discussion : Suissa p. 6 à 8 Zoom sur le local p. 10 à 12 Discussion : EZ3kiel p. 15 à 17 Statistiques... & Coups de cœur p. 18 & 19
Chroniques CD p. 20 à 22 Live Reports p. 24 & 25 Dossier : les derniers disquaires p. 26 à 29 Discussion : Whomadewho p. 30 à 32 BD : David Ziggy Greene p. 34
Novembre / Décembre 2012 | Edité à 20.000 exemplaires | 1000 Points fixes dans la région Rhône-Alpes Rédacteur en chef : Grégory Damon, redaction@zyvamusic.com, Directeur de publication et responsable commercial : Hedi Mekki commercial@zyvamusic.com, Rédacteurs : Jagunk, Yoch, Kymmo, Nicolas Gil, Coquin, Violette, Alizée, Sarah, Thomas Guillot, David, Anto, Léo. Photographe : Kymmo www.kymmo.com, Dessins : Coquin Maquette et graphisme : David Honegger, Chargé de communication/Presse : Nicolas Tourancheau, communication@zyvamusic.com Siège social : 12 rue Jubin 69100 Villeurbanne, Bureau / adresse postale : 6 Grande rue de Saint Clair - 69300 Caluire et Cuire Imprimerie : Pure Impression, Photos couverture : Yann Nguema Zyva 2004 : Tous droits de reproduction réservés pour tous pays. Aucun élément de ce magazine ne peut être reproduit d’aucune manière que ce soit, ni par quelque moyen que ce soit, y compris mécanique et électronique, online ou offline, sans l’autorisation écrite de l’association Zyva.
Remerciements pour ce numéro : Richard gamba et Falvie Rodriguez (Ezekiel), Benjamin Ancel (BNK Promotion), Yann (Nickel Pressing), Nicolas André (Jarring Effects), Laurent Pierson (Les Derniers Couchés), Amélie Vaissié (Épicerie moderne), Fabien Hyvernaud (Ninkasi), François Arquillière (Transbordeur), Yannick Vogel (Differ-ant), Paloma Soria (Pias), Erwan Julé (Boogie drugstore), Nina Irrmann (Ephélide), Eric Fillon (Mediatone), Val (La Stickerie), Elodie Pommier (Eldorado & Co), Delphine Gaillard (L’Original), Brigitte Klépal Morel (Théâtre Théo Argence), Gaël Michel (Totaal Rez), Maïlys Pointelin & Victor Bosch (Radiant-Bellevue), Kora (Ulysse Productions), Catherine Quiblier (Le Toboggan), Franck Charousset (Salle Le Bournot) et tous les bénévoles. Ce magazine est imprimé avec des encres végétales sur du papier blanchi sans chlore. Ce magazine a été imprimé par une entreprise Imprim’Vert certifiée ISO 141 qui intègre le management environnemental dans sa politique globale.
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KESKISS PASS DANS L’COIN ? La Fine Equipe par Kymmo
L’actualité des structures et groupes Rhône-Alpins
LES Oreilles en Pointe
Metissons-nous
Et de 22 éditions pour le Festival les Oreilles en Pointe ! À voir du 8 au 24 novembre dans la région de St-Etienne. Comme toujours les découvertes seront présentes lors de la dizaine de concerts des plus variés dans la thématique très large de la Chanson. On commencera le 8 à Firminy avec Anaïs, Anique Granger et Chloé Lacan, suivis le lendemain à Rive-de-Gier par Da Silva et Lisa Portelli. Le 10 au Chambon-Feugerolles, l’ambiance sera plus Rock avec Izia et Z-Star, puis le jeudi suivant on partira dans la Chanson indé avec Cafetera Roja et les Vendeurs d’Enclumes. La seule date au Fil de St-Etienne sera celle d’Hubert Felix Thiéfaine le 16, accompagné de Rad Cardell. Pour terminer, nous noterons la dernière date du Festival le 24 à Fraisses, avec une soirée Occitanie où concerts et Bals se suivront pour découvrir cette culture encore très vivante. + d’infos : www.oreillesenpointe.com
L’association Jaspir organise sa soirée Métissage pour la 8ème année le 10 novembre à Saint Jean de Bournay en Isère. Au programme de cette soirée Reggae : le Rocksteady de Jim Murple Memorial, l’Electro-Dub de Panda Dub (photo) et le Reggae de Kas & The Gnangara System. + d’infos : www.jaspir.com
De la chanson en beaujolais
Brisons le silence Toujours présente pour lutter contre les violences faites aux femmes, l’association Filaction organise à nouveau son événement Brisez le Silence du 23 au 30 novembre à Lyon. Au programme bien sûr : stands, discussions, sensibilisation, le tout sous plusieurs formes avec des jeux, des conférences, du théâtre et une soirée concert le 29 au CCO de Villeurbanne avec Yoanna et Les Hurlements D’Léo. + d’infos : www.filactions.org Festival HIPHOP SESSION
Du 14 au 17 novembre aura lieu à Villefranche-surSaône et alentours le Festival des Nouvelles Voix en Beaujolais. Pour chaque jour du festival, au moins trois concerts dans des villes et lieux différents dont plusieurs gratuits (et pas seulement les “petits” groupes !). Comme toujours le côté Chanson du Festival s’est ouvert à d’autres styles, avec cette année la présence des rockeurs de Skip The Use ou encore l’homme orchestre Lewis Floyd Henry. Pour le reste, on sera dans la Chanson Pop avec pêle-mêle : Chloé Lacan, Sophie Maurin, Elephant, Claire Denamur, L, Greenshape, The Dancers, Leon, Slow Joe & The Ginger Accident (photo), Christine & The Queens, Mina Tindle, Singtank et Juveniles. + d’infos : www.theatredevillefranche.asso.fr/
Petit trou d’une année après la 1ère édition de 2010, mais le Festival Hip Hop de Chambéry est de retour et il a perdu quelques kilos. Cette année plus de grosse tête d’affiche (IAM en 2010), ce sera plus restreint et ça se passe du 10 au 16 novembre. Comme pour tout évènement Hip Hop il y aura des concerts, de la danse avec des battles et du graph. Petite originalité avec une déambulation le premier jour en centre ville à 15h30 avec toutes les disciplines réunies. Pour les concerts on commence dès le 10 avec Zayin, S’ez et Tiyab. Le 12, le festival s’exporte à St-Jean de Maurienne avec un concert de Fabazy et des démos de Danse. La clôture de l’évènement se fera avec un concert de Ol Kainry et Sang Cible. + d’infos : www.chamberhiphopsession
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radiant le retour !
ELEctro palace
Le Radiant de Caluire va rouvrir ses portes au public le 12 janvier après d’importants travaux, et premier changement : le nom de la salle devient Radiant-Bellevue. Pour cette première demi-saison la Chanson Française sera au rendez-vous avec une petite dizaine de concerts. On commencera le 17 janvier avec Jane Birkin qui revisite des titres de Gainsbourg accompagnée de musiciens japonais. En février, trois chanteurs dans trois styles différents seront à l’honneur : le 6 Stephane Eicher retrouve la scène, le 13 ça sera l’occasion de voir Cali dans un cadre différent, lui qui est plus habitué aux grandes scènes, et enfin le 16 ce sera Arthur H qui se lance dans la lecture musicale avec l’Or Noir. Se suivront ensuite Vincent Delerm le 11 avril, Olivia Ruiz les 17 et 18 avril, Emilie Loizeau le 11 mai, Alex Beaupin le 14 mai et enfin pour terminer en beauté Thomas Fersen le 15 mai avec son nouveau spectacle Une Soupe Noire. On notera également la présence de la chanteuse de Fado Misia le 16 mai. + d’infos : www.radiant-bellevue.fr
Le Mistral Palace de Valence se lance dans les soirées Electro avec la première de Electro Palace le 17 novembre. Pour cette soirée vous aurez droit à 4 artistes de la région : les Lyonnais de Spitzer et trois valenciens Victor Mantel (photo), The Duckface et Wissem Sbaï. + d’infos : www.mistralpalace.com
Musique sombre à annecy
5 bougies pour destructuré ! Voilà maintenant 5 ans que les soirées électros Déstructuré ont envahies le Ninkasi Kao une fois par mois. Organisées par Elektro System, elles ont vues passer de nombreux artistes de la scène Techno et House (Ellen Allien, Monika Kruse, Gui Boratto, Anja Schneider, Paul Kalkbrenner, The Hacker...) C’est sur 2 jours les 7 et 8 décembre que seront fêtées ces 5 années de concerts. Le premier soir sera House avec Klangkarussel, Miimo et Acid Soda, le deuxième plutôt Techno avec Dominik Eulberg, Martin Buttrich et Wavesonic. + d’infos : www.elektrosystem.org soirée ez! #9
L’association Convulsion Sonores s’est donnée pour but la promotion des “musiques sombres” en tous genres (Indus, Trip-Hop, Chanson Française, Rock, IndiePop, New Wave, Gothique...). Active dans plusieurs ville de France (Lyon, Montpellier, Strasbourg...) c’est à Annecy qu’elle concentre sa principale activité. Les soirées Iceberg organisées au Brise Glace en sont la preuve, avec une 8ème édition le 24 Novembre et la venue de deux groupes français reconnus : Kas Product et Rosa Crvx suivis des Djs de l’asso G.G et Krank. + d’infos : www.convulsions-sonores.info/index.html Joyeux noël Thérèse Thérèse, mais qui est Thérèse me direz-vous ? Et pourquoi irait-on lui souhaiter un joyeux Noël ? Réponse 1 : Thérèse, qui n’a pas un physique facile et qui tricote des gilets pour sortir les poubelles... Non ? Réponse 2 : tu iras au Fil de St-Etienne le 15 décembre pour y voir Singtank, OK Bonnie, The Melting Snow Quartet, Dj Connasse et Tatie Charby. Le petit plus de la soirée : elle sera caritative et les dons y seront à l’honneur. + d’infos : www.le-fil.com
L’association Totaal Rez est toujours aussi active sur la scène des Bass Music avec des soirées régulières dans plusieurs lieux lyonnais. Le 24 novembre, la EZ! #9 se déroulera au Transclub avec en tête d’affiche Mad Professor (photo), l’un des grands maîtres du Dub made in UK. Il sera accompagné ce soir-là de Joe Ariwa, Mayd Hubb & Joe Pilgrim et Mankind Hi-Fi. Durant ce mois de novembre vous pourrez également vous rendre aux soirées Last Last Last au DV1 ou encore à la Bass Reflex #16 au Ninkasi Kafé avec Von D, Drumka, Phazz et Inwrd. + d’infos : http://totaalrez.com
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DISCUSSION Transbordeur, Lyon, 19/09/2012 Par Sarah et David. Photos live : Sarah
DR
SUISSA mieux fêter une sortie d’album qu’en invitant ses amis à venir jouer avec soi devant un Cainsiomment public sympathique ? Suissa a su trouver la bonne formule pour se faire plaisir, faire plaisir aux amis qu’au public. Bref, tout le monde s’est régalé ! L’artiste et ses deux acolytes, Eric Prost et Hadrien
Santos Da Silva, très généreux, se sont donnés pendant plus de deux heures, avec autant de pêche du début à la fin ! On a pu donc découvrir en live toutes les chansons de l’album “Chante et tais-toi”, mais aussi des reprises détonantes telles que “à l’envers, à l’endroit” de Noir Désir interprétée ce soir-là par Balmino. Toute la soirée a été pleine de surprises, avec de nombreux invités qui se sont succédés, tels que Prohom, Carmen Maria Vega, Billie, 2080, Francis Richert et bien d’autres... Ils sont venus pousser la chansonnette ou accompagner l’artiste, le temps d’un morceau ou deux, sur leurs propres titres, réarrangés par les soins de Suissa, ou sur ceux de ce dernier. En bref, c’était une soirée de qualité, avec une bonne dose d’humour, de folie et de vie, comme on les aime. “J’ai eu différents projets dont [...] Leitmotiv Blastik Pertrand [...] un projet un peu barré à la Zappa, musique poussée, très pointue...”
ZYVA : Comment ça s’est passé pour toi pour t’intégrer dans la scène lyonnaise ? Tu as eu plusieurs projets avant, comment est-ce que tu es arrivé jusqu’ici avec ce projet solo ? Suissa : J’ai eu différents projets ouais, dont un qui a tourné un bon moment, c’était Leitmotiv Blastik Pertrand avec lequel j’ai fait beaucoup de scènes un peu partout en France. Bon, c’était un projet un peu barré à la Zappa, musique poussée, très pointue, pas forcément tout public. On n’a pas vendu beaucoup de CDs mais on a fait de très jolies scènes! Donc on avait un public sur un réseau, sur un circuit assez pointu. Mais l’air de rien, ça m’a ouvert des portes sur beaucoup de lieux, des festivals, enfin des lieux comme ça... Et après, quand j’ai arrêté ce projet, j’avais déjà envie depuis un petit moment de faire de la chanson. Déjà, j’en ai écouté beaucoup, et puis je me suis intéressé à la scène qui existait déjà. Donc je suis allé écouter, j’ai fait plein de rencontres, des gens qui font des trucs supers ! Déjà, j’ai appris à voir ce qui se passait aujourd’hui, je pense qu’on l’a tous fait d’écouter ce qui a déjà été fait, comment ça a été fait... Et puis après, j’ai essayé d’y mettre ma patte à moi !
Z. : Et c’est au fil des rencontres que tu as décidé de créer ce projet avec tous ces gens qui jouent sur ton disque ? S. : Ouais voilà. Dans les musiciens, il y a Eric Prost au saxophone qui jouait déjà avec moi dans Leitmotiv Blastik Pertrand. Il avait déjà fait des remplacements dans le groupe. En plus, il avait un groupe quand moi j’étais minot, c’était le collectif Mu et c’était de la tuerie, c’était le seul groupe de Jazz où t’avais tout le monde sur les tables en train de hurler “Ahhhhhh !!!!!” C’était n’importe quoi, ils jouaient grave, c’était Rock quoi, et c’était super ! Donc le jour où j’ai joué avec lui, déjà j’étais tellement fier ! Et puis après, c’était des rencontres, là en ce moment je joue avec Hadrien Santos Da Silva, un jeune batteur qui est super, qui joue hyper bien, qui est sérieux et qui est beau, qui me fait chier ! Il est beau, il est bien, il est tout blanc ! Il gave quoi ! (Rires) Z. : Quand on parle de toi, beaucoup de gens disent “Ahh, mais je l’ai déjà vu à l’Absinthe Bar” S. : À l’Absinthe entre autres, ouais. Z. : Tu y traînes pas mal ? S. : Parlez pas de l’Absinthe, c’est bon. Non mais c’est ma cantine si tu veux, c’est l’endroit où j’adore jouer, j’ai essayé tout ce set de chansons, je l’ai expérimenté sur le public. Voilà c’est un lieu, c’est ma cantine. Bon si tu veux, évite de parler dans ZYVA que je joue à l’Absinthe parce qu’après, le problème, c’est que tous les gens pensent que je joue dans les bars. Et en même temps,
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Hadrien Santos Da Silva, Eric Prost et Suissa à côté de ça, je faisais Woodstower, j’ai joué à Orléans, j’ai joué sur d’autres dates, sur d’autres scènes nettement plus intéressantes que de jouer à l’Absinthe. Mais j’adore y jouer ! Maintenant, je ne l’annonce plus sur mes dates de concerts, mais j’y suis tous les deux mois. En plus il se trouve que Gab, qui était l’un des patrons du bar, qui a maintenant arrêté, c’est le producteur de l’album. Il a coproduit l’album avec moi et ma productrice. Donc voilà, y’a une histoire avec ce lieu, je l’aime c’est certain ! Z. : De toute façon, c’est sûr qu’il y a une émulsion de la scène locale, avec les lieux locaux, les acteurs locaux qui travaillent ensemble. S. : Oui c’est sûr, enfin c’est pas l’Absinthe qui m’a permis de sortir du truc. C’est un lieu qui est à côté de chez moi où j’adore aller jouer, tester des nouveaux morceaux, me marrer, boire des rhums... Plus on me paye de rhum et plus je joue... C’est pour ça que j’essaye de ne pas y jouer trop souvent, j’y joue une fois tous les mois ou tous les deux mois. Pour mon foie, c’est mieux, mais le problème c’est que dès que tu mets en avant ce truc là, dans la tête des gens c’est “tu joues à l’Absinthe”, et j’ai eu quelques articles où c’était “Suissa, c’est le roi de l’Absinthe, c’est parti !” Donc faut faire gaffe à ce truc là, quoi... Enfin peu importe, après si vous avez envie de dire que je joue à l’Absinthe, je joue à l’Absinthe et je l’assume tout à fait ! Enfin voilà, dans l’optique des concerts, là y’a des bonnes dates qui arrivent, voilà ! Z. : Justement, cette tournée de sortie d’album, elle s’annonce grosse ? S. : Non, c’est une tournée sympa ! Ce qu’il se passe, c’est que là je suis à un point où j’ai besoin d’un tourneur, c’est important car on commence à être une formation, on est trois sur scène : t’as un ingé son, un éclairagiste. Et être régisseur de tournée, ça commence à être un peu trop gros pour que je puisse continuer à le gérer. Là pour le coup, jusqu’à présent, c’est surtout des potes qui m’appellent. Pendant un moment, y’a un peu O’Groove qui m’aidait dans le booking, mais pour le moment il me faut un booker. Là, y’a Samedi 14 que je
tanne, parce que c’est un pote et un bon tourneur. Mais aussi en ce moment, je fais des appels d’offre sur les bookers, et tant que j’ai pas de tourneur je me débrouille comme je peux, j’ai calé quelques dates et y’en a des belles qui arrivent, mais c’est plutôt ponctuel. Y’a pas une tournée qui est mise en place, je pense que ce sera pas avant l’été prochain ! Z. : Tu ne penses pas que c’était risqué de sortir un disque avant d’être établi avec un tourneur ? S. : Si ça l’est, mais de toute façon quand t’es au même niveau que moi de production, y aura toujours un truc bancal, t’avanceras jamais si tu penses comme ça... Parce qu’il faut que tout soit en place : le distributeur, le producteur, le tourneur, l’attaché de presse, faut que t’aies tout en même temps ; sauf que pour avoir ça, si t’as pas une prod’ qui a beaucoup de pognon, bah tu l’as jamais ! Donc tu te lances, t’y vas, et petit à petit tu fais des rencontres et ça avance. Donc j’ai opté pour la sortie d’album, on fait quelques trucs. D’ailleurs jusqu’à la fin de l’année, je vais travailler sur deux clips, et ça, ça va me prendre beaucoup de temps. Parce que c’est pareil, y’a pas d’argent, donc c’est surtout de la débrouille, et puis c’est moi qui m’y colle, tu vois ! Z. : Donc la soirée de ce soir, elle est importante quelque part pour toi ? S. : Bah bien sûr qu’elle est importante ! C’est l’évènement, c’est la fête pour le nouvel album qui sort fin septembre. Donc oui, c’est un événement ! Z. : Et vous l’avez préparée comment, cette soirée ? S. : Bah là pour le coup, j’y ai passé beaucoup de temps. Au départ, mon idée c’était de faire une teuf pour marquer le coup, donc j’invite des potes. Je me suis dit “je vais en brancher dix et sur les dix, y’en a trois qui vont venir”. Il se trouve qu’ils sont tous venus ! C’est super tu vois, donc ça fait un mois que je suis dans la cave à répéter avec Hadrien. Pas Eric parce qu’il est jamais là, parce que Monsieur n’a pas besoin de répéter, Monsieur vient juste de temps en temps, Monsieur est un jazzman (rires) !
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Non mais ouais, on a passé beaucoup de temps à répéter, on a fait deux-trois répèt’ avec tout le monde, pour faire en sorte que ce soit un truc qui tienne la route et que ce soit pas juste “oui y’a des copains qui viennent” et puis on massacre trois morceaux. On essaye de faire ça bien. Donc non seulement au départ c’était un trip de faire de la zik avec des gens que je kiffe et que je respecte beaucoup dans la chanson, dont les deux demoiselles qui jouent avec leur I-Phone derrière... (en parlant de Carmen Maria Vega et la chanteuse de Billie) (Rires) Et il se trouve qu’en plus, ça fait un coup de pub. C’est un truc qui est venu plus ou moins après, mais bien sûr qu’il y a un truc médiatique et j’espère un de ces quatre pouvoir en reparler à toute l’équipe, à tous ceux qui ont participé au truc. Je trouve que le fait de se mélanger tous, de reprendre les morceaux des potes, de réarranger, c’est beaucoup de boulot honnêtement, pour que ça colle avec les plannings... Enfin, il a fallu beaucoup de hasard pour que ça se passe, je sais que c’est pas évident à reproduire, mais ce serait super si on arrivait à faire ça une fois par an ! Y’a vraiment quelque chose de sympa ! Enfin honnêtement, c’est beaucoup de boulot, j’y ai passé beaucoup beaucoup de temps... Z. : Donc ce soir, il va y avoir de tes chansons et celles de tes potes ? S. : Voilà ! Ouais, l’idée c’est que tous mes potes chanteurs viennent faire un ou deux morceaux à eux, y’en a certains qui vont faire des duos avec moi sur mes chansons. À la fin, on finit, tout le monde chante un petit peu, enfin plein de surprises, on verra... Je fais des tablas... Zen, je vais mettre de l’encens... Ça va être cool (rires) ! Z. : On a hâte de voir ça ! S. : Qu’est-ce que je pourrais vous dire d’autre sur cet événement ? Oh les filles, vous avez quelque chose à raconter à ZYVA ? (parlant à Carmen Maria Vega et Amélie la chanteuse de Billie) Amélie : Bah, on est ravies d’être là ! Carmen : Voilà (rires) ! A. : On est venues défendre un bel artiste, un bel album ! Parce qu’on en a des copains qui font de la merde, mais c’est mieux quand c’est bien... (rires) C. : Méfie-toi, ils te retranscrivent mot pour mot (rires) !
“J’ai pas écrit des histoires en me disant, je vais faire un début, une fin, un personnage qui se déplace et qui dit Youpi tralala et qui à la fin fait youpi caca” S. : Moi je peux te dire que tout n’est qu’Amour, déjà ! Plus ça va et plus cet album chanson m’a amené à ce truc-là! Vraiment, un truc où tu ouvres tes chakras, je suis de plus en plus baba cool, je crois... A. : Ouais, enfin t’es hyper amoureux, aussi ! S. : Ouais, peut-être c’est ça... Non, d’ailleurs à l’époque tu regardes, j’étais plutôt déprimé ! Non mais y’a plein de chansons qui ne parlent pas d’amour, comme on pourrait le croire... Mais honnêtement, je ne sais pas si j’avais bien envie de rentrer dans le texte, les profondeurs de ce que je raconte. En gros, j’ai écrit sur ce qui m’entourait, ce que je voyais, ce que j’ai vécu, ce que j’ai vu autour de moi, donc honnêtement c’est pas romancé. J’ai pas écrit des histoires en me disant, je vais faire un début, une fin, un personnage qui se déplace et qui dit “Youpi tralala”, et qui à la fin fait “youpi caca”. J’en avais rien à foutre de raconter une histoire qui me parle pas, qui raconte un truc qui n’est pas vécu ou que je n’ai pas entendu... Donc c’est des choses personnelles dans l’ensemble. Donc des fois je cherche pas spécialement à ce qu’on me comprenne... Je m’en fous un peu. Pour l’ensemble d’un morceau, j’essaye quand même qu’il y ait un sens, mais j’aime bien aussi l’idée qu’il y ait certaines choses où chacun pourra bien y trouver un peu ce qu’il veut là dedans, en particulier moi. C’est un peu ma poésie à moi si on peut dire. Ces petits espaces de liberté... Titre d’un artiste ou d’un groupe qui pourrait te représenter toi ou ta musique : Carmen Maria Vega - En attendant C’est un morceau qui est pour moi une histoire d’amour assez folle et je me retrouve pas mal dans les harmonies. Je les utilise beaucoup, j’ai fait quasiment tout l’album avec ça ! J’étais plus dans un truc de mélancolie... Après, les filles sont là, donc vous me faites penser à vos morceaux... Balmini il boit des coups au bar, donc tant pis ! Dans ZYVA, on va parler de Carmen et Billie (rires) !
Z. : On a écouté le disque du coup, et y’a des chansons dont on a du mal à comprendre le sens. Des fois, on pense que c’est une chanson d’amour, et puis tout d’un coup y’a une phrase qui vient semer le trouble... Donc est-ce que tu peux nous parler un peu des thèmes ?
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Chante et Tais-toi
Label : Gourmets Rec
chanteettaistoi.com
ZOOM SUR LE LOCAL Theatre Theo Argence Par Jagunk C
’est un vent de chansons qui soufflera sur le théâtre Théo Argence en cette fin d’année. Adepte de belles phrases et de bons mots, la structure de Saint-Priest donnera la parole à plusieurs artistes répertoriés Chansons et Rap pendant 3 jours. Jeudi 13 décembre Jeanne Garraud : la lyonnaise qui, accompagnée de son fidèle piano, essayera de nous transporter dans son univers bien à elle. Liz Cherhal : soeur de Jeanne et compagne d’Alexis H.K. (ça c’est pour l’aspect Paris Match) elle est à la fois guitariste, chanteuse, et accordéoniste. Son créneau : interpréter des chansons à thèmes forts (la folie, l’amour, la mort, le handicap, le deuil, le suicide...) avec un côté un peu décalé. Benjamin Paulin : à le voir aujourd’hui, rien ne laisserait penser que le Monsieur a commencé la musique dans les années 90 au sein du groupe de Rap Puzzle... car désormais Benjamin fait dans la chanson entre Daho, Gainsbourg et Dutronc. Oui je sais, c’est large comme influences mais c’est comme ça. Vendredi 14 décembre La Grande Sophie : avec déjà 15 ans de carrière à son actif, la Thionvilloise fait partie de l’ancienne garde de la Chanson Française par rapport aux 3 précédents. Malgré tout, elle n’a rien à leur envier et viendra présenter son dernier album, “La Place du fantôme” entre Pop, Folk et Chanson. Samedi 15 décembre La polémique Kery James : Suite à sa Lettre à la République (un des titres de son dernier album “92-2012”), le mouvement Bloc Identitaire fait tout pour annuler les différentes prestations du rappeur en France en faisant pression sur les mairies et les préfectures à coups de mails et de messages téléphoniques. La cause selon eux : l’incitation à la haine raciale que provoque certains mots de cette chanson. Ce que le Bloc Identitaire semble ignorer c’est que Kery James n’est pas forcément le meilleur client pour ce genre d’accusation. Premièrement parce que ces textes englobent beaucoup de choses et tapent sur beaucoup des gens différents. Deuxièmement parce que ces concerts sont remplis de personnes venues de tout horizon social et ethnique qui savent pour la plupart, faire la part des choses sur le sens de ces paroles. Il est loin de l’aura toute puissante que certains protagonistes du Rap ont sur des fans aveugles et crédules. On peut néanmoins accepter que certains phrases de ce texte soient pourvues d’un sens moralisateur dérangeant et qu’elles peuvent, en les prenant dans un certain sens, monter certaines communautés entres elles, notamment en cette période trouble idéologique. De toute façon, la liberté d’expression devrait sans aucun doute avoir le dernier mot dans cette affaire. Heureusement pour la musique.
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Nickel Pressing T
endances philharmoniques (sous acide), harmonies bancales charmantes, envolées lyriques déconcertantes et synthétiseurs à la folie chatoyante, voilà le langage châtié qui conviendrait à la description de Nickel Pressing. Force est d’user de l’adjectif pour tenter de décrire ce groupe atypique à l’humour absurde et à la sensibilité exacerbée. Le trio lyonnais exerce sa folie jubilatoire depuis 2008, et brûle les planches en première partie de The Chap et We Have Band, pour finir par signer en 2010 chez LoAF Recordings (Grimes, NZCA/Lines, The Chap...), ces tarés d’Outre-Manche. Depuis, on leur doit un tube de l’été avorté, Insel Paradisio, et son explosion de clochettes à faire pâlir le plus fier des cocotiers, un EP... et c’est tout, puisque leur premier album est en préparation. “On s’est rendus compte que Boys, Boys, Boys de Sabrina n’avait jamais reçu d’héritage digne de ce nom” : là réside l’ambition de ces jeunes scientifiques fous de la musique tous styles confondus. Robinson Crusoë de la scène alternative lyonnaise, Nickel Pressing bouscule les conventions musicales idiotes tels de jeunes voyous armés de synthétiseurs et de violons : “On n’avait pas de guitariste ! Je ne vois pas le groupe
DR
ZOOM SUR LE LOCAL
Par Alizée Photos Live : Kymmo
comme ça, pour l’instant. Pour moi, la construction d’un groupe, c’est d’abord une rencontre de personnes qui ont envie de travailler ensemble pour x raisons. Nous, on fait avec ce qu’on sait faire et ce qu’on a. Après, si on avait vraiment eu envie d’une guitare, l’un de nous s’y serait collé, mais de là à chercher quelqu’un en plus...” Visionnaires qui s’ignorent, ils ont incendié le Transclub en première partie de WhoMadeWho le 5 octobre dernier, clôturant avec brio leurs quelques jours de résidence dans ladite salle. Il faut dire que malgré leur apparente virginité, les trois compositeurs n’en sont pas à leur coup d’essai : Yann Sandeau (Batterie) a suivi huit années de formation classique au clavecin et sorti deux EPs avec le groupe Elan d’Arkel ; Gaël Monnereau (basse) a déjà sévi au sein de Clark Nova Portative et Krokodillen ; tandis que Pierrick Monnereau (violon et chant) est médaillé du conservatoire en violon classique et manœuvre le projet Electro-Pop Artificial Non Intelligence. Vous l’aurez compris : Nickel Pressing est définitivement un des groupes à suivre en cette fin d’année 2012. + d’infos : nickelpressing.com
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ZOOM SUR LE LOCAL Par Jagunk
Riddim collision A
u moment où les jours commencent à rétrécir de manière conséquente et que le froid commence à s’installer, le Riddim Collision, lui, pointe le bout de son nez. Inutile de présenter ce rendez-vous incontournable de la scène lyonnaise organisé par la structure Jarring Effects et Active Disorder, puisqu’on en est aujourd’hui à la 14ème édition de ce festival urbain de musiques alternatives. Par contre on peut s’arrêter un instant sur quelques groupes à découvrir durant ces cinq jours ! Death Grips : Groupe de Sacramento qui a fait parler de lui, il y a peu, en balançant eux-mêmes leur nouvel album gratuitement sur internet car leur label ne pouvait pas leur garantir une date de sortie avant l’année prochaine. Al’Tarba : Beatmaker toulousain, passionné par le cinéma de série B et le Rap, on pourrait le définir comme un Punk de l’Abstract Hip-hop. Accompagné de DJ Nix’on avec ces scratchs bien sentis, leur live sera sans contexte un bon moment. (Voir itw sur www.zyvamusic.com) Oyaarss : Adepte de son exotique ? Oyaarss est fait pour toi. Venu de Lettonie, il viendra nous présenter son univers bien à lui entre Indus froide et minimaliste, Noise voire Métal par moments. N’emmène pas Mamie ce soir-là ok ? Nosaj Thing : c’est comme qui dirait le genre d’artiste qui est né avec des machines dans les mains et des mélodies plein la tête. Jason Chung, de son vrai nom, est déjà annoncé par beaucoup comme “prometteur” notamment grâce à son premier album sorti en 2009 et rapidement hissé au top des charts de téléchargement web. The Oscillation : 4 Anglais, un peu de Rock, une ambiance Psychédélique, des montées progressives et un petit quelque chose de Pop, The Oscillation est là pour mettre d’accord les fans et les non-fans du genre. Pour les autres dizaines de groupes qui composent le festival, ce n’est pas qu’on les aime moins, mais on ne va pas vous mâcher tout le travail non plus. On se bouge et on va découvrir tout ça en live du 6 au 10 novembre partout dans Lyon.
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DISCUSSION
PROCHAINS CONCERTS
Ez3kiel
09/11 Romans sur Isère (26) - Théâtre Les Cordeliers 23/11 Chambery (73) - Le Scarabee 24/11 Bourg En Bresse (01) - Théâtre
Transbordeur, Lyon 05/10/2012 Par Violette. Photos Live : Yann Nguema
n pouvait déjà deviner l’idée avec “Naphtaline” en 2009. EZ3kiel font leur retour à Lyon, se O transformant en un orchestre d’une petite quinzaine de musiciens. Entre cuivres et cordes, passant par des ondes thérémines, les morceaux piochés dans toute la discographie sont revisités avec une énergie et une profondeur incroyable. On ajoute à cela un univers visuel adéquat ultra-travaillé, croyezmoi, ça vaut le détour. Stéphane et Joan nous racontent le déroulement du projet, né, entre autres, de propositions inattendues.
ZYVA : Ce soir, c’est une des premières dates. Johan : C’est la troisième. Z. : Vous avez peut-être déjà des retours du public. J. : Les gens ont l’air content. Z. : Ils ne sont pas vraiment habitués à ce nouveau concept, avec les musiciens classiques. J. : Je pense que les gens sont aussi habitués à ce que ce soit à chaque fois différent. Ils ne sont pas trop étonnés non plus. Z. : Le fait que vous changiez régulièrement de style est un choix ou est-ce que vous vous cherchez encore et toujours ? J. : C’est un choix. C’est aussi parfois le hasard des opportunités, des envies... En tous cas, ce qui est sûr, c’est que depuis le début d’Ez3kiel, on essaye à chaque fois de se confronter à d’autres styles musicaux, d’autres musiciens. C’est surtout des envies de se renouveler à chaque fois. Là, ça pourrait s’apparenter un petit peu
à la rencontre avec les DAAU. C’était des instruments classiques, même si le groupe en faisait quelque chose d’assez unique, étant donné qu’ils jouent depuis longtemps. C’est un peu la même approche. Z. : Comment avez-vous rencontré les musiciens qui vous accompagnent ce soir ? J. : Ils font tous partie de groupes différents sur Tours, sinon il y a des musiciens qui ont un “vrai” travail. On connaissait à peu près tout le monde, sauf le quatuor, que Benjamin, le violoncelliste, nous a présentés. Z. : Je suppose que c’était une stratégie de sortir le CD/DVD live en même temps que le début de la tournée... Stéphane : De toute façon, sortir un album sans tournée derrière... Ce n’est pas vraiment une tournée de promo. Ça nous permet de faire une tournée de concerts avec un ensemble, ça nous permet de revivre les morceaux. Z. : Comment s’est passé le travail de retranscription
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musique classique pour avoir eu envie de faire ça. J. : On a quand même mis du temps, de la genèse du projet jusqu’à son aboutissement. Pendant ce temps, on a appris beaucoup de choses. Comme à chaque fois qu’on fait un album, on apprend beaucoup des autres musiciens, on écoute des choses nouvelles. Après, heureusement que Stéphane était là pour l’écriture, parce nous, à part faire ça en midi, tranquillement derrière notre ordinateur en studio et appuyer sur une touche, pour retranscrire... En tous cas, on n’a pas d’idées préconçues sur la musique. On ne se dit pas “Il faut que ça sonne comme ci, comme ça”. Surtout qu’entre la première version et la deuxième à Tours, en juin 2011, les partitions ont vraiment évolué.
“On ne pouvait pas tourner avec Naphtaline à l’époque. Il y avait beaucoup trop de musiciens, différents, le travail de mix était énorme.” des anciens morceaux en version classique ? Comment est-ce que vous avez travaillé avec les musiciens ? J. : Il y avait des partitions pour le Naphtaline Orchestra. Donc les cordes et les cuivres ont démarré à partir de ça et ont fait leurs arrangements, puis on a fait les finitions ensemble. Ils étaient un peu plus libres qu’avec l’orchestre symphonique. On avait écrit des partitions et ils devaient les suivre, point. S. : Certaines partitions sont écrites et suivies à la lettre. J. : Pour la tournée, on a choisi des gens qui ne soient pas que musiciens-interprètes mais qui puissent arranger les morceaux afin d’avoir la liberté de faire ce qu’ils veulent, tout en gardant un droit de regard. Après, il y a des choses qu’on n’aurait jamais osé faire, étant donné que nous n’avons pas les mêmes sensibilités. S. : Ils sont habitués à ce genre d’écriture, contrairement à nous. À la fin, ils ont fait ce qu’on attendait. Z. : Le fait de retranscrire des morceaux Dub ou Rock n’est pas anodin. Vous devez écouter pas mal de
Z. : D’ailleurs, pourquoi avoir laissé passer autant de temps entre Naphtaline et ce projet ? Vous avez même sorti un album qui n’est pas vraiment dans le même esprit (Battlefield). J. : On ne pouvait pas tourner avec Naphtaline à l’époque. Il y avait beaucoup trop de musiciens, différents, le travail de mix était énorme. On ne s’en rend peut-être pas compte mais il y a beaucoup de timbres différents et ça aurait demandé beaucoup trop de temps à retranscrire sur scène. On a donc mis ça de côté, sachant qu’à l’époque, on n’avait absolument pas pensé à faire ça avec un orchestre. C’était une petite pause musicale. La continuité a été le CD-ROM des Mécaniques Poétiques. Puis une salle à côté de Grenoble, qui s’appelle l’Hexagone, nous a donné cette idée et nous a proposé de jouer avec l’orchestre du conservatoire de Grenoble. On est restés en résidence là-bas pendant deux ans, ce qui a permis à Yann de se faire aider pour les Mécaniques Poétiques. On n’a pas énormément de moyens non plus, ce qui a tendance à nous ralentir un peu dans nos projets, vu qu’on fait partie de la génération “Do It Yourself”. Ce qui nous plaît quand même dans cette démarche est le fait qu’on ne demande rien à personne et personne n’est derrière notre dos pour nous dire ce qu’on doit faire. Ce qui est important, puisqu’il y a pas mal de musiciens happés par des espèces de mecs nommés “directeurs artistiques” qui massacrent la musique. C’est marrant de voir l’envers du décor pour certains artistes qui se la jouent “rebelles” alors qu’ils ne le sont absolument pas. Puis c’est pareil pour certains groupes supers qui ont commencé en même temps que nous et ont terminé de la même manière à cause d’une major ou autre. Z. : J’ai l’impression que vous restez dans cet esprit de partenariat avec pas mal de villes en France, vous allez chercher les choses à droite à gauche et c’est assez rare aujourd’hui. S. : En général c’est surtout des propositions, comme avec Grenoble. Avec Tours, comme c’est chez nous, la ville avait envie de nous faire jouer dans un bel endroit. Pour Lille, c’est une personne qui nous a vus à Grenoble et avait envie de faire ça chez lui. Disons qu’on ne décide pas des endroits ou des musiciens. Ça se fait au hasard.
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Et ces propositions rentrent ensuite dans un cadre assez strict, lié à nos besoins musicaux. On commence à avoir des cadres types grâce auxquels on peut fonctionner. Comme disait Jo, si on ne récolte pas les fruits du “starsystem”, on peut au moins avoir des conditions de travail de musiciens qui savent ce qu’ils veulent et ce qu’ils auront. C’est tout ce qu’on demande. Z. : Et votre public suit derrière ? J. : Oui. On se rend compte qu’on voit les mêmes personnes au fil des années. C’est marrant parce qu’il y a des enfants maintenant, et également les grandsparents. C’est assez incroyable. Z. : Vous parliez, dans nos discussions en 2007 et 2008... S. : Oulah ! On a dû dire des conneries (rires).
toujours faire ce qu’ils veulent mais il y aura toujours du détournement. Surtout au niveau de la génération de la vingtaine, car on fait plus partie de la trentainequarantaine, mais ils téléchargent tous, toute l’actualité, tout le temps. Z. : Je pensais justement à vous car les artistes que ça touche le moins, ou en tout cas que ça arrange le plus, sont ceux qui font de la musique Electronique en général. Ils se rattrapent sur les soirées. J. : Nous, on se fait de l’argent grâce à nos concerts et on fixe le tarif du DVD live nous-mêmes, avec notre association. Je pense qu’on gagnera toujours notre vie de toute façon. Mais on est quand même vingt sur la route, trois camions, c’est comme ça. Puis les organisateurs nous connaissent et on n’a jamais abusé sur les prix, comme on aurait pu le faire à un certain moment. C’est d’ailleurs grâce à notre ancien manager, Fred, pour qui la règle d’or était de ne jamais abuser à ce niveau-là. Il nous a dit “Vous verrez, un jour, ça paiera”. C’est aussi pour ça qu’on a fait beaucoup de concerts. Il y a plein de groupes qui réagissent de la même façon, comme High Tone, ceux de Jarring Effect.
“Certains potes, qui font des tournées, sont déçus de la baisse de fréquentation des salles.”
Z. : Vous parliez, assez vaguement, du téléchargement. Comme aujourd’hui c’est un fait beaucoup plus ancré dans la société, est-ce que vous vous sentez touchés particulièrement ? J. : Aucunement. Justement, c’est déjà bien trop avancé. On n’empêchera jamais rien. Nous-mêmes on télécharge. Enfin pas moi, personnellement, mais les gens qui m’entourent le font. Après, le groupe en a jamais pâti puisque les gens achètent nos albums. On n’a jamais eu de problème à ce niveau-là. Je vais encore leur taper dessus mais c’est à cause des gros cons de majors. Ils n’ont pas vu le vent venir, ont joué avec l’argent et maintenant c’est trop tard. Ils pourront
Z. : En parlant de ce genre de groupe, vous avez pu voir que la mode est plutôt à l’Electro... S. : Au slim. Et au fluo (rires). Z. : Comment est-ce que vous voyez l’avenir du rock ?
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J. : On ne le voit pas du tout et on s’en carre l’oignon. Z. : Vous avez une culture Rock à la base... S. : Nous, on décidera de rien. Juste de ce qu’on voudra faire entre nous. J. : Je trouve qu’au niveau des groupes de Rock, ça n’a jamais été aussi bien. Même dans tous les styles, il y a plein de choses mortelles. Il y a plein de “cross-over”, on va dire. C’est très intéressant. Z. : Oui c’est sûr, pour des gens comme vous qui avez une culture musicale assez large. Mais pour ceux qui débarquent, l’approche est différente. Rien qu’au niveau du rock, il n’y a aucune sortie dont le genre ne soit pas précédé du mot “pop” (rires). J. : Il faut fouiller un peu. Mais il y a plein de groupes super intéressants. S. : C’est vrai que certains potes, qui font des tournées, sont déçus de la baisse de fréquentation des salles. Mais il y a plus de diversité. On en est content car pour nos concerts, il y a toujours du monde.
sont contents. Mais ne vendons pas la peau de l’ours... Avant la mousse, tout ça. (Rires) On n’oublie pas le revers de la médaille. Z. : Vous avez quelque chose de différent en visuel sur cette tournée ? S. : Yann a fait des nouveaux visuels, les a réarrangés, a changé de plateforme. Il a aussi fait son propre logiciel. F. : Presque toutes les vidéos sont gérées en live à présent, depuis la dernière tournée avec “Battlefield”. Il gère tout ça sur place et utilise même un système tactile pour créer des effets de mouvements. Titre d’un artiste ou d’un groupe qui pourrait vous représenter vous ou votre musique : Fishbone - They All Have Abandoned Their Hope On ne fait pas du tout du Fishbone mais ils nous ont tellement ouvert les yeux. Bon on reste sur Fishbone ! Mais un autre morceau cette fois (Voir l’interview précédente sur notre site).
Z. : Vous avez un public qui vous suit depuis un bon bout de temps, vous n’avez pas de problème à ce niveau-là. S. : Ça va vite ! Chaque fois qu’on commence un projet, on a cette crainte-là. On a quand même bien bossé depuis Naphtaline. Donc pour nous c’était en 2005. On a aussi pas mal travaillé sur le projet avec Hint, le projet DVD avec l’orchestre... A chaque fois qu’on a terminé un projet, on était toujours content de ne pas avoir eu de problème, d’avoir fait des bons concerts avec une bonne ambiance et donc des gens qui viennent et qui
Naphtaline Orchestra Label : Jarring Effects
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DISCOGRAPHIE Handle With Care (2001)
Naphtaline (2007)
Premier album après l’EP “Equiliez it”
Projet multimedia, avec une partie cd-rom intéractive pour une musique plus orchestrale que les précédents albums.
Battle Field (2008)
Barb4ry (2003)
Retour au son Rock et guitares éléctriques qui les a tant inspirés.
Album assez eclectique en terme de musique Electronique et Dub et qui marquera de son empreinte la musique du groupe.
Collision Tour (2009)
Versus Tour (2004)
Album live issu de la rencontre avec Hint, groupe de Rock officiant dans les années 90.
Premier album live, accompagné d’un dvd. Le groupe est accompagné sur scène de DAAU.
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Statistiques... Illustrations et textes : Coquin
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Retrouvez
mplet
l’agenda co des
concelpretss en
Rhône-A om zyvamusic.c sur
Lyon 09/11 Festival les inrocks: Citizens!+ Spiritualized + Team me + The maccabees (Pop/Rock) Transbordeur / 30€ / 19h30 23/11 No Means No (Punk) + Pedro de la Hoya (Punk Rock) L’Epicerie Moderne /
13€ / 20h30
30/11 Tech N9ne + The beatnuts (Hip-hop) Ninkasi Kao / 25€ /
20h30
01/12 Maniacx + Andy Kayes + Kacem Wapalec + Konee7 (Hiphop) Marché Gare / 12,80€ / 20h30
St Étienne 08/11 General Elektriks + Lateef the truthspeaker (Pop/Funk/ Electro) Le Fil / 20€ / 20h30
22/11 Sallie Ford & the sound outside + Junior (Rock Vintage) Le Fil / 18€ / 20h30 Grenoble 09/11 Biga ranx (Reggae) L’ampérage / 12€ /
10,75€ / 20h30
03/12 Dark dark dark + Love like birds (Folk/ Pop) Epicerie moderne / 14€ / 20h30
Annecy 06/12 The bewitched hands + Concrete knives (Rock/Pop) Le Brise glace / 15€ / 21h 07/12 Chapelier Fou + Angil and the hiddentracks (Electro) Le Brise glace / 15€
/ 21h
20h30
13/11 Eths (Métal) La Bifurk / 15€ / 20h30
07/12 Cabadzi (Hiphopacoustique) + Mû (Triphop) La Bobine /
10€ / 20h30
07/12 Milkymee + Joe Bel (Folk) Marché gare /
Chambéry 23/11 Ezekiel (Electro) Le Scarabée / 22€ / 21h
13/12 Odezenne (Rap) L’Ampérage / 12€ / 20h
Valence 17/11 Spitzer (Electro) Mistral Palace / 8€ / 20h30
Bourg en bresse 10/11 Pony pony run run + Easy pulp (Pop) La Tannerie / 27€ / 20h30 23/11 Miss white (Piano bar / Hiphop)au Théâtre de Bourg
Bourgoin jallieu 30/11 Dissonant nation + Mirabo + Soma (Rock) Les Abattoirs /
15€ / 20h30
Aubenas 13/12 Youssoupha + Andy Kayes + Chatofort (Rap) Centre culturel le Bournot / 16€ / 20h 07/12 Moriarty + Christine Salem (Folk World) Théâtre de Vals les Bains Riorges 27/11 Sandra Nkake (Jazz / Soul) Salle du grand marais / 10€ / 20h30 Macon 08/11 Mass Hysteria (Métal) La cave à musique / 16€ / 20h
/ 24€ / 20h30
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CHRONIQUES CD Label : Easy Star Records
Après Pink Floyd et les Beattles, Easy Star All-Stars s’attaque à Mickael Jackson avec “Easy Star’s Thrillah”. L’intégralité de l’album en version Dub, les fans du “King of pop” vont peut-être s’arracher les cheveux, mais cela valait le coup. Ça a dû être moins compliqué que pour Dub Side of the Moon, mais Easy Star All-Stars sort quelque chose de vachement bien ficelé. Musicalement c’est très bon, le bassiste a un bon groove, et les cuivres sont très bien en place. On est tenté de dire que les titres ont été enrichis. Le collectif - il y a la bagatelle de 21 musiciens sur l’album - signe une très bonne reprise de Wanna Be Startin’ Somethin’, en featuring avec Ruff Scott, qui fait presque oublier la voix de MJ. Le chant, ça a dû être le plus gros cassetête de nos amis Reggae men, mais ils se sont entourés de grands noms : Luciano, Christopher Martin, Kirsty Rock... À chaque morceau, son invité. En plus des neuf titres de l’original, Easy Star AllStars nous sert deux autres reprises : Dub It et Close To Midnight, quasi instrumentales, et si l’on excepte quelques phrases, gonflées de chorus et de reverbes, assez remarquables. Si vous avez des amis fans, on vous conseille de leur offrir l’album, car pas sûr que Sony soit prêt à sortir un vinyle de Thriller avec la version Dub en face B. Léo
Elisa do brasil | rolling the dice | Label : X-Ray Prod 2 ans après son premier album “Strokes” sorti en 2009 (alors qu’elle fait du son depuis une quinzaine d’années), revoilà Elisa Do Brasil. Avec ce nouvel opus, “Rolling The Dice”, elle compte bien asseoir son statut de Dj internationale dans la catégorie Drum’n’Bass, Dubstep, Rap et Breakbeat. Les 3 premiers titres de l’album sont accompagnés de la désormais habituelle Miss Trouble, qui a travaillé pour le label Funkatech, collaboré avec Erik Truffaz lors d’enregistrements de quartet pour Blue Note et qui suit Elisa sur ses tournées : ce sont tout simplement des tueries de dancefloor. Notamment My Place dans lequel le Toulousain Dilemn vient se joindre à la “party”. Heureusement que Painkiller featuring Soper et My Breath sont là pour calmer un peu le jeu, car tout va à cent à l’heure. Très peu de pauses dans cet album, et ce n’est pas Long Road featuring Mc Youthstar, à base de grosses basses, qui va ralentir le rythme. Le Mc londonien, qui a rapidement immigré sur Bordeaux, a déjà collaboré avec elle en 2008, mais aussi avec United Fools, Dirtyphonics ou encore Camo & Krooked. Cette collaboration apporte une touche plus Hip-hop à son opus, ce qui n’est pas plus mal. Il ne manque plus qu’à attendre le live afin de se rendre compte de la puissance de ses nouveaux titres, à condition qu’elle puisse les rendre un peu plus vivants sur scène. Jagunk
Coheed and cambria | the afterman : ascension | Label : Hundred Handed Coheed and Cambria fait partie de ces OVNI que l’on rencontre de temps à autre dans le paysage musical. Navigant entre Prog rock, Métal et Post-hardcore, les Américains ont offert en 17 ans de carrière une musique changeante et parfois un peu difficile à saisir. “The Afterman : Ascension” est leur sixième album (première partie d’un double). La galette gagne ainsi en densité, puisque qu’elle atteint à peine la barre des 40 minutes. Neuf tracks qui s’articulent autour d’une suite de chansons intitulée “Key Entity Extraction”, et qui forment le pilier de cet album. La première partie, Domino the Destitute, arrive après la brève introduction de The Hollow, et frappe juste d’entrée : riff très marqué Prog, extrêmement efficace, pour une piste toute en intensité et en variations. La deuxième partie, Holly Wood the Cracked, tape cette fois-ci plus dans le côté Heavy du groupe, avec un son beaucoup plus lourd. Vic the Butcher reprend là où la précédente track s’était arrêtée, en ajoutant un chorus terriblement catchy ; Avant un ultime volet, Evagria the Faithful, qui laisse lentement retomber la pression des coups de boutoir précédents pour amener Subtraction, superbe ballade de clôture. Entre Domino et Holly Wood, trois pistes viennent aussi s’intercaler brillamment, que ce soit pour reprendre sa respiration après un premier choc (The Afterman), ou au contraire refaire monter la pression en vue de l’estocade finale (l’excellent enchaînement Mothers of Men/Goodnight, Fair Lady). Coheed and Cambria vient frapper un grand coup avec un album d’une redoutable efficacité, qui montre que les quatre ont retrouvé toute leur splendeur d’antan, et qui nous laisse avec l’envie de découvrir l’autre moitié (prévue pour février 2013) de ce double. Du grand art. Nicolas Gil
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30/11 L’Ampérage - Grenoble
Easy star allstars | Easy Star’s Thrillah
Grizzly Bear | Shields | Label : Warp Records
David shaw and the beat | So it Goes Label : Her Majesty’s Ship
Trois ans après être entré dans la royauté indie avec “Veckatimest”, Grizzly Bear revient avec un nouveau disque. Trois ans, c’est bien. C’est la période légale de promotion, tournée mondiale, écriture et enregistrement que chaque groupe devrait respecter. Le fan s’attend donc à la came habituelle : de la Folk, de la Pop, des arpèges, des harmonies vocales, des violons... Et c’est exactement ça. Le groupe de Brooklyn ne change absolument pas sa formule de base, sauf qu’il y déverse plus d’urgence et de risques. “Shields” regorge de morceaux plus complexes, de compositions à tiroirs, à l’image du formidable morceau introductif (Sleeping Ute). Tout est fignolé dans les moindres détails, coupant court à toute précipitation ; à l’exception de l’évident single Yet Again, le cousin dérangé de Two Weeks, qui puise dans le registre le plus épique et efficace du groupe, à grands renforts d’harmonies vocales et de guitares claires. Un disque que l’on décrira comme baroque pour se donner un genre, mais surtout comme leur meilleur, d’une courte tête. On est en tout cas en présence d’un disque dense et complexe, loin de l’immédiateté des précédents, dont la beauté et l’étrangeté s’apprécient avec les écoutes. Si l’on devait faire un parallèle osé, on pourrait dire que Grizzly Bear vient de sortir son “Revolver”. Vivement “Sgt. Pepper” (albums des Beatles les plus acclamés par la critique). Thomas Guillot
WHY? | Mumps Etc | Label : Anticon / City Slang
Une fois acceptée l’idée qu’il s’agit d’un skeud de Rock, ce premier album de David Shaw se révèle sous un autre angle. Non seulement c’est un pied de nez à tous ces réac’ qui pensent encore que le Rock n’existe pas sans guitares, mais en plus ça fout une sacrée gifle aux béni-ouioui de l’Electro-Pop. Il sait ce qu’il fait, l’ancien résident du Rex Club : ex-Siskid et surtout ex-Blackstrobe, il maîtrise parfaitement l’art de synthétiser les influences les plus diverses dans des productions homogènes. La texture, le beat, le groove répétitif, les basses house... Que ce soit les sonorités des machines mythiques, l’intensité des arpèges ou l’efficacité du chant, l’album se hisse au top de la TechnoRock, non loin des Knife ou de Cormac. Dès la première écoute, les nappes du SH-101 (Trance in Mexico) comme les percussions de la TR-707 (No more white Horses) font frémir les oreilles averties et laissent imaginer que les spectres d’Arnaud Rebotini et Ivan Smagghe hantent encore les nuits du jeune british. L’exercice de style est transcendé quand débute Sentiment Acide, un Melody Nelson électronique qui mériterait quelques minutes de beat supplémentaires – surtout en live. En fait, le seul truc qui déconne vraiment, c’est cette affreuse pochette digne d’un hipster start kit. Anto
Angus Stone | Broken BrIGhTS | Label : Nettwerk
On en est déjà au quatrième album de la formation en groupe de Yoni Wolf. Dans les faits, “Mumps etc” ne change en rien leur formule Indie Pop fignolée dans les moindres détails. Mieux même, on a presque l’impression d’un Why? revenu à ses racines Rap comme au bon vieux temps (Sod in the Seed).
Grossière erreur. Le problème c’est que Yoni chouine du début jusqu’à la fin. On ne peut pas vraiment lui en vouloir. N’importe qui se mettrait à se plaindre en voyant le destin de ses albums, pendant que certains comme Sufjan Stevens font toujours chialer 8 000 personnes par soir avec une paire d’ailes fluos (son costume de scène sur sa dernière tournée). Du coup, le groupe devient fainéant et s’enferme dans sa fameuse routine après une poignée de chouettes chansons. C’est mou, c’est chiant, rien ne sort du lot et plus personne ne prend la peine de finir ses morceaux. On a envie que ça finisse tant les derniers morceaux sont un supplice. Ce n’est pas un hasard si les meilleurs sont aussi les plus courts (Bitter Thoughts, Kevin’s Cancer, Danny). Why? a sorti de merveilleux albums que personne ne connaît. Il est important de le préciser après avoir déversé sa bile, on pourrait passer pour des ingrats. On repense à la finesse d’“Elephant Eyelash”, à l’ambition d’“Alopecia” et on verse une petite larme. Parce qu’au delà de la déception, il nous fait de la peine le petit Yoni, engoncé dans son costume trop grand. Thomas Guillot
À l’inverse de ce que l’on croit, Angus Stone n’en est pas à son premier album solo. Il s’était déjà essayé à la chose quelques années plus tôt (en 2009), sous le nom de scène Lady Of The Sunshine, avec l’album “Smoking Gun”, qui ne lui a pas valu un grand succès. Mais c’est grâce à sa renommée actuelle, née de son duo avec sa sœur Julia et sans nul doute des années d’expériences qui en découlent, que le talent de ce jeune homme peut enfin être apprécié à sa juste valeur. Il nous livre, dans cet album d’une grande richesse sonore aux multiples influences, quelque chose de très personnel, d’où se dégage une signature bien affirmée de l’artiste. Il dit lui-même que ce dernier contient l’essence de ce qu’il cherchait depuis longtemps. Chaque chanson est une histoire, un livre d’images ouvert sur le monde qui l’entoure, des paysages, des pensées ou des rencontres qui l’ont marqué lors de ses nombreux voyages. C’est un disque de maturité, où ses qualités de compositeur sont mises en avant et où les styles se mélangent avec élégance. On entre dans son univers avec une grande légèreté dès le premier titre River Love aux sonorités Folk et celtiques ; on apprécie aussi l’ambiance Far West de The Blue Door, ou encore le côté rock alternatif de It was blue à la guitare saturée. Les morceaux s’enchaînent avec simplicité sans pour autant se ressembler, et l’on finit avec un titre plus rugueux End of the World dans lequel rôde le fantôme du groupe The Doors pour notre plus grand bonheur. Sarah
24/11 L’Epicerie Moderne - Feyzin
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CHRONIQUES CD
27/11 Transbordeur - Lyon
Oxmo puccino | roi sans carrosse | Label : Cinq 7 Approchant la quarantaine, Oxmo Puccino ne se pose à priori pas beaucoup de questions sur sa musique et la vit telle quelle. Après avoir, entre autres, sorti un album à tendance Jazzy avec les Jazzbastards, écrit des chansons pour Florent Pagny et Alizée, être parti à Bogota pour réaliser une résidence artistique avec un groupe local, avoir sorti l’album “L’Arme de Paix” en 2009 avec en featuring Sly the Mic Buddah, Ben l’oncle soul ou encore Olivia Ruiz, le revoilà avec “Roi Sans Carrosse”. Un album qui risque par moment de faire tiquer les moins sensibles d’entre nous face à ses titres les plus chantés. Et oui, car de plus en plus, Oxmo chantonne et on sent que ce n’est pas forcément inné chez lui. On le ressent fortement sur La Danse Couchée par exemple, ou encore Roi Sans Carrosse. Heureusement pour nous, les neuf titres restants de ce nouvel opus sont plus fidèles à ce qu’Oxmo proposait auparavant et restent toujours aussi efficaces, aussi bien dans les textes que dans la musique qui l’accompagne. S’étant mis à la guitare il y a à peine 3 ans, il dit d’ailleurs “que ça lui a permis des accidents heureux”. On le ressent notamment sur Parfois ou Les Gens de 72, ce qui rend les titres un peu plus Rock. Vincent Segal, violoncelliste et bassiste de Bumcello et de -M- entre autres, qui l’accompagne encore une fois sur cet album, prend lui aussi sa place et complète à merveille l’univers d’Oxmo sur des titres comme Un an moins le Quart, Le Vide en Soi, ou encore Pam-PaNam. Quelle sera l’ambiance du prochain Oxmo ? Nul ne le sait. En tous cas, on peut imaginer qu’il sera sûrement influencé par sa nouvelle mission : ambassadeur de l’ONU. Un titre honorifique pour un Monsieur rempli de talent. Jagunk
Sorties d’albums Novembre
02/11 PAIN “We come in peace” 05/11 VICELOW “BT2 Collector” SAM WILLIS “Winterval” GLISSANDO “The world without us” THE TWILIGHT SAD “No one can ever know - The remixes” ROLO TOMASSI “Astraea” BENJAMIN BIOLAY “Vengeance” MELODY’S ECHO CHAMBER “Melody’s echo chamber” VITALIC “Rave age” FRANÇOIS & THE ATLAS MOUNTAINS “Plaine inondable” MOTORAMA “Calendar” LINDSTROM “Smalhans” MOUS ON MARS “Wow” THE SOFT MOON “Zeros” FRANÇOISE HARDY “L’amour fou” CRYSTAL CASTLES “(III)
Rone | Tohu bahu | Label : Infiné “Spanish Breakfast”, un raffinement rare et délicieux nous berçait et nous maintenait en lévitation dans une bulle colorée. A travers, on y voyait le monde sucré que Rone réussissait parfaitement à nous faire comprendre. Avec “Tohu-Bohu”, la bulle explose, on redescend sur Terre fermement. Les belles couleurs sont toujours là, l’onirisme n’a pas disparu, mais le rêve nous laisse perplexe. On avance glorieusement, pleins d’espoir avec Tempelhof qui sonne comme une renaissance, laissant tomber les ordinaires rythmiques délicates et les basses enveloppantes. Le rythme syncopé se régularise vite avec Bye Bye Macadam, qui dévoile son contenu de manière aussi rapide que le bye-bye de Rone à sa notion du mot progressif. Le peu de phrases musicales se superpose et se décompose de manière irrégulière et offre un morceau sans grande surprise. Même en prenant un peu plus son temps par la suite, il répète ce schéma à plusieurs reprises, avec La Grande Ours, Beast ou Kings Of Batoofam. On ne peut tout de même pas ignorer la complexité des rythmiques et la précision des sonorités. Mais toutes ces idées ne sont malheureusement pas vraiment exploitées et me laissent penser qu’il n’y pas si longtemps, il faisait mieux avec moins. Loin de dire qu’Alain Damasio n’est pas grand chose, au contraire ! Pourquoi troquer un écrivain dérangé contre un chanteur dont la voix n’a absolument rien d’extraordinaire ? Heureusement, Gaspard Claus vient remarquablement épauler notre cher ami, pour un Icare digne d’une explosion céleste, qui clôt presque cet album. Et oui, Lili... Wood est là pour nous rappeler que ce n’était qu’un rêve. Dans ce rêve, l’artiste qui excellait dans l’Electronica Minimale ne brille plus que dans l’art de se renouveler certes admirablement. Faites que je me réveille !
Violette
06/11 ISIS “Temporal” UNCOMMONMENFROMMARS “Easy cure” 12/11 CLINIC “Free reign” FINLEY QUAYE “28 th february road” LONE WOLF “The lovers” CLUB SMITH “Appetite for chivalry” POP LEVI “ Medicine” BY THE SEA “By the sea” PINBACK “Information retrieved” THE WEEKND “Trilogy” BRIAN ENO “Lux” SUFJAN STEVENS “Silver & gold: Songs for christmas, Vols. 6-10” MACHINE HEAD “Machine fucking head live” SOUNDGARDEN “King animal” PSY4 DE LA RIME “4ème dimension” 13/11 DEFTONES “Koy no yokan” 19/11 CHAD VALLEY “Young hunger” MOGWAI “A wrenched virile lore”
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20/11 KYLESIA “From the vault, Vol.1” 26/11 MARTIN ROSSITER “The defenestration of St Martin” 28/11 THOMAS HOWARD MEMORIAL “How to kill kids”
Decembre 03/12 MEMORY TAPES “Grace/Confusion” SCOTT WALKER “Bish bosch” SAEZ “Miami” 10/12 RACHEL ZEFFIRA “The deserters” GALLOPS “Yours sincerely, Dr. Hardcore” SINGING ADAMS “Moves” 13/12 I AM KLOOT “Let it all in” 31/12 1995 “Paris sud minute” ADAM COHEN “Matchbox”
ZOOM SUR LE LOCAL
LIVE REPORTS Textes et photos : Kymmo
C2C + La Fine Equipe
Transbordeur | Lyon | 16/10/2012
A
près un passage remarqué cet été en première partie de Metronomy aux Nuits de Fourvière, C2C revient au Transbordeur en tête d’affiche ! Le concert est archi complet depuis déjà un bon moment, même si les gens tardent un peu à arriver... 20h30, les 3 beatmakers de La Fine Equipe s’installent derrière leurs machines et nous envoient une grosse demi-heure de bon son entre soul, jazz et rock. Un peu réticent à la première écoute de leur son, le live proposé ce soir m’emballe vraiment et met tout le monde dans de très bonnes dispositions pour accueillir C2C ! 21h30 : cette fois-ci, la salle est bondée et tout est réuni pour passer une soirée parfaite en compagnie des 4 DJ nantais. Le show toujours aussi visuel commence en douceur avec The Cell, puis très vite arrive leur “tube” du moment Down The Road. Comme à son habitude, le groupe partage beaucoup avec le public et se donne à fond, le tout avec le sourire. Le set est dynamique et vraiment efficace, alternant titres énergiques et titres plus groovy, mais peut être un peu trop rodé et carré à mon gout... Malgré ce petit bémol, les 4 beatmakers envoient du lourd et enchainent leurs cartons, de Arcades à F.U.Y.A, en passant par Who Are You. Tout y passe et le public lyonnais le leur rend bien ! Le C2C nous quitte après une bonne heure et demie de concert et nous donne rendez-vous l’année prochaine, plus précisément le 26 février 2013 à la Halle Tony Garnier !
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School is Cool + Joe Bel NinKASI KAFE | lyon | 05/10/2012
R
leur nouvel album sur scène. Le set commence plutôt tranquillement puis monte en puissance tout au long de la soirée. Les 5 Belges mettent vite le feu au Kafé grace à l’efficacité de leurs titres tels que The world is gonna end tonight, In want of something, Warpaint ou encore New kids in town. Johannes, chanteur du combos, est très à l’aise avec le public et fait facilement monter la température de la salle. Derrière lui les autres membres du groupe font le job : ça joue juste ça, chante juste, et ça bouge dans tous les sens ; en bref un groupe taillé pour la scène ! School is cool est une nouvelle preuve de la qualité et de la créativité de la scène belge, qui nous a toujours habitués au haut de gamme, et c’est une nouvelle fois le cas avec ce groupe !
endez-vous le vendredi 5 octobre au Ninkasi Kafé pour aller écouter sur scène la nouvelle révélation Rock belge ! Mais avant ça, c’est la Lyonnaise Joe Bel qui ouvre la soirée, entre Folk et Soul, la jeune artiste envoute littéralement le public présent ce soir avec son timbre de voix unique, toujours à la limite de la cassure. Après cette mise en bouche tout en douceur, place aux petits Belges de School is Cool qui viennent nous présenter sur scène leur premier album, Entropology. Le quintette flamand oscille entre Pop ultra efficace et Rock indé avec comme inspiration Arcade fire, Frank Black ou encore les Dodos. Le combo se présente sur la petite scène du Kafé avec des batteries, des claviers et bien sûr des guitares, de quoi parfaitement transposer
A Place To Bury Strangers + Blackthread
EPICERIE MODERNE | Feyzin | 09/10/2012
A
près un mois de septembre plus que pauvre niveau concert à Lyon, octobre commence en fanfare avec les New-yorkais de A Place To Bury Strangers qui viennent retourner l’Epicerie Moderne et par la même occasion nous faire découvrir leur nouvel album fraichement sorti, “Workship”. Mais avant ça, un petit Lyonnais se présente à nous, Blackthread, échappé solo de OneSecondRiot. Pas facile de se mettre dans cette première partie assez spé’ entre Spoken Word schizophrène et chansons murmurées pleines de mélancolie ; Un peu de calme avant la tempête made in Brooklyn. Juste le temps d’enlever le matériel de Blackthread et de débâcher la batterie siglée A place To Bury Strangers, et les 3 New-yorkais déboulent sur scène avec leur groupe-son.
Fidèle à leur réputation de groupe le plus bruyant de New-York, le combo nous fait découvrir ce nouvel opus entre Shoegaze et Pop bruitiste, toujours aussi sombre et froid voire encore plus que précédemment. Le groupe alterne des titres bruts et bruyants tels que Why I can’t cry anymore et d’autres aux mélodies parfaites comme Workship ou encore Keep slipping away. Le public de l’Epicerie Moderne est en ébullition et réagit à chacune des nouvelles chansons, qu’elles soient nouvelles ou plus anciennes. Il est comme hypnotisé par le son lancinant du groupe et les stroboscopes incessants. Très gros show des Américains de APTBS, toujours égaux à eux mêmes, brut et mélodique, de quoi ravir le public lyonnais fan de Rock indie !
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Textes et photos : Jagunk et Anto
AIX LES BAINS | 13 au 15/07/2012
A
u début des années 90, on en comptait plus de 3000, répartis sur tout l’hexagone. Aujourd’hui, on en dénombre entre 170 et 200, soit presque 10 fois moins en l’espace de 20 ans. Le disquaire indépendant est donc en voie de disparition... Alors que s’est-il passé pendant ces deux décennies ? Quel est son rôle aujourd’hui ? Son travail au quotidien ? L’explosion du téléchargement par Internet estelle la seule explication à son déclin ? Et quel sera son avenir ? Autant de questions auxquelles on a tenté de répondre, en rencontrant trois marchands de disques indépendants en région Rhône-Alpes, avec leurs différences et leurs similitudes.
EN RHÔNE-ALPES
Disc’orama
Adipocère
Danger House
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Danger House
3, Rue Thimonnier, Lyon www.dangerhouse.fr
“Optimisme de rigueur”
Après, j’ai aussi quelques jeunes. Il commence aussi à se féminiser, ce qui n’était pas le cas avant, c’est très prometteur” (Dernière étude de l’Irma en 2004 : 90% du public des disquaires est masculin). Quant à l’avenir de sa boutique, il se défend d’être pessimiste : “Cette boutique existe aujourd’hui comme elle aurait pu exister en 66, en 78, en 85, à savoir qu’il y a toujours eu ces scènes souterraines alternatives et défendues par des gens qui les mettaient en avant. Quand je vois la richesse de la scène que je défends, je suis optimiste pour la suite.”
I
l est de ces disquaires qui font “partie des meubles” à Lyon. Ouverte en 1989, Bruno Biedermann est alors employé de la boutique. Il la rachète en 1993. Le déclic ? “L’amour du disque. J’ai toujours été collectionneur curieux. Il y avait encore quelques disquaires sur Lyon mais ça commençait à péricliter, et surtout il y avait un manque de distribution sur tout ce qui est indépendant, petits labels ou occasions de qualité.” La passion. Un mot que l’on retrouvera relativement souvent dans la bouche de ces vendeurs de son. Son boulot au quotidien est de mettre en lumière des artistes qui ne le sont pas ailleurs. “Ça peut être de l’indé très pointu, mais aussi de la major très pointue, même si cela m’embête un peu car il prendra la place d’un indé,” nous dit-il. Le reste du temps, Bruno est là pour conseiller les clients, car c’est principalement pour cela qu’une grande majorité des gens vient ici. Mais cela a aussi parfois ses inconvénients : “La boutique tourne beaucoup autour de moi, ce qui est un peu pénalisant aussi, car quand je me fais remplacer, et malgré toutes les compétences des gens qui bossent avec moi, c’est pas pareil.”
Mais Danger House, ce n’est pas qu’un disquaire : c’est aussi un lieu de vie, de rencontres et d’échanges entre passionnés de musique. Il n’est pas rare, si l’on y vient régulièrement, de croiser quelqu’un que l’on connaît. Un peu comme dans un bistrot de quartier, une bonne charcuterie ou un bon primeur. D’ailleurs, le comportement d’achat des clients n’est pas anodin : “Les gens qui aiment la musique que je défends ont le respect de l’artiste et du label. C’est un budget, c’est un sacrifice, mais ils ont la fierté de s’inscrire dans un mode de fonctionnement qui est vraiment classe et qui permet à des groupes de vendre des disques, même si c’est une petite quantité, car ce sont des tirages à 300, 500, voire 1000 exemplaires grand maximum. D’ailleurs, nos prix sont 20 à 30 % plus chers que sur Internet. Mais disons que c’est comme quand tu vas chez ton boucher et que tu veux avoir de la bonne viande.” D’ailleurs, qui sont les clients de sa boutique ? Quel public touche t-il ? “Ce public est assez monolithique. Il m’a suivi dans le temps. J’ai ouvert il y a 25 ans, donc à l’époque il avait 20 piges, aujourd’hui il en a 45. Le gros du public, c’est 35-50 ans.
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Rapport humain
Tous les disquaires vous le diront : le rapport avec le client est primordial. En tant que commerçant bien sûr, mais aussi en tant que prescripteu r : un disquaire attentif s’occupe des oreilles de ses fidèles comme les médecins de la santé de leurs patients. Ce sont des spécialiste s qui n’ont qu’une idée en tête : celle de partager leur amour pour la musique. C’est ce qui fait tout le charme de ces boutiques un peu bordéliques. On peut partir à la chasse au trésor en compagnie d’un guide infaillible.
DISC’ORAMA
12, rue Gérin, Grenoble
“Du temps et de l’argent”
J
ulien a ouvert Disc’Orama en juin 2011. Auparavant, il était représentant pour La Baleine, un distributeur national indépendant. Il visitait les disquaires des régions Rhône-Alpes et Paca, avant de rejoindre Radio Campus Grenoble. Bref, outre le petit air de Khojandi, c’est surtout un passionné de musique, tombé dans le vinyle il y a 20 ans : “Connaître plein de trucs dans ce milieu, c’est une compétence. Et je me suis dit que ça pouvait faire un métier.” À la fin de son contrat sur les ondes hertziennes, l’opportunité s’est présentée : “un magasin fermait et revendait son stock. C’était quand même un truc qui me trottait dans la tête depuis pas mal de temps, alors j’ai réuni l’argent.” Aujourd’hui, son magasin occupe une position particulière : il est le seul disquaire vinyle de Grenoble. Une situation de monopole qui ne sous-entend pas forcément un succès retentissant. Contrairement à d’autres disquaires implantés dans le paysage depuis longtemps, Disc’Orama doit encore faire ses preuves. Ou du moins, se constituer une clientèle de fidèles : “C’est dur pour tous les disquaires, mais plus tu as de la bouteille, mieux ça marche.” Julien en est conscient, mais la tâche semble plus ardue que pré-
vu - malgré les 10 000 disques qui attendent patiemment de trouver un foyer accueillant. Selon lui, le responsable n’est pas simplement le téléchargement, ni même vraiment la grande distribution. D’abord, il y a la crise économique globale : “Ce n’est pas que les gens ne veulent pas payer, c’est qu’ils ne peuvent pas : on est quand même dans un moment difficile qui fait qu’à un moment donné, ils ont d’autres priorités.” Mais plus encore que la crise, la faute incomberait à la société. Encore elle. L’uniformisation des goûts fait plus de ravages que le piratage : “Il y a un problème de culture : plus t’es dans une grande ville, plus t’es susceptible de croiser des gens qui vont acheter des disques un peu hors normes. Plus t’es dans des villes moyennes, plus tu vas vendre des trucs à tout venant pop-rock, que les gens connaissent de génération en génération : les Beatles, Stones, Pink Floyd, etc...” Frustrant constat. Mais posons la question : qui est encore assez téméraire pour sniffer la poussière endormie sur un vinyle oublié, péage obligatoire vers les horizons musicaux encore inexplorés ? “Tout est une question de temps maintenant : tout le monde est stressé, tout le
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monde est pressé. Si tout le monde avait le temps de passer 5h au magasin, je pense que je vendrais beaucoup plus de disques.” Car le rôle commun à tous les disquaires est celui de prescripteur. C’est un conseiller avisé et indépendant, au même titre qu’un magazine, un DJ ou un label. Peut-être même plus encore : “Je ne suis pas un dépôt vente, je ne prends pas les disques sans aucun discernement. Il faut absolument que j’impose ma patte et que je prenne des risques dans la mesure du possible. Sans être ultra ultra pointu, il faut que j’insuffle ma culture musicale dans le magasin. Parce qu’au final, ce que tu aimes bien, tu as envie de le partager.” Serait-ce la raison d’être des disquaires ? En tous cas, ses clients l’appellent par son prénom et commencent à fouiner des perles rares : un bon signe pour la suite.
Vinyle
Balayons tout de suite les idées reçues : il n’y a pas de revival du vinyle. En réalité, ce support n’a jamais cessé de se vendre, ni d’être produit : “tous les disques aujourd’hu i sortent sous les deux formats : cd et vinyle, voire que vinyle”, affirm e Bruno. Et les arguments sont nombreux pour défendre les 33 tours : qualité du son, de l’objet... Julien de Disc’Orama nous explique le culte que beaucoup (y comp ris lui-même) vouent à la galette : “Il y a quand même des gens qui restent attachés aux vinyles car ils correspondent à des périodes de vie. Et ça, le Mp3 ne le fera jamai s : tu ne te souviendras jamais à quelle époque tu as acheté tel Mp3. Les vinyles ont eu une vie avant, il y a une dose d’imaginaire et d’histoire qui me fascine.”
ADIPOCERE
11, place Edgar Quinet, Bourg en Bresse adipocere.nexenservices.com
“Le disquaire labélisé”
P
our ceux qui n’auraient jamais entendu parler de ce label de Métal “underground”, sachez qu’il est l’un des plus vieux, voire le plus vieux en France, et rien que ça, ça force l’admiration. Adipocère s’est donc créé en 1992 à Miribel, sous forme de label spécialisé dans la production de CDs et la vente par correspondance de disques Métal. Et leur idée de départ est assez simple : “Dans l’underground du Métal, le meilleur moyen pour écouler nos productions, c’était de faire des échanges entre labels du même style que nous. Plus on faisait d’échanges, plus on se retrouvait avec d’autres produits que les nôtres,” nous explique Christian Bivel, fondateur d’Adipocère. C’est donc grâce à ces procédés d’échanges que leur catalogue s’est rapidement étoffé et qu’ils sont devenus assez rapidement les spécialistes du genre en France.
Ce n’est qu’en 2008 que la structure se décide à ouvrir une boutique “physique” dans le centre ville de Bourg-en-Bresse. Une façon pour eux de donner un nouveau souffle à leur activité, de pouvoir rencontrer leurs clients et d’échanger de vive-voix autour de leur passion. Leur clientèle est aujourd’hui très locale, mais il n’est pas rare que des personnes de Dijon, de Chalon, de Lyon ou encore de Suisse fassent le déplacement pour se fournir chez eux. Malheureusement, l’arrivée d’Internet a littéralement changé la donne : “Il y a 10 ans, on pouvait avoir entre 25 000 et 30 000 clients en France ; 70 à 100 commandes par jour, alors qu’il n’y avait pas encore Internet. Aujourd’hui, quand on en fait 10, on est content. On a perdu 90% de notre chiffre d’affaire en pratiquement 6 ans. La cause : Internet et la multiplication des sites
Conclusion Q
ses atouts et ses difficultés, avec pour trait commun la passion. Ce sont des vendeurs de son qui misent sur la qualité de leur produit et qui sont prêt à accueillir à bras ouverts tous les accrocs de musique. Ce qui tombe plutôt bien car ces boutiques reposent essentiellement sur la
ui disparaîtra le premier ? Le disque ou le disquaire ? Allez savoir... Faute de pouvoir prédire l’avenir, ou faire un portrait global de la profession, on peut toujours conclure ainsi : chaque disquaire a
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de vente, notamment à l’étranger, et même des boutiques car elles n’ont pas les mêmes frais, charges,... et qui produisent beaucoup avec de plus petites marges.” Un vrai coup dur, donc... Depuis, ils ont diversifié leur activité en vendant des produits dérivés, généralement destinés aux plus jeunes (T-Shirts de groupes, chaussures New Rock, Rangers, patchs, autocollants...). Mais le constat reste rude vis-à-vis de leur activité, et du monde du Métal en général : “Aujourd’hui, les jeunes qui écoutent du Métal écoutent aussi d’autres trucs, donc c’est peut-être plus un phénomène de mode. Mais dès qu’ils en auront marre, ils iront vers autre chose, et il n’y aura plus grand monde. Avant, quand on était métalleux, on l’était à fond.” Le Métal, c’était mieux avant ?
Téléchargement
L’Internet, encore lui. L’épouvan tail des maux de notre société ? Eh bien pas tout à fait. D’après Julien, à Gren oble, le téléchargement a du bon : “le Mp3 c’est facile, on peut partager à foison et c’est ce qui est bien : ça peut donner envie aux gens d’acheter des vinyles”. Même constat pour Bruno Biede rmann : “pour moi, le web a vraiment été un bienfait plutôt qu’un clou dans le cercu eil. Paradoxalement, là où la plupa rt des disquaires classiques ont périclité à cause du téléchargement et des mode s de consommation immatérielle, moi j’en ai plutôt bénéficié. Ça a permis de propa ger l’information, de mettre en lumiè re des tas de choses qui ont été oubliées, des rééditions, des artistes morts.” Nous voilà donc rassurés.
fidélité des habitués. Se fournir chez les disquaires, c’est comme choisir d’acheter ses légumes chez le petit primeur du coin plutôt que d’aller dans sa grande surface. L’achat responsable, c’est dans l’air du temps, non ?
DISCUSSION
Transbordeur, Lyon le 03/10/12 Par Alizée. Photos live : Kymmo
vous ne connaissez pas ce groupe, vous êtes priés de vous procurer immédiatement leur discographie Suneicomplète et de vous l’enfiler d’un trait sans reprendre votre respiration. Si vous ne vous prenez pas grosse claque, c’est soit que vous êtes mort, soit que vous êtes sourd. Rencontre avec le génie
Jeppe Kjellberg pour une discussion autour de l’Allemagne comme gage de qualité, et quelques vannes sur AC/DC. ZYVA : C’est vraiment un plaisir de vous rencontrer ! J’ai écouté votre reprise de Sweet Dreams de Eurythmics hier, et je dois dire que j’étais un peu réticente au départ, parce que c’est un exercice assez difficile que de reprendre un tube pareil. Et puis j’ai été très impressionnée, parce que vous réussissez à garder l’esprit kitsch des années 80 tout en le mélangeant avec juste ce qu’il faut d’essentiel dans la musique électronique actuelle. C’est assez brillant ! Jeppe Kjellberg : Merci beaucoup ! C’était un sacré challenge pour nous, car c’est une radio qui nous a contactés pour nous demander de faire ça. C’était aux auditeurs de choisir le morceau qu’ils voulaient nous entendre reprendre, alors on s’est dit : “Pourquoi pas ?” Ils ont donc choisi Sweet Dreams, et on s’est éclatés à le reprendre en studio. On a vraiment pris beaucoup de plaisir à jouer cette chanson, bien qu’elle soit très... sombre. Z. : En fait, on dirait que vous avez repris la version de Marylin Manson. J.K. : Ouais, et on a rajouté un côté super Trance ! On s’est laissés aller à un côté un peu Dance aussi, et j’aime imaginer que c’est ce que Eurythmics aurait fait s’ils avaient composé ce morceau aujourd’hui. Z. : J’avais l’impression d’assister à la rencontre de Marylin Manson et ABBA. J.K. : (Rires) Exactement ! Mais on n’est pas aussi diaboliques que Marylin Manson. Je nous vois plus comme une bouffée de chaleur teintée de mélancolie scandinave.
Z. : Et cette empreinte Techno, vous pensez que c’est dû à votre culture scandinave, justement ? J.K. : Non, je ne pense pas. A mon avis, c’est surtout la faute de l’influence allemande, car on travaille beaucoup là-bas, et puis on est signés sur Kompakt... (label référence de Techno Minimale Allemand). Ca a vraiment joué sur nos deux derniers albums. Z. : C’est vrai qu’on a vraiment senti une évolution, quand vous avez quitté le label Disco Gomma, qui est aussi Allemand, pour Kompakt. Vous avez commencé à virer du côté obscur. J.K. : Oui, tout à fait. On est vraiment fascinés par la scène Techno, bien qu’on soit un groupe de Rock avant tout.
“Le premier groupe sur lequel on s’accorderait tous serait Daft Punk” Z. : De quel artiste ou groupe vous sentez-vous les plus proches ? Tous genres confondus. J.K. : Oh, je ne sais pas. On se sent vraiment proches du milieu Techno depuis des décennies, mais je dirais que le premier groupe sur lequel on s’accorderait tous serait Daft Punk. Les gens nous comparent souvent à LCD Soundsystem, et c’est vrai qu’on leur ressemblait un peu, d’une certaine manière, mais plus au début de notre carrière. Z. : Vous êtes plus sombres, vous.
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“On se lance tout le temps des défis entre nous, sinon on s’ennuie. Commercialement, cela relève du suicide.” J.K. : Oui, ça peut être un peu perturbant pour certains, mais c’est ce qui fait de nous un groupe à part entière. Z. : Comment vous faites pour ne pas vous perdre, dans ce bouillonnement créatif ? T.H. : Oh, mais on se perd tout le temps (rires) ! C’est très important, car ça veut dire qu’on est capables de prendre des risques. J.K. : Il y a quatre ans, un type nous a dit : “Oh, c’est vraiment bien ce que vous faites, cette espèce de Dance-Punk ! Vous devriez continuer, vous allez vous faire des couilles en or !” C’est là qu’on s’est dit : “Ok, ça suffit maintenant (rires) !” On ne veut pas être un cliché. Nous, ce qu’on veut, c’est le challenge. On se lance tout le temps des défis entre nous, sinon on s’ennuie. Commercialement, cela relève du suicide. Mais pour nous, c’est génial. Z. : On pourrait dire que vous voyez la musique comme une aventure finalement. J.K. : Oui. C’est très difficile à décrire, mais je dirais qu’on est vraiment inspirés par la musique Electronique dans sa globalité. Thomas et moi, on a énormément joué dans des groupes de Jazz, de Rock, des trucs un peu old school... Ca fait partie des choses qui nous passionnent. En fait, si on devait faire un pot-pourri de toutes nos influences, tu retrouverais tout et n’importe quoi dedans. Mais je citerais tout de même Daft Punk en tant que première influence commune. Z. : Vous connaissez un peu la scène Electronique française, alors ? Je vous entendais reprendre Flat Beat de Mr Oizo pendant les balances... J.K. : (Rires) Oui, on a aussi repris Cherchez Le Garçon pour une radio il y a six ou sept mois, c’était plutôt marrant. Tiens, voilà Thomas qui arrive ! Dépêche-toi Thomas, j’ai la dalle (rires) ! Z. : Je vous ai vus au Printemps De Bourges en avril dernier, et ce que j’ai trouvé génial après coup, c’est que je ne savais jamais vraiment si j’étais dans un club ou à un concert de Rock. J.K. : C’est normal, parce qu’on se situe exactement entre les deux (rires) ! Quand on joue dans des clubs Dance, on est considérés comme un groupe de Rock, et vice versa. Mais on aime tout mélanger, c’est comme ça, ça se fait au feeling. Z. : C’est plutôt actuel, comme démarche.
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T.H. : C’est vraiment bizarre quand tu fais partie d’un groupe, parce que tu fais de la musique tout le temps, et du coup tu n’as plus vraiment le temps d’écouter une autre musique que la tienne. Pour moi, c’est vraiment rare, en tous cas. Et un peu triste, aussi. J.K. : Mais on a un DJ dans le groupe (Tomas Barfod, le batteur, est aussi connu dans la musique électronique sous le nom de Tomboy, il a notamment sorti quelques trucs sur Gomma et Get Physical, ndlr), et lui il bouffe vraiment de la musique tout le temps, il s’en prend même au petit déjeuner ! Il check toutes les nouvelles sorties, il est très curieux. De nous trois, c’est le plus gros consommateur de musique. Mais on est tous des passionnés, de toute façon.
leurs millions. On peut gagner sa vie avec la musique et rester digne, je ne vois pas où est le problème. Regarde Leonard Cohen, il a soixante-huit ans, et il est bien dans son âge. Sa musique reste pertinente pour les jeunes d’aujourd’hui. Ce mec est un vrai guide pour moi, bien que sa musique soit très différente de la nôtre. J.K. : Je trouve que tu manques un peu de respect pour des groupes tels qu’AC/DC ou les Rolling Stones, parce qu’ils aiment ce qu’ils font et je pense qu’ils le font d’une façon digne, justement. Nous, on ne pourrait pas faire ça. On n’en serait pas capables, on est trop curieux, trop impatients. T.H. : Oui, mais quand même, Angus Young fait toujours le mariole en uniforme d’écolier (rires) ! Il joue exactement la même musique depuis quarante ans, sérieux ! J.K. : D’accord, d’accord. Z. : Donc, vous avez quitté Gomma, label allemand, pour Kompakt, autre label allemand... Vous faites confiance à la qualité allemande ? T.H. : (rires) German handelsklasse ! J.K. : C’était plutôt une coïncidence qu’on signe chez Gomma. On a adoré bosser avec eux, on a rencontré un certain succès en Allemagne. On s’est toujours intéressés à la scène électronique allemande, toutes ces connexions se sont donc faites naturellement. T.H. : On se sent très proches des Allemands, du moins dans tout ce qu’ils font de minimal. Et d’un autre côté, quand on a commencé à jouer, on tournait beaucoup dans les clubs, qui font partie intégrante de la culture allemande. Titre d’un artiste ou d’un groupe qui pourrait vous représenter vous ou votre musique : The Rapture - House Of Jealous Lovers. On est passés juste après eux au festival Calvi On The Rocks et c’était fou. On se sent plutôt proches de ces gars.
“Je trouve ça triste les types qui n’évoluent pas et se complaisent dans leurs millions.” T.H. : Quoiqu’il en soit, le vrai challenge pour nous en tant que groupe, c’est d’être capable de vivre de notre musique, mais qu’on prenne toujours du plaisir à le faire, même dans dix ans, dans vingt-ans... Je ne voudrais pas me retrouver à soixante piges et faire la même chose qu’aujourd’hui. Je trouve ça triste les types qui n’évoluent pas et se complaisent dans
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Brighter
Label : Kompakt
www.whomadewho.dk
BD
Par Coquin
DAVID ZIGGY GREENE
e mois-ci dans la rubrique BD, un auteur qui nous vient tout droit de la lointaine Angleterre : Mister Cl’univers David Ziggy Greene ! Auteur de BD Rock, réalisateur de vidéo-clips, l’homme nage avec talent dans de la musique. Et avec des chaussures s’il vous plaît, comme l’indique le titre de son dernier ouvrage paru en français aux éditions Même Pas Mal et dans lequel on trouve, entre autres, de nombreux live-report dessinés. Let’s swim baby !
ZYVA : Quelle place occupe la musique dans ta vie ? La musique est très importante pour moi. J’ai toujours une chanson dans la tête, comme une radio. La musique renferme plus d’énergie que n’importe quelle autre forme d’art. Pas toutes les musiques non plus, certaines sont ennuyeuses. Ce que j’aime, c’est l’énergie. Même si je suis tout le temps en train d’écouter de la musique, il n’y a qu’un petit groupe d’artistes que j’aime vraiment. The Fall ont une place spéciale dans mon coeur. Ween, The Dirty Three, Wire, Death In Vegas également. En ce moment, j’écoute surtout The War On Drugs, Ty Segall, Holograms, Chips For The Poor et The Victorian English Gentleman’s Club. Z. : Qu’est-ce qui t’attire dans ces groupes ? Hmmm... je ne sais pas vraiment. The Fall sont certainement les meilleurs. Peut-être pas l’intégralité de leur musique mais la façon qu’a Mark E Smith de toujours vouloir aller de l’avant est vraiment cool. J’adore la façon dont ce groupe persiste et signe sans jamais conquérir le monde. Ils restent à leur place. Ween réussit toujours à me faire sourire quand je suis déprimé alors que The Dirty Three me font toujours déprimer, même quand je vais bien à la base ! Leur musique est incroyable. Je crois que j’adore la musique qui est soit très énergique et brute, soit très triste. Les entre-deux ne m’intéressent pas. Mais c’est comme ça aussi quand je fais des BD. Je ne pense pas vraiment à des choses très profondes. Je me dis que si mes oreilles apprécient, alors mon cerveau aussi.
pour me concentrer sur la vidéo et le dessin. Peut-être qu’un jour je me remettrai à jouer. Z. : En quoi est-ce que la musique influence ton travail d’auteur ? J’aime la façon dont de la musique ou des paroles peuvent être complètement dingues ou n’avoir aucun sens et pourtant plaire aux gens quand même ! J’aime imaginer que mes livres et mes histoires sont comme de petites chansons. Un peu folles et surréalistes mais qui veulent quand même dire quelque chose pour certaines personnes. C’est aussi cool de créer de l’énergie musicale dans une histoire. C’est important de contrôler la vitesse à laquelle les gens lisent l’histoire, comme s’ils devaient écouter une chanson.
Z. : Est-ce que tu joues d’un instrument ? Non. J’aimerais bien. J’ai joué de la basse pendant quelques années, et un peu de batterie aussi, mais ce n’était pas terrible... Plus le temps passait et moins j’avais de temps à y consacrer, alors j’ai décidé d’arrêter
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Z. : Tu as fait beaucoup de chroniques de concerts sous forme de BD, notamment ceux des Cats In Paris que tu as suivis pendant une de leurs tournées. Comment en estu arrivé à faire ça ? Les Cats In Paris font partie de mes groupes préférés. Je faisais leurs vidéos et je les projetais pendant leur tournée. Je n’avais pas du tout prévu d’en faire un live-report en BD car je ne dessinais pas trop à ce momentlà. Mais il se passait pas mal de trucs rigolos, alors je prenais beaucoup de notes pour me rappeler de tout. Je pensais que ça serait cool d’en faire un petit livre, mais juste pour nous, en guise de souvenir. Mais comme ça commençait à devenir vraiment marrant et que le groupe l’a montré à de plus en plus de gens qui ont vraiment aimé, alors j’ai décidé de publier moimême le livre.