ZYVA MAGAZINE #27

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j zyvamusic.com ı Juillet / Août 2013 #27

Discussions avec :

du

Groove

moustachu !

THE JIM JONES REVUE j j

DOSSIER : FAUV ≠ E VICELOW Space Disco Discussions avec :

LA

Le futur c’était avant Daft Punk !

Zoom sur : BALLADUR / SHOOT IT / NAIILICH / OLI_LAB Chroniques : WOODKID / THEE O SEES / DEJA VU / flavia coelho petit fantôme / château marmont... + Actualité locale, Concerts coup de cœur...

j Ne pas jeter sur la voie publique



j SOMMAIRE

Keskiss pass dans l’coin ? p. 4 à 6 Discussion : Mû p. 6 à 8 Zoom sur le local p. 10 à 11 Discussion : Deluxe p. 14 à 17 Concerts Coups de cœur p. 18 Sortie CD p. 19 Chroniques CD p. 21 à 23 Live Reports p. 24 à 26 Dossier : La Space disco p. 28 & 29 Discussion : The Jim Jones Revue p. 30 & 33 Du son à l’image p. 34 Ce magazine est imprimé avec des encres végétales sur du papier blanchi sans chlore. Ce magazine a été imprimé par une entreprise Imprim’Vert certifiée ISO 141 qui intègre le management environnemental dans sa politique globale.

Juillet / Août 2013 | Edité à 20.000 exemplaires

1000 Points fixes dans la région Rhône-Alpes Rédacteur en chef : Grégory Damon redaction@zyvamusic.com Directeur de publication : Hedi Mekki Responsable commercial : Gabriel Perez commercial@zyvamusic.com Rédacteurs : Barth, Yoch, -HMK-, Anto, Violette, Kymmo, Pérrine, Thomas, David, Sarah Julie, Germain, Mo, Léo, Léa, Jagunk. Photographe : Kymmo www.kymmo.com Maquette et graphisme : David Honegger Chargé de communication / Presse : Nicolas Tourancheau & Margot Roulin communication@zyvamusic.com Bureau / adresse postale : 6 Grande rue de Saint Clair - 69300 Caluire et Cuire Imprimerie : Pure Impression Zyva 2004 : Tous droits de reproduction réservés pour tous pays. Aucun élé-

A

EDITO

près quelques années de buzz et de fausses rumeurs ininterrompues sur un éventuel nouvel album ou single, ca y est : le 4ème opus du duo français le plus connu au monde, les Daft Punk, est sorti. Après Human After All, il aura fallu attendre 8 ans pour que le groupe nous ponde un Random Access Memories assez déconcertant. En effet, à l’heure où une bonne partie de la French Touch se tourne vers quelque chose de très Électronique et de très puissant, eux vont à contre-courant et se replongent dans la Space-Disco à l’ancienne. C’est d’ailleurs le sujet de notre dossier de cet été, histoire de rendre à César ce qui appartient à César, et de mettre en lumière ce style de musique des années 70 qui a notamment donné vie au duo casqué. Côté interviews, on est allés à la rencontre du groupe sudiste Deluxe. Un vrai moment de fraîcheur avec ce groupe qui ne se prend pas la tête, mais qui a une vraie dose de talent. Un seul mot d’ordre : le groove ! On a aussi posé quelques questions aux rockeurs londoniens de Jim Jones Revue. Une interview sincère avec le leader du groupe, Jim Jones, qui nous en apprend plus sur lui, ses opinions et sa vision de la musique. Puis, pour ceux qui seraient en manque de son made in Rhône-Alpes, nous sommes allés à la rencontre des deux musiciens du projet Mû, Beatbox-piano, que vous retrouverez partout dans la région cet été. On espère pour eux qu’ils franchiront très vite les frontières locales ! Pour le reste, comme d’habitude, ce sera surprises, découvertes et bons plans. C’est à vous ! Grégory Damon

ment de ce magazine ne peut être reproduit d’aucune manière que ce soit, ni par quelque moyen que ce soit, y compris mécanique et électronique, online ou offline, sans l’autorisation écrite de l’association Zyva.

Passionnés de musique, vous souhaitez partager notre aventure, pour nous contacter : contact@zyvamusic.com Retrouvez les numéros précédents et les points de dépôt du magazine en téléchargement sur zyvamusic.com/mag Remerciements pour ce numéro : Ben (Chinese man record), Gaëlle Barbier (Marché gare), Tiko, Maud Mantelin (Nuits de fourvière), Cristina Parapar (Pias), Jean Paul Berney (Un Eté Côté Saône), Line Heimroth (Fêtes Escales), Franck Fricker (Feeling and Sound), Mikaël Morel-Jean (Ontours), Laurent Pierson (Les Derniers Couchés), Anthony Chambon (Emodays production), Morgane Chanal (Festival Démon d’Or), Fabien Hyvernaud (Ninkasi), François Arquillière (Transbordeur), Eric Fillon (Mediatone), Val (La Stickerie), Elodie Pommier (Eldorado & Co), PC, Marie Neyret, Perrine Mekki, Florence Damon-Bernard, Fanélie Viallon, Blaise Diop, Marianne Balleyguier, Romain Gentis, Clémentine Bouchié, Marine Nicolas, Thomas Bouttier, Antoine Chaléat, Sylvain Vignal, Maxime Lance, Sarah Metais Chastanier, et tous les bénévoles.

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Five across the eyes / Par Kymmo

KESKISS PASS DANS L’COIN ?

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L’actualité des structures et groupes Rhône-Alpins

Ard’afrique

Pour la 8ème édition du Festival Ard’Afrique du 8 au 11 août à Les Vans en Ardèche, les organisateurs ont ramené des gros noms du Reggae et de la World Music ! Après le traditionnel marché nocturne du jeudi soir, place aux concerts le vendredi avec Groundation, Jaqee, Rules Of Peace et Ge Dirtysonidero. Le lendemain ce sera au tour de Julian Marley, Gnawa Diffusion, Souljazz Orchestra et la Batucada Bamahia. + d’infos : www.ardafrique.fr Festival Moulinstock

Saint Victor de Cessieu, ses 2000 habitants et son Festival Moulinstock vous invitent pour la cinquième année dans une ambiance festive en plein été les 26 et 27 juillet ! Pour cette année une grosse tête d’affiche avec la venue de Sinsemilia et une flopée de groupes en tout genre : Rock, Chanson avec toujours un esprit festif. Que tu sois de Lyon, Grenoble ou Chambéry tu n’es forcément pas bien loin ! www.generations-moulinstock.fr

Joli assemblage ! Le Festival Bô Mélange 8ème du nom aura lieu du 15 au 19 juillet dans la région de St-Etienne. Il y en aura encore une fois pour tous les gouts avec un joli mélange de styles. Pour ce qui est des grands classiques, les mythiques Earth Wind and Fire et Alpha Blondy seront présents pour cette édition ! Ceux qui voudront se défouler sur de l’Electro métissé seront ravis avec les Israéliens de Balkan Beat Box (photo). On notera également la présence du Bluesman Lucky Paterson ou encore du Trio Winterstein pour le côté Jazz Manouche. + d’infos : www.ntbeaulieu.fr Rencontres Brel Imagine une petite route sinueuse qui serpente à travers les monts du Chartreux, senteurs boisées et force des montagnes, dans un cadre naturel magnifique. C’est là, à Saint Pierre de Chartreuse (entre Grenoble et Chambery) que se déroule la 26ème édition du festival des Rencontres Brel, du 16 au 21 Juillet. Cet “Ecofestival” est orienté sur la chanson française dans sa pluralité. Niveau programmation, on y retrouve donc essentiellement de la chanson française avec Arno, Emilie Loizeau, les Tit’Nassels ou encore Jane Birkin (qui chante Gainsbourg), mais également du Reggae avec Tryo, ou encore du Rap festif avec HK & Les Saltimbanks (photo). On notera la soirée “ intrus” avec deux groupes français mais chantant en Anglais avec Wax Tailor et Miss White & The Drunken Piano deux groupes à voir sur scène. Par ailleurs, cet “ EcoFestival “ s’engage dans une logique d’équilibre durable en favorisant le covoiturage comme moyen de se rendre là bas, le tri et la gestion des déchets sur place pour limiter l’impact environnemental que 14 000 personnes attendues peuvent causer. + d’infos : www.rencontresbrel.fr

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Du Metal à St Maurice

Grenoble Frappé Du 22 au 28 juillet le Cabaret Frappé sera une nouvelle fois présent pour une série de concerts à thématiques diverses. On commence le 22 avec une soirée Folk Soul où seront présents Cody Chesnutt et Mélissa Laveaux. Le lendemain ce sera le concert Nouvelle Scène Française avec Lescop et Fauve ! Le 24 soirée Rock avec les Parisiennes de Théodore, Paul et Gabriel, Heymoonshaker (photo) et Le Velvet de Rodolphe Burger ! Le 25 ce sera ambiance Roots avec U-Roy et Winston Mc Anuff en featuring avec Fixi l’accordéoniste de Java. La soirée Hip Hop du 26 accueillera The Herbaliser et Contratakerz. Samedi soir place à la soirée Pop avec Minéral et Get Well Soon ! Enfin pour clôturer un concert gratuit le dimanche à 17h de Dark Dark Dark ! A noter que tous les jours du festival à 19h au Kiosque un groupe se produira gratuitement ! + d’infos : www.cabaret-frappe.com

Les 9, 10 et 11 août à St Maurice de Gourdans dans l’Ain place au seul festival de Métal cet été dans notre région ! Le vendredi Warm Up avec un bal mousse métal en open air avec groupes et DJ pour mettre le feu ! Le samedi et dimanche place aux concerts classiques avec une vingtaine de groupes : Nashville Pussy, Elmer Food Beat, Biohazard, Eluveitie, Agnostic Front, Le Bal des Enragés, Mondo Generator, Banane Metalik, Downset et bien d’autres ! + d’infos : www.sylakopenair.com Le Forez en feu !

Woodstower à l’ancienne ! Cette année pour sa 15ème édition les organisateurs ont misé sur des anciens dans tous les styles : Eels et son Rock expérimental, NOFX les légendes du Punk et les frères belges de 2Many Dj’s pour faire danser les foules ! A ces trois gros viennent s’ajouter les explosifs Deluxe, Aufgang, Barcella, The Toxic Avenger, Tambour Battant ou encore Didier Super et sa comédie musicale, tout ceci le samedi à partir de 15h sur trois scènes ! La grande nouveauté sera le concert silencieux ! Le lendemain ce sera “un dimanche au bord de l’eau” avec un mélange de concerts et spectacles. On retrouvera Suissa déjà présent la veille avec Daniel Ducruet, mais aussi le chanteur Idir, les Cie les 3 points de Suspension,Transe Express, les Contes et légendes du Rhône et de nombreux DJ’s qui vous feront danser dans l’eau avec le Sound System Sous-Marin. + d’infos : http://woodstower.com La Chabriole ! Si je vous dis que le Festival de la Chabriole à St Michel de Chabrillanoux en Ardèche est l’un des plus vieux festivals de la région, vous n’allez pas y croire et pourtant cette année c’est la 38ème édition ! On ne parle pas ici d’un événement ramenant des milliers de festivaliers déchainés, mais il n’empêche que toute la clique de la Chanson Française festive est passée par là pendant ces dernières années : La Mine de Rien, les Têtes Raides, Marcel et son Orchestre, les Tit’Nasselles, La Rue Ketanou... Pour l’année 2013 ça se passe les 20 et 21 juillet avec trois groupes le samedi : Barrio Populo, Les Ogres de Barback et Camping de Luxe (Hurlements de Léo et Fils de Teuhpu). Pour le dimanche place à la... Fête au Village ! + d’infos : http://chabriole.voila.net

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Comme chaque année depuis 2005 le Foreztival investit la petite ville de Trelins pour un événement couplant musique et arts de rue. La programmation n’est pas encore complète et déjà des gros noms seront présents : Didier Wampas & Bikini Machine et leur nouveau projet, la Rue Ketanou et Wailing Trees pour le vendredi 16 août, la star montante du Reggae français Biga Ranx, les Ogres de Barback, Aïbara & Lao Experiment et Anakronik Electro Orchestra le samedi 17. Le dimanche ce sera la partie Art de Rue avec tout de même un concert de la Fanfare Touzdec. + d’infos : http://www.foreztival.com Rock’n Poche “Le plus grand Festival de Rock de Haute-Savoie du Monde” ! Voilà comment se définit lui-même le festival Rock’n Poche de Habère Poche, mais ne vous attendez pas non plus à y voir seulement du Rock et des gros noms ronflants. On commence le 2 août avec en tête d’affiche : H-Burns, Concrete Knives, Scatch Bandits Crew ou encore Raggasonic. Pour la scène découverte seront présents notamment le duo Rock féminin Mensch et les explosifs TchopDye. Le 3 août on repart avec Tété, Granville, Goran Bregovic et Deluxe sur la grande scène mais également Mû (en itw dans ce mag), Sound Box et Bottle Next pour la scène régionale. + d’infos : www.rocknpoche.com


KESKISS PASS DANS L’COIN ?

Drop The Vibes !

Ciné Concert en Péniche

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Depuis six ans le festival Cinéfil organise sur le Rhône et la Saône des soirées gratuites mêlant courts métrages et concerts. La péniche sera présente dans six villes de la région, parmi elles Lyon, Valence ou encore Trévoux, du 19 juillet au 5 août pour 11 représentations. Parmi les groupes on retrouvera un sacré mélange de styles ! La Chanson décalée de Monsieur Bidon, l’orchestre un peu spécial de la Rhinofanpharyngite, mais également l’ensemble Nazca, ses deux chanteuses et son ukulélé. Seront également présents la chanteuse orientale Chems ou encore Orange Bud et son Rock énergique, Mû le duo Piano-Chant pour la première moitié et BeatBox-Rap pour l’autre. Le Chanteur Suissa sera de la partie, ainsi que la musique irlandaise de Toss. Côté cinéma, c’est trois programmations que nous propose le festival itinérant, composées chacune de six courts métrages. Entre cinéma d’animation, fiction, expérimentale, documentaire… Il y en aura à coup sûr pour tous les goûts. + d’infos : www.cinefil.org

L’association Vibes organise le 20 juillet au Blogg à Lyon une soirée mélangeant Graph, projection VJ et Musique ! On commencera à 21h pour finir à 4h avec cinq dj’s variés pour vous faire danser toute la nuit. On commencera par Al’Tarba feat DJ Nix’on et leur Abstact Hip Hop, suivi du Dubstep de Baby Bro et de l’Electro de Macrobiotik Sound System. Pour terminer ce sera Perox et son ElectroRock et Lhyzergixx pour un mélange de Bass Music.

Les Jeudis c’est gratuit !

Festival Gratuit à Valence !

17 édition pour les Jeudis des Musiques du Monde, festival gratuit organisé du 4 au 29 août aux Jardins des Chartreux (Lyon 1er). La première date est consacrée aux fanfares le 4 juillet, puis le 11 place aux musiques Mandingues, traditionnelles d’Afrique de l’Ouest. Le 18 juillet c’est au tour du Cajun, musique traditionnelle de la communauté française de Louisiane puis le 25 on chantera en patois avec un concert en francoprovencal suivi d’un autre en languedocien. Le 1er août l’ambiance sera brésilienne (Samba Choro et Bossa Nova). Le 22 août place aux musiques de Syrie et moyen orient puis l’été se terminera dans une ambiance festive avec une soirée Balkan Groove un mélange de musique des balkans et Klezmer. + d’infos : www.cmtra.org

Babayaga

ème

Durant tout le mois de juillet une dizaine de concerts gratuits sont organisés dans différents parcs de Valence. On notera particulièrement deux dates. Le 14 juillet c’est Dj Zebra qui vous ferra danser pour la fête Nationale ! Le 26 c’est la Nuit du Rock qui porte mal son nom avec les très bons rappeurs d’Odezenne, Arnaud Rebotini et son electro jouée en live et Yalta Club groupe de folk-rock. Les autres soirs vous pourrez écouter le rappeur L.E.C.K, Yvan le Bolloc’h, Taksim ou encore Dionysos en soirée de clôture le 30 juillet. + d’infos : www.festivaldevalence.fr transe en vercors

Le dernier show des Unco’ La nouvelle tourne depuis quelques temps sur internet, les sales gosses d’Uncommenmenfrommars vont faire leur dernier concert cet été au Freak Show Festival le 31 Août. “Nous allons tous les 4 profiter de cette pause bien méritée pour s’investir dans nos projets parallèles. A savoir X-TV, SONS OF BUDDHA, TA GUEULE, et d’autres projets en cours dont vous entendrez parler très bientôt ! Restez connectés on fera suivre toutes ces infos sur cette page ! Vous n’avez pas fini de voir nos tronches sur la route !” Il partagerons la soirée avec Crome Cranks, Big’N, Ni et bien d’autres groupes de Rock, Noise, Punk... La veille nous retrouverons sur scène Jc Satan, Cheveu... Donc pour faire simple, si tu es un amateur de musique bizarre, violente, de bière bio ou un grand fan nostalgique d’Unco’ et que tu traînes dans la Drôme, ce festival est pour toi ! + d’infos : www.freakshow-festival.com

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Le Hadra Transe festival revient cette année du 22 au 25 Août, à Lans en Vercors en Isère. Dans un cadre magnifique au cœur des montagnes du parc régional du Vercors, plus de 30 000 personnes sont attendues pour assister à ces trois jours de musique, arts numériques, scénographies et performances diverses. Une centaine d’artistes venus de tous horizons géographiques et musicaux seront là pour un riche mélange de styles et de genres, comme par exemple des groupes locaux - les lyonnais 6Nok ou Triobassama - ou des têtes d’affiche comme les Israeliens de Aerospace et les Allemands de Protanica. + d’infos : www.hadra.net


DISCUSSION

A l’ENM, Villeurbanne 14/06/2013 Par -HMK- Photos live : Kymmo

oi qui aime la musique dans toute sa diversité, tu te dois de jeter une oreille à Mû. Ce duo, Cécile TTantôt et David, respectivement pianiste chanteuse et beat-boxer, est une invitation au voyage stylistique. hip hop teinté de groove, tantôt trip hop ou même Rock, on se laisse vite entraîner par la qualité

de leur composition et la singularité de leur projet. Si tu traînes tes guêtres en festoches Rhône-Alpins ces deux prochains mois, tu auras sûrement l’occasion de les voir en concert. Petite discussion avec le binôme, à l’Ecole Nationale de Musique de Villeurbanne.

ZYVA : On est particulièrement contents d’être avec vous aujourd’hui, puisqu’on connaît le groupe depuis un moment, et on a vu la formation évoluée d’années en années. Mais avant de rentrer dans le détail de tout ça, on va peut-être commencer par vous laisser vous présenter, vous, Mû, votre formation qui est un binôme, que certains disent Hip-hop / Jazz, voilà moi je serais tenté de rester sur l’aspect instrument et de dire Beatbox, piano, voix. Qu’estce que vous en pensez déjà ? Cécile : Effectivement je trouve ça plus juste aussi, de dire beatbox / piano, parce que au niveau du style on ne se fixe pas vraiment de limite, et ça restreint un peu de dire “un style”… Z : On est d’accord… C.: Après faut faire un nom à rallonge Trip-hop / Hip hop / Jazz / Rock… enfin voilà quoi… David : Je crois que la musique actuelle aujourd’hui elle est un peu comme ça, elle est métissée de tout un tas de choses. Après il y a certains artistes qui font le choix de vraiment rester dans un style, très fort, genre que ce soit très Reggae, très Hip hop, mais ce n’est pas notre cas. Le truc c’est de puiser un peu partout et faire sa petite sauce, ce qui est pour moi bien plus intéressant. Après, si demain on avait vraiment l’envie de faire, je ne sais pas moi, euh, un truc très Rock, très froid, et pas de Hip hop, on pourrait le faire si on en a vraiment envie. Mais je pense qu’on s’ennuierait et puis le mois d’après on aurait envie d’en remettre, tu vois ? Z : OK. Pour que nos lecteurs sachent, vous êtes deux, toi Cécile, et toi David. A l’origine du projet,

c’est tous les deux ? Comment ça s’est mis en place, si on revient au tout début ? D. : On s’est rencontré un peu par hasard euh… et avec un bassiste, on pensait que c’était très original, bassiste-pianiste et beatboxer. Après on a trouvé ça original aussi de greffer un batteur pour que ça envoie un peu plus sur scène. Et après on a trouvé ça mieux d’être à deux, parce que en fait il y a quelque chose de plus juste et de plus direct. C. : Et aussi, ça s’est fait un peu par hasard… Le tout premier concert qu’on a fait à deux, c’est parce que le bassiste n’était pas disponible et qu’on avait quand même envie de le faire, et voilà… De fil en aiguille, on s’est dit finalement que c’était pas plus mal, on peut dire que ça a été un accident plutôt sympa. Z : Ça vous a permis de vous remettre en question sur la construction de votre set aussi ? C. : Oui, bien sûr, aussi… On a modifié les chansons en fonction… Z : Du coup, on comprend mieux l’évolution. C’est beaucoup plus construit aujourd’hui, et au-delà du côté technique où, effectivement, à force de concerts, car vous avez quand même pas mal tourné, c’est quand même très propre avec une empreinte forte. Vous avez fait combien de scènes depuis… ? C. : C’est une bonne question ! D. : C’est sûr qu’en quatre ans, on a presque appris à faire de la musique. On a appris à faire un groupe de Rock avec un bassiste et un batteur, et piano, beat box machin tout ça… Mais on a autant appris à déconstruire ça, et faire de la musique avec juste trois fois rien.

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C’était un peu laborieux au début mais comme notre but c’était vraiment de jouer, jouer, jouer et jouer, le plaisir on le prenait vraiment sur scène, plus qu’en studio par exemple. C. : Ce qui est toujours le cas… D. : Alors on a fait de la scène, on n’a pas arrêté, quoi, on a fait de tout. Du coup, sur le plan de l’improvisation aussi, on a beaucoup progressé. Gérer les cafouillages et les trucs comme ça, interagir avec le public du soir... Tous ces moments, tous ces instants ont été un cours de musique en lui-même, quoi. Z : Quand on repense à l’identité du groupe, on peut dire aussi que Mû ce sont des textes, un message, une imagerie autour. Quand vous avez construit tout ça, quels ont été vos leviers d’inspiration à ce moment-là ? C. : (Rires) Euh… ben… Pareil. Ça s’est fait de fil en aiguille, disons qu’on a testé plein de choses. Au départ c’est David qui gère ça, et à force, des fois il faisait des choses qui me plaisaient, d’autres fois des choses qui me plaisaient pas, on en discutait, et puis voilà, à force de chercher on a fini par trouver ce qui nous allait. D. : Je pense que l’idée, ce n’est pas d’inventer de la musique révolutionnaire, puisque bon, je ne crois pas que l’on ait ce talent là, par contre il y a quelque chose de l’ordre de la personnalité, de qui on veut être en fait, ce qui est plus important que la qualité de composition en elle-même. On est qui on est, on n’est pas des excellents musiciens, mais on a absolument envie de faire ça. Il y a de très bons groupes qui se sont révélés comme n’étant pas des très bons musiciens, mais qui ont eu une personnalité importante dans leur musique, une empreinte forte. Et je pense qu’il y a quelque chose à voir avec la détermination où, ben ouais, quand tu veux être musicien tu vas faire des concerts, même si ta musique est pas terrible, t’en fais, encore et encore, t’apprends comme ça. Et t’as pas besoin d’avoir une image ultra sophistiquée, tu vois, avec un clip complètement fou, et pour nous, pour moi, le plus important c’est comment on se présente sur scène, c’est vraiment ça le point numéro un. Z : Mû sera partout cet été ! Vous faites Rock n’ poche, vous faites le Démon d’Or… D. : Y a de tout hein, t’as vu ? Il y a des gros festivals de région, mais aussi des petits plans d’Office de tourisme, des cafés-bars à travers la France… en fait y a un bon équilibre, et c’est bien… Z : Parce que vous êtes encore

dans cette phase de transition, ou vous sentez que ça monte ? C. : Disons que dans la région oui, mais après si on veut en sortir, c’est forcément des cafés-concerts en dehors de la région, il y a une question de notoriété bien sûr, et puis une question de réseau aussi, pour l’instant le réseau s’étend petit à petit, les choses se font… Z : Mais ça avance bien j’ai envie de dire. Ça fait beaucoup de dates à préparer en un temps relativement court en fait pour vous ? D.& C. (en chœur, seconde voix à la tierce) : Ah ouais ouais… Ouais ouais… Z : Et ça se prépare comment, c’est forcément différent ou quoi ? C : Oui, par exemple il y a deux jours on a fait une résidence justement pour cette tournée afin de mettre en place des choses, notamment avec l’ingé-lumière qui nous suit. Il ne sera pas là sur toutes les dates, mais sur les plus importantes. C’était important de travailler avec lui le set, c’est quelque chose qu’on n’a jamais vraiment fait, d’habitude on l’adapte en fonction de l’ambiance, on faisait ça 5 minutes avant de monter sur scène. D : Disons que là pour une fois on s’est mis un cadre, et on va essayer de le respecter un maximum, après il y aura des petits ajustements suivant les dates…

Z : Ça doit sûrement changer la vie, quand tu as passé des années à booker toi-même, à faire toi-même les démarches. Le fait que quelqu’un d’autre s’y dédie, ça doit vous laisser un part de liberté… D. : Ce qui est bien, comme on a fait tous les plans, tous les trucs les plus bizarres et les plus galères possible, autant on en a fait des très beaux aussi, on a une sorte de reconnaissance en fait, tu vois... C. : En fait, on apprécie vraiment ce qu’on a aujourd’hui, du fait d’avoir galéré avant… (Rires), c’est un peu ce que tu veux dire, non ? D. : Ouais, ouais… C. : C’est très agréable de monter sur une scène, avec 500 personnes devant toi, ultra chauffées à bloc, que plutôt 20, et on s’en rend compte parce qu’on a fait ces scènes avec ces 20 personnes, qui buvaient leurs bières et qui avaient autre chose à “...quand tu veux être faire que d’écouter le concert. (Rires) musicien tu vas faire

des concerts, même si ta musique n’est pas terrible, t’en fais, encore et encore, t’apprends comme ça.”

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Z : Je voulais revenir sur votre expérience en tant que groupe local, vous avez fait beaucoup de tremplins, des choses comme ça, j’ai souvenir de celui du Ninkasi.


Un groupe local, maintenant, qui scène ce que ça donne”. veut vraiment se démarquer, doit D. : C’est un peu le problème qu’on vraiment passer par cette étape a, et c’est pour ça finalement qu’on de concerts à droite, à gauche, est très lent à avancer, c’est qu’on de faire sa cinquantaine, centaine n’arrive pas à avoir une qualité de dates. Sans vouloir dire qu’il y d’enregistrement en studio qui cora une formule magique à tous les responde à ce que l’on fait sur scène, groupes, mais selon votre recul, cette énergie-là, et du coup les gens qu’est-ce qui est le plus imporse font un avis à la première écoute, tant ? et ne vont pas au concert... Mais par C. : Bien sûr, on dirait que c’est ça, contre ceux qui viennent aux conde faire des dates, après si t’as le certs, ils viennent tous nous voir et réseau qu’il faut, ça peut aller plus achètent tous nos CD (rires) ! vite (rires) ! Et ça dépend aussi d’où tu en es musicalement, parce que il y Z : Autre question, qui vient comen a qui sont là, déjà prêts à faire des me ça, pourquoi le nom Mû ? grosses scènes, avec des compos C. : Mû pour “Monde Utopique”. Mû déjà abouties. est aussi le nom d’un continent enD. : Ça c’est le truc du deuxième glouti, comme l’Atlantide. On avait groupe, par exemple il y en a à Lyon un morceau au début qui raconte qui ont fait ça, comme Erotic Market, un peu cette histoire, et qu’on ne fait “Mû pour “Monde tu vois ça a tourné un moment avec plus… N’relax, ils ont fait beaucoup de choUtopique”. Mû est aussi ses, et quand Erotic Market était prêt, le nom d’un continent en- Z : Ah ben, il y en a beaucoup des après un ou deux ans de travail, Paf ! morceaux comme ça que vous ne Ça part, quoi ! Tu vois ? Alors quand glouti, comme l’Atlantide.” jouez plus ? Des morceaux qui ont tu as un premier projet, et que tu as été authentiques, et qui ne le sont beaucoup de choses à apprendre, tu plus ? vois ça peut être long. Après, chaque groupe aura un D. : Ouais, il y en a quelques uns, ouais. C’est des trucs peu le chemin qui lui est propre. Genre les Wailing Trees que tout d’un coup tu ne joues plus sur un concert, le par exemple, ça fait un an je crois qu’ils existent, et eux concert suivant non plus, et au bout d’un moment tu ne ça va très vite car ils ont rodé plein de choses avant, et le répètes plus, et… quand ils ont monté le projet… Paf ! Ça part, quoi ! … C. : Et on les perd, on ne sait plus les jouer ! Je sais pas trop comment il faut voir les choses, je pense qu’il faut être assez humble et surtout prêt à aller bouffer Z : Sinon avez-vous déjà pensé à la suite ? Vous de la scène partout, c’est obligé quoi, parce que sinon… savez déjà quelle sera la prochaine matérialisation Ou alors, tu sors un morceau qui est merveilleux avec un de votre projet ? clip super et tu joues cette carte-là, encore faut-il avoir D. : Je pense que si on réussit cette étape de cet été, on trois quarts d’heure de set qui suivent derrière. va se concentrer sur une chose, à savoir l’enregistrement C.: Et puis faut aussi avoir de quoi le diffuser, ce titre… en studio. C’est bien, mais si t’as que 20 amis dessus ça va pas C. : Ça va être le prochain défi, ouais. On voudrait que forcément très vite même si ton morceau il est super. ça ressorte sur disque comme ça ressort en concert, avec la même énergie, quoi. Z : Vous gérez ça aussi, tout ce qui est réseaux soD. : Ouais, quitte à travailler avec des gens extérieurs, on ciaux, et web-machins, là… ? C’est quelque chose va sûrement demander de l’aide, sans vouloir forcément qui vous importe, ou pas forcément en fait ? enregistrer beaucoup de morceaux, mais se concentrer C. : Si, quand même, parce que c’est notre unique moysur quelques uns, et arriver à bien faire sonner tout ça. en de communiquer en fait. D. : Ouais, mais on n’a pas non plus la petite applicaTitre d’un artiste ou d’un groupe qui pourrait vous tion machin téléphone, où t’envoies ta petite photo en représenter vous ou votre musique : tournée, genre ouais on est là on est en train de phoBjörk - Who is it tographier les balances, et dans la minute on te met ça sur fessebouque et là tu as 20 personnes qui cliquent “j’aime”. On n’est pas comme ça, pas encore, parce que… un peu la flemme je pense… Z : Ouais, moi j’ai le sentiment que vous êtes quand même très “artisans” de la musique aussi, dans le sens où on retrouve un côté “si tu veux prendre ta claque et savoir ce qu’est Mû, il faut venir voir sur

Primitif / Primitive (EP) www.mondeutopique.com Prochain concert : 03/08 Festival Rock’n’Poche

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Vent froid sur Lyon

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ous deux issus de deux univers musicaux différents, Romain (chanteur / guitariste au sein Crime) et Amédée (alias Somaticae) ont allié leurs forces au sein de Balladur, formation ambitieuse, oscillant entre New-Wave, Cold-Wave et Shoegaze. Présentés comme les artisans d’une pop à la fois simple et exigeante, le duo brasse, croise et fusionne ses diverses influences sans pour autant sombrer dans le plagiat ou le facsimilé Curtisien. Bien au contraire Balladur fait preuve d’une grande créativité et le travail fourni tant au niveau des mélodies que des textures, donne à leur chanson un relief certain empreint d’une grande sincérité. Les chansons Without Shame et Pretty Face en sont la preuve et sonnent déjà comme

Nailitch

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e plus en plus présent sur la scène électronique lyonnaise, Nailitch est l’un des membres de Basse Résolution et probablement le plus prometteur d’entre eux. Perfectionniste, il cumule les brouillons de ses titres techno qu’il édite sans cesse pour ne garder que le meilleur : “Parfois on a tendance à s’emporter et il suffit de pas grand chose pour que la track marche. […] Faut savoir faire le tri !” affirme le jeune producteur. Né au Chili en 1992, trimbalé de continent en continent par sa mère, passant par l’Australie, l’Espagne et même l’Indonésie, il s’installe définitivement en France âgé d’une dizaine d’année et entre au collège à Villeurbanne. La rencontre avec la vie lyonnaise ne se fait pas attendre : en 2004, il se rend

des tubes incontournables qui ne devraient plus tarder à faire le tour de la toile. Signé sur le très prometteur Aligator Baby Records (AB Records), Balladur contribue à faire les beaux jours du collectif annécien et sonne comme une valeur sûre pour l’avenir du label pourtant déjà bien fourni ( Bermudaa. MARAMé, Alexander Van Pelt...etc)

Par Barth Bien qu’encore récente, la jeune formation a su prouver sa maîtrise de la scène et peut s’appuyer sur deux solides représentations données au Sonic et à la Marquise pour continuer son expansion. Leur premier album est en écoute gratuite sur leur bandcamp et est disponible en format K7 pour la modique sommes de 5 euros. Les prochaines échéances électorales s’annoncent cruciales, et pour ceux qui n’auraient pas encore trouvé le candidat qui nous sortira de ce marasme ambiant, la redac’ de Zyva a d’ores et déjà fait son choix : Votez Balladur. Ecoutez : balladur.bandcamp.com

Basse Résolution aux Nuits Sonores en compagnie de ses parents, curieux de découvrir l’événement. C’est à ce moment que le jeune bassiste, fan de soul et de funk, se tourne vers les musiques électroniques, avec pour objectif de devenir DJ : “L’année d’après, je me suis mis à télécharger des logiciels et, en les squattant, en squattant des forums, j’apprenais des nouveaux effets. Encore aujourd’hui c’est pas si simple !” Fruity Loops, Reason, Logic, Traktor, Ableton : il écume les software et investit peu à peu dans des contrôleurs. Très vite, la musique devient un refuge et une thérapie. En quête de repères, à la recherche de ses racines, il se rend au Chili en 2011 où il découvre la corruption, la dictature et l’extrême pauvreté. Ce choc culturel et politique se ressent dans son premier clip, Un dia en Valparaiso et lui a permis de prendre de la distance : “Quand j’étais petit mon rêve était de devenir DJ maintenant ça serait plutôt de faire tomber toutes les grosses multinationales ! (rires) [...] S’il faut arrêter la musique, je le ferai !” lance-t-il avec une pointe d’humour noir. Mais ce n’est pas

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Par Anto

pour autant que son projet n’est pas sérieux : pour lui, cette passion artistique doit aboutir à quelque chose en dehors du fait de s’exprimer. Ses objectifs ? Continuer à composer et réunir l’argent nécessaire pour faire grandir son studio : percussions, instruments, machines, il ne veut se fixer aucune limite. Sa musique, introspective et profonde, doit continuer d’évoluer sans se soucier des étiquettes. Cet été, il jouera à Lille (le 6 juillet) et dans le sud (en août), histoire de faire passer des good vibes en attendant la rentrée et la sortie d’un vrai EP - quand il sera définitivement prêt. www.basseresolution.com soundcloud.com/nailitch

ZOOM SUR LE LOCAL

balladur

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ZOOM SUR LE LOCAL j

shoot it “S

hoot it ! Un lieu, un live !” On en entend pas mal parler en ce moment, mais qu’est-ce que c’est ? Le principe est simple : figurez vous un groupe, qui joue en live, installé dans un lieu et que l’on filme, voilà vous y êtes ! Cela fait presque un an que l’asso Lyonnaise s’est lancée, et elle commence à prendre du grade. L’idée trotte dans la tête de Hugo Chetelat et de François Chavallard depuis qu’ils ont découvert quelques Par Léo années en arrière, des captations de live de la Blogothèque ou encore de La Via Show. Mais c’est en juillet dernier qu’est tourné le premier Shoot !t sur un toit,

Un lieu, un live ! avec le groupe Pira.Ts (photo bas). La machine est lancée. Leur but est de créer un événement régulier en sortant une vidéo toutes les deux semaines, ce qui demande une bonne organisation et un grand investissement. Cela commence d’abord avec des groupes qu’ils connaissent, qu’ils aiment bien. Mais petit à petit le blaze circule et ce sont eux qui se retrouvent à être sollicités par des groupes. Ajoutez à cela des idées en pagaille, mais surtout une équipe de bénévoles, restreinte au démarrage, qui grossit au fur et à mesure. Plus qu’un lieu, qu’un simple live, c’est une ambiance nouvelle qu’ils offrent à voir à chaque fois. On reconnaît certains recoins de la ville de Lyon, on en découvre d’autres qui ont été tournés dans la région ou à l’étranger. Les styles de musiques et les lieux sont très variés mais on retrouve toujours cette poésie et cette fraicheur dans ces captations d’instant présent. Voilà donc une très belle façon de faire connaître des groupes locaux,

Par Sarah

car “il y a de la matière dans la région Lyonnaise” m’a dit Hugo. Pour sûr dans cette première saison qui se termine on peut y déguster du Joe Bel, Billie, Golden Zip, Erotic Market, et bien d’autres. La saison 2 est déjà en préparation mais la diffusion ne commencera pas avant la rentrée.. en attendant la prochaine dont les artistes restent encore secrets, vous pouvez vous passer et repasser et faire passer les 17 vidéos déjà tournées ! www.shoot-it.fr

oli_lab

Bricolage sonore pour tous !

L

es rapports entre l’humain et la machine ne sont pas forcément voués à la destruction de l’humanité par des robots-tueurs. Au laboratoire Oli_Lab, on pense même que c’est la création qui l’emportera. Dédié aux musiciens, plasticiens, graphistes, artistes professionnels ou amateurs, le dispositif habilement conçu par Olivar, savant fou établi sur CroixRousse, permet aux curieux de se familiariser avec l’usage d’outils numériques dans le but d’augmenter leur pratique artistique. Parmi les artistes déjà séduits, on peut citer le groupe expérimental PoiL qui utilise

le Système Tentaculaire dans son clip Trouille Cosmique, le collectif Lightgraff, les rockeurs dance métal de Green Daddy ou encore les Scratch Bandits Crew. Concrètement, si vous cherchez à synchroniser un gyrophare avec votre pédale de reverb’, ou à installer une implémentation MIDI sur un jouet en plastique, c’est ce Lab qu’il faut contacter. Déterminé à transmettre un savoir technique pour élargir le champ des possibles artistique, l’association propose de nombreux ateliers tout au long de l’année. Véritables moments d’échanges interdisciplinaires, ils permettent d’appréhender l’interface Arduino afin de créer des machines autonomes, d’ajouter des commandes supplémentaires à vos instruments ou de développer votre prestation scénique. Sur place, vous

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Par Anto pourrez réaliser vos projets les plus fous en suivant les conseils avisés d’Olivar ou simplement tester les interfaces existantes telles que le Système Tentaculaire, un ensemble automatisé de machines interdépendantes produisant sons et lumières, conçu comme une allégorie d’un système industriel de production. Présente l’année dernière aux festivals d’arts numériques l’Abeille Beugle, dans la Drôme, au RVBn à Bron ou encore Électrochoc à BourgoinJallieu, l’association est sur tous les fronts. Cet été, après être passée par Montpellier pour la fête de la musique, elle sera Place des Archives à Lyon le 7 juillet ainsi qu’à Marseille le 30 août. http://oli.lab.free.fr



DISCUSSION

Au téléphone le 05/06/13 Par Violette / Photos live : Boby

j Du Groove moustachu ! la sortie d’un deuxième EP - dont le succès s’avère aussi révélateur que le premier - et une Edu ntre tournée, bien amorcée, d’une petite centaine de dates (oui, rien que ça !), Kilo, le batteur et beatmaker groupe, nous explique le phénomène Deluxe, de la manière la plus simple qu’il soit. Et pour cause : pas besoin d’aller chercher plus loin que le bout de son nez ! Du groove, de la moustache, de la chance et beaucoup de charisme. Ça tombe bien, ce dernier n’est vérifiable qu’en live, et vous n’avez aucune excuse pour ne pas le faire ! Une philosophie ? “Prends ta bière, viens danser et mets tes soucis de côté !”

ZYVA : Ça fait un peu plus de deux semaines que votre deuxième EP, “Daniel”, est sorti. Vous avez déjà des retours ? Kilo : Des retours du public, surtout. Les salles sont bien pleines et les gens se déplacent, donc c’est cool. On a eu aussi plusieurs articles dans des blogs, des fanzines ou des journaux de la région. On est bien accueillis, en somme.

“On a un grand rêve, c’est de faire une tournée avec les MCs et d’avoir un vrai show, avec des lumières, des costumes… un truc à la Star Wars !”

Z. : En plus, ce sont des morceaux qui vont apparaître dans le prochain album, qui sort en septembre ? K. : Le 16 septembre, oui. Tous les morceaux de l’EP y seront, sauf le remix de Chinese Man.

entier était difficile car beaucoup de titres, beaucoup de travail, et donc beaucoup de temps. Mais on est restés dans la même veine que Polishing Peanuts, en enregistrant dans le studio et dans notre maison, genre dans les toilettes ou dans une chambre !

Z. : C’est donc plutôt positif, c’est que l’album entier risque d’être bien accueilli ! K. : C’est à toi de me le dire (rires) ! Z. : Vous en avez fini avec l’enregistrement ? K. : Oui, il y a un mois ou deux, quasiment. On travaillait aussi sur la B.O. du film “Les Profs”, ce qui nous a pris pas mal de temps et ça a retardé la sortie de l’album. Finalement, septembre c’est bien puisqu’on va faire toute la tournée des festivals, ce qui permettra de l’annoncer.

Z. : C’est cool, ça ! Personnellement, j’ai entendu des sonorités un peu plus Rock et Pop sur certains morceaux… Un côté plus festif. K. : C’était un choix des morceaux que l’on voulait mettre sur l’EP. Mais tu verras, dans l’album, ils sont tous très différents, avec un effet patchwork. On a voulu que tous les musiciens soient de la partie en faisant une espèce de consensus. C’est pour ça qu’il y a des morceaux super Rock, d’autres Hip-Hop, d’autres Pop… Ce n’était pas vraiment un choix au final, ça s’est fait comme ça.

Z. : Au niveau de la composition, avez-vous été influencés par votre succès avec Polishing Peanuts (ndlr : le premier EP, sorti fin 2011) ou avez-vous tout simplement repris des compos déjà réfléchies ? K. : Non, on est toujours restés dans un mélange acoustique / électronique. Le fait que ce soit un album

Z. : Ce qui permettra que chaque musicien se fasse plaisir sur scène. K. : Grave. En plus, comme tu as dû le remarquer, on a un featuring et on a un grand rêve, c’est de faire une tournée avec les MCs et d’avoir un vrai show, avec des lumières, des costumes… un truc à la Star Wars !

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vpolabis

“On a eu la chance de rentrer dans le label Chinese Man records, […] avec lequel on a créé une vraie complicité, une vrai transparence dans le travail. C’est rare [...]”

Z. : On ne manquera pas la date, promis ! Tu parlais des featurings que vous avez faits ; j’ai remarqué que ce sont pas mal de MCs ayant bossé avec Chinese Man. K. : Oui, on a eu l’occasion de les rencontrer grâce aux concerts de Chinese Man, dont on a fait la première partie plusieurs fois. Mais ce sont des potes avant tout et on est dans le même délire musical.

C’est en train de se réaliser, mais il faut vraiment venir voir le spectacle pour s’en rendre compte. Sur CD, c’est toujours difficile de retranscrire ce que tu cherches à faire. Les gens nous disent souvent : “Ouais, le CD est bien, mais c’est moins musclé, moins punchy qu’en live”. C’est le cas pour beaucoup d’artistes, surtout dans le style de musique qu’on joue.

Z. : C’est peut-être grâce au label également, Chinese Man Records. K. : Oui aussi, sa place est importante car il permet de faire en sorte que tout soit plus simple, ce qui nous permet d’avoir des lives en compagnie de Taïwan MC, par exemple.

Z. : C’est clair que sur scène, d’après les vidéos que j’ai vues, vous avez une sacrée patate ! K. : Ah, parce que vous n’êtes toujours pas venus nous voir en live ?! Z. : Ben non, vous n’êtes pas beaucoup passés à Lyon … K. : Quoi ?! On a fait les 24 h de l’INSA il y a deux semaines et on repasse à Woodstower fin août ; t’as pas d’excuse !

Z. : En parlant de Chinese Man, j’ai l’impression que vous êtes un peu leurs petits frères. C’est beaucoup grâce à eux que vous en êtes là aujourd’hui … K. : Carrément, on a eu la chance de se faire repérer par Zé Matéo qui est un de leurs Djs. On est devenus super potes par la suite et on a surtout eu la chance de rentrer dans le label, qui n’a rien à voir avec Chinese Man, avec lequel on a créé une vraie complicité, une vraie transparence dans le travail. C’est rare d’avoir un label qui te permet de faire tout ce que tu veux. Je rebondis sur l’album qui arrive ; on a eu la main mise sur

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“On est classés Musique Electronique sur Itunes […] mais je dirais Pop / Electro / Jazz / Soul / Funk.” notre travail du début à la fin, que ce soient les vidéos, les featurings, la charte graphique, les morceaux, etc. Si demain on veut faire du Punk / Métal mélangé avec de la Country, on aura le droit de le faire. Dans le monde de la musique, des échos comme ça sont assez rares, voire inexistants, surtout dans le style de musique que l’on joue. Z. : Et tu ne penses pas que vous entamez le même parcours que Chinese Man, que vous risquez d’obtenir la même notoriété ? K. : C’est tout ce que je nous souhaite. Après, Deluxe est différent de Chinese Man dans le sens où ils sont plus catégorisés “scène électronique”. Nous, ce n’est pas forcément mieux, mais différent dans le sens où on passe un peu plus de partout, dans des festivals comme Montreux Jazz par exemple, car on fait de la musique plus acoustique. Après, je ne dis pas que l’on sera plus connus, foncièrement on s’en tape. Le but est que notre musique voyage et parle au plus de monde possible. Z. : Alors tu la catégoriserais de quelle manière ? K. : On est classés Musique Electronique sur Itunes, voilà (rires) ! Je dirais Pop / Electro / Jazz / Soul / Funk.

Z. : Rien que ça ! C’est sûr que ça ouvre plus de portes. Vous vous en servez pour faire passer un message particulier ou c’est juste : “On s’amuse, on se fait plaisir ! “ ? K. : C’est vraiment “on s’amuse et on se fait plaisir”. On n’a pas envie de faire passer de messages en particulier. Z. : Surtout que ça faisait un moment que vous jouiez dans la rue à Aix-en-Provence, donc quand tu as la possibilité de faire ce qui te plaît, tu en profites, tout simplement ? K. : Même au début, quand on faisait nos petites tournées dans le sud, ça restait dans cette idée de jouer devant des gens. L’album est un prétexte à tourner, chose qu’on aime le plus dans la musique. On n’a surtout pas de message politique, on s’en tape. Notre idéologie c’est : “Viens, prends ta bière et amuse-toi, oublies tes soucis !” Z. : Musicalement parlant, c’était aussi la même chose à la période Aix ? K. : Dans l’esprit oui, même si c’était plus de la Funk un peu énervée avec des influences Hip-Hop. On s’est un peu calmés et lorsqu’on a rencontré Chinese Man, les machines se sont mélangées et ça a donné ça. On a rencontré LiliBoy en 2010, on a tout de suite accroché, malgré un boulot long et fastidieux, puisqu’elle ne sort d’aucune école, qu’elle a tout appris sur le tas. Z. : Justement, comment tu expliques que vous

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que des groupes bossent pendant douze ans et ne percent pas. Je pense aussi que c’est une question de chance, comme pour nous. Peut-être que demain tout va s’arrêter, je ne le souhaite pas mais on ne peut pas le savoir... Z. : C’est vrai que le statut de “stars” ou “futurs stars” peut vite vous être attribué. Vous êtes partout et ce, pendant tout l’été. K. : Oui, on est bien partis avec nos quatre-vingt dates qui arrivent jusqu’en décembre...

“On est pas des stars, loin de là. Certains n’osent même pas venir nous voir alors qu’on contraire, c’est le but, c’est de dialoguer.” soyez restés aussi longtemps dans la rue et que votre groupe ait explosé comme ça, d’un coup ? Tu ne penses pas que c’est aussi grâce au fait que vous soyez de bons zicos, que vous ne veniez pas de nulle part ? K. : Taratata a beaucoup joué, hier on était encore sur France Inter en live… On ne s’en rend pas bien compte mais cela génère une visibilité assez importante. Mais c’est surtout internet ! On hallucine quand on voit que les salles sont pleines ! On a juste envie de dire : “Les gars, tout va bien, on est juste contents !” Le phénomène est assez inexplicable. Pourvu que ça dure ! Mais on ne se prend pas la tête, on garde les pieds sur terre. On n’est pas des stars, loin de là. Certains n’osent même pas venir nous voir alors qu’au contraire, c’est le but, c’est de dialoguer. Après, que l’on soit de bons musiciens je ne sais pas, c’est à toi de nous le dire ! Je ne suis pas assez objectif pour m’en rendre compte. Mais c’est vrai qu’aujourd’hui beaucoup de mecs sortent de nulle part et font des millions de vues sur YouTube, alors

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Sortie du 1er album en septembre 2013

Z. : Vous passez au festival de Dour notamment ! K. : Oui c’est super, on fait aussi les Solidays et la grosse date importante est le 28 septembre au Trianon à Paris, qui est une salle mythique. On sera seuls à jouer, ça sera l’occasion de présenter l’album. Avant cela, on va au Montreux Jazz Festival également. Z. : Justement, vous enchaînez les festivals cet été ; comment allez-vous tenir, vu la patate que vous avez sur scène ?! K. : Une bonne hygiène de vie, du sport et beaucoup d’abnégation, c’est la solution. Z. : Tout à l’heure, tu parlais de votre travail pour le film “Les Profs”. Mr Chicken apparaît sur la B.O. de “Fast & Furious 6”. Vous ne devez pas être des gros fans de ciné pour vendre votre musique à ce genre de film ! K. : (Rires) J’attendais qu’on nous le dise ! Non, pas forcément. Pour “Les profs”, c’était un choix délibéré car on avait vraiment envie de bosser avec PierreFrançois Martin-Laval et c’était en effet une expérience incroyable ! Pour “Fast & Furious 6” rien à voir, ça nous a juste fait rire qu’on nous le propose. Titre d’un artiste ou d’un groupe qui pourrait vous représenter vous ou votre musique : The Roots - The Seed

Discographie

Daniel (2013)

Polishing Peanuts (2011)

All Over The Country (2009)

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Prochains Concerts

13/07 Chateau de Goutelas / Marcoux 02/08 Jazz Vocal Festival / Crest 03/08 Rock’n’Poche / Habere-Poche

24/08 Festival Woodstower / Lyon 20/09 Ze Festival / Marsanne

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LES FESTIVALS

j en

Rhône-Alpes j

28/06 au 13/07 Jazz à Vienne (38) : Keziah Jones, Chick Corea & The Vigil, Ben Harper… / 32€ à 46€

15 au 19/07 Bô Mélange (42) : Lucky perterson ; Alpha blondie, Balkan Beat Box... / 12€ à 30 €

03/07 au 06/07 Musique en stock (74) : Fake Oddity, Hyphen Hyphen, Daughter, Archive… / gratuit

16 au 21/07 Rencontre Brel (38) : Miss White & the Drunken Piano, Wax taylor, Tryo, Emily Loizeau... / 11€ à 31€

04/07 au 06/07 Montjoux festival (74) : BB Brunes, Skip The Use, Mika, Tryo, Orelsan… / 31€ à 81€ 06/07 au 07/07 Festi’vrac (01) : Les Vieilles Pies, Barcella, DJ Moule Orchestra… / 13€ à 15€ 06/07 au 07/07 Le col des 1000 (38) : Biga*Ranx, Kacem Wapalek, Hilight Tribe… / 17€ à 32€

19-20/07 Art Sonic (61) : Féfé, Nasser, Iam, Stupeflip, The inspector cluzo, Scratch bandit crew...

26-27/07 Festival Moulinstock (38) : Sinsemilia, Megalow, Saï... / 6€ à 19€ 2-3/08 Rock’n poche (74) : Mensch, Granville, Mû, Goran Bregovic, Bottle next... / 24€ à 48€

8 au 11/08 Ard’Afrique (07) : Groundation, Julian Marley, Gnawa diffusion...

23/25/08 Foreztival (42) : Biga*Ranx, La Rue Ketanou, Puppetmastaz, Kavinsky, Tha Trickaz / 17 à 35€ 24-25/08 Woodstower (69) : Eels, Suissa, NOFX, Aufgang, Tambour Battant... / 29€ à 35€ 30-31/08 Freak Show Festival : JC Satan, Cheveu, Uncommenmenfrommars, Ni... / Gigors (26)

9 au 11/08 / Pass 2 jours 30€ / 19h Sylak Open Air (01) : Biohazard, Eluveitie, 12/07 au 22/07 Guitare en scène (74) : Agnostic front, Nashville pussy... / 30€ à Johnny Gallagher, 55€ The Defibrillators, Foreigner, Shakra… / 22/08 au 25/08 20€ à 75€ Hadra (38) : !FUC22/07 au 27/07 KYEAH!, 6nok, ACabaret frappé (38) : Cody Chesnutt,Fauve, Team, Biorythm, Everblast… / 45€ à 90€ Lescop… / 14€ à 17€

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LES CONCERTS Lyon

Tous les dimanches de juillet Bon Dimanche ! (Grillades, music lovers & surprises) Transbordeur / 14h 13/07 Soirée Destructuré – Le Bal des Déjantés (Electro) Ninkasi Kao / 15€ à 17€ / 23h30

18/07 Kill The Vultures + Guests (Hip-hop/Low Swing) Transbordeur / 10€ / 19h

25/07 Nuits de Fourvière : Archive, Tindersticks, Valerie June / 35€ / 20h

27/07 Nuits de Fourvière : Nick Cave & The Bad Seeds, Bertrand Belin, Julia Holter /

47€ / 21h

28/08 New Found Glory (Punk- Rock) Ninkasi Kao / 22€ / 19h

Chambéry 12/07 Brassens Not Dead (Punk) Brin de Zinc / 7€ / 21h

en Rhône-Alpes j

Ben&Po (Trip HopPop) Brin de Zinc / 6€ / 21h

30/08 Charge 69 + Total Dezordre (PunkRock) Brin de Zinc / 6€ / 20h

Bourg en bresse 06/07 Emily Loizeau (Chanson) Parc des Oiseaux Villars les Dombes / 27€ 21h

Tous les vendredi de juillet Tremplin du Brin de Zinc / 4€ / 21h 18/07 Over The Snare +

12/07 Festival Les Temps Chauds : Le bal de l’Afrique Enchantée (parc de la Madeleine) / 7€ à 22€ / 20h45

13/07 Festival Les Temps Chauds : Christine Salem (h2m) / 13€ / 19h

Vienne 13/07 Jazz à Vienne : Georges Benson, Erik Truffaz quartet, Anachronic jazz band... / 41€ / 20h30 16/07 The Smashing Pumpkins (Rock) Théâtre antique de Vienne / 45€ / 20h

22/07 Arctic Monkeys + Miles kane (Rock) Théâtre antique de Vienne / 40€ / 20h30

Sorties d’albums j JUILLET 01/07 BEL X1 “chop chop” GOLDHEART GROUP “Long distance song effects” A GRAVE WITH NO NAME “Whirlpool” EDITORS “The Weight of your love” THE DUCKWORTH LEWIS METHOS “Sticky wicket” ABOUT GROUP “Between the walls” YUCCA VELUX “Love”

08/07 SIX BY SEVEN “Love and peace and sympathy” MAPS “Vicissitude” HEBRONIX “Unreal” NEW ORDER “Live at bestival 2012” DAUGHN GIBSON “Me Moan” 15/07 Pet shop boys “Electric” 22/07 FUCK BOTTONS “Slow Focus” JOHNNY BORRELL “Borrell 1” 23/07 SERJ TAKIAN “Jazz-izchrist”

28/07 ALUNAGEORGE “Body music” 29/07 THE CRIMEA “square moon” SWIM DEEP “Where the heaven are we”

AOÛT 05/08 MODERAT “!!” 12/08 OUTFIT “Performance” WHITE LIES “Big TV” WASHED OUT “Paracosm”

19/08 TRAVIS “Where you stand” JULIA HOLTER “Loud city song” CROCODILES “Crimes of passion TY SEGALL “Sleeper” 26/08 HELENA “Année zéro” JAGWAR “Howlin” FRANZ FERDINAND “Right thoughts, Right words, right action” THE DODOS “Carrier”

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Chroniques d’albums j Boards of canada | tomorow’s harvest

Gold panda | Half of where you liVe

Label : Warp

Label : Ghostly International

Boards Of Canada font partie de ces artistes singuliers, et énigmatiques. Peu avares de l’exercice médiatique, ils ne tournent pratiquement pas. La sortie d’un quatrième album, après 7 années d’attente, n’allait pas passer inaperçue. Dans Tomorrow’s Harvest, on retrouve l’atmosphère pénétrante chère au duo écossais. Ce dernier album est plus sombre, version science-fiction. L’intro Gemini, annonce l’ambiance générale, inquiétante, avant de laisser place à Reach For The Dead, une nappe envoutante et crescendo de près de 5 minutes, merveilleusement mélancolique. Vous l’aurez compris, cet album s’écoute dans l’ordre établi par ses compositeurs, désireux de planter un véritable décor que nous pouvons qualifier d’angoissant. A défaut de respecter cela, certains morceaux risqueraient de perdre en intensité voire en intérêt. Les deux têtes pensantes de BoC ont savamment construit cet album à géométrie variable : alors qu’une rythmique complexe à trois temps caractérise Jacquard Causeway, Telepath, Uritual, Sundown sont des morceaux résolument ambiants, dépourvus de beat. Des interludes entre des titres plus puissants et lumineux (Sick Times, Nothing is real, Cold Earth). Au final cet album est un bel ovni supplémentaire chez BoC. On peut reprocher cependant des morceaux légèrement similaires (Split Your infinities, Come to dust). Pour le reste, il est vrai que l’on était conquis par avance, le duo à la musique barrée, déroutante et précise n’a plus rien à prouver de son talent…

Avec son premier album Lucky Shiner et des morceaux tels que You, Snow & Taxis aussi emblématiques qu’entraînants, le panda doré réalisait une très belle entrée en matière. Il remet le couvert 3 ans après avec “Half of where you life”. Avec ce second opus, le beatmaker anglais nous offre un travail particulièrement abouti et une texture sonore complexe, pas accessible à tous dès la première écoute. On reconnaîtra l’influence de ces voyages à Sao Paulo notamment avec le premier extrait dévoilé Brazil où l’artiste nous sert une house métissée et progressive réjouissante. We works nights explore les sonorités indies, et My father in Hong Kong 1961 nous plonge dans l’univers oriental à la manière d’une BO de film. L’artiste lui même se dit influencé par le réalisateur nippon Takashi Miike. Dommage cependant que le morceau reste en surface. Quelques tracks manquent également de relief comme S950, une berceuse sans saveur. Mais oublions ces petites déceptions et constatons les richesses de cet album tel Enoshima, où des samples minimalistes rappellent ce que peut faire un autre beatmaker très doué : Shigeto, issu d’ailleurs de la même maison de disque. Tandis que, Junk City II, nourri de mélodies-carillons qui ont fait la renommée de Pantha du Prince, et Community, s’adapte clairement à l’écoute en club, d’autres morceaux invitent au voyage et au repos : The Most Liveable City, où une longue intro au cœur de la nature laisse place à un rythme saccadé et à des sonorités déstructurées. Entre exotisme et minimalisme, le producteur électro livre un travail d’orfèvre, un régal pour les amateurs du genre.

Julie

Julie

Iceberg TV Show Compilation | the indigo meadow | Label : Blue Horizon Ventures Réunir la crème de la crème du nouveau Rock français au sein d’une compilation explosive dans laquelle chaque groupe s’appliquera à composer le générique d’une série TV fictive qu’ils ont eux mêmes inventé, tel est le concept fou sorti tout droit des brillants cerveaux du collectif Iceberg. Si l’initiative est belle, la liste des invités l’est tout autant dans cette collection où se côtoient grands noms qui n’ont quasiement plus rien à prouver (JC Satàn, Botibol, François & The Atlas Mountain, Lonely Walk) et nouveaux groupes talentueux (Rhume, Green Panthers, Mask...) Du pastich de TV show de super héros des années 60, à la série policière en passant par le mocumentary les fans de séries en tout genre seront servis par le panel d’ambiance proposée. Parallélement, la compilation fait preuve d’une grande éclectisme alliant, rock, noise, pop et ambiant avec toujours cette même constante qualitative. Générique TV oblige la durée des chansons n’excède que rarement les deux minutes mais le manque à gagner est largement compensé par une liste de pas moins de 28 artistes et groupes différents. Ce petit trésor est en écoute intégrale et en téléchargement à prix libre sur le bandcamp du collectif. Une initiative magnifique pour un résultat fabuleux. (http://iceberg1.bandcamp.com/ ) Barth

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disclosure | Settle | Label : PMR Records

Todd Terje | Strandbar | Label : Olsen Records

Les deux visages de poupons anglais devraient prendre des rides cet l’été. C’est bien simple, ils sont partout. Et pour cause, les fréros Lawrence ne font pas dans l’originalité, mais dans la perfection. Un peu comme le surdoué de la classe qui apprend ses cours par cœur et reproduit la marche à suivre sans un pas de travers, la touche perso en plus. Ils ne se veulent pas précurseurs, loin de là, mais pourraient enfin réussir à démocratiser un genre - à qui l’on souhaite de ne pas subir le même sort que notre cher Dubstep, dont l’essence même a disparu peu à peu... Amen. When A Fire Start To Burn ne pouvait mieux introduire la danse. On se jette dans les flammes, sans hésitation. Les beats s’embrasent progressivement, puis entrent en scène les accords dissonants de la House, le tempo du UK Funky et les rythmiques UK Garage. C’est un peu du charabia pour vous, pas vrai ? Justement, ça tombe bien, “Settle” est un riche catalogue de Bass / Dance Music made in UK. Subtilement placée au centre de l’opus, Second Chance nous offre un peu de repos, pourvu de sombres basses. Et ça repart de plus belle ; on croisera entre autres et avec plaisir Jamie Woon et Jessie Ware, suivis d’une déferlante de leurs tubes les plus pertinents. Boiling, What’s In Your Head, White Noise ne nous ont toujours pas écœuré, même après abus. Les featurings sont idéaux, les mélodies irrésistibles. Comme quoi le succès arrive encore à ceux qui le méritent. Violette

La carrière du Norvégien semble parfois avoir débuté avec Inspector Norse. Ce qui agace autant ses fans que ses détracteurs, d’autant qu’il est impossible d’y résister bien longtemps. La réalité, c’est que Todd Terje a passé bien plus de temps à redécouper des vieilles tracks disco/funk pour en proposer des remixes, des edits, des re-edit, des rekut, et ainsi de suite, qu’à composer. Et c’est sans doute de cet acharnement à fouiner dans le passé pour le réarranger qui lui a permis de découvrir sa recette infaillible. Beats simplistes, mélodies enjouées, accords répétés à l’infini, envolées lyriques, effets à foison : Strandbar n’échappe pas à la règle et donne du même coup, la nette impression qu’on tourne en rond. L’EP ne propose qu’un seul titre, décliné en une version “samba” et une version “disko”, plus un bonus mix totalement inutile. Forcément, ça frustre et ça paraît facile... Mais force est de constater que ça fonctionne toujours : Strandbar est une (autre) track addictive, potentiellement écoutable en boucle, procurant des frissons de bonne humeur à chacune de ses notes. Alors tant pis si c’est pas révolutionnaire : ces airs familiers transportent nos âmes au soleil, au bar de la plage, cocktail en main et tête dans les nuages. Et ça, Todd est le seul à le faire si bien et quoiqu’on en pense, il persiste et signe. Anto

rhume | rhume | Label : Animal Factory Des snobs hurleurs et dépressifs qui profitent de sortir un disque pour cracher leur fiel sur la société moderne entre rap, chanson française et dance music de hipster. Rhume, duo formé en 2005 à Dax, sort un premier album rempli de rimes riches, de saillies bruyantes et d’interludes expérimentaux. Onze morceaux d’humour noir déclamés bien en rythme comme si Grand Corps Malade avait assumé son pseudo jusqu’au bout. De la poésie sombre, un peu dégueulasse. Pour le fond sonore, le groupe pioche aléatoirement dans le rock basse fidélité, les beats électroniques pas chers et la pop qui fait des bruits de Game Boy. Pour une entrée en matière rapide et efficace, on vous conseillera bien évidemment le single à la gloire de Biarritz. Mais surtout BBF Expulsés le manifeste punk et moqueur contre les adorateurs du trio Brel-Brassens-Ferré : “les conservateurs détruisent tout” comme ils disent. On pense bien évidemment à Arnaud Michniak de Diabologum, mais aussi Nonstop, le Klub des Loosers et à ces andouilles de Fauve. Pour l’amateur averti, c’est un autre groupe aquitain qui revient plus spécifiquement en mémoire : Le Pingouin, la récréation hip hop de trois cadres du collectif Iceberg (Petit fantôme, Mr Crane et Père Dodudaboum). Les similarités sont flagrantes sans être poussées jusqu’au plagiat, comme si la proximité géographique de la forêt des Landes avait une influence sur la manière de délivrer son flow.

Vampire Weekend | Modern Vampires of the City | Label : XL Recordings Ils sont plus beaux, plus riches, mieux fringués, plus éduqués, plus cools que nous et en plus ils traînent avec Steve Buscemi (puisque de nos jours, on ne peut plus parler d’un album de pop sans aborder sa campagne marketing). Devant cette superbe pochette en noir et blanc, certains n’hésiteront pas à sortir l’expression “hipsters New-Yorkais” sous le coup de la jalousie. Mais qu’à cela ne tienne, cela n’empêche pas Vampire Weekend d’avoir sorti l’album d’indie pop le plus abouti depuis le début de l’année. On connaissait déjà leur admiration pour la musique africaine et caribéenne, les mecs agrègent maintenant le Reggae, le Ska, les Kinks, le Charleston, l’Opéra ou encore le Gospel avec une application d’universitaires. Le résultat est on ne peut plus pop et contemporain. Chaque détail compte, chaque ligne est ultra-référentiel, Vampire Weekend assume sa nature de professeur en essayant de nous enseigner la géographie, la théologie, la science politique et la pop-culture des années 80. Après deux albums portés par d’excellents singles, le groupe passe le niveau au dessus. Il y a donc une merveilleuse pépite en tête de gondole nommée Ya Hey en pied de nez à la chanson d’Outkast avec laquelle elle partage refrain parfait, piano entraînant et chœurs sous hélium. Un point d’orgue idéal pour un album beau et savant. Thomas Guillot

Thomas Guillot

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Hanni el Khatib | Head in the dirt | Label : Warner Moins de deux ans après la sortie de son retentissant premier opus, Hanni el Khatib nous revient avec “Head in The Dirt”, tout aussi couillu que son prédécesseur. Pour l’occasion le Californien a su bien s’entourer puisque l’album a été produit sous la houlette de Dan Aeurbach, leader des Black Keys. Cette collaboration, bien que plaisante au premier abord, a tout de même fait naître quelques angoisses auprès des fans du premier album d’Hanni el Khatib. En effet, si il est indéniable que Dan Aeurbach est un songwriter de génie, il n’en est pas moins vrai que le dernier opus des Américains semblait surproduit, et manquait de candeur et de fougue. Tout le contraire de “Will the Guns Come Out”, premier album d’Hanni el Khatib et sa séduisante ambiance garage crado. A la première écoute de ce “Head in The Dirt”, l’impact de la moitié des Black Keys est indéniable. Il suffit d’écouter les guitares de Nobody Move et l’orgue de Low pour s’en rendre compte. On perd en énergie brut, au profit d’une production plus affinée, qui sublime littéralement l’intégralité des compositions de ce nouvel effort. Cette collaboration est d’autant plus intéressante qu’elle n’éclipse à aucun moment l’identité musicale du Palestino-Phillipo-Californien. En effet, on retrouve l’ami Hanni comme on l’avait quitté il y a bientôt deux ans, guitare au poing. Le même... mais en mieux. Germain

Petit Fantôme | Stave | Label : Animal Factory

Voici la dernière petite pépite de Flavia Coelho, la jeune brésilienne expatriée en France qui n’oublie jamais de nous ramener un peu de soleil de son pays. On est heureux de découvrir et vous faire découvrir ce nouvel EP “plus que généreux” (comme ils disent, puisqu’il contient 12 titres) et de pouvoir le compter dans les albums qui vont nous faire vibrer tout l’été. La jeune femme se recycle encore un peu, après son premier album “Bossa Muffin” sorti en novembre 2011, une version deluxe éditée en juin 2012, voilà que maintenant sort le “Bossa Muffin - Remixes & Inéditos”. Ce dernier, a été élaboré en collaboration avec 6 artistes qui ont non seulement remixé un morceau de l’album précédent mais qui en plus, ont pour la plupart composé un nouveau titre. On aime l’idée de reprendre du “vieux” pour demander à des oreilles neuves d’y mettre leur patte. Démontrant tout à fait que la musique est modifiable à l’infini sans pour autant dénaturer la première impulsion. Très beau mélange qui se fait entre les remix et les inédits, On apprécie d’ailleurs énormément ces derniers où l’on découvre Flavia Coelho sous de nouveaux jours. La rencontre avec DJ Ordoeuvre est une tuerie avec le titre Tudo Acaba em Cumbia, on ne se lasse pas du titre Sunshine le ragga aux basses amplifiées remixé par Tom Fire. Même s’il est plaisant de l’écouter en version acoustique : guitare voix; l’accompagnement électro sied à merveille à son univers chaleureux qui en fera danser plus d’un ! Sarah

Comme tout bon musicien bordelais qui se respecte, Pierre Loustanau est membre d’une bonne demi-douzaine de groupes (dont François & The Atlas Mountain et les Crane Angels). C’est également un membre éminent de la galaxie Iceberg, le collectif bordelais de graphistes, de musiciens et de groupies. C’est dire s’il sait jouer en équipe mais c’est au fin fond de son Pays Basque natal et sous le sobriquet de Petit Fantôme que ce dernier fait partager ses travaux les plus personnels. Après un joli EP nommé “Yallah” qui avait déjà attiré l’attention en 2011, il nous offre une magnifique mixtape numérique de onze morceaux à télécharger gratuitement sur un beau site plein de couleurs. On serait en face du premier album de Petit Fantôme qu’on n’en serait pas moins enthousiaste mais celui-ci a décidé d’attendre encore l’année prochaine avant de nous donner un disque à palper. Après écoute, on se dit qu’on accepte largement le mot d’excuse. La pop de Petit Fantôme est protéiforme tour à tour shoegaze, électronique, acoustique et lo-fi. Mais toujours sous le sacro-saint mantra du DIY. On croit entendre mille instruments sur “Stave”, les textes sont à tomber par terre, souvent drôles. Le résultat est uniforme malgré la diversité des artifices. Mais surtout c’est beau, beau comme un garçon sensible qui s’en branle de faire des bonnes chansons. Vivement la suite. Thomas Guillot

Flavia Coelho | Bossa Muffin - Remixes & Ineditos | Label : Warner

Château marmont | the maze | Label : Green United Music Malgré une dizaine d’années d’existence et une réputation qui n’est déjà plus à faire, Château Marmont aura attendu 2013 pour sortir son véritable premier album intitulé : The Maze. Un exercice forcément très attendu par les fans et une occasion pour le trio de confirmer tout le bien que l’on pouvait déja penser d’eux. “On essaye de faire un peu plaisir à tout le monde sur cet album” nous confiait recemment Raphael Vialla sur notre site, et ce n’est pas peu de le dire. Que vous soyez un jeune hipster en quête de tubes, un geek boutonneux ou un véritable puriste, “The Maze” alterne en 14 pistes une grande variété stylistique naviguant entre Pop, Kraut et Space Disco. Sans changer sa nature et en gardant une identité bien à lui (Solstice, Invisible Eye...) le groupe montre une volonté certaine de fédérer un plus large public autour des quelques hymnes pop bien sentis que sont Wind Blows, The Joey Song et Wargames. Ce premier exercice réussi se conclut par une “trilogie finale” dans laquelle le groupe explore un nouveau soi, plus expérimental certes mais non moins accrocheur. Après avoir écouté “The Maze” une chose est sûre, il sera difficile d’attendre encore 10 ans pour goûter aux talents des résidents de la chambre 404.

Barth

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LIVE REPORTS On y était, on vous raconte !

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Thee oh sees Marche gare | Lyon | 25/05/2013

Texte & Photo : Kymmo

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n cette veille de week-end pluvieux, rien de tel qu’un bon petit concert bien pêchu. Alors pourquoi ne pas aller faire un tour au Marché Gare pour voir les Californiens de Thee Oh Sees ? Mais avant de les accueillir, place à Regal, les locaux de l’étape, qui vont nous réveiller tout ça. Le groupe nous envoie un Rock-Garage oscillant entre mélodies Country et influences Post-punk ; de quoi bien mettre en jambe le public lyonnais, déjà très présent. Après trois quart d’heure de show, Regal laisse enfin place aux très attendus Thee Oh Sees, qui mettent tranquillement en place leur matériel, le temps que la salle se remplisse complètement. Ca y est, le quatuor entre en scène et nous balance une série de morceaux de très haut niveau, parfaitement et

rageusement exécutés. Le show commence à toute vitesse, avec des titres comme The Dream ou encore Lupine Dominus. Tout cela pourrait paraître presque brouillon, alors qu’au contraire tout est ajusté et calibré à la perfection. Le son du groupe est puissant et très brut à la fois, peu de fioritures, à part peut-être quelques jolis chœurs sur des chansons comme I Come From The Mountain, ou encore quelques claviers bien disséminés. Le concert de ce soir fait bien sûr la part belle au nouvel album de Thee Oh Sees “Floating Coffins”, avec des titres comme Toe Cutter - Thumb Buster, Minotaur ou encore Strawberries 1 + 2. Une fois n’est pas coutume, le Marché Gare nous offre encore un grand moment musical, largement à la hauteur des attentes du public lyonnais.

Deja Vu & Friends

+ Fake Oddity + Liberthinks NInkasi kao | Lyon | 23/05/2013

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Texte & Photo : Kymmo

our fêter la sortie de leur nouvel Album, “Leptis Magna”, Déjà Vu nous donne rendez vous au Ninkasi kao pour une soirée exceptionnelle ! En ouverture de cette belle soirée, les Liberthinks, jeune groupe rock lyonnais en devenir nous propose une prestation honnête mais quelque peu sur-jouée. Après cette mise en bouche sympathique, on passe directement aux choses sérieuses avec le dernier set des Fake Oddity qui inclut quelques musiciens additionnels aux violons ainsi qu’aux cuivres. Une prestation plus que convaincante du combo lyonnais qui nous sert un set efficace composé de tous leurs meilleurs titres avec en bonus une très belle reprise de loney boy de The Black Keys ! Ça y est il est l’heure d’accueillir les stars de la soirée qui viennent nous présenter ce nouvel album. Déjà Vu revient avec un troisième album conceptuel, les mélodies pop et les paroles subtilement travaillées

sont bien sur toujours bien présentes, mais le groupe, avec ce disque, nous embarque dans une histoire où toutes les chansons sont indissociable les unes des autre. Mais surtout Deja Vu fait de ce “Leptis Magna” un véritable objet audiovisuel en accompagnant chacune de ces chansons de clips réalisés par sept réalisateurs venus d’horizons différents. Forcément le concert de ce soir fait la part belle à ce dernier album, mais le groupe n’oublie pas ses fans en jouant quelques uns de ses anciens titres. Cerise sur le gâteau, Déjà Vu invite quelques uns de leurs amis, tels que Julien Bloch des Music is not fun, Christian Quermalet de The Married Monk ou encore Jordi Brusa ancien bassiste et membre formateur du groupe. Le public est totalement en phase avec le groupe et la soirée se passe à merveille, une très belle récompense pour la persévérance et l’originalité de ce groupe incontournable de la scène rock lyonnaise !

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Championnat de france de Human beatbox Transbordeur | lyon | 01/06/2013 A

ssister à un tel évenement c’est comme regarder un match de boxe à la TV, ça percute dans tous les sens à coup de grosses caisses et de snares buccales. Zyva a enfilé ses bouchons d’oreilles à défaut de protège dents, pour assister à cette longue journée. Dès 14h, les qualifs débutent avec 5 poules d’une vingtaine de beatboxers chacune. Autant vous dire, qu’on en voit passer du monde : chacun présente 2 mn de beatboxing sur la scène du club Transbo. On peut observer et reconnaître beaucoup de techniques similaires et de routines récurrentes (comme les imitations de basses dubstep) qui sont redondantes par moment. Cependant certains sortent radicalement de la masse par leur talent, autant techniquement que créativement. A l’issue de cette après-midi, 16 finalistes remontent sur scène, parmi eux, on peut reconnaitre entre autre Kosh, Alem (photo), BMG, Kim (qui vient remettre son titre en jeux), MicFlow et Fayabraz... Et c’est à ce moment là que les hostilités commencent, deux par deux, les

02 & 03/06/2013 Texte & Photos : Kymmo

beatboxers s’affrontent en battle : ça se provoque, ça se clash, c’est à celui qui ira le plus vite..., certains jouent à fond et d’autres jouent plutôt la carte de l’humour quitte à perdre en qualité. Et pour ceux qui pensent que c’est un truc exclusivement de bonhomme, détrompez vous, quatre filles s’affrontaient directement en demi-finale sans tour d’essais. Mais retournons à notre finale homme, qui opposait alors Alem à Kim. Les deux bougres s’étaient déjà croisés en finale lors du dernier championnat. Mais cette année le Lyonnais, Alem, était plus que décidé à prendre sa revanche, en lâchant à son adversaire, “j’ai rien à perdre” d’une façon presque touchante. A l’issue des deux rounds chacun, le jury, dans l’incapacité de départager les deux finalistes, propose un temps de 30 secondes à chacun... Tension palpable au transbordeur... C’est Alem qui au final est sacré Champion de France de Human Beatbox ! Et pour enfoncer un peu plus le clou, il remporte la finale par équipe avec son coéquipier BMG.

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Emodays 10th an niversa ry party Ninkasi KAO | lyon

Texte : David / Photo : Kymmo

On y était, on vous raconte !

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0 ans déjà qu’Emodays sévit sur Lyon et Paris avec ses soirées et ses concerts. Grâce à eux, les scènes Punk, Emo, Hardcore et Métal ont trouvé une réelle place dans le paysage musical français. Ces passionnés de musique travaillent d’arrache-pied pour fidéliser un public et consolider cette scène qui peine à s’exprimer ! Pour fêter cet anniversaire, Emodays nous propose deux belles soirées aux couleurs différentes, mais représentatives de leur travail tout au long de l’année. On attaque donc ce mini festival avec une soirée Hardcore/Emocore et 5 groupes plus énergiques les uns que les autres ! Avant d’accueillir les piliers de l’Emocore Senses Fail, place à la scène française avec, pour commencer, Five Across The Eyes et leur Métalcore ultra efficace, suivi de Shoot The Girl First et son Post-Hardcore teinté d’Electro. Dès les deux premiers concerts, le public lyonnais met le feu à la salle. De quoi présager de belles choses pour la suite !

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Le premier moment fort de la soirée est bien sûr le set des Lyonnais et piliers d’Emodays, Fallaster, qui viennent nous présenter leur nouvel opus “Disclosing”. Le live des Chunk ! No, Captain Chunk !, est également incontestable, et tout le monde l’attendait avec impatience ! Après une première soirée plus que réussie, place à la suite dans un style beaucoup plus soft : le Pop-Punk. Pour ouvrir la soirée, deux groupes frenchy, Home Most Days et Mary Has A Gun. Mais ce soir, tout le monde est venu voir les stars du Pop Punk américain, All Time Law ! Le show est carré, le groupe saute dans tous les sens et communique beaucoup avec le public. Une soirée dans un autre style, mais tout aussi réussie ! Une seule chose à dire : vivement les 20 ans d’Emodays !


Woodki d + Harold Martinez Nuits de fourviere | Lyon | 08/06/2013

Texte & Photo : Kymmo

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es nuits de Fourvière, festival tant convoité autant pour sa programmation que pour son cadre magique nous offre pour ce premier soir de musique un artiste d’exception. Malgré une météo peu clémente, le public est là, et se met dans une ambiance plastifiée et colorée. Le théâtre est complet depuis un bon moment, pour voir Woodkid ce soir, il fallait être déterminé. Sous la pluie, le Nîmois Harold Martinez, nous propose une ouverture tout en douceur, avec l’aide de son comparse batteur, Fabien Tolosa. Il nous plonge dans une atmosphère sombre et mélancolique. Cet artiste assez décalé, ouvre avec brio cette soirée, en nous offrant un savoureux mélange de folk et de blues complètement prenant. La pluie a cessé le temps d’un changement de plateau assez conséquent vu que ce soir woodkid est accompagné par les musiciens de l’Orchestre National de Lyon! Lyonnais par ses origines, Woodkid est très ému et réelle-

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ment honoré de se produire ici. Cet artiste qui aujourd’hui fait salle comble à connu une ascension hors du commun grâce à son titre phare Iron. On voit un artiste modeste qui interprète son dernier album, “The Golden Age”, sorti en mars dernier, tout en émotion, même parfois en larmes, plongeant le public dans une ambiance similaire. Les premiers titres joués sont des musiques tranchantes, tels que Boat Song ou encore Shadows, écrits à cœur ouvert, et mis encore plus en valeur par l’ONL. Une musique plongeante, digne des plus grandes bandes originales de films, le tout couronné d’une mise en scène visuelle exceptionnelle. Après avoir communiqué ses émotions à son public, il finit par interpréter ses titres plus dynamiques comme I Love You ou Run Boy Run, et réussit à nous réchauffer en nous faisant participer. Woodkid ou l’artiste à la voix tranchante et envoutante a réussi à faire voyager le théâtre dans un autre monde ce soir là.

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DOSSIER

o Space DiscDaft Punk Par Barth

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Le futur c’était avant

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es sorties rapprochées des nouveaux opus de Château Marmont, Daft Punk, Justice et Midnight Juggernauts marquent le grand retour de la French Touch à l’heure où on l’on croyait celle-ci tombée en désuétude. De nombreux articles commencent d’ores et déjà à fleurir sur la toile retraçant tout en la décryptant la merveilleuse histoire de la French Touch. Malheureusement, nous nous interrogeons que trop peu sur les fondements de ce courant pourtant ultra-référencé. En effet la French Touch n’est pas née subitement à partir de rien, elle trouve ses fondements dans un sous-genre de la musique électronique qui existe depuis déjà 40 ans. Un sousgenre oublié à tort et paradoxalement pillé à raison. L’Histoire de la Space Disco Nous sommes au milieu des années 70, l’homme a déjà posé un pied sur la lune, plusieurs satellites tournent en orbites autour de notre planète et les premières stations spatiales voient enfin le jour. L’univers alors source de rêve et de désir, sort de son cadre fantasmagorique pour devenir de plus en plus accessible. Ce grand tout énigmatique que représente l’Univers devient petit à petit le centre d’intérêt de l’homme et de ses divertissements. C’est le cinéma qui s’empare de ce nouveau monde qui s’offre à nous. En 1977 le premier film de la saga Star Wars débarque sur le grand écran et connaît le succès que l’on connaît. Deux ans plus tard c’est la licence Star Trek qui connaît sa première adaptation cinématographique. De manière quasi similaire, la musique connait elle aussi une importante révolution avec la popularisation

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des premiers instruments analogiques. Si les synthétiseurs existent depuis longtemps, ils deviennent à partir du milieu des années 70 abordables financièrement et logistiquement transportables. Tout le monde (ou presque) peut alors se plonger dans le monde magnifique de l’analogique et hasarder autour de ces nouvelles sonorités qui s’offrent à eux. Avant même la New Wave, la Dance ou la Techno c’est bel et bien la musique disco alors très en vogue dans les années 70 qui devient le terrain de ces expérimentations. Ainsi est né la Space Disco. Mélange improbable entre basse funk et sensuelle, rythme endiablé et sonorité cosmique. La conquête spatiale, les humanoïdes et le cybersexe sont alors les thèmes privilégiés de ce nouveau courant. Personne n’est épargné par cette vague qui déferle sur tout le continent européen (notamment en France, en Italie et en Allemagne) et qui parvient même à s’exporter au Brésil, au Canada et en Russie. Le phénomène devient alors tellement contagieux que de nombreux artistes extérieurs au genre s’acoquinent le temps d’une ou deux chansons avec la Space Disco. Le légendaire Nile Rodgers par exemple compose l’imparable hymne Spacer pour Sheila, et se voit rapidement imité par Boney M (Nightflight To Venus), Giorgio Moroder, Plastic Bertrand (Tout Petit La Planète)...etc. Tous auront apporté leur pierre à l’édifice en écrivant d’incroyables thèmes Space Disco dont certains sont encore considérés comme des références du genre. Mais la Disco si sympathique soit-elle n’est pas du goût de tous et le genre tend à évoluer. Ainsi des artistes poussent le concept, et délaissent les pistes de danses pour se focaliser uniquement sur le potentiel pla-

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nant et cérébral du courant (le nom de Space Disco sera conservé malgré cela). La France est alors à l’honneur, sous l’impulsion du génial Didier Marouani, le groupe Space voit le jour. Le succès est phénoménal, le groupe effectue plusieurs tournées mondiales et remplit les salles, stades et places publiques à travers le monde et devient le premier groupe français à s’exporter aussi bien à l’international avec plus de 12 millions d’albums vendus grâce à la chanson titre Magic Fly. Les artistes se multiplient et la patte disco s’étiole petit à petit pour laisser place à un grand tripe cosmique qui inspirera aussi bien le Krautrock, l’Italo Disco que la musique Electronique dans son ensemble. Malheureusement l’arrivée des technologies numériques scellera le glas du genre. L’évolution du monde, des sons et des technologies ne tardera pas à rendre kitsch ce que l’ont croyait trois ans plus tôt être le futur. De manière quasi immédiate le mouvement prend fin. Aujourd’hui encore et ce même avec l’apparition d’internet de nombreux groupes ont sombré dans l’oubli et l’absence de réédition de la part des maisons de disques et des ayants-droits ne nous permet pas ou difficilement de remettre la main sur de nombreux trésors. French Touch : Reincarnation de la Space Disco

Esthétiquement parlant, la Space Disco est aussi une forte source d’inspiration pour ces artistes. L’exemple le plus probant est sûrement le duo Daft Punk évoluant caché sous des casques robotiques et tenues futuristes tout comme les membres de Space le firent jadis (voir photo à gauche) pour échapper à la starisation de leur nom. Le parallèle est tellement évident qu’il ne peut pas ne pas être souligné. De fait il est faux d’affirmer que les Daft Punk sont des pionniers en la matière, certes ils ont construit quelque chose qui leur appartient et nous ne pouvons pas leur retirer mais on ne peut pas affirmer qu’ils ont tout inventé. Mais ce retour esthétique du kitsch va bien plus loin que le duo parisien et pour s’en convaincre il suffit simplement de visionner un clip de Château Marmont, ou de jeter un œil sur l’univers esthétique de Midnight Juggernauts, qui ne sont en fait que les miroirs nostalgiques du passé glorieux de la Space Music. On constate également que l’héritage de la Space Disco dépasse les frontières de la musique électronique. L’analyse de certains sample dans le milieu du hip-hop donne parfois lieu à de véritables surprises. L’exemple le plus surprenant de tous est sûrement la chanson Elementaire du groupe TTC qui sample avec brio l’énigmatique et très anonyme Earth Message de Bernard Fevre. L’hommage au courant dépasse d’ailleurs les frontières hexagonales, et nombre d’artistes étrangers se font happer petit à petit le temps d’un mix ou d’une chanson dans l’univers merveilleux de la Space Disco. Parmi les plus éminents représentants de ce nouveau courant, répondant au doux nom de Cosmic House nous pouvons citer Lindstrom, Prins Thomas, ou encore le récent prodige Todd Terje qui sont aujourd’hui les garants de la survie, voire même de la renaissance (on peut rêver) de la Space Disco. Le but ici n’est pas de faire un procès aux artistes évoqués, bien au contraire ; ils rendent hommage à un genre oublié, l’assument et participent à sa survie. Le problème vient de l’auditeur qui ne s’interroge que trop rarement sur l’héritage musical de ses idoles et participe de fait, à l’extinction de notre socle culturel. Les journalistes ont eux aussi une importante responsabilité dans l’oubli du genre n’évoquant pas par ignorance (au mieux), ou par bêtise (au pire) ces influences que les artistes susnommés n’ont pourtant jamais reniées. Et c’est bien dommage car ce passé musical recèle bien des perles. Comme a pu l’écrire très justement Dominique Leone pour le site Pitchfork “In one sense, it’s very retro, but in another, it’s perfectly contemporary”

Si la Space Disco n’a connu que quelques années de gloire (76–79) cela ne signifie pas pour autant que son héritage n’est pas conséquent. Si tout le monde s’accorde à peu près pour dire qu’elle fut un genre précurseur de l’Italo Disco (genre tout autant moqué aujourd’hui qui fut pourtant l’un des domaines de prédilection de Giorgio Moroder, aujourd’hui éminemment respecté), certains spécialistes s’accordent à dire que la Space Music fut aussi le déclencheur de ce que l’on appelle aujourd’hui la French Touch. Il est en effet amusant de constater que nombreux sont ceux qui boudent, ignorent ou tournent en dérision la Space Disco, tout en adulant certains artistes contemporains, alors que le fondement même de leur musique et leur univers repose sur cet héritage. Et cela n’a jamais autant été d’actualité. Musicalement, elle n’a jamais été aussi présente dans la musique Électronique contemporaine depuis ces quinze dernières années. Le groupe Château Marmont par exemple a toujours eu un goût très prononcé pour les synthétiseurs et les ambiances lunaires. Si le rapprochement avec le Krautrock et l’univers d’un groupe Playlist selective comme Goblin est évidente il n’est Transvolta - Disco Computer pas non plus faux de rapprocher un Sarah Brightman - I Lost My Heart Into titre tel que Solar Apex aux comA Starship Troopers positions du groupe Space Art. De Space - Magic Fly la même manière avec le duo Daft Space Art - Onyx Punk, comment peut-on écouter Plastic Bertrand - Tout Petit La Planète une chanson comme Digital Love Bernard Fevre - Earth Message sans retourner 30 ans en arrière en Tommy Seebach - Bubble Sex repensant à Dee D. Jackson et son Dee D. Jackson - Automatic Lover Automatic Lover.

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DISCUSSION

Gullick

j THE JIM JONES REVUE Triste époque Au Club Transbo, Lyon 06/06/2012 Par Thomas Guillot / Photos live : Kymmo

uste après la répétition de sa Revue, on rencontre un Jim Jones sacrément fatigué par la tournée dans Jaborde le réfectoire désert du Transbordeur. Le chanteur raconte l’histoire de leurs influences américaines, le conflit entre le Rock’n’Roll, l’âge et la gestion du sommeil, partage leur méthode pour trouver

leur voie et sa théorie sur les conséquences de la médiocrité de la Pop music et sur l’obésité de la population mondiale. Mais aussi on prendra bien soin d’utiliser des pincettes pour expliquer l’opinion du groupe contre le racisme parce que le 6 juin dernier, dans un contexte malheureux, les questions orientées étaient difficiles à éviter. ZYVA : Sur ton site, tu as un encart qui explique “Love Music Hate Racism” [littéralement : la musique de l’amour hait le racisme], en plus c’est en orange sur fond noir histoire de bien le voir. Pourquoi c’était important de poser ça ici ? Jim Jones : Chaque fois qu’on joue de la musique qui a une dimension agressive ou colérique, cela peut quelque fois attirer un certain genre de personnes qui croit que vous parlez pour eux. Je ne veux pas généraliser parce que tout le monde est différent mais ce genre de personnes pense que la violence est bonne et tout est connecté à toutes sortes d’histoires de racisme. Cette époque est très effrayante avec le BNP [Parti Nationaliste Britannique] et l’EDL [Ligue de Défense Anglaise] et quelques partis en Europe de l’Est. C’est très effrayant ce qui arrive en Pologne par exemple. Et parce que comme je l’ai dit notre musique a une dimension violente, on voulait être sûr de pouvoir afficher nos couleurs en haut du mât. De montrer de quel côté on est avant que certains spectateurs fassent une erreur de jugement en se disant “c’est notre genre de truc”. C’est notre manière de dire “non, ce n’est pas ça”. C’est également une très bonne cause “Love Music Hate Racism”, c’est une opportunité pour nous d’en soutenir une dans laquelle nous croyons. On n’est pas vraiment un groupe engagé. mais on a quelques valeurs et opinions. Je suis content que vous ayez demandé ça.

Nous l’avons fait pour envoyer un message clair. Tout le monde est bienvenu à nos concerts mais on veut que les gens sachent ce en quoi nous croyions. Z. : Tu as déjà eu des problèmes pendant les concerts ou c’est juste de la prévention ? J. : Non, ça n’est jamais devenu problématique mais on a commencé à voir apparaître un certain genre de mecs qui se ramènent. Des mecs qui ont été fantastiques avec nous, très amicaux et qui ont acheté le disque. Mais quand ça devient violent devant la scène, cela peut effrayer les autres spectateurs. Je ne veux pas dire une bêtise mais quand qu’il y a quelque chose qui est vrai et dans laquelle je crois, il est important de faire une déclaration. On ne veut pas décourager les gens de venir à nos concerts mais on veut leur affirmer ce en quoi on croit. S’ils pensent qu’on est autre chose, alors ils ont tort. Z. : Est-ce que c’est spécifique à l’Angleterre ? J. : Non comme je l’ai dit, tu peux voir ces choses partout. J’ai vu un reportage glaçant sur ce qui se passe en Pologne avec les supporters de foot [ndlr : pendant l’Euro 2012]. C’est horrible. Tout se développe à partir de l’ennui et l’ignorance. Les gens, des jeunes hommes, ont un trop plein d’énergie et veulent croire en une cause. Ce sont des cibles faciles pour des organisations qui leur

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américaines. D’où ça vient ? J. : On écoute de la musique de toutes les époques, depuis le début du siècle jusqu’à nos jours. La plupart des trucs que j’aime sont connectés d’une manière ou d’une autre à la musique Roots. Et quand je parle de Roots music je veux dire : Gospel, Jazz, Country/Bluegrass, Blues. Ce sont les pierres angulaires de tout ce qui est venu ensuite. Même les genres qui ne ressemblent pas du tout à ça le sont en réaction à ces musiques. Tout est toujours connecté. Et ces quatre grosses racines, leur identité est devenue claire aux États-Unis. Tu peux vraiment entendre comment elles sont arrivées à maturation là-bas, tous les carrefours dans le passé et tout ce qui a mené à leur apparition. C’était le nouveau monde. Les gens de toutes les races sont venus et on a enlevé des gens d’Afrique. Quelque soit la manière dont ils sont arrivés, ils sont arrivés en Amérique. Et leur son reflétait cette réalité. C’est pour ça que toute la musique que l’on écoute vient d’Amérique. Et c’est pour ça que tu entends ça dans notre musique. Musicalement c’est comme une langue maternelle. Si tu grandis et que tes parents sont français, tu vas grandir en sonnant français, avec des idées françaises. Musicalement, nos quatre pères et toute leur musique viennent des USA avec des balbutiements en Afrique, dans le monde celtique, les îles britanniques, en Espagne ou n’importe où ailleurs. Tout a atterri là-bas et c’est là que c’est vraiment devenu un moyen d’expression. Parce que l’époque était évidente pour exprimer comment c’était de vivre en Amérique. Tout ceci a laissé une forte impression sur nous.

“Toute la musique que l’on écoute vient d’Amérique. Musicalement c’est comme une langue maternelle.” font croire avec insistance que leur vie serait fantastique s’il n’y avait pas les Africains ou l’Islam. C’est une situation très dangereuse. Il n’y a pas assez d’argent, ni d’emploi et les gens ont du temps à tuer qui laisse place à la frustration. C’est un cocktail terrifiant. L’histoire a son lot de merdes qui vont et viennent. Il y aura toujours cette nature des hommes que ça vienne d’un endroit civilisé ou d’un endroit très reculé. Ce n’est pas juste l’Angleterre. Z. : Vos paroles ne sont pas si agressives ? J. : Si c’est le cas, ce n’est pas de la violence négative. On ne parle pas d’agresser et de blesser les gens, on parle de se battre pour s’élever, de se sortir d’une mauvaise situation pour quelque chose de meilleur mais d’une manière inclusive pour rassembler tout le monde. C’est supposé éclairer. C’est censé être une énergie positive comme une Église qui rassemble les gens, où on se défonce un petit peu et on oublie nos problèmes pour un petit moment. C’est pour nous rappeler que nous sommes tous des êtres humains ; on peut tous prendre du bon temps. Z. : On va rester un peu sur vos origines mais pour une bande d’anglais vous avez beaucoup d’influences

Z. : Vous avez aussi une part importante de Punk dans votre musique. J. : Il y a un peu de tout. On essaye encore de trouver qu’elle est notre voie. Un peu comme les écrivains. Des fois, il leur faut deux ou trois livres avant de les voir découvrir leur propre style. Peut-être qu’on a déjà trouvé le nôtre mais on cherche toujours. Cinq personnes qui créent ensemble c’est tellement plus fort que chacun de son côté. C’est de la chimie. Nous ne le comprenons toujours pas entièrement. On essaye encore d’aller voir dans une direction ou une autre. On s’examine : “Qu’est-ce qu’il y a d’autre là-dedans ?”. C’est comme un nouveau monde que l’on peut explorer. Trouver ce qui marche et ce qui ne marche pas ? Dans notre dernier album, The Savage Heart, on a essayé de voyager de plus en plus loin pour voir ce qu’il y avait dehors. Z. : Vous semblez plus intéressé par le passé. Qu’estce qui ne va pas avec la musique de 2013 ? J. : Je pense que notre musique reflète des genres musicaux où il y a une sensation inhérente de danger, qui ne sont pas si bien élevés et insipides. Dans son ensemble, l’industrie de la Pop music est devenue si organisée et contrôlée avec des émissions comme X-Factor. Je n’ai pas de télévision donc je ne regarde pas vraiment ça mais je sais que ça existe à cause des membres de ma famille ou des amis. Je l’ai vu quelques fois. C’est tellement contrôlée avec soin pour faire le

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plus d’argent possible. Je ne veux pas passer pour un cynique mais c’est très triste. Ça a toujours existé bien sûr. Quand on se rappelle de la Motown, c’était la même chose mais il faisait quelque chose de neuf et les gens qui jouaient sur ces enregistrements étaient des musiciens de jazz extraordinaires. Maintenant, tout peutêtre fait par un seul gars avec un ordinateur. Ils font venir un chanteur et ils mettent de l’autotune sur la voix. Je ne dis pas que toute la musique est comme ça. Il n’y a pas grand chose qui me fait me lever subitement et où je me dis “merde, on ressent une émotion humaine”. Le reste ressemble à un soap opéra, ce n’est très pas réaliste. Ils veulent juste vendre un peu plus de ce qu’ils vendent : des vêtements de sport. Des vêtements de sport pour des gens qui ne font pas de sport. Des gros qui portent des joggings, qui adorent leur baskets mais qui mangent des putain de chips toute la journée en regardant les pubs à la télé. C’est un putain de bordel. On vise vers quelque chose avec un peu plus de pureté. Il y a des gens comme Jack White, Queens Of The Stone Age, Nick Cave, Tom Waits, quand ils font de la musique, tu sens une émotion humaine [il se tape la poitrine] qui te traverse ou te percute. C’est réel. Ça veut dire quelque chose. Il y a aussi pas mal de jeunes groupes, des gens qui essayent. C’est ce qui paraît excitant à nos yeux. Notre but n’est pas de sonner vieux jeu, on essaye déjà de deviner quel son est bon pour nous. Z. : C’est pour ça que le live est si important est pour vous ? Vous avez beaucoup de dates. J. : C’est comme ça que l’on gagne notre vie. Plus aucun de nous n’a la vingtaine. Bon en fait, Henri a la vingtaine. On n’est pas des jeunes loups faisant de la musique à la mode facile à marketer. C’est notre façon de vivre notre vie : on prend la route et on fait des spectacles dans des très beaux pays comme ici en France. On voit de plus en plus de jeunes venir à nos concerts. Pour eux, c’est comme s’il découvrait le Rock’n’Roll comment il doit être. C’est un peu dangereux et violent mais c’est une force du bien qui lutte pour le bonheur. C’est un concentré d’émotion : de l’adrénaline, de l’énergie sexuelle, de la passion, de l’excitation et de la poussière et des erreurs et toutes les choses qui vont avec la réalité. Jouer en live c’est génial. Ça aide vraiment à se sentir vindicatif. Ça nous inspire même quand on est très fatigué comme ce soir... On a joué hier soir et le temps de tout plier et de rentrer à l’hôtel, je me suis endormi après deux heures du matin et on devait prendre la route à neuf heures ce matin pour arriver ici à temps. Je suis plutôt crevé mais je sais que quand on jouera ce soir, la seule vision de la foule fera comme une décharge électrique et je serai réveillé à nouveau.

“Pour les jeunes c’est comme s’il découvrait le Rock n Roll comme il doit être. C’est un peu dangereux et violent mais c’est une force du bien qui lutte pour le bonheur.” Z. : Vous aimez toujours autant ? J. : C’est ce que je fais. J’ai besoin de le faire. Pendant un moment, quand le premier groupe avec lequel j’ai enregistré (Thee Hypnotics) s’est séparé. J’ai pris un peu de temps pour m’éloigner de tout ça. Mais après un mois, je tournais en rond. J’avais besoin de faire de la musique. Si je passe deux semaines sans jouer ou écrire de la musique, je commence à déprimer. J’en ressens le besoin, c’est cathartique. Z. : Et comment vous envisagez le futur ? J. : En ce moment, nous faisons beaucoup de salles et de festivals mais nous jouons surtout le week-end. Quelques jours par ci, quelques jours par là. Entre les concerts, on se retrouve à écrire pour le prochain album. On va essayer de pousser plus loin le concept et de trouver ce qu’on sait faire. C’est comme exploser le squelette du Rock’n’Roll et de l’assembler à nouveau. Comme Frankenstein. On veut voir si on peut trouver des façons différentes de nous exprimer. Il y aura toujours de l’excitation, des explosifs, du groove, mais sous une nouvelle lumière. Découvrir une partie que l’on n’a pas encore découverte. Rester frais. Titre d’un artiste ou d’un groupe qui pourrait te représenter toi ou ta musique : Little Richard - Hey, Hey, Hey, Hey La chanson qui a été l’inspiration pour commencer ce groupe. C’est la première chanson qu’on a joué ensemble.

Z. : C’est votre troisième album mais ce n’est pas votre premier groupe. Vous avez une longue carrière derrière vous... J. : J’ai traîné avec la musique depuis un petit bout de temps, c’est vrai.

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The Savage Heart

Label : Play It Again, Sam

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DU SON A L’IMAGE j

Chez Zyva, vous le savez, la musique est notre raison de vivre. Albums, festivals, discussions... Nous la traitons sous différentes formes. Zyva a choisi également de se concentrer sur la musique au cinéma. Au programme, des films, des compositeurs, des coups de cœur... bref, Zyva mettra dorénavant du son à l’image.

Par Mo

Les acteurs chanteurs qui réussissent

C

ertes, certains acteurs qui se sont tentés dans le métier d’acteur se sont littéralement vautrés. Mais hey ! D’autres ont su s’illustrer au sein du septième art. De Justin Timberlake à Jared Leto en passant par Yves Montand, nous allons tenter de répondre à : comment font-ils pour s’en sortir ?

Souvent, leur succès est dû à un choix de carrière. Il est bien difficile pour un acteur d’être dans un film et sur un album en même temps. Will Smith a totalement quitté le Rap pour se consacrer au métier d’acteur. C’est en découvrant sa notoriété dans le Prince de Bel Air et dans Independence Day, qu’il abandonna petit à petit son métier de chanteur sauf pour se consacrer aux Bandes Originales des films où il apparaît. On peut dire la même chose de Mark Wahlberg qui réussit à faire oublier son passé de rappeur en tant que leader du groupe Marky Mark and the Funky Bunch de 1991 à 1993. Par la gestion de planning, ces chanteurs arrivent à ponctuer leurs performances vocales par des performances sur grand écran. Jared Leto par exemple a commencé à être connu grâce à sa carrière cinématographique (débuté en 1995 avec How to Make an American Quilt) avant de consacrer beaucoup plus de temps à son groupe 30 Seconds To Mars en 2002. Cela ne l’empêcha pas de participer à quelques très bons films comme Lord of War ou encore Mr Nobody. Ce changement de cap peut se gérer par une cam-

pagne marketing maîtrisée. Justin Timberlake après avoir mis en pause sa carrière jusqu’en 2011, a trouvé le moyen d’organiser son retour en 2013. En effet, il a choisi d’apparaître dans des émissions populaires lui permettant de mettre en avant ses talents de chanteur ET d’acteur : citons par exemple son apparition dans Saturday Night Live, émission américaine qui consiste à enchaîner des sketchs comiques et à les ponctuer par deux coupures musicales... étant en promotion pour the 20/20 Experience, le chanteur de Memphis a fait d’une pierre deux coups, vendre son album et montrer ses capacités à faire rire. Ces succès nous amènent à penser que ce sont surtout du côté des États-Unis que le mélange acteur-chanteur fonctionne le mieux, peut-être parce que le public ne les met pas dans des cases prédéfinies. Néanmoins en France, certains ont aussi démontré un véritable talent, comme Yves Montand à l’époque, Bernie Bonvoisin, et plus récemment Benjamin Biolay dont les apparitions à l’écran ont été très appréciées.

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