La Grande Saga des Vikings de Christophe Rouet, éd. de Borée (extrait)

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Christophe ROUET

La Grande Saga des

Vikings De Glace et de Feu


CHAPITRE 2

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Silence, fils de Heimdal, le dieu Blanc Silence à vous tous, petits et grands, Selon l’ordre du père des héros tombés au combat, je vais raconter les anciens réçits des hommes depuis les temps les plus reculés. Voluspa, chant de la prophétesse

À

partir du viiie siècle, des étraves ornées de dragons sculptés fendent les mers du globe ; les hommes à bord, derrière des boucliers de couleur qui sont posés à tribord et à bâbord, s’abritent des vagues et de l’écume. Ils en appellent à la force, au dieu Thor. Là-haut, au milieu de nuages gris de penne formant des volutes inquiétantes, Thor se fait entendre ; il tape comme un damné avec son marteau que les guerriers du Nord portent stylisé sur leur torse musclé. Ah, il s’en donne à cœur joie, le grand dieu tant aimé des paysans scandinaves ; ils le préfèrent même au devin et divin borgne, Odin qui règne sur le secret des runes. Un pouvoir magique semble les porter vers les terres promises lorsqu’ils lancent à la mer les öndvegissulr (montants finement gravés du haut-siège, sorte de trône ; qui incarnaient une forte charge symbolique et cultuelle, comme on le verra en Islande, puisqu’ils définissaient le lieu d’installation des colons en s’échouant sur le rivage.) 2 Les Vikings cherchent à agir sur le destin, sur le monde des dieux dans une sorte d’ordalie. Ne lancent-ils pas aussi, dans le vent tour-

billonnant, les corbeaux noirs d’Odin qui annoncent « la glèbe fertile » de la déesse mère. Cette dernière associée aux Vanes (peuple mythique affilié au culte de la fertilité et de la fécondité) est porteuse d’avenir, d’un avenir prospère. La terre en vue, ils pensent déjà aux monastères qui regorgent de calices d’or que l’on fondra pour en faire des bijoux, aux belles esclaves que l’on violera avant de les revendre ou de les intégrer à la tribu si elles savent racheter leur liberté. Elles se partageront ensuite symboliquement avec les fils des géants, les Ases, peuple de « la force brute » ! Comme le monde est saisissant, surprenant, pour ces aventuriers qui pensent avoir sauté en traversant la mer, le précipice des origines surnommé en norrois Ginungagap, « l’abîme béant », (le vide éternel que les chrétiens appelleront le mal). Mais soudain au milieu des combats, ils disent que deux forces se font ressentir, le chaud et le froid, la glace et le feu, la pluie est aussi drue et aussi tiède qu’une averse de belle saison même sur les côtes froides du Nothumberland ou des îles écossaises. De cette fusion extraordinaire va naître un homme ? Un Dieu ? Non


La force au service des dieux

Loki, sorte de diable-sorcier, est le détenteur d’un chaudron magique où s’agite tout le panthéon nordique.

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Les runes sont une œuvre artistique à part entière. On les trouve, par exemple, sur les pierres levées de l’île de Gotland (les plus veilles runes sont celles dites de Kylver). Cette pierre gravée se dresse dans la forêt près du château de Karlberg, en Suède.

On a pu retouver certains bois gravés, magnifiques œuvres qui témoignent du savoirfaire, des mythes et croyances et de l’univers graphique des Vikings. Proue de drakkar.

Sculpture sur bois aux dragons affrontés.


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Chapitre 2

Silence, je vous demande de m’écouter tous, Les êtres sacrés, Humbles et Puissants, Descendants de Heimdal ; Tu veux, Valfödr, que Je révèle Les anciennes destinées des hommes, Les plus reculées que je me rappelle. Prédictions de la Prophétesse, Voluspa, Edda poétique

HISSEZ HAUT LES RUNES ! Les runes sont une œuvre artistique à part entière. On les trouve, par exemple, sur les pierres levées de l’île de Gotland (les plus veilles runes sont celles dites de Kylver), elles sont aussi bien païennes que chrétiennes dans le message exprimé. En ce qui concerne la voyance, ces signes semblent apparaître un peu comme un tarot nordique, mais le plus important est que chaque lettre, à l’image des lettres hébraïques, possède un sens caché.

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Gravure sur roche à Solberg (Norvège). Sur ce site on trouve des représentations de bateaux et d’hommes, et des cercles solaires


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« Mon sourire brave la mort, je meurs joyeux »

LES « NUITS FAUVES » DES BERSERKIR

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BERSERKIR (pluriel du mot Berserker), appartiennent au mythe le plus fantasmagorique de la littérature scandinave médiévale. Mihommes mi-loups, ces guerriers d’exceptions tiennent une place de choix dans les sagas islandaises du XIIIe siècle. Jusqu’à il y a moins d’un siècle, les historiens doutaient de cette vision un peu heroic fantasy jusqu’à ce que l’on trouve sur l’île de Lewis, au large de l’Écosse, des pièces de jeu d’échecs datant de l‘époque viking. Ces guerriers d’ivoire étaient représentés mordant comme des furieux leur bouclier ! Cette fois ci, plus de doute : le Berserker appartenait bien au monde réel et non à la mythologie littéraire. Mais qui étaient-ils donc, ces ceux que l’on disait fauves dans les sources islandaises, semblant a priori tout droit sortis de la série Game of Thrones tant les descriptions que nous avons collectées sur eux paraissent hors du commun… Le Berserker interroge le rationalisme occidental (même s’il existe une expression anglaise courante To go berserk qui signifie devenir fou furieux) ; reste que le phénomène demeure un produit phare de la poésie des troubadours scandinaves du Xe siècle (les scaldes). La vision du Berserker oscille entre l’hypercritique des philologues souvent très méfiants et l’enthousiasme parfois excessif des folkloristes. Nus ou couverts de peaux de bêtes d’ours ou de loups, les Berserkir apparaissent comme des êtres mi magiques-mi humains, et cela au cœur du paganisme nordique pourtant particulièrement ouvert intellectuellement à ce type de créatures. Dans cet univers magique, la différence est parfois très faible entre le monde réel et le monde imaginaire. ES

Un Berserker … les Berserkir apparaissent comme des êtres mi magiques-mi humains…

Certains textes du Xe siècle qualifient ces mercenaires souvent proches du pouvoir royal de « pelisses de loup ». Hommes fauves, bêtes sauvages à la limite de l’hystérie, la bave aux lèvres… Sans doute étaient-ils sous l’emprise de substances hallucinogènes (ergot de seigle, datura ou mandragore ?) ; ces guerriers qui, dit-on, déracinaient un arbre d’un coup de tête, sont parfois désignés comme des loups-garous (ou lycanthropes). Peut-être est-ce l’une des raisons du mythe du varou dans le folklore normand qui a même crée l’expression « partir en varouage » pour désigner le fêtard ou le mari volage !

Reproduction sur une gravure en bois de l’une des plaques de Torslunda en bronze, datant de l’âge de Vendel, découvertes à Öland en Suède.

Comme nous le prouve la pratique du berserkergang, littéralement la marche du guerrier fauve, chantée par les scaldes du roi norvégien Harald à la Belle Chevelure, ces guerriers hors-normes, qui collaient si bien aux valeurs sociétales du monde païen imposent à nos contemporains une réalité toute pertinente du monde nordique.

Elle représente un Berserker (à droite) tirant une épée du fourreau, et, à gauche, Oden (probablement Odin).

Aujourd’hui, ces valeurs pourraient très bien nous échapper sur le plan intellectuel, à moins de se plonger avec frénésie dans Le Seigneur des Anneaux !

erre par Guilte de l’Anglet de la conquê , la célèbre ire fabuleux r du Duché, mo rle pa mé s! nt de me nt om 0.000 visiteur un éléme r 50 e ue né oq an év le chaque ur être laume sans ou plutôt po ux qui accueil e, ye eri Ba iss de tap e rs tapisseri ce qu’une nde viking alo demanderont re sur le mo mBeaucoup se re dans un liv mais il me se erie, vient fai vale ! Certes, od ng dié br sa e mé du e un it oir is ist éc pr ux camps coula ière du Chapitre 3 crit une période de l’h e dans les de ric qu’elle dé er d’oublier qu la terre nour lég ra, u rge pe go ue Guilblerait quelq que ce dernier (lieu de la bataille entre « viking » et iers Gris » nt ! Ke mm le Po « ns s da de n) champ le Saxo and et Harold laume le Norm mmuminologie co rderons la ter historiques d’un erie (nous ga ments élé s Cette tapiss de s, de ld, moustachu yée) possè , Saxons d’Haro nément emplo On y voit les ume très brun : e illa iqu Gu n un t d’u intérê mmes nt du temps, les ho e sur le deva ch mè et ée t la plupart du ras intéressant es nque, nuque erne, le plus coiffés à la fra le d’Ygdrasqui nous conc dè ce mo en le is r su Ma crâne. s arbres ntre ion stylisée de vieux nordiques que mo la représentat des e forme ou l’if sacré on y voir un utPe e. syll, le frêne eri prérises la tapiss ant encore, la à plusieurs rep ? Plus étonn portaient au e de nostalgie qu ou u ge ea rb ma d’hom me ière au co Odin. De for célèbre bann sence de la pour honorer par ïens du Nord ique utilisé combat les pa étendard peut-être totém e à l’évidence cet e montr triangulaire, ’au XI siècle, andidinaves jusqu rmands et Sc les chefs scan upés entre No co ts pa t en n’étai n n’incarnen nin Mu et n que les liens Hugin rbeaux d’Odin naves. Les co ire ! ient appuyées ils pas la mémo Guillaume éta se normandes de nds, la fameu es ma up Fla s tro de les Si ns et mposée çais, des Breto rold était co Ha n, xo sa par des Fran i ro rienne » du « garde préto

C

oderie e et étroite de telle à br « Une tente très longu erre, let ng A d’ uest representation du conq ns sa fai ulx ea ipt Re cr s es taves de liques ». de ymages et se le jour et par les oc gli é l’ de f ne la on vir laquelle est tendu en 76 tre-Dame de Bayeux, 14 Inventaire de l’église No is scrit islanda ur lui. Manu

Représentation e du XII siècle.

de d’Yggdrasil et

s an

ent par et po imaux qui viv

les plus utation d’être i avaient la rép eu lieu si iers danois qu e aurait-elle err um gu illa de t Gu et en de essentiellem barqué à York s, la victoire vaient pas dé urope. De plu Norvégiens n’a it épuisé valeureux d’E les t, an av s ine e n’a quelques sema taille de Stramford Bridg ttente se ba ergoté sur l’a que la fameu a beaucoup On ? e nt, on peut nn ve xo ire de ue nq l’armée sa ma du On pourrait lui constru nt en parla avec Harald de Guillaume an, à cette œuvre nce possible rom ive un lle nn be co la la sur daire de s’interroger mythe légen sans commune mesure. main, la ? Derrière le l’aiguille à la de Norvège son homme dée par nt an da en mm co att m Mathilde ès de 70 « telle » de pr ume, Odon, réalité de cette ux et demi-frère de Guilla ye entre 1066 et cal’évêque de Ba réalisée en Angleterre, ésentée à la » pour être pr été man, à cette petites mains a sans doute nstruire un ro ntaines de « co ce de lui s t e de r rai fêt e ur pa 1082, 7. On po upée pour un yeux, en 107 lottes llit être déco thédrale de Ba sure. Elle fai r des sans-cu me pa e e un ais nç mm fra co e aux œuvre sans la Révolution s de la guerr e » pendant de poudre lor la ville en de ile « l’être suprêm de bâche à des chariots éd et t rvir e de l’avoca mmes de avinés puis se on miraculeus rs que les ho ns l’interventi enplus tard, alo frontières. Sa savants tourm fumée ! Bien les en , e res rti pa biè t ux occitans, 1792, elle serai aient les runes entre de ins, cathares éta tib tir as SS lam ir rce : be au l’ordre no aient pas t prouver le erste ne chôm Herings… devaien tés de l’Ahnen chamans vik rr professeur ut He rto de su ie et or ns , la thé lors, un druides breto e devint dès était du moins le eri tel iss , ne tap en er La . ux de la race ary tiés » d’Himml ssion à Baye que les « ini chargé de mi païen magique bert Jankhun d fon n d’u muni outil majeur uver. Louvre par espéraient tro déplacée au la Sarthe puis sauvée par de e au êtr âte ut ch pe , ée dans un t en France s gla MceOs.YEN deU sD D’abord cach nu restera de fai e ve D s eri B an , iss X am tap chEU , la AY quEelqBue parD lésIE les Allemands eil ER s rév SS ier PI err gu TA s ses intrépideLA

ÂGE !

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À Stavanger, ville du sud de la Norvège, les épées de bronze plantées dans le roc fond inévitablement penser à Excalibur. On les appelle Sverd i Fjell, elles célèbrent la bataille de Hafrsfjord qui se déroula le 18 juillet 812 et couronna Harald à la Belle Chevelure pour le meilleur comme pour le pire. Ainsi, naissait une Norvège unifiée qui annoncera avec quelques siècles d’avance la mort du monde viking.

Les récentes découvertes d’archéologues norvégiens ne laissent plus vraiment place au doute.Oui, les Vikings ont bien découvert l’Amérique en partant du Groënland comme le prouve cette ferme typiquement Scandinave.

Reconstitution d’habitation viking au Danemark.


Christophe ROUET

Vikings des

Grande Saga La

26,50 EUROS - BROCHÉ 19 x 26 – 192 PAGES ISBN

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