CULTURE
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ÉLU PAR TÊTU
MY NAME IS CLAUDE
S
on nom est Claude. Oubliez Madame ou tout autre jeu de mots pourri, vous passeriez à côté du performer à suivre cette année. Québécois installé à Berlin depuis quelques années, Claude Ferlant a l’ambition d’être lui-même et sous toutes ses formes, à la manière de Björk ou Bowie, fut un temps. Ses premiers concerts en France concilient musique, mode et vidéo dans une narration tragique proche du roman gothique. Silhouette de sylphide (imaginez J ay J ay J ohanson mâtiné de Ritchie Hawtin, l’effet capuche à la Azzedine Alaia en plus), Claude apparaît comme un Hamlet contemporain, qui choisirait l’orchestre au lieu du théâtre pour percer à jour son public. Sa pop croise arrangements classiques dépouillés (il cite volontiers Erik Satie) et sonorités retravaillées aux machines, comme si la machine venait hanter ses thèmes mélancoliques. Piano contrebasse et harpe croisent des claviers analogiques, et la voix étonnamment versatile de Claude joue des silences pour capter l’attention sur chaque mot. On hésite entre récit fabuleux et confessions intimes (si l’expression est encore permise) quand Claude évoque le son de ses ailes (envolée de harpe) ou les appels désespérés que personne n’entend. Vêtements de créateur (du Danois Mads Dinesen) et projection vidéo habillent le musicien, comme pour atténuer l’impudeur de certains élans lyriques. Son physique fragile et
l’ambiance sombre de son théâtre musical ne rivalisent pas avec encore les fresques sonores des deux «B »précédemment cités. Mais on sait déjà ça de lui : son nom est Claude. MATTHIEU CONQUET ScienceOf Doubt, Myname is Claude. http://mynameisclaude.com
MONIQUE GIROUX Y’apasqueCélineD.! MoniqueGiroux, figurede RadioCanada, encyclopédie delachansondelabelle province, porte-paroledeGay écouteàMontréal, dévoile pour TêtusoniPodtrès sentimental.
What I have done ANNA TERNHEIM Mon amoureusem’aoffert cedisque. Lachanson était en faitlaparfaiteillustration du moment. C’est devenu unesortedemadeleine… Thank you for your love ANTONY AND THE J OHNSONS Lavoixdu Ciel!A ntony chanterait lebottin, jeme précipiterais pour acheter ledisque. Heureusement, il nechantepas lebottin. Pardon CATHERINE RINGER Ringer metouche, sur ce disquesolo. Elleason âge, son vécu et l’assume. J ’ai souvent remarquécette maniedes Français dedire pardon pour un oui, pour un non. Unemanièredecréer
lecontact. Chez nous, on ne s’excusepas assez! Dancefloor BRIGITTE FONTAINE & GRACE J ONES Larencontredes opposées. L’uneest aussi noireque l’autreest blanche. J ones alerythmequeFontaine n’apas, etc. Mais elles sont «sisters». J ’étais au Bataclan en juin, quand J ones arejoint Brigittesur scène. Moment inoubliable. Les Atomes MARTIN LÉON Laparfaitereprésentation québécoisedecequepeut enfanter lemariagedes mots en français et denotre musiquesous influence américaine. PROPOS RECUEILLIS PAR MC
CALVIN HARRIS FEAT. KELIS En attendant l’album(prévu pour FIN D’ÉTÉ février), le single Bouncetourne en boucle partout.Aussi à l’aise avec Dizzee Rascal que Rihanna, Calvin Harris confirme son statut de machine à tubes électro et R’n’B. Un pur Kelis… Bounce (Sony).
SCALA &T HE KOLACNY BROT HERS
LE CLIP
Une chorale indie-rockqui fait des reprises en mode mineur. De quoi hurler. Pourtant, les voixados détournées offrent un supplément d’âme à des chansons au sentimentalisme épuisé comme Creepde Radiohead… Best-of (Wall of sound). Le 12septembre.
NNEKA Grosse sauce efficace de soul-reggae-hiphop puissant, avec une dose de conscience politique. Pas vraiment déca. Soul Is Heavy(J ive Epic). Le 26septembre.
LIT T LE DRAGON
Égérie trans, icône siliconée, poupée plastique, le corps d’A manda Lepore est une véritable œuvre d’art. Mais la muse du photographe David L aChapelle veut être plus qu’une image photoshopée. A manda veut chanter. S on nouvel album, sobrement intitulé I… Amanda Lepore, compile quelques titres déjà sortis avec de nouvelles chansons coécrites avec le rappeur gay C azwell, dont ce Turn M e Over impeccablement disco. Tournée dans les nuits 28
chaudes de S ão P aulo, la vidéo de ce single est un monument de porno chic. De suites d’hôtel en piscines de sex-clubs, A manda abandonne son corps-création à l’appétit féroce de sublimes mannequins brésiliens. Mais, les hommes, c’est elle qui les croque, piétinant de ses talons aiguilles le visage de l’un, avant de repeindre la figure d’un autre de rouges baisers kingsize. L à où il n’y a pas de collagène, il n’y a pas de plaisir ! ROMAIN BURREL Turn Me Over (Peace Bisquit). http://bit.ly/qBtAGU
CLAIRE DENAMUR «Unedes rares àexplorer lamusiquenord américaineen France»(sic). Relooking extrême et maquillage sonore voudraient faire de la gentille Claire une J ohnnyCash pure et dure. Tout est dit dès le premier titre: Rien demoi. MC Vagabonde (Capitol). Le 19septembre.
PHOTOS : DR (11).
AMANDA LEPORE Turn MeOver
Le petit dragon venu de Suède (elle s’appelle Yukimi Nagano) s’attaque au groupe imparable de Göteborg. Ça danse, ça sue et c’est ultra sexy. Que demander de plus? Ritual Union (Peacefrog). Le 5septembre.
TÊTU SEPTEMBRE 2011
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ÉLU PAR TÊTU by Matthieu Conquet ENGLISH TRANSLATION His name is Claude. Forget Madame or any other tacky word game and don't miss THE performer to follow this year. Originally from Quebec (Montreal) and moved to Berlin in recent years, Claude Ferland has the ambition to be himself and all the forms this self can take, just like Bjork or Bowie did in their days. His first concerts in France combined music, fashion and video and created a tragic narrative close to the style of the Gothic novel. With his sylph-‐like silhouette (imagine Jay Jay Johanson crossed with Ritchie Hawtin and add the effect of Azzedin Alaia's hoods), Claude seems like a contemporary Hamlet, who chooses the orchestra instead of the theater to permeate his audience. His pop music blends stripped classical arrangements (he musically quotes Erik Satie) and sounds reworked on computers, as if the machines came back to haunt the melancholic themes. Piano, double bass and harp meet analog keyboards and Claude's surprisingly versatile voice plays with silence in order to direct the attention to every single word. When Claude evokes the sound of his wings (imagine soaring harp) or desperate calls that nobody hears, one hesitates whether one should understand his songs as fabulous stories or as intimate confessions (if the expression is still allowed). Designer fabrics (by Danish designer Mads Dinesen) and video projections dress the musician, as to mitigate the shamelessness of certain lyrical desires. His fragile physique and the dark atmosphere of his musical theater don't yet compete with the sound frescos of the two big B's we've mentioned earlier. But there is already one thing we know of him: His name is Claude.