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Monument des chasseurs de Gaschney

Le monument des chasseurs du Gaschney a retrouvé son identité.

Le samedi 10 septembre 2022, le dévoilement d’une plaque en marbre sur le monument érigé au Gaschney en 1921 par la ville de Nice a permis de sortir de l’oubli les nombreux chasseurs alpins de la région niçoise tombés en ces lieux et auxquels cette stèle était destinée.

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Dans un courrier adressé en septembre 2017 au maire de Nice Christian Estrosi, le colmarien Jean-Robert Haefélé, délégué pour l’Alsace de l’Amicale nationale du 22e BCA de Nice où il a servi, écrivait : « Force est de constater que le monument des chasseurs qui rend hommage aux nombreux enfants de Nice et de sa région est tombé dans l’anonymat, notamment suite à l’absence de toute plaque pouvant identifier ses origines et sa présence hautement symbolique. Je souhaite qu’une solution soit trouvée pour que ces héros niçois ne soient pas oubliés ». Grâce au soutien du colonel Marie-Christine Fix, conseillère municipale à Nice, déléguée aux anciens combattants et au lien armée-nation, une issue favorable pour financer cette plaque a été trouvée. L’amicale du 22e BCA par l’intermédiaire de son vice-président le lieutenant-colonel Georges Trémoulet est également intervenue avec efficacité. C’est en présence de nombreux chasseurs et sympathisants de la cause chasseur que s’est déroulée cette cérémonie, hélas abondamment arrosée. Elle était organisée conjointement par les autorités niçoises présentes et par la 301e section des Diables bleus de Colmar présidée par le chef de bataillon Georges Bossler qui en a assuré le protocole.

Différentes personnalités civiles et militaires ont fait l’honneur de leur présence, dont le chef de cabinet du préfet du Haut-Rhin Mohamed Abalhassane, et le président national de la FNAC René Watrin. Plusieurs présidents d’associations patriotiques étaient représentés par leur portedrapeaux et fanions, au nombre de douze. La montée des couleurs a été suivie du dévoilement de la plaque, précédant le dépôt de cinq gerbes au pied du monument : les DB de Colmar, l’Amicale du 22e BCA, la FNAC, la ville de Nice et la préfecture du Haut-Rhin. La sonnerie « Aux Morts », la minute de silence, l’hymne national, le refrain du jour et la Sidi-Brahim ont conclu cette cérémonie. Les participants se sont ensuite « réfugiés » à la ferme auberge du Braunkopf qui nous attendait pour le déjeuner et où les discours ont pu être prononcés au sec. Ont pris respectivement la parole le chef de bataillon Georges Bossler, le caporal-chef Jean-Robert Haefelé et le lieutenant-colonel (h) Georges Trémoulet (dont vous trouverez le discours ci-après), les trois chevilles ouvrières de cette manifestation, suivis de René Watrin et du colonel Marie-Christine Fix. Un échange de cadeaux a suivi ces prises de parole avant de partager enfin le verre de l’amitié. Un repas de cohésion typiquement alsacien arrosé de blanc et de bleucerise, avec la modération qui caractérise les chasseurs, a réjoui les 59 participants, avant que les refrains des bataillons ne soient sonnés et avant la Sidi-Brahim, dans l’ambiance propre aux diables bleus. Nous étions 11 amicalistes du 22, 8 chasseurs et 3 sympathisantes.

Après des échanges de conversation animés et la lecture par Daniel Thiéry d’un magnifique poème écrit par un alsacien de la région en hommage aux Poilus, tout le monde a pris le chemin du retour.

Ce fut une belle journée, malgré les caprices de la météo, car bien évidemment, le soleil était de retour l’après-midi !

JR. Haefelé , délégué Alsace de l’Amicale du 22éme BCA.

CÉRÉMONIE AU MONUMENT DU GASCHNEY SAMEDI 10 SEPTEMBRE 2022

Monsieur le Préfet (Louis Laugier), Mesdames et Messieurs, en vos noms, grades et qualités, chers camarades chasseurs et sympathisants, en tant que vice-président de l’Amicale nationale du 22e BCA et co-organisateur de cette cérémonie, je vous remercie tous très sincèrement de votre présence aussi nombreuse à cette émouvante et belle journée. Je tiens également à remercier chaleureusement plusieurs personnes, ici présentes, sans qui cet évènement n’aurait pas pu avoir lieu. À commencer par notre délégué régional Alsace Jean-Robert Haefélé à qui revient le mérite et l’initiative de m’avoir informé de l’existence de ce monument des chasseurs du Gaschney que la ville de Nice avait fait ériger en 1921, et tombé dans l’anonymat du fait de la disparition de cette plaque commémorative que nous allons dévoiler, et ainsi rendre hommage à tous les chasseurs alpins originaires de la région niçoise tombés en ces lieux en 1915.

La deuxième personne à qui vont s’adresser mes remerciements est le colonel Marie-Christine Fix, conseillère municipale de la ville de Nice, déléguée au monde combattant et au lien armée-nation. C’est grâce à son implication, à sa ténacité et à l’amitié qu’elle témoigne de longue date à la cause chasseur qu’elle est parvenue à faire en sorte que cette requête aboutisse enfin ! Et maintenant je vais poursuivre mon propos en m’efforçant de faire mienne la devise favorite de Georges Clémenceau qui, je le cite, se plaisait à dire : « J’aime les pantalons longs et les discours courts ». Beaucoup d’entre vous connaissent certainement ce monument et l’histoire de ces lieux où se déroulèrent tant de combats meurtriers lors de la Première guerre mondiale, mais permettez-moi néanmoins de vous faire part de quelques réflexions personnelles :

Concernant le monument, offert par la ville de Nice en hommage aux chasseurs morts pour la France en 1915, il a une particularité en relation directe avec le 22e bataillon de chasseurs alpins car, comme vous pouvez le constater, ses quatre faces comportent toutes 22 blocs de pierre locale…Et je ne pense pas que cela puisse être dû à un simple hasard architectural ! Les cartes postales de l’époque laissaient apparaître divers ornements métalliques, notamment une couronne de lauriers et l’inscription ”VILLE DE NICE”, qui ont mystérieusement disparu à partir de 1924... Si ce beau monument situé sur la commune de Stosswihr a encore fière allure après plus de cent ans, et qui fait partie d’un circuit historique et figure même dans le Guide Michelin, il faut rendre hommage à l’action conjuguée de la section des diables bleus de Colmar et du Souvenir français qui, à l’occasion de la commémoration du 90e anniversaire de l’Armistice de 1918, avait subventionné sa rénovation en 2008 sous la présidence du colonel Gilbert Dolle, ici présent avec son épouse. Il faut souligner également la remarquable action de Souvenir français de Munster qui veille à son entretien sous l’impulsion de son président Fernand Stihle. Nous devons saluer également l’implication de la 301e section des diables bleus de Colmar grâce à qui ce mât des couleurs a pu être scellé de manière pérenne. Dans ce secteur, et non loin de nous, se trouvait le plus important camp militaire français de la région. Il s’appelait le Camp Nicolas, du nom du commandant Joseph Nicolas, chef de corps du 24e bataillon de chasseurs alpins, né à Nice le 15 avril 1871 et tué le 21 juillet 1915 au Reichackerkopf. Il avait 44 ans. Ce secteur du front, caché dans la forêt, a accueilli plusieurs milliers de chasseurs qui pouvaient ainsi, dans un calme relatif, bénéficier de soins, procéder à la remise en état de leurs équipements, prendre un repos bien mérité et même profiter, par beau temps, d’un peu de soleil… avant de repartir au combat. Le monument du Gaschney comporte sur son autre face les noms des terribles batailles meurtrières du Braunkopf, de Metzeral, du Reichackerkopf et de Eichwalde, au cours desquelles des milliers de chasseurs des 6e, 22e ,24e BCA et leurs bataillons de réserve, venant de Nice ou de sa région, furent tués ou blessés pour défendre leur patrie. Ne les oublions jamais et rendons hommage à ces valeureux Poilus, les héros de ce conflit, qui devait être la “Der des Der”… Georges Trémoulet.

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