Bédéozine n°8

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Revue Bande-dessinée Octobre 2016 Décembre 2016

BedeoZine

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Fantastique, Horreur, un sombre dossier !! Un

petit tour

Lorrain ?

On vous fait découvrir un jeune artiste lorrain primé à Angoulême ! Retrouvez également La Bande à BDo et La Malle d’Ocube Faites

un petit tour dans notre

notre petit

Ocube

BDostrip !!

continue son épopée



EDITO C’est le temps de l’automne... Voilà enfin le temps du 8ème numéro… Et l’été a touché à sa fin. Mes parents ne m’ont pas oubliés, encore une fois, fort heureusement. Mes aventures dans des contrées lointaines se poursuivent, au devant de terribles dangers… Mes compagnons de route deviennent de plus en plus nombreux alors que j’approche de la terrible bête : le Doguiale ! Peut-être que le prochain numéro me portera chance, n’est-ce pas ? Après tout, on dit que le 9 est un chiffre on ne peut plus important, n’est-il pas ? Pardon ? Que dites-vous ? Vous sentez un changement en moi ? Oui, c’est vrai, vous avez entièrement raison. Je deviens l’humble chevalier que je suis sensé être. À force de rencontrer des obstacles terribles et qui paraissent insurmontables, on en devient sage d’après mon ami, le Grand Catalf. Je ne peux qu’être en accord avec lui. C’est d’ailleurs pourquoi mes parents et moi-même vous avons concoctés un numéro spécial sur le Fantastique et ce qui, historiquement, va de pair avec lui… L’Horreur ! Après tout, qui de plus compétent pour vous en parler que quelqu’un qui l’expérimente tous les jours dans ses aventures ? Autrement dit, MOI ! Et puis, il s’agit également du mois d’Halloween et de la saison des monstres… Chers lecteurs, vous trouverez donc, cachés dans de sombres recoins, des illustrations sur ce splendide thème (à vous de retrouver toutes les références!), un dossier sur l’apparition du Fantastique surgira de nulle part pour vous sauter à la gorge et vous étrangler (ou vous étonner!), une interview se glissera discrètement vers vous pour enfoncer ses longues griffes dans votre estomac remplit de bonnes choses… Bien entendu, les incontournables de nos numéros sauront également vous surprendre, pour le meilleur… Et pour le pire ! Comme nos chers Insolites… Mais, déjà, de nouveau, le devoir fait appel à moi. De gigantesques monstres se dressent sur ma route et la vôtre… Et je serais là, pour leur plus grand damne, pour vous protéger et vous guider. Ayez foi en moi ! Je serais votre gardien, votre humble et puissant serviteur qui ne saurait qu-… Oh ! Un papillon !

Ocube et ses parents, PRESQUE impressionnés.


Sommaire

Un monde Fou Fou Fou ! ...........04 Les BD News ..................................05 La Bio Cube ......................................07 La bande à BDo .............................09 La malle d’Ocube ..........................11 Ocube mène l’enquête ! .............13 La banlieue d’Ocube.....................29 Ocube écoute !...............................31 BDo Strip .........................................33


Un monde Fou Fou Fou !

Vs

Le film fantastique dans tous ses états !

CULTES

CUCULTES

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BD News En Bref...

Gally a l’honneur chez Glenat ! Nous savons une chose à BDocube, c’est que le 28 décembre prochain, nous serons dans les salles ! Pourquoi ? Car le film Miss Peregrine et les enfants particuliers sort ! Adapté du roman et conte étrange du même nom, il est réalisé par Tim Burton, ce qui nous promet une belle expérience vu ce qu’il a déjà pu faire avec Sleepy Hollow ou Les Noces Funèbres. De plus, l’actrice jouant Miss Peregrine n’est autre que Eva Green, dernièrement vue dans la série à succès et horrifique Penny Dreadful… De quoi donner l’eau à la bouche !

Yukito Kishiro sera à l’honneur le 16 novembre avec la sortie du art book Gunnm Ars Magna chez les éditions Glenat ! Ce magnifique art book vous proposera des visuels issus de la série Gunnma jusqu’à Mars Chronicle ! Chaque arc narratif y est représenté accompagnés d’illustrations exclusives japonaises. Vous pourrez y découvrir les évolutions de style et, passant de l’encre de chine au numérique.. Un art book de 128 couleurs a avoir dans sa collection pour tout fan de l’univers de Kishiro !

Tout tout tout, vous saurez tout sur J.R.R. Tolkien ! Le 16 octobre, retrouvez aux éditions Bragelonne, enfin disponible en français, J.R.R. Tolkien, Auteur du siècle, œuvre de 2000 pages par Tom SHIPPEY ! Le 4ème OAV de Gundam the Origin (Unmei no Zenya) débarque au Japon et en France le 19 novembre sur le site Daisuki.net ! Les 3 premiers OAVs y sont déjà disponibles !

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Au format broché, d’une valeur de 22 euros, il s’agit d’une étude entière sur les œuvres fondamentales de fantasy de l’auteur « du siècle » par un de ses plus éminents chercheurs et connaisseurs, le Professeur T. SHIPPEY, lui-même auteur de l’œuvre de fantasy The Hammer and the Cross avec H. Harrison. Une véritable perle pour les fans de J.R.R. Tolkien et de la fantasy qui souhaitent mieux comprendre la démarche de l’auteur et les sens donnés à ses œuvres.


En Bref...

SoBD nous propose son édition 2016 ! Du 2 au 4 décembre, aura lieu la 6ème édition du Salon de la BD au coeur de Paris et plus précisément à la Halle des Blancs Manteaux, Paris IVe ! Cette année, le SoBD met à l’honneur la BD suédoise et Florence Cestac et Jean-Luc Cochet, ses invités d’honneur ! L’entrée y sera gratuite et vous pourrez y retrouver une 60aine d’exposants et surtout, 150 artistes et 40 éditeurs ! De nombreuses activités y seront aussi possibles ! Dédicaces, rencontres, ateliers et expositions seront de la fête !

Rendez-vous dans les salles obscures le 23 octobre pour le film Marvel : Docteur Strange de Scott Derrickson avec Benedict Cumberbatch (Sherlock) dans rôle principal !

Si vous êtes dans le secteur en décembre, n’hésitez pas à aller y faire un tour ! Plus d’information sur leur site internet : http://www.sobd2016.com

Jem & les Hologrammes de retour…. En comics ! Le 2 novembre, les éditions Glenat propose de retrouver Jerrica et ses amies dans un univers plus actuel et moins girly ! Une réécriture des origines de Jem qui lui a déjà valu plus de 100 000 exemplaires vendus pour les 2 premiers tomes aux USA ! “Jerrica Benton, alias « Jem », fille du défunt patron de la maison de disque Starlight Music, elle hérite de la moitié de la société ainsi que d’une pension pour orpheline, qu’elle tient avec sa sœur Kimber et ses deux meilleures amies Aja et Shana. L’autre moitié de Starlight Music est détenue par l’ancien associé de son père, Eric Raymond. Sans scrupule, il décide de faire représenter son label par les Misfits, un groupe pop-rock de 3 jeunes filles aussi énergiques que désagréables, suite à un concours de jeunes talents truqué. Pour sauver la réputation de l’entreprise de son père, Jerrica crée avec ses amies : Jem et les Hologrammes !”

Avis aux lecteurs qui souhaitent faire un geste p o u r l a l utte co n tre l a mucoviscidose ! Il reste des illustrations en vente de l’édition Zef’Hir 2015 ! RDV sur http://zefhir.fr/ rubriques zef’hir 2015 !

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S. D. Perry

Bio Cube

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Nom : Stephani Danielle Perry Pseudonyme : S. D. Perry (nom de plume), Stephani Perry, Stella Howard Date de naissance : 14 mars 1970 Œuvre majeure : Resident Evil

Romancière américaine et fille de l’écrivain Steve Perry avec lequel elle a travaillé sur quelques romans de la saga Alien ou Alien vs Predator, est connu pour sa série de livres Resident Evil sortie entre 1998 et 2004 : La Conspiration d’Umbrella, La Crique de Caliban, La Cité des Morts, Aux Portes de l’Enfer, Némésis, Code Veronica et Zero Hour. Mais, mis à part ces 7 romans, S. D. Perry a aussi travaillé sur de nombreux univers SF/Fantasy comme Star trek (Deep Space Nine et Section 31), Alien, Alien vs Predator et les novélisations des films Virus et Timecop. Elle a aussi écrit un roman inspiré de l’univers de Xena sous le pseudo de Stella Howard.


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La Bande à BDo CHRIS REDFIELD Véritable nom : Chris Redfield (Kurisu Reddofīrudo) Entourage : Claire Redfield (soeur), Jill Valentine Appartenance à un groupe : S.T.A.R.S. puis BSAA 1ère apparition : Resident Evil 1 Taille : 1.86 m Poids : 98 kg Cheveux : Brun Âge : 25 ans au début de la saga Resident Evil Nationalité : Américaine Chris Redfield est un des personnages principaux de la série de jeux Resident Evil créée par Capcom. Ancien pilote de l’US Air Force, il est un membre des forces spéciales de Raccoon City, les S.T.A.R.S.. Il découvre les armes biologiques d’Umbrella, en 1998, lors des étranges évènements du manoir de Raccoon City où pratiquement toute son équipe a été décimée. Suite à cette mission, il décide d’arrêter les agissements d’Umbrella où il sera aidé de Jill Valentine, Leon, S. Kennedy ou encore sa soeur Claire Redfield. En 2009, après la dissolution d’Umbrella (en 2003) et sa nouvelle appartenance au BSAA, il retrouve son éternel ennemi, Albert Wesker en Afrique. Lors de cette ultime confrontation, il tue Wesker. Puis en 2012, amnésique, Chris est retrouvé par Piers Nivans, seul survivant d’une mission en Edonie où tous les soldats ont été transformés en armes biologiques… A noter : Il rejoint les S.T.A.R.S. grâce à Barry Burton Son arme favorite est un beretta Il est joué par Wentworth Miller (Prison Break, Flash) dans la série de films Resident Evil.

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UMBRELLA CORPORATION Nom de la société : Umbrella Corporation, Umbrella Date de fondation : 1968 Fondateur : James Marcus, Oswell E. Spencer et Edward Ashford Domaine(s) d’activité : Recherche pharmaceutique (domaine principal), informatique, aérospatial, armement, produits cosmétiques,... Umbrella est fondée en 1968 après la découverte du virus Progenitor en 1967 par Marcus, Spencer et Ashford. Ashford, exposé au virus, meurt rapidement après et Brandon Bailey (présent lors de la découverte de la plante Stairway of the Sun, à l’origine de tout) est muté au laboratoire Umbrella en Afrique d’où il envoie des échantillons de virus à son mentor, Marcus. 1969 voit la création d’une base Antarctique par le fils d’Edward, Alexander, où le projet Code : Veronica débute. Il devient père à son tour, 2 ans plus tard avec la naissance d’Alfred et Alexia. 1978, Marcus injecte le virus Progenitor à des sangsues et découvre une nouvelle souche, le virus Tyran. Le centre est fermé et 2 de ses meilleurs élèves sont mutés à Arklay, William Birkin et Albert Wesker. 10 ans plus tard, il se fait tuer par William et Albert et le mérite du virus T revient à William mais, ce dernier découvre le virus G dans le corps de leur cobaye, Lisa Trevor et délaisse le virus T. 1998 marque le début de la décadence pour la multinationale. Après la résurrection de Marcus par la Reine Sangsue et l’envie de vengeance de ce dernier, le laboratoire Arklay se retrouve envahi par le personnel transformé en zombie. Une unité des S.T.A.R.S. dirigé par Wesker y est envoyée pour sauver l’unité Bravo, 1er arrivé sur les lieux. Wesker en profite pour mettre en place un plan visant à quitter Umbrella et récupérer des informations sur la société. Cet incident permet aussi à Birkin de quitter la multinationale mais tout ceci entraîne une propagation du virus au sein même de la ville de Raccoon City. Les membres du S.T.A.R.S. survivants comme Chris Redfield ou Jill Valentine deviennent alors les nouveaux ennemis d’Umbrella. Malgré l’envoi d’une unité d’élite d’Umbrella, l’équipe Alpha de l’U.S.S., le virus est répandu dans la ville et d’autres protagonistes, Claire Redfield ou Leon S. Kennedy, découvrent les malversations d’Umbrella. La ville sera bombardée et détruite. Après cette mésaventure, tout s’enchaîne pour Umbrella : la destruction du laboratoire de production des Tyrans à Sheena Island, l’île de Rockfort et le virus T-Veronica, de la base Antarctique. Tout ceci entraîne l’arrêt des opérations illégitimes de la société tant à cause des pertes matérielles que les pertes de personnels. Le coup final est porté en 2003 avec une attaque des forces paramilitaires anti-armes biologiques dans le Caucase et la destruction de T-A.L.O.S., l’ultime arme d’Umbrella. Suite à tout cela, Wesker, de manière anonyme, dénoncera Umbrella qui sera déclarée coupable. 2004 verra la fin d’Umbrella Corporation et l’arrivée du trafic illégale d’armes biologiques...

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La Malle d’Ocube RESIDENT EVIL

Auteur : S. D. Perry Editeur : Fleuve Noir puis Milady Date de sortie : entre 2002 et 2004 puis rééditée entre 2014 et 2016 Age minimum conseillé : 12 ans Nombre de volumes : 7 tomes ( La Conspirations d’Umbrella, La Crique de Caliban, La Cité des Morts, Aux Portes de l’Enfer, Nemesis, Code Veronica et Zero Hour)

Résumé : “Suite à des expériences réalisées par Umbrella, des zombies et autres monstres mutants font leurs apparitions. Le sort de l’humanité est entre les mains d’anciens membres des S.T.A.R.S. dont Rebecca Chambers, Jill Valentine ou encore Chris Redfield, et leurs alliés Claire Redfield et Leon Kennedy… “ Resident Evil, connu au Japon sous le nom Biohazard, est, à l’origine, une série de jeux vidéos action-aventure-survival horror appartenant à Capcom. Les romans de S.D. Perry sont pour la plupart des novelisations des différents opus, exceptés La Crique de Caliban et Aux Portes des Enfers, écrites entre 1998 et 2004. Dans cette version, nous avons des personnages supplémentaires comme M. Trent ou encore l’équipe des S.T.A.R.S. de la branche d’Exeter. Cette série de romans permet aux lecteurs de découvrir d’autres facettes de certains personnages, de développer certains liens et surtout de “boucher les trous” entre les différents opus de la licence ! Un parfait complément pour les fans de la saga !

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La Montee en puissance du Fantastique et de l’Horreur

Le Fantastique, et le sous-genre qui lui est relié, autrement dit l’Horreur, font depuis longtemps partie intégrante de nos grands classiques, à nous, bédéocubiens, qu’il s’agisse de littérature ou de cinématographie. Qui n’a jamais lu ou vu un film tiré d’une œuvre de Stephen King, par exemple ? Qui n’a jamais été attiré par ces thrillers où le surprenant surgit, menant les personnages vers un train d’horreurs et d’effrois qui nous enchantent autant qu’il nous révulse ? Et puis, qui n’a jamais regardé un film d’horreur à vous glacer le sang et qui vous empêche ensuite de dormir pendant des jours ? Ou au moins des extraits, soyons honnêtes… Nous avons tous, à un moment ou à un autre, expérimenté le Fantastique et l’Horreur. Des multiples séries de meurtres dans les slasher movies au meurtre unique d’un fou amoureux… Depuis quelques années, même les créateurs de séries télévisées n’hésitent plus à en faire usage pour nous créer des ambiances malsaines et oppressantes qu’on ne peut s’empêcher de vouloir connaître et que l’on adore. Mais connaissez-vous l’histoire de ce genre particulier qui en a inspiré plus d’un ? Savez-vous quelle a été la première œuvre à être considérée comme étant du genre Fantastique ? Ou bien quand le genre de l’Horreur est né, pour notre plus grand plaisir ? Ce sont toutes des petites choses que nous allons revoir dans ce dossier…

En avant pour le réveil des Monstres !

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ABÉCÉDAIRE

Qu’est-ce qu’un Slasher movie ?

Il s’agit d’un sous-genre cinématographique de la catégorie horreur où l’on met en scène de manière systématique les meurtres multiples d’un tueur, éliminant un par un les membres d’un groupe de jeune. La plupart du temps, l’arme utilisée est une arme blanche. Cette expression est apparue pour la première fois dans les années 90, utilisée par des critiques universitaires anglo-saxonnes telle Vera Dika.

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Leurs origines Quoi de mieux pour commencer à parler des origines de ces deux genres que la définition donnée par l’un des grands noms de la littérature Fantastique, T. Todorov ? Voici donc comment il définit le genre du Fantastique : « Dans un monde qui est bien le nôtre, celui que nous connaissons, sans diables, sylphides, ni vampires, se produit un événement qui ne peut s’expliquer par les lois de ce même monde familier. Celui qui perçoit l’événement doit opter pour l’une des deux solutions possibles : ou bien il s’agit d’une illusion des sens, d’un produit de l’imagination et les lois du monde restent alors ce qu’elles sont ; ou bien l’événement a véritablement eu lieu, il est partie intégrante de la réalité, mais alors cette réalité est régie par des lois inconnues de nous. Ou bien le diable est une illusion, un être imaginaire ; ou bien il existe réellement, tout comme les autres êtres vivants : avec cette réserve qu’on le rencontre rarement. Le fantastique occupe le temps de cette incertitude ; dès qu’on choisit l’une ou l’autre réponse, on quitte le fantastique pour entrer dans un genre voisin, l’étrange ou le merveilleux. Le fantastique, c’est l’hésitation éprouvée par un être qui ne connaît que les lois naturelles, face à un événement en apparence surnaturel. » Introduction à la littérature fantastique, Tzvetan Todorov

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Mais pourquoi commencer par ce genre me demanderez-vous. Tout simplement parce que l’Horreur découle du Fantastique. Bien entendu, il ne faut pas non plus confondre Fantastique, où le surnaturel surgit dans le réel, de la Fantasy, où le surnaturel est propre à l’univers de l’auteur et diffère souvent totalement de notre réalité quotidienne. Lorsque l’on observe les genres et leurs origines, on se rend souvent compte qu’elles s’entrecoupent, se dissocient ou s’associent au gré des siècles, ce qui peut rendre quelque peu compliqué leur explication. C’est pourquoi ne m’en veuillez pas si les miennes sont parfois floues entre Merveilleux, Fantastique et Horreur. Il est d’ailleurs à savoir que le Fantastique découle précisément du genre du Merveilleux. Surprenant pour certains, évidences pour d’autres, il faut reconnaître que nos contes de tout horizon regorgent de surnaturel : animaux qui parlent, magie, êtres étranges et sensés n’être qu’imaginaires, etc. Néanmoins, une différence fondamentale entre les deux existe : ce qui caractérise le Fantastique par rapport au Merveilleux est qu’il s’agit d’une littérature réaliste où le surnaturel survient. Or, dans les contes, souvent, le surnaturel se trouve d’ores-et-déjà présent au sein du monde, comme une évidence pour les personnages, bien que ce monde soit proche du nôtre. C’est cette différence, cette sensation de voir les lois du monde réel, de la nature, ébranlées, qui va le rendre inquiétant et provoquer cette sensation de peur et d’angoisse que l’on peut ressentir en le lisant. Il s’agit là d’une ambiguïté essentiel à une œuvre fantastique qui donne à ce genre tout son sens. Tout y est fait pour que l’on y croit. Multiplier les détails de la réalité matérielle fait partie des règles du genre : cela va nous permettre de nous installer dans un monde crédible, où le surnaturel va surgir, nous faisant trembler. En réalité, le Fantastique n’est qu’une manipulation du lecteur par l’auteur à laquelle on se plie volontairement, acceptant ce surnaturel et n’attendant plus que son arrivée au sein de l’intrigue. L’un des modèles du genre est sans conteste Stephen King, auteur notamment de « It », ou « Ça » en français ; de La Tour Sombre et de bien d’autres encore qui ont sans doute dû passer, à un moment ou un autre, entre vos mains. Malgré tout, cela ne se fait pas simplement. Le Fantastique va avoir des codes : il va y avoir des techniques qui vont permettre cette adhésion du lecteur à l’univers fictionnel (le monde diégétique, ou, autrement dit, propre à l’œuvre). La première n’est autre que l’écriture réaliste. Plus le monde décrit nous paraîtra vraisemblable et proche du nôtre, plus la découverte du surnaturel nous sera aussi logique et terrifiante qu’elle doit l’être. Une autre des règles importantes est justement l’arrivée de ce surnaturel qui doit être mené de manière subtil, sans nous faire sortir de l’histoire et de notre lecture profonde de l’œuvre que nous avons sous les yeux. Ce ne sont là que deux règles parmi tant d’autres mais elles sont sans doute les deux plus importantes de ce genre d’écriture. Bien qu’il soit considéré comme l’un des éminents « théoriciens » du genre du Fantastique, sa définition reste limitée. En effet, ce que Tzevan Todorov décrit dans son ouvrage n’est autre que l’écart par rapport aux lois de la nature, sans prendre en compte d’autres critères autour du surnaturel et de la manière dont il est amené par l’auteur. L’autre point discutable de sa théorie, c’est qu’il considère qu’un ouvrage est Fantastique uniquement sur son effet final. Or, au regard du système qu’il met en place, un ouvrage est totalement Fantastique ou au contraire absolument pas. Et pour cause, si le Fantastique n’est qu’un but, l’œuvre qui le met en place ne sera qu’un enchaînement d’explications et d’événements déterminés dont le lecteur verra l’échec. Une œuvre de ce registre ne doit donc pas avoir pour but le Fantastique, mais le Fantastique doit servir et accompagner le but de l’œuvre. D’autres critères semblent parfois flous dans les définitions de ce genre, amenant à des doutes et à des raccourcis entre différents genres de littérature ou de films. Il est, par exemple, difficile de dire que tel ouvrage appartient à la catégorie du Fantastique, ou tel ouvrage fait partie de la S.F.. Il faudrait pouvoir les appréhender par passage afin de déterminer ce qui relève ou non du Fantastique ou d’un autre genre et d’ainsi les classer, comme l’œuvre de Georges R. R. Martin qui regroupe aussi bien du Fantastique, qu’une part de Fantasy, tout en gardant une écriture réaliste, principalement inspirée du Moyen Âge.

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Historiquement, le début du Fantastique (tel que nous le connaissons aujourd’hui) se fait avec Hoffmann au XIX ème siècle, en 1814 pour être plus précis. Il nous fait alors partager les visions de personnages qui sont des personnages pouvant être qualifiés d’illuminés. Dans ses œuvres, vous partagez, d’une certaine manière, la vision d’illuminés que vous prenez pour la réalité, sans réellement savoir s’il ne s’agit que de simples illusions qu’eux prennent pour la réalité ou s’il s’agit de la réalité et que tout le monde ignore sauf ses personnages qui se retrouveraient alors non plus dans la position d’illuminés mais bien de clairvoyants, d’éclairés. C’est ce principe qui fera le succès de ces œuvres, jouant avec les croyances et les doutes que le lecteur peut avoir quant au surnaturel. Le genre du « Fantastique », tel que nous le concevons actuellement, vient d’ailleurs de la traduction française d’un des ouvrages de Hoffmann, en 1929, celle des Contes Fantastiques. De fait, le propre du Fantastique va beaucoup aller du côté de la superstition, de la folie et du rêve. Ce sont les trois grands domaines qui vont être aborder par le Fantastique, les noyant, les enchevêtrant, les séparant au gré des œuvres et des auteurs. Il est également à noter qu’il va y avoir rapidement, très rapidement même, des échanges entre le Fantastique hérité d’Hoffmann et le roman gothique (création anglaise du milieu du XVII, sollicitant énormément les fantômes, entre autre). L’intérêt de ce croisement est qu’il va faire entrer dans l’univers du Fantastique un certain nombre de personnages qui vont devenir emblématique du genre : le fantôme, et plus particulièrement le vampire. Ces personnages types, ces figures récurrentes, vont permettre de faciliter les classements. Un autre auteur qui sera on ne peut plus important pour le genre est Edgar Allan Poe, dès 1832 pour le premier texte en américain. Avec lui, il y a l’introduction de l’énigme policière dans le genre du Fantastique avec le Double assassinat dans la rue morgue. Les enquêtes de Sherlock Holmes d’Arthur Conan Doyle reposent tout autant sur ce principe d’enquête policière avec le doute autour du Fantastique. Freud va même essayer d’expliquer le Fantastique dans Unheimliche. Il analyse L’Homme au sable d’Hoffmann et essaye de repérer les rouages psychologiques qui en font du Fantastique auquel on va croire, auquel on aura envie de croire. Freud fait de l’élément du vol des yeux et du jet de sable présent dans l’œuvre l’élément du Fantastique. Le seul problème et Freud le sait, c’est que la même scène ou presque se trouve dans Casse-Noisettes, œuvre pourtant mis à plus haut niveau que celle d’Hoffmann. Il y a donc là également la question de savoir quand et où surgit le Fantastique, si ce n’est qu’uniquement dans les œuvres qui se disent Fantastiques ou également dans celles, plus Merveilleuses, que l’on a fait rentrer dans les codes. Cela lui permet de mettre en avant que le Fantastique nous fait régresser à un stade qui nous ferait croire que si on ne marche pas bien sur la ligne jaune il va nous arriver quelque chose avant la fin de la journée.

Freud va détailler un certain nombre de thèmes qui vont permettre l’apparition du Fantastique : « avec l’animisme, la magie, les relations à la mort, les répétitions involontaires et le complexe de castration, nous avons à peu près épuisé l’ensemble des facteurs qui transforment ce qui n’était pas qu’angoissant en inquiétude étrangeté. »

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Différents facteurs vont rentrer en compte dans la création d’une œuvre de ce style, qui sont des facteurs thématiques. Les faits fantastiques sont avant tout une question de thème, de matière narrative, bien plus qu’une question de formes. C’est pour ça que l’approche structurelle de Todorov est biaisée car ce sont les thèmes qui fonctionnent. Le thème qui est toujours considéré le parent pauvre de l’analyse littéraire alors qu’il sert bien souvent plus que ce qu’on ne croit. Il y a donc plusieurs thèmes auquel il ajoute des déclinaisons spécifiques de ces thèmes : - Les manifestations de la folie - La croyance au mauvais œil - La confusion entre l’animé et l’inanimé - Les perfections trompeuses - L’idée du double Il est bien à noter que toutes les thématiques du Fantastique peuvent se prêter à l’Horreur, montrant quelle relation étroite ces deux genres entretiennent.

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Un developpement rapide mais desormais ignore

Le Fantastique, puis, de manière assez rapide, l’Horreur, ont connu un véritable engouement qui s’est malheureusement tari, bien qu’il semble reprendre depuis quelques dizaines d’années. En effet, dès le début du XIX ème siècle, on retrouve plusieurs auteurs qui n’hésitent pas à expérimenter ce nouveau genre, amenant pour leurs lecteurs un véritable renouveau. De grands noms s’y attellent, comme l’un dont l’œuvre et surtout le personnage reste encore aujourd’hui l’une des grandes figures du genre. Je parle bien entendu de Bram Stocker et de son aristocratique Vampire, Lord Dracula. Il s’agit là d’une figure les plus reprises dans les œuvres fictionnelles, et ce de toute époque : combien de films, de séries et d’œuvres littéraires ont ainsi réutilisé ce personnage type ? Bien que le roman de Bram Stocker puisse avoir de nombreuses lectures (notamment le combat entre la science, la modernité et les croyances, l’obscurantisme ou bien encore la morale autour d’une sexualité débridée amenant à la mort), on ne gardera de lui que cette image du vampire puissant, séducteur et mortel, tout en lui ajoutant, selon les adaptations, une touche d’humour : repensez donc à l’épisode de Buffy contre les Vampires, dans la troisième saison, où elle croise la route de ce cher Dracula… Vous rirez bien ! Mais vous pouvez également penser au personnage du monstre de Frankenstein de Mary Shelley. Malheureusement, alors que ces genres prenaient leur envol, ils seront très vite arrêtés dans leur ascension par plusieurs intellectuels, soucieux de ne pas voir parmi les œuvres fondatrices de la « Culture » ce qu’ils voyaient comme une dépravation de l’imaginaire et de l’art de la littérature. De ce fait, le Romantisme, le Naturalisme et d’autres genres plus réalistes les mettront sur le banc de touche, les reléguant sans conteste et sans vergogne au rang de « paria » de la Littérature, au même titre que la littérature de jeunesse : il s’agira longtemps, et ce parfois encore aujourd’hui pour certaines

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personnes, d’une paralittérature (une littérature à part qui ne peut rentrer dans les classiques, dans les codes, etc.). Ce phénomène sera plus ou moins visible selon les pays, mais le sera très nettement en France. Au XX ème siècle, et ce encore au XXI ème siècle pour certains éminents chercheurs et « légitimisateurs » de la Culture, le Fantastique et plus particulièrement l’Horreur ne sont que des sous-genres, voire, bien malheureusement, de la sous-culture. Néanmoins, avec la naissance de certaines catégories d’études universitaires, comme les Cultural Studies, ces genres se voient remis à l’honneur dans les Universités, amenant une nouvelle reconsidération de la part des médias. De ce fait, depuis quelques années, on voit de plus en plus d’auteurs revenant à ces genres et se battant pour leur légitimation totale. Il suffit de regarder dans les rayons de nos librairies : ces genres obtiennent de plus en plus de place, notamment avec l’arrivée des récits tirés de jeux vidéos qui prennent alors eux aussi une grande importance dans la Culture. Ce qui pouvait autrefois être vu comme faisant partie de la culture geek ou de la culture populaire, voire de la contre-culture, fait aujourd’hui partie intégrante de la Culture, aux côtés d’autres auteurs dits classiques tels que Balzac ou Zola. Il reste malgré tout à noter que, comme d’irréductibles Gaulois défiant l’autorité toute puissante des Romains, des auteurs et des lecteurs n’ont cessé d’écrire, de lire et de partager ces genres. En effet, qui ne connaît pas le nom de Stephen King au jour d’aujourd’hui ? Bien qu’une partie des œuvres d’origines fussent à destination des plus jeunes, cet intérêt pour les jeunes lecteurs restent tout de même assez récent, relevant des années 40’, un peu près. Depuis lors, on a vu de nombreuses fictions d’horreur et de fantastique se créer pour la jeunesse : Percy Jackson, Ewilan, Tara Duncan… Tout cela ne fait que suivre une mode instaurée bien avant et servie par quelque chose que nous aimons tous ici… Oui, les BD ! En particulier les comics américains qui usaient, usent et useront encore sans limite du Fantastique, lorgnant de près l’Horreur comme avec l’univers de Batman, parfois des plus sombres, voire totalement flippant (le Joker, par exemple, fait clairement flipper sous la plume de certains….). Qui n’a, d’ailleurs, jamais tenu entre ses mains une bande-dessinée, de quelque origine qu’elle fût, traitant de ces sujets ? On peut notamment penser aux Contes de la Crypte, aux Chairs de Poule, à toutes ces revues et séries de romans/BD qui ont fait de nous une partie de ces irréductibles Gaulois ! Les comics américains comme E.C. Comics et même DC et Marvel ont joué un grand rôle dans ce combat, mettant toujours plus en avant l’Horreur, le Fantastique, et ce même avec la présence du Comics Code (mis en place après la publication de Seduction of the Innocent de Fredric Wertham, psychiatre, qui voyait, pour ne citer que ça, un appel à l’homosexualité dans Batman – du fait de sa relation avec Robin – et donc un appel au vice dans tous les comics), qui instaurera de nombreuses règles visant à protéger la jeunesse de ce qui étaient considérés comme des tabous et des insanités (de la même manière que le code Hays à Holywood). Cet attrait pour la jeunesse peut également avoir un intérêt pédagogique selon certains. Et pour cause, souvent, les personnages d’œuvres d’horreur désobéissent à leurs parents ou leurs professeurs… Devinez donc ce qu’il se passe ? Ils se font avoir ! Et oui ! Pensez, par exemple, à Ça, au film… Vous vous souvenez du petit enfant et de son jouet tombé aux égouts ? Je vous le mets dans le mille… On peut donc y voir un rappel des lois qui nous régissent et des conséquences de leur transgression. Cela marche aussi bien pour l’Horreur, que pour le Fantastique. Le fait de croire ainsi au surnaturel peut être vu comme une sorte de régression à l’enfance à un stade qui nous ferait croire que si on ne marche pas sur la ligne jaune, il va nous arriver quelque chose avant la fin de la journée. Un peu comme si on ne pouvait marcher que sur les bords des trottoirs, en dessous se trouvant des crocodiles. Néanmoins, dans le Fantastique, comme dans certaines œuvres d’Horreur, le fait de transgresser les règles nous permet d’atteindre une aventure, un passage semé d’embûches nous faisant « grandir », ou « vieillir » comme pour Zazie dans Zazie dans le métro de Raymond Queneau. Peut-être faut-il parfois passer outre certaines conditions préposées afin d’avancer et d’accéder à ses rêves d’enfants ? En tout cas, nous, ou moi, je fais le choix de continuer de m’y plonger !

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L'emancipation de l'horreur Le passage entre le Fantastique et l’Horreur se fait souvent de manière très aisée, glissant parfaitement de l’un à l’autre. La littérature d’Horreur va s’enraciner, de même que la littérature Fantastique, dans le roman gothique. On va y trouver des figures types qui vont faire partie ensuite de notre imaginaire collectif, des personnages que l’on va retrouver dans de nombreuses fictions de ces genres comme des fantômes et des monstres, comme avec Frankenstein de Mary Shelley. Il reste cependant à noter qu’à l’origine ce genre est assez mal vu et ce sont les noms des auteurs qui vont donner plus d’importance aux œuvres que leur titre ou le genre du gothique. Les lecteurs vont donc d’abord être attirés par le nom d’un auteur connu, dont ils ont déjà pu expérimenter l’univers, plutôt que sur l’histoire en elle-même. Mais quelques éléments historiques. Bien que l’Horreur découle du Fantastique, il est à noter que ce genre, définit comme tel du moins, apparaît pourtant environ un demi-siècle avant que l’on ne se mette à parler véritablement de Fantastique (bien que les codes de ce genre étaient utilisés bien avant). En effet, dès le début du XVIII ème siècle et en particulier en 1764 avec Le Château d’Otrante de Horace Walpole, les codes de l’Horreur se mettent en place, codes particulièrement similaires au Fantastique. Il laissera place au Fantastique qui s’étendra dans l’Europe dans les années 1830 bien que le XIX ème siècle continuera d’être marquée par des fictions entre l’Horreur et le Fantastique à commencer par Le Portrait de Dorian Gray d’Oscar Wilde (bien que personnellement je ne le ferais rentrer que dans la deuxième catégorie, mais soit). Au XX ème siècle, la longue période des Guerres mondiales mettra un frein à ce genre, sans pour autant l’arrêter. Ce ne sera que vers les années 50 qu’il reprendra vraiment du poil de la bête et continuera de prendre son essor et son émancipation face au Fantastique, ce qui nous permettra de voir apparaître, que ce soit au cinéma, sur nos télévisions ou entre nos mains, des œuvres inoubliables. Je suis sûre que vous en avez quelques unes en tête, n’est-il pas ? Les Dents de la mer, par exemple ! Non ? Pourtant ce film illustre très bien notre propos : le requin devient le modèle d’un prédateur, s’attaquant à une première victime type, une jeune fille. On se retrouve à la place du prédateur, dans une vision subjective du requin au cours du générique, on ne le voit pas tout de suite, ce qui nous met nous mêmes dans la peau du meurtrier, du monstre sadique et affamé : de quoi donner des cauchemars si on se plonge vraiment dans les multiples significations de cette manière de filmer ce premier carnage… Néanmoins, le requin, qui est ici le prototype même du monstre dévorateur, est bien un animal et est donc différent de nous, ce qui amène une certaine distanciation. À côté de ça il y a les fameux prédateurs humains, nos semblables, qui eux induisent un certain malaise chez le spectateur : Scream par exemple peut très bien représenter cette idée. Une des particularités de ce genre et qu’il faut absolument l’intégration d’un monstre dans l’histoire pour avoir de l’horreur (vampire, zombie, créature comme Frankenstein, etc.) s’attaquant à des proies. Ce monstre peut même avoir forme humaine mais le mal qu’il représente dépassera alors tout ce que l’être humain est sensé pouvoir être. On le rapprochera alors plus du démon et du monstre que de l’être humain, le faisant sortir volontiers du cadre de l’humanité pour amener une distanciation entre le lecteur innocent et les actes affreux que le personnage commettra. Le grand principe de la fiction de l’horreur est donc d’avoir un prédateur et des proies. La proie idéale, comme vous vous en doutez, n’est autre que la jeune fille innocente, personnage typique créé par le gothique. Il peut être très facilement remplacé par un autre personnage innocent qu’est l’enfant (oui, regardez à nouveau la scène de It avec l’enfant!!). Le roman d’horreur va jouer sur des composants proches de composants masochiste, nous mettant dans une position à la fois de témoin silencieux d’un acte ignoble, de complice de cet acte et même de voyeurisme, le spectateur ou lecteur prenant plaisir à parcourir l’œuvre et à frissonner ou s’effrayer de ce qui s’y déroule. Le spectacle de la peur féminine et le spectacle de la douleur féminine vont être rapprochés du spectacle de l’orgasme. Les fictions de l’horreur sont donc indissociables d’une composante libidinale.

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Certains auteurs vont, et de manière justifiée, faire une différence dans ce genre qui peut soulever différents sentiments selon ce que l’auteur souhaite : il s’agit là clairement de moyens de manipulation du lectorat ou des spectateurs. C’est le cas de Stephen King qui fait une hiérarchie entre l’horreur, la terreur et l’épouvante. Dans la terreur, on ne voit rien, tout nous est suggéré, faisant marcher notre imagination parfois bien pire que si l’on nous montrait. Dans l’épouvante, on est dégoutté, on va même parfois dans le glauque, nous montrant même parfois à outrance les événements et les meurtres les plus sordides et sadiques possible (ici Saw serait sans doute un exemple significatif!). L’horreur va se trouver entre les deux : on nous montre certaines choses, nous suggérant d’autres, on allie ici le dégoût visuel à celui de l’imagination, ce qui aura sans doute un grand effet sur la personne qui recevra l’œuvre. Il écrira même La Nuit de l’Horreur y expliquant comment lire un roman d’horreur. Une particularité intéressante est que dans le Fantastique, on doit absolument gérer l’interprétation par le lecteur afin de ne pas le faire sortir de cet état d’adhésion au surnaturel, alors que dans l’Horreur on ne la gère pas, on laisse filer le lecteur dans une œuvre emplit d’horreur et même, plus le prédateur est bizarre et glauque, plus on va se diriger vers quelque chose d’inquiétant et de paniquant, le lecteur adhérant alors de manière plus naturelle, plus facile à cet univers que dans le Fantastique auquel il doit croire pour pouvoir apprécier l’œuvre. Dans l’Horreur, il n’y a pas ce besoin absolu d’adhésion pour obtenir le plaisir de l’œuvre, simplement le besoin de créer l’horreur, l’épouvante ou la terreur. On cherche alors à obtenir une réaction physique (contraction des muscles, grimaces, cris, etc.) plus qu’à une adhésion psychologique, bien que le principe même d’adhésion reste valable dans toute fiction, même dans le genre de la comédie (ce qui explique pourquoi l’on s’ennuie parfois ferme devant un film auquel on ne trouve aucun intérêt : c’est que l’adhésion n’a pas fonctionné). L’un des meilleurs exemples de fictions pour la jeunesse est Goosebumps (Chair de poule) de Robert Lawrence Stine à partir de 1992. La première série a compté 62 titres, prouvant un large succès. Il fait volontairement peur, il joue la carte de l’horreur. Il y a d’ailleurs eu 4 saisons d’une série télévisée, 74 épisodes de 22 minutes, diffusé sur France 2 en 1997. Certains épisodes étaient en étroites relations avec The Twilight Zone, autre série d’horreur de 1964. Hallucinations liées à la folie, l’alcool ou la drogue et hallucinations réelles, avec cette espèce de malaise avec la confusion entre l’animé et l’inanimé : voilà sur quoi repose le Fantastique et l’Horreur. Petit aparté : si aujourd’hui on devait décerner une palme d’or pour les fictions d’horreur, ce ne serait ni vers les États-Unis, vers la France ou l’Angleterre que nous nous tournerions chez BDocube mais bien chez nos amis japonais ! Qu’il s’agisse de films à vous glacer le sang, de séries et/ou de bandes-dessinées, pour nous ils y sont les rois ! Il suffit de regarder le nombre de fictions qui y sort chaque année et de regarder à quel point certaines sont dérangeantes au moment de leur lecture ou visionnage, nous faisant avoir une réelle réaction physique ! Brrrr !

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L’arrivee sur nos ecrans marque un cap !

Un des grands pas qui a permis à nos deux genres préférés de prendre un nouvel essor n’est autre que l’arrivée du cinéma. En effet, dès les quelques dizaines d’années qui ont suivi la création de ce nouveau média, des courts-métrages aux longs-métrages, des feuilletons et même des films d’animation se sont donnés comme sujet l’Horreur et/ou le Fantastique… L’un des pas les plus notables est sans doute celui réalisé par Walter Disney qui signera de nombreux petits films d’animation sur ces thèmes autant à l’attention des enfants que des parents, et certainement même plus pour eux ! On peut entre autres noter le Alice’s Spooky Adventures ou la série des Silly Symphonies, notamment avec The Skeleton Dance en 1929. Dans ce dernier, le thème horrifique lié aux squelettes va être désamorçait par la danse ainsi que par l’humour en plus de l’être d’ores-et-déjà par le dessin animé et ses modes opératoires. L’Horreur est un thème récurrent dans les œuvres de Disney de l’époque, et ce même dans les grandes productions : qui n’a jamais été effrayé par la sorcière ou la forêt du film Blanche Neige de 1937 ? Il était d’ailleurs interdit à sa sortie au moins de 12 s’ils n’étaient pas accompagnés, c’est vous dire ! Trois scènes évoquent clairement ce thème de l’Horreur : la fuite de Blanche Neige au milieu d’une forêt qui apparaît comme cauchemardesque, puis la scène de la transformation de la méchante Reine en vieille femme et enfin la scène où notre sorcière bien aimée décède. Ces scènes étaient considérées comme si choquantes à l’époque que celle de la fuite de l’héroïne sera même complètement supprimée et ne réapparaîtra qu’en 1992 ! On peut également évoquer, bien qu’il ne soit sorti qu’en 2003, la collaboration de Walt’ Disney et de Salvador Dali sur le court-métrage Destino qui se trouve réellement être perturbant bien que magnifique ! Comme vous pouvez le voir, l’utilisation de l’Horreur et du Fantastique s’est même faite dans des studios à destination des enfants, ce qui montre un réel engouement pour ces genres. Tant est si bien que de nombreux réalisateurs ont décidé de s’y plonger, nous offrant une tonne de films autour des vampires, des loups-garous, des monstres en tout genre et même des poupées parlantes !

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Des series a succes. Les séries du genre horrifique se sont développés tout au long des années 40, en commençant par quelques séries, jusqu’à la fin des années 80 et ce même, et surtout, pour le grand public. La première série à pouvoir être qualifiée de série d’épouvante est américaine : il s’agit de Light Out, réalisé entre 1946 et 1952. Il est d’ailleurs à noter que la plupart des séries de ce genre viennent des États-Unis, avec environ une centaine à leur actif. La France est très loin derrière puisqu’elle n’en compte qu’une dizaine. Parmi les séries des années 40 à fin 80, on peut notamment parler de Twilight Zone, La Quatrième Dimension en français, réalisée entre 1959 et 1964 ; La Famille Adams, de 1964 à 1966 ; Dark Shadows de 1966 à 1971, qui donnera lieu au film de Tim Burton du même nom ; Les Contes de la crypte compteront aussi énormément dans le paysage culturel, de 1989 à 1996 ; on peut également citer La Cinquième dimension de 1985 à 1989 qui marquera elle aussi la culture de l’Épouvante et du Fantastique ! Puis le genre explose littéralement dans les années 90, continuant chaque décennies à offrir de plus en plus de série du genre ! On se souviendra de Buffy contre les Vampires, que nous adorons toujours, soyons honnêtes, mais aussi de X-Files qui continuent encore aujourd’hui, des séries comme Le Caméléon plus vers le Fantastique comme Smallville, etc.… Nous nous souvenons tous de la trilogie du samedi soir sur M6 ! Mais la réelle explosion se fait depuis les années 2010 environ où plus de 80 séries ont été réalisées sur ce thème ! On remarque alors le développement de séries pour un public averti comme avec The Walking Dead ou Outcast du même auteur, ou encore avec la série finie depuis peu de Penny Dreadful ou encore avec une série assez déroutante comme Hemlock Groves ! De l’autre côté continue des séries plus ou moins effrayantes avec Grimm ou Sleepy Hollow. En parallèle de ces séries sérieuses naissent ces séries parodiques qui jouent avec les genres comme Z Nation que nous vous conseillons si vous voulez rire et en même temps passer un bon moment avec de drôles de zombies. Ces années que nous connaissons marquent aussi le grand retour depuis les années 80 des super-héros DC et Marvel sur petit écran ! En d’autres termes, nous vivons actuellement une réelle révolution du Fantastique et de l’Horreur dans les médias audiovisuels et principalement télévisés. De quoi nous donner du pain sur la planche si on veut toutes les suivre !

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On observe donc qu’au fil des siècles, la corrélation, le lien très étroit entre le Fantastique et l’Horreur n’a cessé de croître, nous amenant à des œuvres que l’on peut parfois avoir du mal à classer. Ces deux genres qui étaient autrefois vu comme inaptes à l’éducation, ou même à la lecture tout simplement, se retrouvent désormais mis de plus en plus à l’honneur au fil des années, prenant un véritable essor et un envol, se libérant du carcan dans lequel ils ont longtemps été enfermés. Ils deviennent même des genres populaires, pouvant même être qualifiés d’ « à la mode », tout comme la culture « geek », nous amenant très certainement, et ce pour le plus des plaisirs des fans que nous sommes, à avoir encore pour longtemps des œuvres qui joueront avec nos sentiments de peur, de crédulité et d’intérêt ! D’ailleurs, qu’est-ce qui a bien pu sortir dernièrement ? ~ ♪ lâche son clavier et va regarder le programme des cinémas. 27


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La Banlieue d’Ocube Pour ce numéro, on vous parle d’actualités très locales à travers 2 séries de romans fantastiques !

On débute avec le roman Les Olmèques de l’auteur déodatien, Valérian Lemaire. Le 1er tome, Le Retour des Olmèques, paru chez les Editions 7 écrit, est disponibles en Ebook ou en livre Broché. “En 2022, une race mi-homme mi-lézard revient à la vie. Après 10 ans, elle décide de déclarer la guerre aux hommes et de conquérir le monde. Mathieu Perrin, jeune français, va se retrouver au centre de cette guerre entre les hommes et les créatures. Accompagné par de nombreux compagnons, suivant une ancienne prophétie, il va partir à la recherche des 7 merveilles du monde pour retrouver les armes qui permis à d’anciens généraux humains tels que Zeus ou Vishnou, de vaincre les créatures…” Le 2ème tome est déjà en route ! Alors n’attendez plus pour découvrir cet univers riche en imagination et en suspense !

Mais ce n’est pas tout ! On vous propose aussi de découvrir un roman axé Heroic Fantasy fondé sur les légendes locales de notre département, Les Vosges ! Ainsi, J.P.H. Gardin, passionné d’histoire, de lettres et de belles choses, nous offre un hymne dédié aux Vosges à travers le 1er tome de sa trilogie, L’Oracle des Cimes paru chez Nouvelles Editions Pages du Monde.

“Gildas, Adèle et Aldegonde, 3 orphelins, guidés par un géant tout aussi perdu qu’eux, Monsieur Nathaniel Romonomme, partent à la recherche de leurs destins… Ils commencent un improbable voyage vers une mystérieuse montagne habitée par une prêtresse censée leur indiquer le chemin à suivre. Mais entre sorcières venues d’outre-tombe, fées, sabbats, loups garous, revenants et autres diableries, leur chemin sera semé d’embûches !”

Laissez-vous envoûter par le folklore vosgien ! 29


Concours à la une : La revue Clair/Obscur propose un concours de nouvelles littéraires dans le genre horreur et fantastique noir sur le thème “Hôpital” !

Les consignes sont : 6000 mots maximum, pas de 1er jet, mise en page standard et facile à lire, un texte inédit à soumettre avant le 1er janvier 2017 à l’adresse : redaction@revueclairobscur.ca (en précisant le thème de l’AT “Hôpital”)

Plus d’informations sur le site : http://www.revueclairobscur.ca/soumission/appels-a-textes-horreur

La collection Steampunk des Editions L’Ivre-Book organise un concours d’écriture ouvert à tous dans le genre steampunk dont le thème est “Voleur(s) de temps” ! Les consignes sont : un roman d’au moins 400 000 signes (espaces compris), format word ou openoffice avec la police Times New Roman ou Calibri, taille de police 12, interligne de 1.5 point, marge à 2.5 cm et les pages numérotées, texte inédit à soumettre au plus tard le 31 juillet 2017 à 0h00 à l’adresse : manuscrits.steampunk.livrebook@gmail.com (à adresser à l’attention de Sébastien Tissandier, directeur de collection). Un auteur peut soumettre plusieurs romans !

Plus d’informations sur le site : https://www.facebook.com/notes/le-steampunk-chez-livre-book/concoursd%C3%A9criture-pour-la-collection-steampunk-des-%C3%A9ditions-livrebook/1161323590573991 Les éditions Nestiveqnen lancent un appel à textes sur le thème “Sur les traces de Lovecraft” ! Les consignes sont : genre fantastique, nouvelle de 5 000 à 150 000 signes (espaces compris), format papier, textes en français et libre de droit à envoyer au plus tard le 31 décembre 2016 à l’adresse : Nestiveqnen Editions, 97 Cours Mirabeau, 13 100 Aix-en-Provence (textes à accompagner d’un courrier mentionnant vos noms, prénoms, adresse, e-mail et l’indication “Appel à texte Lovecraft”). Un auteur peut soumettre plusieurs textes et la co-écriture est acceptée ! Plus d’informations sur le site : http://www.nestiveqnen.com

Annonces d’auteurs : Vous avez un scénario, vous êtes dessinateur ? Vous recherchez une aide ? Un illustrateur ? Un scénariste ? Un co-auteur ? N’hésitez pas à aller faire un tour sur le site : http://www.manga-designer.com/?page_id=3914 En prime, vous pourrez y trouver des conseils forts intéressants pour la création de BDs ou de Manga !


Ocube écoute

JULIEN CHMIDLIN

Lauréat du Fauve d’or BDo : Pouvez-vous nous parler un peu de vous ? Comment êtes-vous tombé dans l’illustration ? J.C. : J’adorais les livres et films d’animations quand j’étais petit. Je dessinais beaucoup, quand j’allais dans la classe de mon père entre midi, je faisais des dessins animés sur son TBI (tableau interactif), mon personnage fétiche était un lapin rose et son ennemi un lapin jaune avec 3 oreilles et ses soldats. Par la suite j’ai arrêté car j’ai remarqué qu’il ressemblait à un autre lapin rose d’une pub de piles. En septembre je me suis abonné au journal de Mickey donc j’ai commencé à lire des BD. À partir du cm1 j’ai commencé à lire des albums de BD comme Titeuf, Kid Paddle et Game over . En mars 2013 j’ai participé à mon premier concours de BD scolaire du

festival de BD d’Angoulême avec la Caisse d’Épargne. J’ai eu l’écureuil de bronze, en Avril 2014 j’ai eu l’écureuil d’argent , en 2015 j’ai été présélectionné , et en 2016 j’ai eu le fauve d’or ! Mais ce n’est pas tout, avant d’être lauréat d’Angoulême, le journal de Mickey a organisé un concours de BD par Dab’s sur le thème des chevaliers. Au mois d’avril, j’ai reçu un mail comme quoi j’avais gagné dans la catégorie des 11-13 ans, j’ai été publié dans le journal de Mickey et j’ai reçu des cadeaux de Dab’s . Et c’est grâce à tous ces concours que je continue.

BDo : Quels sont vos inspirations ? Avez-vous un artiste préféré ? J.C. : Je m’inspire souvent de personnages ou d’évènements existants, j’aime beaucoup les albums de Zep , Midam , et Olivier Dutto .

BDo : Vous êtes seulement âgé de 11 ans et pourtant, les récompenses s’accumulent déjà (lauréat du concours « Les nouveaux talents de la Bd jeunesse », des planches publiées dans le Journal de Mickey, Le Fesitval d’Angoulême…), comment gère-t-on à votre âge un début de reconnaissance dans ce domaine ? J.C. : Cela fait un peu bizarre mais ça fait plaisir, après mon passage sur France 3 Lorraine, mon collège m’a demandé d’illustrer le règlement de la cantine dans la salle des élèves de primaire , donc j’étais content que les gens s’intéressent à mes dessins.

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BDo : Avez-vous des projets actuellement ou à venir ? J.C. : Je compte continuer à participer à d’autres concours de BD et à continuer mes autres projets dans un autre domaine, la vidéo sur Youtube. Mon collège m’a demandé aussi d’illustrer la gazette du collège.

BDo : Et dernière question, quels conseils pouvez-vous donner à nos jeunes lecteurs qui rêvent un jour de se lancer comme vous ? J.C. : Ne rien lâcher, dessiner et encore dessiner.

UN VOLEUR SACHANT VOLER... DOIT SAVOIR ÉVITER LE PIRE !

L’œuvre de ce jeune artiste lorrain est à découvrir sur le site du Festival de BD d’Angoulême !

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BDo Strip , Alors au, n n ’a e on a l gnon ? i mon m

Tu as peut-être échappé au charme, mais tu ne m’échapperas pas !!!

- 947

ARACHNÉA attaque

Faible - 89

OCUBE attaque

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ARACHNÉA Fil d’Ariane enflammé


La Quête du Dogiale Pas

Et faire as-tu ? v e u q r voleu Petit

!!

te ! si vi

On y va, Gamin ?

Stopper ta folie !!!

+ 1000

VAN CLEEF utilise Super Potion

RATÉ

ARACHNÉA attaque

Faible - 89

OCUBE attaque

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BDo Strip - 2704

VAN CLEEF Lames Assassins

+ 587

ARACHNÉA toile guérisseuse

- 1802

OCUBE attaque des Justes

Que... ? Hein ?

Ocube !?

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La Quête du Dogiale

Je voulais sauver la forêt...

Merci pour votre aide !

Cette sorcière avait empoisonné ma forêt !!

Veux-tu nous accompagner ?

Merci !!

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BDo Strip Pour stopper le monstrueux DOGUIALE !!

Vers où ?

OK

!

Votre aventure n’est pas encore finie !

Hiiiiiiiiiiiiii 37

iiiiiiiiiiiiiiiiiiiii

ii


La Quête du Dogiale

Ocube, prends ces bottes !!! Elles te seront utiles !

Hâtez-vous ! La lumière a besoin de vous !!

Direction la Jungle Maudite !!

t

n ra

s

t r e f

!

To Be continued ...

38


To be continued.


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