Fatima, Gérard, Gina, Kevser, Linda, Mina, Naïma, Perrine, Pipo et Stéphane présentent
Une aventure humaine Lire et Ecrire à Bernissart
Illustrations : Thomas Corbisier
Pourquoi lire et Ecrire
Stéphane ❧ Au fond de la classe Pipo ❧ Je me foutais de l’école Perrine ❧ J’aime bien apprendre Linda ❧ Fière de mes progrès Kevser ❧ Merci “Lire et Ecrire” Gina ❧ Je veux devenir aide-soignante Gérard ❧ J’espère retrouver du travail Mina ❧ J’ai caché cela longtemps Naïma ❧ Je n’avais jamais été à l’école
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Histoires, passions, rEves
Stéphane ❧ Mon record : une carpe de 10,5kg Kevser ❧ La recette turque des feuilles de vigne Perrine ❧ Le jardin de mes rêves Linda ❧ Au manège avec ma fille Pipo ❧ Un jour je voudrais rouler en Ferrari Gina ❧ Ma passion, c’est la cuisine italienne Gérard ❧ Pas facile de faire de la compétition automobile Mina ❧ De l’amour et de la souffrance
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Pourquoi lire et Ecrire
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Stéphane
Au fond de la classe ¶ Je m’appelle Stéphane. J’ai 29 ans. Je suis célibataire. J’ai été à l’école. Mais on m’a toujours laissé au fond de la classe. A cause de cela, j’ai eu beaucoup de mal à lire et écrire. Je viens depuis 3 ans à “Lire et Ecrire”. J’apprends à me débrouiller en français. J’espère trouver du travail. J’aime la pêche. Je vais aussi au Patro de Bernissart. §
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Pipo
Je me foutais de l’école ¶ Je m’appelle Pipo. J’ai 47 ans. J’ai trois enfants. Je suis d’origine italienne. Je suis né en France à Denain. Je suis arrivé à Bernissart à l’âge de 7 ans. J’ai été à l’école jusqu’à l’âge de 18 ans. J’ai toujours eu des difficultés à lire et à écrire. Je me foutais de l’école. Après, j’ai travaillé dans le bâtiment comme rejointoyeur pendant 16 ans. Depuis 2008, je suis invalide et je ne peux plus travailler. Comme je ne faisais rien, j’en ai profité pour apprendre à lire et à écrire. §
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Perrine
J’aime bien apprendre ¶ Je m’appelle Perrine. J’ai 42 ans et je suis célibataire. C’est le Forem qui m’a mise en contact avec “Lire et Ecrire”. J’avais des difficultés pour écrire, remplir des papiers, calculer. Dans ma tête, j’avais perdu la mémoire de ce que j’avais appris à l’école. A cause de mes fautes, j’avais peur d’écrire une lettre à mes copines. Je voulais aussi bien parler le français. J’aime bien apprendre, écrire des phrases. Je suis contente de moi. Mais j’ai encore du mal à calculer. Le fait de sortir de chez moi, et de rencontrer d’autres personnes, cela me fait aussi du bien. §
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Linda
Fière de mes progrès ¶ Je m’appelle Linda. J’ai 38 ans. J’ai trois enfants, Maïden, 12 ans, Maïlice, 6 ans, et Paolo, 4 ans. J’ai été convoquée par la Maison de l’Emploi. J’ai dû avouer que j’avais du mal à lire, à écrire et à compter. J’ai été soulagée de pouvoir le dire à quelqu’un. Stéphane de la Maison de l’Emploi m’a posé quelques questions. Il m’a expliqué que je pouvais suivre une formation à “Lire et Ecrire”. Je voudrais être comme tout le monde, savoir bien lire, écrire et calculer, avoir un travail. J’aimerais tout savoir pour assurer l’avenir de mes enfants. Aujourd’hui, je sais mieux lire, mais j’ai encore du mal à écrire et à compter. Quand je sors de chez moi, je reste angoissée, mais je suis très fière des progrès que j’ai faits. §
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Kevser
Merci “Lire et Ecrire” ¶ Je m’appelle Kevser. J’ai 47 ans. Je suis mariée et j’ai trois enfants. Je suis d’origine turque. Je suis arrivée en Belgique à l’âge de 14 ans. Je suis allée dans une école de couture, pendant 3 ans. Au début, je ne parlais pas du tout le français. Ensuite, je suis retournée en Turquie. J’y suis restée pendant 5 ans. A ce moment-là, je suis revenue en Belgique. Je n’ai pas trouvé de travail, et j’ai été inscrite au chômage. Un jour, le Forem m’a convoquée. L’agent m’a donné des papiers que je n’ai pas pu lire. Il m’a parlé de la formation à “Lire et Ecrire”. J’ai décidé de m’inscrire après un incident au bureau de poste. Je voulais envoyer une lettre. Mais je n’avais pas noté l’adresse sur l’enveloppe. J’ai demandé au postier de l’écrire. Il m’a dit: “Je n’ai pas que cela à faire !”. En retournant chez moi, j’ai pleuré dans la voiture. Et je suis venue à “Lire et Ecrire“. J’ai fait des progrès et je suis fière de moi. En plus, avant, j’étais enfermée sur moi-même. Je ne parlais pas avec les gens. Maintenant, je parle avec tout le monde. Merci “Lire et Ecrire” ! §
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Gina
Je veux devenir aide-soignante ¶ Je m’appelle Gina. J’ai 32 ans. Je suis d’origine italienne et je suis née en Belgique. J’ai une fille, Léa, qui a 4 ans. Je suis allée à la Maison de l’Emploi pour demander de faire une remise à niveau. J’ai travaillé pendant 5 ans dans une maison de repos en France. J’aimais beaucoup mon travail mais j’ai dû arrêter parce que je devais faire une formation. Je n’osais pas dire à ma directrice que j’avais du mal à lire et que je ne me sentais pas capable de faire une formation. Alors j’ai préféré tout arrêter, et cela m’a fait du mal. Maintenant, j’aimerais refaire une formation car je voudrais devenir aide-soignante. J’aime les personnes âgées parce que quand j’étais petite je n’ai pas pu m’occuper de mes grands-parents. Je viens aussi à “Lire et Ecrire” parce que j’ai du mal à lire une histoire à ma fille. Quand elle me demande de lui lire une histoire, j’ai toujours peur de me tromper. §
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Gérard
J’espère retrouver du travail ¶ Je m’appelle Gérard. J’ai 48 ans. Je suis célibataire. Je suis franco-belge, mais je suis né en Belgique. Je suis allé à l’école de construction à Ath et à Tournai, et j’avais des difficultés en français. Puis j’ai fait deux années, aux cours du soir en carrosserie. J’ai trouvé du travail à Hautrage aux grès Lescot frères, et puis chez Belref à Saint-Ghislain. J’ai travaillé pendant 25 années chez Belref. Je me suis retrouvé au chômage en 2009 suite à la faillite de l’usine. Depuis ce jour, je suis au chômage et j’ai été convoqué au Forem. Mais comme il faut faire des recherches d’emploi par lettre, la conseillère m’a proposé de faire des cours de rattrapage à “Lire et Ecrire”. Suite à cette formation, j’espère retrouver du travail. §
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Mina
J’ai caché cela longtemps ¶ Je m’appelle Mina. J’ai 40 ans. Je suis mariée et j’ai un enfant. Je suis d’origine algérienne. Je suis arrivée en Belgique à l’âge de 28 ans. Je suis allée à l’école en Algérie. J’ai fait trois ans de secondaire. J’ai suivi une formation de puéricultrice en Algérie. J’ai travaillé à la crèche. Depuis que je suis en Belgique, j’ai travaillé comme aide-ménagère et comme accueillante d’enfants. J’avance bien dans ma vie quotidienne, mais je sens toujours qu’il me manque quelque chose. J’ai caché cela pendant longtemps mais mes problèmes en français reviennent tout le temps. C’est pour cela que je viens à “Lire et Ecrire”. §
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Naïma
Je n’avais jamais été à l’école ¶ Je m’appelle Naïma. J’ai 63 ans. Je suis mariée et j’ai cinq enfants. Je suis d’origine marocaine. Dans mon village, je n’ai jamais été à l’école. Je suis arrivée en Belgique en 1988. Je ne savais pas parler le français, ni lire et écrire. Je voulais passer mon permis de conduire. Je me suis présentée à la Maison de l’Emploi à Bernissart. On m’a conseillé d’apprendre d’abord à lire et écrire. Maintenant, je sais lire mon adresse sur l’enveloppe, ainsi que les lettres que je reçois. Je reconnais le nom des magasins, et j’y vais pour acheter des choses. Je sais téléphoner. Je prends le train toute seule. Je connais aussi des personnes et je peux parler avec mes voisins. §
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Stéphane
Mon record : une carpe de 10,5kg ¶ J’aime la pêche depuis que je suis tout petit. Dans ma famille, tout le monde pêche. J’ai commencé par pêcher des petits poissons dans le canal d’Ath avec des amis. Aujourd’hui, je pêche dans l’étang du Préau. Je pêche des carpes, des brèmes, des tanches, des brèmes carpées, des perches, des brochets, des sandres, etc. J’aime bien écouter les conseils des vieux pêcheurs. Avant, je ratais tous mes mordages. Les anciens m’ont conseillé de remonter les plombs de la ligne. Et ça a marché… Quand je pêche un poisson, je le pèse et je tire une photo. Le plus gros poisson que j’ai pris, est une carpe. Elle pesait 10,5kg. Après avoir pesé le poisson et tiré sa photo, je le remets dans l’eau. Aujourd’hui, je prends les photos des poissons avec mon G.S.M. Mais l’an dernier à Leuze, j’ai perdu mon téléphone portable et toutes les photos qui étaient dedans ! §
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Kevser
La recette turque des feuilles de vigne ¶ Je m’appelle Kevser Topac. Je suis d’origine turque. Depuis deux ans, je vais à l’atelier de Bernicook à Harchies le samedi de 9h30 à 12h30. A Bernicook, on fait chaque mois une cuisine différente : marocaine, algérienne, brésilienne, italienne, portugaise, africaine, grecque, etc. Moi, je montre aux femmes comment faire de la cuisine turque. Je fais cela bénévolement. Les participants doivent s’inscrire à l’avance. La première fois, cela coûte 10€. Pour les cours suivants, c’est 7€. Les gens apprennent comment faire le plat. Quand c’est fini, ils retournent chez eux avec leur repas. Je vais vous expliquer la recette des sarma qui se préparent avec des feuilles de vigne. Voici les ingrédients pour quatre personnes : 250g de blé concassé, 200g de viande hachée, 300g de feuilles de vigne fraîches ou en conserve, 25ml d’huile de maïs, deux oignons, deux tomates, des épices (sel, poivre noir, curcuma, pili-pili, purée de piments). Il faut d’abord couper les queues des feuilles de vigne, les faire bouillir dans l’eau trois minutes, les sortir de l’eau et les laisser refroidir. Ensuite, chauffez de l’huile dans la casserole à feu vif et jetez les oignons hachés. Remuez avec une cuillère jusqu’à ce que les oignons soient un peu dorés. Ajoutez la viande hachée. Puis, mettez les épices, le concentré de piments, le blé concassé et les tomates. Prenez une feuille de vigne, déposez sur celle-ci une cuillère à café de la préparation, et puis roulez. Enfin, mettez les roulades dans une casserole, couvrez d’eau chaude et laissez mijoter pendant 30 à 40 minutes. Bon appétit ! § 23
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Perrine
Le jardin de mes rêves ¶ J’ai la main verte et j’aime m’occuper des plantes. J’ai un jardin derrière ma maison. Il y a des fleurs et des légumes. Dans le potager, je mets des oignons, du thym, du persil, de la ciboulette, des potirons, des haricots verts et jaunes, etc. J’ai aussi des fraises, des framboises et des groseilles. Dans le jardin de mes rêves, je mettrais un abri pour les outils, des tables, des chaises, un barbecue, des bancs, des nichoirs pour les oiseaux, des jardinières, etc. Je planterais aussi des tulipes, des marguerites, des pâquerettes, des campanules, des digitales, des hortensias, des jonquilles, un magnolia, des dahlias, une glycine, des iris, des arums, des passiflores, du muguet, de la lavande, du lilas, etc. Dans une partie du jardin, sur du sable, je voudrais encore avoir une biche, une vache, deux tortues, des coccinelles, etc. Pas des vrais animaux, mais en plastique ! Autour de ce petit parc, je poserais une barrière en bois. Et dans le sable, je mettrais des cailloux gris et noirs ainsi que du foin et de l’eau pour les bêtes. Mon jardin, je l’appellerais “Le jardin de Perrine”. §
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Linda
Au manège avec ma fille ¶ J’ai toujours aimé les chevaux, mais financièrement, je n’ai pas pu me permettre de faire de l’équitation. Mais aujourd’hui, je suis maman de trois enfants. Depuis trois ans, ma fille Maïlice va dans un manège à Bernissart, chez Marie. Là, moi je me sens épanouie. Je peux brosser et chouchouter les animaux. Et peut-être que Maïlice fera des chevaux, son métier. Je l’espère de tout cœur. Je serai là pour elle. Je la soutiendrai. Maïlice aime toutes les races de chevaux. Mais elle préfère monter à cru. Mes garçons ont d’autres activités. Peut-être, plus tard, je pourrai moi aussi m’investir dans le monde du cheval. J’aime davantage les chevaux de trait et les concours d’élégance. Dans un livre sur les races de chevaux, j’ai découvert le Dales. C’est un poney originaire du nord de l’Angleterre. Le Dales mesure de 1m34 à 1m47. Bien qu’il soit presque toujours noir, on trouve quelques individus bais ou gris. Au 19ème siècle, le Dales était utilisé pour les travaux agricoles et le transport du minerai de plomb entre les mines et les ports. Le Dales est un excellent trotteur. Il a beaucoup d’énergie et un tempérament docile. Capable de porter un adulte, le Dales participe souvent à des randonnées. C’est un poney de selle, d’attelage et de concours. La race a failli disparaître dans les années 1950. Mais ses effectifs augmentent à nouveau grâce aux efforts de l’association qui a été créée pour sa sauvegarde. §
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Pipo
Un jour je voudrais rouler en Ferrari ¶ J’aime bien les voitures depuis l’âge de 16 ans. J’aime surtout les Lamborghini, les Porsche, les Aston Martin, les Maserati, les Mercedes, les Audi, les BMW, les Jaguar, les Saleen S7, les Rolls-Royce, etc. Mais la voiture de mes rêves, c’est la Ferrari. Je voudrais une Ferrari rouge avec des jantes en aluminium, des sièges en cuir noir, un volant de sport et… une belle fille à côté de moi ! Mais pour l’instant, je roule dans une Peugeot 206 rouge. Sur le pare-brise avant, j’ai mis le drapeau italien, et sur le pare-brise arrière, j’ai mis la carte de la Sicile. §
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Gina
Ma passion, c’est la cuisine italienne ¶ A l’école, j’ai fait des études de cuisine et j’aimais cela. Puis j’ai travaillé dans un home pendant cinq ans. J’ai eu une petite fille et j’ai arrêté de travailler. Maintenant, je ne peux plus travailler dans la restauration. Car avec ma gamine, ce serait difficile en raison des horaires. J’ai toujours aimé faire la cuisine. Quand j’étais petite, je préparais des plats avec ma grand-mère qui était italienne. Je me souviens que tous les ans on faisait du pain de Noël que j’adorais. C’était un grand pain avec plein de choses différentes, et même des biscuits à l’italienne. J’aime bien préparer toutes sortes de sauces pour les pâtes, et aussi du tiramisu. J’ai voulu refaire le pain de Noël de ma grand-mère, mais je ne connais plus la recette. Plus tard, j’aimerais que ma fille fasse de la cuisine avec moi. Elle le fait déjà un peu, elle aime bien aussi. Pour préparer la pâte, je tamise la farine dans un plat et je fais une fontaine. Je dilue la levure de bière dans de l’eau tiède. J’ajoute la levure et du sel à la farine. Je mélange avec la paume des mains jusqu’à ce que la pâte soit bien légère, et je fais une boule. Puis, je farine le plat de travail, et je laisse la boule reposer pendant deux heures. Après, j’aplatis la boule et je la garnis avec une sauce à la tomate, du chorizo, du jambon, des anchois, du fromage (gruyère et mozzarella) et un peu d’huile piquante. Je fais cuire pendant 20 minutes au four. Et je vous souhaite un bon appétit ! §
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Gérard
Pas facile de faire de la compétition automobile ¶ Je voulais faire de la compétition en circuit automobile, mais c’était difficile à cause du manque d’infrastructure. Nous avons quand même trouvé un petit circuit à Maubray dans la province du Hainaut. Je me suis inscrit au club de karting. J’y ai fait la connaissance de nombreux camarades de compétition, qui m’ont fait vivre le sport de mes rêves. J’ai roulé pendant une dizaine d’années sur ce petit circuit très modique. Mais qu’est-ce qu’on s’est bien amusés avec tous les membres du club, qu’ils soient jeunes ou plus âgés ! Grâce aux connaissances de mes camarades de karting, j’ai pu côtoyer des pilotes de compétition d’un haut niveau, dans différentes catégories et aussi dans différentes écuries. Comme je m’intéressais au fonctionnement de la mécanique des monoplaces, je me suis rendu compte que les réglages de ces voitures étaient très complexes. Malheureusement, la piste de karting de Maubray a aujourd’hui disparu, malgré les nombreux membres qui faisaient fonctionner le club. Mais un jour, nous avons reçu la visite d’un inspecteur pour une étude d’incidence. Il venait à la suite de plaintes du voisinage, alors que la piste était très loin du village. A cause de tous ces frais, le club n’avait plus d’argent, et la piste a été fermée. §
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De l’amour et de la souffrance
¶ C’est l’histoire de Zinabe et d’Amine. Quand l’histoire commence, Zinabe a 25 ans. Elle habite chez ses parents en Algérie. Amine, lui, a trois mois. C’est le fils de sa sœur. Celle-ci a déjà un enfant de 13 mois. Alors, pour aider sa sœur, elle a proposé de s’occuper d’Amine. Mais comme sa sœur habite à 400 kilomètres, Zinabe a été obligée de prendre le bébé chez ses parents. Zinabe s’est mise d’accord avec sa sœur : elle gardera Amine jusqu’au moment où celui-ci aura six mois. Avec le petit garçon, elle partage des moments magiques, même si c’est très difficile. Après trois mois, elle décide de rendre Amine qui a six mois, à sa maman, comme elle l’a promis. Mais la séparation est très douloureuse. Amine tombe malade. Sa gorge gonfle. Sa maman l’emmène chez le pédiatre. Celui-ci affirme qu’Amine fait une dépression. La sœur de Zinabe lui téléphone vite, pour lui dire cela. Zinabe ne tarde pas à prendre le train pour aller voir Amine. Amine est guéri dès le premier câlin de Zinabe. La jeune femme ne trouve pas d’autre solution que de reprendre son neveu pour la deuxième fois. Zinabe promet de le garder jusqu’au moment où Amine demande lui-même de retourner chez sa maman. Zinabe décide de travailler beaucoup pour assumer les besoins de l’enfant. Avec Amine, Zinabe vit trois ans de bonheur. Même si parfois elle se sent coupable de ne pas pouvoir aider le petit garçon aux côtés de sa maman. Mais un jour, Zinabe, un peu égoïste, pense à son propre avenir. Elle décide d’aller voir de l’autre côté de la mer et de recommencer sa vie là-bas. Car elle ne voit pas d’avenir dans son propre pays. Zinabe laisse Amine avec ses grands-parents qui l’ont élevé aussi. Le 26 juin, elle part comme une voleuse, en cachette d’Amine. Elle n’a pas le courage de le réveiller mais elle lui envoie un bisou.
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Mina
Zinabe est en Belgique. Après son arrivée, elle commence une autre vie. Une vie de séparation, de découverte et de nouvelles connaissances. Elle découvre de bonnes choses mais aussi que l’Europe n’est pas le paradis qu’elle a imaginé. Surtout quand on a laissé derrière soi, un enfant de trois ans. Pourquoi ne pas vivre à côté de sa famille? Zinabe ne veut pas qu’Amine l’oublie. Elle essaie de lui téléphoner le plus souvent possible. Mais chaque fois que Zinabe téléphone, elle se sent mal parce que le petit garçon lui demande quand elle rentrera. Mais Zinabe ne sait pas quoi lui répondre, parce qu’elle-même ne sait pas ce qu’elle fera demain. La première année en Belgique, c’est à la fois une année de souffrances et d’espoirs. De souffrances parce que Zinabe est déracinée. Elle est toute seule, sans travail, sans papiers. La deuxième année, Zinabe pense à retourner dans son pays. Mais elle ne veut pas faire marche arrière. Elle décide de rester par fierté, mais aussi parce qu’ici, elle a fait la connaissance de gens très gentils. Ceux-ci lui font oublier toute sa misère. Après quelques mois, elle se sent mieux, elle se met en valeur. La troisième année, Zinabe trouve l’amour. Elle vit une belle histoire et elle se marie. Tout s’arrange pour elle, à part qu’Amine est loin d’elle et qu’il lui manque beaucoup. Deux ans après son mariage, son papa est malade et elle part le voir. Quinze jours plus tard, celui-ci décède. Sa maman est en dépression et est incapable de s’occuper d’Amine. Zinabe décide de ramener l’enfant illégalement en Belgique. Pour elle, c’est un rêve qui se réalise. Mais ce bonheur s’accompagne aussi de beaucoup d’angoisse. Zinabe doit se battre pour régulariser la situation d’Amine. Après six ans, son combat n’est pas encore gagné. Et Zinabe a souvent peur de l’avenir... §
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¶ Avant d’arriver au format que vous avez entre les mains, le groupe a réalisé une maquette illustrée avec des photos trouvées suite à un travail de recherche sur internet, mené avec l’EPN de Bernissart. Pour des raisons de ligne éditoriale et de droits d’auteurs liés à ces photos, nous avons privilégié le travail avec un illustrateur choisi par les apprenants. §
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design : www.41109.be
Les partenaires : Projet réalisé avec le soutien de l’Union européenne, de la Wallonie,
de la Fédération Wallonie-Bruxelles, du Forem et de l’administration communale de Bernissart
Editeur responsable : Dominique Brasseur, 30-31 Quai Sakharov, B-7500 Belgique
Fondée en 1985 par le Mouvement Ouvrier Chrétien et les Femmes Prévoyantes Socialistes, l’asbl Lire et Ecrire Hainaut occidental lutte pour le droit à l’alphabétisation en Wallonie picarde. L’association anime des formations et développe des actions avec de nombreux partenaires. L’asbl est reconnue comme Organisme d’Insertion Socio-Professionnelle (OISP) et Mouvement d’Education Permanente. Depuis 2009, le groupe de “Lire et Ecrire” participe une fois par semaine à un atelier numérique à l’Espace Public Numérique (EPN) de Bernissart. L’EPN organise régulièrement des animations avec la bibliothèque de Blaton. Or, en 2011, un animateur de la bibliothèque a participé à une formation dans le cadre du projet “Alpha-Bibliothèques” ; projet qui visait à renforcer les collaborations entre bibliothèques et opérateurs d’alphabétisation. Cette formation l’a incité à prendre contact avec le groupe de “Lire et Ecrire”. Dans un premier temps, les apprenants ont été invités à se rendre à la bibliothèque de Blaton, pour une aprèsmidi de découverte des lieux, organisée sous une forme ludique par le bibliothécaire et par l’animateur de l’EPN. Cette activité ayant été appréciée par le groupe, il a été décidé pour l’année 2011-2012, de mener une collaboration de plus longue haleine. En accord avec les apprenants, celle-ci a pris la forme de la réalisation d’un livre. C’est ce livre que nous vous invitons à ouvrir pour découvrir les histoires écrites par les apprenants dans le cadre de ce partenariat. Le récit de cette expérience se retrouve par ailleurs sur le site www.alphabibliotheque.be
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