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50ème saison

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pour Les 4 Saisons !

Vous tenez entre les mains la 50ème édition du journal Les

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4 Saisons : douze années de plongées trimestrielles dans les eaux poissonneuses de la vie anniviarde, avec ses requins-baleines placides, ses coraux en voie de disparition, ses jeunes poissonsclowns frétillants et le vaste Grand Bleu qui étourdit et appelle. 50 numéros remplis d’images et de mots, des fenêtres ouvertes sur les parcours de vie des habitants de la vallée, sur leurs rêves, leurs défis, leurs exploits ou leurs déceptions.

Mais comment est né ce journal ? Quels sont ses ancêtres ? Comment sont ses coulisses derrière le décor ?

Le journal du hockey club d’Anniviers est le plus lointain ancêtre du Les 4 Saisons : en 1995, les HC d’Ayer, de Grimentz et de Vissoie fusionnèrent pour « rassembler et faire évoluer en championnat toutes les équipes sous un seul label Anniviers »1 Le budget disponible étant insuffisant, le club de hockey d’Anniviers flambant neuf décida de se financer à l’aide d’un journal dans lequel les annonceurs pouvaient publier leurs publicités et concrétiser ainsi leur soutien à la jeunesse en « l’encourageant à développer son esprit sportif et en lui apportant une manne financière de plus de CHF 20’000.- »1 La publication aurait, de plus, l’avantage de servir de canal d’information au club de hockey. Sous l’impulsion conjointe du club de football et du club de hockey, l’union sportive d’Anniviers fut créée dans le but de «rassembler les moyens financiers afin de ne pas solliciter dix fois les mêmes collectivités et entreprises, pour ensuite les redistribuer dans les divers clubs anniviards.»1 Le journal avait donc comme vocation première de favoriser la formation et la pratique sportive, car la vallée d’Anniviers « doit sa survie à son unité, et le sport en est un liant indéniable. »1 Jusqu’en 2004, la publication d’une douzaine de pages continua son chemin sans faillir, en alternant pages d’annonceurs et informations internes du club de hockey, comme le calendrier des différentes équipes, les objectifs de la saison (progresser au niveau du jeu et du plaisir de jouer), le budget, les photos des tournois et des joueurs, le planning des matchs à la patinoire de Vissoie, ou encore la liste des joueurs (11 d’Anniviers et 10 de la plaine à l’époque). Un espace d’expression fut aussi laissé au club de football qui y résuma ses activités et lança un appel à l’aide pour combler le manque de bénévoles (trois entraineurs et deux arbitres étaient recherchés, au point que le club fut «en disgrâce auprès de l’Association Valaisanne de Football, qui [l’amenda] fortement pour cette lacune. »2) Le journal d’info du club de hockey posa ainsi les jalons de l’actuel Les 4 Saisons comme ayant la double vocation d’être à la fois une vitrine de la vie anniviarde et un organe de financement des clubs sportifs formateurs.

MovingAlps, une incroyable expérience pilote

MovingAlps était une expérience pilote qui visait à soutenir des projets innovants dans quatre vallées du sud des Alpes : Bregaglia, Müstair, Maggia et Anniviers. Notre vallée avait donc eu la chance d’être sélectionnée parmi de nombreux candidats pour être soutenue. MovingAlps visait à favoriser le développement social et économique de ces quatre régions reculées, et ceci dans tous les secteurs d’activité (tourisme, culture, formation, entreprises, administrations…), par exemple par la création d’un réseau de contacts et de technologies de communication modernes, ou en augmentant l’offre de formation continue. La fondation voulait connaitre les idées du terroir et des habitants pour soutenir des projets culturels ou économiques. Concrètement, un bureau était ouvert, où chacun pouvait aller proposer des projets. Le journal ènntchié nô fut la première initiative accompagnée par movingAlps. D’autres idées furent soutenues, comme celle de produit anniviard (qui visait à promouvoir l’image et la diffusion dans d’autres régions des produits du val d’Anniviers), du vel (un projet de voiture électrique), ou encore celle du parcours Arianna. Ce projet-là avait comme but de soutenir les femmes avec famille qui désiraient garder un contact avec le monde de la formation et du travail en faisant usage des technologies de la communication à distance. L’idée était de créer une communauté apprenante et de mettre en commun des savoirs, sans préjugés liés aux diplômes: trois formatrices recevaient une formation puis devenaient formatrices à leur tour. Les femmes pouvaient ainsi prendre conscience de leurs compétences et les valoriser pour mettre en place des projets. 46 femmes participèrent à cette expérience extraordinaire de recherche. Ce fut un laboratoire d’idées qui sema des graines de projets souvent développés bien plus tard par d’autres personnes.

Naissance du Secrétariat de la Jeunesse, de la Culture et du Sport en Anniviers

En 2004-2005, un concept original et novateur émergea : celui de créer un secrétariat dans le but d’assurer « à la jeunesse locale du val d’Anniviers et à toutes les sociétés locales une structure administrative et de pilotage qui soit en mesure de coordonner et de consolider les différentes initiatives dans les domaines du sport et de la culture et de favoriser l’insertion de la jeunesse dans tous les projets movingAlps qui poursuivent le but d’insérer des jeunes dans le monde du travail et de la politique régionale. […] L’objectif du secrétariat n’est pas de faire disparaitre le bénévolat, mais, au contraire, de lui donner une nouvelle impulsion. Débarrassé des tâches administratives et des soucis de comptabilité qui prennent la majorité du temps qu’il met à disposition, le bénévole pourra véritablement se consacrer au travail de base, aux projets, à la vie de son club ou de son association. […] Le secrétariat fonctionne comme un centre de services administratifs ouverts à toutes les sociétés anniviardes. »5 Un poste de secrétaire à temps partiel fut créé, financé par les communes d’Anniviers, movingAlps et les clubs et sociétés membres. Et un nouveau journal naquit, le journal du secrétariat de la jeunesse, de la culture et du sport : l’ènn-tchié nô.

Première métamorphose : ènn-tchié nô et Lo cohèr

Le journal fit ainsi sa première mue en 2005, sous la forme de ce projet innovant : le journal de la jeunesse, de la culture et du sport en Anniviers, d’abord nommé ènntchié nô, puis Lo cohèr. Mais comment eston passé du journal d’information du club de hockey à ce nouveau journal ? Pascal Rouvinet, président du HC à l’époque, nous éclaire sur ce point : « Après dix ans de parutions épisodiques, il faut bien avouer que notre journal s’essoufflait un peu sous le poids des ans. Un rajeunissement s’imposait et votre comité y songeait depuis quelques temps déjà. »3 Lo cohèr posa les bases de ce qui deviendra Les 4 Saisons. Les deux journaux souhaitent servir de support à une recherche commune de sponsoring par les clubs sportifs formateurs, mais aussi toucher l’éventail le plus large possible de la population anniviarde par une diffusion conséquente (1500 exemplaires pour Lo cohèr et 2100 pour Les 4 Saisons). Ces deux publications ont en outre comme point commun la mise en place d’un véritable contenu rédactionnel (pour donner au lecteur envie de lire et pour offrir aux annonceurs une plus grande visibilité) et enfin la publication de plusieurs éditions par an (trois pour Lo cohèr et quatre pour Les 4 Saisons) afin de coller davantage à l’actualité de la vallée.

Enn-tchié nô naquit « grâce à la volonté des associations sportives du val d’Anniviers (hockey club, football club, ski team, basket club et montagne club) de collaborer dans leurs recherches de sponsoring. »4 Les détracteurs du projet avaient peur que ce regroupement sans précédent des clubs sportifs de la vallée ouvre la porte à d’autres fusions, avec encore d’autres clubs de la vallée ou avec des clubs de hockey sur glace hors d’Anniviers, et que le hockey club anniviard y perde son âme. Mais la décision fut le fruit d’une mûre réflexion et d’une longue concertation : « Nous sommes convaincus qu’il n’en résulte aucune perte de substance pour le hockey sur glace en Anniviers. »3 Le journal nouveau-né avait deux objectifs : « assurer les moyens financiers nécessaires à l’activité de formation [des clubs] et permettre la parution d’un nouveau périodique dédié à la Jeunesse, à la Culture et au Sport en Anniviers. »4 Sur les 48 pages, la moitié était consacrée aux annonceurs.

Le nom du journal novateur, ènn-tchié nô, signifie chez nous en patois ; pourtant, loin d’être un mouvement de repli, le projet « s’inscrit dans un esprit d’ouverture, de partage et de dialogue entre les différents clubs sportifs, sociétés culturelles, communautés et générations du val d’Anniviers. Dans ce sens, il nous parait primordial de connaitre ses racines, de savoir d’où nous venons afin de s’ouvrir au monde qui nous entoure et non pas de s’enraciner. »4 Tout comme ènn-tchié nô, Les 4 Saisons d’aujourd’hui raconte notre vallée, ses gens, ses trésors, ses curiosités, ses bonheurs et ses difficultés. Les deux publications ont comme point commun de vouloir mettre en lumière la diversité des habitants, de leurs existences dans la montagne, de leurs talents. Toutes deux dressent un tableau impressionniste, par petites touches, de notre vallée, pour que nous connaissions mieux l’endroit où nous vivons, où nous sommes enracinés et qui nourrit notre esprit. Mais se connaitre ne signifie pas être avalé par son propre ego, tout comme parler d’Anniviers ne veut pas dire oublier que le monde existe. Les 4 Saisons et son ancêtre ènn-tchié nô parlent de notre monde entre quatre cimes comme d’un reflet du vaste monde, un microcosme comme particule du vaste cosmos. Les rédactrices et rédacteurs de Les 4

Saisons cherchent la diversité autour d’eux, l’étonnant dans le banal, l’exotique dans la proximité, l’incongru dans le normal, mais sans pour autant vouloir nier le monde et se replier dans le cocon de notre vallée. Enn-tchié nô, tout comme Les 4 Saisons, avait comme objectif de toucher le panel le plus large possible de la population en Anniviers, y compris les hôtes non-permanents, les propriétaires et utilisateurs de résidences secondaires et même les saisonniers et touristes de passage, pour nourrir leur curiosité sur l’actualité et l’histoire de la vallée. Le journal souhaitait constituer « une vitrine du val d’Anniviers ouverte aux idées de la population, [être] interactif, en communication constante avec ses lecteurs. »4

En 2006, ènn-tchié nô devient Lo cohèr, un trimestriel tiré à 1500 exemplaires, fruit d’une synergie entre cinq clubs de sport, la commune d’Anniviers et movingAlps Comme son prédécesseur, le journal abrite les pages du hockey club, du football club, du montagne club, et sporadiquement du ski team, mais le snowboard team et Anniviers basket ne sont plus présents. La SDJA cesse rapidement d’écrire. Les articles sur le patrimoine (avec aussi du patois et des recettes traditionnelles comme le civet de chevreuil aux airelles) continuent, ainsi que les jeux et les concours. En 2008, les articles sur movingAlps, le parcours Arianna et la formation d’accompagnateur en moyenne montagne disparaissent aussi.

Et voici qu’arrive Les 4 Saisons !

En février 2011 fut publié le premier numéro du journal Les 4 Saisons, conçu comme « une fenêtre sur le sport, sur la culture et sur les différentes facettes du val d’Anniviers »6 , à la fois feuille d’information de la commune et support dans la recherche de sponsoring pour les clubs sportifs formateurs d’Anniviers. Dès le début, l’impression fut confiée à Paolo Marandola; son fils Lucien, dès le numéro 9, conçut le cadre graphique et le logo de la version actuelle. Isabelle Bourgeois fut rédactrice en chef jusqu’au quatrième numéro d’octobre 2011, puis elle fut remplacée par un groupe de rédactrices : Janine Barmaz, Nicole Salamin, Simone Salamin et Adriana Tenda Claude. L’équipe fut complétée par Ursula Surber qui prit en charge la correction de tous les articles du journal durant neuf ans, de 2011 jusqu’à son décès en 2020. L’idée de départ était large : parler du val d’Anniviers avec une variété des horizons. Dans la ligne de cet esprit, Adriana mit en place la rubrique Recettes de vie : J’ai eu envie de demander à des gens d’origines différentes comment ils avaient découvert la vallée et pour quelles raisons ils avaient décidé de vivre ici. Comment se réalise cette conjugaison d’ici et d’ailleurs ? Quels sont les ingrédients de la recette de chacun ? Chaque personne proposait ainsi sa propre recette de vie, accompagnée par une recette de cuisine de son pays natal. L’idée sous-jacente était de montrer qui sont les personnes qui forment la population d’Anniviers à notre époque et de contribuer ainsi à casser la différence entre gens d’ici et gens d’ailleurs. Elle existe encore dans certaines mentalités et situations, comme partout d’ailleurs, alors que nous sommes tous mélangés au niveau des idées depuis longtemps.»6

Aujourd’hui, le journal Les 4 Saisons est financé par la commune pour ce qui est de l’impression et de la distribution. Il est obligatoire pour toutes les communes de diffuser des tous-ménages pour informer la population ; le journal permet donc de faire d’une pierre deux coups puisqu’il finance aussi les clubs par l’intermédiaire des annonceurs. La commune, les clubs sportifs, Anniviers Tourisme, Vercorin Tourisme et les remontées mécaniques d’Anniviers disposent de pages dans le journal ; des articles sur la vie locale, écrits par les rédactrices, complètent chaque édition. Les 4 Saisons est distribué en tout-mé- nage officiel, soit environ 1700 ménages. Les personnes qui ne reçoivent pas le journal dans leur boite aux lettres peuvent l’obtenir gratuitement dans les quatre offices de tourisme ou dans la caissette située derrière la poste de Vissoie, dans la mesure des disponibilités. Il est aussi possible de s’abonner, ou de le consulter à la bibliothèque de Vissoie. La version numérique de tous les exemplaires, du premier au dernier numéro, est disponible sur le site de la commune anniviers.org

Pauline Archambault

1 Journal d’info du hockey club 19951996, article rédigé par le comité d’initiative et Jean-Marie Viaccoz.

2 Journal d’info du hockey club 20032004, article De la glace au terrain rédigé par le comité du FC Anniviers.

3 ènn-tchié nô p.15, article rédigé par Pascal Rouvinet, président du HC.

4 ènn-tchié nô p.3, décembre 2005, éditorial rédigé par Frédéric Zuber.

5 ènn-tchié nô p.5, décembre 2005, article rédigé par Frédéric Zuber.

6 Propos d’Adriana Tenda Claude, recueillis par Pauline Archambault en janvier 2023.

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