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GRAND ANGLE

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Spécialisée dans la création de papiers peints personnalisés, Neodko est partenaire des plus grands éditeurs, de designers et de marques qui souhaitent développer leur propre gamme. Il offre aussi un service sur-mesure pour des projets d’architectes ou de décorateurs.

DÉCORATION IMPRIMÉE

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SORTIR DES CLICHÉS

Vent dans le dos, le marché de la décoration personnalisée a conservé tout son dynamisme durant la pandémie. Changer de papier peint a été l’une des grandes tendances pendant les confinements, avec des ventes en forte croissance. De nombreux acteurs des industries graphiques se sont donc positionnés sur ce marché porteur. Il faut admettre que, technologiquement parlant, les voyants sont au vert. Petites séries, diversité des supports, effets de texture, jeux de matière, rapidité de production : en passant de l’analogique au numérique, le monde de l’impression s’est affranchi de nombreuses contraintes et a ouvert la voie au boom de la décoration. Aujourd’hui, tout (ou presque) est réalisable. Reste une dernière étape stratégique à franchir : celle du fichier. Car c’est là que se niche désormais toute la valeur ajoutée d’un projet. Par Cécile Jarry

© Neodko

Un taxi jaune newyorkais, une jungle luxuriante, une vieille femme cubaine fumant son cigare... Ces images ont fait le tour du monde pour s’imposer dans les esprits comme les symboles d’une tendance forte de ces dernières années : celle de la décoration personnalisée. Alors que tout un chacun cherchait à être différent, original, unique, c’est l’inverse qui s’est produit. À force de puiser son inspiration aux mêmes sources et dans les mêmes banques d’images, tout a fini par se ressembler, trahissant ainsi la promesse initiale qui était de créer des univers singuliers. « Le secteur est en transition. Dans les années 2010, architectes et designers découvraient les atouts de l’impression numérique, qui allaient leur permettre de traduire leurs idées en réalités concrètes sur le terrain. Ils ont fait des expérimentations. Aujourd’hui que nous avons les bons supports d’impression, les bonnes machines et les bonnes encres, il est temps de passer un cap. Le rebond doit venir du fichier. Créer le dialogue entre création et technique est l’enjeu majeur que doivent désormais relever tous ceux qui veulent s’imposer sur ce marché, dont le potentiel reste encore sous-exploité, analyse Frédéric Tisseyre, chef de projet en personnalisation décorative. Le réflexe de la profession, qui était au départ un réflexe de communication, doit maintenant privilégier une approche plus décorative. Autrement dit, proposer des projets plus subtils, sans perdre de vue l’enjeu initial. La décoration

© Le Presse Papier

« DANS LE CADRE D’UN PROJET DE DÉCORATION PERSONNALISÉE, TOUTE LA VALEUR VA RÉSIDER DANS LE TRAVAIL DU FICHIER »

Frédéric TISSEYRE, chef de projet en personnalisation décorative.

d’une entreprise, ce n’est pas seulement appliquer un logo avec une photo. On peut aller beaucoup plus loin ». Interviewé dans nos colonnes sur le sujet de la personnalisation, le designer Olivier Saguez faisait, à juste titre, cette remarque : « Que tout se ressemble, tout le temps, partout, finit par être assommant. Économiquement parlant, la personnalisation est une bonne martingale, mais en termes de créativité, le compte n’y est pas. Pour créer, il faut avant tout avoir de la sensibilité. Les consommateurs l’ont d’ailleurs bien compris, quand ils plébiscitent Airbnb plutôt que des chaînes d’hôtels uniformisées ».

UN SERVICE PERSONNALISÉ Le fait est qu’un changement de paradigme industriel est en train de s’opérer dans le secteur. Avant, le client qui achetait du papier peint achetait un rouleau avec la création et l’impression. Aujourd’hui, ce n’est plus forcément le cas. Du fait de l’évolution du marché, ces deux budgets peuvent se retrouver séparés : une chance énorme, car cela permet de faire du sur-mesure et de la vraie personnalisation, mais aussi un défi important à relever pour les professionnels, qui doivent expliquer à leurs clients qu’il y aura une ligne de plus sur le devis. « Ajouter une ligne sur un devis n’est jamais simple. Dans le cadre d’un projet de décoration personnalisée, c’est pourtant essentiel, car toute la valeur d’un projet va résider dans ce travail du fichier. Cela va du choix du décor que l’on va imprimer, voire de sa création, au traitement du fichier en lui-même avec, souvent, de l’étalonnage couleur ou une remise en état. Ce savoirfaire doit être valorisé par les imprimeurs, car il est stratégique. La personnalisation, ce n’est pas open bar », martèle Frédéric Tisseyre.

TOUT RESTE À CRÉER « Pour nos projets de décoration, nous fournissons systématiquement un BAT physique à nos clients et nous nous déplaçons sur les chantiers avec nos palettes de colorimétrie afin de voir si le papier peint qui a été imprimé fonctionne avec le reste du décor. Le rendu sera différent selon que le client ait choisi une moquette bleue ou une moquette rouge », confie Pascale TessierMorin, directrice d’Atelier Images&Cie. Niché au cœur du quartier des Puces de Saint-Ouen, ce spécialiste de l’impression numérique grand format et de la communication événementielle a mis à profit son année 2020 pour concrétiser le développement de son offre de décoration murale. Une diversification stratégique, appuyée par plusieurs investissements et la construction de partenariats avec le monde de la création. « Le monde de l’impression est devenu très vaste, avec des savoir-faire bien spécifiques. Comme il existe des imprimeurs spécialisés dans l’industrie, nous avons aujourd’hui besoin d’imprimeurs spécialisés dans le revêtement mural personnalisé. C’est un métier qui se définit en ce moment, avec des compétences qui lui sont propres, et des coûts et niveaux de marge qui doivent être adaptés en fonction du service exigé », poursuit la cheffe d’entreprise. « Faire du design mural ne revient pas à prendre un motif et le poser sur un mur », complète Sophie Riccobono, responsable marketing et communication du Groupe Riccobono. Spécialisée dans la scénographie d’espaces, l’agence du groupe a réalisé l’habillage de l’école Saint-François-de-Paule, à Fréjus. « Les ambitions n’étaient pas seulement décoratives, mais aussi pédagogiques. Notre designer a donc proposé de diviser l’école en trois zones, chacune correspondant à un climat, avec ses animaux, ses plantes et ses océans. Nous y avons associé des personnages auxquels les enfants ont pu s’identifier et dont la taille avait été pensée en fonction de l’âge des élèves, rappelle Sophie Riccobono. Dans un projet comme celui de l’école de Fréjus, nous avons eu une démarche de design thinking : le décor ne devait pas perturber les enfants.

© Conceptuwall

© Jolie Galerie

Jolie Galerie décline, depuis un peu plus d’un an, une offre de « murs illustrés », en s’appuyant sur un réseau de partenaires, notamment l’imprimerie Nessprint.

Nous nous sommes mis à leur place, pour placer les animaux à la bonne hauteur et au bon endroit. Bien réfléchir aux usages est aussi un élément clé de notre métier ».

LA PART BELLE AUX ARTISTES Si le recours aux banques d’images a été le premier réflexe des professionnels du secteur pour personnaliser leurs décors, le marché semble prêt à tourner la page et puise désormais son inspiration auprès d’artistes, photographes et designers. Par un effet de balancier, les créatifs, de leur côté, se montrent de plus en plus intéressés par ce marché en pleine ébullition, pour lequel ils développent des offres spécifiques. Dans un article publié dans le magazine américain AD Pro, en avril dernier, on découvre que le célèbre photographe d’art Gray Malin collabore aujourd’hui avec des marques de design d’intérieur pour personnaliser leurs collections. Un travail qui lui permet de pousser plus loin son art en s’exprimant sur de nouveaux supports, dans de nouveaux formats. Le photographe Robert Malmberg a, quant à lui, développé sa propre collection de papiers peints, à partir de ses archives. Onze motifs ont déjà vu le jour. Sur la page d’accueil de son site, la phrase Fine art photography for your interiors, suivie du bouton « Shop », résume tout le propos. Parmi les initiatives intéressantes repérées en France, il y a celle de Jolie Galerie qui décline, depuis un peu plus d’un an, une offre de « murs illustrés ». Après avoir dirigé une galerie pendant plus de dix ans à Paris et deux ans en Australie, Jeanne Chemla, sa fondatrice et directrice, s’est installée en Champagne, d’où elle continue à promouvoir l'art de l'illustration. Elle a récemment étendu sa passion à un nouveau projet : la création de papiers peints illustrés à partir d'œuvres originales et la réalisation de fresques et de peintures murales surmesure. Afin de relever ce beau défi, Jeanne Chemla s’est entourée d’un réseau de partenaires. Pour l’impression, elle s’appuie sur l’expertise de Stéphane Brunet, de l’imprimerie Nessprint, installée à Troyes. Elle écoute aussi les conseils en architecture d’intérieur de l’agence Bécile et Trémiste, à Paris. Et peut compter sur le soutien en webdesign de l’agence SparkWeb, à Toulouse. « Nous avons besoin de toute cette expertise pour permettre à nos artistes de s’exprimer ailleurs que sur une toile, pour choisir les bons supports et adapter les fichiers aux configurations des lieux à personnaliser. De notre côté, nous venons avec toute la richesse de nos collections. Les artistes sont demandeurs et enthousiastes à l’idée de participer à ce type de projet. Pour eux, l’important est surtout de ne pas faire une simple reproduction d’un de leurs dessins, mais bien de produire une pièce unique, en grand format », confie Jeanne Chemla.

© Jolie Galerie

En France, le nouveau site mur-panoramique.fr propose de créer ses propres fresques murales : un lé unique sans raccord, pouvant aller jusqu’à 3,20 mètres de hauteur. Plusieurs collections de visuels sont mises à la disposition des clients, tous signés d’artistes. On découvre ainsi le travail du dessinateur de BD spécialisé dans l’aéronautique Romain Hugault, du photographe naturaliste Dominique Delfino, de la photographe Marie-Pierre Renaud et de la créatrice Valérie Szewczyk. Pas de banque d’images donc, mais des collections plus singulières et la possibilité, aussi, de faire une demande personnalisée pour imprimer son propre visuel.

VITE, UN(E) WALL-DESIGNER ! « On parle beaucoup des photographes et des artistes, mais il y a aussi les wall-designers. Il ne faut pas restreindre ce marché à de grands panoramiques. On peut faire aussi faire des choses beaucoup plus douces et subtiles, mais qui vont être créées sur-mesure, dans le respect de l’histoire des arts déco. Et là, c’est d’un wall-designer dont on aura besoin, autrement dit quelqu’un qui a travaillé dans le papier peint et qui sait créer des motifs », poursuit Frédéric Tisseyre. Fondée en 1936, la société Georges Piolat pratique la gravure au cadre à la lyonnaise pour l’impression de la soie, du textile en général, mais aussi du papier peint. Près de 85 plus tard, elle est toujours là, mais s’est diversifiée. Si l’expertise est restée, l’impression numérique est passée par là, et a poussé Hervé Piolat, petit-fils de Georges, à créer en 2009 une nouvelle entité, Neodko, spécialisée dans la création de papiers peints personnalisés. Partenaire des plus grands éditeurs, de designers et de marques qui souhaitent développer leur propre gamme de papiers peints, l’atelier offre aussi un service sur-mesure pour des projets d’architectes ou de décorateurs. Lors de notre visite, nous avons eu la chance d’assister en direct à la création d’un décor unique. Sur la table de la dessinatrice, des images d’archives et des livres d’art. Sur son écran, une première transcription du brief du client, réalisée à partir d’un dessin qu’elle a elle-même effectué à la main. Chez Neodko, on ne parle pas de wall designer, mais les compétences sont là. « Notre équipe de dessinateurs et de graphistes a, à sa disposition, toutes nos archives de dessins d’ameublement, conservées depuis 1936, pour concevoir des décors subtils qui respectent l’historique et les codes du secteur », confie Hervé Piolat, qui fait aussi appel à des graphistes indépendants pour certains projets spécifiques.

« COMME IL EXISTE DES IMPRIMEURS SPÉCIALISÉS DANS L’INDUSTRIE, NOUS AVONS AUJOURD’HUI BESOIN D’IMPRIMEURS SPÉCIALISÉS DANS LE REVÊTEMENT MURAL PERSONNALISÉ »

Pascale TESSIER-MORIN, directrice d’Atelier Images&Cie

DÉCOR MURAL NUMÉRIQUE : L’EXPERTISE ET L’EXPÉRIENCE DE NEODKO

Créée en 2009 par Hervé Piolat, Neodko s’est spécialisée dès l’origine dans la création de décors muraux numériques, sans jamais céder au chant des sirènes de la diversification, pour mieux s’imposer comme l’un des meilleurs experts de ce marché. De fait, de nombreux éditeurs, designers et architectes lui font aujourd’hui confiance pour développer leurs projets sur-mesure. Dans l’atelier, la technologie HP Latex règne en maître. Deux nouvelles machines viennent d’arriver : une HP Latex R avec encre blanche et une HP 3600. « Cela fait dix ans que j’imprime sur des machines HP. J’ai fait le choix de cette technologie pour les vertus écologiques de ses encres et la qualité des impressions, deux points fondamentaux pour nos métiers. Avec ces deux nouvelles machines, je vais pouvoir étoffer mon offre pour le marché du sur-mesure et être plus performant pour de la petite série », explique Hervé Piolat. Avec l’encre blanche, l’impression de supports colorés devient possible. « D’autres investissements sont à venir », prévient le dirigeant, qui travaille en ce moment sur la personnalisation des matières à imprimer. Sur une table de l’atelier se dévoile un lé de papier peint imprimé sur un support recouvert de feuilles d’or. Une merveille. « Le marché monte en gamme. Les demandes sont de plus en plus pointues, les clients attendent de nous davantage d’innovation, au-delà même de l’impression », pointe le chef d’entreprise. Dans son équipe, cinq personnes travaillent au sein du pôle création, autant qu’à la production !

Dans son Atelier Mattera, installé à Peyrus, aux portes du Vercors, Audrey Fonterme est une designer heureuse. Elle vient de créer son entreprise spécialisée dans la création de décors muraux et de signalétique décorative, compétences auxquelles elle a associé sa passion pour la rénovation de meubles et d’accessoires vintage. Après plus de sept ans passés en tant que directrice artistique et designer du pôle Création de l’imprimeur grand format ATC Groupe, la jeune femme a décidé de devenir indépendante, tout en continuant à suivre certains projets avec son ancien employeur, pour le compte de clients qui apprécient son travail et son approche. Les deux partenaires viennent justement de terminer un projet avec un groupe spécialisé dans l'accompagnement des personnes âgées. « Le client avait cette volonté de mettre en place une décoration ancrée dans une réalité territoriale. Le projet devait raconter des histoires locales, qui s ’inspiraient de la culture de la région dans laquelle se trouvait les structures concernées, raconte Audrey Fonterme. L’autre contrainte créative était de proposer des jeux graphiques et une signalétique décorative compréhensibles par les personnes âgées, qui pouvaient avoir des problèmes de vue notamment ». « L’idée est d’utiliser les murs pour communiquer, mais aussi pour créer une ambiance agréable, pour avoir un espace où le visiteur, le résident, le consommateur, se sente bien. Le défi aujourd’hui est de concilier les deux attentes », conclut Frédéric Tisseyre.

« NOS MURS ILLUSTRÉS SONT TOUS SIGNÉS »

Trois questions à Jeanne Chemla, fondatrice et directrice de Jolie Galerie.

© Jolie Galerie

Les frontières entre les mondes de l’art et de la décoration sont devenues poreuses ces dernières années, l’un nourrissant l’autre. Vous-même proposez aujourd’hui une offre de « murs illustrés ». Comment s’est effectuée cette évolution ?

En tant que galeriste, je suis très attachée à l’œuvre originale qui sent la peinture, et je n’ai pas réussi, pendant dix ans, à aller au-delà de cette notion de pièce unique. Et puis est arrivée la révolution de l’impression numérique qui m’a permis, ainsi qu’aux artistes de la galerie que je représente, de voir les choses en grand et de participer à cette création de singularité dont nous avons tous besoin et envie. J’ai compris que je pouvais proposer un nouveau terrain de jeu aux illustrateurs qui m’entouraient, avec une grande diversité de supports et de formats possibles.

Quelle a été la réaction des artistes et quid de leur rémunération ?

La confiance mutuelle que nous partageons était essentielle pour débuter cette aventure, car il a fallu parfois retravailler trois semaines un fichier, avec beaucoup de minutie, pour pouvoir l’imprimer en grand format. Le passage de l’original au fichier numérique ne va pas de soi. Il y a aussi tout le travail d’adaptation en colorimétrie et d’adaptation au projet. Chaque œuvre fait l’objet d’une autorisation de reproduction limitée. Et la rémunération des illustrateurs avec lesquels nous travaillons est incluse dans chaque devis. Avec cette particularité que ce sont des artistes, et donc qu’ils peuvent avoir une cote qui fluctue. Enfin, tous nos murs illustrés sont signés.

Qui sont vos clients aujourd’hui ?

Nous travaillons à la fois pour des particuliers, des lieux publics et des entreprises. Ce qui séduit nos clients, ce sont nos choix d’illustrations. À charge à nous, ensuite, de trouver les solutions techniques pour chaque projet. Jolie Galerie a su s’entourer et gravite aujourd’hui dans un écosystème créatif performant, composé d’imprimeurs, de décorateurs, de photograveurs et d’architectes d’intérieur.

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