DOSSIER
EN VUE
INTERVIEW CROISÉE : LA PAROLE EST AUX IMPRIMEURS
ATELIER IMAGES & CIE PREND LE VIRAGE DE LA DÉCO
GRAND ANGLE
DÉCOUPE ET GRAVURE LASER : QUAND LA COM’ MET LES FORMES !
ÉDITORIAL
Ikea conjugue son célèbre catalogue au passé, choc sur la planète print ! Plus de 200 millions d’exemplaires, 32 langues, 69 versions : c’est l’un des supports imprimés les plus diffusés au monde qui s’arrête net. Si le groupe suédois, qui renforce sa communication digitale, se défend de stopper son iconique ouvrage pour des raisons économiques, le timing - en pleine crise liée au Covid - interroge. Car dans le même temps - ironie du sort - les mastodontes du web redécouvrent les vertus du print, Amazon et Google publiant catalogues et magazines, sur des volumes parfois très conséquents. Deux stratégies qui illustrent les tendances qui agitent le secteur, au sortir d’un exercice 2020 hors-normes. Une digitalisation omniprésente, d’une part, qui a permis une continuité du business, mais qui a poussé des annonceurs à revoir leur consommation de print, de manière conjoncturelle. D’autre part, de manière plus structurelle, un retour de l’imprimé dans le mix de communication des marques et son affirmation dans le couple print-digital. D’ailleurs, la communication imprimée représente 33 % des budgets marketing des décideurs interrogés par le constructeur Canon pour son rapport Insight 2020, tandis que 86 % des acheteurs déclarent avoir besoin de conseils pour combiner print et digital. De tendances et de perspectives, d’innovation et de prospective, il en est question dans notre dossier, pour lequel nous avons donné la parole à des entrepreneurs des industries graphiques. Ils sont six - issus des quatre coins de la France et chacun positionnés sur des segments de marché différents - à s’exprimer dans cette interview croisée. À travers leurs témoignages se dessinent les contours d’un marché en mutation, dont les transformations sont accélérées par la crise sanitaire et économique que nous traversons. Mais de craintes en espoirs, de difficultés en opportunités, tous croient fermement en l’avenir d’une industrie du print qu’ils contribuent chaque jour à faire évoluer. Une ambition partagée par notre « grand témoin », Philippe Vanheste, directeur général adjoint du Groupe Prenant qui, grâce à ses investissements dans la technologie d’impression nanographique du constructeur Landa, contribue à rapprocher les mondes industriel et créatif. Un objectif qui anime également votre magazine IC Le Mag depuis ses débuts et que nous entendons bien poursuivre à l’avenir. Bonne lecture, Florent Zucca, Rédacteur en chef Retrouvez aussi IC LE MAG / Industries Créatives sur les réseaux sociaux (Facebook, Twitter, LinkedIn) et sur notre site www.lemag-ic.fr
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1| ÉDITORIAL
JE PRINT, MOI NON PLUS Par Florent ZUCCA, rédacteur en chef.
#16
FÉVRIER 2021
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GRAND TÉMOIN Philippe VANHESTE, directeur général adjoint, GROUPE PRENANT
26| DOSSIER Imprimer aujourd'hui
« UNE NOUVELLE FORME D’INTELLIGENCE EST EN TRAIN DE SE METTRE EN PLACE »
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Six entrepreneurs du print nous livrent leur vision du marché
En couverture : Mur végétal de cinq mètres de haut, entièrement réalisé en découpe laser sur papier par le studio lyonnais Crayon Laser, dans le cadre d’une exposition au brainstore parisien du distributeur de papiers, emballages et produits de communication visuelle Antalis. © Crayon Laser / Antalis
ÉDITION :
Au sortir d’un exercice 2020 hors-normes, nous avons souhaité, pour ce premier dossier de l’année, donner la parole à des entrepreneurs des industries graphiques. Ils sont six - issus des quatre coins de la France et chacun positionnés sur des segments de marché différents - à s’exprimer dans cette interview croisée. Bilans et perspectives, analyse des tendances, innovation et prospective… À travers les témoignages de ces dirigeants d’entreprises se dessinent les contours d’un marché en mutation, dont les transformations sont accélérées par la crise sanitaire et économique que nous traversons. Mais de craintes en espoirs, de difficultés en opportunités, tous croient fermement en l’avenir d’une industrie du print qu’ils contribuent chaque jour à faire évoluer. Entretien au long cours.
656 Editions, 1 place Tobie Robatel, BP 1072, 69202 Lyon Cedex 01 - Tél. +33 (0)4 78 30 41 73 - Fax. +33 (0)4 78 30 41 79 DIRECTEUR DE LA PUBLICATION : Nathalie Grosdidier DIRECTEUR DE LA RÉDACTION : Guillaume Abou, g-abou@656editions.net RÉDACTEUR EN CHEF : Florent Zucca, 04 78 30 35 06, florent@656editions.net MARKETING ET PARTENARIATS : Aurélie Lamandé, aurelie.lamande@656editions.net ONT COLLABORÉ À CE NUMÉRO : Cécile Jarry, Florent Zucca, Céline Collot, Bertrand Genevi DIRECTION ARTISTIQUE ET RÉALISATION : François Jaillet PUBLICITÉS : Emilie Eggenschwiller, emilie@656editions.net, 06 66 88 14 87 ABONNEMENT : florent@656editions.net PRIX AU NUMÉRO : 25 euros TARIF ABONNEMENT pour 1 an (4 numéros) : 84 euros IMPRESSION ET ROUTAGE : Jouve-Print, 733 rue Saint Léonard, 53100 Mayenne
IC LE MAG / INDUSTRIES CRÉATIVES #16 FÉVRIER 2021
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IDÉES À SUIVRE
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Un trimestre à travers l’œil d’IC LE MAG.
EN VUE
ATELIER IMAGES & CIE prend le virage de la déco !
L’ACTUALITÉ
42| GRAND ANGLE
DES EXPERTS DU SECTEUR DE L’IMPRESSION ET DE LA COMMUNICATION VISUELLE
Découpe et gravure laser : Quand la com’ met les formes !
65| LES NEWS DE LA FAB
© Craft & Co
→ EXAPRINT DÉPLOIE SON OFFRE PACKAGING
54| DIGITAL MÉDIA
© Phenix Groupe
« Le DOOH est un média de contenu » Interview de Sébastien Romelot, co-fondateur et président de Phénix Group
→ LA VISUALISATION 3D DISPONIBLE DANS CERVOPRINT → XEIKON ET XEROX MISENT SUR L’EMBELLISSEMENT NUMÉRIQUE → EFI INVESTIT SUR LA SIGNALÉTIQUE TEXTILE → IMPRESSION ET PERSONNALISATION EN LIGNE CHEZ ROLAND DG → LES ACTUALITÉS MACHINES ET SUPPORTS
74| INTERVIEW → « LA 3D EST UN MARCHÉ ÉMERGENT, MAIS EN TRÈS FORTE CROISSANCE » RENCONTRE AVEC MARTIAL GRANET, NOUVEAU DIRECTEUR DE FILIALE FRANCE CHEZ MIMAKI
76| BUSINESS → BIESSE ET MASSIVIT : L’UNION FAIT LA FORME → BOBST ACCÉLÈRE SON TOURNANT NUMÉRIQUE → LES DERNIÈRES ACQUISITIONS DE MACHINES
80| REPORTAGES 60| ÉVÉNEMENT Construire le print de demain sur le salon C!Print
→ HOPEN S’OUVRE À DE NOUVEAUX HORIZONS → LA BELLE HISTOIRE D’OLESMASQUES, NOUVELLE MARQUE MADE IN ALSACE → IMPRIMERIE EUROPÉENNE : UNE NOUVELLE PLATEFORME EN 2021
86| SÉRIE LIMITÉE N°ISSN : 2552-5573 DÉPÔT LÉGAL : à parution COMMISSION PARITAIRE : en cours. Pays d’origine
du papier : Espagne - Pas de fibres recyclées - Certification : PEFC - Impact sur l’eau (P tôt) : 0.02 kg/tonne. Conformément à la loi du 11/03/57, toute reproduction même partielle des articles et illustrations publiés dans IC le Mag est interdite sans accord de la société d’édition.
→ UN CLONE EN IMPRESSION 3D POUR TRIX, LE CÉLÈBRE T-REX DU MUSÉE NATURALIS
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GRAND TÉMOIN
Philippe VANHESTE directeur général adjoint du GROUPE PRENANT
© Landa Digital Printing
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Un an après la mise en production de la première - et unique presse nanographique Landa en France, le GROUPE PRENANT passe sa machine en sept couleurs et annonce la pré-réservation d’une deuxième unité au constructeur israélien. De la communication financière à la signalétique retail, en passant par les catalogues et la presse, le groupe français fait tourner son joyau à plein régime et souhaite le pousser encore plus loin, afin d’aborder le secteur du luxe. Bilan et perspectives avec son directeur général adjoint, PHILIPPE VANHESTE.
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Plus d’un an après l’installation de votre presse Landa S10P sur le site de votre filiale Diamant Graphic, à Choisy-le-Roi, pouvez-vous nous rappeler ce qui a poussé le Groupe Prenant à miser si gros (la presse affiche un prix catalogue de 4 millions d’euros, ndlr) sur la technologie d’impression nanographique ? Nous cherchions une solution numérique en format 70 x 100 cm, ce qui réduit drastiquement le choix. Ensuite, nous voulions utiliser les mêmes papiers qu’en offset. Enfin, nous souhaitions maintenir la qualité de rendu. Or, jusqu’à l’arrivée de Landa, passer de l’offset au numérique, c’était accepter une certaine baisse de qualité. Il faut également ajouter que la S10P nous permet de rouler à des vitesses qui se rapprochent de l’offset. La presse a été installée à l’automne 2019, pour une mise en production début 2020. Nous avons d’abord produit des travaux sans personnalisation, en transférant des volumes de l’offset vers la Landa. Puis, nous avons élargi la gamme des supports au non couché, aux papiers de création et même au papier pierre. Enfin, à partir de l’été, nous avons débuté les travaux en amalgame, avec de la personnalisation : du repiquage, puis des codes-barres et des QR codes. Nous avons, par exemple, personnalisé et imprimé une série de 100 000 cartes de visite avec 100 000 QR codes différents, en partenariat avec notre filiale ARgo. C’est un vrai cap industriel, mais bientôt nous monterons à plusieurs millions d’exemplaires. Sur quels types de produits travaillez-vous et pour quelle clientèle ? La communication financière a sollicité la Landa. Nous avons fait des dossiers de presse, que nous pouvons personnaliser pour chaque journaliste ou influenceur. La signalétique retail, avec la signature d’un partenariat avec l’agence Mediaperformances pour des kakémonos en
grande distribution, a représenté un gros débouché. Nous avons aussi produit des affiches de théâtre, des nuanciers de peinture, des prototypes de catalogues, et de la presse en raison d’une très bonne restitution sur papier non couché, là où il y a un effet buvard en offset. Nous avons aussi imprimé un numéro collector de 262 pages du magazine Elle Décoration, tiré à 1100 exemplaires au format 24 x 32 cm, destiné aux influenceurs, annonceurs et relations presse du titre. Sur un produit comme celui-là, avec de très belles photographies, la qualité offerte par la Landa est supérieure à l’offset. Quels développements apportez-vous à la machine ? Des investissements sont-ils prévus à court ou moyen termes ? Nous venons de passer la Landa en sept couleurs, avec l’ajout de l’orange, du vert et du violet, des couleurs d’habitude très instables en offset. Il s’agit de la première Landa S10P au monde en sept couleurs recto/verso. Une nécessité pour aborder le secteur du luxe, très exigeant sur la qualité.
« ON NE DEMANDE PLUS AUX CRÉATIFS DE S’ADAPTER AU MONDE INDUSTRIEL, C’EST BIEN L’INDUSTRIE QUI SE RAPPROCHE D’EUX. C’EST LE SENS DE L’HISTOIRE : LE RVB DEVIENT GÉNÉRALISTE POUR TOUS LES CORPS DE MÉTIER » Philippe VANHESTE
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Philippe VANHESTE directeur général adjoint du GROUPE PRENANT
Et avec l’ajout de ces tons directs, nous allons pouvoir séparer le RVB en sept couleurs, sans passer par l’étape CMJN. Un bel ordinateur ne fait pas un bel imprimé : là, nous allons restituer ce qui apparaît à l’écran. C’est un rêve de créatif et de photographe. C’est également un progrès pour la cohabitation print-digital, puisque seule la résolution change. On ne demande plus aux créatifs de s’adapter au monde industriel, c’est bien l’industrie qui se rapproche d’eux. C’est le sens de l’histoire : le RVB devient généraliste pour tous les corps de métier. Par ailleurs, nous avons pré-réservé une deuxième machine S10P sept couleurs auprès de Landa. Nous devons faire face à une hausse des commandes, mais sur des productions moins linéaires, avec un timeto-market de plus en plus court. Avec deux machines, nous pourrons assumer tous les travaux, sur des petites et grandes séries, en données fixes ou variables. Il y a deux ans, au moment de l’achat de la Landa, vous insistiez sur le fait que le print devait être « ennobli, personnalisé et connecté » pour apporter de la valeur ajoutée. Ce postulat se vérifie-t-il, aujourd’hui que la machine tourne ? Oui, nous assumons plus que jamais cette baseline ! Chez nos interlocuteurs, le sujet est bien compris. Et ça ne se limite pas à la Landa. Nous avons ajouté des têtes jet d’encre Kodak sur une ligne offset et ça prend très bien. Nous avons, par exemple, personnalisé trois millions d’exemplaires d’une communication du groupe Sephora. Les volumes baissent, mais les papiers sont plus épais : on imprime moins, mais mieux. Il n’y aura pas d’arrêt du print, mais le support imprimé n’aura de sens que s’il est conservé dans le temps.
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« UN BEL ORDINATEUR NE FAIT PAS UN BEL IMPRIMÉ : LÀ, NOUS RESTITUONS CE QUI APPARAÎT À L’ÉCRAN. C’EST UN RÊVE DE CRÉATIF ET DE PHOTOGRAPHE » Philippe VANHESTE
© Landa Digital Printing
GRAND TÉMOIN
TECHNIQUE Le procédé nanographique utilise une encre aqueuse comportant des particules de pigments de quelques dizaines de nanomètres. Le process commence par la projection de milliards de gouttelettes sur un blanchet. Chaque gouttelette qui atterrit sur le blanchet chauffé s’y étale et perd très vite son eau, en s’amincissant d’autant. Quand toute l’eau s’est évaporée, il ne reste plus qu’un film polymère sec ultramince, formant les images imprimées les plus fines du secteur. Une fois cette fine couche de 500 nanomètres appliquée sous pression au support, elle adhère fermement et instantanément à sa surface, sans y pénétrer, évitant les problèmes d’humidité et de pénétration de l’encre. Les images ainsi formées sont durables et résistent à l’abrasion. Elles n’ont, de surcroît, pas besoin d’un séchage après impression. L’impression recto-verso est donc simplifiée et les imprimés peuvent être façonnés directement au sortir de la presse, même sur des équipements de finition agressifs.
IDÉES À SUIVRE UN TRIMESTRE À TRAVERS L’ŒIL D’IC LE MAG.
RETAIL DESIGN Une cave façon caverne d’Ali Baba, un bar-bibliothèque, des espaces dédiés aux afterworks et à des masterclass : le concept-store Drinks&Co, qui a ouvert ses portes fin novembre à Paris, est le parfait reflet des tendances qui émergent aujourd’hui dans l’univers du retail. Son design est signé de l’agence Saguez & Partners.
SAGUEZ & PARTNERS PLANTE LE DÉCOR POUR DRINKS&CO II8
Installé sur 500 m2 au cœur du quartier Saint-Lazare, à Paris, le concept-store Drinks&Co, dédié à l’univers des vins, champagnes, spiritueux et boissons sans alcool, bouscule les codes du secteur. Ni seulement boutique, ni simplement bar à cocktails, il se veut tout à la fois. Et bien plus encore. Côté magasin : une sélection soignée de plus de 1000 références venues du monde entier. Côté bar, Drinks&Co offre un programme événementiel qui prévoit notamment d’accueillir plusieurs bartenders iconiques en résidence. Le design du lieu a été imaginé par la célèbre agence Saguez & Partners. « Nous avons voulu créer un nouveau lieu d’expériences. Une destination atypique, où l’imprévu côtoie l’inattendu. Un magasin pour s’évader, parce que prendre un apéritif, c’est partir un peu, partir ailleurs », explique Yann Mignot, directeur de création. Une belle injonction, qui s’est traduite par la création d’une magnifique canopée, dont le faîtage varie selon les pièces, avec une fin de parcours plus colorée et fleurie.
UNE CANOPÉE ACOUSTIQUE
Sous les feuillages surdimensionnés, qui semblent tomber du plafond, règne une acoustique particulière, qui tient aux feuilles elles-mêmes, véritables pièges à sons formés de mousses acoustiques épaisses, taillées sur-mesure et habillées de tissus imprimés. Au sol, un magnifique plancher de chêne massif parachève le décor et fait le lien avec l’univers des vins et spiritueux, ses larges lattes rappe-
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lant les fûts de chêne dans lesquels on fait vieillir les meilleurs crûs. Enfin, le cuivre, autre matière chargée de sens, crée des reflets et fait un clin d’œil à l’univers de la distillerie. Présentés dans une grande bibliothèque qui file de pièce en pièce, les flacons ont revêtu leurs habits de lumière grâce à des jeux de miroirs et des éclairages LEDs placés sous les bouteilles. Quand la boutique ferme ses portes, des voilages légers et vaporeux comme du tulle tombent pour créer une impression de brume du soir. Le bar prend alors le relais : dans cet espace, deux grands comptoirs de près de 15 mètres accueillent alors les meilleurs bartenders du monde, qui jouent les maîtres de cérémonie.
Yann Mignot, directeur de création, et Olivier Saguez, fondateur de l’agence de design éponyme, portant l’une des feuilles acoustiques de leur canopée imaginée pour Drinks&Co. © Saguez & Partners
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Pour le concept-store Drinks&Co, l’agence de design Saguez & Partners a conçu cette magnifique canopée acoustique, dont le faîtage varie selon les pièces, avec une fin de parcours plus colorée et fleurie. Les feuilles, véritables pièges à sons, sont formées de mousses acoustiques épaisses, taillées sur-mesure et habillées de tissus imprimés. © Saguez & Partners
IDÉES À SUIVRE UN TRIMESTRE À TRAVERS L’ŒIL D’IC LE MAG.
AFFICHAGE Le lancement, début 2021, d’une collection capsule entre Gucci et The North Face, deux poids lourds du monde de la mode, a donné lieu à une opération de communication à fort impact, avec la création de fresques monumentales sur les murs de cinq métropoles. Deux marques iconiques aux valeurs communes, unies et mues par la même célébration de l’aventure : la collaboration entre le géant de l’outdoor The North Face et l’extravagante maison de luxe Gucci crée l’évènement. Avec des pièces exclusives, telles que des parkas, des bottes et des sacs de randonnée disponibles en quantité ultra limitée. Mais également avec une campagne de communication XXL, orchestrée aux quatre coins du monde. Si les photos de la collection ont été shootées dans les Alpes, par le photographe américain Daniel Shea, le lancement de la collection capsule a pris corps en milieu urbain, sous la forme de monumentales publicités OOH (out-of-home). Des installations de street art géantes, baptisées « Gucci Artwalls » et supervisées par Alessandro Michele, directeur artistique de la maison Gucci, sont ainsi apparues dans les rues de Hong-Kong, Shanghai, Londres, New York et Milan.
© Daniel Shea / Gucci
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UN OUTIL DRIVE-TO-STORE
THE NORTH FACE ET GUCCI : COMMUNICATION AU SOMMET
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D’une doudoune en trompe-l’œil dans la capitale lombarde à un monogramme floral inédit à Hong Kong, chaque œuvre a été produite sur-mesure, in situ. Une mise en scène spectaculaire, 100 % « instagrammable », conçue pour créer le buzz, mais aussi pour attirer les clients dans les points de vente les plus proches. Ainsi, à New York, l’adresse d’une boutique a été peinte en toutes lettres sur le mur, afin de favoriser le drive-to-store. En Chine, l’intégration d’un QR code dans la fresque renvoie vers un pop-up store Gucci. La griffe italienne, coutumière de ce type d’opération d’affichage depuis plusieurs saisons, s’est associée à des prestataires fidèles pour concrétiser ses artwalls, tels les experts de la peinture murale Colossal Media à New York et les Italiens d’Urban Vision à Milan et à Londres.
IDÉES À SUIVRE UN TRIMESTRE À TRAVERS L’ŒIL D’IC LE MAG.
COMMUNICATION IMPRIMÉE
IKEA, GOOGLE, AMAZON… JE PRINT, MOI NON PLUS !
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Ikea annonçait, au mois de décembre, l’arrêt de son célèbre catalogue papier. Édité depuis 70 ans, tiré à plus de 200 millions d’exemplaires et publié en 32 langues dans plus de 50 pays, le catalogue du géant suédois, bible des temps modernes, était l’un des supports imprimés les plus diffusés au monde. Mais dans le même temps - comble de l’ironie les mastodontes du digital, Google et Amazon en tête, prennent le contrepied d’Ikea et réinvestissent les médias imprimés, en publiant catalogues et magazines, sur des volumes parfois très conséquents. Deux visions qui interrogent sur la place du print dans le mix de communication des marques. La nouvelle a fait le tour du monde en quelques clics. Le 7 décembre dernier, Ikea annonçait l’arrêt définitif de son célèbre catalogue papier, après 70 ans d’existence. Une petite bombe, tant l’ouvrage du géant de l’ameublement était devenu, au fil des ans, le maître-étalon de la communication imprimée, avec ses chiffres hors-normes qui en ont fait l’un des supports print les plus diffusés au monde : plus de 200 millions d’exemplaires, 32 langues, 69 versions et une présence dans quelque 53 pays du globe ! « La consommation de médias et les comportements d’achats des clients ont changé. Ikea accroît déjà ses investissements digitaux, tandis que les volumes et l’intérêt pour le catalogue ont baissé », justifie Konrad Grüss, directeur général d’Inter IKEA Systems, le franchiseur du groupe, qui indique néanmoins vouloir
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publier, à l’automne 2021, un livre de décoration en « hommage » à son défunt catalogue et qui serait distribué dans les magasins de l’enseigne.
UNE LOGISTIQUE MONUMENTALE
Si Konrad Grüss assure qu’il ne s’agit pas là d’une décision économique, la décision interpelle, notamment au regard des moyens jusqu’ici alloués par Ikea à la production de sa « bible », qui cannibalisait près de 50 % du budget marketing de l’enseigne ! Il faut dire que la démonstration de force était colossale. Le groupe déployait chaque année une armée de décorateurs aux quatre coins du monde afin de saisir les spécificités culturelles et les tendances propres à chaque pays où le catalogue serait distribué, afin d’en adapter le contenu. Puis tout était soigneusement mis en scène dans le monumental studio de 9000 m 2 du groupe, installé dans la petite ville suédoise d’Älmhult, berceau historique d’Ikea. Des milliers de prises de vue étaient alors réalisées pour immortaliser tous les décors sensés inspirer ensuite les clients français, américains, japonais, etc. en fonction des observations des décorateurs « maison ». Pour l’impression, l’enseigne d’ameublement faisait appel à plus de 30 prestataires différents, capables de produire cet ouvrage comptant en moyenne de 300 à 400 pages ! Sans compter l’acheminement dans chaque pays, puis la distribution en boîtes aux lettres.
UNE STRATÉGIE EN QUESTION
Économiser de telles ressources dans le contexte économique actuel serait compréhensible. Pourtant, le groupe suédois, dont les ventes en ligne ont bondi de 45 % l’an passé, assure vouloir
QUAND LES GAFAM PASSENT AU PRINT
D’un autre côté, l’argument écologique régulièrement avancé pour justifier l’arrêt du print est aujourd’hui battu en brèche. L’impact environnemental du digital - peu questionné jusqu’ici - fait de plus en plus l’actualité, quand la filière papier a depuis longtemps fait son aggiornamento sur le sujet et pourrait faire office d’exemple pour de nombreuses industries. Certains géants du digital ont bien saisi ces enjeux et - ironie du sort découvrent les vertus du print en investissant dans la production à fort tirage de médias imprimés comme des magazines ou… des catalogues. C’est notamment le cas d’Amazon qui, depuis trois ans maintenant, édite, imprime et distribue
© Amazon
© Ikea
réinvestir le budget ainsi épargné dans d’autres canaux, et accélérer une digitalisation qui passe désormais en marche forcée. Abandonner son principal support de communication imprimée au profit d’une présence digitale accrue pose néanmoins question. En France, dès le milieu des années 2010, des leaders de la vente à distance comme les 3 Suisses ou la Camif sont rapidement revenus sur leur décision d’arrêter le papier pour passer au tout digital, en renouant le lien avec leurs clients grâce à des catalogues allégés et connectés. Or, aujourd’hui, les bénéfices des technologies d’impression numérique - personnalisation, ennoblissement - combinés à un écosystème de plus en plus mature en matière d’imprimé connecté (incarné, en France, par la société ARgo), offrent aux marques des solutions pertinentes et efficaces pour proposer des supports imprimés intelligents et à forte valeur ajoutée.
en boîte aux lettres (ainsi que dans ses Amazon Bookstores et quelques retailers partenaires) des millions d’exemplaires de son catalogue de Noël sur le territoire américain. Un ouvrage de 92 pages, connecté à la plateforme de vente en ligne grâce à des QR codes, qui propose un condensé des produits phares des plus grandes marques de jouets disponibles sur la plateforme, mais également des pages plus ludiques pour toute la famille (recettes, jeux, activités). C’est également le cas de Google France. Depuis un an, la filiale française du géant américain édite la revue Azerty, un magazine dédié à la vie numérique et la technologie, qui « allie approche pédagogique et contenu expert centré sur l’humain et les implications du digital dans nos quotidiens », selon les mots de l’agence TBWA/ Corporate, qui accompagne Google dans la réalisation de l’ouvrage. Azerty, qui a déjà publié trois numéros, est distribué en tant que supplément par une dizaine de titres de presse : Le Point, M le Mag, L’Obs, L’Opinion, Les Échos, Le Parisien, Le Figaro Mag, Courrier International, L’Express et le JDD. L’été dernier, le deuxième numéro d’Azerty a même été édité à 1,6 million d’exemplaires ! Connecté et répondant à un double objectif commercial et de relation client chez Amazon, premium et répondant à double objectif d’information et d’affirmation de sa position d’expert chez Google : les supports imprimés s’invitent avec force chez les Gafam. Une tendance qui, s’il en était besoin, (re)légitime le print dans le mix de communication des marques. CØFD.
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IDÉES À SUIVRE
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Célèbre pour son travail sur le vide et pour ses classiques de la peinture revisités sans personnage, le photographe espagnol José Manuel Ballester s’est attaqué à Guernica, pièce maîtresse d’une exposition qui lui est actuellement consacrée au musée Guggenheim de Bilbao. Pour sa réinterprétation du chef-d’œuvre de Picasso, l’artiste a fait appel au spécialiste des industries graphiques Estudios Durero et au constructeur de machines d’impression numérique Durst.
JOSÉ MANUEL
BALLESTER
RÉINTERPRÈTE GUERNICA GRÂCE À L’IMPRESSION NUMÉRIQUE
IC LE MAG / INDUSTRIES CRÉATIVES #16 FÉVRIER 2021
© FMGB Guggenheim Bilbao Museoa, 2021
PHOTOGRAPHIE
UN TRIMESTRE À TRAVERS L’ŒIL D’IC LE MAG.
L’impression numérique se fait une place au musée. Et pas n’importe lequel : au Guggenheim de Bilbao. Le musée d’art moderne et contemporain de la capitale basque accueille actuellement une exposition consacrée au photographe José Manuel Ballester, célèbre pour son travail sur le vide et notamment pour ses réinterprétations des grands classiques de la peinture, que l’artiste espagnol revisite en y faisant disparaître les personnages (humains ou animaux). José Manuel Ballester - qui a travaillé sur des toiles comme Les Ménines de Velázquez ou Le Jardin des délices de Jérôme Bosch - s’est attaqué cette fois-ci au Guernica de Picasso. Huile sur toile datant de 1937, symbole de la dénonciation de la violence franquiste et fasciste, puis de l’horreur de la guerre en général, le chef d’œuvre du maître espagnol est conservé depuis 1992 à Madrid, au Musée Reina Sofía. Pièce maîtresse de l’exposition « 2020/03/15 José Manuel Ballester » du musée Guggenheim, l’œuvre « En torno al Guernica, 2009/2020 » est une version évidée ou désertée de la toile de Pablo Picasso, qui véhicule un regard nouveau sur l’épisode historique, la tragédie humaine, ainsi que sur la peinture elle-même. « Mon intervention sur Guernica est une tentative de ramener à l’époque actuelle les événements qui ont motivé la création de ces œuvres, pour les mettre en parallèle avec les conflits actuels existant dans le monde. Ce sont des événements qui nous choquent et nous émeuvent, mais qui, en même temps, s’effacent de notre conscience en s’éloignant dans le temps. Faire disparaître les personnages des œuvres nous transpose dans un décor de désolation, absurde, et cela rend encore plus évidentes les terribles conséquences de la barbarie humaine »,
explique José Manuel Ballester, qui a choisi de garder, comme unique traçe du vivant issue de l’œuvre originale, la petite fleur qui côtoie l’épée…
UN TIRAGE UNIQUE, SANS DROIT À L’ERREUR
Pour réaliser ce nouveau Guernica, le Guggenheim s’est alors tourné vers la société basque Estudios Durero, spécialiste des arts graphiques équipé de longue date de machines d’impression numérique Durst. Le musée a confié au prestataire un support unique en lin, tissé à la main et enduit d’un revêtement blanc spécial, de dimensions 3,5 par 7,8 mètres, soit la taille exacte de la toile de Picasso. José Manuel Ballester et les experts d’Estudios Durero se sont alors rendus au Customer Experience Center du constructeur italien Durst, à Bressanone, afin d’y imprimer l’œuvre du photographe sur une machine grand format Rho 512, imprimante six couleurs roll-to-roll LED UV. Disposant juste assez de support pour un seul tirage (pas même pour un test), les partenaires de l’opération n’ont donc eu aucun droit à l’erreur. « Dans le travail original de Picasso comme dans la réinterprétation de Ballester, l’œuvre est composée
uniquement d’une très vaste palette de gris et d’une très haute résolution dans ses nuances, donc la qualité d’impression devait être exceptionnelle, afin d’offrir une reproduction très fidèle. Cela aurait été impossible sans la Durst Rho 512 six couleurs », déclare Ander Soriano, dirigeant d’Estudios Durero. Dans les salles du musée Guggenheim (et sur le site internet de l’exposition), le Guernica de José Manuel Ballester côtoie une sélection de photographies grand format de l’artiste, qui montrent les rues et places désertes de la ville de Bilbao pendant le confinement du printemps 2020. Un dialogue et une mise en abyme particulièrement impressionnants.
José Manuel Ballester, En torno al Guernica, 2009/2020, © FMGB Guggenheim Bilbao Museoa, 2021
IDÉES À SUIVRE UN TRIMESTRE À TRAVERS L’ŒIL D’IC LE MAG.
PAPIER
© Marianne Guély
MARIANNE GUÉLY
SUBLIME LA CARTE DE VŒUX D’IGGESUND
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Le rituel de la carte de vœux du papetier suédois Iggesund Paperboard - confiée chaque année à un prestataire différend - fait toujours l’objet d’une saine émulation dans le milieu des arts graphiques. Après la « forêt enchantée » du studio américain Structural Graphics - qui permettait de simuler une aurore boréale grâce à son smartphone placé sous une boîte carton découpée au laser et équipée d’un QR Code - retour à un peu plus de sobriété cette année grâce au studio parisien Marianne Guély, spécialiste du matériau papier. D’aucuns diront sans doute plus d’élégance… Pour sa carte de vœux, la designer française a choisi d’aborder le thème de l’union de l’homme et de la nature, en illustrant sa création avec les anneaux de croissance d’un arbre et une frise d’individus. « L’homme est un arbre qui marche. Nos pieds sont nos racines, notre ancre. Les anneaux de croissance de l’arbre reflètent nos émotions et notre lien au monde et à la nature », explique Marianne Guély.
UNE TECHNIQUE TRADITIONNELLE REMISE AU GOÛT DU JOUR
Mais ici, sobriété rime avec sophistication. En effet, la carte conçue par le studio parisien fait appel à des techniques de finition élaborées. Outre une couche de marquage à chaud métallisé, elle présente une myriade de trous minuscules qui laissent passer la lumière. Un résultat obtenu en utilisant la technique de micro-perçage de haute précision de l’entreprise Delta Neo, basée à La Ferté Bernard (Sarthe). Un procédé mécanique traditionnel, que la société française a récemment appliqué à différents supports, dont le carton. Grâce au micro-perçage, Delta Neo reproduit
IC LE MAG / INDUSTRIES CRÉATIVES #16 FÉVRIER 2021
© Iggesund Paperboard
Comme chaque année, le papetier suédois Iggesund Paperboard a confié la conception de sa célèbre carte de vœux à un designer de choix. Le studio parisien Marianne Guély, spécialiste du matériau papier, a relevé le défi en réalisant une carte sobre et élégante, sur le thème de l’union de l’homme et de la nature. À partir du carton graphique Invercote Creato, la designer s’est appuyée sur le savoir-faire en micro-perçage de la société française Delta Neo, pour créer un jeu de transparence et de lumière.
des motifs, des logos et des images à l’aide de forets de précision de 0,3 millimètre de diamètre seulement. « Cette technique offre un procédé de décoration somptueux, sans effet de brûlure, odeur ni décoloration, pour que le papier reste blanc, explique Pauline Gatineau, responsable du département micro-perçage de l’entreprise. Nous avons utilisé l’Invercote Creato 380 g/m2, un carton graphique lisse, facile à travailler. Et nous le réutiliserons sans aucun doute dans de futurs projets ». Conçu pour l’emballage et pour les applications de conception graphique, l’Invercote Creato d’Iggesund Paperboard offre une esthétique et des propriétés d’impression exceptionnelles, avec deux côtés couchés et une finition satinée. Grâce à sa composition multijet en pure cellulose blanchie, il offre une résistance et une endurance supérieures à celles des cartons composés de pâte mécanique ou recyclée, ou même de pure cellulose en fabrication monojet.
© WWF
COVERING
LA WWF PREND LE BUS POUR DÉFENDRE LA FAUNE SAUVAGE Un autobus d’une espèce particulière a sillonné les routes du Danemark fin 2020. Bardé de visuels représentant une forêt tropicale, le véhicule faisait disparaître à chacun de ses arrêts les animaux sauvages illustrés sur ses portes : une campagne d’intérêt général impactante, pour sensibiliser à l’extinction de certaines espèces sauvages. La forêt tropicale s’invite en ville. Après Lacoste et le détournement de son logo iconique, une nouvelle opération de communication remarquable pour la défense de la cause animale s’est tenue au dernier trimestre 2020, au Danemark cette fois. La WWF (World Wildlife Fund) en est à l’initiative. L’ONG, fondée en 1961, publie un rapport bisannuel, Planète Vivante, qui dresse un panorama précis de l’état de la biodiversité à l’échelle du monde. Le constat est sans appel : la taille des populations de vertébrés sauvages a chuté de 68 % depuis 1970. Pour alerter l’opinion publique sur ce bilan alarmant, la WWF a fait appel à l’agence de communication Pong, basée à Copenhague. Le pitch était limpide : illustrer la vitesse
vertigineuse à laquelle les animaux sauvages disparaissent de la planète, en maximisant l’exposition du message dans l’espace public.
UNE MISE EN SCÈNE EFFICACE
La réponse des créatifs fut astucieuse. En usant d’un autobus au cœur de son dispositif, l’agence a trouvé le medium idéal pour répondre aux objectifs de la WWF : une diffusion du message à grande échelle - via la circulation du véhicule et sa surface d’affichage conséquente - et une matérialisation parfaite de l’extinction des animaux, grâce à l’action des portes. En effet, quand les portes de l’autobus s’ouvraient, le tigre, le gorille et l’orang-outan représentés sur celles-ci disparaissaient. Un symbole fort et imparable. Pour mettre en œuvre cette campagne outdoor, Pong et la WWF se sont associés à un expert de la communication sur autobus : Outofhomedia. Fondée en 2014, l’entreprise danoise gère la publicité de près de 3000 bus dans le royaume scandinave. Équipée d’un studio, Outofhomedia réalise l’impression des créations publicitaires en interne. Pour la WWF, la société a produit les visuels avec une imprimante ColorPainter M-64s du constructeur OKI et réalisé elle-même la pose des films Avery Dennison 3000 Series nécessaires au covering.
I I 17
IDÉES À SUIVRE UN TRIMESTRE À TRAVERS L’ŒIL D’IC LE MAG.
COMMUNICATION
© TakeOff Studios
Exit les petits carrés noir et blanc. Inventé par Éric Baesa, président des studios TakeOff, l’Art QR Code réconcilie (enfin) la forme et le fond, en faisant de cet outil de communication né dans les années 2000 un « bel objet » graphique, entièrement personnalisable.
« À l’heure des campagnes de communication 100 % personnalisées, il nous a semblé urgent de réconcilier la forme et le fond », explique Éric Baesa, président des studios TakeOff, inventeur de l’Art QR Code, flashcode graphique exclusif et connecté. Code-barres « évolué » des années 2000, voué à disparaître, le QR Code s’est refait une santé à la faveur de la crise sanitaire. En ces temps de confinement où l’on préfère ne plus rien toucher, les fameux petits carrés noir et blanc ont fleuri un peu partout - pour télécharger le menu d’un restaurant, une offre commerciale ou une vidéo redonnant ainsi le goût du support connecté au plus grande nombre et faisant de cet
© TakeOff Studios
I I 18
ON FLASHE POUR L’ART QR CODE DES STUDIOS TAKEOFF
« Aujourd’hui, il faut compter un mois et demi de travail à temps plein pour deux graphistes afin de réaliser un Art QR Code » Eric BAESA, président des studios TakeOff
IC LE MAG / INDUSTRIES CRÉATIVES #16 FÉVRIER 2021
outil, initialement utilisé par les usines Toyota pour identifier des pièces de voitures, un vrai support de communication. Seul bémol : son look ! Noir et blanc, avec un logo au milieu dans le meilleur des cas. Plus vraiment dans l’air du temps pour Éric Baesa, qui y voit un nouvel espace de création à imaginer.
UNE PROUESSE TECHNOLOGIQUE
Sauf qu’il ne suffit pas d’ajouter quelques graphismes pour que cela fonctionne. « Avant de devenir un bel objet graphique, l’Art QR Code est avant tout une prouesse technologique, souligne l’inventeur. Aujourd’hui, il faut compter un mois et demi de travail à temps plein pour deux graphistes afin de réaliser un Art QR Code, ce qui comprend le temps de calcul du logiciel, la création du script Photoshop et toute la création graphique ». Créé en 2003 par des ex-collaborateurs de l’éditeur de jeux vidéo Infogrames (Atari), TakeOff est un « creative services studio ». Présente à l’international (France, Royaume-Uni, Canada, Chine), la structure compte une centaine de créatifs spécialisés dans les besoins graphiques, vidéos, digitaux et expérientiels des leaders du divertissement et des loisirs. Autant d’expertises qui sont sollicitées pour mener à bien le projet Art QR Code, à commencer par l’équipe chinoise dont la mission consiste à comprendre la logique qui se cache derrière la fabrication d’un flashcode, pour pouvoir ensuite créer de toutes pièces un système permettant de personnaliser et de recoder chacun de ses détails. « L’idée était en fait de réussir
à convertir chaque information en donnée exploitable graphiquement. Une fois cette étape franchie, nous avions le champ libre pour proposer toutes les créations possibles et imaginables », résume Éric Baesa.
UNE FORMIDABLE CLÉ D’ACTIVATION PHYGITALE
À une époque où la dématérialisation des supports et la démocratisation des usages du sans contact s’amplifient et où l’intérêt des marques pour la personnalisation est plus qu’évident, l’Art QR Code coche toutes
les cases. Nestlé, Volvic, L’Occitane, McDonald’s, Disney ont d’ailleurs été séduits par l’approche. « Des projets sont en cours pour 2021 », confie Éric Baesa. Mais au-delà du simple outil graphique, il faut aussi voir dans cette innovation française une formidable clé d’activation phygitale, très pertinente pour un studio comme TakeOff, qui vient de lancer une nouvelle entité de création d’expériences digitales dans l’univers du luxe (TakeOff XP) et une structure dédiée au brand content et à la création de contenus sur Youtube dans les domaines street et lifestyle (GreenGarden).
TESTEZ-LE ! REGARDEZ CET ART QR CODE AVEC L’APPAREIL PHOTO DE VOTRE SMARTPHONE
© TakeOff Studios
Réalisation d’un Art QR Code pour Nike, par les studios TakeOff, à titre d’exemple (sans engagement de la marque). On y retrouve un clin d’œil à la ville de Beaverton, dans l’Oregon, siège mondial de la marque, ainsi que les portraits de ses fondateurs Philip Knight et Bill Bowerman. Au centre, Michael Jordan, légende du basket et égérie de la marque.
I I 19
IDÉES À SUIVRE UN TRIMESTRE À TRAVERS L’ŒIL D’IC LE MAG.
© Sony UK
COMMUNICATION VISUELLE
PLAYSTATION VERSUS XBOX : PUB SUR LA VILLE !
I I 20
Microsoft a dégainé le premier. Pour annoncer le lancement de la Xbox Series X, l’entreprise américaine a capitalisé sur le nouveau slogan de la console : Power your dreams (Donnez vie à vos rêves, en VF). La campagne de communication est donc lancée de nuit, en association avec l’agence parisienne Pavillon Noir. Le 9 novembre au soir, veille de la sortie française, des fresques lumineuses fleurissent à Paris, Lyon, Bordeaux et Marseille. Pas moins de 26 street artistes contribuent à leur réalisation, grâce à une peinture fluorescente. L’opération, qui reprend les visuels de plusieurs jeux emblématiques sur Xbox, appelle à rejoindre le lancement du live #XboxDream dévoilant la nouvelle console sur la plateforme de streaming vidéo Twitch. L’occasion pour six célèbres streamers (des gamers qui retransmettent en direct leurs parties de jeux vidéo, ndlr) d’arpenter les rues et de partir en quête des fresques depuis chez eux, guidés et assistés par leurs communautés. Sony n’a pas tardé à répliquer. Le 19 novembre, un dispositif d’affichage nocturne est déployé à Paris, dans le quartier de l’Opéra, pour la sortie de la PlayStation 5. Une occupation de l’espace urbain spectaculaire : le Café de la Paix s’orne d’une projection 3D, avec des animations anamorphiques créant l’illusion que la console traverse littéralement l’écran. À deux pas, la salle de L’Olympia s’habille d’un lettrage géant digne des plus grandes stars du divertissement. Cette campagne porte la signature de l’agence de branding anglaise Amplify, qui a orchestré le lancement de la console à Paris, mais également en Angleterre.
IC LE MAG / INDUSTRIES CRÉATIVES #16 FÉVRIER 2021
© Pavillon Noir
Une nouvelle génération de consoles de jeux inonde le marché depuis le mois de novembre. Si la sortie concomitante de la PlayStation 5 et de la Xbox Series X représentait un événement de taille pour la communauté des gamers, elle fut aussi l’occasion d’une lutte sans merci entre Sony et Microsoft sur le terrain de la communication.
SIGNALÉTIQUE ÉVÈNEMENTIELLE
À Londres, l’agence a d’ailleurs organisé une action de communication opportuniste. Notant la ressemblance frappante entre le cercle rouge du logo du métro londonien avec l’un des boutons de la manette PlayStation, Amplify et Sony obtiennent l’autorisation exceptionnelle de détourner le symbole du London Underground. Une déclinaison géniale, aux formes et aux couleurs des autres boutons de la console (triangle, carré et croix) est ainsi installée à la station Oxford Circus le 18 novembre. Un lieu qui ne doit rien au hasard : il jouit d’une importante fréquentation et, surtout, compte la boutique amirale de Microsoft parmi ses voisins. Un joli pied de nez de la part de Sony. Cette signalétique événementielle a été réalisée par la société anglaise A.J. Wells and Sons, qui produisait déjà la plupart de la signalétique du métro londonien. Ici, les symboles se composent d’acier inoxydable et d’aluminium. Afin d’obtenir précisément les couleurs requises par Sony, le signaléticien a réalisé une sérigraphie sur acrylique. Une fois assemblés, les panneaux ont été équipés d’un éclairage LED. L’ensemble du dispositif, comprenant également un adhésivage à l’intérieur de la station Oxford Circus, a été installé par A.J. Wells and Sons.
ÉTIQUETTES
BUDWEISER PERSONNALISE 644 BOUTEILLES POUR LE RECORD DE LIONEL MESSI Au mois de décembre dernier, Lionel Messi battait le record de buts inscrits sous les couleurs d’un même club, en marquant son 644e but pour le FC Barcelone. Pour célébrer cet exploit, le brasseur américain Budweiser, sponsor de la star argentine, a envoyé 644 bières personnalisées aux 160 gardiens ayant encaissé un but (ou plus) de Lionel Messi.
Contrairement à d’autres footballeurs, Lionel Messi n’est pas spécialement connu pour célébrer ses buts de manière excentrique ou originale. Mais son sponsor Budweiser s’est en chargé pour lui. Au mois de décembre dernier, la star argentine battait le record de buts inscrits sous les couleurs d’un même club - qui jusque-là appartenait au Brésilien Pelé et son club de Santos - en marquant son 644e but pour le FC Barcelone. Un exploit que le brasseur américain a célébré avec une opération de communication qui a fait le tour de la planète et des réseaux sociaux : la marque de bière a produit une série limitée de 644 bouteilles personnalisées, qui ont été envoyées aux 160 gardiens ayant encaissé un but ou plus de Lionel Messi.
© Budweiser
I I 21
Chaque « victime » du capitaine du FC Barcelone a ainsi reçu un beau coffret aux couleurs de l’opération, avec la ou les bouteilles de bière numérotées du ou des buts exacts encaissés. Ainsi, Gianluigi Buffon, le portier de la Juventus de Turin, qui avait pris deux buts de Lionel Messi dans un match de Ligue des Champions en 2017, a donc reçu les bouteilles numérotées 514 et 515. Pas rancunier, le légendaire gardien italien a posté une photo de son « cadeau » sur les réseaux sociaux, accompagné d’un bel hommage au buteur argentin. D’autres, à l’instar du Slovène Jan Oblak, gardien de l’Atlético de Madrid, ont également joué le jeu et permis à la campagne de Budweiser de faire le buzz. Avec respectivement 19 et 17 buts encaissés (un record) de Lionel Messi - et autant de bières reçues - les gardiens Diego Alves et Iker Casillas ont, eux, préféré jouer la carte de la discrétion. On les comprend…
© Budweiser
ÉTIQUETTES PERSONNALISÉES ET BUZZ SUR LES RÉSEAUX
« Victimes » de Lionel Messi, respectivement à deux et trois reprises, les gardiens Gianluigi Buffon et Jan Oblak ont reçu les bières numérotées correspondant exactement aux buts encaissés.
EN VUE
ATELIER IMAGES & CIE
PREND LE VIRAGE DE LA DÉCO !
© Jolie Galerie
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IC LE MAG / INDUSTRIES CRÉATIVES #16 FÉVRIER 2021
Niché au cœur du quartier des Puces de Saint-Ouen, le spécialiste de l’impression numérique grand format et de la communication événementielle a mis à profit son année 2020 pour concrétiser le développement de son offre de décoration murale. Une diversification stratégique, appuyée par plusieurs investissements et la construction de partenariats stratégiques avec le monde de la création. Par Cécile Jarry
C
réer le dialogue entre la création et la technique fait partie des enjeux majeurs auxquels les professionnels de la décoration imprimée doivent désormais répondre pour faire grandir un secteur dont le potentiel est immense. Ce dialogue, l’entreprise Atelier Images & Cie a décidé de l’engager il y a quelques mois, pour diversifier son activité dans le domaine de la décoration murale et de la personnalisation d’espaces. Spécialiste de l’impression numérique grand format et de la communication événementielle, l’entreprise de Saint-Ouen a choisi d’ouvrir les portes de son atelier aux designers, architectes d’intérieur, artistes et photographes, pour leur faire découvrir toute l’étendue de ses savoir-faire, des compétences de son studio graphique à celles de son atelier d’impression. Des gammes d’échantillons richement illustrées ont été produites à cette occasion.
Tessier-Morin, Pdg d’Atelier Images & Cie. Avec son studio graphique où travaillent des spécialistes de l’image, ses solutions d’impression numérique respectueuses de l’environnement et une table des matières riche en références avec des papiers peints, des adhésifs et du textile, l’entreprise a mis toutes les chances de son côté pour réussir. Dans son atelier de lamination et d’adhésivage, les clients ont aussi la possibilité de faire restaurer des papiers peints d’époque ou d’utiliser un scanner grand format pour les reproduire à l’identique.
I I 23
UN ATELIER EN ORDRE DE MARCHE
« Il y a aujourd’hui des trésors chez les fabricants et les imprimeurs, dont les créatifs n’ont même pas idée. À nous de jouer les interprètes pour leur ouvrir les yeux sur tout ce qu’il est possible de faire en termes d’impression et leur donner ainsi la possibilité de travailler et de créer en grand format, sur d’autres supports », explique Pascale
« IL Y A AUJOURD’HUI DES TRÉSORS CHEZ LES IMPRIMEURS, DONT LES CRÉATIFS N’ONT MÊME PAS IDÉE. À NOUS DE JOUER LES INTERPRÈTES POUR LEUR OUVRIR LES YEUX SUR TOUT CE QU’IL EST POSSIBLE DE FAIRE EN TERMES D’IMPRESSION » Pascale TESSIER-MORIN, Atelier Images & Cie
MAI 2020
Lancement d’une gamme éco-responsable, composée de toiles sans PVC, de supports de communication en bambou et de nouveaux supports rigides responsables. Labellisation Imprim’Vert.
JUIN 2020
Arrivée dans l’atelier d’une nouvelle machine Epson, avec des encres certifiées Greenguard Gold et du blanc de soutien.
SEPTEMBRE 2020
Lancement d’une gamme technique de papiers peints personnalisables.
EN VUE ATELIER IMAGES & CIE PREND LE VIRAGE DE LA DÉCO !
I I 24
« Nous avons fait plusieurs investissements en 2020 pour compléter notre offre. Notre atelier est aujourd’hui en ordre de marche. Mais nous n’en sommes qu’au début du chemin, car nous ne sommes pas éditeurs, précise Pascale TessierMorin. Pour se distinguer sur un marché ultra concurrentiel comme celui du papier peint, le savoir-faire est une chose, mais ne suffit pas. Il faut lui adjoindre aussi un écosystème créatif, afin de pouvoir proposer des univers différents de ce que l’on peut trouver un peu partout. Le nerf de la guerre reste le fichier de création ». Artisans d’art et entreprises du patrimoine vivant gravitent aujourd’hui dans l’univers d’Atelier Images & Cie, qui débute également une collaboration avec la Jolie Galerie, nouvelle venue sur le marché des murs illustrés, dont la particularité est de permettre aux artistes de sa galerie d’art venus du monde de l’illustration de s’exprimer sur d’autres supports.
UN ÉCHANGE GAGNANT-GAGNANT
« Nous sommes en train de construire un échange gagnant-gagnant avec Atelier Images & Cie. L’équipe de Pascale partage son expertise, pour permettre à nos artistes de s’exprimer ailleurs que sur une toile. De notre côté, nous venons avec toute la richesse de nos collections. Nous avons besoin de ce regard d’expert pour choisir les bons supports et adapter les fichiers aux configurations des lieux à personnaliser, résume Jeanne Chemla, fondatrice de la Jolie Galerie. Les artistes sont demandeurs et enthousiastes à l’idée de parti-
© Atelier Images & Cie
PERMETTRE AUX CRÉATIFS DE SE PROJETER SUR D’AUTRES FORMATS
ciper à ce type de projet. Pour eux, l’important est surtout de ne pas faire une simple reproduction d’un de leurs dessins, mais bien de produire une pièce unique, en grand format ».
UNE EXPÉRIENCE PLUTÔT QU’UN PRODUIT Faire vivre une expérience, plutôt que d’acheter un produit, voilà l’idée de cette collaboration qui ne devrait pas tarder à trouver son public, tant la demande en personnalisation d’espaces est devenue importante. Notamment dans les entreprises, qui s’inspirent de plus en plus des codes de la maison pour aménager leurs bureaux et améliorer ainsi la qualité de vie au travail de leurs salariés. Un nouveau mantra qu’Atelier Images & Cie a décidé de s’appliquer à elle-même, en habillant ses murs de fresques sur-mesure, dont une magnifique reproduction d’un Modigliani en cinq mètres.
« NOUS AVONS BESOIN DU REGARD D’EXPERT D’ATELIER IMAGES & CIE POUR CHOISIR LES BONS SUPPORTS ET ADAPTER LES FICHIERS AUX CONFIGURATIONS DES LIEUX À PERSONNALISER » Jeanne CHEMLA, Jolie Galerie
IC LE MAG / INDUSTRIES CRÉATIVES #16 FÉVRIER 2021
DOSSIER
MARIE CORNIÈRE Directrice générale de COPY-TOP
CHRISTOPHE DUDIT Pdg de CLOÎTRE IMPRIMEURS
I I 26
Imprimer aujourd'hui
UNE NOUVELLE FORME D’INTELLIGENCE EST EN TRAIN DE SE METTRE EN PLACE » IC LE MAG / INDUSTRIES CRÉATIVES #16 FÉVRIER 2021
DOSSIER
MÉLANIE RIOU-DÉSURIER Pdg de RIOU SOLUTIONS
I I 27 FRÉDÉRIC ROUX
JULIEN RIVATON
Président d’EXHIBIT GROUP
Pdg du groupe FAIRE-VALOIR
NATHALIE ROBIN
Présidente D’OXY SIGNALÉTIQUE
Six entrepreneurs du print nous livrent leur vision du marché.
DOSSIER IMPRIMER AUJOURD’HUI « UNE NOUVELLE FORME D’INTELLIGENCE EST EN TRAIN DE SE METTRE EN PLACE » SIX ENTREPRENEURS DU PRINT NOUS LIVRENT LEUR VISION DU MARCHÉ
Au sortir d’un exercice 2020 hors-normes, nous avons souhaité, pour ce premier dossier de l’année, donner la parole à des entrepreneurs des industries graphiques. Ils sont six - issus des quatre coins de la France et chacun positionnés sur des segments de marché différents à s’exprimer dans cette interview croisée. Bilans et perspectives, analyse des tendances, innovation et prospective… À travers les témoignages de ces dirigeants d’entreprises se dessinent les contours d’un marché en mutation, dont les transformations sont accélérées par la crise sanitaire et économique que nous traversons. Mais de craintes en espoirs, de difficultés en opportunités, tous croient fermement en l’avenir d’une industrie du print qu’ils contribuent chaque jour à faire évoluer. Propos recueillis par Cécile Jarry et Florent Zucca Entretien au long cours.
I I 28
Ce qu'il faut retenir Un arrêt brutal de l’activité au premier confinement, puis un redémarrage tiré par l’effort de guerre contre le Covid et certains marchés (décoration, PLV). Des entreprises qui s’adaptent et repensent leurs organisations et process. Une digitalisation omniprésente, qui a permis une continuité du business, mais qui a également poussé les clients à revoir leur consommation de print, de manière conjoncturelle. De manière plus structurelle, l’imprimé revient dans le mix de communication des marques et s’affirme dans le couple print-digital. Des transferts de volumes d’impression entre applications, notamment en faveur de l’étiquette, de la décoration et, surtout, du packaging, qui connaît un fort développement. Une prépondérance servicielle toujours plus forte, avec le lancement de studios de création internes, le recrutement de nouveaux profils plus « digitaux », l’intégration d’équipes de pose, le renforcement des départements marketing et communication. Dans l’objectif d’offrir une expérience et une solution complète aux clients. Le développement d’une intelligence collective avec de la co-création, de la mutualisation d’outils de production et de compétences, des groupements et regroupements d’entreprises, du partage d’expérience, des diversifications… pour être toujours plus résilients. Des innovations en matière de produits, d’applications et de services, mais surtout au niveau organisationnel et managérial, avec le développement de structures moins pyramidales et plus linéaires.
IC LE MAG / INDUSTRIES CRÉATIVES #16 FÉVRIER 2021
DOSSIER IMPRIMER AUJOURD’HUI « UNE NOUVELLE FORME D’INTELLIGENCE EST EN TRAIN DE SE METTRE EN PLACE » SIX ENTREPRENEURS DU PRINT NOUS LIVRENT LEUR VISION DU MARCHÉ
Nous avons vécu une année 2020 hors-normes. Comment avez-vous traversé cet exercice inédit ?
I I 30
Christophe DUDIT : Nous avons dû changer de référentiel, en arrêtant de comparer à N-1, mais en regardant le mois précédent. Nous nous en sortons plutôt bien, car nous sommes positionnés depuis longtemps sur une stratégie « imprimer moins, mais mieux ». Nous faisons beaucoup d’accompagnement, de conseil et de formation auprès des clients, pour leur expliquer l’intérêt du papier. En discutant avec les papetiers, début 2020, on sentait que le papier revenait en odeur de sainteté, que le print bashing était plutôt derrière nous, notamment en ce qui concerne la question environnementale. La crise du Covid a fait mal sur ce point. Marie CORNIÈRE : Nous avons été impactés à trois niveaux : par l’arrêt du secteur évènementiel (foires, salons, évènements intra-entreprises), par la crise économique qui entraîne une baisse des budgets marketing et communication chez nos clients, et par le développement du télétravail qui a pénalisé nos agences physiques, surtout celles situés dans les « triangles d’or » des grandes villes. Mais le groupe, qui a plus de 40 ans, est extrêmement solide et dispose d’une base de clients BtoB très large. Nous avons connu d’autres crises, nous traverserons celle-ci. Il faut s’appuyer sur ses forces.
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Frédéric ROUX : 2020 a évidemment été marquée par un coup d’arrêt brutal de l’activité. La mise en place d’une activité partielle a joué son rôle un certain temps, mais n’a pu empêcher un plan de licenciement sur l’entité Figarol. Un contexte difficile, qui nous a conduit à mettre en place des mesures pour optimiser notre organisation. Sur Figarol, nous avons utilisé le temps imparti pour mettre en place un processus de production plus agile et améliorer notre rentabilité. Travailler dans l’événementiel implique d’avoir des cycles de production bousculés, avec des fichiers qui arrivent au dernier moment et des délais de livraison très courts : un fonctionnement en mode pompier qui n’est pas optimal pour la productivité. Aussi, nous avons décidé mettre en place une gestion plus fine des commandes qui permet, par exemple, de pouvoir engager des productions par matière, avec un ordonnancement précis des fichiers. Par ailleurs, nous avons participé à l’effort de guerre contre le Covid, en proposant des dispositifs sanitaires aux professionnels et en cousant des blouses blanches pour les personnels soignants. Nous avons aussi proposé à nos clients de l’événementiel des visuels grand format en textile imprimé pour habiller les gradins des stades condamnés à rester vides... Cette crise nous a montré que nous étions capables de mobiliser une belle énergie pour continuer à aller de l’avant.
DOSSIER
Mélanie RIOU-DÉSURIER : Nous sommes des spécialistes de la communication sur le point de vente, nos clients sont de grands retailers, donc nous avons été frappés de plein fouet par la crise sanitaire. La veille du premier confinement, nous tournions en 3x8. Quarante-huit heures plus tard, nous n’étions plus qu’à deux jours de production. Nous avons continué à travailler, notamment pour des clients institutionnels, mais nous avons sollicité du chômage partiel. En conception, les projets ont été ralentis, mais pas arrêtés. Au global, si nous avons enregistré une baisse de 35 % du chiffre d’affaires annuel, le dernier trimestre a été bon, porté par l’explosion du click & collect, qui a représenté 70 % de l’activité à partir du mois de septembre. Julien RIVATON : Nous ne nous en sortons pas si mal. Nous avons été impactés par les confinements, avec une perte de 30 % de chiffre d’affaires. Mais les fondamentaux de l’entreprise sont solides, nous sommes propriétaires de notre bâtiment… donc l’impact financier a été limité. Les marchés de la décoration et de l’habillage de chantier se sont maintenus. La muséographie aussi, car même si les établissements ont été fermés, les expositions restent prévues et les appels d’offre ont été confirmés. Le retail, en revanche, était un peu en quitte ou double. Il y a bien eu des demandes, à Paris notamment, lors des soldes et réouvertures de magasins, mais l’activité était assez disparate. Enfin, la signalétique sanitaire a drainé de très grosses commandes, notamment au moment du déconfinement. Nous avons, par exemple, produit 11000 m2 d’adhésifs contrecollés en trois jours pour une chaîne de magasins.
« LES BESOINS DE COMMUNICATION ÉVOLUENT : IL Y A DES TRANSFERTS DE VOLUMES D’IMPRESSION ENTRE APPLICATIONS, ET NOTAMMENT VERS LA DÉCORATION ET LE PACKAGING » Marie CORNIÈRE, Copy-Top
Nathalie ROBIN : L’année 2020 a mis en exergue notre capacité à rebondir. Face à l’adversité, j’ai mesuré la capacité de nos équipes à se mobiliser pour continuer à avancer. Et ça, c’était formidable ! Le contexte était évidemment perturbant et incertain, mais l’énergie de l’équipe nous a permis de nous approvisionner en matières premières, pour livrer rapidement des solutions de distanciation physique, à nos clients. Cette capacité à réagir vite, cette volonté collective de ne pas subir le contexte, a donné un élan incroyable et a été un vrai vecteur de réussite, puisque nous avons terminé l’année avec un chiffre d’affaires équivalent à celui de 2019, sans aucun licenciement. Le recours à l’activité partielle et notre offre de solutions antiCovid ont sauvé notre année. Fin mars, j’ai demandé un prêt garanti par l’État, qui a été accepté. Mais il a surtout eu pour fonction de rassurer les équipes, puisque je n’ai pas touché un euro à ce jour. C’est l’implication des salariés qui nous a permis de tenir. Ils se sont sauvés eux-mêmes.
I I 31
DOSSIER IMPRIMER AUJOURD’HUI « UNE NOUVELLE FORME D’INTELLIGENCE EST EN TRAIN DE SE METTRE EN PLACE » SIX ENTREPRENEURS DU PRINT NOUS LIVRENT LEUR VISION DU MARCHÉ
La crise sanitaire et économique a-t-elle joué un rôle d’accélérateur de tendances ? Si oui, lesquelles ?
I I 32
Christophe DUDIT : Les entreprises ont accéléré la digitalisation de leur communication. On a déjà connu ça au début des années 2000 et la plupart des grandes entreprises qui avaient cédé au tout-digital sont revenues à plus d’équilibre avec le papier. Mais si, il y a vingt ans, cette tendance était tirée par de grands groupes leaders, elle atteint aujourd’hui le bas de la pyramide, jusqu’aux petites entreprises. Elles aussi en reviendront. Mais lorsque le balancier retrouvera un peu d’équilibre, certains volumes auront disparus. Nous nous intéressons nous-mêmes au digital, au travers de partenaires. Notre catalogue est connecté par exemple. Il ne faut pas avoir peur de la technologie digitale, mais savoir faire preuve de mesure.
« SAVOIR PRÉSERVER LA VALEUR DE SON TRAVAIL ET SES SAVOIR-FAIRE SERA POUR MOI UNE BELLE FAÇON D’INNOVER EN 2021 » Frédéric ROUX, Groupe Faire-Valoir
IC LE MAG / INDUSTRIES CRÉATIVES #16 FÉVRIER 2021
Marie CORNIÈRE : La crise joue clairement un rôle d’accélérateur de tendances. C’est une évolution, pas une révolution, qui tourne autour de deux axes. Premièrement, l’accélération de la relation client à distance : désormais, 45 % du chiffre d’affaires du site internet, sur les zones de chalandises de nos agences physiques, est réalisé en click & collect. Mais c’est l’opportunité pour nous d’améliorer et d’humaniser cette relation à distance, en offrant des services haut de gamme. Avec la crise, les clients ont besoin de petites attentions, comme un call de satisfaction après une livraison. Ils veulent qu’on les aide à être plus agiles, que nous soyons force de proposition pour des solutions alternatives sur certains besoins ou demandes. Deuxièmement, les produits. Si nous avons constaté une hausse conjoncturelle des solutions digitales - emailing, contenus, blogs - pendant la crise, nous voyons aussi une accélération structurelle du recours au couple print-digital : le digital seul ne suffit plus et le print revient dans le mix de communication des marques. Cette tendance, portée par les agences, était déjà présente avant crise et s’affirme. Enfin, la personnalisation des produits et les courtes séries sont plus que jamais d’actualité.
DOSSIER
Frédéric ROUX : Sans digital, nous n’aurions pas pu continuer à travailler. Mais la crise a montré aussi qu’il n’y avait pas d’effet de pendule et que si le digital a effectivement permis à de nombreuses entreprises d’assurer une certaine continuité de service, il n’a pas gommé pour autant le besoin de relations humaines. Nous le savions avant la crise, mais nous en avons eu la confirmation. Personne ne veut aujourd’hui d’une société 100 % digitale. Nous avons envie et besoin de retourner au stade, d’aller dans les musées, de se retrouver au café, de rencontrer nos partenaires sur des salons professionnels, de participer à des événements culturels... Beaucoup de choses étaient disponibles en ligne pendant le confinement, mais le compte n’y était pas. L’avenir réside dans la conciliation des deux univers. Dans leurs comportements d’achats, nos clients ont déjà cette approche : pour les commandes simples et récurrentes, ils passent par notre service de web-to-print, pour les projets plus sophistiqués, c’est l’humain qui prend la main.
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Des secteurs comme l’étiquette ou la décoration imprimée ont mieux résisté que d’autres. Le marketing direct, notamment, a été très touché. Comment l’analysez-vous ?
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Christophe DUDIT : Chez nous, la communication visuelle a enregistré une croissance de 30 % en 2020. Bâche, Dibond ou Akilux sont des supports qui fonctionnent très bien. Le packaging également a fait mieux que résister et connaît un fort développement. Le segment de l’étiquette est resté étal, avec des inégalités en fonction des secteurs : l’agroalimentaire a bien fonctionné, le viticole un peu moins. Enfin, la signalétique a clairement « profité » de la crise sanitaire. Aujourd’hui, un peu plus d’un dossier sur deux est imprimé en numérique, mais cela ne représente encore que 25 % du chiffre d’affaires. On tend vers ça, mais cela prendra du temps. Marie CORNIÈRE : Les marchés de l’étiquette et de la décoration bénéficient d’innovations technologiques - machines et supports - qui créent des besoins. Touché, comme lors de la crise financière de 2008, le marketing direct bénéficie néanmoins cette fois-ci d’une intégration dans le couple print-digital. Enfin, le marché de l’emballage personnalisé - pour lequel Copy-Top a consenti à des investissements machines est, lui, porté par des innovations sur les matériels d’impression, un accroissement des expéditions dû au e-commerce et un basculement du plastique vers le carton. Les besoins de communication évoluent : il y a des transferts de volumes d’impression entre applications, et notamment vers la décoration et le packaging. Quand l’impression 3D sera au point pour le mass market, nous assisterons à de nouveaux transferts, mais ce sera toujours du print.
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Julien RIVATON : La décoration imprimée, tout le monde s’y met. C’est une tendance préexistante, que la crise vient accélérer. Que ce soit au bureau ou chez soi, les gens prêtent beaucoup plus d’attention à la décoration, il y a un véritable besoin, peutêtre exacerbé par la crise actuelle. Mais en matière de décoration intérieur, il ne s’agit plus d’imprimer de jolis visuels, il faut aller plus loin. Les architectes, designers, scénographes demandent des supports de plus en plus techniques, avec des propriétés acoustiques, anti chaleur ou anti UV, antimicrobiennes, etc. Chez Exhibit, nous proposons des supports aux propriétés anti moustiques par exemple, ou encore des toiles avec du charbon actif capables de purifier l’air. Mélanie RIOU-DÉSURIER : Nous avons accéléré sur la partie digitale. On sait faire du QR Code, qui fait son grand retour en point de vente pour de l’aide à l’acte d’achat, on sait faire des bornes digitales, de la réalité augmentée, etc. Il faut maintenant le faire savoir. Mais l’imprimé a de l’avenir en retail, tout ne peut pas passer en digital. Pour la théâtralisation d’espaces, on ne peut pas mettre des hologrammes partout. Il faut juste produire sur des médias durables, rendre le print intelligent, puis s’occuper de la fin de vie des supports. Sur ce sujet, nous avons imaginé un système de récupération des PLV, qui passerait par les entrepôts régionaux de la grande distribution. Il faut maintenant convaincre les clients.
CLOÎTRE IMPRIMEURS
Expert de l’impression offset, de l’impression numérique et spécialiste du grand format, le groupe Cloître (dont le siège est basé à Brest) est le premier imprimeur de Bretagne. Avec cinq agences, 115 collaborateurs, 1900 clients actifs et 12 000 dossiers traités par an, le groupe réalise 14,5 millions d’euros de chiffre d’affaires.
COPY-TOP
Spécialiste des prestations de services en communication imprimée pour le secteur du B2B, Copy-Top dispose de 41 agences physiques, réparties sur tout le territoire, ainsi que d’un site e-commerce. Copy-Top possède aussi un atelier de production de 2000 m2 à Aubervilliers, où le groupe fait tourner près de 200 machines couvrant tous les besoins d’impression. Copy-Top réalise aujourd’hui 25 millions d’euros de chiffre d’affaires et compte 230 salariés.
FAIRE-VALOIR
Expert en théâtralisation d’espaces, le groupe familial Faire-Valoir possède trois entités : Améga Signalétiques pour la grande consommation, Figarol pour l’événementiel, le stand, la décoration et l’agencement, et Imega pour la pose, le montage et l’installation des productions imprimées. Le groupe dispose de savoir-faire complémentaires, répartis sur deux sites industriels, au Mans et à Tours.
RIOU SOLUTIONS
Spécialiste de l’impression numérique petit et grand format, Riou Solutions n’a jamais intégré le mot « imprimerie » à son identité. Théâtralisation d’espaces, packaging, merchandising, imprimé connecté, web-to-print, web-to-vidéo, données variables… l’entreprise du Pas-de-Calais est fournisseur de solutions graphiques pour les acteurs de la communication (agences, enseignes, marques et imprimeurs), dont le cœur de métier est le traitement des fichiers.
EXHIBIT GROUP
Exhibit Group réunit un ensemble de talents, créatifs et artisans dédiés à la matérialisation d’identité, à travers des solutions sur-mesure en impression numérique grand format, signalétique, PLV, affichage digital, décoration et aménagement d’espace pérenne ou événementiel, stands, pop-up stores et muséographie. Le groupe niçois regroupe 7 entités, emploie plus de 200 collaborateurs et réalise 35 millions d’euros de chiffre d’affaires.
OXY SIGNALÉTIQUE
Expert en solutions de marquage et de signalétique, Oxy accompagne ses clients depuis plus de 40 ans. Installée à Aubagne, sur un site de 7000 m², l’entreprise intègre toutes les techniques d’impression numérique et sérigraphique, de façonnage, d’assemblage, d’usinage, jusqu’au service de pose au niveau national. Elle emploie à ce jour une centaine de salariés.
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La notion de service a pris une dimension encore plus importante en raison de la crise. Elle a même été le nerf de la guerre pour certains. Envisagez-vous d’intégrer de nouveaux services et/ou de recruter de nouveaux profils pour répondre à ces attentes (en amont ou en aval de votre chaîne de production), quitte à imaginer de nouvelles activités et donc de nouveaux leviers de croissance ? I I 36
Christophe DUDIT : Ce mouvement a déjà commencé avant la crise, certains vont juste plus vite que d’autres. Nous venons apporter de la valeur ajoutée sur des niches, et ces niches prennent, chez certains acteurs, de plus en plus d’importance. Chez Cloître, c’est la signalétique. Il nous faut aller vers plus d’expérience client, revoir notre façon de penser la relation avec eux, en leur proposant - gratuitement - des contenus, des formations, des webinaires, etc. Nous vendons une stratégie de communication, dont l’impression n’est que l’outil. Mais pour ça, il faut des ressources. Chez Cloître, nous avons 25 personnes en marketing/commercial, c’est une bizarrerie dans le métier. Marie CORNIÈRE : Nous disposons déjà de notre propre studio de création, pour lequel nous recrutons des profils de plus en plus « digitaux », ainsi que d’une cellule de développement informatique. Mais nous recrutons aussi de nouveaux profils sur les métiers de l’emballage et de la pose de signalétique et décoration. La pose est un
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enjeu majeur, un vrai sujet, aussi important que le prépresse. Ce métier n’existait pas chez Copy-Top, nous voulons l’intégrer. L’objectif, c’est de proposer une solution complète aux clients. Julien RIVATON : Ces sujets ne sont pas nouveaux pour Exhibit, ils font partie de l’ADN du groupe. Cela fait près de quinze ans que nous disposons de notre propre service de R&D. Nous avons intégré l’électricité et la menuiserie, nous disposons d’une équipe de poseurs alpins, nous développons des plateformes web pour nos clients, nous accompagnons les marques sur de l’analyse de flux et du conseil en signalétique, nous avons créé notre propre studio de diffusion qui réalise de la captation vidéo et des évènements en ligne, etc. En matière de management aussi, notre modèle est différent. Nous misons sur l’intelligence collective : l’organisation est très linéaire, non pyramidale, les managers sont élus par les collaborateurs, les équipes de production choisissent eux-mêmes les machines, les formations des nouveaux arrivants sont assurées par les salariés, etc.
« IL FAUT FAIRE ÉVOLUER LES STRUCTURES VERS PLUS D’AGILITÉ ET DE TRANSVERSALITÉ. LES BONNES RESSOURCES SONT PARTOUT, OR, DANS UNE ORGANISATION PYRAMIDALE ON PEUT PASSER À CÔTÉ » Christophe DUDIT, Cloître Imprimeurs
Nathalie ROBIN : Nous avons tous plus ou moins les mêmes machines et les mêmes stratégies commerciales. Pour nous distinguer, il ne nous reste donc que le service. Associé à un outil de production agile, c’est ce qui nous permettra, j’en suis convaincue, de neutraliser l’impact de cette crise. La Boulangerie Ange, à qui nous avons fourni des casquettes-visières et des solutions de distanciation physique dès le début du premier confinement pour que les salariés de ses 160 points de vente puissent travailler dans de bonnes conditions, a signé avec nous car nous avions établi cette relation forte de confiance. Quand le directeur général de la franchise nous appelle, en mars 2020, ce n’est plus notre client, mais un homme qui a besoin d’une solution rapide à son problème. Nous ne sommes plus dans une relation classique client/fournisseur, mais dans une relation de confiance et de fidélité, et cela est extrêmement moteur pour une entreprise. J’ai d’ailleurs à cœur d’entretenir les mêmes relations avec mes fournisseurs de matières premières.
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Des espaces partagés, des mutualisations d’équipe, du partage de compétences, des groupements, voire même une concentration du secteur seront-ils nécessaires pour permettre aux entreprises françaises des arts graphiques de résister et d’affronter, le cas échéant, une nouvelle crise ? Quels sont les nouveaux modèles à inventer ? I I 38
Christophe DUDIT : Parmi les facteurs de résilience, on retrouve les groupements, comme ImpriClub (qui compte aujourd’hui 67 entreprises sociétaires et 84 fournisseurs partenaires, et dont Christophe Dudit a assuré la présidence de 2016 à 2020, ndlr). Partage d’expérience et communication entre entrepreneurs, mutualisation de compétences et de production, réponses groupées à des appels d’offres : les groupements sont des modèles de résistance. Néanmoins, la concentration du secteur va se poursuivre. Mélanie RIOU-DÉSURIER : Le changement de génération va aider. La génération d’avant était plus fermée. Moi, j’ai toujours cru au partage d’expérience : plus on crée de la demande, plus on génère de travail pour tout le monde. Nous avons par exemple lancé, pendant la crise, un site web-to-print en propre, baptisé monkitprotection.fr et dédié à la production de signalétique sanitaire pour les commerçants du Pas de Calais, qu’ils venaient récupérer en click & collect. Cette initiative nous a amené d’autres projets, plus « cœur
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de métier », puis permis de développer une offre en web-to-print dédiée aux imprimeurs non équipés en numérique et aux bureaux de fabrication, sur des produits récurrents. Frédéric ROUX : Une nouvelle forme d’intelligence est effectivement en train de se mettre en place, avec de la co-création, de la mutualisation d’outils de production et de compétences, et tout ce qui relève, de façon plus générale, de ce que l’on appelle l’économie de la fonctionnalité. Au sein du groupe Faire-Valoir, nous avons déjà initié ce mode de fonctionnement entre nos différentes entités. Mettre en place le même type de développement avec des confrères pourrait être intéressant, mais à la condition que cela ne nuise pas à l’agilité de l’entreprise. J’ajouterais également que nous avons construit notre entreprise autour de valeurs fortes, notamment en termes de services apportés à nos clients, et que cela doit rester au cœur de notre stratégie de développement et de croissance. La crise que nous traversons nous enseigne aussi cela.
DOSSIER
Julien RIVATON : Nous avons profité de cette période pour travailler sur une vision à dix ans avec les équipes, afin d’aligner nos valeurs avec le travail au quotidien. On sort de la crise en ayant travaillé les sujets de fond et accéléré certains projets. Nous avons investi 2,5 millions d’euros dans un bâtiment de 6000 m2 dans les Yvelines, auquel il faut ajouter 1 million d’euros pour les machines, dans lequel nous allons installer notre pôle scénographie/ muséographie. Un site que nous allons automatiser, robotiser, mais qui accueillera aussi de la menuiserie, de la serrurerie, de la peinture, ainsi qu’un bureau d’études intégré. Dans un registre complètement différent, nous avons créé, dans le centreville de Cannes, à côté du Palais des Festivals, un lieu hybride - baptisé Exil - à la fois appartement, showroom, lieu de vie. Il doit servir de lieu d’accueil (de clients, collaborateurs, partenaires) et de formation, de site évènementiel (réunions, conférences) ou encore de bureau commercial. Nathalie ROBIN : Être proactif vis-à-vis de ses clients est une bonne stratégie. Avoir une offre diversifiée est aussi un atout. Nous allons donc continuer en ce sens. Notre avons entamé notre diversification il y a dix ans et nous allons la renforcer. Nous sommes présents dans le ferroviaire, l’aéronautique, l’industrie, la communication, la signalétique, le retail et la muséographie : autant de cordes à notre arc qui vont nous permettre d’aller de l’avant. Malgré l’incertitude, certains chantiers ont repris. Nous répondons aussi à des appels d’offres. Cela peut marcher !
« J’AI TOUJOURS CRU AU PARTAGE D’EXPÉRIENCE : PLUS ON CRÉE DE LA DEMANDE, PLUS ON GÉNÈRE DE TRAVAIL POUR TOUT LE MONDE » Mélanie RIOU-DÉSURIER, Riou Solutions
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« NOUS AVONS PROFITÉ DE CETTE PÉRIODE POUR TRAVAILLER SUR UNE VISION À DIX ANS AVEC LES ÉQUIPES, AFIN D’ALIGNER NOS VALEURS AVEC LE TRAVAIL AU QUOTIDIEN » Julien RIVATON, Exhibit Group
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En 2021, « innover », pour vous c’est quoi ? Christophe DUDIT : L’innovation sera surtout managériale. Il faut faire évoluer les structures vers plus d’agilité et de transversalité. Les bonnes ressources sont partout, or, dans une organisation pyramidale on peut passer à côté. La responsabilité sociale et environnementale est aussi incontournable et doit faire l’objet d’une véritable stratégie. On ne fait pas de la RSE pour la rentabilité, mais parce qu’il s’agit d’une conviction. Enfin, il faudra développer le « consommer local ». On en bénéficie aujourd’hui avec la crise, mais c’est encore fragile, il faut le consolider.
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Marie CORNIÈRE : L’innovation, c’est être réactif et agile : cela signifie qu’il faut être capable de réduire les délais de R&D. La crise accélère cette tendance. Mais l’innovation est également organisationnelle. En interne, il existe également des relations clients-fournisseurs : les commerciaux sont bien fournisseurs de la production et clients du marketing. Il faut savoir se réorganiser, avec plus de circuits courts en interne : faire mieux avec moins, challenger ses process. Frédéric ROUX : Avec cette crise, nous avons dû apprendre à composer avec l’incertitude, ce qui est extrêmement compliqué pour un chef d’entreprise. L’innovation résidera donc dans notre capacité à rester agile. En mettant en place de nouveaux processus de production, mais aussi en permettant à nos équipes d’être extrêmement polyvalentes, via des plans de formation tels que ceux que l’on a mis en place pendant le confinement avec notre équipe RH. C’est essentiel pour préserver le dynamisme d’une entreprise. Savoir préserver la valeur de son travail et ses savoir-faire sera aussi pour moi une belle façon d’innover, dans un monde en crise où, parfois, certains pensent que tous les coups sont permis.
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Mélanie RIOU-DÉSURIER : Cette année, l’innovation portera pour nous sur le développement d’une application pour smartphone d’aide à l’implantation de PLV en magasin, avec scan à la réception et guide d’installation. Un enjeu important quand on sait qu’aujourd’hui entre 40 et 50 % des PLV produites ne sont jamais installées sur les points de vente. Nous sommes en recherche de financements et d’un client partenaire, mais j’espère voir le projet aboutir pour le mois de mai. Julien RIVATON : Le début d’année 2021 va être, entre autres, consacré au développement de nouveaux matériaux et à un projet sur la récupération et le recyclage de nos supports. Mais, au-delà de cet horizon, nous avons une croyance féroce en l’avenir : nous savons où nous souhaitons aller et comment. Dans notre vision, le groupe doit doubler de taille dans cinq ans. Nous allons chercher de nouveaux talents, réaliser des opérations de croissance externe (sur nos métiers et de nouveaux) et développer notre présence à l’international (avec des projets à Dubaï, Abu Dhabi et Singapour par exemple). Nous allons poursuivre la spécialisation de nos équipes en fonction de chaque marché, afin de constituer des pôles de compétences extrêmement spécifiques et continuer d’intégrer des métiers et la chaîne de production. Et tous ces développements sont pensés en fonction d’une notion centrale : le plaisir. Avec une volonté d’aller chercher des challenges compliqués. Nathalie ROBIN : Continuer à travailler, à croître et à pérenniser notre stratégie tout en diversifiant nos compétences sera pour moi notre façon d’innover en 2021. C’est cette agilité permanente qui fera notre différence. Mon rôle, en tant que cheffe d’une entreprise de 100 salariés, sera de fédérer autour de moi cet état d’esprit et cet optimisme.
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Carte de vœux en placage de chêne découpé, pour l’agence de tourisme d’affaires Cézame Atlantique, réalisée par l’atelier Craft & Co.
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Qui dit communication, dit message… généralement imprimé. Mais pas toujours ! Sans encre ni autre consommable que la matière travaillée, la découpe et la gravure laser peuvent donner vie à des projets singuliers. Personnalisation d’objets, prototypage, enseigne, signalétique : ces domaines d’application ont depuis longtemps adopté ces technologies très polyvalentes. En cultivant l’art de sculpter et marquer la matière avec la précision inégalée du laser, elles séduisent les partisans d’une communication à fort impact, créative et “durable” dans tous les sens du terme. Par Céline Collot
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n gravure et découpe, les avantages du laser sont connus depuis longtemps. À la rapidité et la haute précision du faisceau laser s’ajoute la polyvalence des matériaux que l’on peut traiter avec ce processus. Aucune autre technologie n’est en mesure de prendre en charge autant de matériaux organiques et inorganiques différents* : papier, bois, cuir, caoutchouc, métaux, textiles, plexiglas, acrylique, verre (pour la gravure)… Selon les matériaux, certaines sources laser sont néanmoins plus adaptées que d’autres. Ainsi, le CO2 est la source de prédilection pour les matières organiques, tandis qu’un laser à source fibre sera préférable pour les métaux par exemple, sachant que la plupart des fabricants proposent aussi des machines qui embarquent plusieurs sources. Sur une même machine, les paramètres du laser (puissance, DPI, fréquence) sont ajustables, selon que l’on veuille graver ou découper, mais aussi pour optimiser le rendu selon le support. Enfin, en plus de découper et graver, ces machines peuvent aussi servir à façonner des traits de pliage sur les matières souples. Fortes d’une telle polyvalence, les machines laser se sont répandues dans les chaînes de production industrielles, notamment pour répondre aux besoins de traçabilité (voir encadré), mais également au sein des départements R&D de grands groupes pour des applications de prototypage par exemple. Ces dix dernières années, l’essor du concept « Do It Yourself », des fab labs et autres tiers-lieux de fabrication artisanale, a contribué à populariser cette technologie au-delà de l’industrie. Parallèlement, la baisse des prix des machines l’a rendu accessible à une nouvelle génération d’entrepreneurs, d’artisans, voire d’artistes, qui utilisent les nombreuses fonctions créatives de la découpe et de la gravure laser
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pour créer des objets personnalisés sur-mesure ou des maquettes, donnant ainsi forme à leurs idées en un temps record.
L’ART ET LA MATIÈRE
L’engouement pour la technologie laser n’échappe pas au secteur de la communication visuelle. Utilisées ensemble, voire associées à d’autres procédés pour démultiplier les effets, la découpe et la gravure laser donnent forme à des réalisations variées en communication petit format (invitations, cartes de vœux, dépliants pop-ups), mais aussi en communication extérieure ou sur le lieu de vente. Par rapport à une commande numérique traditionnelle, le laser permet une finition de découpe de grande qualité, avec des tranches d’aspect « poli » : un atout indéniable pour les professionnels de l’enseigne et de la PLV notamment, qui travaillent l’acrylique pour des présentoirs, des lettres découpées, etc. La gravure laser, quant à elle, en tant qu’outil de personnalisation multi-applications et multi-supports, est particulièrement prisée pour l’objet promotionnel et le cadeau d’affaires. Pour Victor Lamarche, fondateur et dirigeant du studio de design et de production Sept Heures, expert en découpe et gravure laser, le choix de ce procédé s’est imposé naturellement. « On peut faire de la découpe et du marquage avec la même machine, en petite ou plus grande série, et surtout du prototypage et de l’unitaire, avec une grande rapidité d’exécution. Le laser, c’est vraiment la technologie de la réactivité, ce qui est essentiel pour notre activité », explique Victor Lamarche. Equipé de plusieurs machines Trotec de source CO2, le studio lyonnais travaille pour les secteurs de l’hôtellerie, de la restauration, de la santé, du luxe (maroquinerie, prêtà-porter), ainsi que pour des agences de
La personnalisation de cigares, en cadeau d’affaires, est un marché très porteur pour le studio Sept Heures : ici, la gravure intervient directement sur la cape.
communication ou d’événementiel. Sept Heures collabore aussi avec des artistes (musiciens, graffeurs) pour qui le studio façonne des objets identitaires uniques. « Nous avons choisi de tester nous-mêmes, en découpe et en gravure, autant de matières que possible, dont plus de 600 papiers créatifs, ce qui nous a permis de bâtir une table des matières très exhaustive, ajoute Victor Lamarche. La technologie en soi n’est pas neuve. Seule cette expertise pointue sur les matières peut nous permettre de faire la différence ».
GRAVER POUR TRACER
Numéros de série, QR codes : le marquage des pièces dans l’industrie, afin d’assurer leur identification et leur traçabilité, est une obligation réglementaire dans de nombreux secteurs, ceux de l’automobile et du matériel médical notamment. Pour d’autres, cette étape s’inscrit aussi dans le processus qualité. La gravure laser est particulièrement en vogue sur ces applications, en raison de sa précision et de sa rapidité d’exécution.
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© Sept Heures
À l’occasion du lancement d’une nouvelle chaussure, en août 2020, NIKE a fait appel à SEPT HEURES pour concevoir (en collaboration avec un artiste) et produire, en découpe et gravure, un porte-clés et un trophée assortis au modèle, qui ont été offerts avec les 200 premières commandes.
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UNE TECHNOLOGIE À FAIBLE IMPACT ENVIRONNEMENTAL…
Contrairement à d’autres procédés couramment utilisés en communication visuelle, la découpe et la gravure laser présentent aussi l’avantage de n’utiliser ni additif, ni consommable (comme les encres ou les films). Cela suffit-il à en faire une solution plus écologique ? « Avec le laser, on n’ajoute rien, on vient simplement chauffer la matière et la faire réagir. La réaction du laser CO2 avec le bois par exemple, c'est complètement naturel », argumente Martin Roth, chef de marché Monde sur les gammes personnalisation, créativité et signalétique pour le groupe Gravotech. En revanche, la réaction thermique génère un peu de fumée, raison pour laquelle Gravotech propose, en option sur tous ses lasers, un extracteur pour filtrer l’air. Le principal atout écologique du laser pourrait aussi être sa durabilité : non seulement l’outil en lui-même ne s’use pas dans
Enseigne pour l’hôtel Mercure Bordeaux Château Chartrons et signalétique intérieure décorative pour Cogedim Immobilier.
© Craft & Co
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le temps, mais la gravure est par nature un marquage durable, car inaltérable. D’ailleurs, adopter le laser s’inscrit pour certaines entreprises dans une démarche plus globale. C’est par exemple ce qui a guidé le choix de Carole Redero et Charlie Loumena qui se sont associés pour créer Craft & Co à Bordeaux en 2015. Leur atelier, spécialisé dans la fabrication sur-mesure par découpe et gravure laser, est engagé dans une démarche éco-responsable qui se traduit, entre autres, dans le choix des matières premières (labels PEFC, FSC), l’utilisation d’énergie verte (Enercoop), l’optimisation et le tri des déchets… « La technologie laser s’inscrit dans la logique de réduire autant que possible l’impact de notre activité sur l’environnement », affirme Carole Redero. Pour la même raison, ils ont fait du bois - contreplaqué ou massif, toutes essences confondues - leur sujet de prédilection, même s’ils travaillent un large éventail de matériaux.
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… MAIS À FORT POTENTIEL CRÉATIF !
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À en croire ses adeptes, avec des idées et de la créativité, on peut « tout faire » ou presque avec une machine de gravure et découpe laser. La seule limite certaine de la gravure - par rapport à une impression - concerne la couleur : avec ce procédé, on ne peut obtenir que des niveaux de gris. Pour autant, il existe des moyens de contourner cet inconvénient, en venant appliquer une teinte dans le marquage (s’il s’agit de retrouver la couleur d’un logo par exemple). Pour le secteur du luxe, il est fréquent de venir ajouter une patine dorée ou argentée sur des motifs gravés au laser sur du verre. Les matières bicouches (et bicolores) sont une autre façon de satisfaire le besoin de couleurs des clients :
telles des plaques de signalétique qui, une fois usinées, font apparaître la couche du dessous en contraste. Loin d’opposer les technologies, les prestataires spécialisés en découpe et gravure soulignent surtout leur complémentarité. « Si nécessaire, nous faisons appel à un partenaire imprimeur. Pour les cartes de vœux notamment, il n’est pas rare qu’on nous demande d’associer découpe, gravure et dorure à chaud, ou encore découpe et impression quadri », note Victor Lamarche. La complémentarité du laser, c’est aussi ce qui a séduit Brice Baleydier, qui a créé la société Arkaïc Concept en 2012. À l’origine, c’était un atelier de prototypage orienté sport de glisse et communication, puis il a évolué à la fois sur l’usinage, la découpe laser et l’impression à plat. Aujourd’hui, la société poursuit trois axes de développement : la fabrication de skate-boards haut de gamme, des prestations pour des marques de luxe, et les trophées et la communication créative. « On se positionne comme créateur d’idées. Le client nous soumet sa problématique : à nous d’imaginer des solutions en couplant nos différentes compétences », résume Brice Baleydier.
LES TROPHÉES SUR LE PODIUM Quand la gravure et la découpe laser se mettent au service de la création d’objets sur-mesure et de la personnalisation, une application revient souvent : les trophées. Des commandes pour le monde de la compétition sportive bien sûr, mais aussi, d’une manière générale, pour tout type de concours et même parfois en communication interne, quand certaines grandes entreprises récompensent leurs salariés dans le cadre d’un programme d’incentive par exemple.
© Arkaïc Concept
Une démarche artisanale revendiquée (Craft & Co est reconnu Artisan d’Art depuis 2018), qui vient faire écho aux attentes de leurs clients, qu’ils soient agences de communication, promoteurs, restaurateurs, vignerons du Bordelais, collectivités… En effet, pour donner corps à une identité ou véhiculer des valeurs, le bois, tout comme le liège ou encore le bambou, symboles de naturalité, sont particulièrement prisés.
Arkaïc Concept est le fournisseur de trophées pour RedBull Sport depuis 2014. IC LE MAG / INDUSTRIES CRÉATIVES #16 FÉVRIER 2021
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Le studio Sept Heures a conçu ce trophée UEFA pour l’Euro 2020 de football, qui devrait finalement avoir lieu cette année.
Arkaïc Concept a réalisé les trophées des Championnats de France 2019 de skateboard.
© Arkaïc Concept © Craft & Co
© Arkaïc Concept
© Sept Heures
Projet scénographique de l’agence de production digitale Cher Ami, pour la Maison de la Vache Qui Rit (groupe Bel). Ce mur interactif et ludique présente les engagements et objectifs du groupe Bel en matière de RSE pour les cinq ans à venir. Les visiteurs (ceux qui ont eu la chance de le découvrir entre deux périodes de confinement) peuvent interagir avec certaines parties du mur, qui s’animent grâce à 21 capteurs sensitifs et trois vidéos-projecteurs. Pour la gravure de ce mur de neuf mètres de long, Arkaïc Concept a travaillé un panneau après l’autre.
L’atelier Craft & Co a réalisé les trophées pour la convention du groupe de parfums et cosmétiques Beauty Success : socle en chêne massif et empiècement en acrylique imitation or.
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Mais il arrive aussi qu’Arkaïc Concept soit sollicité uniquement pour son savoirfaire en gravure. Exemple avec un projet scénographique original de l’agence digitale Cher Ami, dont la conception a associé plusieurs prestataires : un mur en bois interactif et ludique pour la Maison de la Vache Qui Rit, à Lons-le-Saunier. Dévoilé en septembre 2020, il présente les engagements et objectifs du groupe Bel (propriétaire de la marque) en matière de RSE pour les cinq ans à venir. Les visiteurs (ceux qui ont eu la chance de le découvrir entre deux périodes de confinement) peuvent interagir avec certaines parties du mur, qui s’animent grâce à 21 capteurs sensitifs et trois vidéos-projecteurs. Pour la gravure de ce mur de neuf mètres de long, Arkaïc Concept a travaillé un panneau après l’autre. « C’était un travail assez pointu, car
nous avions une trentaine de trames de gravure à calibrer. Nous avons pris conseil auprès de restauratrices d’art pour soigner les écarts entre les différents panneaux ». Un vrai travail d’orfèvre !
QUAND LA GRAVURE LASER SOIGNE L’EXPÉRIENCE CLIENT
Le besoin de personnalisation des consommateurs est une tendance forte de ces dernières années. Pour y répondre, les fabricants de machines de gravure laser ont développé des modèles compacts et facilement transportables, parfaits pour la personnalisation sur le lieu de vente ou pour des prestations en « live » lors d’opérations événementielles. Ainsi, le modèle WeLase du constructeur Gravotech, lancé en 2019, trouve ainsi sans peine sa place en boutique, corner, pop-up store…
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Deux questions à Eric Merjagnan, président de la société Trotec Laser France, qui développe, fabrique et commercialise des systèmes laser pour la découpe et la gravure, ainsi que des matériaux de gravure. Sur quels aspects peut-on encore innover en découpe et en gravure laser ?
Quelles autres nouveautés allez-vous proposer en 2021 ?
Notre principal développement à l’heure actuelle est une solution logicielle en réseau et sur le cloud, nommée Ruby et dont nous venons de mettre à disposition la version Bêta. Le lancement du produit en version finale aura lieu courant 2021. Ruby n’est pas seulement une interface de gestion du laser, c’est aussi un outil graphique qui intègre de nombreuses fonctionnalités. Il permet la création, le partage, l’utilisation et la sauvegarde de fichiers communs sur des sites multiples. Avec cette solution tout en un, notre objectif n’est pas de remplacer les logiciels de graphisme tels Corel et Adobe, mais de donner une autonomie beaucoup plus grande aux utilisateurs de nos lasers, qui pourront créer des graphismes directement dans Ruby. La plateforme sur le cloud permet aussi d’avoir accès à des ressources de formation ou de démonstration. C’est un vrai service en plus.
C’est notre rôle, en tant que leader mondial de la technologie laser, de sortir chaque année, sinon de nouveaux produits, de nouvelles versions ou mises à jour de produits existants. C’est pourquoi nous continuons d’améliorer les performances de nos machines en termes de vitesse, de précision, d’ergonomie… Dans la gamme SpeedMarker, nous allons commercialiser la SM700CL, lancée sur le marché en juin 2020, qui présente, sur les matières organiques, tous les avantages de précision et de rapidité déjà connus pour le marquage sur métaux. De plus, nous lançons en 2021 les nouvelles versions des Speedy 100 et Speedy 300, pour en améliorer encore les performances, l’ergonomie et la facilité d’utilisation. Enfin, la Speedy 400, lancée fin 2019, reste notre produit phare de par ses performances et sa polyvalence. L’association avec Ruby la rendra d’autant plus attractive.
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© Trotec
« DONNER UNE PLUS GRANDE AUTONOMIE AUX UTILISATEURS DE NOS LASERS »
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© Crayon Laser
En avril 2019, au Brainstore parisien d’Antalis (distributeur de papiers, d’emballages et de produits de communication visuelle), la société Crayon Laser avait fait forte impression en découpant sur place des papiers Chromolux et Arjowiggins, ainsi que des cartons graphiques Invercote d’Iggesund, selon des motifs préalablement conçus sur ordinateur. Résultat : un mur « végétal » de cinq mètres de haut.
GRAND ANGLE DÉCOUPE / GRAVURE LASER QUAND LA COM’ MET LES FORMES
« L’INNOVATION VIENDRA DES NOUVELLES MATIÈRES »
Comment les progrès technologiques font-ils évoluer le secteur de la découpe et de la gravure laser ? La technologie laser est assez mature et bien maîtrisée aujourd’hui. Nous allons, bien sûr, continuer à sortir des nouveautés. Mais, un peu à l’image du secteur de l’automobile, qui a cessé de faire des voitures toujours plus puissantes et rapides pour se concentrer sur d’autres aspects de l’expérience utilisateur, nous travaillons davantage sur l’ergonomie ou la connectivité. En améliorant la performance de nos machines, nous devons proposer une innovation qui aie du sens pour nos clients. La plus-value viendra de l’interface, de l’ergonomie et de l’automatisation des opérations qui sont faites manuellement. Nous continuons à travailler sur notre logiciel, qui existe depuis plus de 20 ans et qui est un vecteur primordial d’ergonomie et de productivité. Par ailleurs, en collaboration avec nos partenaires, nous misons beaucoup sur la création de nouvelles matières, car nous pensons que l’innovation dans le domaine du laser viendra aussi de là dans les prochaines années. Des matières encore plus écologiques (qui ne dégagent pas de fumée) ou qui réagiraient sous l’effet du laser en prenant une autre couleur par exemple...
Quelles sont les principales attentes exprimées par vos clients ? Nous nous attachons à fournir des solutions complètes à nos clients : machines, logiciels, services. Les clients veulent une machine simple d’utilisation et intuitive, comme les outils technologiques actuels, une machine laser à la portée de tous, qui ne nécessite pas de prise en main et de formation longue et fastidieuse. En matière de support, le papier suscite beaucoup d’intérêt dernièrement. Nous avons travaillé avec notre partenaire Mondi, qui a lancé une nouvelle gamme de papier de design, baptisée Pergraphica. En jouant avec les paramètres de nos lasers, on obtient des résultats assez bluffants en termes de gravure et de couleurs. Pour répondre aux besoins de créativité en signalétique, nous avons récemment sorti une nouvelle gamme acrylique en couleurs (tons pastel, givrés, fluorescents). La tendance du moment consiste notamment à marier les matériaux, par exemple un support bois et des lettres acryliques découpées. Enfin, on voit aussi arriver un nouveau de type de clients, en recherche d’une première machine laser : des entrepreneurs en reconversion professionnelle, des créatifs qui se lancent dans le business de la gravure et de la découpe... Notre offre tout en un (laser, logiciel et matières) nous permet véritablement de les accompagner dans leur projet.
*Seules exceptions : le PVC, la fibre de carbone, ou encore certaines résines comme l’époxy.
© Gravotech
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Avec ses larges vitres et ses éclairages LEDs qui permettent de profiter du spectacle, la machine a notamment été conçue pour dynamiser l’expérience client. Selon son fabricant, la WeLase remporte un grand succès en bijouterie et parfumerie. Pour une expérience encore plus complète, Gravotech propose, en option, un logiciel qui permet à l’utilisateur de taper lui-même un message sur tablette avant de déclencher la gravure en direct. Equipé pour sa part en machines Trotec, Victor Lamarche avait développé une forte activité événementielle avant la crise sanitaire et espère en faire un axe majeur de développement pour le studio Sept Heures en 2021. La région Auvergne-Rhône-Alpes, Lacoste, Nike ou encore Pernod Ricard : il a plusieurs fois été sollicité par des marques de renom - et d’autres donneurs d’ordres - pour venir découper et personnaliser des objets en direct sur des événements. « Ça plaît beaucoup, car les participants repartent avec quelque chose d'unique », précise le créatif. Crayon Laser, une autre société que Victor Lamarche avait cofondée en 2014, s’était déjà illustrée sur ce type de prestations. En avril 2019, au Brainstore parisien d’Antalis (distributeur de papiers, d’emballages et de produits de communication visuelle), Crayon Laser avait fait forte impression en découpant sur place des papiers Chromolux et Arjowiggins, ainsi que des cartons graphiques Invercote d’Iggesund, selon des motifs préalablement conçus sur ordinateur. À l’arrivée : un mur « végétal » de cinq mètres de haut, 400 tours Eiffel, toutes de couleurs différentes, et une illustration grandeur nature du potentiel créatif de la découpe laser sur papier.
Deux questions à Martin Roth, chef de marché Monde sur les gammes de personnalisation, créativité et signalétique pour le groupe Gravotech, fabricant français de machines laser et CNC, et fournisseur de consommables.
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DIGITAL MÉDIA
« LE DOOH
EST UN MÉDIA DE CONTENU » Fondé en 2012, PHENIX GROUPE est un jeune acteur de la communication extérieure, qui se présente comme un outsider indépendant et ambitieux face aux opérateurs historiques. Sébastien ROMELOT, co-fondateur et président du groupe, revendique une organisation de l’activité en mode start-up, axée sur la diffusion de contenus originaux et sur le développement de solutions technologiques DOOH (Digital-Out-OfHome). Sans oublier l’affichage print Propos recueillis par Bertrand Genevi traditionnel.
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© Phenix Groupe
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Comme tant d’autres, le secteur de la communication extérieure a été considérablement impacté par la crise sanitaire. Comment avez-vous fait front chez Phenix Groupe, au cours des douze derniers mois ? Au sein du périmètre des médias, c’est la communication extérieure qui a le plus souffert. Et de très loin. Le premier confinement a engendré une perte de 100 % du chiffre d’affaires en 48h, pour tous les opérateurs. Mais dès le déconfinement, nous avons retrouvé nos audiences et nos clients en l’espace de quelques semaines. Le troisième trimestre 2020 est donc globalement satisfaisant pour Phenix : nous n’avons perdu que 5 % par rapport au T3 2019. La fin d’année a été plus compliquée, même si le second confinement était différent du premier, car la mobilité a été plus préservée. L’univers de la rue, qui représente le cœur de notre activité, est demeuré puissant durant cette période. Nous avons conservé une grande majorité des flux de mobilité, donc les opérations de communication ont été maintenues. Au global, nous avons moins souffert que d’autres. Notre grande force chez Phenix, c’est de fonctionner en mode start-up depuis la fondation du groupe en 2012.
Sébastien Romelot dirige le groupe qu’il a co-fondé après avoir créé la société technologique StoreQuest et repris la société Insert en 2012. Il était auparavant banquier d’affaires chez Lazard Frères, où il a exercé pendant neuf ans. Diplômé de l’EM Lyon et de l’Université Paris Dauphine, Sébastien Romelot est par ailleurs investisseur dans de nombreuses start-ups.
J’ai créé la société en partant de zéro avec un associé, et depuis nous sommes restés extrêmement agiles. S’arrêter et repartir, c’est totalement naturel pour Phenix, car nous avons eu l’habitude de lutter pour notre survie. Aujourd’hui, nous pouvons également compter sur des actionnaires minoritaires et des partenaires bancaires très solides. Ces forces nous ont permis de nous positionner comme un petit îlot de stabilité dans un secteur de la communication extérieure extrêmement malmené. Le besoin de proximité des consommateurs s’est exacerbé ces derniers mois. Or, la communication extérieure est un média éminemment tourné vers le local et la proximité. Avez-vous le sentiment de remplir un rôle encore plus utile actuellement ? L’univers sur lequel Phenix se développe, c’est la proximité. Les commerces de centre-ville fondent littéralement notre écosystème. Nous avons scellé des milliers de partenariats dans toutes les régions de France et cela permet aux commerçants de communiquer avec leurs clients et leurs audiences en temps réel comme, par exemple, sur une modification des horaires ou des jours d’ouverture. Il y a en effet quelque chose d’encore plus utile dans la digitalisation des vitrines des commerçants de proximité.
« Le DOOH incarne l’équivalent du social media dans la rue, enrichi d’une audience et d’une expérience complémentaires » Sébastien ROMELOT
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DIGITAL MÉDIA « LE DOOH EST UN MÉDIA DE CONTENU »
Les dispositifs digitaux accroissent le champ des possibles en termes de personnalisation des messages et de la communication. La maîtrise de ces solutions technologiques est-elle native chez Phenix ?
Au-delà de la technologie, le contenu est un autre pilier de Phenix. Comment vous distinguez-vous sur le sujet, en termes de ton et de production ? Le DOOH est un média de contenu, au même titre qu’un magazine. Le modèle est donc différent de l’affichage, qui se définit comme un support publicitaire. Le lancement de notre entité DOOH Phenix Digital, en 2016, répondait ainsi à des ambitions purement éditoriales, avec la production de contenus de type stories (un format court de 10 secondes en moyenne, ndlr), diffusés sur nos écrans et sur les réseaux sociaux Facebook, Instagram et Snapchat.
© Phenix Groupe
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La première des start-ups de Phenix, StoreQuest, était purement technologique et dédiée au retail. Nous avons investi le secteur de l’affichage dans un second temps. Toutes les questions gravitant autour du sur-mesure, de la personnalisation, sont absolument essentielles pour nous depuis les premiers jours du groupe. C’est natif. Pour le dire autrement, chaque contenu de chaque écran Phenix est personnalisé. Prenons l’exemple de votre café de quartier : il est équipé d’une application mobile et, grâce à cet outil, il se trouve parfaitement indépendant pour éditer et programmer son propre contenu, à des moments déterminés. Dans le retail, on peut aussi scénariser des zones de chalandise très contextualisées, au point le point. Tout cela avec une grande puissance : la force du DOOH tient dans sa capacité
à couvrir 100 % d’une zone de chalandise, avec 100 % des clients potentiels d’une zone. Pour les 594 000 commerces de proximité en France, le DOOH représente le média le plus influent... et c’est complètement nouveau. L’affichage traditionnel ne possède pas ces caractéristiques technologiques, cette agilité en temps réel et cette ubiquité sur lesquelles on peut construire des scénarios.
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LA PUBLICITÉ EXTÉRIEURE : UN MÉDIA QUI PARTICIPE AU DÉVELOPPEMENT LOCAL C’est la part des écrans publicitaires digitaux extérieurs dans la consommation énergétique du secteur des technologies de l’information et de la communication en France (50 % pour les réseaux et data centers, 28 % pour les téléviseurs et l’audiovisuel et 22 % pour les ordinateurs et smartphones). Rapporté à l’audience touchée, le DOOH est 1,5 à 3 fois moins énergivore que les secteurs de la publicité digitale et de la télévision.
➝ Contribution aux acteurs locaux : 55 à 65 % des recettes sont reversées aux collectivités locales, sous forme servicielle (mobiliers, technologies et services associés) ou financière (redevance, taxe locale sur les enseignes et publicités extérieures). ➝ Support à l’économie locale : 60 % du chiffre d’affaires du secteur correspond à des dépenses de communication locale. ➝ Concours à l’emploi local : 15 000 emplois, dont 41 % en régions.
Source : étude KPMG “Réseaux Digital Out-of-Home (DOOH)”, novembre 2020
Le DOOH incarne l’équivalent du social media dans la rue, enrichi d’une audience et d’une expérience complémentaires. Historiquement, notre grille de programmation s’axe autour de la culture et des sujets environnementaux. Pour l’alimenter, nous travaillons notamment avec des artistes et des talents. Une vingtaine de producteurs de contenus réalisent actuellement, en exclusivité, des stories que l’on partage sur notre réseau. Comme Bruno Maltor, spécialiste du travel, qui nous envoie régulièrement des vidéos de ses voyages à travers le monde. Ou comme Little Gipsy, contributrice emblématique, avec un fort engagement pour la défense de la biodiversité. Nous faisons également appel à des éditeurs thématiques, qui développent eux aussi du contenu exclusif via des stories. C’est le cas de Melty sur l’entertainment, La Crème du Gaming sur les jeux vidéo, 750g sur le food et Le Figaro sur la mode. Contrairement aux algorithmes des réseaux sociaux, qui soumettent des contenus tendances plaisant au plus grand nombre, nous abordons régulièrement des sujets hors des sentiers battus, comme par exemple une exposition pointue au Musée Guimet à Paris. C’est cette liberté d’expression que l’on incarne.
Le digital prend une importance toujours plus grande dans la communication extérieure. Existe-t-il encore une place pour le print ? Naturellement ! Il existe une concurrence saine sur le marché pour répartir les budgets médias. Chez nous, au sein du groupe, certaines entités évoluent dans l’affichage urbain et le print, quand d’autres sont spécialisées dans le digital. Les modèles sont dissemblables et les emplacements diffèrent. C’est une singularité par rapport à des acteurs historiques qui possèdent une activité 100 % print et se questionnent, par exemple, sur le nombre de panneaux à remplacer par des écrans digitaux. La problématique diverge chez eux et il y existe bien plus de dilemmes sur l’innovation. Mais, quoiqu’il en soit, de nombreux emplacements resteront dédiés à l’affichage print, car on n’y développe pas les mêmes concepts qu’en digital et l’utilité n’est pas la même. Les formats sont très complémentaires. Il y a de la place pour le print et le digital.
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DIGITAL MÉDIA « LE DOOH EST UN MÉDIA DE CONTENU »
© Phenix Groupe
« De nombreux emplacements resteront dédiés à l’affichage print, car on n’y développe pas les mêmes concepts qu’en digital et l’utilité n’est pas la même »
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Sébastien Romelot
Le question énergétique et environnementale est un sujet récurrent dans le débat autour de la communication extérieure, alors qu’il s’agit pourtant d’un média très réglementé, le seul relevant ainsi du code de l’environnement. Pourquoi l’affichage cristallise-t-il autant de défiance et comment agissez-vous pour tenter de faire évoluer l’opinion ?
rieurs installés en France dépense quatre fois moins d’énergie que la publicité sur internet. En effet, une communication diffusée sur un écran extérieur est vue par un nombre de personnes bien supérieur à une publicité diffusée sur un ordinateur ou un smartphone. L’impact environnemental du DOOH n’est clairement pas celui que l’on voudrait nous faire croire.
Il est difficile de se voir stigmatisé en pleine pandémie du Covid-19, alors que nous sommes justement le média le plus durement touché par cette crise. Cela relève de la démagogie et prouve une grande méconnaissance de notre métier et de son impact. Énormément de mensonges circulent. Les chiffres et les comparaisons de consommations énergétiques sont fallacieuses. Pour répondre à ces accusations, nous tentons d’être pédagogues, de nous positionner sur le fond et d’insuffler des vérités. Nous avons publié, fin 2020, une étude menée avec le cabinet KMPG sur les enjeux de la communication extérieure numérique. Il en ressort que le DOOH représente dans notre pays 0,1% de la consommation énergétique du secteur des technologies de l’information et de la communication et 3,5 % des recettes de publicité digitale. Autre enseignement : rapporté au poids économique, le parc d’écrans publicitaires digitaux exté-
Quels sont les enjeux et perspectives pour Phenix en 2021 ?
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Lors des phases de confinement, nous avons eu l’occasion de nous focaliser sur le renforcement de notre grille de programmation et sur des développements technologiques. Il s’agit là de deux faces d’une même pièce pour Phenix. Notre stabilité financière nous a permis de continuer à investir, tout en maintenant nos effectifs. Nous allons être en mesure de sortir de très belles plateformes et de nouveaux partenariats de contenus intéressants. Un effort particulier d’étude et d’investissement a été mené sur la programmation éditoriale autour des questions environnementales. Il existe un vrai besoin d’expliquer les choses avec encore plus de force, en se basant sur des faits et sur une analyse scientifique. Cette matrice est très forte pour Phenix sur 2021.
ÉVÉNEMENT
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CONSTRUIRE LE PRINT DE DEMAIN SUR
LE SALON C!PRINT Le salon C!Print tiendra son édition 2021 du 8 au 10 juin, à Lyon. Évènement de référence des métiers de la communication visuelle et des arts graphiques en France et en Europe, le salon doit permettre à toute la communauté du print de se retrouver, sur un événement de qualité, répondant aux enjeux de sécurité sanitaire. Plus de 200 exposants sont attendus sur cette 9e édition, qui offrira également un riche programme de contenus aux visiteurs.
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© C!Print
n décalant son édition 2021 aux 8, 9 et 10 juin, le salon C!Print - évènement de référence des métiers de la communication visuelle et des arts graphiques en France et en Europe - a voulu permettre à toute la filière du print de se retrouver sur un événement de qualité, répondant aux enjeux de sécurité sanitaire. Cette 9 e édition, qui sera d’ailleurs accessible en présentiel et en digital, ambitionne d’accompagner les acteurs du secteur dans la construction du print de demain. Transversal, l’évènement rassemblera fabricants et distributeurs de machines et de supports d’impression, prestataires de services en impression et communication visuelle, prescripteurs et clients finaux. Référence pour les segments de la communication visuelle, de la communication extérieure et lumineuse, de la personnalisation, de l’industrie graphique et du textile, C!Print poursuit cette année son ouverture vers des marchés comme le packaging, l’industrie, la photographie, l’étiquette ou encore l’impression 3D. Au total, plus de 200 exposants sont attendus.
PLUG & PLAY DÉCOUVRIR ET TESTER SUR
© C!Print
LE CAFÉ DE LA PERSONNALISATION Business en plein développement, la personnalisation sur le point de vente est un véritable atout pour les retailers qui cherchent à recréer du lien avec le consommateur. Dans ce contexte, le salon C!Print fait évoluer son espace Plug&Play, en créant le Café de la Personnalisation : un espace « atelier » entièrement scénarisé, pour une immersion réaliste dans le contexte d’un lieu de vente. Sur cet espace, vous découvrirez et testerez ce qui se fait de mieux en matière de techniques de personnalisation d’objets et de textiles. Conseils, démonstrations et vidéo en live seront proposés sur ce Café de la Personnalisation.
ÉVÉNEMENT CONSTRUIRE LE PRINT DE DEMAIN SUR LE SALON C!PRINT
C!PRINT EN CHIFFRES
UN RICHE PROGRAMME DE CONTENUS
Au cœur de l’évènement, les conférences permettront aux visiteurs de découvrir tout le potentiel des nouvelles technologies présentées sur le salon, ainsi que les nouveaux marchés et nouvelles applications. Une vingtaine de rendez-vous en plénière (conférences, tables rondes et études de cas) réuniront pas moins de 50 experts, tandis qu’un dense programme de workshops techniques offrira des ateliers pratiques, didactiques et créatifs pour découvrir de nouvelles applications issues des dernières techniques de personnalisation. Sur le Plug & Play un espace expérientiel verra le jour, avec l’inauguration du Café de la Personnalisation, où seront mis en scène, dans une atmosphère « retail », des corners inédits de personnalisation d’objets, en partenariat avec des exposants du salon. Sur le C!Sign - espace dédié aux solutions de communication extérieure et lumineuse (enseigne, display, digital média, affichage, etc.) une galerie des innovations durables sera mise en avant. Enfin, le C!Wrap, concours de pose officiel du salon, créera de nouveau l’animation : pendant trois jours, des équipes de poseurs professionnels s’affronteront en recouvrant entièrement des éléments imposés avec un design original.
EXPOSANTS
CONFÉRENCES ET WORKSHOPS
50 1
SPEAKERS
ATELIER DE PERSONNALISATION
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CONCOURS DE POSE
© C!Print
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200 30
LE C!WRAP
© C!Print
POSE SON EMPREINTE
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Fort de son succès en 2020, le concours de pose officiel du salon C!Print revient en 2021, avec un nouveau défi proposé aux meilleures équipes de poseurs du moment. Au programme : trois jours de démonstration en live, au cours desquels six équipes de six poseurs chevronnés s’affronteront. Leur mission pour cette 2e édition, sponsorisée par les fabricants de films Hexis et Arlon : recréer le décor d’une micro-brasserie. Personnalisation d’espace, personnalisation d’objet, covering de mobilier… les participants devront faire la preuve de leur expertise sur plusieurs supports.
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NUMÉROS / AN
POUR FAIRE UNE VEILLE DES TENDANCES ET TECHNIQUES DE PERSONNALISATION
RETAIL / PACK / COM / DÉCO
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IC LE MAG
EN PARTENARIAT AVEC
FAB
- RICATION
L’actualité des experts du secteur de l’impression et de la communication visuelle
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EXAPRINT
DÉPLOIE SON OFFRE PACKAGING Fin 2020, Exaprint annonçait le lancement d’une nouvelle offre de packaging personnalisable, « la plus complète du marché », soit plus de 8500 références (dont 3500 étaient disponibles dès le mois de décembre). Pour l’imprimeur en ligne, ce projet s’inscrit dans le processus d’internalisation de sa production, dans lequel il a déjà investi plus de six millions d’euros.
S’il est un secteur qui semble tirer son épingle du jeu aujourd’hui, c’est le packaging. Pandémie oblige, la vente en ligne et surtout le « click and collect » et la vente à emporter sont devenus des modes de distribution clés pour les commerçants, offrant, par ricochet, de nouvelles opportunités de développement aux fabricants d’emballages. Dans son étude The Future of Package Printing to 2025, la cabinet Smithers-Pira parle d’une croissance de 2,6 % par an jusqu’en 2025, rappelant également au passage la réglementation des « plastiques à usage unique » qui sont interdits en France depuis le 1er janvier 2021 et qui, selon toute logique, favorisera donc les solutions d’emballages jugées plus vertueuses, comme celles en carton.
DES PACKAGINGS LIVRÉS À PLAT
Une belle opportunité de marché que le leader français de l’impression en ligne Exaprint a décidé de saisir avec la création d’une offre dédiée, qui comptera 8500 références dès 2021. Plus de 3500 étaient déjà disponibles en décembre. « Ce projet s’inscrit dans un processus d’internalisation de notre production, dans lequel nous avons déjà investi plus de six millions d’euros, précise Agathe Hoffman, responsable Marque et Communication France d’Exaprint. Cette extension du nombre de références signifie le lancement de la gamme la plus complète de packaging personnalisable sur le marché de l'impression en ligne ». Fêtes de saison, fêtes d’anniversaire, mariages, baptêmes, bouteilles, cosmétiques, cadeaux, sacs, vente à emporter, confiserie... l’offre couvre un vaste nombre de secteurs, avec un minimum de commande fixé à cinq unités et des délais de livraison qui oscillent entre deux et cinq jours, pour des packagings livrés à plat et au montage extrêmement simple, grâce à la mise en place de bandes préencollées et à la création de vidéos expliquant le produit et son assemblage.
© Exaprint
LES NEWS DE LA FAB
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© CervoPrint
LES NEWS DE LA FAB
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LA VISUALISATION 3D DISPONIBLE DANS
CERVOPRINT
Pouvoir regarder un produit sous toutes ses coutures est aujourd’hui un élément décisif pour concrétiser une vente sur le web. Une règle valable pour le secteur du web-to-print. D’où l’importance de l’innovation lancée par la solution logicielle CervoPrint, qui intègre désormais la prévisualisation 3D. Une fonctionnalité unique sur ce marché, qui vient enrichir l’expérience utilisateur.
La 3D pour prévisualiser sa commande d’imprimé : l’option est désormais accessible dans le logiciel web-to-print CervoPrint. Une nouveauté majeure « qui vient enrichir l’expérience utilisateur et répond aux nouvelles attentes des professionnels des arts graphiques, ainsi que de leurs clients », précise Jean-Marc Goldstein, directeur d’e-Cervo, éditeur de CervoPrint. Grâce à ce nouvel outil, l’utilisateur peut, lors de la saisie de sa commande, obtenir une restitution visuelle et dynamique de son fichier. Il bénéficie également d’un système de rotation 3D, pour voir son produit sous tous les angles. Mode couleur, choix des finitions ou jeu de textures : toutes les options sont disponibles et visualisables en direct, en mode preview. Pour le client, cette fonctionnalité inédite permet de mieux appréhender et de vérifier le rendu final du travail d’impression avant de passer commande.
DES MISES À NIVEAU DISPONIBLES. Les clients qui disposent de CervoPrint via un abonnement SaaS bénéficient déjà de l’innovation CervoPrint Preview 3D. Une mise à niveau, intégrée au contrat de support et maintenance, est disponible pour les clients qui disposent de CervoPrint NG en mode licence, on-premise ou en cloud privé. Reconnue pour ses performances et son adaptabilité, CervoPrint fait partie des solutions web-to-print référentes du marché avec, à ce jour, près de 180 organisations clientes et plus de 100 000 utilisateurs en France et à l’international.
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XEROX PARIE SUR
L’EMBELLISSEMENT NUMÉRIQUE Le marché de l’embellissement numérique connaît une croissance de l’ordre de 27 % par an, selon Keypoint Intelligence. Des perspectives qui n’échappent pas à Xerox, dont les lancements annoncés fin 2020 s’inscrivent dans cette dynamique. Le fabricant a ainsi dévoilé l’un des produits les plus abordables du marché, avec la VersaLink C8000W. Compacte, cette machine se destine à des applications comme les menus, enveloppes, étiquettes, calques ou la vitrophanie. Pour les volumes moyens, le modèle Versant 280 permettra d’imprimer sur des supports plus épais (jusqu’à 400 g), comme des cartes de visite. Enfin, pour les grandes séries, la Versant 4100 s’impose. Au-delà de sa capacité de production, cette machine se distingue par un temps de préparation minime pour l’opérateur, grâce à PredictPrint Media Manager, un logiciel de gestion des supports basé sur l’intelligence artificielle.
CINQ PRODUITS-PHARES DOTÉS DE FONCTIONNALITÉS AVANCÉES
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La presse Baltoro acquiert un module évolutif, le Xerox Color Accelerator qui, en plus d’améliorer la qualité d’impression, élargit le champ d’application et la gamme de supports gérée. Le module permet aussi d’automatiser l’impression jet d’encre, pour rentabiliser des applications à forte valeur ajoutée comme le publipostage ou les catalogues. Autre actualité : la palette de couleurs de la presse de production Iridesse - déjà riche de teintes métallisées, blanche et transparente - s’élargit encore, avec l’arrivée d’un toner rose fluorescent. De quoi offrir de nombreuses possibilités en termes d’embellissement. De leur côté, les presses Nuvera 157 et 314 MX, dévolues aux gros volumes, profitent d’une mise à jour significative de vitesse, grâce à l’utilisation d’encre magnétique pour la reconnaissance de caractères. Enfin, une nouvelle version du logiciel d’automatisation prépresse FreeFlow Core est lancée. L’édition 6.0 intègre désormais de façon transparente les actions des projets à traiter, sans modifier le fichier source.
© Xerox
© Xerox
Le constructeur américain a dévoilé, fin 2020, pas moins de neuf nouveautés produits et fonctionnalités. Avec un focus sur l’embellissement et l’automatisation.
LES NEWS DE LA FAB
XEIKON MET LE FEU
À L’EMBELLISSEMENT D’ÉTIQUETTES
Le constructeur a dévoilé, fin 2020, une nouvelle unité d’embellissement numérique dédiée au marché de l’étiquette, qui exploite la technologie MGI : la Xeikon FEU. Vernis UV sélectif, vernis tactile, dorure, textures 3D et hologrammes : les transformateurs peuvent désormais proposer des étiquettes haut de gamme, personnalisées, en petites séries et sur des délais courts, à prix abordable.
© Xeikon
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Le constructeur de presses numériques Xeikon complète son portefeuille d’équipements dédiés au marché de l’étiquette avec l’unité d’embellissement Xeikon FEU (Fusion Embellishment Unit), lancée fin 2020. Cette machine exploite la technologie numérique du constructeur MGI et permet de déposer vernis UV sélectif, vernis tactile, dorure, textures 3D et hologrammes sur une large gamme de supports. Avec ce nouvel outil, Xeikon veut offrir aux imprimeurs et transformateurs une grande flexibilité, pour répondre à la demande des marques et designers qui recherchent des étiquettes haut de gamme, uniques et créatives.
ACCÉLÉRER LA MISE SUR LE MARCHÉ
Avec à sa solution FEU, le constructeur estime que les imprimeurs qui travaillent avec les secteurs du food & beverage, mais également de la santé-beauté, pourront proposer beaucoup plus facilement et rapidement des tirages d’épreuves et accélérer ainsi la mise sur le marché de nouveaux produits. Sans outil, avec des temps de calage réduits, la Xeikon FEU offre des rendus de qualité, sur de petits tirages. Grâce à la technologie jet d’encre, toute zone d’étiquette définie peut recevoir un vernis UV sélectif, avec ou sans effet de texture 3D en relief. Idem pour les applications de dorure. Solution autonome, l’unité FEU permet d’embellir des supports imprimés issus de différentes technologies et peut être équipée, en option, d’un module semi-rotatif de découpe à l’emporte-pièce, afin de produire des étiquettes finies après embellissement complet.
IC LE MAG / INDUSTRIES CRÉATIVES #16 FÉVRIER 2021
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LES NEWS DE LA FAB
AGFA MISE SUR
LA DÉCORATION INTÉRIEURE
© Agfa
Laisser libre cours à la créativité des décorateurs et procurer de la flexibilité aux fournisseurs de surfaces laminées : voilà les bénéfices induits par le nouveau modèle InterioJet 3300 d’Agfa. Dédiée aux tirages moyens et courts, elle permet de créer des designs personnalisés pour chaque commande. Une création facilitée par un démarrage rapide et une vitesse de production allant jusqu’à 340 m² par heure, avec une impression simultanée sur deux rouleaux de 155 cm de large. De quoi assurer efficacement tous types d’impressions à la demande. Spécifiquement développées par Agfa, adaptées aux processus de lamination standard, les encres pigmentées à base d’eau de l’InterioJet sont résistantes à la lumière et offrent une couverture chromatique élevée. L’impression se distingue par son contraste, sa netteté et sa saturation, en accord avec les profils de couleurs typiques du secteur de la décoration.
LES BRÈVES DE LA FAB
© Antalis
F I 70
Nouvelle signature pour Gravotech
Nouvelle identité pour Gravotech, qui fait évoluer en profondeur sa plateforme de marque. Exit les marques Gravograph et Technifor : l’ensemble des activités du spécialiste des technologies de gravure et de marquage est désormais réalisé sous une bannière unique, celle de Gravotech. Un nouveau slogan - Expression of Things - fait son apparition, tandis que l’identité graphique de la marque a été revue, pour s’accorder avec les ambitions renouvelées de Gravotech. Objectifs : simplifier la communication de l’entreprise et valoriser l’expertise métier et technologique du groupe.
IC LE MAG / INDUSTRIES CRÉATIVES #16 FÉVRIER 2021
Coala Coversafe : film antivirus
Développé par la start-up Pylote et distribué par Antalis, le film adhésif Coala Coversafe se compose de microsphères céramiques minérales capables, selon la marque, de détruire les virus de la gastro-entérite, de la grippe, de l’herpès et du Covid-19. Sans PVC et garanti sans danger pour la peau, Coala Coversafe assure une protection permanente et stable dans le temps. Les champs d’application du produit s’étendent à tous les supports du quotidien susceptibles d’être vecteurs de transmission des virus et à tous les lieux recevant du public. Son installation est facile, par bobines pour les grandes surfaces et par pièces découpées pour les poignées de porte. Le support est amovible, sans résidu.
OKI Europe lance The Design Hub
OKI Europe a lancé The Design Hub, un logiciel de création de communication visuelle et de supports marketing à la demande. Destiné aux entreprises, ce logiciel leur permet de produire, imprimer et placer en quelques minutes des signalétiques de qualité professionnelle, grâce à une bibliothèque de modèles personnalisables avec du texte, des images et d’autres éléments de design. Les utilisateurs peuvent aussi créer ou importer des maquettes existantes répondant à leurs besoins spécifiques, et ajouter ou modifier des images. Enfin, les éléments peuvent être entièrement personnalisés grâce à l'impression de données variables.
IMPRESSION ET PERSONNALISATION CHEZ
ROLAND DG
© Roland DG
F I 71
Le constructeur a dévoilé, en début d’année, la gamme d’impression et découpe VersaUV LEC2 et les imprimantes à plat LEC2-Série S. Des annonces qui font suite au lancement de la solution e-commerce PersBiz, dédiée aux enseignistes et imprimeurs qui souhaitent lancer une boutique en ligne de produits personnalisés.
Conçue pour des applications intérieures et extérieures, la gamme de machine d’impression et découpe VersaUV LEC2 s’adresse aux professionnels de l’emballage, pour de la création de maquettes et de prototypes, et aux imprimeurs qui souhaitent ajouter des effets spéciaux à un large éventail d’applications en signalétique et PLV. Les quatre imprimantes à plat de la gamme VersaUV LEC2 Série S permettent, quant à elles, d’imprimer facilement sur une vaste gamme de supports et d’objets, à la fois souples et rigides. Elles sont destinées aux professionnels de la personnalisation, fabricants d’enseignes, imprimeurs industriels et experts en emballage. Tous les modèles VersaUV LEC2 sont dotés de la nouvelle encre EUV5, qui offre une réduction d’environ 25 % du coût de l’encre par rapport à la génération précédente, une nouvelle encre primaire et des améliorations en matière de sécurité.
UNE SOLUTION E-COMMERCE. Par ailleurs, le constructeur a lancé la solution e-commerce PersBiz - dédiée aux enseignistes et imprimeurs qui souhaitent lancer une boutique en ligne de produits personnalisés - qui s’intègre avec aisance à un flux d’impression existant. Une fois déployée, la solution, hébergée dans le cloud, facilite considérablement la personnalisation de produits. Les clients peuvent télécharger leurs propres créations dans l’interface, visualiser un aperçu du produit final et payer en toute sécurité dans la foulée. Ils peuvent également utiliser un modèle prêt à l’emploi, grâce à un catalogue comptant plus de 1 000 designs, sur une très large gamme de produits (tee-shirts, banderoles, affiches, coques pour téléphone, etc.).
LES NEWS DE LA FAB
DEUX NOUVELLES IMPRIMANTES DE SIGNALÉTIQUE TEXTILE CHEZ EFI Le constructeur américain a dévoilé deux imprimantes textiles, dédiées au marché de la signalétique haut de gamme, offrant des cadences élevées, des rendus de très haute qualité et la possibilité d’imprimer directement le textile ou du papier de transfert avec le même jeu d’encre.
Une impression de très haute qualité, sur une large gamme de supports, avec une pénétration à 100 % des deux côtés : c’est la promesse du constructeur américain EFI, qui lance deux nouvelles imprimantes dédiées au marché de la signalétique textile. Les modèles EFI Colors 340 et EFI Power 340 - qui annoncent des cadences allant jusqu’à 850 m2/h en configuration 4 x 4 couleurs pour la première et jusqu’à 1 564 m2/h pour la seconde - offrent une polyvalence accrue et une consommation d’encre réduite, avec la possibilité d’imprimer directement sur textile ou bien sur papier de transfert avec le même jeu d’encre.
F I 72 © Electronics For Imaging
IC LE MAG / INDUSTRIES CRÉATIVES #16 FÉVRIER 2021
VASTE CHAMP D’APPLICATIONS
« Ces imprimantes sont spécialement conçues pour répondre aux exigences de qualité et de productivité les plus strictes de ce segment, affirme Scott Schinlever, directeur général de la division jet d’encre d’EFI. Leur vitesse et leur fiabilité extrêmes permettent aux EFI Power et Colors de remplacer plusieurs autres modèles, produisant davantage de tâches haut de gamme avec l’encombrement d’une seule machine ». Des chemins de table aux tentes promotionnelles, en passant par les drapeaux, les présentoirs, les caissons rétroéclairés, les revêtements muraux ou les banderoles, les nouveaux modèles d’EFI couvrent un vaste champ d’applications et permettent d’imprimer sur des tissus variés, pouvant atteindre 450 g/m 2. Équipée des encres EFI à colorants dispersés CMYK à base d’eau, embarquant jusqu’à 24 têtes d’impression, la Colors 340 est disponible en configuration double ou quadruple CMJN, 4 x 6 couleurs, ou huit couleurs. Disponible, quant à elle, en 16 ou 32 têtes d’impression, la Power 340 offre jusqu’à quatre couleurs, en configuration 4 ou 8 x 4 couleurs.
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INTERVIEW
« La personnalisation d’objets et l’impression textile suscitent une très forte appétence de la part des marques, notamment dans le retail et l’hôtellerie »
IC LE MAG / INDUSTRIES CRÉATIVES #16 FÉVRIER 2021
© Mimaki
F I 74
« LA 3D EST UN MARCHÉ ÉMERGENT, MAIS EN TRÈS FORTE CROISSANCE » Après un premier semestre 2020 difficile, en raison de la crise sanitaire, MIMAKI a connu un très fort rebond à partir du mois de juillet. Le constructeur a maintenu les lancements de machines - sur le jet d’encre et la 3D affichant ainsi son optimisme, et annonce de nouvelles imprimantes pour 2021. Rencontre avec Martial GRANET, nouveau directeur de filiale pour la France et le Maghreb.
Vous avez été nommé en novembre dernier, sur un poste nouvelle créé. Pourquoi Mimaki repense son organisation sur le marché français ?
Historiquement, le marché français était géré depuis le siège de Mimaki Europe, aux Pays-Bas. Désormais, je pilote l’équipe française, soit quatre techniciens, un responsable commercial et une assistante. Je gère également le Maghreb, où nous disposons d’un partenaire par pays. En France, il nous faut réaliser un gros travail sur la notoriété de la marque, entamé avec la création de réseaux sociaux pour Mimaki France. Nous allons aussi inaugurer un showroom sur notre site de Tremblay, avec une vingtaine de machines, un espace dédié au textile, une salle de réunion et une pour la formation. Enfin, nous lançons un audit auprès de nos distributeurs, au nombre de neuf actuellement, afin d’optimiser notre couverture en fonction des applications (signalétique, industrie, textile et 3D). L’enjeu, c’est la qualité du service : avoir le meilleur distributeur, au meilleur endroit, sur les meilleures techniques. Mais, quoi qu’il en soit, nous n’aurons jamais plus de dix partenaires en France. Mimaki a lancé de nouvelles machines en 2020, malgré le contexte. Comment s’est passé cet exercice inédit ?
Les ventes ont connu un coup d’arrêt lors du premier confinement, même si nos clients ont pu travailler sur de la signalétique sanitaire. Ensuite, les prêts garantis par l’État ont permis de relancer les achats de machines à un niveau spectaculaire,
puisque nous avons fait mieux qu’en 2019 sur juillet-septembre. Et nous avons envoyé un message très optimiste au marché, en lançant des machines malgré le contexte. Notre « série 100 » (deux imprimantes jet d’encre bobine-bobine, ndlr), et notamment le modèle UJV100-160, a très bien démarré. Nous avons aussi ajouté une brique supplémentaire à notre offre 3D avec la machine grand format 3DGD-1800. Et nous avons dévoilé notre modèle 3DUJ-2207, une imprimante 3D couleur jet d’encre UV compacte qui offre plus de 10 millions de couleurs et doit permettre aux bureaux d’études, écoles et fablabs de s’équiper à coût abordable. Quelles sont les applications et marchés qui, aujourd’hui, soutiennent ou tirent l’activité ?
L’impression 3D est un marché émergent, mais en très forte croissance. Nos distributeurs sont en réflexion stratégique pour créer des départements dédiés à cette activité. La personnalisation d’objets et l’impression textile suscitent aussi une très forte appétence de la part des marques, notamment dans le retail et l’hôtellerie. De nouvelles demandes sont apparues pendant la crise, avec certaines enseignes et industriels qui ont manifesté une volonté de s’équiper. D’un autre côté, les imprimeurs, qui ont les capacités d’achat et l’expertise, doivent se rendre visibles auprès des marques et créatifs. Nous allons les accompagner, en 2021, à travers des webinaires pour montrer quelles applications et quels marchés aller chercher. Enfin, nous dévoilons deux nouvelles machines textiles : la TS100-1600 en sublimation et la Tiger-1800B MkIII en impression directe.
F I 75
BUSINESS
BIESSE ET MASSIVIT :
L’UNION FAIT LA FORME
© Massivit / Biesse
Les deux champions de la fabrication en volume ont signé un partenariat stratégique pour développer conjointement des machines hybrides, capables d’allier les technologies de fabrication additive de Massivit 3D à celles, soustractives, de Biesse.
F I 76 Massivit 3D et Biesse ont annoncé, début novembre, avoir signé un partenariat technologique et commercial portant sur le développement conjoint d’une nouvelle ligne de produits hybrides, capables de combiner les atouts de la technique dite additive, utilisée par Massivit pour l’impression 3D, à ceux de la technique dite soustractive, maîtrisée par le groupe Biesse. Fondé en 1969, le groupe italien Biesse, spécialiste des technologies de façonnage du bois, du verre, de la pierre, du plastique et du métal, fait aujourd’hui partie des leaders mondiaux de son secteur. Créé en 2013, l’Israélien Massivit 3D est, quant à lui, précurseur dans le domaine de l’impression 3D grand format : ses machines produisent des éléments monumentaux pour les secteurs de la communication, de l’événementiel, de la signalétique, de la muséographie, de l’architecture et du retail.
UNE STRATÉGIE D’INNOVATION DYNAMIQUE L’accord entre Biesse et Massivit 3D est né dans le cadre du projet Open-I, un laboratoire d’innovation dynamique créé pour cultiver les liens entre Biesse et d’autres entreprises, universités, centres de recherche, accélérateurs et sociétés de capital-risque. « Ce partenariat nous permettra de nous développer sur de nouveaux marchés stratégiques, grâce à la forte position de Biesse. Il annonce une nouvelle ère pour la fabrication, en combinant le meilleur des technologies additives et soustractives, afin de fournir des solutions rentables et rapides pour la production de pièces de grands volumes », explique Erez Zimerman, Pdg de Massivit 3D. En 2019, le marché mondial de l’impression 3D a dépassé, pour la première fois de son histoire, la barre symbolique des 10 milliards de dollars, selon les données fournies par les experts du cabinet américain SmarTech Analysis. Un chiffre qui ne devrait que croître dans les années à venir, le rapport parlant de 53 milliards de dollars de revenus en 2029.
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NOUVEAUX MARCHÉS La société MOBI PLASTIC (93), fabricant de pochettes plastiques avec soudure haute fréquence pour les matchés du tourisme, de la santé, de l’automobile et de l’industrie, étend son parc machines, afin de s’ouvrir à de nouveaux marchés. Le distributeur Club Groupe, spécialiste des solutions d’impression grand format, a donc installé une table de découpe Jet Cutter S3 du fabricant Iecho et une imprimante hybride EFI VUTEk 32h dans l’atelier de Mobi Plastic. En 3,2 mètres de laize, la EFI permet d’imprimer sur support rigide comme sur du souple.
BASCULEMENT La société MICROLYNX tourne la page de l’impression offset. Déjà propriétaire d’une presse Indigo 12000, l’entreprise rennaise a intégré la première presse Indigo 100K installée en France. Solution numérique B2 la plus productive au monde, la presse numérique HP Indigo 100K offre une capacité de production de 6000 feuilles/heure.
PRODUCTIVITÉ Le constructeur Agfa installe deux nouvelles machines. Fin 2020, LOCAMAIL SYSTEM (73), société de services spécialisée dans l’industrie graphique, a investi dans une imprimante hybride UV Led Agfa Anapurna H1650i, en version quatre couleurs et blanc. Une machine qui vient en remplacement d’une ancienne imprimante UV hybride et qui répond à une demande croissante de ses marchés historiques. Début 2021, c’est l’entreprise JSB PRODUCTION (83) qui a fait l’acquisition d’une seconde Agfa Tauro 2500, afin de répondre à une hausse des commandes sur son site de vente en ligne wowprint.fr.
ÉTIQUETTES NUMÉRIQUES Le fabricant d’étiquettes DB GROUPE (45) accueille la toute première machine Epson SurePress L-6534VW de France. Capable d’imprimer jusqu’à 50 mètres par minute, cette imprimante jet d’encre UV offre une forte productivité, associée à une haute qualité d’impression (parfaite répétabilité des teintes) et permet de faire de l’ennoblissement en ligne (vernis sélectif) avec effets 3D.
JACQUELIN FRÈRES INVESTIT DANS UNE HP INDIGO 6900
Pour accroître sa compétitivité sur le marché français des étiquettes de vin, l’Imprimerie Jacquelin Frères a choisi la presse numérique HP Indigo 6900, dont la capacité à produire des étiquettes ennoblies en une seule passe permet de raccourcir les délais de commercialisation, sans concession sur la qualité. Installée à Savigny-lès-Beaune, Jacquelin Frères imprime et repique de petites, moyennes et grandes séries d’étiquettes de vins, adhésives et traditionnelles. Le groupe, qui possède sept autres imprimeries en France, a investi sur une presse HP Indigo 6900 pour répondre à une demande croissante d’étiquettes viticoles haut de gamme. « La concurrence entre les domaines viticoles a contraint nos clients à faire preuve d’originalité et de créativité pour leurs étiquettes. Le choix de la technologie est donc crucial pour notre modèle commercial, et nous investissons en permanence dans l’équipement le plus récent et le plus performant », explique Max Jacquelin, directeur général. L’Imprimerie Jacquelin Frères propose aujourd’hui une très grande variété de finitions dans ses ateliers, allant de la sérigraphie gonflante à la dorure à chaud, en passant par le vernis UV fluorescent ou encore la technique de l’holoprisme, qui permet d’apporter de la texture sur une dorure à chaud.
F I 77
BUSINESS
BOBST ACCÉLÈRE SON
TOURNANT NUMÉRIQUE Après avoir créé une activité de façonnage par découpe numérique, avec le groupe italien SEI Laser, Bobst est devenu propriétaire à 100 % de sa filiale Mouvent AG, qui développe des presses jet d’encre, avant de prendre le contrôle de Jetpack, premier fournisseur de solutions jet d’encre pour l’industrie de l’étiquette en France.
Premier fournisseur mondial d’équipements et de services destinés aux fabricants d’emballages et d’étiquettes, le groupe Bobst s’est converti sur le tard aux technologies numériques. Mais le constructeur suisse accélère désormais fortement sur ce segment, après avoir fait plusieurs annonces significatives fin 2020. C’est d’abord la création d’une nouvelle activité dédiée au façonnage par découpe laser, grâce à la signature d’un partenariat avec le groupe italien SEI Laser, spécialiste de cette technologie. La nouvelle division développera et commercialisera des solutions de découpe numérique pour les industries des étiquettes, des emballages souples, de la boîte pliante et du carton ondulé.
© Bobst
F I 78
DES LIGNES 100 % NUMÉRIQUES C’est ensuite la prise de contrôle totale de sa filiale Mouvent AG (Bobst possédait jusqu’ici 50,1 % des parts), société fondée en 2017 avec l’entreprise Radex et qui développe des presses numériques jet d’encre pour les marchés de l’emballage, de l’étiquette et du textile. Le groupe suisse peut ainsi proposer des lignes complètes, entièrement numériques, pour répondre à la demande croissante en matière de courts tirages, de réduction des délais de mise sur le marché et de personnalisation. Enfin, début 2021, le constructeur suisse a annoncé l’acquisition de 51 % du capital de la société Jetpack, qui s’est imposée, en dix ans, comme le premier fournisseur de solutions jet d’encre pour l’industrie de l’étiquette en France et sur les marchés francophones africains. Jetpack, qui commercialisait jusqu’ici les presses pour étiquettes du constructeur Durst, va reprendre la distribution des machines et solutions Bobst, et particulièrement les presses Mouvent.
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REPORTAGE
L’agence de design et stands aura vécu une année 2020 en mode projet. Confrontée à un secteur de l’événementiel à l’arrêt, Hopen a décidé de capitaliser sur ses forces vives pour se lancer dans la signalétique, la décoration et l’enseigne. Une transformation menée au pas de charge par son dirigeant, Brice Demaria. Cécile Jarry
HOPEN
S’OUVRE À DE NOUVEAUX HORIZONS
© Hopen Design
F I 80
Comme son père avant lui, Brice Demaria dirige la société familiale avec énergie et passion. Spécialisée dans la fabrication et l’installation d’espaces événementiels, Hopen (3,1 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2019) est une agence 100 % intégrée avec son bureau d’étude, sa menuiserie, sa cabine de peinture, son département décoration-impression et son équipe de poseurs-installateurs. Une volonté de « faire » au cœur de l’ADN de la société. Aussi, lorsqu’en mars 2020 la France entame son premier confinement massif et que l’entreprise, qui emploie 25 personnes, est mise à l’arrêt, le chef d’entreprise réagit vite et décide d’investir pour diversifier son activité. « L’événementiel fait partie des secteurs les plus directement touchés ? À nous de mobiliser nos savoirfaire et nos compétences pour développer de nouveaux marchés », martèle Brice Demaria à ses équipes, préférant compter sur ses propres ressources plutôt que d’éventuelles aides à venir. Son credo : « On investit et on ouvre ».
UNE UNITÉ COMPLÈTE DE PRODUCTION TEXTILE
À l’été, une opportunité d’investissement dans l’impression textile, seule production sous-traitée par Hopen, s’offre à lui. « C’est un projet sur lequel nous
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© Hopen Design
F I 81
travaillions depuis deux ans avec mon chef de studio, mais l’investissement nous semblait disproportionné par rapport au volume d’activité que nous sous-traitions. Une occasion s’est présentée cet été pour reprendre le parc machines d’une entreprise en vente, opportunité que nous avons saisie », raconte le dirigeant. Entrent alors dans l’atelier une table à plat Arizona en 3,20 mètres, une presse textile Mutoh, une calandre Klieverik et une machine à coudre industrielle Typical. La formation des équipes est assurée par le vendeur, qui passe plusieurs jours sur place pour garantir que tout se passera bien. Fort de ces nouveaux équipements, Brice Demaria veut développer son activité dans les secteurs de la signalétique, de la décoration et de l’enseigne. Il a désormais pour lui un atelier de production complet, qui lui permet de maîtriser ses coûts et d’être extrêmement réactif.
UNE NOUVELLE MARQUE : BEBHOP
Pour mettre toutes les chances de son côté et incarner au mieux sa stratégie, il décide d’abattre une seconde carte et crée, à la rentrée, une nouvelle marque : Bebhop. Début décembre, le site bebhop.com est en ligne : une vitrine ultra-vitaminée où l’on découvre l’étendue du savoir-faire de l’entreprise et son engagement RSE, sur un mode à la fois dynamique
et humoristique. « Le site est truffé de références aux années 1990, date de création de l’entreprise », s’amuse Brice Demaria. Avec Bebhop, le dirigeant vise dans un premier temps son marché local, les magasins et restaurants de la région de Chartres, où se trouve le siège de l’entreprise. Les clients d’Hopen - L’Oréal, Vinci, Natixis, etc. - sont aussi concernés. Certains se sont d’ailleurs montrés intéressés par cette nouvelle offre de leur partenaire, qui a déjà réalisé plusieurs accueils personnalisés pour des sièges sociaux parisiens.
UNE ÉQUIPE « DE MAC GYVER »
« On dit qu’il faut 60 jours en moyenne pour qu’une idée prenne forme et soit concrétisée. Avec les différents confinements, nous avons eu tout le temps de réfléchir pour trouver de nouveaux débouchés ». Une idée en amenant une autre, Brice Demaria confie être déjà sur un autre projet pour 2021. L’objectif ? Investir un marché de niche, celui de la personnalisation de containers. Sont annoncées une nouvelle marque et des réalisations 100 % maison. Un nouveau défi à la mesure de « son équipe de MacGyver », rompue à ce genre d’opérations.
REPORTAGE
« La marque au sourire » : c’est comme cela qu’il la présente. Jean-Michaël Peinchina (Keybop Conseil) a lancé, en septembre dernier, sa propre marque de masques. Une aventure industrielle passionnante, qui explore les voies d’une production 100 % made in France, en s’appuyant sur un écosystème vertueux et enrichissant pour tous les membres de la chaîne.
© Catherine Kohler
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LA BELLE HISTOIRE D'OLESMASQUES NOUVELLE MARQUE MADE IN ALSACE Nous sommes en septembre 2020. Face à une activité ralentie, Jean-Michaël Peinchina, consultant expert en impression numérique textile et dirigeant de la société Keybop Conseil, décide de passer de l’autre côté de la barrière et de se frotter à l’exercice de la création d’une marque. Avec lui dans cette aventure, la consultante Chloé Fernagut. Ensemble, ils forment un duo complice et complémentaire qui va réussir, à distance - elle dans le Tarn, lui à Mulhouse - à lancer la marque OLesMasques en l’espace de six semaines seulement, site internet compris. « Chloé est une experte de la vente en ligne. Elle s’est donc occupée de mettre en place notre site marchand. Quant à moi, j’ai mobilisé mon réseau pour trouver les bons fournisseurs et le bon imprimeur textile », raconte Jean-Michaël Peinchina. Pour le site, une plateforme Shopify, des photos libres de droit, un peu de Photoshop et le tour est joué ! « Nous avons bossé à fond pour que le projet émerge vite. Les outils qui sont aujourd’hui à notre disposition sont très performants et n’ont pas forcément nécessité beaucoup d’argent au départ », témoigne le dirigeant.
UN VRAI LABORATOIRE
Côté production, l’expert avoue « avoir remis les mains dans le cambouis avec plaisir ». Made in Alsace, ses masques sont imprimés en sublimation par l’imprimeur
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© Catherine Kohler
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DES PARTENAIRES RÉGIONAUX
Pour ses masques, Jean-Michaël Peinchina a choisi une matière de choix : un polyester de catégorie 1, léger, mais avec un grand pouvoir de respirabilité, fournit par l’entreprise Senfa, basée à Sélestat. Pour les élastiques mousse, c’est la corderie Meyer-Sansbœuf, dont le siège est à Guebwiller, qui a été retenue, avec là aussi un choix de qualité pour garantir un meilleur confort aux utilisateurs des masques. « Nous imprimons avec des encres certifiées Oeko-Tex », précise Jean-Michaël Peinchina, dont les masques réalisés en taffetas avec un complexe filtrant évitent tout contact de l’encre avec la peau.
UNE OFFRE POUR LES PROFESSIONNELS
Avec des acheteurs majoritairement régionaux au départ, le rythme a très vite atteint les 20 à 30 commandes par jour, pour atteindre 1000 masques vendus avant Noël. Une offre pour les professionnels a été mise en place avec 400 exemplaires vendus dès le lancement. Dans l’offre : des masques imprimés de différents motifs, pour adultes et enfants, mais aussi une collection unique, réalisée en partenariat avec le plasticien urbain d’origine alsacienne Pierre Fraenkel, auquel sont reversés 20 % de royalties pour chaque achat de masque. Aujourd’hui, Chloé Fernagut et Jean-Michel Peinchina poursuivent le développement de la marque. En initiant de nouveaux partenariats avec des artistes et en améliorant encore leurs produits, avec un soin attentif porté aux finitions. Mais pour Jean-Michaël Peinchina, il s’agit déjà d’une « formidable expérience et d’une belle aventure humaine, qui montre finalement que tout est envisageable ».
© Catherine Kohler
textile Colorathur, équipé en Mimaki et Roland. Pour ce prestataire, spécialisé en BtoB, le BtoC était une nouvelle aventure, un pas vers l’inconnu qu’il a accepté de tenter pour accompagner ce projet. « Prototype, production, couture : nous faisons des adaptations tous les jours, mais c’est ce qui est passionnant, cela fait grandir tout le monde. Ce projet est un vrai laboratoire », confie Jean-Michaël Peinchina, qui travaille pour l’instant avec un stock tampon, mais qui envisage d’expérimenter le flux tendu à court terme, si la demande continue à croître. Un premier pas vers l’automatisation pour l’entreprise, sur lequel il aimerait aussi travailler.
REPORTAGE
Créée en novembre 2010 par Didier Belin, « dans la véranda de la maison familiale », Imprimerie Européenne a fêté ses dix ans fin 2020. Dix années au cours desquelles le spécialiste français de l’impression en ligne a beaucoup évolué, pour devenir aujourd’hui une marketplace de référence. Et au printemps 2021, l’entreprise lancera sa toute nouvelle plateforme.
IMPRIMERIE EUROPÉENNE :
© Imprimerie Européenne
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UNE NOUVELLE PLATEFORME EN 2021
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En dix ans, Imprimerie Européenne a bien grandi. « Se faire une place parmi les grands a toujours été notre leitmotiv », indique Didier Belin, son directeur. Nous avions interviewé Didier Belin début 2020 et les résultats étaient au rendez-vous : « En 2019, nous avons connu de fortes progressions, avec une hausse de nos commandes de 40,2 % et plus de 110 000 visites rien que sur le mois de novembre ». Le dirigeant, qui venait de faire une importante levée de fond, avait investi fortement dans une campagne de communication nationale, à la télévision et à la radio, qui lui avait permis d’atteindre des chiffres records : 800 ouvertures de compte par mois en moyenne, dont 55 % effectuées par des professionnels des arts graphiques. Pour mémoire, depuis sa création en 2010, Imprimerie Européenne a connu plusieurs changements majeurs : trois nouveaux sites, l’arrivée dans le capital du fonds Poitou-Charentes Expansion (via la société de capital-investissement Aquiti Gestion), mais surtout, il y a sept ans, la création de sa marketplace, « dans le seul but d’offrir à ses clients les produits qu’ils recherchent à des prix imbattables, avec une haute qualité et des délais adaptés à leurs besoins », selon les mots Didier Belin. La crise sanitaire n’a pas douché les ambitions du chef d’entreprise, bien au contraire. Annoncée sur le salon
© Imprimerie Européenne
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UN NOUVEAU MOTEUR ULTRA PUISSANT « Le site a été repensé entièrement. Nos clients découvriront une nouvelle façon de naviguer, de sélectionner les produits, de mettre en avant leurs achats fréquents ou d’obtenir rapidement des statistiques. Ils pourront aussi découvrir des choix uniques de configuration. Le site a été optimisé pour fluidifier au maximum la navigation, précise le dirigeant. Nous avons doté la marketplace d’un moteur extrêmement puissant, pouvant calculer toutes les faisabilités d’un produit dès le premier argument, soit, par exemple, plus de 15 millions de possibilités de création pour les brochures, sans compter les quantités et délais, ou plus de 9 millions pour les flyers. Le calcul se fait en centième de secondes, ce qui rend la marketplace ultra performante. Et les nombreuses arrivées de nouveaux ateliers nous permettront
d’obtenir à coup sûr le catalogue le plus étoffé du marché. Nos clients auront en main un outil d’achat et de sourcing unique sur le marché de l’imprimerie en ligne, doté d’une multitude de fonctionnalités incroyables ». Pour les fournisseurs, une connexion ultra-rapide de leurs catalogues est annoncée. Un back-office très moderne, avec de nombreuses fonctions analytiques permettant de suivre en temps réel l’activité des clients, a également été mis en place afin d’optimiser le suivi et l’accompagnement de chaque projet.
© Imprimerie Européenne
C!Print 2020, la création de sa nouvelle plateforme est même plus que jamais d’actualité et deviendra réalité au printemps 2021. « Après plus de 30 mois de travail et de réflexion de la part de nos services IT, intégrateurs de prix et webmaster, la nouvelle plateforme Imprimerie Européenne sera bientôt opérationnelle », confirme Didier Belin. L’innovation de cette nouvelle plateforme repose essentiellement sur le développement d’une API pensée pour faciliter l’expérience-utilisateur.
SÉRIE LIMITÉE
UN CLONE EN IMPRESSION 3D POUR TRIX, LE CÉLÈBRE T-REX DU MUSÉE NATURALIS
À la fois musée national d’histoire naturelle et institut de recherche, le Centre de biodiversité Naturalis, basé dans la ville de Leiden aux Pays-Bas, est mondialement célèbre pour son incroyable squelette de T-Rex, pièce maîtresse de l’établissement depuis son installation en 2016. Un joyau que Naturalis va aujourd’hui partager, dans le cadre d’un partenariat, avec le musée des dinosaures de Nagasaki, au Japon. Pourtant, ce n’est pas le vrai « Trix » qui va voyager, mais bien son clone, imprimé en 3D sur une machine du constructeur Builder3D.
La préparation du clone aura nécessité un an de travail, en coopération avec la Leiden Instrument Makers School et le constructeur d’imprimantes 3D grand format Builder3D.
© Naturalis
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nstallé dans la ville de Leiden, à mi-chemin entre les métropoles de La Haye et Amsterdam, le Centre de biodiversité Naturalis est né de la réunion du musée national d’histoire naturelle et du musée national de géologie et de minéralogie, avant d’intégrer également les fonds du musée zoologique d’Amsterdam et de l’Herbier national des Pays-Bas. Ses collections comptent aujourd’hui 10 millions d’espèces. Mais une pièce en particulier a permis à Naturalis d’acquérir une stature et une renommée internationale : le squelette
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de tyrannosaure « Trix », qui doit son nom à la fois à son espèce (T-Rex) et à l’ancienne reine Beatrix des Pays-Bas. Découverte en septembre 2013 dans le Montana, aux Etats-Unis, sur une commande du musée néerlandais qui souhaitait absolument exposer un T-Rex, le squelette de Trix est l’un des plus grands et des plus complets jamais révélés. Il aura fallu près de trois ans et la bagatelle de six millions de dollars pour que les ossements de cette femelle T-Rex soit préparés, assem-
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Il aura fallu près de trois ans et la bagatelle de six millions de dollars pour que les ossements de cette femelle T-Rex soit préparés, assemblés et soclés au musée Naturalis. Les 320 os du squelette original ont été scannés un à un, puis positionnés numériquement, pour un rendu anatomique scientifiquement correct et conforme aux attentes du musée de Nagasaki.
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blés et soclés. Véritable star du musée Naturalis, Trix dispose aujourd’hui d’une salle entièrement dédiée au sein de l’imposant bâtiment. À tel point que d’autres institutions se battent pour une coopération avec l’établissement néerlandais.
UNE IMPRESSION 3D PAR DÉPÔT DE FILAMENT
C’est dans ce cadre que Naturalis a noué un partenariat avec le nouveau musée des dinosaures de
Nagasaki - ville jumelée avec Leiden - au Japon. L’institution nippone doit ainsi recevoir, au mois de mars prochain, une copie parfaite de Trix, réalisée en impression 3D. Il s’agira de la toute première reproduction du tyrannosaure batave. Un véritable « clone » qui aura nécessité pas moins d’une année de travail, avant l’expédition au Japon. Pour ce faire, Naturalis a coopéré avec la Leiden Instrument Makers School et, surtout, avec le constructeur d’imprimantes 3D grand format Builder3D.
SÉRIE LIMITÉE
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UN CLONE EN IMPRESSION 3D POUR TRIX, LE CÉLÈBRE T-REX DU MUSÉE NATURALIS
Pour l’impression, le musée Naturalis a utilisé une machine Extreme 1500 Pro du fabricant néerlandais Builder3D - l’une des plus grandes imprimantes 3D à dépôt de filaments (FDM) du marché - qui a reproduit les os du dinosaure à partir de PLA.
Si le T-Rex néerlandais est installé dans une position de prédation, avec la gueule au ras du sol - en raison du poids du crâne d’origine, par ailleurs extrêmement bien conservé - le musée de Nagasaki a souhaité obtenir une copie en position dynamique. Tout a donc commencé par la numérisation des 320 os du T-Rex original, scannés un à un. Ensuite, chaque os - dont certains ont été restaurés en version 3D - a été positionné numériquement, pour un rendu anatomique scientifiquement correct. Puis les fichiers numériques ont été envoyés à l’imprimante Extreme 1500 Pro du fabricant néerlandais Builder3D, qui a reproduit les os du dinosaure à partir de filament PLA (acide polylactique, un polymère biodégradable en compostage industriel). Avec son volume d’impression de 1100 x 500 x 820 mm, le modèle Extreme 1500 Pro de Builder3D est l’une des plus grandes imprimantes 3D à dépôt de filaments (FDM) du marché. Ce qui en fait une solution particulièrement adaptée à la production de pièces volumineuses pour le prototypage, la PLV, l’enseigne, la décoration, l’art et, bien sûr, la muséographie.
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UNE INSTALLATION FACILITÉE
Enfin, dernière étape : les os ont été peints, puis enfilés un à un, sur un cadre de tiges préconçu. Un process aisé, lié là aussi à l’impression numérique. En effet, lors de la mise en place d’un vrai squelette, le cadre est construit autour des os, pour éviter les dommages. « Afin que les os originaux soient disponibles pour la recherche scientifique, un cadre forgé et personnalisé est fabriqué pour chacun, afin qu’ils puissent facilement être retirés si des chercheurs veulent travailler dessus, explique Anne Schulp, paléontologue au centre Naturalis. Avec le T-Rex en 3D, le cadre a pu être modélisé à l’avance et nous avons prévu des emplacements directement dans les os imprimés ». Avant de partir pour le Japon, le tyrannosaure imprimé a été monté, au mois de décembre, en public, dans le hall d’entrée du musée Naturalis, afin de valider le « kit de construction ». Désormais emballé, le futur T-Rex du musée de Nagasaki est prêt à faire le voyage.