Visible #11

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TRIMESTRIEL JANVIER 2015

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Evénement

Dossier

TEXTILES :

QUE TRAMENT-ILS POUR L’AVENIR ?

www.visible-mag.com

Paris fait rayonner le graphisme Signalétique

Dessine-moi l’Opéra Tendance

La restauration rapide a le goût du design



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Quelle meilleure façon pour commencer l’année que de parler d’avenir ? Visible déroule pour vous les fils d’une matière qui connaît un vrai renouveau en décoration comme en communication visuelle : le textile. Ou plutôt devrait-on dire les textiles tant ce mot désigne désormais des produits bien différents. Les industriels rivalisent d’inventivité pour donner aux textiles toujours plus de propriétés et de fonctionnalités. Pas étonnant que transformateurs, imprimeurs et créatifs s’en emparent ! Ce foisonnement d’innovations autour des supports et des techniques de personnalisation, vous allez le retrouver au salon C!Print qui se tient à Lyon du 3 au 5 février. Lors de sa création en 2007, cet événement était axé à 100% autour du segment textile. Depuis, il a élargi son périmètre et présente via ses 250 exposants et son projet Plug&Play (1000 m2 en live) toutes les dernières innovations dans les domaines de l’impression et de la personnalisation. Sans oublier de très nombreuses applications en termes de communication visuelle bien sûr, mais également de décoration intérieure, d’architecture, etc. 2015 commence en beauté dans Visible puisque le magazine vous propose aussi de découvrir la nouvelle signalétique de l’Opéra Garnier ou de conjuguer restauration rapide et design. Grâce à Michel Bouvet, prenez le pouls du graphisme français – il va bien merci ! – et vérifiez par vous même l’infini dynamisme du graphisme à travers le monde lors de la Fête qui lui est dédiée à Paris. Bref, pour faire le plein d’inspiration, lisez Visible et venez nous retrouver sur C!Print. Très belle année à tous. Guillaume Abou Directeur de publication g-abou@656editions.net fr.linkedin.com/in/guillaumeabou/

Visible est une publication de la Fédération de la Communication Visuelle - 17, rue de l'Amiral Hamelin - 75783 Paris cedex 16 Édition : 656 Editions, 21 rue Longue, BP 1072, 69202 Lyon cedex 01- tél. 33 (0)4 78 30 41 73 - Fax : 33 (0)4 78 30 41 79 Directeur de la publication : Guillaume Abou Rédactrice en chef : Lorraine Bôle du Chaumont - 06 81 18 06 76 Rédactrice en chef adjointe : Céline Collot, celine@656editions.net 04 78 30 35 06 Comité de rédaction : Michel Caza, Francesca Ceccaldi, Laurence Farenc, Patrick Floren, Michel Martinez, Sylvie Raimbault, Christophe Trotignon, Serge Dimarellis, Marion Ferhat Communication : Aurélie Lamandé Ont collaboré à ce numéro : Lorraine Bôle du Chaumont, Céline Collot, Véronique Olivier, Julie Chide, Sophie Goldenstein, Raphaëlle de Dieuleveult, Michel Caza Direction artistique et réalisation : François Jaillet, fjaillet@656editions.net Responsable commercial : Thomas Nollet, thomas.nollet@656editions.net, 06 20 63 46 27 Abonnement : visible@656editions.net Prix au numéro : 15 euros. Tarif abonnement pour 1 an (4 numéros) : 55 euros Impression et routage : Imprimerie Chirat 744, rue de Sainte-Colombe - 42540 Saint-Just-la-Pendue N°ISSN : 2261-5474 Conformément à la loi du 11/03/57, toute reproduction même partielle des articles et illustrations publiés dans Visible est interdite sans accord de la société d’édition.

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TRIMESTRIEL JANVIER 2015

Photo de couverture © Design Percept Projet Interference : voilage tissé en fibres optiques et fils polyamide, alimenté par des Leds de couleur. Une métaphore du drapeau français conçue par l'agence Design Percept dans le cadre de la programmation d’Helsinki World Design Capital 2012 à l’Ambassade de France, exposition Vague de Lumières.

À LA UNE 26 RENCONTRE SECRETS DE FÉE CHEZ PIERRE HERMÉ ENTRETIEN AVEC SYRINE FARFAR-LAJILI

ACTUALITÉS

06 L’ACTUALITÉ DE LA COMMUNICATION VISUELLE ÉVÉNEMENTS

16 SALON C!PRINT, LYON, DU 3 AU 5 FÉVRIER 2015 : À LA DÉCOUVERTE DES APPLICATIONS

32 BILLET D’HUMEUR DES HABILLAGES INTERCHANGEABLES… OU COMMENT NAISSENT LES IDÉES ! PAR MICHEL CAZA

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TEXTILES :

QUE TRAMENT-ILS POUR L’AVENIR ?

20 PARIS FAIT RAYONNER LE GRAPHISME 22 OPINION LES PARADOXES DU GRAPHISME EN FRANCE…

48 SUBLIMATION

GRAND FORMAT : MARCHÉ MAJEUR EN DEVENIR ? VISIBLE

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Crédit © Design Percept

PAR MICHEL BOUVET, COMMISSAIRE GÉNÉRAL DE LA FÊTE DU GRAPHISME


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FOCUS

PRATIQUE

52 IDENTITÉ VISUELLE IDENTITÉS ENIVRANTES POUR BOOSTER LES VENTES

76 ÉTUDE DE CAS DES STATIONS DE SKI HABILLÉES POUR L’HIVER

56 INTERVIEW CROISÉE RATP - BNF : DUO DANS LE MÉTRO

78 LA GRAVURE DURABLE AU SERVICE DU SOUVENIR

60 DÉCORATION LE DESIGN AU SERVICE DE L’ACCESSIBILITÉ 62 ARCHITECTURE UNE FAÇADE GONFLÉE ! 64 SIGNALÉTIQUE DESSINE-MOI L’OPÉRA

TENDANCE

80 UNE ÉCOLE, UN PROJET UNE BOÎTE À OUTILS PROFESSIONNELLE DÉJÀ BIEN GARNIE

70 LA RESTAURATION

RAPIDE A LE GOÛT DU DESIGN

74 LAISSER PARLER LES PETITS PAPIERS… POUR LA CRÉATION

82 NOUVEAUTÉS BULLETIN D’ABONNEMENT EN PAGE 88

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ACTUALITÉS

LE CRILLON DANS SES HABITS DE LUMIÈRE…

OUVERTURE DU NOUVEAU CONCEPT BBQ À QWARTZ

Pendant sa rénovation, le plus majestueux des établissements de la capitale, revêt une robe scintillante, sur-mesure, réalisée par Bouygues Bâtiment - Ile-de-France - Rénovation Privée et JCDecaux Artvertising. Cette toile recyclable, la plus grande de France d’un seul tenant (1 390 m2), intègre harmonieusement de nombreux volumes architecturaux pour souligner les formes élégantes de l’édifice. Balcons et corniches reprennent ainsi vie au sein de cet habillage monumental. De nuit, la façade scintille grâce à des éclairages intégrés aux reliefs sculptés de la toile.

Burger Bar By Quick est le nouveau concept inauguré par la chaîne de restauration rapide Quick. Le premier point de vente de France a été inauguré au centre commercial Qwartz situé à Villeneuve La Garenne (92).Ces nouveaux établissements devraient prochainement rejoindre gares et aéroports français. L'objectif est de proposer une carte plus réduite que dans les restaurants classiques (composée des burgers les plus emblématiques de la marque, avec frites et glaces), mais avec un niveau de qualité plus élevé. C'est Identifia, filiale de DFT Enseignes (www.groupe-dft.com), qui a conçu, fabriqué et posé l'ensemble des enseignes ainsi que la signalétique.

LES VITRINES CELIO EN MODE HOLOGRAPHIQUE Début décembre, la société COMactive, concepteur de vitrines holographiques basé à Montluçon, a installé 4 supports holographiques très spectaculaires dans la vitrine du magasin Celio des Champs-Elysées à Paris. Ce dispositif était visible pendant toute la période des fêtes. À l'intérieur de chaque « cube » transparent : des produits exposés et des personnages holographiques qui s’animent autour. L’un va tirer sur les lacets d'une chaussure tandis qu’un autre réajuste un nœud papillon sur une chemise, d'autres enfin entrent et sortent de l’encolure d’un pull ou jouent à cache-cache autour d'une écharpe.

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LE PARTENARIAT ENTRE LA POSTE ET LA MONNAIE DE PARIS CÔTÉ MERCHANDISING Pour le lancement par La Poste de la vente des pièces de la Monnaie de Paris dessinées par Sempé, la réalisation des présentoirs a été confiée à Fapec, spécialiste européen dans la fabrication de concepts de mobiliers et de PLV. Une mise en scène a été déployée pour valoriser les collections dans les 2 800 bureaux de poste, avec plusieurs contraintes : optimiser la visibilité des collections, sécuriser l’offre de ces produits de valeur et offrir une solution qui s’adapte à toutes les configurations des bureaux de poste. À partir de ce brief, Fapec a réalisé des vitrines pour 1 600 bureaux (Espaces Services Clients) avec les produits en libre-service et des displays pour 1 200 bureaux de poste traditionnels. Ce dispositif, qui a participé au succès du lancement de la collection en optimisant la décision d’achat sur le lieu de vente, évoluera en 2015 avec une nouvelle offre.

FOTOLIA 
VA INTÉGRER LE CREATIVE CLOUD, SUITE À SON RACHAT PAR ADOBE

Début décembre, Adobe a annoncé le rachat de la société Fotolia, pour un montant d’environ 800 millions de dollars. Ce rapprochement permet aux créatifs de tous horizons de bénéficier d’images et de vidéos de grande qualité. En effet, la banque d’images libres de droits Fotolia sera intégrée à Adobe Creative Cloud, pour permettre à ses membres d’avoir accès à une base de données conséquente d’images et de vidéos, et d’effectuer leurs achats parmi plus de 34 millions de références. L’acquisition de Fotolia renforce la position de Creative Cloud comme plateforme d’échange dynamique pour les créatifs, aussi bien pour acheter et vendre des œuvres et des services, que pour mettre en avant leurs talents à l’échelle mondiale. Adobe prévoit également de continuer à développer Fotolia comme plateforme autonome de services, accessible à tous. « Pour l’équipe Fotolia, devenir membre de la famille Adobe est un rêve devenu réalité. Cette intégration s'inscrit parfaitement dans notre volonté de devenir la meilleure plateforme pour les artistes et utilisateurs d’images à la recherche de contenus de grande qualité », commente Oleg Tscheltzoff, co-fondateur et CEO de Fotolia.


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ACTUALITÉS

UN NOUVEAU CONCEPT MAGASIN SYNONYME D’EXPERTISE POUR LISSAC Pour l’enseigne Lissac (Groupe Gadol Optic), Brandimage a imaginé un concept élégant, où la notion de « spécialiste » est théâtralisée à travers des ingrédients stylistiques forts. Dans la palette colorielle, le gris et le rouge sont marqueurs d’excellence et de précision. Par ailleurs, un univers iconographique en linéaire met en scène les prises de paroles des experts qui font la marque, leur domaine d’intervention et leur valeur ajoutée dans cette expérience client. Des focus et zooms produits sont utilisés pour mettre en valeur les détails et finitions des outils indispensables à ce savoir-faire. Brandimage a conçu une structure de mobilier en matériaux durables. Par son caractère évolutif et modulable, elle permet au magasin de s’adapter en fonction des saisons, des tendances et des offres du moment. Les éléments mobilier donnent à chaque opticien la possibilité de gérer son espace de vente suivant ses besoins et ses envies.
 Afin d’intensifier l’expérience client et d’affirmer le métier de spécialiste de l’optique, Brandimage redonne à l’atelier une position de choix : un espace de précision ouvert, dédié au professionnel, mais accessible visuellement par le client.

EXPO SONIA DELAUNAY : LES COULEURS DE L’ABSTRACTION

LE SHOWROOM DE SFR TOURCOING RELOOKÉ PAR DOUBLET À l’été 2014, la société Doublet (59) a réalisé le remodelage du showroom de 105 m2 de la boutique SFR de Tourcoing. Au final, on découvre un mur de 10 mètres de long qui a été entièrement décoré aux couleurs de la marque SFR avec : plexiglas imprimé et découpé à la forme, lettres volumiques et panneaux en Forex, adhésifs repositionnables à volonté... Une mixité des matériaux qui met en avant la variété des métiers représentés chez Doublet. Pendant 3 mois, le projet a été maitrisé de A à Z par les équipes de Doublet : de la proposition de différents design, jusqu'à la faisabilité technique et la mise en place (1,5 jour de pose).

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Jusqu’au 22 février 2015, le Musée d’Art moderne de la Ville de Paris organise la première grande rétrospective parisienne consacrée à Sonia Delaunay depuis 1967. Pourquoi y aller ? Pour les 400 œuvres réunies et dans lesquelles vibrent les couleurs : peintures, décorations murales, gouaches, estampes, mode et textiles. Pour les reconstitutions d’ensembles et de dispositifs inédits, et pour découvrir son œuvre à travers des supports très divers : films d’époque@, photographies, témoignages… Sonia Delaunay était convaincue que, pour se renouveler, l’art de son temps devait abolir la hiérarchie entre arts mineurs et arts majeurs. Ainsi, l’artiste s’est-elle faite designer, créatrice de mode, décoratrice d’intérieur, ou encore affichiste. Ouvre boutique, atelier de couture, maison de tissus… Cette exposition nous propose une relecture du 20ème siècle dans le sillage d’une femme au diapason de son époque. Ou mieux, résolument moderne.



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ACTUALITÉS

L’EMBLÈME HISTORIQUE DU FUTUROSCOPE À NOUVEAU EN ORBITE Le « Pavillon du Futuroscope », premier pavillon construit sur le Parc il y a 30 ans, est longtemps resté l’emblème du Futuroscope. Bien identifiable, sa boule blanche avait dû être déconstruite en 2012 en raison de sa vétusté. La pose officielle de la nouvelle sphère, imaginée par l’architecte Denis Laming, a eu lieu le 18 novembre 2014. Une prouesse technique puisque l’ouvrage, construit sur place, a été soulevé en une seule fois par une grue de 700 tonnes.

NOUVEL ÉCRIN POUR LES CHOCOLATS PIERRE MARCOLINI Imaginé par BETC Design, le nouveau concept architectural des boutiques du chocolatier Pierre Marcolini conjugue luxe et gourmandise. La première boutique a ouvert en 2014, rue Saint-Honoré à Paris. Le lieu reflète le positionnement haut de gamme de la marque, autour du fil directeur « le chocolat dans tous ses émois ». Les meubles sont construits comme une scène de théâtre : autour d’un carrousel à macarons, comptoir à chocolats sur-mesure, bar à gourmandises et chocothèque suscitent l’émerveillement des clients. La communication est laconique, avec des codes graphiques stricts qui reprennent ceux de la joaillerie de luxe : dominante de blanc qui contraste avec le noir des packagings, présence de touches de cuivré sur les étagères et les présentoirs, murs moulurés, poteaux de guidage à corde, sol marbré.

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PRISMAFLEX INTERNATIONAL A INSTALLÉ L’UN DES PLUS GRANDS PANNEAUX LED DU NIGERIA Prismaflex International assoit son savoir-faire sur le continent africain à travers une nouvelle réalisation LED grand format pour la société d’affichage GEMS Outdoor. Il s’agit d’un panneau LED P20 de 300 m2 à 20 m du sol installé fin 2014 à Lagos City (Nigeria). La société française est déjà présente en Afrique du Sud au travers de sa filiale implantée dans ce pays depuis plus de 15 ans, et travaille avec de nombreux annonceurs sur le marché de l’OOH et de la POP. L’entreprise était notamment présente sur le salon MARKEX à Johannesburg en juin 2014 afin de présenter ses solutions produits et impression pour les magasins et les points de vente.

LA COLLECTION PHILIPPE PELTIER LÉGUÉE À FESPA FRANCE L'ancien propriétaire et fondateur du salon Symphonie Visuelle et de la revue Sign Info Séri, Philippe Peltier, a fait don à l'association FESPA France de sa collection complète des magazines sur la sérigraphie et l'impression numérique Le Tamis (1952 à 1999) et Sign Info Séri (1986 à 2008). « J'ai attrapé le virus de la sérigraphie en 1965 et cela fait presque 50 ans que j'ai commencé à constituer cette collection et j'aimerai aujourd'hui en faire don à FESPA France pour que l'association conserve cette mémoire, cet historique sur la sérigraphie et l'impression numérique » a déclaré Philippe Peltier.

EN BREF PANEL PUB FÊTE SES 20 ANS !

Panel Pub, société d'enseigne et de signalétique située en Poitou-Charente, fête ses vingt ans. Créée en 1994 par Christian Martin, sous le nom de PanoPub, la société a été reprise en 2011 par Adrien Jolly, ancien employé de la société. Il y a quelques mois, Panel Pub a déménagé dans de nouveaux locaux au Parc de l’Atlantique, à côté de Saintes (17). Elle a accompagné ce changement d'une nouvelle charte graphique et d'un nouveau site internet. www.panelpub.com


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ACTUALITÉS

JB GAZZOTTI (GROUPE OXY) DÉCORE LE NOUVEAU MUSÉE NATIONAL DU SPORT

Le nouveau temple du sport, implanté au cœur du stade Allianz Riviera à Nice, a été conçu par le cabinet d'architecte Wilmotte et l'agence ENT Design à Paris pour la partie décoration. Décoration intérieure, signalétique, kakemonos, mats, drapeaux, enseignes en lettres inoxydables rétroéclairées : la réalisation de ces aspects a été confiée au savoir-faire de JB Gazzotti, spécialiste de la signalétique événementielle. Elle a mobilisé jusqu'à 6 poseurs sur site dont 2 en permanence pendant 2 mois. Pour rappel, le 30 octobre dernier JB Gazzotti est entré dans le giron d'OXY, acteur majeur dans le marquage industriel, les claviers à membrane et les faces avant techniques. Les deux entreprises indépendantes, installées à Aubagne, souhaitent ainsi mutualiser leurs savoir-faire et mettre à profit leur complémentarité pour augmenter leur capacité de production et viser de nouveaux marchés au plan national.

EN BREF NOUVEAU VISAGE POUR LES GALERIES LAFAYETTE DE MARSEILLE BOURSE

En novembre 2014, les Galeries Lafayette de Marseille Bourse ont inauguré leur nouvelle façade signée par Moatti et Rivière. Tel un ruban vitré et transparent qui se déploie sur toute la longueur et sur les trois niveaux, ce geste architectural constitue un véritable exploit technique. Sa double courbure est constituée de panneaux de tôle laquée à facettes et de lamelles métalliques en forme de vagues.

ANDRÉ RAMSAMY PREND LA TÊTE DU CLUB ÉCONOMIQUE BÉNÉDICTIN À LA RÉUNION André Ramsamy, dirigeant de Réuni Pub, société d'enseigne et de signalétique à la Réunion, succède à Thierry Legros à la tête du Club Economique Bénédictin (CEB). L'association regroupe une quinzaine d'entrepreneurs ayant pour but de dynamiser l'action locale pour l'activité économique et l'emploi. Pour André Ramsamy et le CEB, il est possible d'exploiter plus rationnellement le gisement local d'emplois au profit des Bénédictins grâce à une meilleure coordination des acteurs impliqués dans la lutte contre le chômage. L'idée centrale portée par le CEB est de renforcer le dialogue et l'échange d'informations entre tous les acteurs concernés localement par l'activité économique. La CEB et l'agence Pôle Emploi ont ainsi décidé de tenir des réunions mensuelles destinées à faire le point sur le marché local du travail. André Ramsamy entame une tournée des centres de décision pour défendre l'idée de cette dynamique d'un travail en commun. Son objectif : permettre de créer 300 emplois en 3 ans ! www.reunipub.re

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ACTUALITÉS

CONQUEROR D’ANTALIS A 125 ANS

Antalis, distributeur de papiers, de produits de communication visuelle et de solutions d’emballage, fête les 125 ans de la gamme de papiers et d’enveloppes Conqueror avec le lancement d’un livre relié intitulé Conqueror, trusted to tell your story (« Conqueror, conçu pour raconter votre histoire »). Composé de 60 différents papiers de la gamme, l’ouvrage relate la création de Conqueror et constitue un outil de référence pour les créatifs, imprimeurs et marques, amoureux des papiers fins. L’œuvre met également en avant la capacité d’adaptation de la gamme aux différentes solutions d’impression et de finition.

FRANCE : LE MARCHÉ DU DIGITAL SIGNAGE AU BEAU FIXE

L’OVAB Europe en partenariat avec le Club du Digital Media a publié début décembre les premiers résultats de l’index DBCI (« Digital Signage Business Climate Index » : indicateur du développement économique du marché du digital signage) pour le marché français. Ils révèlent que les acteurs du marché du digital signage sont globalement satisfaits de leur activité et plutôt confiants pour 2015. Dans le détail, Le DBCI indique que 90 % des répondants considèrent leur situation bonne ou satisfaisante et plus de 55 % anticipent une évolution positive de leur activité dans les 6 prochains mois. Secteur le plus actif, le Retail représente à lui seul 22,3 % du marché, suivi par la communication d’entreprise (12,6 %) et le milieu bancaire (9 %).

CENTRES COMMERCIAUX

DOOH

7,6 %

RETAIL ACCORD STRATÉGIQUE GALILÉE-APPLIGRAPHIC

COMMUNICATION CORPORATE

22,3 %

12,6 % QSR & RESTAURANTS 4,0 %

COLLECTIVITÉ 4,0 %

HÔTELLERIE 4,0 %

SANTÉ

5,0 %

16,9 %

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Des provocantes entrées Guimard typiques de l’Art nouveau, aux étincelantes voûtes de faïence, en passant par les prouesses architecturales du métro aérien, Sybil Canac (textes) et Bruno Cabanis (photos) nous font partager l’histoire du métro de Paris. C’est ainsi qu’apparaissent les différentes strates de l’évolution stylistique de ce mode de transport moderne, reflet d’une culture et d’une civilisation urbaine en perpétuel mouvement. Collection Les Essentiels du patrimoine, www.massin.fr

6,6 %

9,0 %

AUTRES

PARIS MÉTRO, HISTOIRE ET DESIGN

TRANSPORTS

8,0 %

BANQUES

EN BREF

Dans le cadre de leurs développements respectifs, Galillée et le groupe Appligraphic ont conclu un accord portant sur la cession des activités du département consommables et proofing de Galillée. Le groupe Appligraphic, acteur reconnu et spécialisé des produits et solutions destinées à la production imprimés des arts graphiques, est depuis le 1er décembre 2014 en charge de l'intégralité de l'activité.



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SALON C!PRINT 3I4I5 FÉVRIER, LYON

À LA DÉCOUVERTE DES APPLICATIONS ! Le salon C!Print, dédié aux techniques d’impression, à la personnalisation et aux nouveaux marchés de la communication visuelle, présente son Atelier Créatif PLUG&PLAY, étape incontournable de l’édition 2015, du 3 au 5 févier à Lyon. Sa vocation ? Accompagner et inspirer les professionnels du « print », tout comme les créatifs et prescripteurs. Avec un secteur de l’impression et de la personnalisation en pleine mutation, des métiers aussi divers mais néanmoins connexes qu’imprimeurs, transformateurs, enseignistes, graphistes, architectes, designers, etc., avaient besoin d’un événement dédié pour leur permettre de découvrir toutes les innovations, notamment numériques, mais aussi d’être accompagnés vers tous les nouveaux marchés de la communication visuelle.

Cet événement, c’est le salon C!Print qui s’est imposé depuis 3 ans à Lyon comme le rendez-vous de l’innovation pour toute la communauté du « print ». Au cœur du salon, l’Atelier créatif PLUG&PLAY sera la démonstration grandeur nature de tout ce que les technologies d’impression et de finition peuvent aujourd’hui apporter aux secteurs de la communication visuelle et de la décoration d’intérieur. Sur 1 000 m2, pendant 3 jours, PLUG&PLAY mettra en avant les solutions, et démontrera à quel point les possibilités créatives sont plus vastes que jamais (flexibilité des machines, variété des supports…), avec notamment des nouvelles matières qui proposent des effets surprenants de réalisme ou des fonctionnalités utiles et innovantes (médias anti-microbien, anti-rayures, phosphorescents…). Plus généralement, les nouvelles solutions se caractérisent par leur simplicité de mise en œuvre. Une tendance que Guillaume Abou, directeur du salon C!Print, illustre avec l’exemple du Retail : « Cet univers, à la croisée de la communication et de la décoration, est un débouché évident pour les innovations des technologies et des supports. Rien de plus simple aujourd’hui pour un responsable de magasin que de mettre en place une promotion ou une décoration saisonnière avec du vinyle repositionnable, des systèmes magnétiques ou encore des tissus tendus sur cadres, légers à transporter et qui se clipsent en un clin d’œil… ! ». ...

L’ATELIER NOVA DE C!PRINT CHANGE DE NOM ET DEVIENT PLUG&PLAY PLUG

parce qu’il « connecte » le visiteur à l’offre de machines d’impression numérique et de matières la plus

innovante du moment.

PLAY parce que ce panorama de solutions technologiques doit libérer les initiatives et faire ressentir au visiteur (qu’il soit imprimeur, transformateur, prescripteur, etc.) son propre potentiel créatif.

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ACTUALITÉS ÉVÉNEMENTS

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« AU-DELÀ DE LA CRÉATIVITÉ ET DE LA CONVIVIALITÉ, LE C DE C!PRINT SERA PLUS QUE JAMAIS SIGNE DE COMMUNAUTÉ ! » GUILLAUME ABOU, organisateur de C!Print

FOCUS SUR...

LES APPLICATIONS EN COMMUNICATION VISUELLE ET AGENCEMENT DE POINT DE VENTE MOBILIER PERSONNALISÉ EN COVERING ADHÉSIF

DISPLAY EN CARTON ALVÉOLAIRE IMPRIMÉ

CRÉATION D’OBJET DÉCOUPÉ/ PERSONNALISÉ SUR-MESURE // EX : CINTRE EN CARTON PLUME

MOBILIER PERSONNALISÉ IMPRIMÉ EN NUMÉRIQUE DIRECT TABOURET EN CARTON RIGIDE IMPRIMÉ EN NUMÉRIQUE

PAPIER PEINT PERSONNALISÉ EN IMPRESSION NUMÉRIQUE DIRECTE RIDEAU PERSONNALISÉ IMPRIMÉ EN SUBLIMATION

DIGITAL MEDIA / ECRAN LED

CAISSON LUMINEUX AVEC TEXTILE IMPRIMÉ

DÉCORATION DE VITRINE EN ADHÉSIF COLORÉ TRANSLUCIDE SOL EN LINOLEUM IMPRIMÉ DÉCORATIF

SIGNALÉTIQUE MURALE TEXTILE INTERCHANGEABLE AVEC PROFILÉS EN ALUMINIUM

MOBILIER PERSONNALISÉ EN COVERING ADHÉSIF ET PLASTIFICATION EFFET BOIS

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À LA DÉCOUVERTE DES APPLICATIONS !

... Pour Jérôme Bourgeois, nouveau directeur marketing du groupe 656, en charge du développement de ce projet, l’Atelier Créatif est aussi une démonstration concrète du décloisonnement des métiers : « Nous présenterons par exemple une cuisine entièrement personnalisée en covering "All-over". Pour cela on a fait travailler ensemble différents maillons du marché : un décorateur d’intérieur qui a donné sa vision, un graphiste qui l’a mise en adéquation avec une créa et un industriel pour la faisabilité technique ».

« LA DYNAMIQUE COMMUNAUTAIRE EST VRAIMENT LÀ. LE SALON N’EST QU’UNE ÉTAPE, LA DÉMARCHE PLUG&PLAY EST UNE EXPÉRIENCE QUI SE POURSUIT TOUTE L’ANNÉE EN TERME DE RELATION BUSINESS ET DE SOURCING » JERÔME BOURGEOIS, directeur marketing du groupe 656

Toutes ces solutions, à qui s’adressent-elles ?

Le visitorat de C!Print est justement à l’image des passerelles qui sont en train de se bâtir entre des marchés très divers. Naturellement, les fabricants de médias et de machines qui ont vécu toutes ces innovations de l’intérieur et souhaitent élargir la cible de leur clientèle. Sont aussi concernés : les imprimeurs qui doivent optimiser leurs productions ou faire évoluer leur offre. Le salon accueille aussi un pourcentage grandissant de prescripteurs à la recherche de nouveaux outils au service de leur créativité (agence de communication, décorateurs, designers…) et enfin les annonceurs, curieux des nouveautés, voire pour certains prêts à s’équiper en matériel d’impression afin d’être eux-mêmes plus réactifs et autonomes dans leurs opérations d’image et de marketing.

Ce vaste « paysage professionnel » (fabricants, créatifs, imprimeurs, clients finaux, prescripteurs) compose la « Communauté C!Print » qui se retrouvera à Lyon du 3 au 5 février « Qu’est-ce qui est faisable en matière d’impression et de finition ? Pour tous les professionnels de notre secteur, venir à C!Print, qui offre un panorama complet des possibilités actuelles est essentiel, notamment au moment de la phase de création de leurs projets, » insiste Guillaume Abou. « Accompagner la communauté, c’est la raison d’être de notre salon et de l’Atelier C. C. créatif PLUG&PLAY ».

APPLICATION

« TAG - PLUG & PLAY » Toutes les applications présentées sur l’Atelier créatif PLUG&PLAY seront identifiées avec une étiquette (TAG) liée à une application web qui présentera, sur smartphone ou tablette, les fournisseurs de supports, d’impression ou de découpe utilisés dans les productions. Cela permettra aux visiteurs de se constituer un « cahier de tendances, de solutions et de sourcing » auquel ils pourront se référer, après le salon, pour s’inspirer ou aller plus loin en concrétisant leurs achats.

BIZZABO… QUÉSAKO ? C!Print s’associe avec BIZZABO pour proposer aux visiteurs une application événementielle pour Smartphone et tablettes qui permet de faire le lien entre rencontres physiques sur le salon et réseaux sociaux professionnels. Bizzabo permettra d’accéder au profil LinkedIn de tous les exposants. Plus d’informations sur www.salon-cprint.com

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ACTUALITÉS ÉVÉNEMENTS

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L’ATELIER CRÉATIF, C’EST AUSSI UN COMITÉ D’EXPERTS ! En 2015, le salon C!Print franchit une nouvelle étape et structure la communauté professionnelle à travers le Comité de lʼAtelier créatif PLUG&PLAY. Composé d’experts, véritables passeurs d’idées et de tendances, ce comité consultatif réunit actuellement 20 membres (prescripteurs, transformateurs et prestataires) et a vocation à répondre aux besoins d’accompagnement de la communauté C!Print. Chacun dans leur domaine, ils seront présents sur le salon pour animer et enrichir le programme d’études de cas, conférences et workshops. Frédéric Tisseyre, consultant en décoration et membre du Comité témoigne : « Le marché a besoin que les industriels (fabricants d’imprimantes ou de supports), les imprimeurs, et les créatifs communiquent davantage afin de bâtir des offres toujours plus différenciantes pour le client final. On est entré dans une logique d’innovation, les supports et techniques sont là, reste à savoir comment les exploiter au mieux. Pour cela les fabricants doivent s’intéresser aux attentes des clients de leurs propres clients que sont imprimeurs et transformateurs, afin de proposer des solutions encore plus adaptées. C’est ce que fait très bien Roland par exemple ou encore HP qui a commencé à parler papier peint il y a 2 ans déjà. C’est cette démarche fondamentale qu’on essaie de formaliser à travers le comité de l’Atelier créatif PLUG&PLAY. »

LES MEMBRES DU COMITÉ DE A À Z…

Christophe Aussenac (Impression numérique Grand format, ATC Groupe), Sabrina Baczynski (Projets et Communication visuelle, SMTK), Sébastien Barcet (Papier peint et Découpe adhésive, Artprint), Laurent Blasquez (Impression numérique jet d’encre, eco-solvant, UV et gravure, Roland), Philippe Burnat (Matériaux composites, Serge Ferrari), Michel Caza (Sérigraphie et impression numérique, Fespa France), David Chanrion (Déploiement de communication, Megamark), Céline Colin (Design carton, DeMill), Sébastien Fernet (Digital media, Samsung), Alberto Giorgiutti (Architecture et urbanisme, Lyon City Design), Jacobo Jover Castella (Support carton, Northern Design France), Justine Klemenko (Design et architecture, Outsign), Nadine Lalanne (Impression numérique jet d’encre latex et UV, HP), Bertier Luyt (Impression 3D, Le Fabshop), Benjamin Orel (Réalité augmentée et réalité virtuelle, Huntertainment), Aurélia Paoli (Design et décoration, Beauregard Paris), Christophe Paymal (Design et Communication, Paymal Network), Jérôme Richer (Impression numérique grand format, agence SPPM), Frédéric Tisseyre (Décoration et spécialiste couleur).

QUELS MARCHÉS D’APPLICATIONS SERONT REPRESENTÉS SUR L’ATELIER CRÉATIF ? COMMUNICATION VISUELLE POINT DE VENTE ET AGENCEMENT DÉCORATION INTÉRIEURE DESIGN GRAPHIQUE PHOTOGRAPHIE EVÉNEMENTIEL PERSONNALISATION D’OBJETS TEXTILE PERSONNALISÉ PLV / PACKAGING

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20 ÉVÉNEMENTS

PARIS FAIT RAYONNER

LE GRAPHISME Lancée en 2014 à Paris, la Fête du graphisme est le premier événement d’envergure internationale entièrement dédié aux arts graphiques. En vue de sensibiliser davantage le grand public à cette discipline, la deuxième édition (7 janvier - 17 février 2015) célèbre l’excellence du design graphique contemporain dans toute la capitale, à travers de multiples expositions, V.O. projections, rencontres et workshops. Panorama des meilleurs spots.

Célébrer la Terre

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2014, PVincent Lavergne, Alliance française de Dublin, Irlande 2014. © Vincent Lavergne

When nothing is left, 2014, Peet Pienaar, designer graphique, affichiste, Afrique du Sud. Commande artistique de la Ville de Paris (Fonds Municipal d’Art Contemporain) pour Célébrer la Terre, Fête du graphisme 2015, Paris. © Peet Pienaar, Afrique du Sud

UNE DIVERSITÉ EXCEPTIONNELLE Concept : 40 graphistes internationaux ont conçu, sur commande publique de La Ville de Paris, une affiche pour « Célébrer la Terre », en écho à la Conférence Paris Climat 2015 (COP21). À découvrir sur les équipements JCDecaux, grand partenaire de l’événement : sur les abribus de la Capitale, et sur des totems aux Champs-Elysées. Dates & Lieux : 7/01 - 17/02 dans tout Paris et 21/01 - 4/02 sur les Champs-Élysées.

Underground

UN PATRIMOINE UNIQUE ENFIN AU GRAND JOUR Concept : Une sélection, de 1960 à aujourd’hui, de revues alternatives mondiales, souvent diffusées « sous le manteau », riches en procédés d’impression : photocopie, offset, rhiso, xérographie, sérigraphie, linogravure, tampons... Dates & Lieu : 16/01 - 08/02, Cité internationale des arts.


LL Cool Jo, Amour éternel sans divorce, Mékanik Copulaire éditions, graphzine, impression offset, 2012, France. © LL Cool Jo.

ÉVÉNEMENTS 21

Utopies et réalités #1

UN TÉMOIGNAGE D’UNE GRANDE LIBERTÉ DE CRÉATION Concept : Hommage à deux grands maîtres du design graphique contemporain, qui ont su allier travail de commande et création personnelle : Kazumasa Nagai, considéré au Japon comme l’un des plus grands graphistes et affichistes de sa génération, et le Berlinois Henning Wagenbreth, dessinateur hors pair et virtuose de la couleur. Dates & Lieu : 16/01 - 8/02, Cité internationale des arts.

Sacrés caractères !

Henning Wagenbreth, Jazzfest 2011, Affiche pour un festival organisé par la salle de spectacle du Berliner Festspiele. Sérigraphie, 118,9 x 168,2 cm, Allemagne 2011.© Henning Wagenbreth

©sacrés-caractères

UNE MINE D’INFORMATIONS Concept : Les polices font partie de notre quotidien, davantage avec la multiplication des écrans. Douze films courts (2’30) racontent les origines de 12 polices emblématiques, liées aux évolutions dans les domaines des techniques d’impression, des arts, de la communication et de la publicité.. Lieu : Musée des Arts décoratifs.

Ailleurs

UN PARI ESTHÉTIQUE, POLITIQUE ET HUMANISTE Concept : Une centaine d’Alliances dans le monde, qui diffusent la langue et la culture française, ont demandé aux graphistes, artistes et étudiants des écoles d’art d’imaginer une affiche représentant leur ville. Dates & Lieu : 16/01 - 8/02, Cité internationale des arts et au Jardin des Arts, extérieurs.

LE LIVRE DE LA FÊTE DU GRAPHISME

Et aussi…

LA FÊTE DIGITALE : Des séances et des soirées dédiées à la création graphique digitale française, en partenariat avec l’Alliance française des designers (AFD), Designers Interactifs et Motion Design Plus. À La Gaîté Lyrique et au Silencio. WE LOVE BOOKS ! : Un tour du monde du livre, pour découvrir la créativité du secteur de l’édition à travers les images, les typographies et les formats, du poche au livre d’art. À la Cité internationale des arts. LA FÊTE DES ÉCOLES : Workshops dans dix écoles en arts graphiques de Paris, partenaires de la Fête du graphisme (ECV site Buffon, LISAA, ESAG Penninghen, Gobelins, ENSAAMA Olivier de Serres…).

Reflet de l’événement, cet ouvrage traite du graphisme alternatif et du graphisme de commande, avec un éclairage particulier sur toutes les formes d’édition, des free press, zines, livres traditionnels et affiches aux nouveaux supports numériques. Les éditions du Limonaire, 500 pages, 1 000 reproductions en couleurs, version française, 33 €. À la boutique de la Fête du graphisme de la Cité internationale des arts et dans les lieux partenaires.

d'informations sur www.facebook.com/fetedugraphisme et sur www.fetedugraphisme.com

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Michel BOUVET

Les paradoxes du graphisme en France… Le graphisme est présent partout dans notre quotidien et pourtant il est ignoré par la quasi-totalité de la population. Premier paradoxe d’une discipline dont il n’est jamais question à l’école. Les gens n’ont donc pas les mots pour l’aborder ce qui ne facilite pas la communication… Une discipline autour de laquelle il règne également une grande confusion : dans l’esprit de beaucoup, publicité et graphisme se mélangent. Cela remonte au début des années 60, période charnière où la « publicité » a remplacé la « réclame » et les « directeurs artistiques », les « affichistes ». Jusque là, on connaissait le nom de ceux qui comme Charles Loupot, Paul Colin, Jean Carlu et Cassandre1 animaient le paysage urbain de leur graphisme. La mutation a profité à la publicité, cantonnant les graphistes aux secteurs très spécifiques de la culture, du social, des institutions publiques, parfois de la mode. Alors que chez nos voisins européens, il est resté habituel de travailler à la fois pour l’automobile et pour le théâtre, en France, les graphistes sont devenus invisibles, écartés de la vie quotidienne. Et lorsqu’ils sont encore sollicités par les entreprises pour des événements corporate, c’est par l’intermédiaire d’agences de communication. Voilà comment s’est opérée la coupure entre les graphistes et le secteur marchand. Cela nous renvoie à un autre paradoxe, car s’il est presque ignoré dans l’Hexagone, le graphisme français est à la fois reconnu et respecté à l’étranger ! Japon, Pays-Bas, États-Unis, etc. soulignent ses qualités exceptionnelles. Il est récompensé, accueilli avec les honneurs dans le cadre d’expositions, de conférences, de workshops… et la France figure au top 5 des pays qui comptent en matière de graphisme dans le monde. En France malheureusement, nous formons une corporation d’indépendants individualistes qui tendent même à se replier davantage sur eux-mêmes, autre paradoxe en ces temps de très forte concurrence où il conviendrait de faire corps. Sans communauté d’esprit, nous n’avons que peu poids face aux pouvoirs publics et aux entreprises…

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OPINION 23

MICHEL BOUVET

BIO EXPRESS

Commissaire général de la Fête du graphisme, MICHEL BOUVET est internationalement reconnu pour son travail graphique et son activité d’affichiste dans le domaine culturel et institutionnel. Diplômé de l’Ecole Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris. Ses affiches ont fait l’objet de plus de 70 expositions personnelles à travers une trentaine de pays. Professeur à l’ESAG Penninghen, membre de l’Alliance Graphique Internationale, Michel Bouvet a vu son travail maintes fois récompensé, en France comme à l’étranger. Il est aussi commissaire d’expositions pour le Mois du graphisme d’Echirolles depuis 2000.

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24 OPINION

MICHEL BOUVET

© Hung-Hsuan-Lee

Les paradoxes du graphisme en France…

... Pourtant, les graphistes ont une responsabilité dans l’espace public et des réponses à apporter à la crise morale et politique que traverse notre pays. À mon sens, la montée des extrêmes est en partie liée au fait que nous avons tous laissé la laideur s’installer dans les activités et dans les espaces fréquentés par la grande majorité des gens. Programmes de télévision médiocres, entrées de villes dénaturées par des forêts de panneaux, etc. Alors que seule une infime minorité côtoie les boutiques de la rue St Honoré aux décors et aux enseignes raffinées. Dès lors, il ne faut pas s’étonner que les gens aient le sentiment d’être méprisés. Sans être l’élément essentiel, ces environnements déplaisants et vulgaires entretiennent inconsciemment un sentiment d’insécurité visuelle qui engendre des réactions négatives. Politiques, designers, architectes, urbanistes mais aussi graphistes, nous sommes tous co-responsables d’une situation qui doit nous interroger.

Dans ce paysage morose, la Fête du graphisme qui se tient pour la deuxième fois à Paris fait figure d’éclaircie. Généreuse, l’édition 2015 se veut internationale et fédératrice ! Y priment les notions de plaisir, de découverte, d’ouverture. À travers un parcours dans une multiplicité de lieux, nous voulons donner à voir le meilleur de la production mondiale à un très large public. Montrer la diversité de notre discipline sans privilégier un support. Couvrir l’étendue des capacités d’expression de “ Signe fort, la Fête du graphisme obtient nos professions mais aussi en marquer les limites afin de bien cette année le soutien de l’Alliance les identifier. Ainsi « We love books ! A world tour in Paris » dévoile qu’il existe Graphique Internationale et de l’Alliance dans l’édition des gens capables de glorifier le contenu d’un Française des Designers, principales livre grâce à son « emballage », souligne la proximité artistique entre les pays riches et pauvres, bousculant l’idée que seuls les instances représentatives de la profession. “ pays développés font du bon graphisme, comme le démontre notamment la production péruvienne. « Utopies et réalités » prouve que le rêve initial de deux immenses graphistes - l’un Japonais, l’autre Allemand- a pu se concrétiser dans une relation juste et équilibrée avec leurs commanditaires et plus globalement avec la société. L’ultime paradoxe, c’est donc peut-être d’inscrire la Fête du graphisme… justement ici et maintenant, en temps de crise ! Sauf que Paris, « ville monde », avec ses 11 millions d’habitants et son tourisme cosmopolite possède les atouts pour devenir une capitale du graphisme. Y installer La Fête, créer un rendez-vous peut amorcer un changement des mentalités. Les difficultés actuelles nous obligent à réfléchir sur notre discipline. À poser la question de la place de la communication visuelle dans la société. Car le graphisme n’est pas juste une pratique. C’est aussi un point de vue sur le monde, un état intellectuel qui considère que la forme n’existe que s’il y a du fond… et réciproquement. Le graphisme peut accompagner la compréhension, contribuer à développer des projets économiques, culturels, sociaux. De qualité, il participe à la réussite de l’action privée ou publique. Le design graphique est le meilleur vecteur de l’image d’une marque, d’un produit… même si les clients potentiels sont encore peu nombreux à comprendre cette opportunité. Le rôle de la Fête du graphisme est d’aller dénicher partout des créations exceptionnelles, de faire découvrir des gens issus de tous les continents et que personne ne connaît… Notre satisfaction ? Apporter de la fierté aux graphistes, de la notoriété au graphisme, du bonheur au public et, qui sait, devenir ce que les Rencontres d’Arles sont à la photographie Propos recueillis par L. BdC ou le Festival d’Angoulême à la BD.

1 Quatre artistes de la même génération baptisés les « Mousquetaires ».

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Secrets de fée

chez Pierre Hermé

Des vitrines qui donnent beaucoup à voir… Parfois à sourire, d’autres fois à s’interroger, ou encore à saliver mais toujours à rêver. Chez Pierre Hermé Paris, leur création est confiée à Syrine Farfar-Lajili. Un bon coup de crayon, beaucoup d’imagination et dix doigts au service de son inspiration. Une jeune femme très généreuse qui nous entraine dans les méandres de la création. Visible : Pierre Hermé est un chef pâtissier renommé et à la forte personnalité. On l’imagine volontiers directif en matière de création et pas seulement dans son laboratoire… Syrine Farfar-Lajili : Que ce soit dans ses pâtisseries, pour ses boîtes de macarons ou ses vitrines, Pierre Hermé porte toujours une grande attention à l’expression artistique. Il me laisse carte blanche pour m’exprimer. Sa seule consigne : « Créez ! » Avec mon équipe1, nous travaillons chaque élément et concevons nos vitrines sur mesure et de A à Z.

Noël - 2014

Vous avez bien quelques contraintes ? Principalement celles liées au calendrier ! Il y a entre 10 et 13 thématiques par an. Certaines correspondent aux temps forts annuels : Noël, Epiphanie, Saint-Valentin, Pâques. Les autres sont rythmées par les créations et les collections de la Maison comme le Fetish Ispahan2, rendez-vous annuel pour les connaisseurs. Ispahan a d’ailleurs été l’objet de ma toute première vitrine… Un vrai défi d’interpréter et de magnifier cette association de saveurs si emblématique de la Maison ! L’autre figure imposée, c’est l’espace imparti : la vitrine. Entre les flagships, les corners, les boutiques Macarons & Chocolats, la France, Londres… Les dimensions varient de 60 cm à 3 m sous plafond ! Chaque thématique est reproduite dans le respect des proportions en tenant compte de 4 échelles différentes. Les pâtisseries sont bien sûr au cœur de la création des vitrines ? Pour imaginer les vitrines et rester cohérente avec les collections, je me réfère à deux informations essentielles : les listes des Fetish accompagnées des dates de disponibilités en boutiques et les photos des créations. Ces photographies sont le point de départ de mon travail. Pour créer, je me libère du domaine pâtissier au premier degré. C’està-dire que je réduis la pâtisserie à une forme, à une couleur, à une matière… Dans mon imaginaire, une tarte au chocolat devient un « rond marron ». Je ne m’oblige pas à mettre des fraises ou du rose partout sous prétexte qu’un gâteau comporte des fraises. D’ailleurs parfois, la vitrine n’a aucun rapport avec le produit car elle n’est pas juste la réponse à une recette. Elle en est une évocation. Sinon, je manquerais vite d’idées ! ...

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À LA UNE 27

RENCONTRE

40 macarons sont contenus dans ce packaging d'exception baptisé "Boîte Syrine". Chacun des pétales de cette rose réalisée en papier Curious Skin Rouge fabrication Arjowiggins Creative Papers, distribution Antalis a été enroulé à la main.

BIO EXPRESS

Franco-tunisienne d’origine, SYRINE FARFAR-LAJILI est riche des cultures et des langues plurielles qui ont bercé son enfance et nourri sa formation. Ecole Boulle pour son BTS design d’espace. Puis Efet - architecture intérieure et design d’espace - pour ses 4ème et 5ème années conclues par un diplôme CFSAI. Des stages Erasmus en Pologne et en Italie ont encore élargi son horizon avant de faire ses armes en agences - Shigeru Ban, Dragon Rouge, Carrafont -. Arrivée chez Pierre Hermé en 2010 dans le cadre d’une création de poste et de service, Syrine est responsable de création vitrine et scénographie.

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28 À LA UNE

RENCONTRE

Vitrine macaron les jardins - 2014

Les échanges avec Pierre Hermé sont-ils fréquents? Très ponctuels, à raison d’une fois par mois. En fait, je suis le rythme de ses créations. À lui le goût et l’architecture des saveurs et à moi la 3D et l’architecture des décors. Nous sommes connectés, mais travaillons indépendamment dans un climat de confiance et de respect mutuel qui me stimule à créer dans l’amélioration permanente. Il y a deux temps forts, l’un en décembre, l’autre au printemps, lors desquels je lui présente en bloc plusieurs vitrines, soit 135 productions annuelles. Monsieur Hermé me demande de lui soumettre seulement celles que j’estime les plus abouties. J’arrive avec des dessins, des maquettes, des photos montages, voire un prototype pour les projets dont l’enjeu est important. Cela permet de vérifier proportions, stabilité des matières, etc. Quels sont vos « ingrédients » favoris ? Dans ma boîte à outils, on trouve du PMMA, du papier, de l’aluminium, du bois, des mousses artificielles, un peu de tissu, des rubans, du fil, des pâtisseries factices… Nous retravaillons leur finition : décapage, mise en couleur, découpage, torsion. Côté papier, Antalis est notre partenaire privilégié. Les variations autour de ses collections sont infinies. Ce qu’il y a d’extraordinaire avec le papier, c’est son coût minime en regard de l’effet produit ! Son utilisation apporte un raffinement et un chic inégalables. Personnellement ce qui m’intéresse, c’est de faire passer le papier de sa dimension 2D à la dimension 3D. Froissage, pliage, découpage, les papiers de création donnent libre cours à notre créativité et permettent d’exprimer pleinement notre valeur ajoutée.

Comment procédez-vous pour imaginer ces vitrines successives ? J’ai besoin de dessiner, tout, partout, tout le temps de façon impulsive et très instinctive. Un jour, j’ai eu une idée en faisant des courses. N’ayant pas de papier à portée de main, j’ai du en faire le croquis directement sur la sacherie d’une boîte de chaussures. Et comme je n’ai pas réussi à le reproduire au propre de façon satisfaisante, j’ai fini par le découper et par le coller sur un carton pour le jour de la présentation. Le prérequis de mon travail, c’est aussi la faisabilité. Lorsque je dessine, j’anticipe toujours la phase de fabrication. Une vitrine réussie est un bon compromis entre inventivité, faisabilité et budget. Sans me brider, l’impératif de résultat conditionne ma créativité. D’autant que pendant deux ans, j’ai aussi réalisé la mise en place des vitrines. Aujourd’hui, je suis davantage dans la conception et Hortense Landry, ma collaboratrice en design et conception, issue de l’ESAD-Reims4, se consacre à l’exécution. Elle réalise les plans de fabrication dans les moindres détails ! Pour une vitrine unique, je peux créer mes décors à la main. En revanche, lorsqu’il faut les déployer sur les 15 boutiques, ils sont en partie fabriqués chez nos fournisseurs, même si la phase de conception dans notre atelier reste manuelle et très artisanale. Quelles sont vos sources d’inspirations ? Elles sont multiples, mais surtout pas la veille concurrentielle ! Salons, voyages, expositions. Je me ressource avant tout dans des univers aussi différents que l’architecture, le design ou la mode… et je puise aussi dans les ressentis de mes souvenirs d’enfance. Propos recueillis par L. BdC.

Métaphore autour du Baba - 2012

1 De 1 personne en 2010, à 3 en 2014, l’effectif du service « Vitrine et scénographie » montera à 4 en 2015. 2 Chez Pierre Hermé, « Fetish » est le nom donné aux collections. Pierre Hermé est l’inventeur de l’Ispahan initialement macaron associant la rose, le letchi et la framboise. Le chef ne cesse de le réinterpréter sous forme de tarte, cheese-cake, gaufre, millefeuilles… 3 Pierre Hermé Paris® compte également des boutiques au Japon, aux Emirats Arabes Unis, à Hong Kong et au Qatar, soit 39 au total dans le monde avec d’autres ouvertures prévues. www.pierreherme.com 4 L’École Supérieure d’Art et de Design de Reims.

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30 À LA UNE

BILLET D’HUMEUR

PAR MICHEL

CAZA

DES HABILLAGES INTERCHANGEABLES …

… OU COMMENT NAISSENT LES IDÉES ! On assiste actuellement à des débats sans fin sur les mérites respectifs des adhésifs PVC, des voiles ou toiles polyester, appliqués à la décoration intérieure ou extérieure. On invoque alors la fameuse garantie décennale des produits décorés, souvent en impression numérique, parfois en sérigraphie. En cause notamment leur durée de vie réelle maximale lorsqu’ils sont exposés aux intempéries, aux UV et tout simplement aux attaques du temps. Il est vrai que des précautions s’imposent car un adhésif qui se délite au bout de quelques mois ou qui perd ses couleurs faisant ressembler un bâtiment prestigieux en baraque de bidonville, ce n’est pas vendeur !

POUR L'EXPOSITION "400 ANS DE SCIENCE", DANS L'ÉGLISE AA-KERK (PAYS-BAS), CLIPSO A TRAVAILLÉ EN AMONT AVEC L'AGENCE D'ARCHITECTURE KLOOSTERBOER DECOR POUR QUE CETTE STRUCTURE TEXTILE ÉPHÉMÈRE S'INTÈGRE HARMONIEUSEMENT DANS LE BÂTI. INSTALLATEUR : CITY OUTDOOR MEDIA.

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Mais ne devrait-on pas considérer aussi leur durée de vie esthétique ? Puisque tout converge aujourd’hui pour favoriser la variation des décorations au gré des saisons, des collections, des expositions, des envies… en somme de la mode ! Or l’habillage textile, tel une « peau » offre une multitude de possibilités techniques et artistiques. Grâce à lui, un lieu peut désormais changer aussi facilement d’aspect qu’un serpent de mue. Une capacité de métamorphose séduisante et attractive capable de répondre à des objectifs commerciaux et marketing. Aujourd’hui, l’habillage décoratif - en sus d’apporter une touche artistique ou une justification esthétique - peut intégrer, grâce aux avancées techniques de la fabrication des textiles, des atouts inattendus : régulation thermique, effets visuels, images mobiles, dispositifs musicaux. Des capacités augmentées qui donnent un supplément d’âme autant que de fonctionnalité aux décorations intérieures et extérieures. Pourtant, le constat actuel est malheureusement décevant. Bloqué par des critères de durée surdimensionnés et sans ambition, le textile est le plus souvent mal, voire sous utilisé. Tout juste plaqué sur l’architecture existante, sans l’audace de faire appel à toutes ses nouvelles performances. Employé comme cache-misère là où il pourrait sublimer.


Crédit photos © Lazar Nenov

Ne se trompe-t-on pas de combat ? On sait très bien que les matières synthétiques et les encres utilisées pour les imprimer n’ont pas toujours la durée de vie espérée ou prétendue. Et qu’en comparaison, le verre et la céramique par exemple, décorés avec des émaux passés au four, peuvent résister… des siècles1 ! A-t-on toujours besoin d’une telle permanence ? Certes non. Alors, pourquoi ne pas faire un avantage de cette relative fragilité ? Encourageons par une étroite collaboration entre architectes et décorateurs la création de décors extérieurs mais aussi intérieurs, pour juste un ou deux ans, voire un peu plus. Interchangeables, remplaçables au gré des désirs des habitants, au fil des usages, des besoins, des modes, éphémères par définition. À l’architecte de prévoir des systèmes d’accroche simples et rapides, de concevoir des dispositifs techniques d’attraction de la lumière naturelle, et aussi une ingénierie de connections électriques, hydrauliques ou tout autre outil à sa disposition dans l’arsenal technique actuel. Histoire de servir les futures envies créatives des décorateurs et de leurs clients. Voici une piste de réflexion que je soumets aux architectes, décorateurs, chercheurs, artistes, fabricants, techniciens qui composent le Comité de l’Atelier Créatif de C!Print (voir page 16)… et bien sûr, à tous les autres. En souhaitant qu’ils s’en emparent. 1 Encore que REACH (Registration, Evaluation, Authorization ou Chemical) réglementation européenne de contrôle des produits chimiques, risque de nous en priver bientôt à cause des métaux lourds utilisés…

BIO EXPRESS

Sérigraphe et imprimeur numérique, MICHEL CAZA est à l’origine du développement de l’impression UV et expert mondial de la trame aléatoire. Consultant pour la FESPA (Fédération internationale des associations de sérigraphie et d’impression numérique), observateur avisé et curieux des innovations, il est Vice-Président et Président d’honneur de FESPA France.


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Dossier réalisé par Lorraine Bôle du Chaumont

TEXTILES :

QUE TRAMENT-ILS POUR L’AVENIR ? On pense déjà tout savoir de lui car c’est certainement le matériau que nous côtoyons le plus intimement au point de ne plus y prêter attention. La fameuse crise du textile français est aussi passée par là, contribuant à le chasser de nos préoccupations. Il ne faudrait pourtant pas l’enterrer trop vite ! Plus présent que jamais, il est partout, même lorsque l’on ne le voit pas. Y compris en communication visuelle. D’ailleurs, nombreux sont les professionnels qui croient en lui et en son exceptionnelle faculté à être conformé, transformé, imprimé, sérigraphié, enduit, découpé, sandwiché... En un mot : sublimé.

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BLUE FORM, BÂTIMAT 2011, ESPACE ZOOM TOUCH/THEMA DESIGN POUR DICKSON, DESIGN PERCEPT A CONÇU UN STAND DE 10M2 MONTRANT LA MATIÈRE « AUTREMENT ». CETTE SCÉNOGRAPHIE METTAIT EN VALEUR LA TOILE ORCHESTRA, TISSU TECHNIQUE POUR APPLICATIONS EXTÉRIEURES. PLONGÉE DANS UN UNIVERS MONOCHROME BLEU PONCTUÉ DE FLEURS SURDIMENSIONNÉES ROUGE, SAFRAN ET LILAS… DÉCOUPE LASER ET ASSEMBLAGE MANUEL AVEC DES ATTACHES PARISIENNES POUR CE MOTIF D’INSPIRATION JAPONAIS DÉVOILANT UNE FACETTE DÉCO ET POÉTIQUE D’UN TEXTILE TECHNIQUE.

Crédit © Design Percept

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34 TEXTILES : QUE TRAMENT-ILS POUR L’AVENIR ?

Qu’est-ce que le textile ? La question paraît simple, mais il suffit d’essayer d’en donner une définition pour toucher du doigt la complexité de la réponse. Une fois énumérées ses applications les plus évidentes – vêtements, rideaux, sièges de voiture, etc.- on sèche vite. Mieux vaut se tourner vers Caroline David, commissaire de l’exposition Futurotextiles. « Un textile, c’est avant tout un ensemble de fibres qui peuvent être tissées ou non, tricotées, mais aussi amalgamées, tramées, chainées… Quant à ces fibres, elles sont d’origine naturelle, artificielle ou synthétique, mises en œuvre seules ou associées à d’autres matières. Le textile devient alors composite. Souple ou dur, opaque ou translucide. Aujourd’hui on peut fabriquer du textile avec presque tout. Bref, il est partout et tellement polymorphe que le pluriel lui convient mieux. » Cette historienne de l’art contemporain également directrice des arts visuels de Lille3000, est tombée dans le textile en 2005, presque par hasard, au détour d’une exposition à New York sur le thème : textiles et industrie. « Avec ma fibre artistique, j’ai tout de suite compris qu’il y avait quelque chose à faire pour marier industrie, sciences, design, mode et art. Des mondes qui habituellement ne se mélangent pas alors qu’ils ont le textile pour composant commun. » Ainsi, un an plus tard est née Futurotextiles, une exposition qui, en sera en 2015 à sa 4ème édition.

« Le textile est partout, on fait du textile avec presque tout. D'une incroyable diversité, de la fibre au tissage à la maille en passant par les composites et les non tissés, il devient de plus en plus technique, innovant et intelligent. » CAROLINE DAVID, Futurotextiles

Devenu un concept d’exposition itinérante Futurotextiles a déjà parcouru 13 pays. Prochain grand rendez-vous en mai, au sein du pavillon France/Lille-Europe, pour l’inauguration de Textifood. Cette nouvelle édition de Futurotextiles mettra l’accent sur le monde du textile issu d’éléments biosourcés et dont une partie peut être comestible. Elle fera écho au thème choisi par Milan : « Nourrir la Planète, énergie pour la vie ».

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Kristin Neidlinger a créé ce prototype de vêtement intelligent présenté à Futurotextiles en 2012. Robe en coton, lycra et tissus conducteurs. Dotée d’un col en plastiques recyclés connecté par capteurs à un bracelet et à un doigt qui retranscrivent en lumières de couleurs le rythme des pulsations cardiaques, reflet de l’état émotionnel, passant du bleu clair ( calme, placidité) au rouge (nervosité ou état amoureux).

© Sensoree / Photo : Roger Dyckmans

MAI-OCTOBRE 2015 : FUTUROTEXTILES À L’EXPOSITION UNIVERSELLE DE MILAN


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SOUS TOUTES LES COUTURES Principales familles de textiles :

➜  Naturels : fibres obtenues à partir de

matières premières d’origine végétale ou animale sans transformation chimique : lin, laine, coton, etc. ➜ Artificiels : constitués de fibres fabriquées à partir de la cellulose extraite des végétaux à laquelle ont vient ajouter un traitement chimique. La viscose (cellulose de bois) la plus utilisée et ses déclinaisons comme le modal ou le cupro. ➜  Synthétiques : fibres produites par synthèse de composants chimique issus majoritairement d’hydrocarbure ou d’amidon : polyester, polyamide, acrylique, élasthanne... Pour aujourd’hui et demain : Les TUT, Textiles à usages techniques et fonctionnels - ont le vent en poupe. Ils regroupent les tissages de matériaux dont performances et propriétés diffèrent des fibres traditionnelles pour des applications « extrêmes » : ailes d’avions, vestes de pompiers, prothèses médicales, stabilisateurs de routes… Les Smart Textiles incorporant de l’électronique pour davantage d’interaction avec l’utilisateur ou l’environnement font leur apparition dans les domaines du médical (vêtements à capteurs cardio-vasculaire, respiratoire), du loisir (lecteurs MP3 intégrés, etc.), de la sécurité (dossards clignotants, communicants).

© Claire-Lise Havet

Ce modèle d’Airbus A320 intègre de nombreux éléments textiles : gaines de protection des faisceaux électriques, housses moteurs, systèmes d’isolation acoustique et thermique, moquettes, sièges, rideaux, revêtement des parois…

Un océan de marchés de niche Kakémonos, oriflammes, banderoles, drapeaux et autres signalétiques suspendues sont des utilisations textiles classiques en communication visuelle. « Cette communication essentiellement extérieure reste le premier pourvoyeur en volume, mais c’est un marché mature qui ne génère plus de croissance sensible », prévient Fabien Régudy, directeur commercial et marketing marché graphique de Dickson Coatings. Sans sous-estimer l’importance de ces applications, le fil conducteur du dossier vise donc plutôt à mettre en avant le perfectionnement de certaines solutions textiles ainsi que le formidable potentiel de nouveaux terrains de jeu : innovation et personnalisation. Architecture, décoration et communication indoor constituent des domaines d’avenir, boostés par la forte attente des clients finaux. Les industriels font preuve d’une inventivité permanente pour conférer toujours plus de propriétés à des textiles dont les créatifs s’emparent. Les frontières entre les disciplines s’estompent. Les textiles présents dans les fusées, ou les implants chirurgicaux peuvent se retrouver entre les mains de designers qui les métamorphosent en supports communicants dans des secteurs aussi pointus que variés…

SUITE ➜

« Les marchés de décoration et de personnalisation intérieures sont de véritables gisements de croissance pour les textiles techniques. » FABIEN REGUDY, Dickson Coatings

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36 TEXTILES : QUE TRAMENT-ILS POUR L’AVENIR ?

Seconde peau en architecture intérieure Imaginons un hôtel fraîchement bâti ou au contraire ayant besoin d’être rénové. Un à deux jours suffisent pour que les murs et le plafond d’une chambre de 20 m2 soient totalement métamorphosés et habillés d’une maille en polyester enduite de polyuréthane. Idem pour une salle de restaurant, un musée... Cette matière, tendue à froid sur un système de profilé mis au point en interne par la société alsacienne Clipso ceiling & wall, épouse toutes les nuances de l’architecture. « Anti feu, imprimable, étirable… les caractéristiques du tricot conjuguées à l’enduction donnent ses propriétés au textile », détaille Catherine Geis, présidente de Clipso. Et le résultat n’a rien à envier à une robe conçue sur-mesure ! Le temps consacré à ce type d’aménagement est considérablement réduit versus les étapes d’une rénovation classique avec plâtre, ponçage, peinture, séchage, etc. Une fermeture courte est un critère clef pour un commerce ou un ERP. « La rapidité de mise en œuvre, et par la suite, la facilité de renouvellement du décor sont des arguments qui séduisent de plus en plus les propriétaires de lieux qui ont besoin de faire vivre régulièrement leur image », poursuit la chef d’entreprise, car même si les garanties décennales sont là, la souplesse de cette solution textile permet des rotations bien plus fréquentes. D’ailleurs architectes, maitres d’œuvre et designers sont sensibles aux capacités du textile qui au-delà d’une solution technique apporte une touche très décorative. Grâce à l’impression numérique et à l’utilisation de la lumière – rasante, ou rétro éclairage pour les gammes translucides les professionnels disposent de véritables « solutions caméléon » !

SUITE ➜

Musée maritime national d’Amstredam. Projet Clipso. Installateur I-OMSNL. © Peter Majolée

« Les textiles sont l’avenir de la décoration intérieure. Nous ne cessons de chercher à étendre leurs compétences techniques en conservant leur capital esthétique. » CATHERINE GEIS, Clipso

POUR ALLER PLUS LOIN…

➜ Design textile, le métier, la tendance, la création par Marie-Christine Noël et Michaël Cailloux (Editions Eyrolles) Une mine d’informations et d’inspiration pour découvrir et comprendre les différentes facettes de cet univers décliné dans tous ses secteurs d’application - mode, maison, environnement de la maison-. Entre présentation du profil, témoignages, tendances et exercices : un outil pédagogique… mais pas que ! ➜ Textiles, innovations et matières actives par Florence Bost et Guillermo Crosetto (Editions Eyrolles) À travers de multiples exemples puisés dans les domaines du design, de la mode, de l’art, de l’architecture de la santé et du sport, cet ouvrage met en lumière les applications de ces nouvelles matières, souples et interactives dont l’action se déploie bien au-delà de leurs limites physiques. Une grande place réservée aux images et à la parole de la quasi-totalité des professionnels concernés. Un livre qui se veut la somme des dernières tendances et des nouveaux process de création sans laisser de côté démarches éthiques et écologiques.

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Architecte : Zdravko Stanchev, designer : Magdalena Neycheva, installateur : Junior Design Ltd Crédit photo © Lazar Nenov

Posé à froid et à sec, sans couture ni soudure, le concept de murs et plafonds tendus de Clipso s’adapte à tous types d’architectures, mêmes complexes. Ici le plafond imprimé de l’hôtel Villa Rome de Nessebar en Bulgarie donne l’illusion d’un ciel étoilé vu à travers le feuillage d’arbres. Une sensation de profondeur accentuée par la courbure des profilés et par le rétro éclairage. Murs et plafond habillés de textile pour cet espace de jeux très décoratif « Alice aux pays des merveilles » (Moscou). Au sol, pièce de textile imprimé et recouvert de résine pour assurer la protection et simuler l'effet de l'eau. Projet Clipso, Agence Deco Interiors Studio Réalisation : Istrem

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38 TEXTILES : QUE TRAMENT-ILS POUR L’AVENIR ?

Simulation de façade textile (Archiinks)

Résistant aux UV, le vernis d’Archiinks garanti intensité et durabilité des couleurs imprimées. Sa nature apolaire, aussi appelée effet lotus, assure au revêtement une propriété autonettoyante, les salissures n’accrochant pas sa surface. La membrane joue un rôle de régulateur thermique en contribuant à protéger le bâtiment du réchauffement provoqué par les rayons directs du soleil.

Chrysalide en architecture extérieure Aujourd’hui, certains architectes utilisent le textile comme matériaux de 1er œuvre, à l’instar de Philippe Samyn, architecte belge qui a conçu la gare TGV de Louvain. Succession d’arches reliées entre elles par du textile : les observateurs disent qu’elle fait penser à la voile d’un parapente pris dans les courants ascendants... Il est aussi des textiles techniques imprimables qui viennent « seulement » envelopper tout ou partie de façades. Ces membranes high-tech apportent alors aux bâtiments un look créatif et les dotent de propriétés bioclimatiques. Une aventure dans laquelle s’est lancée ACS Production (44), en 1993, pour répondre à une demande de rénovation de parking en Avignon. « À cette époque, il n’existait pas de solution extérieure pérenne, se souvient Yannick Faurant directeur d’ACS Production, mais seulement des toiles éphémères prévues pour la publicité grand format. Nous avons pourtant relevé le défi en détournant le matériau utilisé pour les tapis reliant les flotteurs des catamarans. » L’expérience s’est poursuivie pour aboutir en 2000 à la création d’une gamme spécifiquement dédiée aux façades textiles. Étape suivante : identifier un process d’impression sans dispersion des pigments pour obtenir la garantie décennale. Ce savoir-faire a finalement été trouvé chez Printable, société néerlan-

daise qui développe un produit baptisé Archiinks et dont les encres et le vernis se fondent durablement dans la matière. Un partenariat s’est noué : à Printable l’impression, à ACS la conception et la pose de ces façades textiles. Un système de profils en aluminium rend possible l’installation de cette membrane. « Plutôt imaginé à l’origine sur de grands volumes pour dissimuler des éléments d’architecture, aujourd’hui on s’oriente volontiers vers une sorte de calepinage valorisant et capable de rythmer les façades », observe amusé Yannick Faurant. Ajouté à l’impression de motifs polychromes, le textile transforme la façade en une signature visuelle très identitaire, alternative pertinente aux bardages d’acier ou de bois.

Façade textile réalisée par ACS Production pour un parking à Los Angeles

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Mise en œuvre de toile Jet Tex (Dickson Coatings) par Exhibit Group, ici imprimée et encollée en tapisserie pour habiller les murs des chambres de l’hôtel Villa Victoria (Nice).

Les opportunités liées au développement de solutions décoratives et personnalisées, Dickson Coatings y croit au point d’avoir récemment investi dans une toute nouvelle ligne d’enduction. Fabien Régudy insiste : « Aujourd’hui, certains textiles enduits n’ont esthétiquement plus grand chose à voir avec l’image peu valorisante associée à la bâche. Les produits de la gamme Jet Tex design en sont une illustration. » Une fois tissée, la toile de polyester est enduite d’acrylique. Cette couche de matière est frappée - creusement à chaud - pour lui donner un aspect cuir, peau de serpent, ou carapace de tortue. La touche finale apportée par la couleur via une impression numérique directe, décuple encore l’effet. Posé comme un papier peint classique en le marouflant, ce type de produit contribue à donner une identité forte aussi bien à une boutique qu’à un appartement. Prendre le pouls du marché, de ses contraintes, faire remonter du terrain les besoins et les envies des clients afin de leur proposer des solutions originales, voilà l’ambition des acteurs de la communication visuelle. C’est ce qui conduit Tec Tex - reconnu comme spécialiste des supports souples pour l’impression et pour ses accessoires développés pour leur mise en œuvre à proposer parallèlement des produits vraiment pointus. « Les textiles peuvent receler de telles capacités techniques que nous ne sommes pas près d’avoir exploré toutes les applications possibles, se réjouit Matt Gallet, responsable commercial. Prenez l’exemple des textiles acoustiques. On pense d’emblée à l’absorbation des sons. Et bien à l’inverse, nous proposons un textile transonore capable de laisser passer les ondes, d’être imprimé et suffisamment conformable pour habiller baffles ou panneaux stéréo. Plus besoin de les cacher, ils participent au décor ! » L’idée : repousser les limites des produits, croiser performances et technologies et ajouter un zeste d’imagination pour conquérir des marchés de niche. Également développé par Tec Tex, le Formit®, matériau composite qui mêle armature aluminium et textile, remplit tout à fait cette mission. Pour la création de décors et la réalisation de vitrines, ses finitions miroir, dorées ou pierre ont un effet « bœuf »... Et qui sait comment les créatifs se l’approprieront ou le détourneront ?

© Exhibit Group

Impression, décoration et communication filent le parfait amour

« Aujourd'hui les possibilités et les utilisations du textile sont de plus en plus vastes. Notre but est de faire de ces supports d'impression de vraies solutions communicantes aux propriétés techniques élargies. » MATT GALLET, Tec Tex

Nouveaux cadres textiles lumineux - TecoFrame TLS - livrés clef en main par Tec Tex. Combinée à des profilés aluminium, une technologie brevetée d’éclairage souple par le fond (rideau Leds basse tension en simple ou double face) vient compléter la gamme avec les Leds en périphérie.

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40 TEXTILES : QUE TRAMENT-ILS POUR L’AVENIR ?

Fibre optique : la lumière lui va si bien…

« Le textile, la passementerie autant d’objets phares qui deviennent source de lumière. Mais nous plaçons toujours plus loin le curseur. La nouvelle génération de création de produits lumineux n’en est qu’à ses débuts. » CLÉMENTINE CHAMBON, FRANÇOISE MAMERT, Design Percept

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HÔTEL PENINSULA PARIS

Pour obtenir ce portrait géant reproduit sur voile lumineux, plusieurs technologies, savoir-faire et talents se sont combinés autour d’une idée et sous la direction artistique de Design Percept. ➜ La fibre optique constituée de PMMA extrudée a été micro perforée pour laisser filtrer la lumière sur toute sa longueur, selon un procédé exclusif mis au point par Brochier Technologies (69), puis tissée pour obtenir un voile de 2 670 x 3 130 mm. Une pièce prête à être connectées à un système de Leds miniaturisé. (Technologie Lightex®.) ➜ ATC groupe (69) a ensuite effectué pour la 1ère fois une impression directe sur fibre optique. ➜ Un objet de passementerie tout à fait inédit que l’on doit à la société Declercq Passementiers (75) entoure pour mieux le dévoiler le visage de LiLi. Il s’agit d’une frange lumineuse constituée de passementerie et de fibre optique qui délimite les contours d’une porte lune, ouverture circulaire traditionnelle des jardins chinois. Deux mille perles de bois oblongues, recouvertes de fils noirs montés sur un câblé de passementerie et fibres optiques mis en torsion. ➜ Ultime écrin de l’installation : un cadre en bois laqué noir créé sur mesure finit de scénariser l’évocation de LiLi.

© Design Percept

Prenez les lampes en fibres optiques, typiques des années 70… Qui aurait imaginé qu’un jour, on pourrait tisser ces fibres, les coupler à des Leds et les imprimer de façon si subtile qu’elles deviennent un voilage éclairant ? Nous, peut-être pas, mais Clémentine Chambon, designer et Françoise Mamert, designer textile/mode en ont rêvé et l’on fait ! Très différentes de par leur formation et leur univers de création, elles se sont trouvées réunies pour la 1ère fois en 2004, lors d’un appel à projet du VIA, autour d’un rideau de lumière. Leur détermination commune a donné une réalité physique à cet objet et a constitué le ciment de leur association de compétences. Dix ans et bien des créations plus tard, le projet « artwork LiLi » laisse bouche bée. Leur studio Design Percept en a assuré la conception, la direction artistique et le développement pour l’hôtel Peninsula Paris. Il s’agissait de mettre en scène le portrait d’une chanteuse d’opéra chinois célèbre dans les années 20. Clémentine Chambon explique : « La fibre optique tissée contribue à magnifier le visage de LiLi. L’ambiance mystérieuse créée par la lumière douce qui émane du tissu fait écho à la tradition chinoise de l’opéra de Pékin des années 20. » Cette installation qui a vocation à être aussi belle éteinte qu’allumée fait entrer le design textile dans une ère nouvelle. Tout comme la frange de passementerie lumineuse qui encadre le portrait. Créativité et innovation technologique s’apprêtent à faire basculer la passementerie dans le 21ème siècle. Ce qui peut apparaître encore comme des prototypes annonce une nouvelle génération de produits lumineux et de nouveaux usages sont à inventer. Faire partie d’un projet de l’envergure du Peninsula constitue une formidable vitrine. Françoise Mamert, traduit le constat de beaucoup de créatifs : « Pour des réalisations innovantes, avoir un lieu de présentation est essentiel. Découvrir cette installation en situation lui donne une réalité et surtout peut créer l’envie chez d’autres clients potentiels, artisans, architectes, éditeurs, industriels. »


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Sérigraphie lumineuse : Belle de nuit… Textile toujours, mais cette fois retour à des supports plus traditionnels. En Aveyron, dans son atelier de sérigraphie La Licorne, Philippe Queheille, passionné de peinture transporte la couleur sur le coton, l’alcantra, le cachemire, le lin, la voile de verre prête à encoller, le poster d'art… Les encres qu’il utilise ont des propriétés bien spécifiques. Elles sont fournies par Mistral Graphic11. « C’est en cherchant comment accompagner mon fils vers le sommeil que l’idée m’est venue. A la façon des veilleuses de notre enfance, l’application d’encres fluorescentes et phosphorescentes, nous font passer en douceur, grâce à la décoration, du monde du jour à celui de la nuit. » Philippe Queheille s’attaque à des sujets très différents. Ainsi, il n’hésite pas à métamorphoser le décor d’une tapisserie 18ème. D’apparence très classique à la lumière naturelle, certains motifs s’éclairent dans l’obscurité, recomposant un tableau inédit. Les pigments fluorescents sont révélés en présence de lumière noire. Quant aux encres phosphorescentes, elles ont la propriété d’émettre durant quelques heures la lumière emmagasinée durant la journée. Ces deux techniques peuvent être combinées ou mises en œuvre séparément selon l’effet souhaité. Très originales, appliquées sur des dessins appartenant à des collections patrimoniales, la surprise n’est pas moindre avec des motifs abstraits. « A la différence de l’impression numérique, la sérigraphie artisanale a cela d’intéressant, détaille Philippe Queheille, qu’elle permet de travailler sur des textiles très épais ou très tramés, flammés ! Ainsi, à la faveur de ces encres, certains tissus donnent l’illusion de la tapisserie et valorisent tout le potentiel de la technique sérigraphique. » Les champs d’applications sont variés : les lieux d’activités nocturnes comme les bars, les restaurants, mais aussi les salles de spectacle ou encore l’événementiel. Particuliers et hôteliers sont aussi friands de ces créations qui s’animent la nuit venue : un rideau, un pan de mur, quelques coussins, un voile de lit… Mais rien ne vaut de voir « pour de vrai » ce type d’installations pour vivre une expérience visuelle qui reste sinon bien difficile à décrire. À partir ce début d’année, La Licorne ouvre donc un showroom rue des Tournelles, à Paris au cœur du 5ème arrondissement. Les réalisations mêlant textile et lumière comptent au premier rang des innovations qui intéressent les clients étrangers. Parlant de la fibre optique notamment Françoise Mamert, qui a conduit différentes missions en Chine, remarque : « Les Chinois adorent la lumière, l’innovation et surtout, ils osent ! Il n’y a qu’à observer l’importance de la lumière dans l’urbanisme et l’architecture en Asie ». Ce n’est donc peut-être pas un hasard si LiLi a trouvé sa place dans le plus asiatique des palaces parisiens. Quant à Philippe Queheille, il annonce exporter 75% de sa production. Emirats, Chine, mais aussi l’Inde où le raffinement apporté par la lumière aux détails séduit énormément.

© La Licorne

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« En apportant la lumière avec elles, les encres photoluminescentes et fluorescentes subliment la texture des textiles. » PHILIPPE QUEHEILLE, La Licorne

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42 TEXTILES : QUE TRAMENT-ILS POUR L’AVENIR ?

Textiles : tirent-ils leur épingle du jeu dans le respect de l’environnement ? Raréfaction du pétrole, problématique du poids dans les transports, besoin accru de renouvellement des images : les contraintes environnementales entrainent le développement de nouvelles technologies et de solutions innovantes dans lesquelles les textiles ont un rôle majeur à jouer. Mais, comme à chaque fois qu’il est question de développement durable, l’équation est complexe. « Parmi les atouts des textiles lumineux, souligne Clémentine Chambon de Design Percept, il y a le faible besoin d’énergie pour éclairer une surface importante. Leur légèreté et leur formidable capacité à se combiner avec d’autres matériaux ouvrent des applications très diversifiées. » Caroline David, commissaire de Futurotextiles poursuit : « On observe en Occident, l’initiation d’une vraie démarche environnementale. Les fabricants cherchent notamment des solutions plus écologiques pour intégrer les normes imposées, y compris au sein de leurs entreprises. Quoiqu’il en soit, il faut se méfier d’estampiller a priori tel ou tel matériau comme ‘écologique’ uniquement parce qu'il intègre des éléments d'origine naturelle. » En effet, il est illusoire de penser que des textiles composites ou bien qui ont reçu de multiples traitements sont vertueux. Tout est question d’intelligence des situations, au cas par cas. Le coton est une fibre naturelle mais sa culture est très consommatrice d’eau. Le choix d’une bâche enduite de PVC se justifie si elle reste en place plusieurs

mois ou années, moins si son usage est éphémère. Une entreprise française, Capoverde TRB, développe d’ailleurs des alternatives, via des toiles avec une enduction acrylique – issues du recyclage des bouteilles plastique -. De façon générale, le recyclage des textiles composites continue de poser problème : difficulté ou impossibilité à séparer les matières, filières de collectes incomplètes ou très onéreuses, enfouissage et incinération diversement polluants, etc. Ces freins ne doivent pas occulter que, comme pour la plupart des matériaux, 70 à 80 % de l’impact environnemental des textiles est déterminé par le début de leur histoire : provenance des matières premières, mode de production1. « C’est pour cette raison que Dickson Coatings développe une gamme de toiles éco-conçues pour tenter de réduire l’impact environnemental à chaque étape. Parallèlement, aux respect des normes environnementales, insiste Fabien Régudy, nous mettons aussi l’accent sur l’importance du respect des règles liées à l’hygiène et à la santé humaine en veillant par exemple à supprimer les COV responsables de la pollution de l’air ambiant. » L’intérêt environnemental des textiles est indéniable et leur développement est un moteur d’avenir, à condition de veiller à dérouler correctement l’écheveau de leur cycle de vie et il est long !

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UNE MINE DE DÉBOUCHÉS POUR L’IMPRESSION NUMÉRIQUE Présent à Heimtextil 2015, salon international des textiles de maison et d’aménagement intérieur, MIKE HORSTEN, directeur général Marketing EMOA de Mimaki Europe a témoigné des opportunités de ce marché très porteur. « Nous sommes à l’aube d’une nouvelle ère et les solutions développées par Mimaki sont capables de réaliser de façon rentable échantillons, petites séries et produits personnalisés. Les plus grandes enseignes ont déjà recours aux textiles imprimés en numérique pour se différencier avec des pièces très accrocheuses en édition limitée et ce n’est qu’un début. Et ce n’est que la partie émergée de l’iceberg, au vu de toutes les opportunités offertes par la technologie d’impression numérique dans l’ensemble du secteur textile. Des tissus d’ameublement aux tenues de sport jusqu’à la mode et en passant par les application de communication, nous proposons des solutions qui couvrent toute la diversité d’applications dans des quantités petites ou grandes. »

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© Bernard Taboureau

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TOILE JET TEX EVERGREEN (DICKSON COATINGS) POUR UNE SCÉNOGRAPHIE D’EXPOSITION PAR EXHIBIT GROUP.

© Design Percept

Frédéric Beauclair

PANNEAU TEXTILE IDENTITAIRE (LILY LATIFI POUR FILORGA)

TEXTILE ÉCLAIRANT.

FORM’IT (TECTEX) : TOILES FORMABLES POUR L’ÉVÉNEMENTIEL

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44 TEXTILES : QUE TRAMENT-ILS POUR L’AVENIR ?

RENCONTRE

Elle fait entrer le textile ème dans la 3 dimension Son attirance innée pour le papier, le tissu, la moquette… Lily Latifi ne se l’explique pas. La créatrice constate en revanche le paradoxe de sa démarche : « Le textile est un matériau 2D et j’ai l’obsession de l’emmener vers la 3D. » Au début elle usait de l’impression sérigraphique en relief, ensuite grâce à la découpe laser, elle a invité la lumière dans son travail, trouvant ainsi le moyen d’apporter plus de profondeur et d’effet aux habillages de fenêtres et parois mobiles. Puis en pliant, plissant ou froissant mécaniquement la matière pour jouer des reliefs et des aplats, accentuer les ombres. Aujourd’hui, elle ajoute l’impression numérique à sa palette de création. « La recherche de l’illusion de la 3D est un fil conducteur que je suis en variant les techniques pour y parvenir. » Parce qu’il n’existe pas deux clients, situations ou lieux similaires, chacune des créations textiles de Lily est conçue sur-mesure, construite pour et avec son client afin que le projet lui ressemble et soit parfaitement adapté à l’utilisation qui en sera faite. Ce qui est vrai pour une installation chez un particulier, l’est aussi dans l’univers professionnel. Pour leur boutique de vente et de soins, les laboratoires Filorga voulaient des panneaux en vitrines, à la fois frontières entre la rue et l’intérieur et décor de fond pour accueillir les présentoirs. « Le client pensait à deux grand « F » découpés et se tournant le dos pour reprendre leur logo. Impossible à réaliser dans un textile très fin. Plutôt que d’évider les « F », j’ai proposé de matérialiser leur logo en le remplissant d’un dessin ajouré très finement. Une réinterprétation qui apporte plus de raffinement et qui, au bénéfice du premier rayon de soleil, projette leur signature au sol. » Dans le même esprit, la designer textile collabore depuis plusieurs années avec Renault, « jouant » avec leur logo pour en ponctuer des séparations d’espaces, destinés à leur siège social ou pour structurer leur stand sur des salons professionnels.

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© Bernard Taboureau

Designer textile, LILY LATIFI invente un univers visuel dans lequel, même si elle cultive l’art du trompe-l’œil, fonctionnalité et technicité des solutions textiles ne sont pas des illusions.


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3 QUESTIONS

À VALÉRIE CHARIER, rédactrice en chef de « Créations lingerie ».

© Bernard Taboureau

À la lecture de Créations lingerie, magazine le plus ancien du marché et diffusé dans 50 pays, un constat s’impose : le secteur de la lingerie est drivé par l’innovation textile.

Losanges délicatement découpés sur ces panneaux de séparation. Réinterprétation du logo de Renault

La 3D à nos pieds

Après avoir décliné l’art du trompe-l’œil en version verticale, l’exploration s’étend désormais au sol. Comme pour les panneaux, Lily Latifi fabrique les maquettes de ses projets de motifs, notamment en papier. Ses créations originales sont photographiées en plusieurs versions par Bernard Taboureau, la lumière étant travaillée pour obtenir différents effets. L’application au sol réclame une attention particulière car l’impact visuel est très puissant. Il faut trouver la bonne échelle, veiller au rythme de répétition des motifs, accentuer certains tons, estomper les transitions, chiner les couleurs, etc. Ces tapis et moquettes s’intègrent aux lieux de passage plutôt qu’aux lieux de vie : couloirs, hall, salles d’attente. L’entreprise danoise qui imprime numériquement ces supports préfère parler de teinture haute définition car pour une résistance optimale, l’encre est injectée en profondeur, sur plusieurs centimètres d’épaisseur de fibre. Alors, juste décoratifs les textiles dans l’univers le Lily Latifi ? « À mon sens, ils sont beaucoup plus que cela car ils me permettent de régler beaucoup de problématiques : gérer la lumière, être vu ou non, participer au confort thermique, acoustique… » Autrement dit : ils se plient à toutes ses envies !

Visible : Pourquoi autant de technicité pour juste quelques cm2 de textile ? Lingerie et vêtements intimes sont la première couche en contact avec la peau. Ils doivent respecter son intégrité. À la mode le renouvellement des formes et des imprimés. En revanche, l’innovation, au sens technique, vient forcément du tissu. On n’a pas trouvé mieux pour être façonné en 3D et répondre simultanément à 3 impératifs : profondeur de bonnets, tour de dos, maintien. Quels types de textiles sont utilisés ? Coton, soie, matières synthétiques, dentelle… réservent des surprises grâce à l’ennoblissement. Des traitements - mécaniques ou chimiques donnent certaines caractéristiques au produit fini. On sait désormais mouler la dentelle ou encore relier 2 couches de tissu par des fils pour créer une matière souple, le « spacer », capable d’absorber les mouvements. Il y a aussi tous les textiles à fonctionnalité : anti UV pour protéger la peau, microperforés pour la thermorégulation. Et les cosmétotextiles qui, grâce à la micro encapsulation d’agents actifs, diffusent dans le temps leurs effets hydratants, amincissants, etc. Le secteur de la lingerie partage-t-il des préoccupations avec la communication visuelle ? Comme dans la communication visuelle, la personnalisation attire les consommateurs et ouvre de nouveaux marchés. Sur le site Sloogibyme.com – groupe Triumph – la personnalisation redonne un coup de jeune aux intemporels culottes et boxers de coton blanc. Choix des modèles, des couleurs mais surtout des motifs et des textes à imprimer. Côté innovation, l’impression 3D est peut-être la prochaine grande révolution. La marque allemande Lascana est la pemière à l’utiliser en lingerie. Avec la collaboration d’un designer russe et d’une société moscovite d’impression en 3D, elle a réalisé une parure de perles et de coquillages, en 100 % polyamide.

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46 TEXTILES : QUE TRAMENT-ILS POUR L’AVENIR ?

Salon Première Vision : L’habillement pour objet, le textile pour écrin Visiter Première Vision, c’est pousser la porte du royaume du textile d’habillement. Pour cet organisateur de salons internationaux, en termes de communication visuelle, la forme rejoint le fond. ARIANE BIGOT, adjointe de la direction mode décrypte les codes de l’édition parisienne. Première Vision Paris regroupe, durant 3 jours, 6 salons thématiques. Comment s’y repère-t-on ? Avec 1950 exposants, il s’agit du rendez-vous de tous ceux qui travaillent autour des métiers de la mode, de la grande distribution au luxe. Trois clefs d’entrée coexistent au sein du salon : les filières, les métiers, la saison. Tout ce qui aide les visiteurs à bien comprendre l’offre et à se diriger est essentiel. Signalétique et communication sont donc au cœur de nos préoccupations. Les identités graphiques de l’événement parisien et des différents salons sont chartées. De plus, chaque saison de mode décline de nouveaux codes visuels. Images, couleurs, typographies… L’ensemble des éléments de communication doit être clair et coordonné. Comment se traduisent ces codes visuels ? Chaque salon correspond à une saison. Pour l’occasion, Première Vision Fabrics1 édite une gamme de couleurs concentrée, élaborée en amont avec des experts de la filière textile, remise dans un premier temps aux exposants, puis vendue aux professionnels de la mode. Afin que chaque édition soit différente, nous habillons les murs des halls de coloris en résonnance avec cette gamme. Pour de telles surfaces, la meilleure réponse technique reste le textile. C’est l’écrin qui porte les produits et les collections présentés dans le salon. Au-delà des mots, couleurs et matières donnent le ton et l’ambiance. Est-ce à dire que le textile véhicule des messages ? Nous vivons dans une société très connectée aux écrans et immergée dans les images en 2D. Or depuis quelques saisons, nous voyons émerger dans la mode un courant fort qui tend vers plus de matérialité et de sensorialité. Ce qui génère de plus en plus d’interactions entre supports et décors. La variété des textures et des aspects des textiles conjuguée à celle des motifs, ouvre à davantage de combinaisons. Un dessin très géométrique appliqué sur un support fluide transmet un message de

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dynamisme. Sur un support épais, l’impact visuel sera totalement transformé. On imagine qu’il en va de même en signalétique : on n’exprime pas la même chose sur un textile flottant ou tendu. Y a-t-il un langage propre au textile ? En tout cas, le textile soutient une communication sensorielle. C’est un outil qui participe de façon subtile à une communication au « second degré » qui donne des signes, crée des ambiances. Le choix d’un textile n’est jamais neutre. La palette des combinaisons s’élargissant et se complexifiant, il réclame encore plus d’expertise. Quelle place tient l’innovation chez Première Vision ? L’innovation en est le cœur, la création le moteur. Le salon propose des collections sans cesse renouvelées. Certaines sociétés spécialistes de l’imprimé proposent de nouveaux dessins chaque semaine. Dans notre activité, l’innovation est développée selon plusieurs tempos. Les changements visuels – décors, motifs – sont sur des rythmes très rapides. En revanche, l’évolution des touchers et des poids s’exprime sur des temps plus long. Les révolutions technologiques touchant aux process de productions, d’impression, de filature ou aux performances technologiques des fibres n’arrivent pas tous les jours. Pourtant ce sont elles qui changent la mode à plus long terme.

PREMIÈRE VISION PARIS C’EST DEUX FOIS PAR AN ➜ 4

HALLS de Paris Nord Villepinte 000 VISITEURS dont 73 % étrangers ➜ 30 000 M² de tissus utilisés pour le bardage des halls ➜ Environ 400 ÉLÉMENTS de signalétique intérieure et extérieure (hors enseignes des stands exposants). ➜ 15% DE SIGNALÉTIQUE réalisée sur tissu (le reste sur drop, bâche, etc.). ➜ 62



48 Réalisation : l'Agence de Fab

Sublimation grand format : marché majeur en devenir ? En communication visuelle, par conviction ou pour répondre aux nouvelles demandes de leurs clients, de nombreux imprimeurs proposent l’impression numérique textile par sublimation. Quant à détrôner les autres supports d’impression, c’est encore une autre histoire… En communication événementielle, display, signalétique et PLV, le textile tissu polyester imprimé en sublimation s’impose progressivement comme un support alternatif aux bâches PVC ou encore aux films et vinyles adhésifs. Principaux avantages : le textile est plus léger à transporter, entièrement recyclable, plus facile à manipuler et à poser… Faut-il en conclure que l’avenir de la communication moyen et grand formats est dans le textile ? C’est depuis longtemps déjà l’avis de Jacques Setbon, qui dirige l’Agence de Fab. Cet imprimeur, pionnier du « textile communiquant », en a même fait une marque déposée. « En 2008/2009, le terme textile était encore trop connoté « vêtement », nous avons donc souhaité, avec Textile Communiquant®, donner une marque à ce nouveau marché : le textile comme support de communication à part entière », explique Jacques Setbon.

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« Du point de vue des constructeurs, c’est le segment dont la progression est la plus rapide dans le paysage de l’impression actuelle. Le parc mondial d’imprimantes en dye sublimation croit de près de 10 % par an. » LAURENT BLAQUEZ, Roland


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À l’origine de sa démarche, un intérêt personnel puis professionnel pour le développement durable. Parti s’inspirer à l’étranger, Jacques Setbon découvre qu’Allemagne et en Suisse, le textile et la sublimation sont déjà bien installés. En 2008, il devient l’un des premiers imprimeurs généralistes français à investir dans la sublimation textile. Commence alors une phase d’apprentissage. « La principale difficulté, c’est la stabilité dimensionnelle. Le textile, c’est complexe, ça s’allonge, ça rétrécit… Selon le pourcentage d’encrage, la réaction est différente. On a du apprendre à dompter une matière vivante ! ». De son propre aveu, le retour sur investissement a été long, mais avec la contrepartie d’avoir « évangélisé » le marché : « Faire connaître la sublimation dans la communication visuelle, nous a donné une identité en tant qu’imprimeur et nous a permis de garder une longueur d’avance ». Depuis l’Agence de Fab a poursuivi son investissement dans le textile, jusqu’à acquérir fin 2013, une imprimante Ardeco (Agfa) d’une capacité de production en sublimation de type industrielle.

Et le développement durable dans tout ça ?

Des encres base aqueuse pour l’impression, un conditionnement optimisé, aucun déchet à la pose, la possibilité de réutilisation : le textile présente un bel exemple d’économie circulaire par rapport à d’autres supports de communication. « Quand on oppose le textile à l’adhésif par exemple, le gain doit être économique en plus d’être écologique, sinon ça n’intéresse personne », enchérit Jacques Setbon. Et de souligner les économies réalisées en termes de pose : pas besoin de personnel qualifié pour installer un textile tendu ! Du côté des fabricants et distributeurs, la sublimation textile est aussi perçue comme une solution plus « durable » sur certaines applications. Distributeur des imprimantes HP, Jean-Paul Bohelay (ID Numérique) voit dans le textile événementiel un marché de complément en plein essor et met en avant les atouts de la technologie latex : « Dans cette période de transition, l’avantage d’une imprimante HP latex, c’est sa polyvalence sur tous les supports. Les nouvelles HP 300 sorties cette année sont encore plus adaptées au textile. Ainsi, avec un seul matériel, sans changer de métier, un imprimeur peut proposer davantage de prestations ». Sur la dimension écologique du textile, il est plus réservé : « Je ne me prononce pas définitivement sur la question, mais le fait que le textile soit léger et pliable est un plus indéniable en termes de transport donc de bilan carbone ». ...

POURQUOI LA FINITION REPRÉSENTE-ELLE ENCORE UN FREIN AU PLEIN ESSOR DU TEXTILE EN COMMUNICATION ? La réponse d’Olivier Mardas, Directeur commercial Multigraphic fournisseur de solution d’impression et finition textile.

« Le principal problème est d'ordre économique. La plusvalue générée par l'acquisition d'un système de finition textile demeure difficile à évaluer et créer spécifiquement un poste en interne est souvent une décision délicate à prendre. Notre métier requiert un savoir-faire très différent de celui du monde de la mode, d'où sont issus la plupart des couturiers. Nous travaillons souvent sur de grandes pièces et cela demande un temps de mise au point non négligeable. MultiGraphic propose de simplifier tout cela avec des systèmes de couture développés pour les applications grands formats, comme la CRONOS Ultimate de Matic dont nous sommes le distributeur en France. Cette machine est accessible à tout opérateur print, même novice en couture. Le savoir-faire des couturiers aura toujours sa place en atelier, car bon nombre d'applications resteront manuelles, mais ils profiteront d'un outil adapté qu'ils exploiteront pleinement. L’autre problématique du textile est la découpe. Les opérateurs passent souvent plusieurs heures à mesurer et à découper méticuleusement à la main de grandes pièces de tissu pour que la taille de sortie soit parfaite. La table de découpe laser HELIOS de Matic garantit, grâce à son système de projection des tracés, une précision de la découpe nettement supérieure aux tables classiques dotées de caméras. Elle évite ainsi toute déformation des dimensions liée à la rétractation/élongation du tissu. »

Développé autour d’une machine à coudre Durkopp-Adler, Cronos Ultimate est un système de couture complet et évolutif qui peut recevoir plusieurs guides comme le jonc, le velcro ou les bandes de renfort.

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50 SUBLIMATION GRAND FORMAT : MARCHÉ MAJEUR EN DEVENIR ?

LA GAMME TEXART DE ROLAND VISE DE NOMBREUX DOMAINES D’APPLICATIONS, NOTAMMENT DANS LA DÉCORATION D’INTÉRIEUR ET LES ARTICLES PUBLICITAIRES. ... Avec le lancement de la gamme Texart, Roland fait du textile l’un de ses nouveaux axes de développement en 2015. Complètement intégrée depuis l’écran jusqu’au tissu, la solution Roland comprend le RIP Ergosoft, une machine conçue pour recevoir des productions en continu sans assistance et un Gamut très large grâce à ses 8 couleurs. Laurent Blasquez, Directeur général France Roland DG Central Europe, argumente : « Des avancées technologiques majeures sont possibles dans ce marché à moyen terme, ce qui est vital pour créer des équipements qui génèrent de la valeur chez nos clients. De plus, la sublimation textile représente une vraie opportunité de produire en France. La possibilité d’augmenter la part d’automatisation dans le processus de fabrication du textile fait baisser mécaniquement le coût de la main d’œuvre. En d’autres termes, cela permet à un imprimeur de Mulhouse de rester compétitif vis-à-vis d’un atelier du sud-est asiatique sur des séries de moins de 700 pièces ! »

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Riche d’autant de « vertus », le textile finira-t-il par se généraliser dans la communication ? « Les techniques d’impression ont plus tendance à s’ajouter les unes aux autres qu’à se chasser. L’investisseur qui achète une solution textile sait qu’il pourra toucher des marchés très larges, du maillot de sport personnalisé à l’impression très grand format, sans changer profondément d’organisation ou de mode de production », estime Laurent Blasquez. Convaincu des avantages du textile, Jacques Setbon ne considère pas non plus qu’il va se substituer à tous les autres supports, notamment en raison du frein de la finition (cf. encadré) : « Le textile part de très loin, il ne pourra s’imposer que progressivement. La demande est certes lente à émerger, mais l’offre également. Si on était plus nombreux à parler textile, on nous en demanderait sans doute davantage ». C. C.



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Identités enivrantes

pour booster les ventes Continuer d’affirmer « Qu’importe le flacon pourvu qu’on ait l’ivresse », c’est méconnaitre les tendances actuelles. Car si la qualité du breuvage reste essentielle pour le succès d’un vin, d’un vin de champagne voire d’une bière, le travail autour de son identité de marque revêt une importance croissante pour sa commercialisation. Exemples à découvrir, sans modération.

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Bulles de luxe

Il était une fois le sud Champagne, un territoire longtemps considéré par la noblesse du nord de la région comme vile parcelle. Et quoiqu’originaire du nord, la marque Devaux, après une belle réputation au 19ème siècle, était peu à peu tombée dans l’oubli. C’est dans les années 80 qu’une poignée de vignerons déterminés rassemblés au sein d’un groupe vinicole du sud rachetèrent le nom de Devaux, décidés à regagner qualité et renommée. Trois décennies plus tard, ce vin de Champagne de la Côte des Bar s’est hissé au niveau des plus grands domaines champenois. « Restait à ancrer la marque en un lieu qui lui ressemble : sobre, élégant et qualitatif, poursuit Damien Ziakovic, co-fondateur et directeur associé d’Outsign, agence d’architecture et de design stratégique qui a réalisé la rénovation et la transformation des 1 000 m2 du domaine. Dans ce projet, il ne s’agissait ni de pasticher le passé, ni de faire semblant d’être… mais juste d’être. »

Dès lors, l’équipe s’approprie l’identité visuelle préexistante et plutôt que de la plaquer un peu partout, choisit de faire émerger son initiale. Retravaillée, la typographie du « D » prend son autonomie. Tantôt monogramme, tantôt déclinée en motif de moucharabié, la lettre ponctue le domaine. Ici le « D » émerge, délicatement lumineux de la table de dégustation en Corian® retro-éclairé, ou ponctue le fond de la vinothèque. Là, il capte les regards, son tracé de métal se détachant finement ciselé, posé en lévitation au creux d’une niche tapissée de feuilles d’or. Ailleurs, il habille une porte ou une paroi vitrée grâce à un adhésif dépoli. Partout présent, mais toujours discret. Décoratif et identitaire, aux côtés du nom, le monogramme joue aussi un rôle dans la signalétique et dans le système d’accompagnement des clients. « Il participe à créer une relation avec les visiteurs dans leur découverte progressive du domaine, depuis les perspectives des jardins, jusqu’au show room et à la salle de dégustation. » Pour Marie Gillet, responsable marketing et communication de la Maison Champagne Devaux, cette identité fédère les vignerons qui retrouvent en elle la richesse et l’élégance qui caractérisent le fruit de leur travail. « C’est aussi, constatet-elle, un puissant outil de communication grâce auquel les clients identifient désormais la marque aux lieux. En participant à son rayonnement, elle a assurément sa part dans la progression de notre notoriété et de notre distribution. » ...


FOCUS 53

© Christophe Valtin

IDENTITÉ VISUELLE

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54 IDENTITÉS ENIVRANTES POUR BOOSTER LES VENTES

La revanche des breuvages populaires

Longtemps méprisés par les buveurs de champagnes et de grands crus vinicoles, la bière et le rosé sont devenus tendance. Certains quittent le segment bas de gamme pour la « branchitude », grâce à une véritable stratégie de différenciation et de positionnement.

La bière se fait mousser

Oubliée, l’image « popu » de la bière. Avec une carte comparable à celle des vins et une consommation élargie de l’apéritif au digestif, le breuvage au houblon séduit de nouveaux adeptes. Un succès du à l’apparition des bières artisanales en provenance de petits brasseurs et, parallèlement, à la stratégie de communication visuelle des grands producteurs pour monter en gamme.

Identité affirmée

Heineken®, première marque de bière vendue en France, a beaucoup œuvré pour la « premiumisation » du marché et la valorisation de l’image de la bière. Le brasseur néerlandais vient de retravailler les éléments de sa marque « Affligem® », bière d’abbaye créée au XIe siècle, en s’inspirant des codes du luxe. La nouvelle bouteille, élancée et élégante, arbore les symboles d’Affligem gravés en creux et en relief sur son col, que l’on retrouve également sur le pied du nouveau calice, affirmant l’authenticité et l’excellence de la marque.

Les symboles d’Affligem : la date de création de l’abbaye, l’épée de Saint Paul et les clés de Saint Pierre.

Cubanisto, un logo atypique et identitaire.

Identités savoureuses

Pour séduire de nouveaux consommateurs, les fabricants multiplient les propositions de goûts et de couleurs, avec de véritables parti-pris. À l’image de « Cubanisto », « la nouvelle bière tendance aromatisée au rhum et aux notes de citron, de citron vert et d’orange, argumente Nicolas Vilquin, Brand Manager France de Corona/Cubanisto. Créée spécifiquement pour le monde de la nuit, elle est reconnaissable à son logo atypique et à sa bouteille à étiquette luminescente qui se transforme sous une lumière UV ». Dans un esprit arty, la bière à la tequila Desperados crée également l’événement en lançant une édition limitée, fruit d’une expérience conceptuelle unique (cf. ci-dessous).

Un processus de création aléatoire Conçue de manière inédite, la bouteille « Desperados Random Edition » (série limitée au design aléatoire) résulte d’une méthode de production qui laisse la place au hasard. Inspirée par la machine du dessinateur américain Rube Goldberg, l’expérience imaginée par le collectif 9ème concept (www.9eme.net) embarque la bouteille Desperados dans une série d'expériences qui se déclenchent les unes après les autres. Noire au départ, la bouteille est éclaboussée de peinture jaune à travers un pochoir en mouvement, puis est marquée par un tampon de couleur rouge, avant d’être pulvérisée de peinture blanche, apposant la touche finale au design.

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IDENTITÉ VISUELLE

La trame identitaire de Minuty.

Trois bouteilles différentes pour identifier les gammes de vins.

Le rosé ose !

Dans un autre registre, le rosé se taille aussi une place au soleil. Hier qualifié d’ordinaire, le « petit vin » a désormais tout d’un grand. Plébiscité par les consommateurs, les femmes et les jeunes en particulier, le vin associé au plaisir de l’instant soigne son image et son look.

Un esprit collection…

Jugé peu qualitatif, le plus vieux vin du monde peinait à trouver son public. Les vignerons ont beaucoup contribué à redresser son image, en travaillant la qualité et en communicant sur les méthodes de vinification. Château Minuty, cru classé des Côtes de Provence, situé sur la presque-île de Saint-Tropez, est fabriqué avec des vendanges entièrement réalisées à la main, un procédé unique dans la région. Les propriétaires actuels produisent des cuvées haut de gamme à côté de leur cuvée.

Et un univers de marque

Pour asseoir cette montée en gamme, Château Minuty a confié à l’agence Saguez & Partners la mise en place d’un univers visuel et graphique. L’identité de marque a été créée autour du nom « Minuty » : décliné à l’infini, il forme un semis qui souligne le caractère intemporel du vignoble. En écho aux trois formes de bouteilles, les trois appellations aux caractères bien affirmés sont dotées d’identités visuelles distinctes : « Or », la gamme des vins signatures et atypiques, « Prestige », celle des vins emblématiques, fruits de l’expérience de plusieurs générations, et « M », les vins plaisirs, dédiés aux moments entre amis. Outre un travail d’architecture intérieure du domaine et de création de pièces de mobilier, l’agence, via sa filiale design industriel Flavard & Saguez, a dessiné un seau à vin en verre minéral, dont les fines stries symbolisent les rangs de vignes. Un clin d’œil au savoir-faire et à l’innovation, conditions essentielles pour se singulariser et se distinguer. V. O. & L. BdC.

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RATP/BNF

DUO DANS LE MÉTRO L’exposition qui se tient sur les quais de la station St-Germain-des-Prés est née sous l’impulsion de deux références, en matière de culture pour l’un et de transports en commun pour l’autre… Donner à voir les « Ecritures du monde » constitue l’occasion de communiquer de concert auprès de millions de voyageurs. Jean-Michel Leblanc, responsable Ingénierie Culturelle et Patrimoine de la RATP, et Lucile Trunel, chef du service de l'Action pédagogique de la BNF nous dressent la liste de leurs envies. VISIBLE : Dans laquelle de vos deux « maisons » le souhait d’une collaboration a-t-il germé ? Jean-Michel Leblanc : En 2000, pour célébrer le centenaire du métro parisien, la RATP a transformé l’ambiance de 9 stations en les thématisant. Dès le départ, celle de St Germain-des-Prés, dédiée à la création littéraire, a été pensée pour accueillir une programmation culturelle organisée en partenariat avec des maisons d’édition, des écoles d’art, etc. Nous faire accompagner par la BNF était donc presque une évidence. En 2011, nous avons commencé à travailler ensemble pour proposer aux voyageurs un dispositif d’exposition semi-pérenne. Notre premier axe de travail portait sur l’histoire du livre… Lucile Trunel : L’idée a ensuite évolué car, lors de l’appel d’offre, l’agence c-album nous a proposé d’orienter l’exposition plutôt vers l’histoire des Ecritures du monde, dans leur richesse et leur diversité. Comme depuis 15 ans, nous accompagnons les scolaires autour des questions des livres et des écritures, sur le fond comme sur la forme, la BNF était particulièrement prête et légitime pour participer à l’aventure ! Nous possédons la connaissance scientifique et nous savons adapter le discours en fonction des publics. Qu’est-ce qui vous rapproche à travers ce projet ? J-M Leblanc : Sans hésitation, la recherche de la qualité et de l’excellence au service du public ! La RATP n’est pas un opérateur culturel mais souhaite ponctuer le parcours des voyageurs de moments exceptionnels. C’est pour nous une marque de considération que d’être irréprochables en tous points. La caution scientifique de la BNF est donc un critère important.

L. Trunel : L’un comme l’autre, nous sommes des acteurs très regardés par un public constitué de voyageurs quotidiens et de touristes du bout du monde, d’experts potentiels en langues ou en écritures et de Monsieur et Madame Tout-le-monde. Il fallait donc être pertinents et viser un haut niveau d’exigence, car au-delà de l’image de la RATP et de la BNF, nous portons aussi celle du Quartier Latin, de Paris, voire de la France. ...

BIOS EXPRESS

Conservateur en chef des Bibliothèques depuis 20 ans à la Bibliothèque Nationale de France, LUCILE TRUNEL a dirigé les services des collections en littérature et en art avant de devenir il y a 3 ans chef du service de l'Action pédagogique, délégation à la Diffusion Culturelle. Autrement dit, une spécialiste en matière de médiation. Ingénieur de formation, JEAN-MICHEL LEBLANC est en phase avec le monde de la RAPT. Ses postes successifs au sein de cette entreprise l’ont conduit à travailler dans les secteurs de l’exploitation, du design et aujourd’hui de la communication culturelle. Un parcours qu’il définit comme une progression du sensible à l’extrêmement sensible.

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FOCUS 57

INTERVIEW CROISÉE

Chaque signe est imprimé sur la face d’une casse en médium. Miniaturisés, images et dessins sont imprimés sur du Dibond®. Toutes les pièces sont soigneusement collées pour rester en place lorsque les vitrines pivotent sur elles-mêmes afin d’accueillir, sur l’autre face, les éléments des expositions temporaires.

Sur les quais, s’étirent 36 vitrines. Sur la voûte, des gobos projettent le mot « Monde » dans plusieurs langues. Très utilisé en photographie, le gobo (de l’anglais « goes before optic ») est une plaque métallique sur laquelle est découpé, le plus souvent au laser, un motif. Placée devant un projecteur, cette plaque permet d'obtenir une image lumineuse du motif.

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58 FOCUS

INTERVIEW CROISÉE

RATP/BNF DUO DANS LE MÉTRO

QUELLE RÉPONSE CRÉATIVE ?

Interprétation artistique de l’exposition imaginée par c-album, une affiche (détail ci-dessus) éditée en tirage très limité rassemble l’intégralité des écritures des vitrines. Chacun des caractères reste lisible grâce à une impression sérigraphique de haute précision réalisée par Christophe Michel dans son atelier Œil de lynx (Bagnolet).

... Visuellement, quelle forme prend l’exposition ? J-M Leblanc : Atypique, la station St-Germain-des-Prés ne compte aucune publicité. Un choix qui permet une rupture dans l’univers visuel des voyageurs. Les murs sont libres pour laisser vivre la création littéraire. Dès l’arrivée en station, les gens s’aperçoivent qu’elle est différente… L. Trunel : Sur les quais, ils perçoivent la surprise à une autre échelle, celle des lutrins où sont exposés 55 écritures, 150 reproductions de documents complétés d’explications. Une abondance qui reflète la qualité et la quantité de nos fonds en écriture latine ainsi que la richesse de notre collection orientale. Pour intéresser tout le monde, nous avons veillé à mixer références célèbres et documents courants. Et introduit de l’interactivité via des QR codes pour donner la possibilité d’une expérience augmentée.

EN TEMPS CUMULÉ, l’exposition se tiendra un trimestre chaque année et le partenariat est déjà conclu pour 3 ans renouvelables.

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« Le métro est un environnement très contraignant : normes de sécurité, d’éclairage, fond sonore important, confort visuel limité, énumère en préambule Laurent Ungerer, fondateur de l’agence de design c-album. Nous avons donc écrit le projet de façon à ce qu’il se glisse dans ce décor si spécifique avant tout dédié au transport. Même en restant 3 minutes sur le quai, un voyageur doit pouvoir voir un petit bout du Monde. D’où l’intérêt de présenter 55 écritures. L’intention n’est pas de le retenir ou de créer de la déception. D’une vitrine à l’autre, les documents ne sont pas liés. Dans la mer de signes rassemblés, le voyageur peut donc picorer, passer d’un ilot à l’autre. Ecritures arabes, latines, asiatiques, etc. chaque signe est présenté sur un support carré de même dimension qui figure une casse d’imprimerie. Chaque écriture occupe en vitrine une place proportionnelle au nombre de signes qu’elle comporte : une vitrine pour l’écriture touarègue et trois pour l’écriture cunéiforme. Le chinois, écriture la plus gourmande en signes, est traité différemment. Pour une partie de ses 20 000 glyphes (représentation graphique d’un caractère), nous avons miniaturisé les casses et terminé par des points de suspension en direction du tunnel… »

N’est-ce pas aussi l’occasion de montrer la BNF et la RATP sous un jour inédit ? L. Trunel : Effectivement, chacun investit un terrain où l’on ne l’attend pas forcément. Nous inversons un peu nos missions… Habituellement, le métro est un lieu de passage. Ici, le voyageur peut avoir envie de rester un peu. À l’inverse, une bibliothèque est habituellement une destination où l’on se pose. Or sur ces quais, le visiteur ne fait que passer ! Cette exposition exprime bien l’intention de la BNF. En sortant « hors les murs » et descendant dans le métro, nous souhaitons toucher de nouveaux publics, aller vers celles et ceux qui n’osent peut-être pas franchir les portes d’une bibliothèque. J-M Leblanc : Physiquement, les transports créent du lien entre des lieux. Là, nous créons aussi du lien avec les gens. Le temps de transport est le plus souvent subi. Une exposition comme celle-ci a pour vocation d’en faire un moment plus agréable avec la possibilité de surprises, d’échanges, de découverte, Propos recueillis par L. BdC. d’apprentissage.



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DÉCORATION

Cocon entièrement sculpté de Corian®, la salle de bain propose des robinets-douchette télescopiques et différents points d’appui comme le pied du miroir.

LE DESIGN AU SERVICE DE

L’ACCESSIBILITÉ Lors du salon Equip’Hôtel 2014, Pierre Henri Bouchacourt, fondateur du studio PH2B, a présenté le concept « Senses Room »1, une combinaison chambresalle de bain, qui répond à toutes les normes d’accessibilité pour les personnes en situation de handicap. Les obligations légales y sont transcendées dans une version design, confortable et chaleureuse, au bénéfice de tous.

Une impression de douceur et de bien-être se dégage d’une déclinaison de tons ivoire réveillés de touches rouge vif et rouille. La salle de bain joue sur le contraste de blanc et de chrome. La chambre entière est faite de courbes sans le danger des angles ou des arêtes. « L’image de l’eau s’écoulant a servi de fil conducteur à l’ensemble du projet », explique le désigner. Les matériaux utilisés comme le Corian® sculpté et patiné dans la salle de bain (Euroformes) ou le daim, la soie, le cuir choisis pour la chambre jouent sur le même registre.

UNE TRENTAINE DE PARTENAIRES

L’agence s’est entourée de professionnels experts dans leurs domaines : moquette composée de différents tissages (Stevepi) pour obtenir une impression 3D et guider jusqu’à la salle de bain les pas des malvoyants à la façon de repères pédotactiles version soft, travail sur la luminothérapie avec des jeux de leds (Solaris Power), musique à ondes en tête de lit pour les malentendants (Absolut Sound), meubles mobiles à usage multiple, bout de banquette qui devient siège d’appoint, dressing à hauteur réglable, rails de rideaux automatiques avec détecteurs de présence (Odec), etc. Des astuces composent la chambre pour une meilleure qualité d’usage, sans pour autant être estampillées « handicap » comme ce pied de miroir servant de barre d’appui.

Les interrupteurs et les commandes à la tête du lit sont en braille comme le coussin central et son message de bienvenue.

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LE CONFORT POUR TOUS

« Intégrer les normes d’accessibilité dans nos projets est naturel pour nous, souligne Pierre Henri Bouchacourt, puisque longtemps l’essentiel de notre clientèle était des maisons de retraite et des EHPAD2. La tendance actuelle de ce marché s’oriente vers un croisement du monde de l’hôtellerie et du médico-social avec leurs exigences respectives. Une douche avec assise répond à la fois au confort d’un hôtel de luxe et aux normes d’un espace médicalisé. L’application réglementaire ne doit pas aboutir seulement à la somme d’obligations ! ». Dans son traitement design, la Senses Room apporte la preuve que la mise en conformité des bâtiments, obligatoire au 1er janvier 2015, peut se faire avec raffinement et discrétion en apportant un supplément de confort à tous. La chambre devient tout public, y compris pour les personnes valides. « Si toutes les chambres d’hôtel étaient conçues dans cet esprit, ce serait un atout de plus qui permettrait de résoudre de nombreux problèmes, en particulier ceux liés à la communication : désolé, il ne nous reste plus qu’une chambre pour handicapés ! ». L’accueil favorable reçu au salon traduit une réelle attente du milieu hôtelier. Le projet volontairement assez neutre visuellement peut être personnalisé en fonction de l’identité des hôtels et s’adapter aux différents budgets. En définitive, les questions d’accessibilité ne sont-elles pas l’occasion pour le design de revenir à ses fondamentaux : R. D. recherche d’esthétique et de qualité d’usage ?

Le mobilier conçu tout en courbes est modulable. Le tissage contrasté de la moquette reprend ses lignes sinueuses qui rejoignent celles de l’éclairage du sol et des murs de la salle de bain.

1 Sur une idée de Francis van de Walle, fondateur du Club of Prestigious Projects. 2 Établissement d’Hébergement pour Personnes Agées Dépendantes


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Le 1er octobre ouvrait à Montpellier (34) un bâtiment baptisé le Nuage, imaginé par le groupe immobilier Roxim et signé Philippe Starck. Dédié au sport, à la santé et au bien-être, son architecture toute en volume avec ses façades capitonnées semi-transparentes semble suspendue entre ciel et terre. Quand la forme reflète la fonction…

UNE FAÇADE

GONFLÉE !

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Pour ce lieu qui renouvelle les codes habituels des clubs de sport, Philippe Starck a imaginé un immeuble qui conjugue haute technologie et légèreté.

Un nuage de douceur

Le corps du bâtiment repose sur un socle en béton brut qui alterne blocs opaques et transparence des baies vitrées. Posés sur cette « dalle », les quatre plateaux supérieurs sont recouverts d’une impressionnante enveloppe plastique formée de losanges boutonnés comme des coussins. À l’image des espaces bien-être qu’il contient, l’ensemble capitonné tient du cocon, protecteur et ouaté. Le jour, sa façade rebondie et semi-transparente filtre la lumière naturelle et s’anime la nuit avec les éclairages intérieurs donnant au lieu une vie propre, en connexion avec l’extérieur, loin de l’habituelle lumière artificielle des salles de sport.


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© Dominique Homs

ARCHITECTURE

Auto-stable, la charpente verticale constituée par l’assemblage des coussins est indépendante, elle se rattache au bâtiment uniquement sur un plan horizontal. (40 tonnes pour 2 162 m2 de façade).

Dans l’espace créé (30 à 40 cm) entre le double vitrage du bâtiment et les capitons, des grilles de ventilation hautes et basses assorties de capteurs de température font circuler l’air avec un maximum de 42°. Il permet aussi l’entretien des surfaces vitrées et les interventions techniques.

Du téflon pour la façade

La principale originalité de cette création architecturale réside dans sa façade en EFTE1 sérigraphié. « Ce matériau plastique est un polymère dans la formule duquel entre le téflon aux propriétés antiadhésives », explique Patrick Vaillant ingénieur chez Iaso, entreprise espagnole qui a réalisé et monté la façade du Nuage, Il laisse passer la lumière et évite à la poussière de s’incruster, contrairement au PVC. Plus léger que le verre, l’EFTE a permis de confectionner 48 losanges de grande dimension, chacun d’un seul tenant (18m20 x 6m50 pour le plus grand), surface impossible à réaliser avec du verre sans recours à des traverses ! ». Chaque losange est constitué de trois membranes d’une épaisseur de 300 microns pour les membranes extérieures et intérieures et de 150 microns pour la membrane intermédiaire, superposées et soudées entre elles à chaud sur tout le périmètre. Les coussins sont ensuite montés sur des profilés d’aluminium spécialement développés par Iaso. À partir d’une valve et de conduites d’air, l’ensemble est gonflé et mis sous pression constante à 250 pascals. La membrane intermédiaire de chaque coussin est percée pour laisser circuler l’air. C’est la pression qui donne cet aspect rebondi à la façade et un toucher quasiment rigide comme une peau de tambour.

Une sérigraphie façon camouflage

Inventé à l’origine pour la fabrication des serres en raison de sa résistance, de sa transparence et du fait qu’il laisse passer les UV, l'EFTE a dû être repensé pour baisser le facteur solaire et améliorer le confort thermique à l’intérieur du bâtiment. La membrane supérieure des coussins a donc été sérigraphiée pour faire écran aux rayons du soleil montpelliérain. Cette sérigraphie en taches, façon camouflage gris métallisé, a été redessinée et agrandie par Philippe Starck à partir du modèle standard proposé par le fabricant. Elle est présente sur toutes les membranes extérieures du Nuage. Sur les façades sud et ouest, plus exposées, la membrane intérieure est également sérigraphiée du même motif à échelle microscopique, invisible à l’œil nu formant un second écran protecteur. L’EFTE étant antiadhésif, il a fallu bombarder d’ions les lais pour altérer la surface superficielle de la membrane et permettre une meilleure adhésion de l’impression par rouleau ! Premier bâtiment privé gonflable en Europe, le Nuage a trouvé sa place dans ce quartier moderne, sa sobriété faisant oublier sa technicité. R. D. 1 EFTE : acronyme d’éthylène tetrafluoréthylène VISIBLE

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DESSINE-MOI

L’OPÉRA

Monumental, fleuron de l’architecture du Second Empire et chef d’œuvre de Charles Garnier, référence mondiale de l’art de la danse… C’est ? L’Opéra bien sûr ! Incursion d’une petite souris au royaume des Petits Rats pour percer les secrets de sa nouvelle signalétique.

Que l’on arrive en voiture depuis l’avenue de l’Opéra ou que l’on émerge du métro, on ne voit que « Lui », immense navire posé seul, au milieu d’un ilot urbain. « Et pourtant, se souvient Benjamin Beytout adjoint au directeur commercial et du développement de l’Opéra national de Paris, en s’approchant, les visiteurs se retrouvaient devant des grilles fermées, renvoyant vers nulle part. C’était donc tout l’accès du bâtiment qu’il fallait repenser et rendre lisible. » Hors norme, le Palais Garnier additionne des particularités. Autant de défis signalétiques que l’agence Contours, s’est vue confier la mission de relever, à l’issue d’un appel d’offre public. Co-fondateur et directeur artistique, Olivier Schwartz détaille.

DE LOIN COMME DE PRÈS… ET TOUT AUTOUR

« La première mission consiste à orienter le plus tôt possible les gens du bon côté : vers l’entrée de gauche consacrée aux visites et aux spectacles ; vers celles de droite dédiées à un restaurant et à la librairie. Pour tenir cet objectif, on doit conjuguer la vision de loin qui accompagne la découverte du bâtiment, et celle de près lorsqu’une foule se presse serrée à ses pieds. » De part et d’autre de la façade, les arches accueillent comme suspendue dans les airs au-dessus des grilles, une flèche de grande dimension soulignée des indications en 3 langues. Le relais visuel est ensuite pris par des panneaux installés sur les piliers des candélabres. Encore quelques pas et le visiteur découvre posées sur les murs, d’autres plaques sur lesquelles le Palais Garnier tout entier est dessiné, accompagné des indications directionnelles. Une reproduction d’une grande précision et à mi-chemin entre une photographie et les plaques de cuivre utilisées par les graveurs. Arrêt sur image… L’idée de cette simulation en 3D du plan extérieur de l’Opéra, est à la fois intuitive, esthétique et vivante. C’est une façon efficace et ludique de dire : « Vous voyez ceci, vous êtes ici et c’est par là que vous devez aller ». À chaque plaque est associé un angle correspondant au point de vue réel de l’observateur. Comme si le bâtiment tournait peu à peu sur lui-même, dévoilant une perspective nouvelle. ...

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SIGNALÉTIQUE

COULISSES TECHNIQUES Fait assez rare pour être souligné, un poste prototypage était clairement exigé et rémunéré dans ce projet prestigieux. Derrière la fabrication et la pose de l’ensemble de la signalétique intérieure et extérieure, l’entreprise Boscher Signalétique et image. Sous la conduite d’Anne-Claude Ory, une équipe dédiée a usé d’ingéniosité et de technicité pour matérialiser le dispositif conçu par Olivier Schwartz. Exemples…

CONJUGUER SOLIDITÉ ET LÉGÈRETÉ

Les flèches et les mots de cette signalétique haute sont fixés sur un treillis de métal fabriqué à partir d’une tôle d’acier découpée au jet d’eau. Les panneaux sont fixés au bâtiment par des scellements chimiques, à l’aide de câbles inox tendus par des ridoirs. Pour assurer la solidité de ce produit très flexible, un système de pattes munies de passages de câble est soudé à l'arrière des grilles. Chaque ligne de câble tendue comprend cinq pattes. Le verrouillage en translation de la grille sur les câbles est effectué par une bague centrale d'arrêt. Histoire de ne pas dégrader le monument et de résister à l’arrachement par des vents extrêmes, des essais ont été réalisés avec un bureau de contrôle dans les carrières Ouachée (60) d’où provient la pierre de l’Opéra. C’est finalement une pose par scellement chimique qui a donné satisfaction. Solidité et légèreté pour une signalétique XL cependant minuscule à l’échelle du bâtiment.

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66 FOCUS

SIGNALÉTIQUE

COULISSES TECHNIQUES DEUX PROCESS POUR UNE MÊME EXIGENCE ➜ À l’extérieur, les plaques sont en aluminium. C’est l’anodisation qui donne au métal sa teinte et son apparence. L’opération consiste en une succession de bains suivis de rinçage pour préparer la surface, produire l’oxyde et la couleur. Les plaques sont ensuite sérigraphiées puis immergées dans un bain de colmatage permettant la fermeture des porosités de la couche d’oxyde. Ainsi la sérigraphie est emprisonnée dans l’aluminium pour résister aux UV et aux intempéries ➜ À l’intérieur, le rendu est encore plus qualitatif. Cette fois, c’est du laiton qui a été gravé chimiquement, une peinture est appliquée en fond de gravure puis l’ensemble est recouvert d’un vernis pour éviter le ternissement. La gravure chimique permet d’atteindre la qualité et la finesse de gravure souhaitée. La difficulté a été de reproduire fidèlement tous les détails de la photographie. Plusieurs essais ont été nécessaires : lorsque la plaque est immergée trop longtemps dans le bain, la gravure est trop profonde, l’image est donc trop foncée et les détails disparaissent. Au contraire, si le temps d’immersion est trop court, la gravure n’est pas suffisamment profonde, l’image est trop claire et les détails n’apparaitront pas. Il a donc fallu retravailler le contraste des photographies pour trouver le bon équilibre. Raffinement graphique supplémentaire, le designer a ajouté en fond une trame d’étoiles, motif emprunté à un détail de décoration imaginé par Charles Garnier.

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DESSINE-MOI L’OPÉRA

AU CŒUR DU PALAIS : VISITEURS OU SPECTATEURS ?

« Nous ne sommes pas un musée et avec plus de 190 représentations par an, l’art lyrique et la danse sont nos activités premières, précise Benjamin Beytout. Ouvert à la visite depuis les années 70, le Palais Garnier accueille cependant deux types de public aux besoins en signalétique différents. L’un vient en journée pour des visites libres ou guidées, l’autre arrive le soir, pour assister aux spectacles. » Pour orienter et informer au total près de 730 000 visiteurs, des éléments de signalétique ponctuels ou évolutifs liés aux programmations artistiques doivent donc cohabiter avec une signalétique pérenne et didactique. Ils ponctuent un parcours de visite indicatif, qui permet désormais de tout voir sans repasser plusieurs fois au même endroit. Aux points stratégiques, des cartels dans la même veine créative que ceux de l’extérieur, mais réalisés dans des matériaux encore plus nobles. L’image du décor est gravée chimiquement sur une plaque de laiton puis peinte en creux. Afin d’être en totale harmonie avec le cadre prestigieux de l’Opéra, Olivier Schwartz a fait appel à Philippe Anthonioz, artiste sculpteur, pour dessiner les piétements, supports en bronze. Le résultat réjouit Benjamin Beytout : un travail d’artisan qui fait le lien entre le 19ème siècle et le geste créatif d’un artiste contemporain.

SE FAIRE AUSSI BELLE QUE DISCRÈTE !

Un équilibre que l’on retrouve, et ce n’est pas anecdotique, jusque dans la signalétique fonctionnelle des toilettes et des vestiaires. Le dispositif imaginé apporte une touche de modernité grâce aux pictogrammes dont les pointillés lumineux sont constitués de Leds encapsulées dans du verre, sans aucun câblage apparent. Mieux, leur intensité peut être réglée afin de ne pas contrarier l’ambiance lumineuse générale très tamisée que Charles Garnier avait imaginée. Regards et lumières devaient seulement converger vers l’escalier menant à la salle de spectacle. « L’architecte a consacré 14 ans de sa vie et dessiné les moindres détails de ce palais qui porte son nom. Le bâtiment possède de telles qualités que tout au long du projet notre ambition était d’être justes. De toucher le moins possible au bâtiment sans pour autant être atones », insiste Olivier Schwartz. À voir touristes et visiteurs effleurer d’un doigt interrogateur le décor des plaques de laiton, voire s’arrêter pour les photographier, on peut penser que le pari est gagné. L. BdC.




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LA RESTAURATION RAPIDE

A LE GOÛT DU DESIGN

Il est loin le temps où le fast-food incarnait le temple de la malbouffe et de la déco cheap, des couleurs criardes et des sièges inconfortables, poussant le client à manger sur le pouce et à partir rapidement. Aujourd’hui, pour séduire un consommateur exigeant, en quête d’une alimentation de qualité, de praticité et de plaisir, les lieux de restauration rapide et de vente à emporter (VAE) ressemblent à de vrais restaurants. Grâce à l’intervention d’agences d’architecture commerciale, ils soignent leur identité visuelle et leur décor : mobilier chaleureux, lumières douces, teintes élégantes, pour une atmosphère apaisante où il fait bon venir se poser, se détendre et rester. Avec, en parallèle, un parti-pris de plats simples, faciles à transporter et à manger, souvent mono-produit. Panorama de ces nouveaux concepts : autant d’idées à picorer avec gourmandise ! V. O.

KEBAB PARTY LA CHALEUR DE LA MÉDITERRANÉE

Communiquants : de très grande portée tout en étant diffusant, le luminaire imprimé est conçu par Créalumine (France). Sur le mur, impression numérique sur papier peint, réalisation Merin.

CONCEPT GASTRONOMIQUE : premier restaurant drive du groupe France Kebab, Kebab Party a ouvert à Saint Saturnin en périphérie du Mans avec pour objectif de hisser le kebab au niveau du burger et d’attirer les familles dans un environnement de fast-food moderne. IDENTITÉ VISUELLE : l’agence Dragon rouge a signé le retail design global (identité, packaging, bâtiment, architecture intérieure) de ce concept inspiré des meilleures pratiques de la restauration rapide. PARTI-PRIS DÉCO : CONVIVIAL ET ENSOLEILLÉ Un univers coloré et ludique, décomplexé, à l’image des carreaux de ciment multicolores et des lettrines géantes imprimées sur les luminaires et les murs.

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TENDANCE 71

De très grande portée tout Naturel et authentique : en étant diffusant, le luminaire imprimé est conçu par Créalumine (France). Sur leetmur, impression numérique sur papier peint, réalisation Merin.des produits. bois ardoise, des matériaux authentiques, en écho à la qualité

CAPUCIN SIGNÉ BRAS UN ÉCLAT DE NATURE DANS LA VILLE

CONCEPT GASTRONOMIQUE : un cône en pâte de farine de sarrasin, inspiré d’un ustensile de cuisine appelé « capucin », agrémenté de produits de l’Aubrac. Ce concept de restauration rapide, imaginé à Toulouse par les chefs 3 étoiles Michel et Sébastien Bras (père et fils) et André Bras (frère de Michel), a été récompensé par un Janus du commerce.

Crédit photographie © The Food Eye

Le Capucin : du cornet au logo, la forme du capucin est partout.

IDENTITÉ VISUELLE : créé par Minale Design Strategy, le logo/triptyque en forme de capucin symbolise la famille des 3 Bras. Cette identité se décline sur l’ensemble des éléments graphiques : packagings pour la vente sur place et la vente à emporter, accessoires du restaurant (gobelets, bouteilles, menus). PARTI-PRIS DÉCO : UNE EXPRESSION DE L’AUBRAC Terroir d’origine du restaurant 3 étoiles, la nature est théâtralisée par des lames de hêtre brut massif et par des sources lumineuses rappelant la lumière du jour. En contraste, un grand mur façon tableau noir accueillant les croquis de Michel Bras, des tables en ardoise et des chaises industrielles.

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72 TENDANCE

Mélange des genres avec créations contemporaines et meubles chinés aux Puces. Illusion : Les murs font la déco avec des papiers peints imitant des plafonds emboutis (Merci), un accrochage d’assiettes (The Collection) et une vaste bibliothèque (Au fil des couleurs).

MAMIE COCOTTE LA CANTINE CHIC

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CONCEPT GASTRONOMIQUE : située à Gennevilliers en région parisienne (92), la première cantine interentreprises accessible à tous cultive l’art de vivre ensemble. Conçue par Stéphanie Ayral et Laurent Marguerite dans un hangar de 2 000 m², elle revendique une cuisine solidaire (le personnel de cuisine et de salle sont des « mamies »), responsable (conception et fonctionnement du bâtiment) et locavore (produits de saison et de proximité).

PARTI-PRIS DÉCO : EXPÉRIENCES MULTIPLES Confié à la styliste Amélie Baudin, le décor juxtapose des espaces aux atmosphères différentes : vintage, campus à l’américaine, comptoir, espace cosy, avec un mix de récup’ industrielle et de mobilier des années 50. Les luminaires contemporains et les suspensions métalliques font écho aux références scandinaves, les chaises design côtoient les banquettes avec coussins, les papiers peints en trompe-l’œil évoquent une grande bibliothèque ou un mur décoré d’assiettes comme chez Mamie.


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BONGOU LE BONGOU DES BONNES CHOSES LA FRENCH TOUCH

Cannage graphique : réalisé en adhésif sur mur finition stratifié, mat et brillant, sur dalle PVC pour le sol et avec un décor de Polyrey® pour la table d’hôte. L’enseigne, en aluminium laqué éclairage LED, est fabriquée par la société DT Sign (62).

CONCEPT GASTRONOMIQUE : nouvelle « griffe » conçue par La Croissanterie, Bongou propose (1 point de vente à Paris pour l’instant) une offre produit valorisée (sandwichs créatifs, pâtisseries fines, boissons) dans une mise en scène très étudiée. IDENTITÉ VISUELLE : imaginé par l’agence de design Market Value et par les équipes de La Croissanterie, le lieu revisite les codes de la restauration rapide avec un esprit très « French touch » : lignes épurées et esthétique élégante. PARTI-PRIS DÉCO : LE CANNAGE Fil graphique de Bongou, le cannage est théâtralisé sur les murs, le sol, la table d’hôte, jusqu’aux plateaux et gobelets. Chic et intemporelle, la palette de gris et de blanc est dynamisée par des touches d’orange. Les fauteuils, design et confortables, les lumières subtiles et la musique lounge invitent à paresser.

Sérénité : Tables blanches en aluminium, bar en bois stratifié, tabourets hauts en bois et aluminium (TAM). Lambris posé horizontalement en essence de pin maritime, finition terre d’argile par OBD, plinthe en stratifié aluminium brossé, suspension industrielle Acier Brut verni chez AMPM. Vitrophanie réalisée par Photostudio à partir d’une photo de famille. Tradition : Carrelage Népal Antracita par Saloni, Mur en briquette de parement (Broadway chez Modulo), arche en medium laqué (Pantone 7526C). Enseigne : Photostudio (75).

PEGAST GASTRONOMIE NOMADE L’AUTHENTICITÉ

CONCEPT GASTRONOMIQUE : la bonne cuisine et l’ambiance chaleureuse de la brasserie matchée avec les codes de la restauration rapide, plus adaptée au temps du déjeuner : des sandwichs gastronomiques au pot-au-feu, bœuf bourguignon, poulet à l’estragon et confit de canard, au prix du « jambon-beurre ». 16 enseignes, dont 13 à Paris. PARTI-PRIS DÉCO : UN ENVIRONNEMENT CHALEUREUX Conciliant décoration traditionnelle et design contemporain, les tabourets et les tables hautes de la restauration rapide côtoient des éléments plus traditionnels de l’univers de la brasserie, tels que briquette rouge, lambris en pin et portrait du fondateur.

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LAISSER PARLER LES PETITS PAPIERS … POUR LA CRÉATION

Quel point commun entre un mobile, un tapis, des suspensions lumineuses - ou non -, des bijoux, un nid suspendu, une cloison, un objet sonore ? Aucun ? Mais si, tous font partie du projet « So Paper » et sortent tout droit… des poubelles ! Quotidiennement, chez Procédés Chénel, les chutes de papiers s’accumulent. Depuis longtemps, sa dirigeante ouvre toutes grandes les poubelles de l’entreprise aux étudiants des écoles d’art qui, pour leurs travaux, viennent puiser dans ces trésors multicolores. Une mise à disposition qui s’étend des créateurs en herbe aux artistes confirmés avec l’idée de donner une deuxième chance à ces « petits papiers » et d’expérimenter un champ d’applications toujours plus vaste. Sophie Larger, artiste et designer a proposé à Sophie Chénel de structurer cette dynamique et de réunir une vingtaine d’artistes pour explorer les possibilités de revalorisation créative des rebuts et pertes issus de son atelier de production. C’est donc sous la direction artistique de Sophie Larger qu’est né So Paper. Fin septembre 2014, une opération « poubelles ouvertes » a permis à chacun de venir récupérer des matériaux, notamment du Drop Paper mais aussi des souches de ruban adhésif ou des chutes de carton, et de se familiariser avec leurs propriétés respectives. Rencontres, échanges, inspiration et créativité ont fait le reste. Certains ont travaillé seuls, d’autres se sont retrouvés ponctuellement pour travailler côte à côte. Quelques jours avant Noël, toutes les réalisations étaient réunies pour une exposition à Vanves, dans le showroom de Procédés Chénel. Autant d’objets et de réinterprétations du L. BdC. papier que de talents. Des créations à retrouver du 23 au 27 janvier sur le salon Maison et Objet.

« JE PENSE QUE NOUS AVONS TOUS ENVISAGÉ CE PROJET COMME UN JOLI MOMENT DE RÉCRÉATION. SANS CONSIGNE, SOPHIE LARGER : nid en chutes de carton déchiquetées entrelacées sur structure en acier suspendue par des cordages en chanvre.

SANS COMMANDE, SANS ENJEU FINANCIER. JUSTE LE PLAISIR DE CRÉER ET DE POUVOIR DIRE : C’EST MOI QUI L’AI FAIT. » SOLINE D’ABOVILLE, DESIGNER ET SCÉNOGRAPHE.

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SOLINE D’ABOVILLE : décors de plafond, bandes de papier découpé et cousu placées en tension.

DAVID LE GUEN ET VINCENT MÉNORET : mobile en chutes de papier et métal recyclé.

ET AUSSI :

Guillaume Bardet, Janique Bourget, Isabelle Daëron, Martin Debie, Florence Doléac, Noé Duchauffour-Lawrance, Alban Gilles, Laurent Godart, Marianne Guedin, Sophie Hanagarth, La Turbine, Régis R., Rébecca Vallée-Selosse.

STÉPHANIE BUTTIER : entre nid et larme, souches d’adhésif entrelacés.

STUDIO BY STILLS : «cols plissés», faits de bandes de Drop Paper.

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DES STATIONS DE SKI HABILLÉES POUR L’HIVER CHAQUE ANNÉE, DÈS DÉCEMBRE, LES ADEPTES DE POUDREUSE SONT IMPATIENTS DE CHAUSSER SKIS ET SNOWBOARDS. POUR LES ACTEURS DE LA STATION, LA PRÉPARATION AURA ÉTÉ INTENSE AFIN DE LES ACCUEILLIR ET DE PARER RUES, PISTES ET ÉQUIPEMENTS D’UNE COMMUNICATION SUR-MESURE. D’AUTANT QUE, DEPUIS PEU, L’OFFRE CONNAÎT UN PROFOND BOULEVERSEMENT.

EN STATION : UNE COMMUNICATION À FORTE CONTRAINTE

Ce qui frappe le visiteur en station, c’est l’impact d’une communication sportive, riche en couleurs dont on ne suspecte pas les difficultés de création. Or ici, un savoir-faire précis est de mise car le pouvoir réfléchissant de la neige expose les panneaux à de fortes charges d’UV, quand les grands froids rendent, eux, l’adhésivage risqué et oblige les poseurs à chauffer les supports. « En pose, résume Melinda Fournet, responsable commerciale de la société d’impression SMTK, c’est « le système D » qui s’impose ! » L’exposition du support sur le terrain est aussi primordiale : « Un panneau sur piste, à 2 500 mètres d’altitude est exposé de tous côtés ! Pour les signalétiques extérieures, nous utilisons donc du DIBOND©, un panneau composite aluminium inoxydable, imputrescible et résistant aux UV. Nous l’imprimons et le vernissons systématiquement. Les bâches, quant à elles, sont en PVC : qu’elles soient pleines ou micro-perforées, pour offrir moins de prise au vent et moins s’abimer. » En été, la communication s’oriente davantage vers la bâche et les panneaux PVC (FOREX®). « Les besoins s’allègent, commente Elsa Becquié, chargée de projets pour SMTK, nous réalisons des casquettes plutôt que des bonnets, des bâches sur cadres, des oriflammes pour les compétitions de vélos et non de ski... »

AU SKI,

DES SUPPORTS TOUT SCHUSS !

La vie des stations nécessite un grand nombre de supports, qui se renouvellent au gré des opérations ou des changements de charte graphique. ➜ L’affichage événementiel, pour une durée

d’un à trois jours : bâches, panneaux, oriflammes…

➜ La signalétique et les enseignes permettant l’usage

des installations ou le covering en adhésif d’éléments existants : les funiculaires par exemple. ➜ La décoration des points de vente, pour la saison : du covering à la création de meubles. ➜ Le marquage textile, pour les ambassadeurs de la station : broderie en hiver, sérigraphie le reste de l’année. ➜ Les objets promotionnels, à distribuer ou à vendre.

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UNE PROFESSIONNALISATION DE L’OFFRE DE LOISIR

La montagne draine traditionnellement en hiver les adeptes de glisse. Pourtant les amoureux de sport des années 1980 ont aujourd’hui laissé la place à un large public en demande d’amusement et de détente. « Nous sommes dans un milieu très concurrentiel », explique Benjamin Mugnier, Responsable marketing et commercial de la SAGETS, en charge du domaine skiable et des remontées mécaniques des Gets, en Haute-Savoie. « Nous sommes 375 stations de ski en France à innover en permanence pour attirer et fidéliser notre public. La tendance est à l’aménagement d’espaces ludiques, pour une clientèle qui ‘zappe’ davantage. Aujourd’hui, nous n’essayons plus de damer le maximum pistes mais de les aménager au mieux pour le confort de l’utilisateur. » Des aménagements revus chaque année, avec des investissements sur de nouvelles zones. Aux premières loges de ce changement, Elsa Becquié confirme la tendance : « Les grosses sociétés qui investissent les stations, avec l’expérience de gestion de lieux de loisir, abondent. Les Arcs ouvrent cette année le mille8, une sorte de Parc à l’intérieur de la station et Avoriaz a créé Aquariaz, un centre nautique de 2 400 m2 au cœur de la station. » Les réflexions se développent donc particulièrement autour du service rendu au client et de ses conditions de séjour : mieux gérer l’attente dans les files, par exemple. Pour orchestrer tout cela, la réflexion commence en mai, pour une production en septembre d’éléments de communication croissants et pour une installation sur sites à partir du 15 novembre. D’autant que ce fourmillement nouveau d’offres entraîne la création de supports de communication toujours plus nombreux, pour informer et guider le public. S. G.


PRATIQUE 77

ÉTUDE DE CAS MATÉRIAU ROI POUR SES QUALITÉS DE RÉSISTANCE, LE DIBOND® (FABRIQUÉ PAR 3A COMPOSITES) SERT À TOUS LES PANNEAUX, COMME ICI AUX ARCS.

PARMI LES SUPPORTS-TYPE INSTALLÉS CHAQUE ANNÉE, LES BANDEROLES SUR CADRE. CI-DESSOUS, LA STATION DES GETS A CRÉÉ UN VIDÉO PARC, OÙ LES SKIEURS SONT FILMÉS. ILS RETROUVENT LEUR TRAJET SUR INTERNET ET LE DIFFUSENT SUR LES RÉSEAUX SOCIAUX : LES SUPPORTS DE COMMUNICATION AINSI VISIBLES DEVIENNENT DONC DE PARFAITES PUBLICITÉS ! LA SIGNALÉTIQUE VIOLETTE ET LA POLICE BLANCHE JOUENT PLEINE VISIBILITÉ, AVEC LE HAUT POUVOIR RÉFLÉCHISSANT DE LA NEIGE.

LA COMMUNICATION S’ÉTEND BIEN SÛR À L’INTÉRIEUR. ICI, UN RE-BOARD SUR LE DOMAINE DE PARADISKI, UN HABILLAGE SAISONNIER DE PRÉSENTOIR DE VENTE. CRÉATION DESIGN ET GRAPHIQUE : AGENCE THURIA.

ORIFLAMMES ET HABILLAGE DU POINT DE VENTE. LES CONTRAINTES COMMERCIALES IMPOSENT LES MÊMES CODES QU’AILLEURS : CLARTÉ ET LISIBILITÉ !

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78 PRATIQUE

LA GRAVURE

DURABLE

AU SERVICE DU SOUVENIR

Un mémorial international dédié aux combattants de la Première guerre mondiale, telle une « ellipse » perchée sur la nécropole de Notre-Dame-de-Lorette. 1 500 m2 d’inox, plus de 10 millions de caractères gravés… Le tout réalisé en moins de 9 mois grâce à l’Haptigraphie®, là où il aurait fallu plus de 2 ans avec les procédés traditionnels ! Contraction des mots haptique1 et graphie, cette nouvelle solution de gravure offre littéralement un « toucher sensoriel de l’écriture » : les mots, photos et motifs inscrits dans l’inox sont d’une précision inégalée. La technique en ellemême (gravure dans la masse avec enlèvement de matière) n’est pas nouvelle, mais la société gardoise Citynox lui a donné une autre dimension pour les besoins de ce projet hors normes : l’inscription de 579 606 noms de combattants sur l’Anneau de mémoire, imaginé par l’historien Yves le Maner et l’architecte Philippe Prost. « C’est l’enjeu du projet, avec des exigences fortes en termes de durabilité de l’ouvrage et de délais, qui nous a poussés sur la voie de cette innovation », reconnaît Deric Russier, directeur de Citynox. Après plusieurs mois de recherche, l’industrialisation de l’Haptigraphie® et les premiers tests ont eut lieu début 2014 pour une livraison en septembre de la même année. Les panneaux ont été gravés un par un, puis mis en forme pour intégrer l’Anneau.

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© Philippe Prost - ARTEFACTORYLAB

Mise au point par les ingénieurs de la société Citynox (30), l’Haptigraphie® apporte une solution inédite de gravure sur l’inox. Première démonstration spectaculaire sur « l’Anneau de mémoire », inauguré en novembre 2014 dans le Pas-de-Calais.


À la conquête des architectes Secret industriel oblige, Deric Russier n’entre pas dans les détails techniques et préfère pointer les avantages du procédé : « La grande innovation de l’Haptigraphie®, c’est sa rapidité ainsi que la taille des surfaces qui peuvent être gravées, soit des panneaux en inox de 3 m par 1, 50 m. Jusqu’alors la gravure était réservée à de très petites surfaces ». Avec de telles capacités de gravure, Citynox espère désormais séduire les professionnels. « Notre objectif est de mettre ce process à disposition des architectes et décorateurs. Avec l’Haptigraphie ®, déclinable sur le laiton et l’aluminium, la gravure n’est plus une solution prohibitive pour les grandes surfaces. Son potentiel est énorme pour la personnalisation d’une façade, la décoration intérieure, la signalétique ou encore la communication. » C. C. 1 Science du toucher.


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UNE BOÎTE À OUTILS PROFESSIONNELLE DÉJÀ BIEN GARNIE Pour ceux qui s’interrogent sur le niveau atteint par les élèves en fin de BTS Design Graphique, cet échantillon de projets conduits au sein du Lycée public Auguste Renoir apporte des éléments de réponse. Estelle Pézery, coordinatrice de l’équipe pédagogique détaille : « Pour valider son diplôme, chaque étudiant présente un projet de synthèse. Nous leur demandons, dès la fin de la 1ère année, de trouver un sujet, d’identifier les problèmes, d’étudier le contexte et d’imaginer une stratégie créative pertinente pour y répondre ». Le projet mené de A à Z par les étudiants sous la direction d’enseignants-tuteurs est présenté en fin de 2ème année à un jury de professionnels et d’enseignants. échantillon révélateur ! R. D.

Design édition : un manuel scolaire nouvelle génération En partant du constat que les manuels traitants de l’histoire des arts, épreuve récente du brevet des collèges, ne reflétaient pas la pluridisciplinarité de cette matière, Thomas Le Provost, sous la direction d’Emmanuel Benoist, a conçu la ligne graphique d’un nouveau livre en cherchant à le rendre attractif et ludique tout en respectant son contenu pédagogique. La maquette a été pensée pour que le livre soit transposable en version numérique sans problème d’adaptation. En phase avec les utilisateurs - élèves de 3ème, consommateurs de supports numériques et adeptes du « zapping » - l’étudiant a imaginé des codes graphiques sur le principe d’appels visuels à l’exemple des pages d’Internet ou des réseaux sociaux. Il a joué avec les dimensions des pages. Certaines au ¼ du format du livre sont très colorées et insérées comme fiches memento. Elles reprennent par jeu de superpositions des éléments des photos qu’elles recouvrent quand on les tourne. Avec un contraste noir sur blanc très présent, le corps du texte est aéré et le contenu pédagogique mis en évidence. Le projet propose une variable chromatique pour les couvertures, le cœur du livre restant identique.

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Depuis septembre 1999, le lycée public Auguste Renoir LTAA (Lycée technologique d’arts appliqués, Paris 18ème) accueille des promotions de 24 élèves en BTS Design Graphique. Les élèves suivent une formation en 2 ans qui associe enseignements général et professionnel (2 stages) permettant d’acquérir des compétences globales dans les trois domaines du design graphique : graphisme, édition et publicité. À l’issue du BTS, la plupart des élèves poursuivent leur formation par des études supérieures en France ou à l’étranger avant de devenir soit directeur artistique junior pour des agences dans l’univers plurimédia soit graphistes indépendants ou au sein de collectifs.

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UNE ÉCOLE, UN PROJET

PROCHAINES PORTES OUVERTES les 30 et 31 janvier 2015 au 24 rue Ganneron Paris 18ème.

Design message : savoir parler aux jeunes La campagne INPS « manger, bouger » n’a pas trouvé d’écho auprès des adolescents, cible pourtant particulièrement concernée par le sujet. Anaïs Correia Pinto De Sousa, sous la direction d’Estelle Pézery, a imaginé une campagne d’information entièrement dédiée aux jeunes pour leur donner envie de manger plus sainement. Elle a créé pour les accompagner un coach-cuisinier, jeune loup gouailleur dont le graphisme évoque celui d’une BD. Style et ton adoptés, jeunes et décalés, jouent avec les codes et le vocabulaire propres aux adolescents. Ils rappellent la façon dont leurs agendas sont « griffonnés ». Le coach virtuel anime une série web et un site informatif et participatif qui proposent des recettes mises en forme pour eux. L’ensemble des dessins très coloré sur fond noir est décliné tout au long de la campagne depuis la bannière web du site jusqu’aux tee-shirts, sacs, affiches, flyers et autres goodies.

Design identité : un restaurant pas comme les autres Passionnée d’entomophagie, Romane Amice, sous la direction de Nicolas Orteux, a composé l’identité visuelle d’un restaurant gastronomique « Antomos » spécialisé dans la consommation… d’insectes ! Loin de l’exotisme ou du sensationnel habituellement véhiculés par le sujet, elle a choisi un concept haut de gamme. Elle est partie d’une typographie existante classique faite de pleins et de déliés qu’elle a customisée et utilisée dans sa déclinaison graphique pour la carte, les menus et les cartes de visite du restaurant. L’univers des insectes est seulement suggéré en raison des freins culturels existants autour de cette forme de cuisine. L’étudiante ne fait qu’évoquer les codes alimentaires : des cercles pour les assiettes, quelques traits pour les baguettes. Les noms mêmes des plats relèvent plus de la poésie que de la carte de bistrot. Un concept innovant présenté avec élégance et sobriété.

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NOUVEAUTÉS

LE FAÇONNAGE NUMÉRIQUE DE TRÈS GRAND FORMAT Les tables Kongsberg C d’Esko sont les premiers systèmes de façonnage numérique multifonctionnels de très grand formats (3,2 m de large pour la Kongsberg C64) conçus pour une utilisation 24h/24 et 7j/7 dans des environnements de production et semi-industriels. La traverse unique en carbone composite très léger permet à la machine de supporter de très hautes vitesses sans perdre en précision. La Kongsberg C traite une diversité de matériaux plus vaste que n’importe quelle table de finition de très grand format. Cela va du papier aux textiles, en passant par l’ondulé jusqu’au triple cannelure (exclusivité de la Kongsberg C), les panneaux évidés, les plastiques, les composites d’aluminium, etc. Résultat : une polyvalence exceptionnelle dans toutes les applications de production de signalétique, éléments de PLV et emballages. www.esko.com/fr

KAPA®TECH : LÉGER ET INNOVANT !

ZIPPER-WALL : LE MUR D’IMAGE QUI SE ZIPPE ! Le néerlandais Promic est un fournisseur européen de systèmes de présentation et d’affichage. Parfait pour un stand d’exposition, le mur d’image Zipper-Wall est une structure composée de tubes aluminium entièrement démontable et transportable. Le visuel en forme de « chaussette », qui se referme à l’aide d’une fermeture zippée, s’adapte parfaitement à la forme de la structure. Le Zipper-Wall est fourni avec une valise de transport rigide et des lampes peuvent être fixées sur la structure. www.promic.nl/fr

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3A Composites, fournisseur leader sur le marché de matériaux de panneaux, lance KAPA®tech, un panneau innovant composé d'un noyau en mousse polyuréthane et de surfaces en aluminium. Les bandes aluminium pour le KAPA®tech sont traitées avec une laque de qualité supérieure puis elles sont assemblées au noyau en mousse KAPA®. Le noyau en mousse PUR entre les deux couches de parement aluminium représente une technologie unique dans le processus de fabrication des panneaux KAPA®. Jusqu'à présent, cette mousse était combinée à des couches de parement sur une base en papier. Le passage aux couches aluminium a été un véritable défi, vu que le poids d'une bande aluminium est nettement supérieur à celui d'une surface cartonnée et que l'aluminium en soi est beaucoup plus rigide et moins flexible que le papier. Il a fallu adapter machines et processus de fabrication. La combinaison du noyau en mousse PUR et des surfaces en aluminium offre un panneau à la fois extrêmement léger (1,9 kg/m² pour une épaisseur de 10 mm) et rigide. La surface vernie est durable et résistante à la corrosion, et la mousse KAPA® n'absorbe pas d'eau. Ainsi, le KAPA®tech est étanche, devenant le premier panneau KAPA® approprié à des utilisations en extérieur et en milieu humide. D'autre part, KAPA ®tech offre des qualités d'impression digitale excellentes en raison de son revêtement de polyester et de sa surface lisse et il se laisse facilement plier et présente de très bons résultats en contre-collage. www.display.3AComposites.com


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NOUVEAUTÉS

QUAND LE TEXTILE COMMUNIQUE EN RECTO-VERSO… Disponible chez Euromedia et ID Numérique, le nouveau textile recto-verso 320g de HP est principalement destiné aux applications de signalétique intérieure. Ses points forts ? Un toucher doux, une reproduction fidèle des couleurs en impression latex et un classement feu M1. En 100 % polyester avec enduction acrylique et flocage coton sur les deux faces, il est garanti sans PVC, sans phtalate et sans solvant. Souple et d’une douceur unique, il permet également de multiples applications de décoration : rideaux occultants, abat-jour, coussins… www.euromedia-sp.fr - www.idnumerique.fr

PLASTIFICATION À EFFETS : PROTECTION ET DÉCO Avec les laminations VWOOD et PCAMPGB, la famille des plastifications à effets d’Hexis s’agrandit. La première permet de protéger les impressions ou films teintés masse tout en leur donnant un effet bois au réalisme incomparable. La seconde est un film constitué d’un PVC coulé polymère, destiné à être laminé sur des films colorés ou sur des films d’impression numérique, il peut également être appliqué directement sur des surfaces planes. À la protection des réalisations, s’ajoute l’effet cuir petit grain et la technologie anti-microbienne Pure Zone. www.hexis-graphics.com

LOGO VÉGÉTAL® PREND DES COULEURS En février 2014, Exaprint lançait sur le salon C!Print le logo végétal®. Tendance en décoration et signalétique d'intérieur, il est conçu à partir de mousses 100 % naturelles permettant de conserver l'aspect original du végétal sans nécessiter d'entretien. En 2015, il se décline désormais en 8 nouveaux coloris pour répondre à toutes les attentes créatives. www.exaprint.fr

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NOUVEAUTÉS

SÉRIGRAPHIE : LA CRÉATION FAIT LA DIFFÉRENCE Pour permettre à chaque sérigraphe de créer et d'imprimer facilement des échantillons en plastisol avec les effets spéciaux les plus courants, la marque Wilflex lance le Kit INFINITE. Il comprend des pots de 0,94 litre de chacun des produits. Ces bases se mélangent avec les couleurs Epic, les pigments concentrés Epic PC, ou avec les glitters et les shimmers. Wilflex fournit aussi un ensemble de fichiers Illustrator adaptés qui peuvent être téléchargés sur le web. De quoi se constituer un portfolio personnalisé. En France, les nouveautés Wilflex sont à retrouver chez Encres Dubuit Textile. www.edubuit.fr/textile

LE GUIDE « LA COMMANDE DE DESIGN GRAPHIQUE » VIENT DE PARAÎTRE Édité par le CNAP (Centre national des arts plastiques) dans sa collection des « Guides de l’art contemporain », ce nouveau guide aborde les questions relatives à la méthodologie de la commande de design graphique, dans le cadre un projet de communication ou d’édition, au regard des aspects réglementaires, de la rédaction du cahier des charges, des modalités de sélection des candidats, etc. Cet ouvrage s’adresse aux commanditaires de design graphique qu’ils soient issus des secteurs public ou privé. Il a été conçu en collaboration avec l’Alliance française des designers (AFD) et la Direction générale de la création artistique du ministère de la Culture et de la Communication. Il est disponible gratuitement en téléchargement (version pdf). www.graphismeenfrance.fr

INITIATION À L’IMPRESSION 3D... Le FabShop est l’ambassadeur français de grandes marques du monde numérique, importateur des imprimantes 3D MakerBot et premier centre de formation agréé à l’impression 3D. Son équipe se fait un devoir de partager son expérience et son savoir-faire avec les utilisateurs d’imprimantes 3D à travers le monde, en proposant des designs en téléchargement gratuits et en organisant des événements grands publics. Nouveauté : la sortie d’un livre, Impression 3D Pas à Pas, qui consiste en un recueil de trente exercices inédits, ponctué de notions théoriques et pratiques qui guideront les lecteurs dans leur choix de machine et de logiciel 3D. www.lefabshop.fr

CHARGEZ, SCANNEZ, MODÉLISEZ ! L’imprimante 3D - DA VINCI 1.0 AIO est désormais disponible auprès de la société Alexandre Frezal Numérique. Elle a la particularité d’intégrer un scanner d’objet. Ainsi, ce modèle grand public, tout en un, permet à la fois de scanner et d’imprimer en 3D. Découvrir une nouvelle dimension en reproduisant tous ses objets à l'infini ! www.frezalsublimation.fr

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#11 01/2015



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