Collège des Bern a rd i n s Printemps 2019
CROIRE ou SAVOIR faut-il choisir ?
Prendre soin de l’âme des hommes « Nul n’est propriétaire de la vérité » Foi et science ont-elles la raison en commun ? Une promesse pour notre humanité
Rassembler les forces inventives de l’âme, de l’esprit et du cœur pour poser sur le monde un regard unifié, chercher le sens et ouvrir des voies d’espérance ; telle est l’ambition du Collège des Bernardins, lieu où se rencontrent formation, réflexion et création. Espace de liberté, projet à vocation universelle où chacun est invité à se fortifier pour construire un avenir respectueux de l’homme, le Collège des Bernardins conjugue assise théologique et ouverture sur le monde. Interdisciplinarité, dialogue entre experts et théologiens, rencontre entre chercheurs, praticiens et artistes forgent sa singularité.
POUR SUIVRE L’ACTUALITÉ DU COLLÈGE DES BERNARDINS,
Ils sont venus
Ces derniers mois, leur présence, leur parole, leur témoignage ont rythmé la vie du Collège des Bernardins.
LUDMILA BERLINSKAIA
Pianiste
G A U LT I E R BÈS
Enseignant et directeur adjoint de la revue Limite
B É AT R I C E C A S TA I N G D E LONGUEV ILLE
Directrice générale de l’APM
CLAIRE COMPAGNON
Déléguée interministérielle à la stratégie nationale pour l’autisme
C H I L LY GONZALES
Pianiste
FRANÇOI S JULLIEN
Philosophe, helléniste et sinologue
N AT H A L I E LOI SEAU
Ministre chargée des Affaires européennes
P. T H I E R R Y MAGNIN
Recteur de l’université catholique de Lyon et physicien
JEAN-FRANÇOI S SERRES
Référent national Monalisa et membre du CESE
N AY L A TA B B A R A
Directrice de l’Institut de la citoyenneté et de gestion de la diversité de la Fondation Adyan
REJOIGNEZ-NOUS SUR :
20, rue de Poissy 75005 Paris Tél. : 01 53 10 74 44 contact@collegedesbernardins.fr www.collegedesbernardins.fr
PHILIPPE VA L
Ancien directeur de Charlie Hebdo
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© DR
Le Collège des Bernardins, incubateur d’espérance
ÉDITO Une double quête
© Y. Boschat
«
© DR
Mgr Alexis Leproux Président du Collège des Bernardins
Hubert du Mesnil Directeur du Collège des Bernardins
P
our beaucoup, Dieu est vraiment devenu le grand Inconnu » affirmait le pape Benoît XVI en 2008, s’adressant au monde de la culture dans la nef du Collège des Bernardins. Faut-il dès lors se contenter d’un monde seulement scientifique pour isoler dans la subjectivité ou l’irrationnel ce qui relèverait de la foi ? Faut-il, entre croire et savoir, faire un choix ? Au Collège, nous tentons d’honorer ces deux désirs fondateurs de l’être humain sans oublier pour autant le dialogue qui les unit. Fort de siècles de disputes, on parvient à clarifier différents niveaux de connaissance ; mais les clarifier, ce n’est pas encore les honorer ou en prendre soin. Et cette question, qui habite le travail des philosophes depuis les temps anciens, a pris dans le monde moderne une dimension plus critique : alors que les progrès considérables de la science semblent réduire ou anéantir l’espace de la transcendance, le besoin de croire réapparaît, parfois sous les formes les plus radicales. Car l’homme qui aspire continuellement à savoir est aussi riche d’un irrésistible besoin de croire. Comment vivre cette double quête ? Comment l’interpréter et surtout, comment l’honorer ? Le travail du Collège des Bernardins et les pages qui suivent tentent d’illustrer que l’avenir de l’homme passe par cette unification de son être, la mise en dialogue de son désir de savoir et de son désir de croire, de sa foi et de sa raison. Il ne s’agit pas de questions réservées aux savants, mais d’une réalité simple et essentielle qui touche le cœur de chacun d’entre nous, mais aussi les doutes et les crises de notre société, notamment celles qui se manifestent dans notre actualité.
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SOMMAIRE 6.
À L A U NE ENTRET IEN
6. Prendre soin de l’âme des hommes Mgr Alexis Leproux
9.
AU F I L DE S RENCON T RE S
ENTRET IEN
10. « Nul n’est propriétaire de la vérité » Julia Kristeva 3 QUEST IONS À
13. (Re)découvrir
les Pères de l’Église P. Philippe de Forges
RETOUR SUR
14. « Les âges de la vie »,
6e édition du festival des Heures
16. Ç A S ’ E S T PA S S É AU COL L È GE
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18.
DOSS I ER CROIRE OU SAVOIR,
31.
EN PAR T ENAR I AT
faut-il choisir ? D A N S L’ H I S T O I R E
20. Foi et raison, sœurs ennemies ? ARTE
32. L ’Europe face aux
E N D É B AT
Européens
24. Foi et science ont-elles
Nora Hamadi
la raison en commun ?
A P P R E N T I S D ’A U T E U I L
34. À l’écoute
L’ É C H A P P É E
des familles
27. La prière, l’art et l’amour
révèlent la raison multiforme
F R AT E R N I T É D ’A B R A H A M
35. U ne promesse pour notre humanité
ENJEU X DE MOTS
30. Répondre et résoudre
36.
P U BL I C AT I ON S 5
À LA UNE ENTRETIEN
Prendre soin de l’âme des hommes © C. de Torquat/PICTOKA
Nommé vicaire général de l’archidiocèse de Paris par Mgr Michel Aupetit en septembre dernier, Mgr Alexis Leproux préside désormais le Collège des Bernardins. Il évoque la mission du Collège pour l’Église et la société. Quel regard portez-vous sur la raison d’être du Collège des Bernardins ?
ALEXIS LEPROUX
A.L. : Dans bien des domaines de la vie sociale, à différents moments de l’histoire, l’Église a su se montrer prophétique pour la vie des hommes et le développement des civilisations. Défrichement des terres, déploiement des soins auprès des malades, développement de l’enseignement… Au-delà du délitement de l’Empire romain, l’Église a permis un véritable relai civilisationnel ; elle a su répondre aux besoins des hommes. Désormais, l’État s’est saisi de l’aménagement des territoires, de la santé ou de l’éducation. Il assure aujourd’hui – parfois non sans difficultés – le maintien de l’ordre, la sécurité et la salubrité. Mais il semble qu’une dimension essentielle de l’être humain soit aujourd’hui laissée en jachère : sa dimension spirituelle. Où sont les outils sociaux
Après une formation sacerdotale à Paris, Mgr Alexis Leproux a poursuivi des études à Bruxelles, Jérusalem et Rome. Il a consacré son doctorat à la question de l’éducation dans l’Antiquité, à partir des chapitres 7 et 8 du livre de la Sagesse. Il a notamment été aumônier d’étudiants à la Sorbonne et dans des écoles du centre de Paris, et il a initié le parcours EVEN pour la formation des 18-30 ans. Il a été curé de la paroisse Saint-JeanBaptiste-de-La-Salle (15e) avant d’être nommé vicaire général en septembre dernier.
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Qu’entendez-vous par « le bien de l’Église elle-même » ?
dédiés à cela, dans une grande ville comme Paris ? Le monde évolue et l’Église, prophétique en ce sens, décèle ce nouveau lieu d’investissement pour sa mission.
A.L. : Le Collège est une opportunité pour l’Église.
Une Église repliée sur elle-même risquerait de se scléroser. Si je me contente de conserver ce que j’ai reçu, cela finit par disparaître. Rappelonsnous l’histoire de celui qui a reçu un talent et qui A.L. : Prendre soin de son âme ouvre à ce qui est l’enfouit dans la terre ! En revanche, si je m’ouvre gratuit, à ce qui n’oblige pas pour survivre. Cela aujourd’hui à ce que je ne suis pas encore, alors peut sembler superflu. Il y a pourtant un enjeu je serai non seulement ce que je suis aujourd’hui, décisif de l’humanité : si nous peinons mais aussi ce que l’autre me permettra de devenir. Si l’Église est constamment aujourd’hui à instaurer une amitié profonde entre les hommes, c’est appelée à se déployer dans le temps en partie parce que nous avons et dans l’espace, elle se doit d’être négligé cette dimension spien relation avec ce qui l’entoure, rituelle. L’homme ne vit pas avec ce qu’elle n’est pas. Le C’est une joie de seulement de pain ! À travers Collège des Bernardins est un servir aujourd’hui ce lieu qui permet à l’Église de le dialogue, l’écoute de celui qui n’a pas la même culture, s’ouvrir aux appels de l’Esprit. lieu dont l’ambition de celui qui ne partage pas la La force vive de la tradition ne est de promouvoir même foi, l’homme se découvre fait pas de nous un musée des l’unité, de concilier artisan de paix. Il devient un antiquités. Ouverts aux autres, principe d’apaisement. Devant nous devenons plus fortement et de réconcilier la fragilisation du tissu social, ce que nous sommes appelés de celui de la famille, mais aussi à être. de celui des territoires, devant la violence qui émane d’inquiétudes sociales et L’ouverture n’induit-elle pas un risque de religieuses, le Collège propose un lieu singulier dilution ? dans sa manière de rassembler les hommes de notre temps. Non loin des centres d’affaires qui A.L. : Le cheminement d’une existence humaine ne manquent pas de se développer – je pense à n’est pas celui d’une métamorphose perpétuelle, la Défense et ses 3 600 entreprises –, non loin une ouverture tous azimuts sans discernement. Il ne s’agit pas non plus de rester figé, fermé ou des lieux de divertissement qui rassemblent du monde – je pense à Disneyland et à ses 320 milstatique comme une statue de sel. L’ouverture, lions de visites depuis 1992 –, le Collège des j’essaie de la vivre par un « retour au centre » – pour Bernardins propose un lieu hospitalier pour reprendre le titre d’un petit livre du théologien ceux qui cherchent la vérité et s’interrogent Hans Urs von Balthasar – qui, en m’unifiant, me sur le sens de la vie. La vie des hommes ne peut permet de me dépasser. La tension qu’Héraclite et être construite sérieusement si l’on méprise sa Parménide avaient si bien traduite par leur vision profondeur spirituelle. Le projet du Collège des contradictoire demeure vraie aujourd’hui. SeronsBernardins trouve sa pertinence à la lumière de nous sans cesse fluides, mobiles, changeants ? cette soif qui s’exprime chaque jour plus douOu bien resterons-nous dans cette stabilité sans loureusement dans notre société. Cette mission mouvement, fermés à la nouveauté ? Je cherche prophétique de l’Église pour la société, on la constamment cet équilibre, sans doute jamais porte aussi pour le bien de l’Église elle-même. acquis, entre ce qui donne de demeurer et ce qui
Prendre soin de la dimension spirituelle de l’homme, est-ce la clé de voûte du Collège ?
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À LA UNE
me permet de changer. Ce paradoxe sublime est fallait pouvoir être libre d’être chrétien, qu’aucelui de la fidélité et de la nouveauté. Ancré dans cune moquerie ne pouvait faire taire ou enfouir ce que nous recevons du passé, nous sommes sans ce don précieux de la foi. Cela m’a conduit à en inquiétude face à ce que l’avenir nous prépare. parler très ouvertement, à découvrir l’immense Les grands penseurs de demain ne sont pas une défi que représente la recherche de la vérité et menace. Parce qu’ils sont grands, ils ne seront le dialogue avec le monde qui nous entoure. pas davantage un désaveu du passé. Les options du cardinal Lustiger pour la J’essaie ainsi de recevoir mon identité formation des prêtres m’ont permis la plus profonde dans la personne d’explorer cette grande aventure du Christ, comme cette humanité des réconciliations, celle des accomplie que je partage avec Français et des Allemands, celle tous, et la nouveauté toujours L’Église se doit d’être des juifs et des chrétiens, celle surprenante de la rencontre des hommes en général. J’ai en relation avec ce avec l’autre. De cette unité découvert cette intuition qui qui l’entoure, avec ce porte le Collège des Bernardins : que je reçois dans le Christ, je souhaite, à la suite de saint la réconciliation est la seule qu’elle n’est pas Paul, être juif avec les Juifs, réponse raisonnable à la viogrec avec les Grecs. Pour le lence et à la haine. C’est une dire autrement, je demeure joie de servir aujourd’hui ce d’autant plus là où je suis que je vais au-dehors, lieu dont l’ambition est de promouvoir l’unité, de là où je ne suis pas encore ! J’aime ce paradoxe. concilier et de réconcilier.
Cette ouverture est celle du cheminement de votre vie…
Exercer la fonction de vicaire général est une lourde charge et, pourtant, vous avez souhaité poursuivre vos activités d’enseignement aux Bernardins. Pourquoi ?
A.L. : L’atmosphère d’une cour de récréation à l’âge de douze ou treize ans m’a fait découvrir ce que peut signifier une moquerie de la vie chrétienne. Ce que vous portez de plus précieux, de plus sacré, le voilà piétiné par vos camarades de classe. Cette expérience m’a d’abord replié sur moi-même, comme pour me défendre. Mais assez vite, à la fin de mon lycée, j’ai découvert que la liberté religieuse n’avait pas de prix, qu’il
A.L. : Enseigner est une charge commune à tous ; être aumônier ou vicaire, curé ou vicaire général ne doit pas empêcher d’écouter la Parole et de la transmettre, au contraire. Ce travail d’enseignement s’inscrit assez naturellement dans la mission que nous partageons, celle de scruter les Écritures et d’y trouver la vie.
DI SCOUR S AU MONDE DE LA CULTURE | Benoît XVI, Collège des Bernardins, 12/9/2008 « Nos villes ne sont plus remplies d’autels et d’images représentant de multiples divinités. Pour beaucoup, Dieu est vraiment devenu le grand Inconnu. Malgré tout, comme jadis où derrière les nombreuses représentations des dieux était cachée et présente la question du dieu inconnu, de même, aujourd’hui, l’actuelle absence de Dieu est aussi tacitement hantée par la question qui Le concerne. Quaerere Deum – chercher Dieu et se laisser trouver par Lui : cela n’est pas moins nécessaire aujourd’hui que par le passé. Une culture purement positiviste, qui renverrait dans le domaine subjectif, comme non scientifique, la question concernant Dieu, serait la capitulation de la raison, le renoncement à ses possibilités les plus élevées et donc un échec de l’humanisme, dont les conséquences ne pourraient être que graves. »
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AU FIL DES RENCONTRES Le Collège des Bernardins vit au rythme des rencontres : des rencontres qui rassemblent, décloisonnent, font dialoguer une diversité d’acteurs issus d’horizons différents pour élaborer une compréhension interdisciplinaire et collective de notre époque. Ensemble, ils participent à un débat ouvert et passionnant, croisent les points de vue, échangent pour appréhender l’humain dans sa complexité et contribuer à construire la société de demain.
« Nul n’est propriétaire de la vérité » (Re)découvrir les Pères de l’Église
© DR
« Les âges de la vie », 6e édition du festival des Heures
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10. 13. 14.
AU FIL DES RENCONTRES ENTRETIEN
« Nul n’est propriétaire de la vérité » Promouvoir un sursaut d’humanisme en temps de haine : c’était le sens du débat organisé le 29 janvier au Collège des Bernardins par le projet Montesquieu. Ce groupe de réflexion réunit des croyants juifs, chrétiens et musulmans ainsi que des non-croyants autour de grandes questions de société. Rencontre avec l’une de ses fondatrices, l’écrivaine et psychanalyste Julia Kristeva. © John Foley/Opale via Leemage
Comment est né le projet Montesquieu ? J.K. : En 2011, le pape Benoît XVI organisait à Assise les Journées pour la paix et la justice dans le monde. Toutes les religions étaient présentes et, à leur côté, une petite délégation de non-croyants. En échangeant quelques mots avec Benoît XVI, je fus frappée par l’intense curiosité de son regard soutenu : pour cette personne, pensais-je, toute rencontre est une joie qui soulève, un événement. Au nom de notre petit groupe, j’ai proposé « Dix principes pour l’humanisme du xxie siècle ». En prenant ensuite la parole, le pape m’a semblé résumer notre engagement de paix et de justice face aux tensions du monde par cette idée inoubliable : « Nul n’est propriétaire de la vérité. » En rentrant, je confiais mon émotion de cette rencontre et mon
JULIA KRISTEVA Linguiste, psychanalyste et femme de lettres, Julia Kristeva est professeure émérite de l’université Paris-Diderot.
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POUR ALLER PLU S LOIN
Quel regard portez-vous sur le contexte actuel ?
souhait de la prolonger à Paris à mon ami Antoine Guggenheim, alors directeur du pôle de recherche du Collège des Bernardins, à Michel de Virville, aujourd’hui directeur honoraire du Collège, et à Richard Prasquier, alors président du Crif. Début 2012, l’affaire Merah éclatait en France, entraînant une recrudescence de racisme, d’antisémitisme et d’islamophobie. « Nul n’est propriétaire de la vérité » devint la devise du projet Montesquieu.
J.K. : Les attentats ont aggravé la réception sociale de la question interreligieuse. La certitude nihiliste des uns croise l’exaltation fondamentaliste des autres et la République se trouve devant un défi historique qui touche au fondement du lien entre les humains… Sommes-nous capables d’affronter cette crise de la croyance ? Nos sociétés sécularisées ont négligé le besoin de croire et oublié la richesse des valeurs véhiculées par l’histoire religieuse de l’humanité. Lorsque j’écoute les gilets jaunes, ce qui me frappe, c’est la permanence d’un besoin de croire que rien n’assouvit. « On ne croit pas » clament-ils : en aucune religion, aucune idéologie et surtout en aucune parole politique. Mais Homo sapiens est un Homo religiosus. Je suis persuadée qu’en prenant au sérieux ce besoin de croire, nous pourrions mieux affronter les dérives intégristes des religions d’une part et les impasses des sociétés sécularisées d’autre part. Le projet Montesquieu essaye de mettre en perspective ce besoin de croire grâce à la philosophie, aux sciences humaines ou à la psychanalyse, et grâce au débat entre croyants des trois monothéismes.
Quel est son objectif ? J.K. : Là encore, les propos du pape tenus à Assise sont notre manifeste : « Il s’agit […] de nous retrouver ensemble [croyants et non-croyants] pour s’engager résolument pour la dignité de l’homme et servir ensemble la cause de la paix contre toutes sortes de violences destructrices du droit. »
Le groupe réunit une grande diversité de profils : est-ce un critère ? J.K. : On y trouve en effet l’imam Tareq Oubrou,
© Camille Savioz/Ooshot
Jean-Paul Delevoye, aujourd’hui haut-commissaire à la réforme des retraites, mais aussi le rabbin Yann Boissière ou le père Éric Morin… La diversité des profils est une caractéristique du groupe. Dans mon travail, je reviens souvent à Duns Scot, qui affirmait au xiiie siècle que la vérité ne réside pas dans les idées abstraites ni dans la matière opaque, mais dans cet homme-ci, dans cette femme-là. Nous sommes cette personne-ci, cette personne-là et nous essayons de croiser nos questionnements. Tout en représentant différents courants de pensée et sans être mandatés par aucun, nous avons le souci du temps présent et la volonté de penser les impasses (la question de l’identité, de l’étrangeté, de la nation…). Surtout, nous cultivons un esprit analytique grâce auquel nous acceptons de questionner nos traditions respectives, religieuses ou humanistes, reconnaissant leurs apports sans les crisper dans des fondamentalismes. Le groupe se structure aussi au gré de l’actualité. Par exemple, en 2013, nous avons invité Vincent Peillon à nous rejoindre pour évoquer l’enseignement des religions à l’école.
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Julia Kristeva, Cet incroyable besoin de croire, édition augmentée, Bayard, 2018
Dialoguer pour prévenir la violence Débat entre Philippe Val, ancien directeur de Charlie Hebdo, et Tareq Oubrou, imam de Bordeaux bit.ly/Mardis-dialoguer
Le 29 janvier 2018, Philippe Val, Tareq Oubrou, Jean-Paul Delevoye, Yann Boissière et Laurent Schlumberger se sont rencontrés au Collège des Bernardins, à l’initiative du projet Montesquieu ; débat animé par Catherine Escrive
AU FIL DES RENCONTRES
Que vous apportent les réunions du groupe Montesquieu ?
textes, celui de Philippe Val et la réponse de l’imam Tareq Oubrou. Nous avons voulu montrer que les questions épistémologiques profondes que nous abordons sont étroitement liées à des blessures sociales très concrètes et actuelles, qui jaillissent sur l’actualité. Nous avons choisi d’inviter les deux protagonistes de cet échange épistolaire médiatisé pour y apporter des éclaircissements, exposer les désaccords et trouver des pistes de convergence.
J.K. : Je ne vis pas mon implication au sein de
Montesquieu comme un « engagement » social ou politique, mais comme une expérience qui me permet de mettre ma pensée en mouvement, qui la stimule. Chacun arrive avec son ego mais, progressivement, le dialogue s’instaure, les partis pris s’assouplissent, se rénovent et s’harmonisent. Cette polyphonie va à contre-courant de la dépression nationale généChacun arrive ratrice de colères et de haines. avec son ego mais, Elle me confirme dans ma vision progressivement, le de la complexité humaine, sans laquelle l’humanisme ne serait dialogue s’instaure, qu’une illusion insoutenable.
Pourquoi avoir choisi le Collège des Bernardins ? J.K. : Je pense que l’humanisme
n’est possible que s’il reconnaît et réévalue sa dette envers le christianisme. Le christiales partis pris nisme, notamment catholique, s’assouplissent, Le projet Montesquieu a pris est parvenu à appréhender la la parole en public pour la complexité de l’humain, avec se rénovent et première fois lors d’un Mardi s’harmonisent. Cette cet espoir grave, tragique et des Bernardins en janvier. comique, inimitable : « Je suis polyphonie va à devenu question à moi-même. » contre-courant de la L’humanisme est en ce sens un J.K. : Depuis la création de Montesquieu, nous sommes dépression nationale enfant rebelle du christianisme : persuadés que les sujets que la pensée comme interrogation, nous développons ont vocation nous la devons à l’héritage à être partagés. Nous souhaigrec, juif et chrétien. Il ne s’agit tons que chacun se sente autorisé à ouvrir le débat pas d’une pensée calculante, démonstrative ou sur les questions qui touchent aux religions, aux systémique, mais d’une pensée comme mise en discriminations, à l’islamophobie ou à l’antisémiquestion. C’est peut-être cela que je percevais tisme. L’an passé, la question interreligieuse s’est à travers le regard de Benoît XVI lors de notre incarnée à travers un conflit médiatisé entre deux rencontre à Assise.
MET TRE NOS DIFFÉRENCES DE CROYANCES AU SERV ICE DU L IEN SOC IAL Groupe de réflexion interreligieux et laïque, le projet Montesquieu réunit depuis près de cinq ans des chrétiens, des juifs, des musulmans et des non-croyants. Le groupe travaille en tenant compte de l’actualité, mais avec le souci de construire la réflexion, pour chercher comment nos différences de croyances peuvent être mises au service du lien social plutôt que de le détruire. Tous ses membres partagent une même conviction : « Nul n’est propriétaire de la vérité. »
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3 QUESTIONS À
(Re)découvrir les Pères de l’Église (Re)découvrir Augustin, Athanase ou Irénée… Telle est l’ambition du nouveau cycle de conférences « Un Père de l’Église, une question » animé par le père Philippe de Forges, docteur en théologie. Enseigner la théologie, est-ce inculquer une doctrine construite par des hommes ?
tion de la doctrine chrétienne durant les premiers siècles de son histoire. Leurs enseignements nous parlent encore beaucoup, notamment parce que nombre de ces Pères étaient chrétiens dans un monde qui ne l’était pas. Le contexte est parfois similaire au nôtre, celui d’un xxie siècle marqué par le pluralisme religieux, ou d’une Europe confrontée à une forte déchristianisation.
Ph. de F. : Pour les chrétiens, la théologie n’est pas une réflexion humaine sur Dieu ; c’est une explicitation rationnelle de la parole divine. Les premiers penseurs chrétiens ont cherché à rendre raison de ce mystère dont témoignaient les apôtres, à le rendre plus accessible. Ces penseurs, appelés « Pères de l’Église », ne veulent pas être originaux ; ils tiennent à rester fidèles à la foi qu’ils ont eux-mêmes reçue. Tout en visant une plus grande intelligence de la foi, ils ne réduisent jamais le mystère divin à une doctrine humaine.
En quoi la théologie est-elle le lieu d’un dialogue ? Ph. de F. : Les Pères de l’Église élaborent leurs enseignements dans une confrontation aux juifs, aux païens ou aux « hérétiques ». Ils forgent leur pensée en connaissant d’autres opinions. Ceux qui se penchent sur les textes des Pères découvrent qu’approfondir le mystère de la foi suppose d’entrer en dialogue avec les autres.
Quelle importance revêtent aujourd’hui ces saints d’autrefois ? Ph. de F. : La tradition donne le nom de Pères de l’Église aux penseurs qui ont participé à l’élabora-
É V É NE ME N T S Saint Augustin
Saint Jean Chrysostome
Peut-on se séparer de l’Église par attachement au Christ ? J e u di 4 av r il - 12 h 4 5
Les richesses sont-elles dangereuses pour le salut ? J e u di 9 ma i - 12 h 4 5
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AU FIL DES RENCONTRES RETOUR SUR
« Les âges de la vie »
6e édition du festival des Heures Au moment où le Collège des Bernardins, après plusieurs siècles d’histoire riche et mouvementée, fêtait le dixième anniversaire de sa réouverture, cette sixième édition du festival des Heures, les 16 et 17 novembre 2018, entendait signifier la place essentielle que peut occuper la musique au fil du temps qu’il nous est donné de vivre, au fil des âges de la vie.
L
a musique nous accompagne tout du Collège. Un anniversaire, surtout lorsqu’il au long de notre existence, des marque une étape importante, est l’occasion de berceuses et des comptines de notre réfléchir sur le temps et sur la vie qui passent. Le âge tendre à toutes ces œuvres assorythme du monde ne cesse de s’accélérer, l’urgence ciées par la suite aux moments règne en maître, stérilise notre réflexion et forts de notre vie personnelle, famiconfisque une part essentielle de notre liale, spirituelle ou affective, à existence au nom d’une prétendue nos rencontres, à nos deuils, efficacité. Tout est conçu pour à nos joies. Ainsi, le samedi nous faire gagner du temps et, 17 novembre, dans la grande paradoxalement, nous n’en nef du Collège, le talent des avons jamais manqué autant. musiciens vint magnifier, au La musique, comme rythme des heures monasSe réconcilier grâce la prière, entraîne tiques, des œuvres évoquant la à la musique naissance (matines), l’enfance une mise à nu où (laudes), l’amour (none), la l’homme est invité à La musique, en imposant son maturité (vêpres) avant de propre rythme et son propre s’incliner devant la parvenir « aux portes du ciel » langage, s’offre à nous comme vérité (complies). La veille, un concert un moyen de ralentissement, en forme d’hymne à l’Annonde réappropriation et, en même ciation ouvrait le festival à temps, un chemin de réconciliaNotre-Dame de Paris. tion avec nous-mêmes et avec le monde.
Réfléchir sur la vie qui passe
La musique est une fenêtre : d’un côté elle ouvre sur le monde et à son altérité en invitant, au-delà des différences, à une forme de communion et de partage ; de l’autre, elle nous conduit vers
L’idée de ce thème, « Les âges de la vie », est née autour de la célébration du dixième anniversaire
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MORCEAU X CHOI SI S
notre for intérieur, vers les tréfonds de notre être où notre âme peut se tenir en éveil. Dans une société sécularisée, la musique sacrée, pour le public comme pour de nombreux musiciens, est une porte d’entrée vers les Écritures. La musique, comme la prière, entraîne une mise à
nu où l’homme est invité à s’incliner devant la vérité, en tout cas, à partir à sa quête. Véronique de Boisséson Directrice artistique pour les concerts de musique classique au Collège des Bernardins
Pour rendre hommage Concerto pour piano et orchestre en ré mineur de Mozart, interprété par Maria João Pires bit.ly/MJPires Pour espérer Lux aeterna d’Edward Elgar, interprété par l’Ensemble Voces 8 bit.ly/Lux-Elgar Pour rire Rhapsodie hongroise n° 2 de Liszt, interprétée par Victor Borge bit.ly/Borge-rhapsodie
© Guillaume Poli / Ciric
Pour prier Admirable grandeur sur des paroles de saint François d’Assise bit.ly/Admirablegrandeur
Ensemble Aedes, concert de none, festival des Heures, 17 novembre 2018
É V É NE ME N T S De Profundis - Le chant des montées
La musique d’âge en âge
je u di 11 av r il – 2 0 h 3 0 – N e f Avec l’ensemble Les Surprises. Dirigé par L.-N. Bestion de Camboulas Desmarets, Bach, Lully, Hersant.
me r c r e di 2 2 ma i – 2 0 h 3 0 – N e f Avec un ensemble réunissant enfants, adolescents et musiciens confirmés. Haydn, Mozart, Debussy, Chostakovitch, Saint-Saëns.
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ÇA S’EST PASSÉ AU COLLÈGE
« Écho de la naissance des mondes » Immergés dans l’œuvre de l’artiste Abdelkader Benchamma, concerts, performances et rencontres se sont succédé.
En sciences, comme en religion, l’entendement peut être dépassé. J’aime ces zones où la raison ne suffit plus © Jean-Matthieu Gautier /Ciric
Abdelkader Benchamma
Abdelkader Benchamma, artiste
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Quentin Bas Lorant, La Croix, à propos de l’œuvre d’A. Benchamma
© Guillaume Poli/Ciric
La croyance n’est jamais une restriction du savoir, mais confère, au contraire, une force d’invention supplémentaire
© DR
© DR
Pauline Barboux, dans Une après-midi avec Kitsou Dubois, 20 octobre 2018
Transe derviche, performance de Rana Gorgani, 10 novembre 2018
Ensemble Cosmos, Cosmos, 12 octobre 2018
6 000
sont venues au Collège de Bernardins pendant la Nuit blanche 2018
Abdelkader Benchamma, Échos de la naissance des mondes, acrylique sur revêtement, exposition du 4 octobre au 10 novembre 2018
© La Muse en Circuit
personnes
Borderland – Acte X – 18 Bones, performance de Melik Ohanian, Nuit blanche, 6 octobre 2018
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© Jean-Matthieu Gautier /Ciric
CROIRE ou SAVOIR faut-il choisir ?
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DOSSIER Nous vivons à l’ère du doute, marquée par une crise de la croyance et la domination d’une raison toute-puissante. Pourtant, les hommes ne cessent d’exprimer un besoin de croire, éprouvant les limites de l’entendement. La permanence de ce besoin interroge : croire et savoir s’opposent-ils vraiment ? Faut-il voir dans le dialogue de la foi et de la raison la possibilité d’un renouveau ? Sont-elles les deux versants indissociables d’une même quête de vérité ? Le Collège des Bernardins invite philosophes, théologiens et artistes à explorer les liens entre foi et raison.
D A N S L’ H I S T O I R E 20. Foi et raison, sœurs ennemies ? E N D É B AT
24. Foi et science ont-elles la raison en commun ? L’ É C H A P P É E 27. La prière, l’art et l’amour révèlent la raison multiforme ENJEU X DE MOTS 30. Répondre et résoudre
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DOSSIER D A N S L’ H I S T O I R E
Foi et raison, sœurs ennemies ? Depuis les Lumières, la foi et la raison sont souvent présentées comme étrangères l’une à l’autre, voire comme des sœurs ennemies. Pourtant, au cours de l’histoire, nombre de penseurs ont aussi pu concevoir la foi comme un acte de la raison, mû par la grâce divine.
L’
paganisme, certains Pères de l’Église insistent comme saint Paul sur la rupture que représente la foi. Ainsi Tertullien (v. 150-v. 230) qui exprime une opinion tranchée : « Pitoyable Aristote qui leur a enseigné la dialectique, également ingénieuse à construire et à renverser, fuyante dans ses propositions, outrée dans ses conjectures, sans souplesse dans ses raisonnements. » Les écoles de philosophie sont des concurrents qu’il importe de discréditer pour annoncer la nouveauté de l’Évangile.
histoire des rapports entre foi et raison a été assez tourmentée, de l’avènement de la foi chrétienne comme rupture au chemin d’une réconciliation moderne.
La foi est une folie qu’aucune raison n’explique
Saint Paul, qui n’est pas un philosophe mais est doté d’une bonne culture hellénistique et juive, est surtout sensible à la transLe christianisme comme vraie Peut-on vraiment cendance de la révélation philosophie séparer l’existence sur les sagesses humaines. « Alors que les Juifs demandent Cependant, il apparut proen deux sphères des signes et que les Grecs gressivement aux chrétiens étanches, celle de la sont en quête de sagesse, nous que l’histoire intellectuelle du vie ordinaire où l’on paganisme n’était pas réductible proclamons, nous, un Christ crucifié, scandale pour les à l’idolâtrie. Elle laissait transpase fie à la raison, et Juifs et folie pour les païens. celle de la religion où raître un vrai désir de Dieu qui devait être reconnu et assumé. […] Car ce qui est folie de Dieu l’on s’en défie ? est plus sage que les hommes, Saint Justin de Naplouse (v. et ce qui est faiblesse de Dieu 100-v. 168) en est très conscient. est plus fort que les hommes » Il affirme que les païens qui ont (I Co i, 23-25). La foi est une folie, la folie de vécu selon la raison (en grec logos) ont été comme l’Amour crucifié, qu’aucune raison humaine par avance des chrétiens. Au contraire, ceux qui se n’est capable de définir ou d’expliquer. Dans le sont abandonnés au vice et à l’erreur ont persécuté contexte de la persécution impériale, nourrie de le Christ avant même sa venue sur terre. On assiste
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POUR ALLER PLUS LOIN
Du vie siècle avant Jésus-Chrst à l’avènement du christianisme bit.ly/Histoire-période1
© William Manning / Alamy stock photos
Des premiers siècles après Jésus-Christ à la Renaissance bit.ly/Histoire-période2
La philosophie sert la théologie
ainsi à une réappropriation de la philosophie par le christianisme : « Tout ce qui s’est dit de bien est nôtre », affirme Justin dans une formule à la fois grandiose et ambiguë. À partir du IIIe siècle, la posture commune des Pères sera de présenter le christianisme comme la vraie philosophie. La théologie intègre ce qu’il y a de meilleur dans la philosophie antique mais, par le fait même, la rend inutile en tant que discipline indépendante.
Après une période assez sombre au plan intellectuel (viiie-xe siècles), la théologie latine va se reconstruire sur de nouvelles bases. Les premières universités apparaissent à Paris, Bologne et Oxford, à partir du xiie siècle. La redécouverte d’Aristote conduit à la création de la faculté des arts où la philosophie est
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Dans le hall de la Philosophie du monastère de Strahov à Prague, la fresque de Franz Maulbertsch dépeint la lutte de l’humanité pour connaître la vérité
DOSSIER
enseignée et développée pour elle-même, comme théologie et la philosophie doivent coexister et une science autonome. Face à elle, la théologie dialoguer, ce que Thomas exprime dans la formule précise son statut épistémologique. Certains célèbre : philosophia ancilla theologiae, « la philosophie est servante de la théologie ». estiment que la sacra doctrina (comme on la désigne à l’époque) ne doit pas adopter la méthode dialectique des philosophes. L’émergence du rationalisme et D’autres, dont saint Thomas d’Aquin du fidéisme (1225-1274), pensent que la théologie peut accueillir la dialectique Entre le xvie et le xviiie siècle, La lumière de la tout en restant fidèle à son objet, l’humanisme se coupe de plus qui est la révélation divine. en plus de la révélation, exaltant foi, qui nous est Cet objet dépasse la raison, la nature humaine indépendamcommuniquée mais la raison surélevée par ment de la grâce. La philosophie gratuitement, ne la grâce peut se l’approprier et se greffe sur la renaissance détruit pas les constituer la théologie comme païenne, face à une théologie une véritable science, différente scolastique sclérosée, symbole lumières naturelles de la philosophie. ordre ancien discrédité. Un que nous tenons de la d’un historien des idées constate : nature « Même si des interférences sont Saint Thomas postule un rapSaint Thomas d’Aquin port harmonieux entre la nature toujours observables, philosoSur la Trinité de Boèce et la grâce, donc entre la raison phie et théologie deviennent et la foi. « La lumière de la foi, globalement indépendantes l’une qui nous est communiquée de l’autre. » Indépendance qui se transforme souvent en franche hostilité de la gratuitement, ne détruit pas les lumières naturelles que nous tenons de la nature. » Ainsi la théologie raison à l’égard d’une foi assimilée à de la supersa besoin de la philosophie comme partenaire tition dépassée. Ainsi Voltaire (1694-1778), dans de véridiction des jugements qu’elle énonce. La son Sottisier publié à titre posthume : « Prier Dieu,
FOI ET R A I S ON DAN S L’ H I S T O I R E OCC I DE N TALE 0
ve
- vie siècle
Les premières écoles chrétiennes et monastiques sont fondées en France, en Espagne et en Italie. De doctrina christiana est étudié et recopié. Dans ce livre, saint Augustin prône un emprunt à l’éducation antique dans l’interprétation des textes bibliques.
100 iie siècle
Saint Justin de Naplouse affirme que les païens vivant selon le logos ont été par avance des chrétiens.
200
300 iiie
400
500
- ive siècle
xe
- xie siècle
Le pape Sylvestre II contribue à introduire en Occident la pensée philosophique d’Aristote, les sciences et la philosophie arabo-musulmanes. Un courant dialecticien émerge et s’oppose aux partisans de l’autorité absolue des Pères de l’Église.
600
700
800 viiie
Les Pères présentent le christianisme comme la vraie philosophie.
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au xe siècle
Les philosophies néoplatoniciennes et l’augustinisme s’épanouissent en contexte religieux. On lit Platon à la cour de Charlemagne.
900
1000
POUR ALLER PLUS LOIN convaincu, Blondel montre que la raison ne peut se refermer sur elle-même car le dynamisme de l’action, qui déborde la pensée, l’en empêche. Pour s’achever lui-même – disons : « pour réussir sa vie » –, l’homme doit s’ouvrir à l’action en lui d’un Être qui lui est à la fois transcendant et immanent. En sens inverse, la foi ne saurait s’intégrer à la nature en partant totalement de l’extérieur. Elle doit aussi épouser de l’intérieur ce dynamisme de l’action que chaque homme porte en lui-même. Blondel trace l’épure d’un dialogue renouvelé entre la foi et la raison auquel nous pouvons nous reporter aujourd’hui encore, dans le cadre d’une saine laïcité que beaucoup appellent de leurs vœux.
c’est se flatter qu’avec des paroles on changera la nature » ; ou encore Auguste Comte (1798-1857) qui ambitionne de transformer sa philosophie positive en véritable religion de l’Homme : « Dieu n’est pas plus nécessaire au fond pour aimer et pour pleurer que pour juger et pour penser » (lettre à Mme Austin du 4 avril 1844). Face au rationalisme athée, nombre de chrétiens adoptent une position défensive : le fidéisme, qui adosse la foi au sentiment individuel ou collectif plutôt qu’à la raison. Mais cette attitude est dangereuse pour la foi elle-même. Comment croire en un Dieu incapable de sauver la raison ? Et peut-on vraiment séparer l’existence en deux sphères totalement étanches, celle de la vie ordinaire où l’on se fie à la raison, et celle de la religion où l’on s’en défie ?
P. Florent Urfels Docteur en théologie et en mathématiques, enseignant au Collège des Bernardins
Vers une saine laïcité
De la Renaissance au xviiie siècle bit.ly/Histoire-période3
Du xixe siècle à nos jours bit.ly/Histoire-période4
Conscients de l’impasse dans laquelle s’enfermaient tant le rationalisme que le fidéisme, plusieurs philosophes et théologiens du xxe siècle s’efforcent de rétablir le contact. Parmi eux, le plus fécond est peut-être Maurice Blondel (1861-1949). Universitaire, philosophe et catholique
xive
- xvie siècle
xviiie siècle
Avec la Renaissance, on passe progressivement du théocentrisme médiéval à l’anthropocentrisme des temps modernes.
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1200 xiie
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- xiiie siècle
Les premières universités sont fondées à Paris, Bologne et Oxford. Grâce à la création de la faculté des arts, la philosophie est développée comme une science autonome. Saint Thomas d’Aquin pense une réconciliation possible entre théologie et dialectique.
xxe siècle
La philosophie des Lumières affirme le primat de la raison sur la foi. C’est le début de la sécularisation de la pensée et la naissance de l’athéisme.
1600
1700
xviiesiècle
Dans sa 3e Méditation métaphysique, Descartes développe ses fameuses preuves de l’existence de Dieu.
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1800
1900
L’encyclique Fides et ratio de Jean-Paul II associe foi et raison dans une même quête de la vérité.
2000
xixesiècle
En réponse au rationalisme, un courant traditionaliste et fidéiste se développe au début du siècle, porté notamment par Louis Bautain. 1838 : l’Église condamne le fidéisme. 1859 : Darwin publie L’Origine des espèces. L’Église s’oppose à la théorie de l’évolution, sans la condamner.
DOSSIER EN DÉBAT
Foi et science ont-elles la raison en commun ? On oppose souvent science et foi : l’une serait raisonnable et rationnelle, l’autre tiendrait de la conviction. Mais cette apparente rivalité ne cache-t-elle pas des ressources communes ? Foi et science ont-elles la raison en commun ? C’est la question qui a été posée aux trois invités des Mardis des Bernardins en ouverture du dernier cycle de 2018.
«
D
es raisons de croire ? Déraison de Science et foi ne sont d’ailleurs pas considérées croire ? » était le thème de cette comme rivales, jusqu’à la rupture du xviie siècle, saison des Mardis des Bernardins. où la prédominance d’une vision mécaniste du Pour ouvrir l’horizon de nos quêtes monde conduit à « extérioriser Dieu » (voir les de sens, un cycle de sept rencontres pages 20-23). a été inauguré à travers le débat « Foi et science ont-elle la raison en commun ? ». Michel Blay On associe alors la science à la raison mais, (philosophe et historien des sciences), pour Michel Blay « la science n’a pas une définition unique car on ne la le père Thierry Magnin (recteur de l’Institut catholique de Lyon, pratique pas de la même manière physicien et théologien) et Éric selon les époques ». L’opposition Il y a aujourd’hui Fiat (philosophe et professeur se polarise sur la question d’éthique médicale et hospitade la crédibilité, quand elle beaucoup plus lière) sont venus en débattre. relèverait en fait plutôt de la d’humilité dans Au cours de leur discussion, démarche. la démarche ils ont souligné, loin des lieux communs, des appuis partagés Deux objets distincts scientifique : plus entre la science et la foi. on découvre, plus En effet, foi et science n’ont pas on s’aperçoit que le Une ambition commune le même objet : « La science ne dernier mot nous vise pas un absolu. Elle essaie de et conciliable construire un champ rationnel échappe À l’origine de la science et de la de connaissance, mais dans des P. Thierry Magnin foi se trouve le désir de savoir. limites déterminées », rappelle Pour Éric Fiat, « l’homme est Michel Blay. La question de le seul être vivant qui sait Dieu est une des limites, précise le père Magnin, en tant qu’elle « ne fait pas qu’il aurait pu ne pas être, et qu’il ne sera plus ». L’étonnement joue chez l’homme un rôle moteur. partie des sciences dites exactes : la science ne
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POUR ALLER PLUS LOIN
DES RAI SONS DE CROIRE ? DÉRAI SON DE CROIRE ?
La théologie est-elle une science ? Le père Jacques de Longeaux interroge la place de la théologie dans les champs du savoir bit.ly/Théologiescience
Et si croire était en fait le socle commun de notre humanité ? Si s’arrêter au devoir de réserve de nos institutions revenait à nous priver – nous, croyants et non-croyants – d’une ressource au potentiel insoupçonné ? L’acte de croire est-il moteur de l’action ? De septembre à décembre 2018, les Mardis des Bernardins exploraient la dimension spirituelle de l’homme pour tenter d’élargir l’horizon peut-être parfois trop étroit de nos quêtes de sens contemporaines.
© DR
Les débats sont désormais disponibles en ligne dans la rubrique Archives du site Internet du Collège des Bernardins.
va pas chercher le surnaturel par sa définition même ». Quant à la théologie, elle va chercher « à rendre compte de l’intelligence de la foi », non sans le concours de la science.
alors interrogée par la critique, et la critique mue par la conviction. D’après le père Magnin, « le scientifique a déjà décidé dans sa tête des options de la nature. Il y a des convictions qui précèdent la démarche scientifique ». Pour Éric Fiat : « La science n’est pas que rationnelle. Elle est mue par des pulsions afin de comprendre. » Elle doit « toujours douter, remettre en question ses avancées » pour progresser.
Le dialogue entre critique et conviction
ÉRIC FIAT, philosophe
© Hannah Assouline
LE REGARD DE
La recherche théologique s’est enrichie au xx e siècle de la méthode historico-critique, qui introduit une analyse scientifique dans la compréhension de l’Écriture sainte. La conviction est
La science n’a pas à avoir peur de la foi et la foi n’a pas à avoir peur de la science. Dans La Critique et la Conviction, Paul Ricœur explique que la science se situe du côté de la critique et la foi de celui de la conviction. Mais il ajoute qu’il faut qu’il y ait de la conviction dans la science et de la critique dans la foi. Une foi sans critique dégénère en fanatisme. Une science sans conviction dégénère en réductionnisme. Suivant Ricœur, je propose ce programme : que la science n’oublie pas qu’elle est tendue par la conviction que le monde est beau et qu’on peut le comprendre. Que la foi n’oublie pas d’être critique pour ne jamais devenir dogmatique.
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La porte de la foi, le MOOC du Collège des Bernardins Qu’est-ce que la foi ? Peut-on croire et savoir ? Croire et douter ? Une enquête sur la foi interpellant la raison, menée par Sophie Binggeli bit.ly/Laportedelafoi
DOSSIER
L’humilité comme clé commune ?
clé. Car l’homme, scientifique ou croyant, est en attente de cette révélation.
De cette exigence du doute émerge l’humilité. « Il y a aujourd’hui beaucoup plus d’humilité et de performance dans la démarche scientifique : plus on découvre, plus on s’aperçoit que le dernier mot nous échappe », avance le père Magnin. Cette humilité, rappelle Éric Fiat, est contenue, pour la foi, dans cette parole du Christ : « ce que tu as caché aux sages et aux savants, tu l’as révélé aux tout-petits » (Matthieu xi, 25). Notre monde et ses mystères posent la question du pourquoi et, pour Michel Blay, la révélation peut être une
Les enjeux actuels Les trois intervenants se sont accordés pour mettre en garde contre le péril d’un scientisme exacerbé qui justifierait l’homme par la technique et dont le transhumanisme est la plus claire expression. Pour y faire face, reste le recours de la philosophie, en tant qu’elle peut entrer directement en relation avec la science et la théologie.
C HAR LE S P ÉGU Y, « L A R A I S ON N ’ É P U I S E P A S L A V I E »
Héraut de la raison, défenseur de l’idéal socialiste, mystique chrétien hors de l’Église… La figure de Charles Péguy a été convoquée pour clôturer le cycle 2018 des Mardis des Bernardins. De par son itinéraire intellectuel et spirituel, il semble éclairer la difficile mais féconde articulation entre foi et raison. À bien des égards, il incarne cette tension entre l’envie et la possibilité de croire. Comment ce chemin personnel, presque insaisissable, nous éclaire-t-il aujourd’hui ? Que dit-il de l’équilibre que nous pouvons entretenir entre foi et raison ?
Nous savons que la raison n’épuise pas la vie et même le meilleur de la vie ; nous savons que les instincts et les inconscients sont d’un être plus profondément existant sans doute. Nous estimons à leur valeur les pensées confuses, les impressions, les pensées obscures, les sentiments et même les sensations. Mais nous demandons que l’on n’oublie pas que la raison est pour l’humanité la condition rigoureusement indispensable. Nous ne pouvons sans la raison estimer à sa juste valeur tout ce qui n’est pas de la raison. Et la question même de savoir ce qui revient à la raison et ce qui ne revient pas à la raison, ce n’est que par le travail de la raison que nous pouvons nous la poser. Charles Péguy, De la raison (1901)
Pour revivre la soirée : bit.ly/CharlesPéguy
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L’ É C H A P P É E
La prière, l’art et l’amour révèlent la raison multiforme La rationalité a une histoire. Au fil du temps, le champ de la raison s’est trouvé réduit au quantifiable, dans l’espoir que tout finisse par se plier aux outils prédictifs, aux mécanismes de la production, de l’économie ou de l’ingénierie. Seulement voilà : l’homme ne vit pas uniquement dans le domaine du quantifiable, ni même du dicible. À travers l’art, la prière et l’amour, la raison peut être fortifiée.
V
ouloir toujours ramener l’homme à ce qui se mesure, c’est l’étouffer. Il est aisé de comprendre en quoi un monde sans priants, sans artistes et sans amants serait invivable. Mais prier, créer et aimer, est-ce encore se situer dans le domaine rationnel ?
Rendre à la raison son ampleur humaine
Le mot grec logos et le mot latin ratio peuvent nous éclairer. Le logos renvoie à la parole en tant qu’elle est porteuse d’un sens (elle est structurée) et en tant qu’elle fait sens, qu’elle communique une vision du monde (elle est structurante). Le mot ratio ne renvoie pas seulement au calcul : il intègre les proportions, l’harmonie observée,
© Vincent Fournier
À cette question, il faut répondre que la prière, la création et l’amour élargissent le champ de la raison et lui restituent son ampleur humaine. Sans elle, la raison sombre dans la seule intelligence, artificielle ou non.
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Vincent Fournier, L’Hostie et l’univers, huile, crayon et tempera sur papier, 20 x 27cm. Exposition Trace et Témoignage, ancienne sacristie
DOSSIER
les rapports entre les formes ou l’analogie. Comprendre logiquement et rationnellement, ce n’est pas seulement calculer. C’est aussi voir une harmonie, saisir des proportions, s’inscrire dans une structure, déployer une vision. C’est parler en visant plus loin que ce que l’on peut dire.
V I NC E N T FOU R N I E R : U N AR T I S T E E T U N MY S T I QUE
Approcher l’indicible
Son œuvre est la trace d’une expérience spirituelle
Les priants, les artistes et les amants renouvellent le langage en approchant l’indicible. Leur langage en est bien un, car il transmet un message selon les voies du logos et de la ratio. Nous avons besoin de ce renouvellement, sous peine de nous enfermer dans le monde étouffant de la raison calculante. L’œuvre des priants, des artistes et des amants guérit la raison, qui n’est elle-même que si elle est tendue par un dynamisme qui fait brèche, qui ouvre notre expérience et notre compréhension.
Un monde sans priants, sans artistes et sans amants serait invivable
© Vincent Fournier
Ce besoin concerne les théologiens. Certains artistes sont d’une perspicacité théologique qui dépasse le discours habituel de leur époque. Ainsi l’apparition du corps supplicié du Christ sur la croix, ou encore la représentation de l’humanité de l’Enfant Jésus dans les madones de la Renaissance italienne et flamande. Certaines représentations ont une pertinence christologique exceptionnelle, à des époques où le discours correspondant (la mort du Christ, la réalité de l’enfance du Verbe) est rare. P. David Sendrez Docteur en théologie, enseignant au Collège des Bernardins, codirecteur du laboratoire de recherche beauté et vérité
Vincent Fournier, Sacré Cœur, huile sur toile, 46 x 31cm. Exposition Trace et Témoignage, ancienne sacristie
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Vincent Fournier, Estampe du moine Gunther. Exposition Trace et Témoignage, ancienne sacristie
© Vincent Fournier
Estampe du moine Gunther À partir de la pierre tombale du moine Gunther, présente au Collège, Vincent Fournier a réalisé une œuvre élaborée comme un rituel. Il a prélevé de la terre à l’emplacement de l’édifice, puis a effectué des frottages sur papier avec cette terre pour figurer les mains du gisant. Le dialogue avec les formes, les lieux et les matériaux préexistants s’efface devant un avènement mystérieux et vulnérable. Cette œuvre révèle une éthique de l’engagement – et même de la livraison – de soi, une exigence de recherche, une humilité à travers l’immersion dans la réalité contemplée. Son travail suggère autant par sa démarche que par son résultat. Aux regardants de décider de s’immerger dans sa logique, généreusement livrée.
Sacré Cœur Sacré Cœur est une toile détachée de son châssis, clouée à même le mur. En l’observant, on comprend qu’il n’est pas possible de méditer le mystère de la croix sans participer, d’une certaine manière, à la violence de la crucifixion. Ce mystère ne peut laisser indemne celui qui le médite et ne peut manquer de l’interroger, de le sonder. L’œuvre induit une fusion de quatre représentations classiques : la croix glorieuse, la crucifixion, le Sacré Cœur et le voile de Véronique.
L’amour de Dieu manifesté par la Passion et la Résurrection du Christ y est donc désigné comme une empreinte. La toile interroge la possibilité de la réplication de cette empreinte par d’autres existences qui se laissent impressionner, au sens propre. La disparition du châssis entraîne la suppression de la délimitation de l’œuvre : plus rien ne fait obstacle au prolongement des deux lignes au-delà de la toile posée sur le mur de la pièce.
É V É NE ME N T Tr ace et Témoignage, expo sition de V incent F our nier D u 18 j a nv i e r a u 2 ma r s 2 0 19 d a n s l’a n cie n n e s a c r i s t ie – e n t r é e l i b r e L’œuvre de Vincent Fournier explore la transparence de la peinture et du papier, qui acquièrent ainsi une valeur symbolique. Ses œuvres picturales, entre figuration et abstraction, sont à la frontière du visible et révèlent l’invisible.
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DOSSIER ENJEUX DE MOTS
Répondre et résoudre Vivre, c’est questionner le sens, la douleur, la tromperie, l’apparence, la vérité, la maladie, le bonheur, la tristesse… Certains diront que la foi donne des réponses ou, au contraire, que la raison trouve des réponses sans recours à la foi. Mais il faut se garder de confondre répondre et résoudre.
Q
uand les réponses de la foi ou de questions que Dieu nous pose, le théologien la raison sont comprises comme tchèque Tomas Halik affirme que l’homme a la des solutions, les questions ne « capacité à […] mener sa vie comme un dialogue ». semblent plus avoir lieu d’être ; n’importe quel problème Devenir des réponses aux questions peut être surmonté. Avec des solutions, ouvertes de la vie les problèmes qui adviennent au cours de l’existence semblent Cette conversation invite les franchissables grâce à un mode hommes à ne pas comprendre d’emploi, un prêt-à-penser – la pensée seulement à partir La fin d’une et à répondre –, scientifique de l’établissement de vérités ou non. découverte devient le démontrées ou validées par commencement de la l’expérience. Elle les invite Mener sa vie comme un aussi à devenir eux-mêmes découverte des réponses aux questions dialogue VIIIe homélie sur ouvertes par la vie. Le Cantique des cantiques, PG 44, 941 Mais disposer de solutions n’arrête pas les questions. On peut répondre à l’annonce d’une maladie avec des solutions de traitements, les questions de fond sur son sens ne cesseront pas pour autant. Face aux
Dans le dialogue avec Dieu, les trois questions qui ponctuent la vie quotidienne – Où es-tu ? Qu’as-tu fait de ton frère ? Qui dis-tu que je suis ? – nous empêchent d’identifier Dieu à la solution. Se répondre est toujours s’adresser à Dieu, rapatrier sa liberté, dire toi au mystère de notre vie, à la parole qui appelle la vérité. La foi et la raison sont appelées à l’exercice d’un colloque dramatique et illuminé fait d’écoute et de dialogue avec soi, les autres, le monde et Dieu. Un exercice inlassable qui sera toujours un commencement. Gemma Serrano Docteure en théologie, enseignante et directrice de recherche au Collège des Bernardins
L’INSTANT DE LA FOI | T. Halik, Revue théologique des Bernardins, 2016 « La foi, telle que je la conçois, est une capacité à percevoir la réalité comme un appel : faire l’effort d’écouter, d’apprendre l’art de comprendre, être disposé à répondre. Je suis convaincu que là réside la plus précieuse (et la plus intéressante, la plus aventureuse) des possibilités offertes à la condition humaine : mener sa vie comme un dialogue, écoutant et répondant inlassablement ; vivre attentivement et de manière responsable. Je suis d’avis que tout homme (au-delà des frontières des confessions et des traditions) est fondamentalement capable de mener un tel mode de vie. »
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EN PARTENARIAT Le sens ne se construit que collectivement. C’est pourquoi le Collège des Bernardins noue des partenariats avec des institutions qui partagent avec lui un esprit d’ouverture, de dialogue et de transmission. Ces partenariats sont un moyen de mutualiser les forces et les expériences, tout comme ils offrent l’opportunité de programmations communes. À travers eux émerge un écosystème où se croisent les disciplines, les savoirs et les croyances pour enrichir le questionnement sur l’homme et son avenir.
L’Europe face aux Européens À l’écoute des familles
© DR
Une promesse pour notre humanité
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EN PARTENAR I AT ARTE
L’Europe face aux Européens Dans « Vox Pop », le magazine d’Arte consacré aux enjeux européens, Nora Hamadi nous fait découvrir l’Europe et ses habitants. L’objectif : revigorer le débat européen, faire remonter la parole citoyenne et se départir des joutes technocratiques. Elle animait en février la rencontre inaugurale du nouveau cycle des Mardis des Bernardins. Chaque dimanche, vous donnez la parole aux citoyens européens… Qu’est-ce qui vous anime ? N.H. : Sociologue de formation et enseignante, j’ai toujours souhaité cultiver et approfondir le lien avec le terrain. J’ai commencé à travailler sur l’Europe en tant que journaliste sur iTélé en 2005, au moment du référendum sur la Constitution européenne. Le couple France/Europe était alors en plein divorce et il me semble qu’aujourd’hui encore il peine à se reconstruire. Le débat politicopolitique domine, inaudible, voir rébarbatif pour beaucoup de citoyens. Dans les territoires ruraux, les habitants n’ont souvent pas eu l’occasion d’expérimenter l’Europe : la notion d’Europe, ils en saisissent les contours de façon schématique et la ressentent comme anxiogène. Pour les
NORA HAMADI
© DR
Journaliste spécialiste des questions européennes, Nora Hamadi a inauguré en février 2019 le cycle de débats des Mardis des Bernardins dédié à l’Europe.
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POUR ALLER PLU S LOIN Retrouver le goût de l’aventure européenne Dix propositions pour un avenir personnaliste de la civilisation européenne
jeunes, l’identité européenne reste parfois floue, ou vient se superposer à une identité française qu’ils ont déjà parfois du mal à appréhender. Le peuple européen est de plus en plus absent des réflexions : paradoxalement à l’heure où l’expression « populisme » fait florès, la société civile se sent écartée des débats. Je m’attache à lui redonner une voix, un visage, à lui donner la parole, de l’écoute, à l’incarner.
les cultures : il suffit de regarder les principales artères des capitales européennes ! Or, pour créer du commun, je pense qu’il ne faut pas nier la complexité mais l’explorer, donner des clés de compréhension, prendre du champ, soigner les lieux d’échanges, les espaces de dialogues. C’est d’ailleurs cet aspect-là du Collège des Bernardins qui m’a séduite. Mettre au premier plan les relations humaines, aussi, redonner une dimension positive à la notion de communauté. J’ai eu l’occasion d’échanger avec Antoine Arjakovsky, qui dirige une équipe de recherche dédiée à l’avenir de l’Europe. Il travaille sur la notion d’humanisme et de personnalisme européen. Une approche foisonnante qui cherche à permettre à chaque citoyen de se réapproprier le projet européen en lui donnant les moyens d’y participer à sa propre échelle. J’ai eu le plaisir de le compter parmi mes invités le 12 février dernier pour lancer le cycle de débats, aux côtés de frère Alois, prieur de la communauté de Taizé, de la politiste Justine Lacroix et de Nathalie Loiseau, ministre chargée des Affaires européennes.
Le 12 février, vous avez lancé au Collège le cycle de débats intitulé « L’Europe face aux Européens ». Quel sens donnez-vous à ce titre ? N.H. : Dans « L’Europe face aux Européens », j’entends la devise de l’Union : l’unité de l’Europe et la diversité des peuples qui la composent. On a tendance à percevoir cela comme un obstacle. Je crois au contraire que c’est ce qui fait la richesse de l’Europe. L’Europe, c’est 28 scènes politiques, 28 nationalités, autant de cultures, une diversité à partir de laquelle nous avons à créer du commun.
Qu’entendez-vous par « créer du commun » ? N.H. : Aujourd’hui on cherche à construire du commun en gommant les singularités, en uniformisant
É V É NE ME N T S L’Europe face aux Européens - M ardis des B er nardins S i x d é b a t s d e f év r ie r à av r il 2 0 19 À l’approche des élections européennes, le Collège des Bernardins, le Centre Sèvres, les revues Études et Projet ainsi qu’Arte s’associent pour un cycle de six débats. Une invitation à redécouvrir l’Europe à travers ses fragilités, ses potentialités et ses promesses. Réservations sur le site : bit.ly/Mardis-Europe
Quel avenir pour la civilis ation européenne ? 15 ma i – 10 h 3 0 -2 0 h Ce colloque vient conclure deux années de recherche du séminaire « Passé et avenir de la civilisation européenne » qui a souhaité contribuer au débat sur l’avenir de l’Union européenne et de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe. Réservations sur le site : bit.ly/Civilisation-europ
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Antoine Arjakovsky et Jean-Baptiste Arnaud
Retrouver le goût de l’aventure européenne. Dix propositions pour un avenir personnaliste de la civilisation européenne, Antoine Arjakovsky et Jean-Baptiste Arnaud (dir.), Collège des Bernardins, 2019
EN PARTENAR I AT APPREN T I S D’AU T EU I L
À l’écoute des familles Valeur centrale, lieu de partage et de sollicitude, d’épreuve et d’espérance, la notion de famille subit de plein fouet le pessimisme social ambiant. Pourtant, ce qui semble la menacer est aussi ce qui peut la renouveler…
Une réflexion centrée sur l’écoute
© JP Pouteau/Apprentis d’Auteuil
Aller à la rencontre de toutes les familles, quelles que soient leurs origines et leurs formes – traditionnelle, monoparentale, recomposée – : le séminaire, codirigé par Augustin Mutuale, docteur en théologie et en sciences de l’éducation, et Pierre Durrande, formateur permanent aux Apprentis d’Auteuil, s’ancre dans une pratique du terrain singulière. Grâce aux contacts établis avec Apprentis d’Auteuil, les chercheurs rencontrent toutes sortes de familles. « Il faut être capable d’écouter ces autres familles », explique Augustin Mutuale. L’ouverture à l’autre nourrit la réflexion.
Un moment convivial lors de l’accueil des familles à la Maison des familles d’Annecy
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Renouveler l’espérance en la famille
epuis deux ans, le Collège des Bernardins abrite le séminaire de recherche Mystère familial. Sa méthodologie innovante se fonde sur l’expérience pratique de son partenaire, la fondation Apprentis d’Auteuil.
À partir du terrain, les chercheurs peuvent mesurer l’importance de la famille aussi bien à l’échelle individuelle qu’à celle des sociétés. « Notre action ne vise pas forcément à soigner la famille, mais à voir en quoi elle nourrit la société encore aujourd’hui », explique Augustin Mutuale.
LA FONDAT ION APPRENT I S D’AUTEU IL
Pour penser la famille dans le monde, ils interrogent ce qui semble la menacer, et y voient parfois des forces cachées. La posture d’écoute des intervenants du séminaire leur permet de regarder les familles telles qu’elles sont pour y voir, malgré les difficultés, un lieu d’espérance unique.
En 1866, l’abbé Louis Roussel a recueilli six enfants des rues à Paris. Ainsi est née la fondation catholique Apprentis d’Auteuil, reconnue d’utilité publique en 1929. Depuis plus de cent cinquante ans, la fondation recueille les enfants abandonnés et les orphelins, aide les jeunes en difficulté et assiste les familles fragilisées. Dans ses 230 établissements, 30 000 jeunes et familles trouvent un refuge, un lieu d’écoute et un horizon. Apprentis d’Auteuil accompagne les parents pour qu’ils trouvent les bons gestes éducatifs et qu’ils préservent le lien parent-enfant – un gage pour l’avenir.
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FR AT ER N I T É D’ABR AHAM
Une promesse pour notre humanité Salle comble. Trois voix et trois religions sont réunies. La rencontre « Jésus vu par les trois monothéismes » organisée par la fraternité d’Abraham en partenariat avec le Collège des Bernardins tient sa promesse : promouvoir un dialogue interreligieux fraternel, joyeux et fécond.
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enue dans le cadre du cycle de pour les siècles des siècles. Carole Latifa Ameer conférences « Rôle et évolution a évoqué la sainteté du prophète, omniprésente des religions abrahamiques en dans les sourates du Coran. Méditerranée », la rencontre « Jésus vu par Le dialogue interreligieux les trois monothéismes » du n’est pas une concession 29 novembre 2018 faisait suite à celle sur la figure de Moïse À travers ces échanges, il n’a Il est essentiel à l’Institut Élie Wiesel, et pas été question de chercher précédait celle sur Ismaël à faire de l’autre un même, de développer de janvier 2019 à la Grande une amitié profonde mais plutôt de voir en l’autre une incroyable source d’enriMosquée de Paris. Mgr Alexis Leproux chissement. Ce dialogue entre Président du Collège des Bernardins Découvrir Jésus à travers croyants, que la fraternité d’Abraham s’attache à encoule regard de l’autre rager depuis plus de cinquante Le rabbin Philippe Haddad, ans, apparaît alors comme une le père Jacques de Longeaux et la spécialiste du promesse, un espoir pour la société et pour la soufisme Carole Latifa Ameer ont pu dresser tour foi – quelle qu’en soit la forme. à tour leur portrait du prophète. Qu’il soit « un rabbi d’Israël mort en martyr », « né juif et mort juif », « plus qu’un prophète », « le fils de Dieu », LA FRATERNI TÉ D’ABRAHAM « le fils de Marie », « le Verbe » ou « le Sauveur », Jésus a été décrit dans son parcours historique En juin 1967, en pleine guerre des Six-Jours, cinq hommes se réunissent pour fonder la fraternité d’Abraham : le penseur juif André Chouraqui, le père Jean Daniélou, l’écrivain aussi bien que dans ses dimensions mystiques. Le Jacques Nantet, le père Michel Riquet et le recteur de la Grande Mosquée de Paris Hamza père de Longeaux a rappelé l’unité de sa personne, Boubakeur. Ils souhaitent promouvoir le dialogue interreligieux entre croyants des trois persistante dans l’alliance de son humanité et de confessions. L’association se réunit autour de la figure d’Abraham. Depuis, elle organise sa divinité. Le rabbin Haddad a posé un regard de nombreuses rencontres et conférences, et publie des revues et des études en vue de construire une paix durable entre croyants. tendre sur ce « miraculeux conseiller », ce guide dont la « parole puissante » continue de faire école
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PUBL ICAT IONS
LE PÉCHÉ ORIGINEL
REPENSER L’ALTÉRITÉ
P. David Sendrez, Le Péché originel, Parole et Silence, 2018, 120 p. Thierry Vernet et Franklin Rausky (dir.), Repenser l’altérité, Parole et Silence, 2018, 180 p.
L’altérité est d’abord notre rapport à l’autre, marqué depuis toujours par des sentiments antagonistes, au premier lieu desquels l’amour et la haine. Que nous dit la Bible, et en particulier l’Ancien Testament, de cette relation qui nous assemble et nous oppose ? En quoi le « livre des livres » porte-t-il un héritage spirituel universel ? La démarche des auteurs de cet ouvrage est elle-même marquée du sceau de l’altérité puisque, juifs et chrétiens, ils entrent en un dialogue d’interprétations pour éclairer l’homme par son enracinement théologique. Le code éthique de Noé, la différence sexuelle au regard de l’éternité et la figure de l’ennemi à la lumière de l’Évangile sont quelques-unes des approches originales des auteurs. Ce travail collectif s’inscrit dans le cadre d’un partenariat de recherche entre l’Institut universitaire d’études juives Élie Wiesel et le Collège des Bernardins.
Que l’on soit croyant ou non, que l’on soit juif, chrétien ou musulman, le récit du péché originel dans le livre de la Genèse est un texte source et un thème universel, qui n’a cessé d’interroger la vision de l’homme et de son rapport à Dieu. Dans ce livre écrit en miroir du cours qu’il a donné au Collège des Bernardins, le père Sendrez interroge l’expression et la notion de « péché originel » dans son contexte biblique et historique ainsi que dans ses dimensions dogmatique, sacramentelle et spirituelle.
LE TRANSHUMANISME C’EST QUOI ? Dominique Folscheid, Anne Lécu, Brice de Malherbe, Le Transhumanisme c’est quoi ?, Cerf, 2018, 139 p.
Comment est née l’idéologie transhumaniste ? Comment est-on passé de la volonté d’améliorer les conditions de la vie humaine au fantasme d’une nature humaine profondément modifiée ? Quels sont les dangers d’une telle entreprise ? Comment réhabiliter l’humanisme aujourd’hui ? À la suite de leurs travaux de recherche au Collège des Bernardins, trois spécialistes – un philosophe, un médecin et un théologien – répondent aux questions que pose ce sujet de société aussi crucial que fascinant.
PENSER LE POLITIQUE ET CE QUI LUI ÉCHAPPE : FACE À L’ŒUVRE D’YVES CHARLES ZARKA Gemma Serrano (dir.), Penser le politique et ce qui lui échappe : face à l’œuvre d’Yves Charles Zarka, Hermann, 2018, 268 p.
Dans cet ouvrage collectif, l’œuvre du philosophe Yves Charles Zarka est éclairée par les lectures qu’en font théologiens et philosophes. Mêlant théorie et éléments autobiographiques, cette conversation entre les disciplines construit un récit qui permet d’entrer dans les structures argumentatives et le parcours historique du penseur.
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COLLÈGE DES BERNARDINS. POUR L’ESPÉRANCE DU MONDE Collectif, avec les contributions de Joseph Bert et Vincent Freylin, Collège des Bernardins. Pour l’espérance du monde, Éditions du Patrimoine, 2018, 106 p.
Vous vous êtes sans doute déjà rendus au Collège des Bernardins, mais connaissez-vous son histoire ? Celle des jeunes moines cisterciens qui venaient s’y former et y vivre au xiiie siècle, dès la création de l’université de Paris. Celle des conflits de l’ordre sur la vocation du Collège et de sa vocation actuelle de dialogue entre l’Église et la société contemporaine. Celle de la formidable intuition du cardinal Lustiger, qui a fait renaître de ses décombres cet emblématique édifice parisien… Ce livre permet de revivre les épisodes de cette grande histoire. Publié à l’occasion du dixième anniversaire de la réouverture du Collège des Bernardins, il raconte ce lieu de formation, de recherche, d’art et de rencontres, unique par ses missions. L’ensemble est illustré d’images historiques et de photographies pour visualiser le projet du Collège des Bernardins au fil des siècles.
LA TRANSMISSION DU RELIGIEUX EN MÉDITERRANÉE Un défi partagé Stéphanie Laithier, Valentine Zuber, Jacques Huntzinger (dir.), La Transmission du religieux en Méditerranée. Un défi partagé, Cerf Patrimoines, 2018, 184 p.
Quelles sont les spécificités de l’enseignement de la religion sur les rives sud et nord de la Méditerranée ? À l’heure où le pluralisme religieux et les mobilités de populations posent de nouveaux défis aux sociétés, cet ouvrage nous fournit une série de contributions qui permettent d’appréhender les différences propres à chaque culture. Au fil des textes se dessine une évaluation croisée du rôle des écoles, des familles, des États ou encore des institutions confessionnelles dans des contextes culturels très différents. Les auteurs réunis dans cet ouvrage ont nourri leur réflexion lors du séminaire « À l’école du religieux ? Formation et transmission religieuses en Méditerranée » qui s’est tenu au Collège des Bernardins. Ce livre est une mise en regard universitaire autant qu’un dialogue résolument humain et civique.
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LA MISSION DE L’ENTREPRISE Blanche Segrestin et Kevin Levillain (dir.), La Mission de l’entreprise responsable. Principes et normes de gestion, Presses des Mines, 2018, 177 p.
Blanche Segrestin et Stéphane Vernac, Gouvernement, participation et mission de l’entreprise, Hermann, 2018, 114 p.
Comment repenser le gouvernement, la mission et la responsabilité de l’entreprise aujourd’hui ? Après avoir mené des travaux de recherche au Collège des Bernardins, les auteurs proposent des pistes de réforme pour dépasser les cadres traditionnels et les insuffisances actuelles. Formuler une mission précise, favoriser l’engagement collectif, renouveler les normes… Ces chercheurs, dont les travaux ont déjà en partie inspiré les réformes de l’entreprise en cours, nous livrent de nouvelles pistes.
Le Collège des Bernardins
a besoin de vous ! Rencontres, débats, concerts et expositions : le Collège des Bernardins accueille chaque année 150 000 visiteurs de tous âges et de tous horizons. Pour maintenir ses activités en l’absence de toute subvention publique, il doit trouver chaque année des financements auprès de donateurs particuliers et d’entreprises.
PAROLE DE DONATRICE Isabelle MAYAUD, mécène du Collège des Bernardins Lors de la création des Bernardins en 2008, ma sœur Sophie LaurentBellue a rejoint, comme bénévole, le département du mécénat d’entreprise. Elle nous a fait partager son enthousiasme pour la mission de ce beau lieu cistercien. Notre mère et moi sommes devenues mécènes grâce à elle.
DONNER AU COLLÈGE DES BERNARDINS EST AVANT TOUT UN ACTE PHILANTHROPIQUE Avec l’impôt sur la fortune immobilière, 75 % du montant de votre don est déductible de votre impôt (dans la limite de 50 000 euros). En dehors de l’IFI, vos dons sont toujours déductibles de votre impôt sur le revenu, à hauteur de 66 %.
Ce qui m’a touchée, c’est que ce lieu reste fidèle à ses origines universitaire et théologique tout en offrant une panoplie de formations et de rencontres dans les domaines culturel, artistique, intellectuel et spirituel, dans un esprit d’ouverture et avec une attention pour les problématiques contemporaines. Le Collège des Bernardins est unique. Il offre à chacun la possibilité d’approfondir les questions qu’il se pose.
POUR SOUTENIR LE COLLÈGE DES BERNARDINS : S u r l e s i t e I n t e r n e t : w w w. c o l l e g e d e s b e r n a r d i n s .f r, rubrique « Soutenir le Collège » P ar courrier : adresser un chèque libellé à l’ordre de la Fondation des Bernardins Sous l’égide de la Fondation Notre Dame reconnue d’utilité publique, la Fondation des Bernardins est habilitée à recevoir des dons et à en assurer la déductibilité fiscale. Elle est également éligible aux legs.
Au cours de ces dix années, j’ai pu constater combien le Collège est devenu une référence qui rayonne pour le plus grand nombre. C’est pourquoi, en mémoire de notre mère et pour assurer la relève, ma sœur et moi avons augmenté notre soutien financier !
CONTACT
© Laurence de Terline
Anne-Sophie Gracieux, responsable du mécénat des particuliers asgracieux@fondationdesbernardins.fr - 01 53 10 02 75 Fondation des Bernardins, 31, rue de Poissy - 75005 Paris
DES RESSOURCES EN LIGNE Les archives en ligne du Collège des Bernardins mettent à votre disposition des ressources pour éclairer le devenir de l’homme dans la société contemporaine.
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Prendre soin de son âme ouvre à ce qui est gratuit, à ce qui n’oblige pas pour survivre. Cela peut sembler superflu. Il y a pourtant un enjeu décisif de l’humanité. Mgr Alexis Leproux
Homo sapiens est un Homo religiosus. Je suis persuadée qu’en prenant au sérieux ce besoin de croire, nous pourrions mieux affronter les dérives intégristes des religions d’une part et les impasses des sociétés sécularisées d’autre part. Julia Kristeva
Peut-on vraiment séparer l’existence en deux sphères étanches, celle de la vie ordinaire où l’on se fie à la raison, et celle de la religion où l’on s’en défie ? P. Florent Urfels
Publication du Collège des Bernardins • 20, rue de Poissy - 75005 Paris • Directeur de la publication : Hubert du Mesnil • Rédactrice en chef : Fabienne Robert • Conseil éditorial, maquette et secrétariat de rédaction : Animal pensant • Équipe de rédaction : Matthias Lisan, Marie de Reviers, Stéphanie Viallefond, Animal pensant. • Photo-iconographie : Léopoldine May • Nous remercions l’ensemble des personnes qui ont contribué à cette revue. • Photo de couverture : Gettyimages • Impression : Corlet – Condé-en-Normandie (14) • Dépôt légal : février 2019.