2014 19
2018 19 LE CENTENAIRE DE LA
PREMIÈRE GUERRE MONDIALE Académie de Toulouse
LE CENTENAIRE DE LA
PREMIÈRE GUERRE MONDIALE Académie de Toulouse
L’engagement de l’académie de Toulouse dans la commémoration du centenaire a été remarquable. Depuis 2014, grâce au pilotage éclairé du comité académique du centenaire et de ses relais dans chacune des huit directions des services départementaux de l’Éducation nationale, le cycle mémoriel a permis aux élèves d’aborder la réalité complexe de cette guerre, de donner sens aux lieux de mémoire et de réfléchir sur les enjeux de citoyenneté, de civisme et de paix.
Anne Bisagni Faure
La participation sans exclusive de tout le réseau scolaire (écoles, collèges, lycées généraux et technologiques, lycées professionnels), la forte implication des équipes éducatives pour accompagner les élèves dans leurs recherches et leurs productions, le partenariat établi avec les institutions et associations mémorielles, ont généré une diversité de projets interdisciplinaires dont 172 ont obtenu la reconnaissance officielle de la labellisation nationale attribuée par la Mission du centenaire. Les écoles et les établissements, les enseignants et les élèves ont très largement et activement participé aux cérémonies commémoratives par des chants et des lectures de textes autour d’un lieu de mémoire chargé de symbole : le monument aux morts. À ce titre, la journée du 11 novembre 2018 restera un marqueur fort dans la geste commémorative de l’académie de Toulouse. Je tiens à saluer le protocole de formation mis en œuvre durant cinq ans à destination des professeurs des premier et second degrés. Stages départementaux et académiques, journées d’études, séminaires et colloques ont ainsi permis aux professeurs d’apprécier les derniers apports de la recherche universitaire au sujet d’un conflit longtemps objet de débats passionnés. Ils ont pu dès-lors conduire les élèves vers une lecture plus fine d’une guerre d’il y a cent ans, une période à la fois proche et éloignée dans la temporalité des élèves. Gageons que la commémoration du centenaire de la Première Guerre mondiale, qui aura traversé comme un fil rouge entre 2014 et 2018 une partie conséquente de la scolarité des élèves de l’académie de Toulouse, aura été l’occasion pour ces derniers de prendre la mesure de la durée, de la profondeur et de l’importance de cette tragédie. Elle aura permis également d’apprécier la fragilité et la valeur de la paix et de mieux comprendre ce qui, depuis le début de l’humanité, rassemble ou divise les hommes. Cet ouvrage est bien plus qu’un bilan ; il se veut la mémoire des travaux conduits dans notre académie, une mémoire à conserver et à transmettre aux générations futures.
Anne Bisagni Faure Rectrice de l’académie de Toulouse
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Joseph Zimet
La communauté éducative n’a pas attendu le Centenaire pour s’intéresser à la Grande Guerre. Depuis longtemps déjà, « 14-18 » est un objet scolaire qui fait l’objet de toutes les attentions du corps enseignant. Mais le Centenaire a toutefois marqué une rupture, perceptible sur l’ensemble du territoire national. Rupture quantitative tout d’abord, suscitée par l’ampleur institutionnelle de la commémoration et par son écho médiatique. Partout, on a « fait du Centenaire », à une échelle jamais atteinte par le passé. L’École n’a pas échappé à ce phénomène. Rupture qualitative ensuite, avec une formidable dilatation. La Grande Guerre est sortie de son lit naturel. Elle s’est invitée dans de nombreux enseignements disciplinaires, là où elle restait auparavant cantonnée au cours d’Histoire. Les activités pédagogiques se sont multipliées et diversifiées : travaux sur les sources écrites de la Première Guerre mondiale, créations numériques, voyages sur les champs de bataille, visites des musées et mémoriaux, projets de coopération internationale, participation à des cérémonies, etc. Le cycle commémoratif a permis de formidables expérimentations pédagogiques dans l’ensemble des académies et des établissements scolaires. On ne dira jamais assez combien l’académie de Toulouse a été la fille aînée du Centenaire. À travers notamment la mise en place précoce d’un comité académique du Centenaire (CAC) animé de façon très dynamique par le « référent mémoire et citoyenneté » académique. Ces deux dispositifs – le CAC et le référent mémoire et citoyenneté – expliquent le large succès de la commémoration dans le monde éducatif. À l’offre institutionnelle venue d’en-haut, a répondu une intelligente appropriation par en bas qui a fait le succès du Centenaire. On doit également rendre hommage à la rectrice Hélène Bernard pour avoir encouragé de façon décisive la mise en place de ces rouages institutionnels dès 2013 et également pour les avoir doté des moyens humains nécessaires pour fonctionner. Les journées académiques du mois de janvier 2014 à Toulouse restent un modèle de lancement académique réussi à l’orée de la commémoration. Ces journées ont donné le ton d’un centenaire académique qui s’est révélé très riche et très réussi de bout en bout des cinq années de commémorations.
Joseph Zimet Directeur général de la Mission du centenaire de la Première Guerre mondiale
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Commémorer le centenaire de la Première Guerre mondiale Avec le centenaire de la Première Guerre mondiale, jamais auparavant l’École n’avait été invitée, à l’image du pays tout entier, à participer à un cycle mémoriel de cinq ans autour d’un évènement unique.
François Icher
Dès 2013, l’École a été un creuset important de cette commémoration, source inépuisable d’apprentissages, d’innovations et de réflexions morales et civiques. Durant près de six ans, avec conviction et détermination, les équipes éducatives de l’académie de Toulouse ont répondu présentes à ce rendez-vous où histoire et mémoire(s) ont dialogué avec intelligence et profit. Au-delà des cérémonies commémoratives, ce centenaire a permis une dynamique profonde, une mobilisation constante dont le point culminant fut sans conteste le 11 novembre 2018. Pour le comité académique du centenaire, il était impensable de ne pas garder trace de ces 60 mois d’actions et de projets conduits aux différents échelles et degrés de notre territoire académique. À travers le présent ouvrage, nous avons souhaité garder la mémoire de cette geste pédagogique qui, à partir des douloureux enseignements de la Grande Guerre, a aidé nos élèves à mieux appréhender et penser la complexité du monde d’aujourd’hui. Pour l’École, commémorer c’est d’abord enseigner. Cet enseignement constitue un point incontournable de tous les programmes scolaires actuels, aussi bien au primaire qu’au secondaire que dans l’enseignement professionnel. Au rythme des formations mises en œuvre, les professeurs ont été invités à ne pas placer leur enseignement sous le seul sceau du devoir de mémoire - réservé à un usage noble et légitime mais qui dépasse le champ éducatif - pour privilégier un travail de mémoire et, mieux encore, un devoir d’histoire. Certes il s’agit bien de lutter contre l’oubli, mais plus important encore, de faire de l’histoire, c’est-à-dire de conduire nos élèves à comprendre progressivement la complexité d’un évènement, à partir d’une problématique basée sur une démarche scientifique, faisant appel à des documents et des traces, en les croisant, en les interrogeant pour tenter de reconstruire et de comprendre un temps qui n’existe plus. L’enseignement de la Grande Guerre prend en considération deux aspects de l’évènement 1914-1918 : l’évènement lui-même (contexte et enjeux, dates, batailles, acteurs, conséquences économiques, politiques et sociales etc.) et, pour reprendre une formule chère à l’historien Pierre Laborie auquel nous devons tant, cet enseignement doit s’intéresser aussi à ce qui est arrivé à ce qui est arrivé, c’est-à-dire ce qui est arrivé au fait lui-même, au rythme du temps qui passe. La commémoration comme l’enseignement de la Grande Guerre s’inscrit dans une évolution constante qui s’explique par deux éléments majeurs : l’évènement s’éloigne mécaniquement de l’affect et de la passion au fil du temps ; les émotions cèdent alors progressivement la place à une approche et une étude moins affectives et plus rationnelles. Régulièrement nos programmes sont revisités pour tenir compte des apports universitaires les plus récents et les savoirs sur la Grande Guerre ne sont pas encore définitivement stabilisés. Durant ces cinq dernières années, la communauté éducative est restée très attentive aux contributions scientifiques qui lui ont permis de construire un savoir enseigné à partir d’un savoir savant. À Toulouse plus qu’ailleurs, nous avons tenté de sensibiliser les professeurs aux diverses approches et lectures possibles, en veillant à prendre en compte les débats parfois vifs qui ont marqué l’historiographie de la Grande Guerre autour de la ténacité des combattants et de ses limites. Commémorer consiste donc à amener les élèves à comprendre ce que la Première Guerre mondiale a représenté pour toute une génération. Au-delà des expériences combattantes, nos programmes rappellent que cette guerre a concerné toutes les familles, les femmes et les enfants, ceux de l’arrière comme ceux du front. Les professeurs ont donc fait ressentir à leurs
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élèves comment la société française a été durement et durablement marquée par cette tragédie, véritable épreuve pour la nation. Durant cette commémoration, l’Éducation nationale a assumé une triple mission : transmettre des connaissances, rendre sensibles ce qu’ont été les conditions de vie et de mort de millions de combattants et, point plus délicat encore, comprendre ce qui demeure difficile à expliquer. Nombre de professeurs ont mesuré la difficulté que ce conflit n’apparaisse quelque peu absurde aux yeux d’élèves qui vivent dans une société qui n’a plus directement le vécu de la guerre et où l’expérience du service national obligatoire n’est plus partagée. On remarquera au passage que la fin du cycle mémoriel coïncide, par pur hasard des calendriers, à la mise en place d’un nouveau service national universel. Comprendre les motivations de millions d’hommes à s’entretuer pendant plus de quatre ans sans une cause évidente (pour nos élèves), fut donc le premier chantier délicat pour l’enseignant. Le risque de l’émotion était à considérer à l’aune des souffrances endurées par les soldats. Ainsi, les lettres des poilus ont été au centre d’une majorité d’activités dans les classes. Mais l’usage de ces lettres a demandé l’effort d’expliquer aux élèves les spécificités de la pratique épistolaire en temps de guerre ainsi que le système de valeurs et de représentations de l’époque pour les amener à comprendre que la pluralité des expériences individuelles renvoie davantage à un faisceau de facteurs qu’à une opposition entre contrainte et/ou le consentement. En ce sens, la pédagogie est aussi l’apprentissage de la nuance, du dialogue et du respect de l’autre et de sa liberté de proposer une appréciation différente. Les élèves ont également pu mesurer qu’il ne s’agissait pas seulement de la fin d’un monde pour la France, mais aussi pour l’Europe qui passe d’une position dominante avant 1914 à un déclassement important à la sortie de la guerre. La commémoration a permis d’aborder la formation du citoyen à travers des thèmes comme cohésion nationale et unité, défense de la patrie, réconciliation et paix après le rapprochement franco-allemand, construction européenne… Commémorer la guerre ne s’est donc pas limité à enseigner la guerre des tranchées et la quotidienneté des soldats. Ainsi, le travail des femmes, l’instrumentalisation des enfants, le recours aux travailleurs de l’empire français ont été abordés par les professeurs qui, dans un cadre précis et contraint (volume horaire), ont toujours eu la liberté pédagogique de choisir l’architecture et le temps précis à dédier à tel ou tel thème dans le cadre de la séquence dévolue à l’étude de la Première Guerre mondiale. Il est intéressant d’observer que, dans tous les niveaux d’enseignement, la bataille de Verdun a occupé une place particulière sinon centrale en raison de sa dimension symbolique. L’enfer de Verdun a constitué en effet un symbole majeur de la guerre des tranchées et d’un degré de violence jusqu’alors inédit. Mais, la dimension civique de Verdun explique en partie le statut particulier accordé à cette bataille. Lieu symbolique de la réconciliation franco-allemande associée à la poignée de main échangée entre François Mitterrand et Helmut Kohl en 1984 et prolongée le 29 mai 2016 par le Président de la République française et la Chancelière de la République fédérale d’Allemagne en présence de 4 000 jeunes venus de France et d’Allemagne, Verdun est solidement inscrit dans le patrimoine de la Grande Guerre. Sur ce dernier point, on lira avec intérêt la contribution des professeurs du collège de Nailloux. La commémoration a également permis de mettre en valeur les projets pluridisciplinaires qui ont caractérisé la geste pédagogique autour du centenaire de la Première Guerre mondiale. En effet, l’histoire-géographie ne pouvait ni ne voulait assurer à elle seule l’enseignement et/ou la commémoration de cette guerre. Ainsi, les lettres, les langues vivantes, les sciences, les arts plastiques,
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l’éducation musicale et bien d’autres matières encore se sont mobilisés pour accompagner les élèves dans la découverte et la compréhension de cette guerre. Lectures, enquêtes, saynètes, productions audiovisuelles, bandes dessinées, blogs, correspondance avec des classes d’autres pays … caractérisent la richesse d’une liste non exhaustive d’activités pédagogiques, artistiques et culturelles dont vous trouverez des exemples précis et nombreux dans le présent ouvrage. Ces actions, pensées à plusieurs, ont permis de croiser les regards et d’unir les savoirs. Avec la mise en place des enseignements pratiques interdisciplinaires (EPI) dans le cadre de la réforme du collège, avec les actions conduites au lycée avec les travaux personnels encadrés (TPE), l’approche pluri et/ou inter disciplinaire a incontestablement enrichi les pratiques pédagogiques et constitué une source privilégiée pour l’innovation pédagogique où le numérique a pu apporter une réelle plus-value pédagogique tant pour rassembler un corpus documentaire de qualité que pour la production ou la diffusion de documents. Nombre de classes ont ainsi pu mettre leurs productions en ligne via des sites ou des blogs accessibles partout et par tous. Les sources ont été très diverses. Un nécessaire travail de réflexion et de critique sur ces sources a permis de retrouver la guerre, même si cette dernière n’était pas perdue, comme en témoigne l’extraordinaire dynamique impulsée par La Grande collecte initiée en novembre 2014, visant à numériser le plus grand nombre d’objets de la Grande Guerre conservés dans les familles. La commémoration de la Première Guerre mondiale fut aussi prétexte dans nos classes à une éducation aux médias et à l’information (E.M.I) inscrite officiellement dans nos programmes. À ce titre le rôle de l’enseignant fut et demeure essentiel pour amener les élèves à effectuer ce travail critique et nécessaire. Pour retrouver la Grande Guerre et travailler sur les traces de 14-18, de nombreuses classes ont sollicité les services éducatifs des Archives départementales, partenaires majeurs pour des projets pédagogiques basés sur un patrimoine de proximité, source à privilégier pour nos élèves partis en enquête et à la quête d’un temps qui n’est plus. Les pages qui suivent donnent quelques exemples de de ce partenariat très réussi. Avec l’aide précieuse de la DPMA (direction des patrimoines, de la mémoire et des archives), avec les subventions conséquentes accordées par la Mission du Centenaire aux projets labellisés, plusieurs classes ont pu se rendre sur le terrain du conflit. Le professeur a ainsi permis à ses élèves de devenir acteurs en endossant symboliquement l’uniforme du soldat. À Verdun ou sur le plateau de Craonne, l’émotion fut au rendez-vous. Sur le plan pédagogique, il s’agissait d’apprendre à lire les traces du passé inscrites dans le paysage. Le professeur et ses élèves devinrent alors, le temps d’un jour et d’une sortie, les archéologues de la Grande Guerre en travaillant sur les paysages et sur les objets, visibles ou invisibles. Ces sorties sur le terrain ont appris aux élèves à observer, à interpréter leur(s) vision(s), à développer un regard critique et différencié sur les paysages et le patrimoine. Tout au long de la commémoration, les monuments aux morts ont accueilli des délégations d’élèves venus rendre hommage aux soldats morts pour la France. Depuis des décennies, ce déplacement s’inscrit dans une démarche projective où les élèves sont invités à devenir acteurs et non simples spectateurs de la cérémonie. Durant le cycle mémoriel, de véritables projets pédagogiques ont encadré ce déplacement pensé et préparé plusieurs semaines à l’avance. Outre les dépôts de gerbes officielles auxquels sont toujours associés les élèves, la journée du 11 novembre a vu des lectures de textes et de carnets de poilus, de récits historiques ou bien encore la présentation de travaux conduits en amont, exposés bien souvent dans des lieux symboliques comme la mairie, la sous-préfecture ou la préfecture elle-même. Dans l’académie de Toulouse, nombreux furent les 11 novembre qui ont vu les chorales scolaires entonner
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La Marseillaise mais aussi le Chant du départ, La Madelon etc. Dans le cadre du trinôme académique, ces mêmes chorales ont été réunies en 2015 (plus de 500 élèves) au sein de La Halle aux grains de Toulouse pour un concert entièrement dédié à la Grande Guerre. Commémorer c’est également se rappeler que l’immense majorité des combattants a voulu défendre avant tout un territoire, des valeurs, un mode de vie. Cette réflexion ne s’est pas limitée à un cadre strictement franco-français pour aborder le patriotisme des autres qui avaient tout autant à défendre autour des mêmes questions. Il est intéressant à cet égard d’amener les élèves à constater la diversité des questions sur lesquelles se sont cristallisées les mémoires et la recherche en histoire à l’échelle internationale. Les projets labellisés « mémoires héritées, histoire partagée » présentés dans cet ouvrage le rappellent. Sans oublier les sacrifices des combattants venus de nos colonies, il a été possible, avec les élèves de lycée plus particulièrement, d’amener à une réflexion plus approfondie sur la nature et le rôle des États. Il s’est alors agi de conduire nos élèves à réfléchir sur ce qu’un État peut exiger de ses citoyens et sur les limites de ses exigences. Travail passionnant construit sur les fondements de la citoyenneté, en plaçant en temps de guerre les problèmes posés par les rapports entre individus et société en temps de paix. Nous sommes ici au cœur d’un des enjeux majeurs de l’enseignement moral et civique, lui aussi concerné par la Grande Guerre autour de notions comme l’engagement, le sens du devoir, la défense de la patrie, la relation à l’autorité, à la hiérarchie, sans oublier le binôme obéir/désobéir ou bien encore le domaine de la censure. Il y a donc, sinon une mémoire, du moins un héritage politique de la Grande Guerre qui, à travers les épreuves et les drames, a été étudié et souvent débattu. Comment commémorer en l’absence des témoins de la Grande Guerre, aujourd’hui tous disparus ? C’est désormais l’ensemble de la société française qui est dépositaire de l’héritage de Ceux de 14. Les musées, les services d’archives, les professeurs d’histoire et leurs collègues des autres disciplines ont donc pris le relais des témoins et endossé le rôle de « passeurs » pour transmettre aux générations futures l’histoire et les mémoires de la Grande Guerre. Les projets qui se sont déroulés dans nos classes furent donc au centre d’un processus commémoratif qui s’adressait d’entrée à l’ensemble de la société française. Pour la première fois, une commémoration de la guerre de 14-18 a suscité une dynamique qui a dépassé largement le cadre de l’École, prenant la forme d’une offre culturelle ouverte à tous, avec des expositions, des colloques scientifiques, des séminaires pédagogiques et des journées d’études venus enrichir les visions d’histoire. Dans cette dynamique, l’École a assuré la mission la plus délicate et la plus passionnante : rendre accessible et compréhensible aux jeunes générations la complexité d’une des tragédies majeures du XXe siècle. Au carrefour de ces enjeux, la commémoration du centenaire de la Première Guerre mondiale est apparue dans notre académie, comme partout ailleurs en France et dans d’autres pays, comme un moment unique de réflexion, de commémoration raisonnée dépassant la simple célébration d’un passé, douloureux et dramatique, pour atteindre un nouveau regard porteur de sens. Dans cette perspective, ce temps de commémoration a été pensé et voulu comme un temps fort de transmission aux jeunes générations. La Première Guerre mondiale a été, est et restera un moment extrêmement important de notre histoire. Elle est à ce jour sans doute la plus dure épreuve qu’ait connue la population dans son ensemble. Elle fait désormais partie de notre identité et de notre récit national. C’est pour cela que le projet commémoratif a su trouver facilement et rapidement un écho bienveillant et attentif auprès de chacun et de tous pour revisiter ensemble l’extrême singularité de ce conflit profondément ancré dans les mémoires. Toutes les actions conduites dans nos classes ont donc permis de tisser ce lien si important entre ce passé déjà éloigné et pourtant si proche, et notre présent en n’oubliant jamais les différences qui s’imposent et qui les opposent, tout en montrant en même temps que les interrogations d’hier sont toujours les nôtres aujourd’hui, mais dans un contexte très différent de celui qui prédominait il y a cent ans.
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Merci aux professeurs de l’académie de Toulouse, et à tous les acteurs et partenaires qui les ont accompagnés, d’avoir proposé à nos élèves une lecture accessible et compréhensible d’un conflit à jamais inscrit dans les mémoires. Ce livre se veut le témoignage de la diversité et de la qualité de leur engagement pédagogique et professionnel.
François Icher Inspecteur d’académie, Inspecteur pédagogique régional histoire-géographie, Référent académique mémoire et citoyenneté, Président du comité académique pour le centenaire de la Première Guerre mondiale (académie de Toulouse)
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Sommaire
La mission du centenaire dans l’académie de Toulouse .................................................................................................................................................... 16 Les appels à projets ............................................................................................................................................................................................................................................................. 18 Colloques, séminaires, journées d’étude ................................................................................................................................................................................................. 24 Les ressources numériques ...................................................................................................................................................................................................................................... 28 Un partenariat au service des projets ........................................................................................................................................................................................................ 31
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Département de l’Ariège ............................................................................................................................................................................................................ 43
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Département de l’Aveyron ....................................................................................................................................................................................................... 53
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Département de la Haute-Garonne ......................................................................................................................................................................... 65
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Département du Gers ..................................................................................................................................................................................................................... 79
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Département du Lot .......................................................................................................................................................................................................................... 87
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Département des Hautes-Pyrénées ........................................................................................................................................................................ 97
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Département du Tarn ...................................................................................................................................................................................................................... 107
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Département du Tarn-et-Garonne ............................................................................................................................................................................. 119
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La mission du centenaire dans l’académie de Toulouse Créée en 2012, la Mission du centenaire de la Première Guerre mondiale est un groupement d’intérêt public porté par sept ministères.
Présidée par le Général Elrick Irastorza et dirigée par Joseph Zimet, cette structure assure trois missions : Organiser les grands rendez-vous du programme commémoratif du centenaire de la Première Guerre mondiale ; Coordonner et accompagner l’ensemble des initiatives publiques et privées mises en œuvre en France ou par la France à l’étranger dans le cadre du Centenaire en proposant notamment un label « Centenaire » et un programme officiel des principales manifestations organisées autour du Centenaire ;
Réunion du comité académique, Toulouse, 6 novembre 2013
Informer le grand public sur les préparatifs et la mise en œuvre du programme du Centenaire et proposer une politique de communication autour des principales manifestations, assurer la diffusion des connaissances sur la Grande Guerre à travers le portail centenaire.org. Relais essentiel du centenaire, la communauté éducative a fait l’objet d’une attention particulière au sein de la Mission avec la mise en place d’un conseiller pour l’action pédagogique, Alexandre Lafon, d’une procédure de labellisation spécifique et de comités académiques du centenaire dans chacune des académies. Le comité académique du centenaire de Toulouse a ainsi été fondé pour être l’interlocuteur principal de la Mission au sein de l’académie et pour développer, à l’échelle du territoire, une dynamique commémorative par la diffusion des appels à projets, l’organisation de colloques, de séminaires et de journées d’études, la mise en valeur des ressources et des actions conduites au sein des établissements et le travail conjoint avec les partenaires de l’Éducation nationale sur les questions de mémoires, de défense et de citoyenneté. Placé sous l’égide du référent mémoire et citoyenneté, M. François Icher, IA-IPR d’histoire géographie, le comité académique regroupe notamment des représentants de chaque DSDEN, de la DAAC, de la DAREIC, des Inspecteurs d’Académie – Inspecteurs Pédagogiques Régionaux (IA-IPR), des Inspecteurs de l’Éducation Nationale (IEN) référents premier degré, ainsi que des partenaires incontournables parmi lesquels CANOPÉ et de l’Office National des Anciens Combattants et Victimes de Guerre (ONACVG).
Les réunions du comité académique du centenaire de Toulouse
21.12.2012
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06.11.2013
02.04.2014
02.10.2014
14.10.2015
12.10.2016
Sept campagnes successives de labellisation
Cinq années durant, la Mission du Centenaire a impulsé des actions à destination des établissements scolaires français et a associé la communauté éducative à chacun des grands rendez-vous du programme commémoratif national.
Les chiffres du centenaire dans l’académie de Toulouse
Nombre de demandes de labellisation et de projets labellisés 70
LABELLISATIONS
60 50
210
40 30
dossiers examinés
20
172
10 0
projets labellisés
1re 2e 3e 4e 5e 6e 7e vague vague vague vague vague vague vague Nombre de demandes
Nombre de projets labellisés
81,9 %
Soit projets labellisés Nombre de demandes de subvention et de projets subventionnés Û120 000
40 35
SUBVENTIONS
Û100 000
30 Û80 000
25
102
Û60 000
20 15
projets subventionnés pour un total de
Û40 000
10
108 512 €
Û20 000
5 0
Û0
1re 2e 3e 4e 5e 6e 7e vague vague vague vague vague vague vague Nombre de demandes
Nombre de projets subventionnés
1re vague
2e vague
3e vague
Fonds demandés
4e vague
5e vague
6e vague
Fonds accordés
7e vague
79,7 %
Soit de dossiers subventionnés et 38,2 % du montant total demandé 04.01.2017
08.11.2017
25.09.2018
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Les appels à projets
L’appel à projet photographique En 2014-2015, les classes de collèges et de lycées généraux, technologiques et professionnels ont été invitées par la Mission du Centenaire à produire une « photographie du Centenaire ». Les classes qui le souhaitaient ont ainsi réalisé une ou deux photographies accompagnées d’un commentaire renvoyant au premier conflit mondial et à ses traces mémorielles. Ce travail sur la photographie et sa pratique souligne la richesse d’une approche plurielle et croisée de l’événement en mobilisant des connaissances et des compétences travaillées dans plusieurs disciplines.
« Toujours dans nos mémoires » Lycée Jeanne d’Arc de Figeac (Lot) « Il s’agissait, pour nous, de représenter les traces de la Guerre des tranchées, même 100 ans après, même loin du Front. Nous avons pourtant été à Verdun en voyage pédagogique, mais avec cette photographie, à Capdenac-le-haut, à l’Arrière, nous montrons l’après-guerre et la tristesse ressentie plutôt que l’horreur de la guerre elle-même. Le 11 novembre 2014, le jour de la cérémonie devant le monument aux morts, nous avons pensé à cette photo, et nous sommes revenues, avec des amies, pour représenter une personne seule face au monument, comme le pilier restant d’une famille détruite par la guerre, représentant la tristesse des familles ayant perdu des proches mais aussi l’idée de transmission du souvenir aux générations suivantes qui perpétuent ainsi la mémoire de ceux qui sont tombés et de ceux qui ont souffert. Voici une photographie d’une Histoire vivante. »
Une élève de 1re / Projet dirigé par : Madame Frey, professeure d’histoire géographie « Toujours dans nos mémoires », photographie du lycée Jeanne d’Arc de Figeac
« Au loin » Collège Vercingétorix de Montech (Tarn-et-Garonne)
« Au loin », photographie du collège Vercingétorix de Montech
« Dans le cadre du cours d’arts plastiques, je souhaitais faire réfléchir les élèves autour de la narration des images. Ils allaient devoir créer leur propre image, mais pour cela, il fallait une impulsion, un point de départ ! Comme amorce, j’ai sélectionné quelques objets plutôt anciens : galons militaires, […] alèse en toile de jute, valise en carton, vieux quotidiens... Les élèves, par groupe de trois ou quatre, devaient tirer au hasard l’un de ces objets pour réfléchir à partir de lui à une situation, une expression, une posture et un cadrage. »
Monsieur Archambault,
professeur d’arts plastiques
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Le centenaire de la bataille de Verdun, d’un geste à l’autre Pour commémorer le centenaire de la bataille de Verdun, la Mission du Centenaire a invité des élèves de troisième issus de toutes les académies de métropole et d’outre-mer à rencontrer des jeunes venus de tous les Länder allemands du 26 au 30 mai 2016. Cette opération baptisée 4 000 jeunes pour Verdun reste un des temps forts de ce cycle mémoriel. Dans l’académie de Toulouse, le Comité académique du Centenaire a choisi une classe de troisième d’un établissement engagé depuis son lancement dans ce cycle commémoratif : le collège Condorcet de Nailloux (Haute-Garonne).
« Invités à prendre part à cet événement commémoratif, les élèves du collège de Nailloux se sont rendus dans la Meuse pour une rencontre de cinq jours placée sous le signe de l’amitié franco-allemande. Dès leur arrivée, le jeudi 26 mai, ils ont découvert les élèves allemands du Max Slevogt Gymnasium de Landau, avec qui ils ont passé l’intégralité du séjour. Ensemble, ils ont pu découvrir le Centre mondial de la Paix, arpenter la forêt et visiter la ville de Verdun, le village détruit de Douaumont et le fort éponyme. Chacun de ces lieux porte aujourd’hui encore les traces du déluge de feu et d’acier qui déferla sur ce champ de bataille entre février et décembre 1916. Au fil des multiples activités proposées par l’OFAJ (Office franco-allemand pour la jeunesse), les deux classes ont échangé autour de la Première Guerre mondiale, de la paix et de la construction européenne et ont progressivement tissé des liens de plus en plus étroits, donnant véritablement corps à l’amitié franco-allemande. Acteurs de la cérémonie officielle, le 29 mai 2016, tous les élèves ont participé à la scénographie imaginée par Volker Schlöndorff devant le président de la République française, François Hollande, et la chancelière allemande, Angela Merkel. À Douaumont, la commémoration était en effet placée sous le signe de la jeunesse. Beaucoup d’élèves ont été marqués par un geste que l’on a vu apparaître alors que résonnait l’hymne européen à la fin de la cérémonie et qui devrait rester comme un symbole puissant de ce centenaire : des centaines de jeunes Français et Allemands recueillis devant des croix blanches, silencieux, respectueux, et qui, durant de longues minutes, se donnent la main. Un geste d’autant plus marquant qu’il était spontané. Un geste qui en rappelle un autre, trente-deux ans auparavant dans ce même lieu, attestant de l’émotion et de la solennité du moment.
« Imaginer un monument aux morts. Performance artistique d’élèves français et allemands réalisée au Centre mondial de la Paix à Verdun, 27 mai 2016 »
« des centaines de jeunes Français et Allemands recueillis devant des croix blanches, silencieux, respectueux, et qui, durant de longues minutes, se donnent la main.»
Un geste qui scelle pour ces jeunes la force d’une amitié franco-allemande porteuse d’espoir pour l’avenir. »
Mathieu Labidoire et Cédric Marty,
professeurs d’histoire-géographie, accompagnateurs
Cérémonie du centenaire de la bataille de Verdun, 29 mai 2016 19
« Les enfants pour la paix »
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classes de CM1 et CM2 de l’académie de Toulouse sur environ 500 à l’échelle nationale ont répondu à cet appel à projet invitant à réfléchir à la fin de la Grande Guerre et à imaginer un symbole de la paix. Une action appuyée sur l’envoi en septembre 2018 à tous les élèves de CM2, d’un exemplaire du numéro spécial du magazine jeunesse 1Jour/1Actu (éditions Milan).
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« Mémoire héritées, histoire partagée » L’exemple de « la guerre des autres » Lycée Henri Matisse à Cugnaux S’adressant spécifiquement aux élèves de collège et de lycée, cet appel à projet incitait les classes à porter leur réflexion sur la question des mémoires plurielles de la Première Guerre mondiale et sur l’opportunité de les comparer dans le cadre de la Grande Guerre. Plusieurs projets se sont inscrits dans cette démarche à l’instar du lycée Henri Matisse de Cugnaux.
Ce projet pluriannuel intitulé « La guerre des autres » se fixait pour ambition d’interroger l’écho du premier conflit mondial dans plusieurs pays belligérants. Pendant deux ans (2016-2018), neuf classes de première puis de terminale ont ainsi travaillé sur la relation que les Allemands, les Irlandais, les Belges, les Américains, les Tunisiens, les Algériens, les Canadiens, les Australiens et les Néo-Zélandais entretiennent avec la Première Guerre mondiale.
Beaumont-Hamel et le cratère de mine de la Boisselle dans la Somme. Point d’orgue du séjour, les élèves ont pu prendre part à la cérémonie de l’aube à Villers-Bretonneux à l’occasion de l’ANZAC Day, le 25 avril, un siècle après l’offensive décisive menée par les Australiens contre l’armée allemande en ce même lieu.
Cette ouverture internationale a permis de mettre en lumière le rapport étroit qui lie la France et les Français à ce conflit, expliquant l’ampleur de la mobilisation depuis 2014 et la place qui lui est consacrée dans l’enseignement. Resté dans l’ombre de la Seconde Guerre mondiale dans les mémoires allemandes, inscrit dans un cycle commémorant la lutte pour l’indépendance en Irlande, indissociable de l’héritage colonial dans les anciens territoires de l’empire français, le souvenir de la Grande Guerre trouve a contrario au Royaume-Uni, en Australie et en Nouvelle-Zélande un écho particulier.
Le projet a été marqué par plusieurs temps forts La participation des élèves de terminale L et de leurs correspondants irlandais aux cérémonies off icielles du 11 novembre 2017, à Toulouse. Célia, pour les élèves français, Shay, pour les élèves irlandais, ont lu à deux voix le témoignage de Georges Caubet sur l’enfer de Verdun. L’organisation d’une journée dédiée au centenaire de la Première Guerre mondiale le 12 avril 2018 « Sur les traces de 14/18... » où le lycée a proposé aux élèves de l’établissement près de soixante-dix activités (conférences, expositions, spectacles, ateliers...) autour de l’histoire de la Première Guerre mondiale sur une journée banalisée. Un voyage pédagogique a également été organisé pour 60 élèves de terminale ayant participé au projet, dans l’Aisne puis dans la Somme, afin de parcourir les lieux où combattirent les soldats sur lesquels ils avaient travaillé pendant deux ans. Ils ont pu découvrir des lieux marqués par la violences des combats : Craonne et Vingré dans l’Aisne, Péronne, Thiepval,
Des élèves de Terminale à l’assaut du plateau de Californie à Craonne sous la conduite de Noël Genteur, le 22 avril 2018 21
Travaux d’élèves Extrait d’article du blog : « Commémorer la Première Guerre Mondiale en Irlande : de la fin du conflit au centenaire ». Chaque pays a sa propre histoire et sa façon d’entretenir la mémoire de cette dernière. Conflit partagé, la Grande Guerre est une période marquante et vécue de manière différente. Ne pas oublier, pour ne pas reproduire les horreurs et pour comprendre le présent, c’est le but de la commémoration. L’île d’Irlande est un territoire au passé commémoratif complexe, mais en évolution vers le retour à la mémoire.
Professeurs,
Rachel Brèque, Sandrine Alibert, Claire Serra, Hélène Lanusse-Cazale, Jean-François Pech, Marc Fournier, Bernard Deswarte, Patrick Molina, Magali Salesse, Jean-Louis Calvet 22
Ce n’est qu’à partir des années 1990 que le souvenir des soldats irlandais de la Première Guerre mondiale fait surface, après des années d’oubli liées aux tensions entre l’Irlande et la Grande-Bretagne. C’est l’amélioration des relations entre les deux pays qui favorise la commémoration de la guerre. En 2012, l’île entame un projet de mémoire « la décennie des centenaires » (Decade of Centenaries) qui doit durer jusqu’en 2023, marqué par plusieurs anniversaires chaque année à propos de la guerre, la révolution ou les bouleversements institutionnels.
« Le « Grand oubli » et les historiens irlandais ». Dessin d’Homaël Hernandez, élève de terminale littéraire, 2017
« Se souvenir - raconter - partager » Lycée Saint-Sernin à Toulouse
Cahier de bord du projet pluridisciplinaire
Durant l’année scolaire 2014-2015 les élèves de la section internationale Abibac du Lycée Saint-Sernin à Toulouse ont participé au concours « Se souvenir-raconter-partager » de l’Institut Français en Allemagne et du Gœthe Institut en France organisé dans le cadre de la commémoration du Centenaire de la Grande Guerre.
Une équipe pluridisciplinaire composée d’enseignants d’arts plastiques (Véronique Pacaud et Jacques Boutin), d’allemand (Birgit Iehl) et d’histoire-géographie (Gregor Wild) a proposé aux élèves de travailler à partir d’une étonnante collection de cartes patriotiques de la Grande Guerre. Les élèves se sont glissés dans le rôle des personnages des cartes et ont revisité par eux-mêmes ce témoignage de la culture de guerre. Le travail a été, en amont, enrichi en cours d’allemand par l’étude du roman d’Erich Maria Remarque (« À l’Ouest, rien de nouveau ») et en cours d’histoire par l’analyse du premier conflit mondial à travers ces documents. Des visites d’expositions organisées dans le cadre du Centenaire à Toulouse (exposition « Postes d’écoute » à l’Institut Gœthe, exposition « Fragments de vie, du front à l’arrière » à la Bibliothèque du Patrimoine) et à Péronne (Historial de la Grande Guerre) ont permis d’approcher au plus près l’expérience des Hommes de 14-18. Le travail des élèves leur a permis de remporter un premier prix au concours et de participer à la rencontre scolaire franco-allemande à Paris au printemps 2015.
Véronique Pacaud, Jacques Boutin Enseignants d’arts plastiques
Birgit Lehl
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Professeur d’allemand
Gregor Wild Professeur d’histoire-géographie
4 Cartes postales patriotiques réalisées par les élèves du lycée Saint-Sernin durant l’année 2014-2015 23
Colloques, séminaires, journées d’étude
Marqueur fort de l’engagement des services académiques et départementaux aux côtés des établissements scolaires, la formation des enseignants du premier et du second degré a fait l’objet d’une attention soutenue tout au long du cycle commémoratif. Pour accompagner la réflexion didactique et pédagogique et valoriser les actions et les projets menés au sein de l’académie, des temps de rencontre avec des historiens spécialistes de la Grande Guerre et des journées de formation ont ainsi été organisées sur l’ensemble du territoire.
27-28 janvier 2014
18 mars 2015
26 février 2015
« La Grande Guerre comme patrimoine », lancement officiel du centenaire dans l’académie de Toulouse
13 avril 2016
« la Grande Guerre d’un siècle à l’autre »
Formations « enseigner la Première Guerre mondiale » dans le cadre du plan académique
Formations « enseigner la Première Guerre mondiale » dans le cadre du plan académique
Formations « enseigner la Première Guerre mondiale » dans le cadre du plan académique
15-16 avril 2014
5 mars 2015
« La Grande Guerre comme patrimoine. 1914-2014 »
« la bataille de Verdun : histoire, mémoires et bandes dessinées »
Formations « enseigner la Première Guerre mondiale » dans le cadre du plan académique
12-13 avril 2016
« La Grande Guerre d’un siècle à l’autre » Antoine Prost, 18 mars 2015
À l’attention des enseignants du primaire et du secondaire ainsi que des étudiants, cette manifestation éducative et culturelle était issue d’un partenariat entre l’académie de Toulouse, la Mission du centenaire de la Première Guerre mondiale, le laboratoire Framespa (université Toulouse-II), la cinémathèque de Toulouse, les Archives départementales de l’Aude et de la Haute-Garonne et les services éducatifs des Archives départementales des autres départements de Midi-Pyrénées.
Le mercredi 18 mars, l’académie de Toulouse a eu l’honneur d’accueillir Antoine Prost, professeur émérite à l’université Panthéon-Sorbonne et président du conseil scientifique de la Mission du Centenaire, dans le cadre d’une conférence sur la Première Guerre mondiale introduite par Hélène Bernard, chancelière des Universités et rectrice de l’académie de Toulouse, devant près de 250 personnes au collège Pierre de Fermat à Toulouse.
La présence de Kader Arif, ministre délégué auprès du ministre de la Défense chargé des Anciens Combattants, d’Hélène Bernard, rectrice de l’académie de Toulouse et de Joseph Zimet, directeur général de la mission centenaire lors de l’ouverture de ce séminaire témoignait de l’importance accordée à la question de la transmission de cette histoire aux jeunes générations et, dans ce but, à la formation des enseignants dans ce domaine.
Intitulée « la Grande Guerre, d’un siècle à l’autre », cette journée a permis de revenir sur la manière dont le premier conflit mondial était pensé par les historiens français, allemands ou anglo-saxons en ce début de XXIe siècle. Après avoir rappelé les
Autour du thème « la Grande Guerre comme patrimoine 19142014 », ces deux journées organisées à la Cinémathèque de Toulouse ont été marquées par des interventions d’historiens français (Nicolas Offenstadt, Rémy Cazals, Rémy Pech) et allemand (Arndt Weinrich). Elles ont également permis la mise en lumière des ressources et des accompagnements pédagogiques proposées par la Cinémathèque de Toulouse, les Archives municipales ou les Archives départementales.
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trois configurations historiographiques successives, Antoine Prost a analysé la recherche actuelle en l’étayant d’exemples éclairants. Il a complété cette mise au point par une réflexion stimulante sur les champs et les objets de recherche « délaissés », des responsabilités à la conduite de la guerre en passant par les enjeux civiques soulevés par le conflit (l’évolution des rapports entre les différents pouvoirs et les questions d’égalité et de légitimité portées, entre autres, par les combattants). Suscitant de nombreuses questions dans l’auditoire, cette conférence restera un des temps forts de cette deuxième année de commémoration dans l’académie.
26 janvier 2017 « la guerre des Autres. Histoire et mémoires », formation d’initiative locale au lycée de Cugnaux
Formation en partenariat avec le service éducatif des Archives départementales de l’Aveyron
24 mai 2016
2-3 mai 2017
4 avril 2018
Formations « enseigner la Première Guerre mondiale » dans le cadre du plan académique
« sortir de la guerre, gagner la paix »
« enseigner la bataille du Chemin des Dames »
Formation en partenariat avec le service éducatif des Archives départementales du Lot
Formations « enseigner la Première Guerre mondiale » dans le cadre du plan académique
22 mars 2017
30 mai 2017
3-4 mai 2018
« La bataille de Verdun. Histoire, mémoires et bandes dessinées » Jean-Yves Le Naour, 13 avril 2016 Dans le cadre du centenaire de la bataille de Verdun, le comité académique a souhaité inviter l’historien et scénariste JeanYves Le Naour à partager ses réflexions sur les apports de la bande dessinée à la compréhension de la Grande Guerre.
Conférence d’Antoine Prost, collège Pierre de Fermat, 18 mars 2015 Au fil de ses nombreuses publications, Jean-Yves Le Naour a affirmé son souci de s’adresser à un public large sans renoncer aux rigueurs de la méthode historique. La conférence donnée à Toulouse au collège Pierre de Fermat a ainsi permis d’éclaircir la spécif icité de la bande dessinée, support que l’auteur investit depuis quelques années, qu’il s’agisse de « mettre en images » certains de ses ouvrages (Le soldat inconnu vivant ou La faute au Midi) ou d’aborder de nouveaux sujets (François-Ferdinand, Les taxis de la Marne, Charles de Gaulle ou Verdun). L’intérêt que porte le neuvième art pour la Première Guerre mondiale a ainsi pris, au moment où se préparait le centenaire de la bataille de Verdun, un éclairage particulier.
Affiche de la journée d’étude du 13 avril 2016 avec Jean-Yves Le Naour 25
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« Enseigner la bataille du Chemin des Dames » Rémy Cazals, 22 mars 2017
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Archives municipales de Toulouse
La rencontre avec Rémy Cazals au lycée Pierre de Fermat de Toulouse, a permis à un auditoire nombreux composé d’enseignants du secondaire et de membres d’institutions ou associations partenaires de (re)découvrir la bataille du Chemin des Dames à travers cette conférence et la présentation d’un ensemble de ressources exploitables en classe. Ancrant son propos dans une perspective historiographique, Rémy Cazals est revenu sur l’histoire de cette bataille en approfondissant les aspects évoqués dans la « chanson de Craonne » et en appuyant son propos sur de nombreux témoignages. Cette conférence a ainsi permis de rappeler la complexité des expériences combattantes et l’importance du diptyque « obéir - désobéir » pour appréhender cette bataille où les Français ont perdu 100 000 hommes en quinze jours face à des positions allemandes bien organisées et peu ébranlées par la préparation d’artillerie, dans la neige et la boue.
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La Lettre du Chemin des Dames, n° 18, printemps 2010
Archives municipales de Toulouse
Une offre de formation à plusieurs échelles ©
Archives municipales de Toulouse
« Sortir de la guerre, gagner la paix » Jean-Michel Guieu, 4 avril 2018 « Nous avons gagné la guerre, mais maintenant il va falloir gagner la paix, et ce sera peut-être plus difficile » déclarait Georges Clemenceau au sortir du conflit. Dans son ouvrage, Gagner la paix. 1914-1929, Jean-Michel Guieu interroge ce basculement du temps de guerre au temps de paix en adoptant des bornes chronologiques qui englobent l’ensemble du conflit et s’étirent jusqu’à la crise économique mondiale. En invitant cet historien spécialiste de la question à rencontrer des enseignants lors d’une journée d’étude au lycée Pierre de Fermat de Toulouse, le comité académique a souhaité mettre en lumière les apports de la recherche récente à la compréhension de cette période. L’auteur a ainsi rappelé la diff iculté à comprendre la paix sans revenir sur les multiples bouleversements provoqués par une guerre marquée par l’enlisement et les échecs répétés pour rompre le front adverse. La paix est un objectif, un désir qui s’étend et nourrit le ressentiment d’une partie de la population au front et à l’arrière. Avec l’armistice s’amorce les sorties de guerre et la construction de la paix, « processus complexe et dynamique, dont le règlement de 1919-1920 ne pouvait représenter qu’une étape, nécessairement perfectible.
Soucieux d’accompagner les équipes dans l’enseignement de la Première Guerre mondiale et d’impulser des projets, des journées de formation ont été organisées chaque année à l’attention des professeurs du secondaire dans le cadre du plan académique ou de formation d’initiative locale. L’occasion pour des centaines d’enseignants de bénéficier d’une mise au point scientifique à l’aune des avancées historiographiques récentes et de réfléchir à des transpositions didactiques à partir de ressources exploitables en classe. D’autres actions de formation ont également été proposées en partenariat avec les services éducatifs des Archives départementales dans le Lot et dans l’Aveyron dans un souci de valorisation des ressources locales. Les professeurs des écoles ont également pu s’inscrire à des journées de formations organisées à l’échelle de certains départements pour découvrir les modalités de participation au cycle commémoratif offertes au premier degré. Certains établissements, enf in, ont sollicité une formation spécifique dans le cadre d’un projet précis à l’instar du lycée Henri Matisse de Cugnaux. Une dizaine de professeurs de plusieurs disciplines menant un projet labellisé sur plusieurs pays belligérants dans une perspective comparatiste ont ainsi souhaité organiser une formation d’initiative locale proposant des mises au point sur l’histoire et les mémoires de la Première Guerre mondiale dans différents pays, de l’Irlande à l’Allemagne en passant par l’Australie, le Sénégal, la Belgique ou le Canada.
Des négociations de paix à la redéfinition des relations entre le pouvoir exécutif et le pouvoir législatif à l’issue du conflit, du rôle réévalué d’Aristide Briand aux relations franco- allemandes, des bouleversements culturels des « années folles » aux mutations économiques et sociales que connaît la France dans l’après-guerre, les travaux de Jean-Michel Guieu ont permis aux personnes présentes de prendre la mesure des conséquences économiques, sociales, politiques et diplomatiques de la Grande Guerre en France et en Europe.
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Les ressources numériques
En septembre 2015, la revue académique Pastel a consacré un numéro particulièrement riche à la déclinaison pédagogique du centenaire, considéré dans toute sa diversité et sa complexité. Les archives, les traces, les témoignages constituent, avec les apports historiographiques les plus récents, les supports privilégiés pour étudier et analyser ce conflit passé afin de mieux le comprendre, de se l’approprier pour en extraire les éléments utiles à la lecture du monde d’aujourd’hui. Soucieux de rendre visible aux élèves le dialogue complexe entre l’histoire et les mémoires liées à un fait qui a fortement marqué notre pays et bien au-delà de ses f rontières, les différentes contributions mettent en lumière le sens de mots tels que patrie, État et nation ; elles permettent de revisiter les définitions plurielles de guerre et paix, de réfléchir sur la notion d’engagement et de sensibiliser l’élève – comme l’adulte – au danger de lire le passé à l’aune d’une grille de lecture rédigée selon un système de valeurs différent de celui qui animait la société d’il y a cent ans.
La bataille de Verdun (septembre-novembre 2014) Août 14, le basculement dans la guerre (janvier-février 2014)
Dans les tranchées de la Grande Guerre (mars-mai 2015)
Témoignages de la Grande Guerre (mars-avril 2014)
La photographie dans la Grande Guerre (septembre-novembre 2015)
Les femmes dans la Grande Guerre (mai-juin 2014) 28
Les combattants face à l’information (décembre-février 2015)
Un site académique dédié au centenaire de la Première Guerre mondiale relaie depuis janvier 2014 les appels à projets, les concours, les actions et les manifestations organisés à destination de la communauté éducative. Le site a également permis de diffuser des informations sur les projets menés dans les établissements de l’académie ou sur les ressources proposées par les nombreux partenaires institutionnels et associatifs de l’Éducation nationale. Régulièrement mis à jour et enrichi, ce site s’est par ailleurs employé à valoriser les ressources régionales en s’appuyant notamment sur la lettre d’information librement accessible en ligne : 14-18 entre les lignes. Histoire et mémoires de la Première Guerre mondiale. Chaque numéro propose ainsi une mise au point scientifique sur un thème précis et s’appuie sur un ensemble de documents issus des huit départements de l’académie pour l’éclairer. Une approche par les arts et la littérature est également proposée.
Thèmes abordés dans la lettre d’information 14-18 entre les lignes. Histoire et mémoires de la Première Guerre mondiale Craquer, contourner, refuser (1914-1918) (janvier-mars 2017)
Les usines de guerre (janvier-mars 2016)
La ténacité des combattants (1914-1918) (octobre-décembre 2016)
La presse dans la Grande Guerre (avril-juin 2016)
La bataille du Chemin des Dames. Histoire et mémoires (avril-juin 2017) 29
Lettre d’information en ligne : 14-18 entre les lignes. Histoire et mémoires de la Première Guerre mondiale. Numéro 10, octobre/décembre 2016 © Académie de Toulouse 30
Des partenariats au service des projets
Le trinôme académique
Placé depuis 1989 sous l’autorité du recteur, de l’autorité militaire et du Président de l’association régionale des auditeurs de l’Institut des Hautes Études de Défense Nationale, le trinôme académique est chargé de promouvoir l’esprit de défense à travers des actions et des formations à l’attention des élèves, des enseignants et de tous les responsables du système éducatif. Plusieurs événements organisés ces cinq dernières années ont rythmé le cycle commémoratif du centenaire de la Première Guerre mondiale
« 1914-2014 : patriotisme et citoyenneté »
« Grande Guerre et résilience »
Le 12 novembre 2014, au lendemain de la commémoration de l’armistice du 11 novembre 1918, s’est tenu le 6e colloque interacadémique des trinômes du Sud-Ouest, à l’Institut Supérieur de l’Aéronautique et de l’Espace de Toulouse (ISAE).
Dans le cadre du 30e anniversaire de la création des trinômes académiques, l’académie de Toulouse a organisé vendredi 2 février 2018, une journée spéciale sur le Campus de l’ISAE – SUPAERO consacrée au thème « Grande Guerre et résilience ».
Organisé de façon tournante, tous les deux ans dans l’une des académies appartenant à l’époque à la zone de Défense et de sécurité Sud-Ouest (Bordeaux, Poitiers, Limoges, Toulouse), le colloque inter académique des Trinômes du Sud-Ouest constitue un moment privilégié pour chacun des acteurs de ce dispositif.
À cette occasion, le général Irastorza a proposé une conférence intitulée « la Grande Guerre : la résilience des poncifs » au titre de la composante « Armée » du trinôme. Jacques Péchamat a animé au nom de l’« IHEDN » une conférence consacrée à « l’envol de l’aviation et de l’industrie » en 1914-1918. Enfin, François Icher, référent « mémoire, défense et citoyenneté » dans l’académie de Toulouse, est revenu sur les enjeux de l’enseignement de la Première Guerre mondiale », suscitant de riches échanges avec la salle.
Hélène Bernard, rectrice de l’académie de Toulouse, chancelière des universités, Anne-Marie Sautereau, présidente de l’association régionale des auditeurs de l’IHEDN de Midi-Pyrénées, et le Général Christophe de Gouttes, représentant l’Officier général de zone de défense et de sécurité Sud-Ouest ont ouvert cette journée organisée sur le thème « 1914-2014 : patriotisme et citoyenneté. » Réunissant près de 240 participants : enseignants, cadres de l’Éducation nationale et officiers du ministère de la Défense, ainsi que les membres des associations régionales d’auditeurs de l’IHEDN, cette journée a débuté par deux conférences. Tout d’abord, Tristan Lecoq, inspecteur général de l’Éducation nationale, professeur des universités en histoire contemporaine, associé à l’université de Paris Sorbonne, a axé son intervention sur le thème « La France et son armée - le patriotisme entre l’histoire et la mémoire ». Dans un deuxième temps, Olivier Loubes, professeur d’histoire en CPGE au lycée Saint-Sernin de Toulouse a quant à lui, développé la question de l’école, le patriotisme et la République au travers de l’exemple de Jean Zay, qu’il qualifie « d’écolier de guerre, étudiant pacifiste, ministre antifasciste. »
Trinôme académique de Toulouse, 2 février 2018 31
La communauté militaire au service de l’esprit de défense
Concert du Trinôme académique, Halle aux grains, 11 mai 2018
Les concerts du Trinôme académique
Chaque année, un spectacle remarquable est présenté sous l’égide du Trinôme académique : le lundi 11 mai 2018, à la Halle aux grains de Toulouse, 500 élèves choristes volontaires issus de 14 collèges et de 3 écoles de la Haute Garonne, préparés par les professeurs d’éducation musicale et les professeurs des écoles, ont interprété l’oratorio d’Isabelle Aboulker, 1918, l’homme qui titubait dans la guerre d’après un livret d’Arielle Augry accompagnés par la Musique des Parachutistes sous la direction du chef de musique principal, le Commandant Stéphane Fougeroux.
L’année qui vient de s’écouler marque la f in d’un cycle exceptionnel de commémorations dédiées au centenaire de la victoire. Toulouse a vibré au souvenir du sacrifice de la Nation tout entière. Les armées se sont bien évidemment investies à travers de nombreuses actions et manifestations associant civils et militaires, avec comme points d’orgue une veillée au drapeau associant les scolaires puis la prise d’armes devant le monument élevé à la gloire des combattants aux côtés de nos alliés américains et britanniques. L’engagement exemplaire des combattants de la Grande Guerre nous invite à honorer leur mémoire et les valeurs pour lesquelles ils ont pris les armes. Leur sacrifice et leur courage nous renvoient immanquablement aux soldats d’aujourd’hui, dignes héritiers de nos glorieux anciens, et eux aussi prêts à donner leur vie pour la France. Au-delà de la communauté militaire, ces mots trouveront une résonnance particulière chez tous les citoyens animés par cet esprit de défense essentiel à la démocratie et à la cohésion de la Nation.
Général Patrick Collet
Portrait officiel du Général Patrick Collet 32
Ordre du jour du Général Patrick Collet 33
Les auditeurs de l’IHEDN, de la production de ressources aux interventions en établissement
Les auditeurs de l’Institut des Hautes Études de Défense Nationale de Midi-Pyrénées s’impliquent dans la commémoration du centenaire à travers des expositions, des recherches, des publications et des conférences proposées à la communauté éducative. Parmi les conférences, signalons ici la présentation de grands officiers de la Première Guerre mondiale à l’instar du maréchal Foch, par l’ingénieur général de l’armement Jacques Pechamat, membre de l’association régionale des auditeurs IHEDN. L’intervention a eu lieu au lycée de Rodez le 22 mars 2018 en association avec l’Ordre des Palmes académiques. Un livre témoignage sur la guerre de 1914-1918 et l’Ariège rassemble dans un grand format de plus de 400 pages des centaines de photos et de de dessins. Ce livre passe en revue les régiments du 17e corps du Sud-Ouest, dans lequel ont été enrôlés les Ariégeois et restitue leur quotidien durant quatre longues années. Contact : president.ar19ihedn@orange.fr
« En 1914, les soldats ariégeois n’appartenaient pas tous aux régiments dits de « l’Ariège » qu’étaient les 59° RI, 259°RI et 134° RIT. Nombreux furent ceux qui servirent ailleurs pendant la Grande Guerre: 7°, 9°, 11°, 14°, 20°, 83°, 88° RI… Témoigner de l’histoire des poilus ariégeois dans la Grande Guerre oblige à se pencher sur celle, plus vaste, du 17° Corps d’Armée. Mais qu’ils soient pour la plupart d’origine modeste, paysans, ouvriers, artisans, employés domestiques, ou issus des classes moyennes, petits patrons, fonctionnaires, militaires d’active, médecins, instituteurs… à l’heure où le pays traverse la plus terrible des épreuves, de la tragédie de Bertrix, le 22 août 1914, aux féroces combats livrés aux Eparges, de l’enfer de Verdun aux batailles sur le front d’Orient, les poilus ariégeois sont présents partout. » Jean-Louis Doumerc
Couverture du livre intitulé « les poilus ariégeois dans la Grande Guerre » 34
Président de l’association départementale (Ariège) du centenaire de la Grande Guerre. Membre de l’association régionale des auditeurs IHEDN
L’ONAC-VG L’Office National des Anciens Combattants et Victimes de Guerre est l’opérateur du ministère des Armées chargé de décliner la politique de mémoire à l’échelle locale et nationale. À ce titre, l’ONAC-VG accorde une place privilégiée aux « citoyens de demain ». Le Centenaire a ainsi été l’occasion de renforcer les liens avec l’Éducation nationale en déclinant de multiples initiatives autour de la Grande Guerre.
Des concours mémoriels pour aborder la Grande Guerre « Irénée LACROIX, 4 ans de tranchées » Lauréat académique 2016 - École Jules Ferry, Naucelle (12)
Travail d’élèves à l’école Jules Ferry de Naucelle (Aveyron)
Pluridisciplinaire et ouvert à la créativité des CM1-CM2, le concours des « Petits artistes de la mémoire » invite les élèves à s’approprier l’histoire de la Grande Guerre grâce à l’élaboration d’une production artistique qui s’inspire de l’itinéraire d’un poilu sur le front. Les productions qui émaillent cet ouvrage en donnent un aperçu. Parallèlement, le concours « Bulles de mémoire » invite les collégiens et les lycéens à réfléchir sur l’héritage des grands conflits contemporains dans la société d’aujourd’hui au travers du vecteur de la bande dessinée. Le Centenaire fut l’occasion pour les jeunes de se questionner sur l’histoire de la Première Guerre mondiale et ses répercussions sur les hommes et les femmes qui l’ont vécue. Au carrefour de l’histoire, de l’art et de la mémoire, ce concours a encouragé de nombreux jeunes auteurs à travailler sur la Grande Guerre avec créativité, spontanéité et émotion.
Extrait de la bande dessinée réalisée par une classe de 1re L du lycée Bourdieu de Fronton (Haute-Garonne) qui a obtenu en 2016 le « prix spécial du centenaire » à l’échelle nationale 35
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« Irénée Lacroix, 4 ans de tranchées » Lauréat académique 2016 - école Jules Ferry, Naucelle (12) 2 «La boîte à souvenirs du poilu » 2015 IME Château de Blazac, Vic-sur-Lot (46) 3 7
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« Charles Courage » 2015 Écoles d’Argelès-Gazost (65) 5
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« Le carnet d’Émilien » 2017 École Saint-Pierre de Trevisy (81) 6 « Edmond à la guerre » 2014-2017 École Eugène Montel, Cugnaux (31) 9 10 9 36
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« Jean-Marie Touge, soldat de la Grande Guerre » 2017 École de Beaumont-de-Lomagne (82)
L’attache au patrimoine local : l’exemple du travail enclenché autour des monuments aux morts Dans une région qui ne porte pas dans son paysage les stigmates de la violence des combats, le monument aux morts constitue un support privilégié pour aborder la Première Guerre mondiale avec les scolaires. L’ONAC-VG anime ainsi de puis plusieurs années des ateliers proposant l’exploitation visuelle du monument aux morts communal autour de la symbolique des ornementations, la recherche généalogique à partir des noms relevés et l’analyse historique des archives municipales relatives aux délibérations locales prises dans la Grande Guerre face à l’urgence sanitaire et sociale. Une trentaine de classes a donc pu réfléchir à partir du patrimoine local au quotidien des habitants de leur propre commune un siècle plus tôt.
Revisiter les formes commémoratives, des « Carrés militaires » à l’évocation des sportifs morts pour la France Autre initiative originale autour du patrimoine local, le service départemental de l’Ariège a organisé, en partenariat avec le Bureau du Service National et le Souvenir Français, une Journée Défense et Citoyenneté exceptionnelle sur le thème des Carrés Militaires, commémorant ainsi la mémoire des soldats tombés sur le front. Après une information sur l’Œuvre nationale du Bleuet de France, œuvre caritative née en 1917, les jeunes se sont rendus au cimetière de Pamiers qui héberge les carrés militaires regroupant 171 tombes de soldats morts pour la France. Munis d’un questionnaire, ils ont progressivement pu réaliser que pas moins de cinq nationalités et trois confessions étaient représentées, et que la participation à la Grande Guerre dépassait les clivages géopolitiques ou confessionnels. La journée s’est achevée par le dépôt d’une gerbe et l’hymne national. Dans le cadre de la f in du cycle commémoratif du Centenaire, le service départemental du Gers a rendu hommage à tous les rugbymen – soldats du F.C. Auch tombés sur le front. Après un minutieux travail de recherches orchestré par la Société archéologique du Gers, les noms des 56 joueurs du club qui périrent au cours du conflit furent dévoilés lors d’une cérémonie au stade Jacques Fouroux en présence de scolaires. L’occasion de rappeler que le sport demeure un vecteur original de la mémoire et de la citoyenneté.
Les jeunes en quête de Mémoire remplissent un questionnaire
Monsieur Omar Hasan, artiste lyrique et ancien joueur professionnel passé par le FC Auch interprète la Marseillaise avec les enfants de l’école de rugby
Quand théâtre et cinéma riment avec mémoire Autre vecteur privilégié par l’ONACVG, les représentations théâtrales en présence de scolaires ont rythmé le Centenaire de l’Armistice, comme en témoigne l’exemple du service départemental du Lot qui, au travers du spectacle de Fabien Bages « Allons enfants ! », a privilégié une approche locale de la Grande Guerre en exploitant le ressenti d’une fillette. Il s’agissait de se questionner sur la vie quotidienne, l’absence du père parti au front, la rigueur et la dureté de l’existence des civils dans un village du sud de la France. Une expérience portée auprès de 150 élèves de 3e. La projection d’œuvres cinématographiques a permis, parallèlement, à quelques 3 150 élèves d’Occitanie, du primaire au lycée, de s’interroger sur la fin de la guerre, le deuil et la reconstruction des corps à travers trois films : Adama (Simon Rouby, 2015), Au revoir là-haut (Albert Dupontel, 2017) et La chambre des officiers (François Dupeyron, 2001).
Photographie du spectacle de Fabien Bages « Allons enfants! » 37
Association Nationale des Membres de l’Ordre National du Mérite section de Haute-Garonne L’ANMONM31 organise, lors de ses grandes cérémonies citoyennes annuelles présidées par M. le préfet de la région Occitanie, préfet de la Haute-Garonne, en présence des plus hautes autorités politiques et éducatives de la région, du département, de la ville de Toulouse et de l’académie de Toulouse, un « devoir de mémoire » avec un collège ou un lycée du département, dans le cadre d’un partenariat annuel sur l’éducation citoyenne. Pour les lycées, ce devoir de mémoire est réalisé avec le concours du conseil régional et pour les collèges avec le concours du conseil départemental.
De 2014 à 2018, les cinq devoirs de mémoire ont concerné la Grande Guerre de 1914-1918.
5 avril 2014 Le devoir de mémoire a été réalisé par des lycéens du lycée polyvalent professionnel et technologique Joseph Gallieni de Toulouse en hommage au souvenir de leur éponyme le Maréchal Joseph Gallieni (1849-1916), né à Saint-Béat, dans la Haute-Garonne, qui sauva notre nation en 1914 par son rôle lors de la bataille de la Marne et qui fut ministre de la guerre (1915-1916). Ce devoir de mémoire s’est appuyé sur un très beau film réalisé par les lycéens.
30 mai 2015 Ce sont des lycéens du lycée professionnel Georges Guynemer de Toulouse qui ont brillamment évoqué la vie du célèbre aviateur Georges Guynemer (1894-1917). C’est l’un des grands pilotes de guerre français de la Première Guerre mondiale. Capitaine, il a remporté 53 victoires homologuées, plus une trentaine de victoires probables, en combat aérien. Il est mort au combat le 11 septembre 1917.
28 mai 2016 De gauche à droite, le Général Clouzot, le capitaine Cire, le préfet Pascal Mailhos et le Général Bellot des Minières lors de la remise du tableau souvenir au lycée Roland Garros.
C’est un très beau travail de lycéens du lycée professionnel Roland Garros qui ont évoqué pendant 45 minutes le célèbre pilote de guerre Roland Garros (1888-1918), pionnier de l’aviation, inventeur du tir à travers l’hélice qui a donné son nom au grand tournoi de tennis annuel de Paris, décédé lors d’un combat le 5 octobre 1918.
4 mars 2017
Photographie du collège Pierre et Marie Curie du Fousseret 38
Le devoir de mémoire a été réalisé par des collégiens du collège Pierre et Marie Curie, du Fousseret. Les élèves souhaitaient honorer une femme ayant eu une action importante pendant la Première Guerre mondiale et le choix s’est porté sur Marie Curie (1867-1934). Les collégiens, dans un spectacle très bien réalisé, ont rappelé l’action courageuse que cette femme exceptionnelle, deux fois prix Nobel, avait menée pendant la guerre 1914-1918 avec la conception de 18 unités chirurgicales mobiles, ambulances équipées de moyens d’appareil de radiologie (rayons X) et surnommées « Les petites Curies », son parcours scientifique exceptionnel et les difficultés qu’elle a rencontrées à son époque en tant que femme.
Cinq cohortes d’élèves de troisième ont participé à ce spectacle retraçant le centenaire au collège Cordorcet de Nailloux, de 2013 à 2018, 17 mars 2018
Le devoir de Mémoire de 2018 Après avoir mis à l’honneur d’éminentes personnalités qui ont marqué l’histoire de la Grande Guerre, la cérémonie de 2018 a choisi de rendre hommage à la figure du « poilu » et, à travers lui, aux millions de soldats anonymes qui ont combattu et, pour beaucoup, sont morts au combat. Le travail du collège Condorcet de Nailloux, fortement engagé dans le centenaire depuis son lancement, est emblématique de ce souci de redonner un visage aux noms inscrits sur le monument aux morts à travers une sculpture pensée et réalisée par les classes de troisième en 2015 ou à travers des travaux photographiques innovants les années suivantes. Signe de l’adhésion des élèves au projet, le spectacle présenté à cette occasion a réuni des représentants de chacune des cinq cohortes qui a contribué à faire vivre le centenaire dans l’établissement.
Juin 2018 L’ANMONM31 a organisé un voyage mémoriel à Verdun et au Chemin des Dames pour clôturer son action de commémoration de la Grande Guerre.
Lecture par quatre élèves de textes écrits par leurs pairs
Travail photographique réalisé au collège Condorcet de Nailloux dans le cadre de l’Appel à projet photographique. 2015
Lecture d’un travail d’élève récompensé par le Prix de la Mémoire et du Civisme de la Fédération nationale André Maginot en 2016 39
CANOPÉ Depuis 2014 et sur l’ensemble du territoire national, Réseau Canopé accompagne les commémorations du Centenaire au titre de l’éducation artistique et culturelle et de l’éducation à la citoyenneté.
Dans l’académie de Toulouse cet accompagnement s’est effectué dans le cadre du comité académique du Centenaire auquel Réseau Canopé a systématiquement été associé. Les ressources éditoriales, les animations et les formations proposées ont pu être efficacement relayées auprès des enseignants, rendant cet accompagnement concret, utile, innovant et visible sur le terrain. La majeure partie des ressources transmédias et animations produites par Réseau Canopé ont été labellisées par la « Mission du Centenaire ». Prenant place dans la collection emblématique de Réseau Canopé développée dans l’académie de Toulouse, l’ouvrage 50 activités autour de la Grande Guerre vient compléter l’offre nationale. Rédigé par des enseignants de l’académie, il propose aux enseignants du cycle 3 un ensemble de f iches pratiques, testées en classe et couvre l’ensemble de la période. Dans une même démarche, un ensemble de huit mallettes pédagogiques conçues en partenariat avec l’ONAC-VG a été constitué. Elles mettent à la disposition des enseignants des objets de la Grande Guerre et des ouvrages de littérature jeunesse dans tous les ateliers Canopé de l’académie. Venant enrichir cette offre de terrain, Réseau Canopé a développé et mis en ligne deux e-books, Le Gers dans la Grande Guerre et L’Ariège dans la Grande Guerre à partir de témoignages et de l’expérience de combattants locaux. Une attention particulière a également été portée aux monuments aux morts. Le site « Monuments de mémoire » créé par Canopé académie de Toulouse propose ainsi d’initier les élèves à la démarche historique et de sensibiliser aux valeurs de la République à partir de ce lieu. Cette plateforme collaborative propose un recensement des monuments aux morts d’un territoire grâce à des fiches analytiques rédigées puis mises en ligne par des élèves sous la conduite de leurs enseignants. Depuis 2014, date de la mise en ligne de ce site, quatre-vingt-cinq classes issues très majoritairement des écoles et collèges de l’académie de Toulouse ont ainsi déposé une fiche descriptive quelquefois accompagnée de travaux complémentaires remarquables.
50 activités autour de la Grande Guerre © Canopé 40
Un bilan de l’activité de ce site a été effectué le 7 novembre 2018 au siège de la direction territoriale de Canopé. La journée, retransmise en direct dans les treize ateliers Canopé d’Occitanie, a été marquée par les interventions des deux IA-IPR référents mémoire et citoyenneté des académies de Montpellier et Toulouse autour des monuments aux morts et du retour des corps.
En novembre 2018 et dans la continuité de l’opération Monuments de mémoire, l’atelier Canopé de Toulouse a présenté au grand public et aux élèves l’exposition « De mémoire et de paix, le pacifisme dans les monuments aux morts de 14-18 » d’après l’ouvrage éponyme d’Emmanuel Delandre. Conçu pour une classe entière du cycle 3, l’escape-game Les éclaireurs permet d’appréhender de manière ludique la partie du programme de CM2 intitulée « La France, des guerres mondiales à l’Union européenne ». Intégré dans une séquence pédagogique, ce jeu s’appuie sur des traces du passé (fac-similés de documents et sites ressources) tout en mêlant des usages du numérique (initiation à la programmation, réalité augmentée, tablette tactile) afin d’assurer une immersion complète des joueurs. Il propose quatre parcours construits de manière différenciée afin de permettre à tous les élèves d’accéder à l’information, tout en coopérant.
Page d’accueil du site internet Monuments de mémoire © Canopé
Escape-game Les éclaireurs 41
La Cinémathèque de Toulouse Dans le cadre de son action éducative et culturelle, la Cinémathèque de Toulouse a souhaité développer un projet s’inscrivant pleinement dans les commémorations du Centenaire de la Première Guerre mondiale et ayant pour objectif de rendre accessibles des films « agents de l’histoire ». Ces films participent à la construction d’une représentation sociale de la Grande Guerre et permettent donc pour les enseignants de revenir à la fois sur le fait historique et sur les différentes avancées historiographiques relatives à ce conflit.
Le projet s’adresse à un public scolaire, et plus particulièrement aux élèves du cycle 3 au lycée de l’académie de Toulouse ainsi qu’à leurs enseignants, et s’est traduit par différentes actions entre 2014 et 2018 : Des projections de films, suivies d’une discussion et préparées à l’aide de dossiers pédagogiques mis à disposition des enseignants, dont trois titres sont fréquemment revenus :
La conception d’un livre numérique à visée pédagogique autour du film Charlot Soldat et conçu à partir des collections de la Cinémathèque de Toulouse. Cet outil pédagogique innovant exploite des ressources de toutes natures en lien avec le film (affiches, photographies, extraits vidéo, articles…) et propose un scénario pédagogique articulé autour des différents documents.
C harlot Soldat - Charlie Chaplin (1918) est considéré comme le premier film de fiction offrant à voir l’expérience combattante dans les tranchées et fut à ce titre applaudi par les anciens combattants. L es Sentiers de la gloire - Stanley Kubrick (1957) lève le voile sur un tabou de la Grande Guerre : les fusillés pour l’exemple. L es Fragments d’Antonin - Gabriel Le Bomin (2005) évoque les traumatismes de guerre à travers l’histoire d’un homme tourmenté, revenu des combats sans blessure apparente, mais profondément marqué par ce qu’il vient de vivre.
1765
élèves concernés par ce dispositif entre 2014 et 2018. DONT
Des demi-journées découvertes autour du film Charlot Soldat composées d’un atelier basé sur des archives du film suivi de la projection du film en salle.
649 écoliers
514
collégiens
602 lycéens
17
projections organisées
7 Dossier pédagogique « Charlot soldat »réalisé par la Cinémathèque de Toulouse 42
demi-journées découvertes
09 Département de l’Ariège
43
Le mot de monsieur l’inspecteur d’académie, Dasen Difficile pour un enfant de 9 ou 10 ans en 2018 de saisir tous le sens d’une commémoration de l’armistice du 11 novembre 1918 vieux de 100 ans. Les écoles de l’Ariège se sont saisies de cette diff iculté pour la dépasser. Ainsi, dès le début de l’année civile 2018, cet objet de travail a été appréhendé par les équipes pédagogiques et a été accompagné par les équipes de circonscription. Il convenait ainsi de donner sens à la présence d’élèves et de leurs familles le 11 novembre 2018 autour des monuments aux morts dans chaque commune du département. Le travail pédagogique et didactique a revêtu différentes formes suivant les territoires et l’âge des élèves concernés. Si en règle générale, il est délicat de mesurer rapidement la portée de nos engagements et orientations en matière d’éducation et d’apprentissage, dans le cadre de cette commémoration, tous les témoignages s’accordent pour attester de la forte implication des jeunes élèves tant quantitative que qualitative le dimanche 11 novembre 2018. Tous les participants ont pu mesurer combien les élèves saisissaient l’enjeu et le sens de la cérémonie à laquelle ils participaient. Preuve est donnée une nouvelle fois que la difficulté ou la complexité d’un savoir dès lors qu’elles sont porteuses de sens, de valeurs et de culture, ne sont pas, en matière d’éducation des obstacles.
Monsieur Jean-Luc Duret, Directeur académique des services de l’Éducation nationale de l’Ariège. 44
« La Paix » - production visuelle des élèves d’Ax-les-Thermes
Les hommages aux poilus de 14-18 ont été nombreux et variés dans les écoles, collèges et lycées d’Ariège. Outre la participation des établissements scolaires aux cérémonies commémoratives, le centenaire a permis aux enseignants de revisiter les pratiques mémorielles. Ainsi, de la lecture émouvante de lettres d’amour d’un arrière-grand-père qui ne revint jamais à la création d’un QR code répertoriant tous les monuments de mémoire d’Ax-les-Thermes, les projets présentent une diversité synonyme de richesse où se côtoient pratiques traditionnelles et approches innovantes – inspirées de l’Université d’été de Ludovia, rendez-vous incontournable des acteurs du numérique éducatif. Les travaux retraçant la vie de l’instituteur de l’école ou celle d’un habitant, l’élaboration d’affiches sur le barda du poilu ont amené les enseignants à rechercher des supports pertinents. Ainsi, dans le premier degré, beaucoup trouvent dans les livres documentaires tels que Les P’tits Docs d’histoire sur la guerre 14-18, le rôle des animaux durant la guerre des documents bien adaptés aux enfants de cet âge. La littérature de jeunesse a également été sollicitée pour aborder des événements sensibles de manière distanciée. Flon-Flon et Musette propose ainsi une approche à hauteur d’enfant permettant au jeune lecteur, au travers du récit, de réfléchir à l’événement, aux acteurs – civils et militaires – et de déployer une réflexion morale et civique sur les normes, les droits et les devoirs. Dans le second degré, les initiatives ont donné lieu à des travaux remarquables dans plusieurs collèges, lycées généraux et technologiques ou lycées professionnels. Prenant pour point de départ le monument érigé dans le hall de l’établissement en hommage aux 110 anciens élèves morts pour la France, le projet du lycée Gabriel Fauré de Foix – labellisé par la Mission du Centenaire – a amené plusieurs cohortes, sous la conduite de leurs enseignantes, Sylvie Fabre et Isabelle Pittet, à enquêter sur l’identité de ces hommes à partir des fiches matricules conservées aux Archives départementales et des registres d’état civil afin d’établir leur niveau d’étude, leurs origines familiales, leurs parcours militaires ou les circonstances de leur mort.
Référents départementaux
Virginie Houadec, Isabelle Lesage
Profession des parents des soldats
Femmes
Hommes
7
9
9
20
31
17
Institutrices Ménagères Rentières Sans professions Non précisé
1
33
6
3
3
4
4 6 14 8
6
1
Artisans Commerçants Professions libérales Agriculteurs Professeurs Instituteurs Employés Ouvriers Retraité Rentiers Métiers de la justice Non précisés
Nous avons regroupé les différentes professions des parents (hommes et femmes) des soldats par catégories dans les diagrammes ci-dessus. Nous pouvons d’abord observer que les métiers étaient bien plus divers chez les hommes que chez les femmes (de plus, environ un tiers des femmes étaient dans profession). Nous voyons également que les fiches n’étaient pas toujours bien renseignées puisque (hommes et femmes confondus) nous avons trouvé 51 métiers de parents non précisés. Morin Zoé, Galy Sarah
Enquête des élèves du lycée Gabriel Fauré de Foix sur les anciens élèves morts pour la France
« La Paix » - production visuelle des élèves d’Ax-les-Thermes 45
Les Archives départementales de l’Ariège
Les Archives départementales de l’Ariège ont organisé différentes actions de valorisation des fonds dédiés à la Première Guerre mondiale au cours des quatre années de commémoration du Centenaire 1914-1918, à destination notamment du public scolaire.
1. Mise à disposition de ressources sur la Grande Guerre Les registres matricules militaires des classes combattantes ont été numérisés et indexés, puis mis en ligne sur le site internet des Archives départementales de l’Ariège avant de rejoindre le site Grand Mémorial. Consultés tant par le grand public et les associations mémorielles ou les communes que par les enseignants et leurs élèves, ils ont été particulièrement sollicités dans le cadre des recherches de renseignements sur les soldats mobilisés pendant le conflit et dont les noms figurent sur les monuments aux morts ariégeois. Divers projets pédagogiques ont conduit les élèves aux Archives pour la consultation des originaux tandis que leur mise en ligne a facilité les recherches en classe. La participation à la Grande Collecte 1914-1918 s’est déroulée de 2013 à 2018 et a permis de recueillir plus d’une centaine de fonds privés tant originaux qu’en format numérique. Ces fonds se composent essentiellement de correspondances, de cartes postales, de photographies, de livrets mais aussi de quelques objets (médailles, clairons, montres, armes, cartouchières, cantines, obus décorés etc.). Les lettres de poilus ont été communiquées aux enseignants et, comme à Saverdun, travaillées pour être lues en public au moment de la cérémonie du 11 novembre 2018.
Catalogue d’exposition « Les Ariégeois de la Grande Guerre – La mémoire familiale », Archives départementales de l’Ariège, 2017. La photographie au centre est un cliché de Jules Carbonne intitulé « Les Éparges (Meuse) : dans la boue des tranchées »
2. Réalisation de deux expositions Une exposition itinérante, « L’Ariège pendant la Première Guerre mondiale », a été présentée dans de nombreux établissements scolaires. S’appuyant sur les fonds publics et privés conservés aux Archives départementales, elle a mis l’accent sur la vie quotidienne des Ariégeois, la surveillance des étrangers et de la frontière, le lien avec le front et le retour des soldats. Une exposition d’originaux, « Les Ariégeois de la Grande Guerre – La mémoire familiale », a présenté à l’automne 2017 les fonds familiaux issus des cinq années de collecte. Près de 200 élèves ont été accueillis pour des visites guidées de l’exposition.
Chacune de ces expositions a été accompagnée d’un catalogue imprimé.
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Gravure d’une œuvre de A. Raynolt, présentée au salon de 1922, correspondant à une fresque dans la cathédrale de Pamiers « À la gloire du 59e Régiment d’Infanterie et des enfants de la cathédrale morts pour la France ! » (Archives départementales de l’Ariège, 3 FI 169)
3. La Lettre du Centenaire Les Archives départementales ont publié, d’avril 2014 à novembre 2018, quinze numéros de Lettres du Centenaire de la guerre 14-18 en Ariège, largement diffusées dans le département et hors département et téléchargeables sur les sites du Conseil départemental et des Archives. Ces « Lettres » thématiques ont présenté : le printemps 1914, les premiers mois de guerre, Noël dans les tranchées, le photographe ariégeois Jules Carbonne (le « Boquot » de Maurice Genevoix dans Ceux de 14) dont les clichés ont été publiés dans la presse nationale comme L’Illustration, les soins donnés aux blessés, le rôle des femmes, les écoliers de 1914, l’importance de la correspondance pour les soldats et leur famille, la surveillance de la frontière pyrénéenne, les œuvres de guerre, les objets rapportés du conflit, le deuil des familles de soldats, l’industrie de guerre, presse et censure, la victoire avec le bilan de la guerre.
4. Ateliers pédagogiques et accueil de classes effectués par le Service éducatif Dans le cadre de leur service éducatif, les Archives ont accueilli les classes et accompagné les projets pédagogiques portant sur le conflit et notamment sur les monuments aux morts, mis en œuvre, notamment, par plusieurs classes de seconde du lycée Gabriel Fauré de Foix tout au long de la période 20142018, deux classes du lycée Bergès de Saint-Girons en 2014, deux classes du collège Mario Beulaygue d’Ax-les-Thermes en 2018, l’école primaire de Cadirac en 2014, l’école primaire Lucien Goron de Foix en 2017, celle de Ferrières en 2018, etc.
5. Déclinaisons pédagogiques des expositions Les deux expositions ont fait l’objet d’une déclinaison pédagogique par le Service éducatif des Archives et le professeur d’histoire mis à disposition auprès des Archives :
« La Lettre du Centenaire n°3 », novembre 2014 (Archives départementales de l’Ariège)
Un questionnaire sur l’exposition « L’Ariège pendant la Grande Guerre » a été élaboré à destination des scolaires. Le questionnaire a été mis en ligne et son corrigé est accessible sur demande. Il a été fourni, avec le catalogue, aux écoles, associations et mairies qui accueillaient l’exposition des Archives et qui pouvaient avoir conçu, de leur côté, une exposition d’originaux sur place. Un atelier axé sur le thème de la seconde exposition sur la mémoire familiale, également disponible sur le site des Archives. Les élèves ont été amenés à travailler en groupes pour réaliser six fiches biographiques de poilus ariégeois, chaque groupe devant restituer sa production à l’oral.
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Grand angle
« Des deux guerres à l’Europe en Paix – Centenaire en Couserans »
1
Lycée des Métiers Aristide Bergès ; Cité scolaire du Couserans ; Collège André Saint-Paul du Mas d’Azil Classes de première bac professionnel, terminale, 3e + 2014-2015
Ce projet inter-établissements auquel ont participé des élèves du collège André Saint-Paul du Mas d’Azil, de la cité scolaire du Couserans et du lycée des Métiers Aristide Bergès s’est attaché à renforcer le sens que revêt le centenaire de la Première Guerre mondiale en articulant la création d’un « mémorial pour la paix » et l’organisation d’une journée citoyenne. Les travaux préparatoires ont pris des formes différentes d’un établissement à l’autre. Le 11 novembre 2014, les élèves du collège André Saint-Paul et de la Cité scolaire du Couserans se sont rendus sur la tombe du soldat inconnu à Paris afin d’y déposer une gerbe. Ils ont poursuivi leur voyage sur les lieux de mémoire des deux guerres mondiales et ont fini par une visite du parlement européen. À l’issue de ce voyage, ils ont conçu une pièce de théâtre présentée le 5 juin 2015 au cours de la journée citoyenne.
2
De leur côté, une partie des élèves du lycée professionnel a travaillé à l’élaboration de croquis en Arts appliqués puis à la réalisation d’une fresque murale – place de Verdun – sous la houlette du graffeur toulousain Big Daddy Moun venu en résidence au lycée. Un second groupe a écrit des poèmes avec leurs enseignantes de lettres et d’anglais avant de les mettre en musique avec des musiciens.
3
Durant la journée citoyenne, place de Verdun, au cœur de Saint-Girons, les élèves se sont retrouvés autour de la fresque pour présenter leurs travaux et réaliser des performances artistiques. L’inauguration a été marquée par l’ajout d’une colombe de la Paix venue symboliquement finaliser la fresque avant que se succèdent chants, lecture de lettres de poilus, représentation théâtrale, construction et destruction d’un mur de la haine, projections de maquettes numériques de mémoriaux du futur , graffs et enfin concert.
« L’arbre de la Paix », réalisé le 5 juin 2015 par les élèves du lycée lors de la journée citoyenne
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Ce projet a permis à chaque élève de travailler des compétences essentielles telles que la confiance en soi, le travail en équipe, la prise de parole et l’écoute. Il témoigne plus largement de l’appropriation des formes, du sens et des enjeux de cette commémoration cent ans après.
4
Carnet du Front Extrait d’une chanson des élèves du lycée professionnel - Je suis arrivé au front. Il n’y a pas grand-chose à dire, seuls quelques mots me viennent à l’esprit, des mots terribles. - Désolation, solitude, délabrement, mort, maladie, folie. -L es paysages verdoyants d’avant sont devenus tristes ; presque inquiétants ; et les cris, les hurlements de terreur, ou de douleur, de mes camarades donnent l’impression que la forêt proche est hantée par les démons, qui instaurent dans le cœur des hommes, une folie meurtrière. Seeing all this makes me realize that we need to stop using cruel ways to solve our differences Pour écouter la chanson : https://lpberges.bandcamp.com/releases
1 Réalisation artistique avec le graffeur Big daddy Moun 2 L es collèges André Saint-Paul du Mas d’Azil et du Couserans de Saint-Girons déposent une gerbe sous l’Arc-de-Triomphe à Paris
3 R eprésentation de la pièce écrite par les élèves du collège et du lycée du Couserans. Théâtre Scène du cinéma Max Linder, le 15 juin 2015 à St-Girons
4 R ésidence d’Artistes au lycée, du 9 au 13 mars 2015. Deux musiciens du groupe pop rock Paganella échangent avec des lycéens
Extrait de la pièce de théâtre des élèves du Couserans « Ce garçon, en face de moi, il était allemand. J’ai pris ses papiers sur son cadavre encore chaud. Dans son portefeuille, j’ai vu la photo d’une jeune femme. Au dos de la photo, il y avait un mot d’amour. Dans ses poches, il y avait des clopes et des lettres. Des lettres pleines d’amour. L’encre était effacée par endroits. À présent, elles sont rouges, du rouge de la mort, du rouge de la folie. Ce gamin, ça aurait pu être le mien. Ce gamin, je l’ai tué. Pourquoi ? Il était allemand. Était-il différent du mien ? »
Professeurs,
Claire Diaz-Tocaven, Pascale Magne, Danick Florentin, Olivier Tarquini, Gilbert Lazaroo 49
« Carnet d’une sombre guerre » (2016) École Marcel Pagnol, Mazères Classe de CM2 de Mme Brut et Mme Montels.
«Je peux juste te dire que je suis aux alentours de Verdun... Bref. Parlons d’autre chose… »
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« Ma Rose adorée, tout va bien, ne t’en fais pas. »
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Liste des projets labellisés
« Mémorial pour la paix » (2014-2015) Réalisation d’une fresque dans la ville et organisation d’une journée citoyenne. Lycée des métiers Aristide Bergès, St-Girons
« Combattre l’oubli » (2014-2018) Édition d’une brochure sur le monument aux morts du lycée. Lycée Gabriel Fauré, Foix
« La bataille de Verdun » (2015) Élaboration d’un jeu de société. Collège François Verdier, Lézat-sur-Lèze
« La Grande Guerre, Histoire et histoires » (2015-2016) Exposition. Collège Lakanal, Foix
« De la Grande Guerre à la paix » (2017) Carnet de voyage et exposition numérique. Collège J.-P. Rambaud, Pamiers
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12 Département de l’Aveyron
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Le mot de madame l’inspectrice d’académie, Dasen La mobilisation de l’École en Aveyron dans le cadre du Centenaire a été forte et continue tout au long des quatre années de commémoration. Massivement endeuillé par la Première Guerre mondiale, le département de l’Aveyron a été depuis l’automne 2014 le cadre de multiples projets d’histoire et de mémoire. Grace à l’investissement de ses enseignants, à l’engagement des élèves qui lui sont confiés, l’Éducation nationale y a largement pris sa part dans le cadre de sa double mission d’enseignement et d’éducation à la citoyenneté. Ainsi, toutes les écoles et tous les établissements scolaires du département ont porté à un moment ou un autre, une action consacrée au nécessaire devoir d’histoire. Qu’ils en soient ici vivement félicités et remerciés.
À l’école Outre les lauréats académiques aveyronnais du concours Petits artistes de la mémoire - École primaire publique à Saint Laurent d’Olt (2018), Jules Ferry à Naucelle (2016) – de nombreuses écoles ont souhaité participer aux cérémonies en menant avec les élèves un travail approfondi sur l’histoire et la mémoire de la Première Guerre mondiale. L’école de Montlaur a ainsi effectué un travail d’enquête et de collecte auprès des familles et de la mairie qui s’est concrétisé par la rédaction d’un ouvrage intitulé Avant l’orage. Il rassemble lettres et dessins mêlant de vraies informations sur l’identité de ces jeunes, leur vie au front, et des éléments fictifs inspirés d’autres lectures. À Rodez la plaque commémorative de l’ancienne École Normale a constitué le point de départ du projet départemental « Les instituteurs aveyronnais morts pour la France ». Dix-huit classes (cycle 3) du département ont retracé le parcours de l’instituteur passé par leur école et tombé au champ d’honneur. Porté par Anne Lalanne, inspectrice de Millau et coordinatrice du groupe départemental « maîtrise de la langue et lutte contre l’illettrisme » et par Sophie Pillods, formatrice et documentariste, un projet radiophonique a vu le jour en 20132014 et a été reconduit durant plusieurs années. Huit écoles primaires de la circonscription de Millau ont ainsi réalisé une série de documentaires sonores autour de 14-18 tels que « Adrien, un Aveyronnais dans l’enfer des tranchées » ou « Ferdinand, rat des tranchées ». Matérialisé sous la forme d’un CD et officiellement présenté chaque année aux élus, aux partenaires et aux parents d’élèves, ce projet interdisciplinaire (maîtrise de la langue et culture humaniste) rend concrète l’utilisation du numérique au service des compétences scolaires attendues en lien avec l’éducation aux médias à travers la radio. Dans le cadre de la classe, il offre en effet l’occasion de consolider et réinvestir les acquis scolaires. En maîtrise de la langue, la spécificité de l’écriture radiophonique permet de répondre de manière ludique à des objectifs de compétences comme améliorer l’oral, savoir écouter et reformuler, lire à haute voix, améliorer l’expression écrite, le vocabulaire de description… Dans l’esprit d’un partage des valeurs républicaines, le lien intergénérationnel est favorisé pour recueillir les anecdotes, lettres ou objets qui restent dans les mémoires familiales.
Pour en savoir plus : http://www.centreculturelaveyron.f r/formation/formation-14-18.php
Madame Armelle Fellahi, Directrice académique des services de l’Éducation nationale de l’Aveyron. 54
Référents départementaux,
Laurent Boulet, Jean-Pierre Perez, Florent Pelegrin
Le cortège d’élèves du collège Joseph Fabre déplaçant de grands portraits de combattants de leur établissement au monument aux morts constituait un temps fort du 11 novembre 2018 à Rodez
Au collège « À la croisée des regards. 1918-2018. Portraits et histoires de la Grande Guerre » Collège Joseph Fabre de Rodez Ce projet inter-degrés est né de la volonté de mettre en avant 24 poilus aveyronnais par l’installation de leur portrait grand format sur le mur d’enceinte du collège et par la rédaction de leur biographie par chacune des classes de l’établissement. Ces notices ont été mises en ligne sur la plateforme eTwinning accessible grâce à un QR Code figurant en-deçà de chaque portrait. Ces panneaux ont été décrochés en amont du 11 novembre 2018 afin d’être présentés lors de la cérémonie. Au final, ce sont 600 collégiens et 250 CM2 des écoles du secteur qui se sont mobilisés pendant un an autour des diverses ramifications de ce projet : exposition d’objets de la Première Guerre mondiale, à l’issue d’une grande collecte auprès des élèves, exposition de planches de bandes dessinées en lien avec la Grande Guerre. Les auteurs Barroux et Emmanuel Cassier ont accompagné les élèves dans la rédaction d’une bande dessinée retraçant la vie des 24 poilus. Un recueil de témoignages imagés et imaginés, autour de la Grande Guerre, est également réalisé.
Avant l’orage, recueil de lettres fictives de soldats écrites par des élèves de primaire de l’école de Montlaur
26
projets labellisés Centenaire
71
classes ont contribué au site « Monuments de mémoire » pour un total équivalent à 30 % de la production en Occitanie
100
classes ont suivi les parcours pédagogiques au musée de l’uniforme
2000
élèves mobilisés chaque année à l’occasion des commémorations
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Au lycée « Impressions de guerre : 1914-1918 » Lycée Louis Querbes à Rodez En 2014, les élèves de 1re ont contribué à la publication de cet ouvrage à partir de deux carnets de guerre inédits. Publication qui a été suivie de deux expositions à destination du public, d’émissions radio, de reportage télévisé et de la réalisation d’un blog.
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Extrait du carnet de guerre du poilu Roger Gamel au 11/11/18
« On parle d’armistice. À Paris devant le Matin la foule est immense, à 11 heures le canon annonce la signature de l’Armistice. La foule est en délire, des cortèges se forment, les poilus sont portés en triomphe. »
Extrait du journal de guerre de l’infirmière Mimi Jacob au 23/08/14
« La journée est consacrée, par ici, à enterrer les milliers de morts qui couvrent le vaste champ de bataille ; les pauvres victimes de cette horrible tuerie sont entassées dans d’énormes trous, sans distinction de rang ni même de nationalité ; une simple croix signalera le lieu de leur ensevelissement. »
Les Archives départementales de l’Aveyron
Depuis 2014, le service éducatif des Archives départementales de l’Aveyron a accompagné des enseignants des écoles, des collèges et des lycées dans de nombreux projets pédagogiques et des concours.
Ci-dessous: Lettre extraite de la correspondance de Germain Ravailhe mobilisé sur le front d’Orient, Cote AD12-214J1
Ainsi, les écoles de Flavin (2017) et de Saint-Laurent-d’Olt (2018) primées lors de leur participation au concours des « Petits artistes de la mémoire » ont bénéficié de sources originales. Le fonds Bouloc (Cote AD12-1J1637) constitué de papiers militaires et d’objets personnels permet de retracer le parcours du Flavinois Charles Bouloc appelé et mort au combat en 1915. Quant au dossier professionnel d’Eugène Planchon, il apporte des éléments inédits sur la vie de l’instituteur de Saint-Laurent-d’Olt mort des suites de ses blessures dès 1914 (Cote AD12-5T4-44). Le service éducatif a, depuis cinq ans, mis à la disposition des professeurs et de leurs élèves des documents issus des magasins de conservation ainsi que des documents nouvellement reçus ou numérisés lors de « La Grande collecte ». Il a contribué à la diversification et à l’enrichissement du corpus documentaire aussi bien en mettant en ligne une exposition virtuelle et une fiche pédagogique sur les monuments aux morts en Aveyron (archives.aveyron.fr) qu’en répondant aux nombreuses sollicitations : fiches matricules, carnets de poilus, correspondances (de Germain Ravailhe mobilisé sur le front d’Orient, Cote AD12-214J1 …), photographies aériennes de tranchées (fonds Montarnal Cote : AD12-7J15)… Par ailleurs, le service éducatif a contribué à la formation des enseignants aussi bien en participant à la journée organisée par MM. Cédric Marty et Fabrice Pappola sur « La Grande guerre et l’Aveyron » (Rodez, mai 2016) qu’en aidant à l’utilisation des ressources des Archives (Fiches matricules et Livre d’Or de l’Aveyron mis en ligne et l’exploitation pédagogique d’expositions scientifiques comme « La Victoire et ses lendemains en Aveyron »).
Emily Teyssèdre-Jullian Professeur chargé de mission aux Archives départementales de l’Aveyron
Ci-dessus : Dossier professionnel d’Eugène Planchon, instituteur de Saint-Laurent-d’Olt mort des suites de ses blessures dès 1914 (Cote AD12-5T4-44)
Stéphanie Bernad et Evelyne Stoutah
Responsables des recherches documentaires et des visites aux Archives départementales de l’Aveyron 57
Le fond constituÊ de papiers militaires et d’objets personnels permet de retracer le parcours du Flavinois Charles Bouloc appelÊ et mort au combat en 1915. Bouloc (Cote AD12-1J1637)
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Grand angle Classes de première + 2017-2018
« Du lycée de Rodez au lycée Foch » Lycée Foch de Rodez
Comment la Première Guerre mondiale a-t-elle bouleversé la vie d’un lycée de l’arrière ? À partir des documents conservés aux Archives départementales de l’Aveyron, les élèves de première ont retracé la vie quotidienne du lycée de garçons de Rodez entre 1914 et 1918 et l’ont comparée avec leur vie actuelle. Le cas de « l’amnésique de Rodez » - histoire tragique qui témoigne autant des traumatismes psychologiques que des souffrances des familles endeuillées - a fait l’objet d’un travail spécifique à partir d’œuvres littéraires (Anouilh, Apollinaire…) Ce soldat amnésique a en effet été interné à l’emplacement de l’actuel lycée Foch de Rodez. Les élèves ont également analysé les plaques commémoratives qui se trouvent dans l’enceinte du lycée. L’objectif était double : incarner l’histoire en rédigeant la biographie des anciens élèves dont les noms ont été gravés dans le marbre et remettre en lumière la mémoire de la Grande Guerre au sein de l’établissement. Ces plaques commémoratives sont en effet méconnues des élèves et des personnels car rendues invisibles par des aménagements successifs. Les élèves ont ainsi proposé des solutions et entrepris les démarches afin de rendre à nouveau visibles ces traces de la Grande Guerre. Ils ont rencontré des professionnels, ont pris connaissance des devis et ont rédigé des courriers afin d’obtenir des aides financières. La décision a finalement été prise de revaloriser l’espace et de le réaménager afin d’accéder aisément aux plaques commémoratives (cheminement, éclairage, création d’un parvis, nettoyage, plantation et signalétique).
Détail du registre des entrées et des sorties des élèves (1914-1923). Archives départementales de l’Aveyron (Cote : 11T3-95)
Le jeudi 15 novembre 2018, au cours d’une cérémonie d’inauguration, les élèves actuellement en Terminale ont présenté les résultats de leurs recherches. Au-delà de la redécouverte de l’histoire du lycée de garçons de Rodez qui devient officiellement le lycée Foch en 1931, ce travail d’histoire et de mémoire a permis de fédérer les élèves et tous les personnels de l’établissement (les professeurs, le service de gestion et les services techniques).
Emily Teyssèdre-Jullian Professeur chargé de mission aux Archives départementales de l’Aveyron
Photographie prise pendant la cérémonie du 15 novembre 1918
« … rendre à nouveau visibles ces traces de la Grande Guerre » 59
Les plaques commémoratives au cœur du projet
Parole d’élève
Texte écrit et lu par un élève de première au cours de la cérémonie du 15 novembre 2018
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« Lorsque, l’an dernier, en introduction de notre cours d’histoire, nous avons découvert les plaques commémoratives, nous avons été très étonnés. En effet, pourquoi installer ces plaques à cet endroit-là alors qu’elles ne sont plus visibles ? […] Nous avons donc envisagé de les déplacer pour les installer à l’entrée de l’établissement mais malheureusement le coût était trop exorbitant pour notre établissement. [….] Sur ces trois grandes plaques de marbre, 163 noms sont gravés. 159 sont des anciens élèves et 4 sont des membres du personnel. À travers les quelques biographies présentées aujourd’hui, nous souhaitons honorer nos prédécesseurs. […] Si la plupart sont tués sur le f ront occidental lors de batailles tristement célèbres en France et en Belgique, certains meurent en Orient : c’est le cas d’André Dumoulin qui disparaît dans la presqu’île de Gallipoli, le 30 juin 1915, un mois et demi après être arrivé dans les Dardanelles. […] Parmi les anciens élèves morts pour la France, ils sont nombreux à avoir fait ou seulement entamé de brillantes études supérieures : Saint-Cyriens comme Charles Bouniol, Georges Odone et Basile Imbec ; Polytechniciens comme Henri Puypallat, Jean Puyo et Charles Carcopino. […] Joseph Marty était un des élèves les plus brillants de sa génération. Professeur au Lycée de Carcassonne puis d’Albi, il venait d’être nommé à Toulouse lorsqu’il est mobilisé. Il fait partie des 239 Normaliens dont 22 agrégés de Mathématiques morts pour la France. […] Plusieurs appartiennent au corps médical : Christian Bourjade, par exemple, est tué à 22 ans dans le secteur de Verdun. Étudiant à la faculté de médecine de Montpellier lors de la mobilisation, il est nommé médecin auxiliaire. Il procédait à l’évacuation de blessés lorsqu’il est victime d’un violent bombardement d’obus de gaz toxiques. [….] La majorité des noms inscrits sur les plaques concerne de jeunes hommes encore étudiants. »
« Irénée LACROIX, 4 ans de tranchées » (2016) École Jules Ferry, Naucelle Classe CM2 de Mme Sénézergues Virginie. Lauréat académique 2016
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Liste des projets labellisés
« Parcours pédagogique autour de la Grande Guerre » (2014) Parcours et ateliers pédagogiques. Musée de l’uniforme, Livinhac-Le-Haut
« Sur les traces de la Grande Guerre à Millau » (2014) Productions radiophoniques à partir des travaux des élèves. École primaire Paul Bert-Jean Macé, Millau
« Mémoire de guerre en Lévezou » (2014) Exposition et spectacle en langue occitane et française. Collège Jean Amans, Pont-De-Salars
« À la recherche des traces de la Grande Guerre » (2014) Collecte de documents, blog et édition ouvrage. Lycée Louis Querbes, Rodez
« Rodez et la Grande Guerre » (2014) Élaboration d’un journal et traduction pour les collégiens européens. Collège Fabre, Rodez
« Parole tranchée » (2014) Représentation théâtrale et exposition d’objets. Collège du Sacré Cœur, Rodez
« Chronique de la GG dans le Saint-Affricain » (2014) Émissions de radio avec une station locale. Lycée Jean Jaurès, Saint-Affrique
« Lieux de violence-lieux de guerre-lieux de paix » (2015) Réalisation d’un film intitulé L’horizon bleu. Collège Voltaire, Capdenac-Gare
« Un régiment aveyronnais dans la Grande Guerre : le 122e RI » (2015) Animation d’un blog. Lycée Jean Vigo, Millau
« Juste avant l’orage » (2015) Publication d’un ouvrage. École publique du Rougier, Montlaur
« Les mémoires paysannes en Aveyron (des labours… aux tranchées) » (2015) Édition d’une plaquette et d’un blog. Lycée Alexis Monteil, Rodez
« Commémorations de la guerre de 1914-1918 à Sébazac » (2015) Exposition, production musicale. Écoles de Sebazac-Concoures et de Concoures
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« 1914-1918: guerre totale, aperçu local » (2015) Exposition. Collège Francis Carco, Villefranche-de-Rouergue
« Lettres de femmes aux poilus » (2016) Réalisation de films d’animation. École élémentaire Georges Brassens, Baraqueville
« Saint-Gabriel dans le devoir de mémoire » (2016) Enquête sur le parcours d’anciens élèves et professeurs de l’établissement. Lycée St Gabriel, Saint-Affrique
« Du monument aux morts au Front » (2017) Parcours des combattants de la commune et réalisation d’une carte. École élémentaire Marcel Pagnol, Flavin
« Le Réseau Saint-Affricain dans le devoir de Mémoire » (2017) Exposition itinérante. 11 établissements du primaire et du secondaire, publics et privés, général et professionnel, Saint-Affrique
« À la croisée des regards, 1918-2018 : portraits de la Grande Guerre » (2018) Travail sur 22 combattants inclus dans la cérémonie du 11 novembre. Collège Fabre, Rodez
« Du lycée de Rodez au lycée Foch » (2018) Enquête sur l’histoire du lycée pendant la guerre. Lycée Foch, Rodez
« Récits d’écoliers sur Maurice Boyau » (2018) Travail sur un As de la Grande Guerre et grand rugbyman français. École Saint-Felix de Sorgues
« De la guerre à la paix. 1918 – 2019 » (2019) Réalisation de capsules vidéo lors d’un voyage à Verdun et travaux d’écriture. Collège Amans-Joseph-Fabre, Rodez
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31 DĂŠpartement de la Haute-Garonne
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Le mot de madame l’inspectrice d’académie, Dasen Le centenaire de la Première Guerre mondiale a mobilisé l’École en Haute-Garonne. Une belle floraison de projets portés par les professeurs a rythmé la campagne de commémoration, célébré et honoré la mémoire des morts pour la France de la Grande Guerre. Les élèves sont entrés dans l’histoire et ont partagé la vie quotidienne, sur le front et l’arrière, des soldats et des civils. Le 11 novembre 2018 a marqué le centenaire de l’armistice de 1918 qui a mis fin aux combats de la Première Guerre mondiale sur le f ront occidental et la f in du cycle de commémoration engagé depuis 2014. La cérémonie du 11 novembre 2018 a été un temps de rassemblement fort, solennel et fraternel dans tout le département pour la construction de la Paix et la promotion des valeurs de la République par l’hommage chaleureux des élèves à travers les chants, les lectures publiques.
Madame Laporte, Directrice académique des services de l’Éducation nationale de la Haute-Garonne. 66
Anticipant l’ampleur de la mobilisation des différents acteurs de l’Éducation nationale dans le cycle des commémorations du centenaire de la Première Guerre mondiale, la Direction des Services Académiques de Haute-Garonne a, dès l’origine, mobilisé les corps d’inspection pédagogiques pour soutenir et encourager les multiples initiatives appelées à naître de ce contexte mémoriel et patrimonial particulier, afin de mettre en lumière le remarquable engagement des enseignants et de leurs élèves. Au total, plus de cinquante projets issus du département ont été proposés au comité académique du centenaire en vue de leur labellisation officielle par la Mission nationale. L’immense majorité de ces dossiers a reçu un accueil très favorable de la part de ces instances officielles. Ils n’ont pour autant représenté qu’une petite partie des centaines d’actions menées dans les établissements du département. La qualité de ces initiatives pédagogiques souligne la perception par le corps enseignant des enjeux historiques, culturels et civiques inhérents à un cycle commémoratif qui aura su susciter l’investissement de l’ensemble des acteurs du système éducatif. La grande variété des projets menés est un autre signe de la détermination à donner du sens à ce contexte pédagogique particulier. En effet, si l’étude des traces matérielles de la guerre (lycée Pierre de Fermat de Toulouse, collège les Roussillous de Saint Pierre de Lages, …) ou des monuments aux morts (lycée Toulouse-Lautrec, lycée Raymond Naves, …) a constitué un axe majeur des initiatives menées dans les classes et en dehors, l’analyse du parcours de soldats ou de personnalités célèbres, ou encore l’élaboration d’œuvres documentaires ou fictionnelles s’appuyant sur des faits historiques avérés (lycée professionnel Joseph Gallieni, lycée Saint-Joseph, collège JeanPierre Vernant, …) a également fortement mobilisé les énergies créatrices et pédagogiques. Les études ont aussi comparé les expériences de combattants issus de différents pays en guerre, parfois adversaires (Lycée Pierre-Paul Riquet de Saint-Orens de Gameville, lycée Victor Hugo de Colomiers …). La collecte, auprès des familles, d’objets jusqu’ici conservés en tant qu’élément du patrimoine familial a permis l’élaboration d’expositions denses et ambitieuses, aptes à réunir autour d’un même évènement élèves, parents et communauté enseignante (lycée Pierre d’Aragon de Muret, collège Montesquieu de Cugnaux, …). De multiples autres initiatives ont été concrétisées, grâce à la rigueur et au dynamisme de nombreux enseignants et personnels, parfois sous des formes particulièrement originales à l’image de spectacles musicaux ayant pour thème la Première Guerre mondiale, son histoire et ses mémoires (lycée Ozenne, collège André Malraux de Ramonville, …).
Élèves et professeurs du lycée professionnel Joseph Gallieni de Toulouse, le 5 avril 2014, lors de la présentation de leur documentaire consacré au maréchal éponyme (DR)
Les établissements du premier degré se sont tout autant impliqués dans le succès de ce cycle commémoratif. De nombreux établissements ont participé au concours des Petits Artistes de la Mémoire organisé par l’ONAC-VG et dont l’école élémentaire de Garidech en a été la lauréate académique en 2016. Des dizaines de classes ont accompagné, tant à Toulouse que dans les autres communes du département, les cérémonies successives du 11 novembre. Parmi ces dernières, celle de 2018, marquant le centenaire de l’armistice de 1918, a réuni à Toulouse près de 300 élèves, qui ont rendu par leurs chants et leurs lectures publiques un digne hommage à la mémoire de tous les soldats mobilisés lors de ce conflit.
La production des élèves de l’école de Garidech, lauréats académiques 2016 du concours des Petits Artistes de la Mémoire (DR)
Ainsi, avec le soutien actif de nombreux partenaires institutionnels et associatifs, les établissements de Haute-Garonne, grâce à l’engagement résolu de leurs personnels, au premier rang desquels leurs enseignants, du premier comme du second degré, dans toute leur diversité, ont su accompagner des milliers d’élèves dans des démarches pédagogiques, culturelles et patrimoniales variées et originales. Nos établissements se sont de ce fait saisis du devoir d’histoire qui nous incombe, tout en donnant corps aux finalités civiques du cycle commémoratif du centenaire du premier conflit mondial.
Référents départementaux,
Michèle Courtin, Fabrice Pappola
Exposition « 14-18, Fragments de guerre », élaborée par les élèves du collège Montesquieu de Cugnaux, octobre 2014 (DR)
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Les Archives départementales de la Haute-Garonne
À l’occasion du Centenaire de la Première Guerre mondiale, le service éducatif des Archives départementales de la Haute-Garonne propose diverses activités pour les classes, à partir du cycle 3 jusqu’à la Terminale. L’ancrage local de l’histoire nationale est rendu possible par l’étude de fonds privés concernant le destin d’un poilu haut-garonnais, Baptiste Jean-Marie Couzy : son livret militaire et la fiche extraite du registre matricule permettent en effet de rendre concrète l’expérience d’un homme au cœur des combats ; ses cartes postales et effets personnels conservés par sa famille apportent un éclairage précieux sur sa vie quotidienne autant que sur le souvenir de sa disparition. Les différents ateliers pédagogiques dédiés à la Première Guerre mondiale amènent les élèves à appréhender la vie des combattants dans les tranchées à partir des fonds conservés dans les Archives. Enseignants du premier et du second degrés peuvent ici s’appuyer sur les livrets publiés par le service éducatif avant le centenaire tels que Lire la guerre, Écrire la guerre. Enfin, les Archives départementales de la Haute-Garonne ont souhaité mettre l’accent sur l’étude des monuments aux morts, à Saint-Gaudens comme dans le Volvestre. Les délibérations des conseils municipaux, les croquis préparatoires, les devis conservés invitent à une réflexion tant sur le langage symbolique et les valeurs véhiculées par la République que sur l’aspect mémoriel. Ancrages visibles dans le paysage, les monuments aux morts donnent sens à l’engagement laïque et citoyen.
1914. La guerre. Nos cuisines militaires et la Croix Rouge, Paris, Louis Lévy, entre 1914 et 1918, carte postale, ADHG 45 FI 69
Mafrécourt [Maffrécourt] : le lavoir (Copyright La Stéréoscopie Universelle, Paris) / reproduction par les Archives départementales de la Haute-Garonne (1 Num 57 22). ADHG LSU 2088. Document issu de la Grande Collecte
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Demande de subvention pour la commune de Saint-Gaudens pour l’érection d’un monument aux morts, 1919, ADHG, O 96 002 (dossier)
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Les Archives municipales de Toulouse
Collectant et conservant de nombreux documents relatifs à la Grande Guerre, cette institution culturelle de premier plan a lancé des projets ambitieux et originaux afin de valoriser ses fonds. Les Archives municipales de Toulouse n’ont pas attendu le lancement du centenaire de la Première Guerre mondiale pour valoriser leurs fonds. Citons à titre d’exemples les deux expositions consacrées au conflit en 1998 et en 2008, ainsi que l’ouvrage consacré aux cartes postales éditées à Toulouse ou aux photographies prises par Raoul Berthelé à l’arrière-front. À l’occasion du centenaire, les archives municipales de Toulouse ont obtenu la labellisation de plusieurs projets à l’instar de l’inventaire des monuments aux morts de Toulouse. Le service éducatif, particulièrement dynamique, propose un accompagnement des projets et met à la disposition des enseignants et de leurs élèves des ressources et des outils intéressants, parmi lesquels :
es expositions itinérantes sur Toulouse et la guerre D 1914-1918 ;
Un parcours culturel sur « les années 1914-1918 à Toulouse » permettant aux élèves d’appréhender la Grande Guerre dans la ville ;
L’application Urban-Hist, proposant une carte des éléments liés à la Grande Guerre dans Toulouse ainsi que des balades thématiques ;
L’étude détaillée du monument des combattants de la Haute-Garonne, des allées François-Verdier à Toulouse ;
Une base de ressources en ligne, régulièrement enrichie de documents contextualisés et analysés ;
Un guide des sources de la Grande Guerre offrant une approche thématique de l’ensemble des fonds relatifs à la guerre ;
Photographie Brigitte Berthemet, classe de 302, collège Romain Rolland, Saint-Jean, exposition itinérante Toulouse et la Première Guerre mondiale, service éducatif des Archives municipales de Toulouse, 19 septembre 2018
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Une base de données consacrée aux images de la guerre : on y trouve des portraits de militaires, de souverains impliqués dans le conflit, des croquis figurant les principales actions de guerre (66Fi), des documents familiaux (73Fi, 74Fi, 75Fi) et des témoignages tels que le carnet de guerre de Nicolas Marty ou les photographies de Raoul Berthelé.
1 [Album de la poudrerie : femmes au travail]. Usine de produits explosifs, dite la Poudrerie Nationale, SNPE, 1 chemin de la Loge, Toulouse. Guerre 1914-1918. Deux femmes manipulant un levier d’aiguillage lors du passage d’un train, sous le regard d’un cheminot. Photographie 98 extraite de l’album de 50 pages, 99 photographies. Photographie NB, 12 x 17 cm. Ville de Toulouse, Archives municipales, 16Fi22/98.
1
2 [ La guerre 1914 à Toulouse] Toulouse. Gare Matabiau. (12 septembre 1914). Départ des tramways de blessés Turcos pour les divers hôpitaux. 1914. Tramways à plusieurs voitures ; foule de badauds. Vue d’ensemble en plongée. Provost. Carte postale NB, papier, phototypie, 9 x 14 cm Ville de Toulouse, Archives municipales, 9Fi5364
3 T oulouse. Retour du XVIIe Corps (9 août 1919). La foule devant le cénotaphe.
2
Place du Capitole. 9 août 1919. Vue d’ensemble en plongée. Carte postale NB. Édition Bayard (Toulouse) Provost - Ville de Toulouse, Archives municipales, 9Fi5730
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Grand angle Classes de troisième + 2013-2019
« Passages de témoins » Collège Condorcet, Nailloux
Que reste-t-il de la Grande Guerre ? Telle est la question que les élèves se sont d’abord posés en plaçant la notion de « patrimoine » au cœur de leur projet. Recueillant des traces du conflit dans leur environnement proche – aux abords du collège et dans leurs familles – ils se sont ensuite interrogés sur ce qu’ils souhaitaient transmettre et ont élaboré et réalisé un « monument du centenaire » composé de 28 visages en argile – comme autant de noms inscrits dans les monuments aux morts – émergeant d’un champ de bataille labouré par les obus. Ce travail artistique a reçu le soutien du Conseil départemental de la Haute-Garonne et a été coulé en bronze pour être durablement installé à l’entrée du collège.
« Paysages de guerre » Des photographies de paysages prises aux abords du collège ont été insérées dans les vues de divers champs de bataille du front de l’ouest, permettant aux élèves de comprendre que l’imaginaire du conflit n’est pas cantonné aux sites marqués par les combats. Une ligne d’horizon, un terrain agricole, un sentier à l’orée d’un bois ou une ferme abandonnée peuvent évoquer la Grande Guerre, même dans une région éloignée du f ront, pourvu qu’on explicite ce lien. Cette idée a été développée ensuite autour d’un paysage virtuel de 18 mètres mêlant différentes prises de vue autour de la ligne d’horizon.
« Objets de guerre » Les élèves ont été invités à mettre en relation des photographies montrant des objets utilisés par les soldats au quotidien (casques, bidons, quarts, masques à gaz, appareils photographiques, bougeoirs, etc.) et ces mêmes objets « muséifiés », qu’ils ont pu manipuler grâce au prêt d’une mallette pédagogique de CANOPE Toulouse. Ils ont ainsi tenté de saisir par la photographie le passage du temps (aspérités, rouilles, bosses, craquelures, etc.) en jouant sur l’ombre et la lumière.
« Rephotographies » des champs de bataille
La mémoire de la Grande Guerre au prisme de la photographie Les travaux se sont ensuite orientés vers la photographie, en explorant les liens entre le passé et le présent, en s’attachant à la mémoire de la Grande Guerre autant qu’aux lieux et aux objets dans lesquels elle s’incarne. Chacun de ces projets était en effet articulé à la visite et l’étude de lieux de mémoire choisis dans les anciennes zones de combats : La Main de Massiges, Verdun, Vauquois et le Chemin des Dames (en 2016 et 2017), La Somme et l’Artois (en 2018) et L’Hartmannswillerkopf (en 2019). Cette approche a donné lieu à trois types de travaux :
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Le voyage organisé l’an passé pour les deux classes menant le projet a amené les élèves, à la Main de Massiges, à Verdun et sur le Chemin des Dames à faire de la « rephotographie ». Il s’agissait pour eux d’utiliser des photographies prises dans chacun de ces secteurs et de les intégrer à une photographie de manière à placer l’élève au centre de ce lien (ici incarné par le bras et la main) entre un passé révolu et un paysage qui porte autant les marques des combats de la Grande Guerre que celles de la mise en mémoire du site. Ce travail a notamment permis à une de nos élèves, Ambre Guérout, d’être récompensée par la Fédération nationale André Maginot (prix de la Mémoire et du Civisme) pour sa Lettre à des ombres, en 2016 :
Parole d’élève « Lettre à des ombres » « Je pense à toi, combattant de la Main de Massiges... À toi qui, debout, dans la boue, en 1915, avançait dans des boyaux et des tranchées étroites construites en zigzag et protégées par des barbelés. Au même endroit, dans ce gigantesque labyrinthe mortel, je me suis senti oppressé, étouffé par ces murs de terre où notre vision se restreint aux quelques mètres de boyaux situés devant et derrière nous, au ciel nuageux et aux petites fenêtres de tir. J’ai réalisé que cent ans auparavant, des hommes mourraient et étaient enterrés où l’on marche à présent. J’ai pris conscience de la difficulté à monter aux premières lignes, chargés d’une trentaine de kilos, d’y acheminer le matériel et la nourriture, de soigner et d’évacuer les blessés vers l’arrière. Je ne pourrai jamais réaliser quelles étaient précisément vos conditions de vie, mais j’imagine le vacarme des obus et le silence qui suit la bataille, la boue qui se glisse partout, le froid, l’humidité des abris, les bruits de l’ennemi dans la tranchée adverse ou ceux que l’on guette, sous terre, angoissé à l’idée d’une explosion de mine. Je pense à toi, combattant de Verdun... À toi qui empruntais la « Voie sacrée » pour monter au front il y a cent ans jour pour jour. Nous avons traversé la « zone rouge » avant d’arriver au fort de Vaux, où des centaines de soldats ont été pris au piège et ont réussi à tenir face à l’offensive allemande dans des conditions très éprouvantes. Nous avons vu ces lits en fer avec des planches de bois recouverts de paille, mais comment réaliser les odeurs, la faim et la soif, les cris des blessés que l’infirmerie ne suffisait pas à accueillir. Dans le village de Fleury-devant-Douaumont, mort pour la France, j’ai eu du mal à imaginer à quoi pouvait ressembler le lieu par lequel tu étais peut-être passé : en 1916, ce village et les forêts qui l’entourent ont été bombardés et rasés par l’artillerie allemande. À la place de ce paysage poétique et silencieux, j’imagine le paysage lunaire, désolant, où tombaient des pluies d’obus déchaînés ; à la place de ces forêts verdoyantes, des trous d’obus et une terre retournée. Où es-tu enterré, combattant de Verdun ? Dans les forêts qui ont repoussé sur le champ de bataille, sous une croix blanche dans la nécropole ou dans l’ossuaire de Douaumont ? Tout cet alignement de croix symbolise la mort de masse, mais c’est ici que j’ai réalisé que les centaines de milliers de morts étaient plus que des simples chiffres, mais qu’ils renverront désormais dans mon esprit à des noms et des prénoms souvent familiers. Je pense à toi, combattant du Chemin des Dames... On t’avait promis une progression rapide, mais sur tes pas et ceux de tes camarades, on comprend l’impossibilité d’avancer. Même si la nature cache aujourd’hui toutes les cicatrices de la guerre – les trous d’obus, les tranchées et les vestiges de caves – , on réalise la verticalité des pentes à gravir pour arriver jusqu’aux tranchées allemandes, sous le poids de l’équipement et le feu des lignes allemandes. On devine la violence et l’acharnement des combats. On mesure aussi ta lassitude en 1917, le découragement et la colère qui pouvait être la tienne ou celle de tes camarades. Je pense à vous tous, combattants de la Grande Guerre, et à tous ceux qui, après vous, ont entretenu votre souvenir, me permettant aujourd’hui d’entrevoir vos ombres sur ces champs de mémoire. »
Professeurs,
Isabelle Kaminski, Mathieu Labidoire, Cédric Marty 73
« Edmond à la guerre » (2014-2017) École Eugène Montel, Cugnaux Classes de CM1-CM2 de Mme Alibert et Mme Devaureix. Court-métrage d’animation en partenariat avec l’association La Ménagerie et l’EMEA. Lauréat académique 2017. Mention artistique à l’échelle nationale.
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Liste des projets labellisés
« Étudier et mettre en récit les mémoires... » (2013) Mémoires héritées, histoire partagée. Lycée Ozenne, Toulouse
« Commémorer dans le cadre d’un échange franco-italien » (2014) Mémoires héritées, histoire partagée. Collège Germaine Tillion, Aussonne
« La classe 14 » (2014) Exposition, voyage pédagogique, conférences. Lycée Pierre d’Aragon, Muret
« Une Europe en paix » (2014) Exposition et échanges avec un établissement belge et un institut italien. E.R.E.A., Muret
«S oldats allemands, soldats français : des expériences de guerre communes ? » (2014) Exposition coréalisée avec des lycéens allemands à partir de sources locales. Lycée Pierre-Paul Riquet, Saint-Orens de Gameville
« Traces, histoire, mémoire » (2014) Exposition. Collège René Cassin, Saint-Orens de Gameville
« Des monuments aux morts au front : les élèves mènent l’enquête ! » (2014) Story-map en ligne, réalisation de panneaux grands formats. Lycée Raymond Naves, Toulouse
« Les mémoires de la Première Guerre mondiale, une perspective européenne » (2014) Mémoires héritées, histoire partagée. Lycée Pierre de Fermat, Toulouse
« Retrouver la Grande Guerre et culture de guerre. Héritages collectifs et spatiaux autour d’un patrimoine commun » (2014) Exposition et publication. Lycée Rive Gauche, Toulouse
« Se souvenir et transmettre » (2014) Exposition photographique et production d’un livret. Lycée Toulouse-Lautrec, Toulouse
« Commémorons les mémoires, partageons notre histoire » (2014) Mémoires héritées, histoire partagée. Collège Vauquelin, Toulouse
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« Jean Jaurès, première victime de la guerre » (2014) Réalisation d’un journal. Collège Marcel Doret, Le Vernet
« Passages de témoins » (2014-2019) Réalisation d’une sculpture, d’un site internet, de gravures et de travaux photographiques. Collège Condorcet, Nailloux
« Poilus, Tommies et Frontschweine se découvrent ? Les fraternisations pendant la Grande Guerre et leur utilisation après-guerre par les courants pacifistes » (2015) Mémoires héritées, histoire partagée. Lycée international Victor Hugo / Deutsche Schule Toulouse, Colomiers
« Les enfants de Fonsorbes d’hier à aujourd’hui : de 1914-1918 à 2014-2018 » (2015) Collecte, étude du patrimoine local et réalisation d’une bande dessinée. Collège Cantelauze, Fonsorbes
« Pierres de Mémoire » (2015) Exposition réalisée à partir des monuments aux morts. Collège Georges Brassens, Montastruc La Conseillère
« Dire les guerres » (2015) Rédaction et présentation publique de discours en langue des signes française. Collège A. Malraux, Ramonville
« Comment se rappeler la Grande Guerre ? Un parcours tout en musique » (2015) Concert. Collège A. Malraux, Ramonville
« Quête et enquête sur la Grande Guerre » (2015) Exposition et reconstitution d’une tranchée. Collège Les Rousillous, Saint-Pierre de Lages
« La guerre de 14-18. La redécouverte d’un passé : de l’histoire individuelle et familiale à l’histoire collective et mondiale » (2015) Collecte d’objets et exposition. Collège Les Chalets, Toulouse
« Les mots de la Guerre » (2015) Réalisation d’un lexique recensant les traces laissées par le conflit dans la langue. Collège Hubertine Auclert, Toulouse
« Court métrage sur les mémoires familiales et les histoires comparées » (2015) Mémoires héritées, histoire partagée. Lycée général et technologique Ozenne, Toulouse
« Se souvenir, raconter, partager » (2015) Réalisation d’une œuvre artistique. Lycée Saint Joseph, Toulouse
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« L’expérience combattante : un soldat et sa guerre en Haute-Garonne » (2015) Rédaction de lettres. Collège Jean-Pierre Vernant, Toulouse
« Le Journal de guerre de Frédéric B. » (2015-2018) Création d’un journal numérique sur Facebook et Twitter, nourrie par les productions d’élèves. Collège Irène-Jolliot Curie, Fontenilles
« Des morts aux vivants : la mémoire citoyenne. Comprendre la guerre pour construire un monde en paix » (2016) Réalisation d’une fresque sur la bataille de Verdun et enquête sur Joseph Rey. Collège Joseph Rey, Cadours
« Les élèves dans le miroir des soldats défigurés de la Grande Guerre » (2016) Travaux artistiques autour des « gueules cassées ». Collège François Mitterrand, Caraman
« Première Guerre mondiale : la guerre des «Autres» » (2016) Mémoires héritées, histoire partagée. Lycée Henri Matisse, Cugnaux
« Du font à l’arrière, regards pluriels sur la Première Guerre mondiale » (2016) Exposition. Lycée Jean-Pierre Vernant, Pins Justaret
« La participation des colonies aux deux guerres mondiales : les travailleurs indochinois en région toulousaines » (2016) Élaboration d’un parcours pédagogique à partir d’une exposition conçue par l’université Toulouse Jean Jaurès. Lycée des Arènes, Toulouse
« Combattre au quotidien lors de la Première Guerre mondiale » (2017-2019) Conférences et cycle cinématographique. Collège Bertrand Laralde, Montrejeau
« Les monuments aux morts, de l’histoire locale à la réflexion citoyenne » (2018) Réalisation de monuments aux morts miniatures et d’une fresque photographique. Collège Joseph Niel, Muret
« Sur les traces des Poilus Saint-Lysiens » (2018) Enquête sur des parcours individuels de combattants. Collège Léo Ferré, Saint-Lys
« Un monument pour se souvenir de la Grande Guerre en Volvestre » (2019) Élaboration et réalisation d’un monument commémoratif et exposition sur les monuments aux morts. Collège Stella Blandy, Montesquieu-Volvestre
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32 DĂŠpartement du Gers
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Le mot de monsieur l’inspecteur d’académie, Dasen L’année 2014 a marqué le début d’un cycle commémoratif qui s’est construit autour d’enjeux majeurs. Les écoles, les collèges et les lycées se sont mobilisés pour permettre à nos jeunes générations d’appréhender la connaissance et la compréhension de la Grande Guerre durant laquelle des milliers de vies humaines ont été sacrifiées. Au-delà d’un engagement collectif autour de la cérémonie du 11 novembre, de nombreux projets, souvent inter-degrés et transdisciplinaires, ont été mis en œuvre. L’action de la DSDEN a permis de favoriser les partenariats, notamment avec CANOPÉ, l’ONAC, les Archives départementales, le musée départemental de la résistance et de la déportation du Gers ainsi que le conseil départemental. Plusieurs projets ont été labellisés par la Mission du Centenaire de la Première Guerre mondiale. Vous pourrez découvrir ici un très bref aperçu de l’engagement de nos élèves dans cette aventure rétrospective.
La DSDEN du Gers a accompagné durant l’ensemble du cycle commémoratif les actions et projets portés par les écoles, collèges et lycées du département. Les cérémonies du 11 novembre ont localement permis de mettre en lumière le travail effectué par les élèves. Ainsi, à Fleurance, les collégiens ont travaillé sur les formes du monument aux morts, ses symboles, ses significations, ainsi que sur une dizaine de noms. Ceux-ci ont donné lieu à des recherches en ligne sur le site « Mémoire des hommes » et à un travail aux Archives départementales pour compléter les informations réunies en ligne. Les élèves ont ainsi retracé les parcours des combattants, dans la mesure du possible, par des photos, des descriptions ou des récits de leur vie avant et pendant la Grande Guerre. Outre la participation importante aux cérémonies du 11 novembre, plusieurs projets illustrent la richesse et la diversité des initiatives sur le territoire. Plusieurs ont reçu la labellisation de la Mission du Centenaire de la Première Guerre mondiale. Au collège Carnot, les élèves de troisième ont élaboré des expositions annuelles permettant d’éclairer le sort des civils et militaires impliqués dans le conflit. La première, en 2014, a mis en lumière le parcours des Gersois morts pendant la Guerre. Pendant la Grande Guerre, le Gers a perdu plus de 7 % de ses 221 994 habitants. L’exposition, intitulée « leurs noms sont gravés dans la pierre », s’appuie sur de très nombreux documents issus des fonds du service historique de la Défense ou des Archives départementales du Gers. Elle propose ainsi un focus sur les batailles meurtrières dans lesquelles ont disparu des milliers de Gascons (Bertrix, Roclincourt, Champagne...). Un hommage particulier a été rendu au célèbre officier disparu au début du conflit, Alain Fournier, tué avec « ses » soldats gersois. Les parcours individuels de combattants ont également été au cœur du projet mené par les élèves du collège d’Eauze. Si la démarche est sensiblement la même, du monument aux morts aux registres matricules, les modalités de travail et la réalisation concrète proposent un projet d’écriture mêlant destins fictifs et réels de combattants de la région. Nourris par un séjour pédagogique organisé à Verdun, les élèves ont réfléchi à divers modes d’expression mobilisant la voix, le corps ou des percussions.
Monsieur Mathieu Blugeon, Directeur académique des services de l’Éducation nationale du Gers. 80
Référents départementaux,
Mathilde Mebarki, Elisabeth Nicolas-Foix, Jean-Claude Daures
Les Archives départementales du Gers
Actions menées par les Archives départementales du Gers dans le cadre des commémorations du centenaire de la Première Guerre mondiale :
Exposition « 1913, l’année d’avant » Exposition temporaire présentée du 15 novembre 2013 au 28 février 2014. Documents d’archives, plaques de verre, cartes postales, journaux ont contribué à révéler une photographie du Gers en cette année 1913 qui marque véritablement la fin du XIXe siècle et va rester, dans l’Histoire, « l’année d’avant ». 324 élèves ont visité cette exposition, du cycle 3 au lycée.
Visites du bâtiment des Archives départementales du Gers Présentation des locaux et des documents relatifs à la Première Guerre mondiale issus par la plupart de l’opération nationale « La Grande Collecte » : correspondance de Poilus, carnets de guerre, objets, etc. Plus de 750 élèves ont pu ainsi être en contact direct avec ces documents entre 2014 et 2018.
Exposition « La Grande Guerre à la ‘Une’ dans le Gers » s’est déroulée de 2013 à 2018 et a permis de recueillir plus d’une centaine de fonds privés tant originaux qu’en format numérique. Ces fonds se composent essentiellement de correspondances, de cartes postales, de photographies, de livrets mais aussi de quelques objets (médailles, clairons, montres, armes, cartouchières, cantines, obus décorés etc.). Les lettres de poilus ont été communiquées aux enseignants et, comme à Saverdun, travaillées pour être lues en public au moment de la cérémonie du 11 novembre 2018. Exposition itinérante « La Grande Guerre et le Gers » Co-rédigée en juin 2016 en partenariat avec le professeur du service éducatif, cette exposition, composée de 25 panneaux sur bâches (120 x 80 cm), décline l’exposition temporaire « La Grande Guerre à la ‘Une’ dans le Gers » pour offrir aux enseignants de 3e l’occasion d’aborder le sujet. Entre 2016 et 2018, elle a été présentée dans 5 lycées et 11 collèges gersois pendant 2 à 3 semaines. Roclincourt avec le Conseil départemental des jeunes du Gers En mai 2015, à l’occasion du centenaire de la bataille de Roclincourt (Pas-de-Calais), la plus meurtrière pour les régiments gersois, une commission du Conseil départemental des jeunes du Gers a travaillé en partenariat avec les Archives départementales, avant de se rendre ensuite sur place. 42 élèves (conseillers départementaux des jeunes) ont participé à cette opération. Partenariat avec « Canopé 32 » Un travail sur les monuments aux morts a été engagé avec des élèves de cycle dans le cadre d’un partenariat avec « Canopé 32 » entre les 12 et 22 novembre 2018 : dossiers d’inauguration, formes, inscriptions, descriptions ont été étudiés. Un travail de recherche a également été effectué sur les registres matricules récemment numérisés et intégrés dans la base « Grand Mémorial ». 145 élèves ont été accueillis dans le cadre de ce partenariat.
Catalogue d’exposition « 1913 : l’année d’avant, le Gers, il y a 100 ans »
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Exposition temporaire « La Grande Guerre à la ‘Une’ dans le Gers »
Exposition itinérante « La Grande Guerre et le Gers »
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Grand angle Classes de première et seconde + 2013-2019
« Des vies derrière la pierre, de toi à moi. Les chemins de transmission de la mémoire des Gersois dans la Grande Guerre » Lycée Bossuet, Condom Comment se transmet le souvenir de la Grande Guerre ? Depuis 2013, les élèves de Première du Lycée Bossuet de Condom (Gers) travaillent sur les chemins de transmission de la mémoire des Gersois dans la Grande Guerre, à travers le projet «Des vies derrière la pierre, de toi à moi», élaborant deux expositions par an. Comment amener les élèves à s’approprier le patrimoine et la mémoire collective en partant de son village ou d’archives familiales collectées ? Telle a été la démarche engagée en première dès 2011 avec l’appui des associations d’anciens combattants dans le cadre des parcours citoyen, avenir et d’éducation artistique et culturelle. Dès son commencement, le projet s’est attaché à comprendre les monuments aux morts des communes du Gers à travers un dépouillement exhaustif et des recherches menées par les élèves sur le site Mémoire des Hommes. Ce travail d’enquête permet progressivement de dresser le portrait des Morts pour la France et d’entrevoir « des vies derrière la pierre ». Les données récoltées ont ainsi permis d’élaborer une carte de localisation des Gersois morts sur le front. Chaque année, la Collecte a également permis de faire travailler les élèves sur l’histoire de leur famille à partir des objets retrouvés (carnets, cartes, médailles...). Ils ont ainsi nourri dix expositions réalisées depuis 2014 par quatre cohortes successives. Les expositions d’inviter les élèves des écoles du secteur pour partager leurs productions (Valence-sur-Baïse, St-Orens-PouyPetit). Les élèves ont également pu analyser un fonds photographique local (Camille Fenestra) ou un témoignage particulier (Maurice Faget) et de l’adapter en outil pédagogique. Bâti sur des travaux d’élèves réalisés en 1985 dans ce même lycée autour de témoignages d’hommes et de femmes ayant vécu le conflit, le second axe du projet explore les différentes formes de transmission de la mémoire et interroge plus particulièrement l’art : productions audio-visuelles avec la Compagnie des transports imaginaires (« Loin de Verdun » en 2014) ou la maison de production Tant mieux prod, autour des films d’animation sur Apollinaire notamment (2018), participation à la réalisation de bandes dessinées dans le cadre du concours « Bulles de mémoire » organisé par l’ONAC-VG, création de portraits de « gueules cassées »,…
Explorer les formes artistiques de transmission de la mémoire : portrait de « gueule cassée » par un élève du lycée Bossuet de Condom
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Un séjour pédagogique sur les lieux de mémoire (avril 2019) avec le soutien des associations d’anciens combattants et une émission radio en direct de l’exposition (en juin 2019 à Valence-sur-Baïse) avec tous les acteurs du projet depuis 2013 permettront de clore ce cycle commémoratif.
Parole d’élève « De toi à moi, chemins de transmission de la mémoire », témoignage d’une élève, Marie Bonetto. « C’est dans le cadre des cours d’histoire du lycée que mon professeur nous a demandé de faire des recherches dans notre famille pour savoir si nous avions des documents. J’ai donc demandé à ma mère qui a retrouvé les documents suivants. Ils étaient dans la maison où elle a grandi et où mon aïeul a vécu toute sa vie, à Mouchan. Je ne savais rien de cette histoire auparavant. […] Si nous avons retrouvé tous ces documents, c’est principalement parce qu’il a été blessé. Sur la citation à l’ordre, il est écrit qu’il a été blessé le 29 septembre 1918, plus précisément dans le motif de la citation. On y trouve également toute son identification de soldat : son grade, sa compagnie (la 10e), son numéro de matricule (386) et enfin son régiment d’infanterie (le 120e). Pour finir, on retrouve sur ce document la croix de guerre avec l’étoile de bronze qui lui a été attribuée. On a retrouvé un 2e document établi en 1919 qui atteste à nouveau de sa blessure. […] Mon arrière-grand-père a raconté à mon oncle comment il avait été blessé : « Il portait des munitions pour le soldat qui tenait le fusil mitrailleur, soit environ 40 kg. C’est en sautant dans une tranchée qu’il a reçu une balle dans un genou et dans sa chute, il s’est déboîté l’autre genou. » Mon professeur m’a aidé dans mes recherches en retrouvant la fiche matricule aux Archives départementales du Gers. […] J’ai également retrouvé ce discours sans doute écrit par mon arrière-grand-père qui s’adresse à ses camarades de Mouchan tués au combat : « Si nos camarades, Messieurs, sont morts au champ d’honneur, côte à côte, cœur à cœur, eux !... les enfants de toutes les classes et de toutes les sociétés… c’est pour que jamais même dans le choc cependant si nécessaire des idées et des doctrines ne renaissent parmi nous ces âpres querelles qui diviseront parfois les communes de France et dont notre Patrie faillit mourir… » »
Professeurs,
Arilla Sylvie, Agostini Marielle 84
« c’est pour que jamais même dans le choc ne renaissent parmi nous ces âpres querelles qui diviseront parfois les communes de France et dont notre Patrie faillit mourir »
« Henri Carrié, souvent frôlé, jamais touché » (2015) École de Saint-Georges Classes de CM de M. Filippi.
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Liste des projets labellisés
« Mémoire et bande dessinée : Représenter l’indicible » (2014) Critiques de bandes dessinées relatives à la Grande Guerre. Collège Mathalin, Auch
« Grande guerre et petits villages. Les répercussions de 14-18 dans le Gers » (2014) Exposition. Lycée Maréchal Lannes, Lectoure
« Des vies derrière la pierre : les Gersois dans la Grande Guerre » (2014-2018) Exposition. Lycée Bossuet, Condom
« Des petites mémoires individuelles pour porter une grande mémoire collective » (2016) Réalisation de masques sur le thème des « gueules cassées » et représentation théâtrale. Collège de l’Astarac, Mirande
« Sur les pas des soldats des 88e et 288e RI, les traces de la Grande Guerre » (2016-2019) Réalisation d’une maquette et d’une exposition. Collège Jean Rostand, Eauze
« Dans la peau d’un soldat au front » (2018) Ouvrage sur l’expérience d’un combattant. Lycée J. Saverne, L’isle jourdain
« La France en 1917, des ressources pour vaincre » (2018) Voyage pédagogique. Collège D’Artagnan, Nogaro
« En nos mémoires, maintenant » (2018-2019) Expositions. Collège Carnot, Auch
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46 DĂŠpartement du Lot
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Le mot de monsieur l’inspecteur d’académie, Dasen Le bilan des quatre années du cycle mémoriel du centenaire est très positif dans le département du Lot.
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Archives départementales du Lot
Une majorité d’établissements a participé aux événements mémoriels organisés par les différents partenaires. De plus, les projets pédagogiques menés par les enseignants sur l’implication locale dans la Grande Guerre ont permis de sensibiliser les élèves mais aussi de transmettre l’histoire et les mémoires de ce conflit.
Depuis 2014, les écoles, les collèges et les lycées du Lot se sont fortement mobilisés. De nombreux jeunes se sont impliqués lors des commémorations : participation à des chorales, lectures de lettres de poilus, porte-drapeaux. Les élèves, en amont de ces cérémonies, avaient travaillé sur les monuments aux morts de leurs communes. Leurs recherches aux Archives départementales et dans les mairies, encadrés par les enseignants, ont permis de mettre à jour des listes de soldats morts pour la France. Ils se sont aussi fortement mobilisés lors de la grande collecte. Beaucoup d’objets et de courriers relatifs à la Grande Guerre ont été retrouvés. Ils ont permis d’alimenter des expositions qui ont obtenu une labellisation. La DSDEN du Lot a aussi accompagné des actions départementales de formation des enseignants en partenariat avec les Archives départementales. Les professeurs des écoles ont ainsi pu acquérir une méthode de recherche permettant de reconstituer, avec leurs élèves, l’itinéraire des poilus décédés durant la Première Guerre mondiale. L’histoire locale, voire familiale, a permis de mettre en perspective l’histoire globale du conflit. Ce projet a rejoint la volonté du travail de mémoire engagé par le Département avec la mise en ligne du site Internet 14-18.lot.fr. Des projets départementaux ont aussi marqué ces quatre années avec des rallyes citoyens organisés sur plusieurs villes du département en partenariat avec l’ONAC, l’armée, le SDIS, les mairies, et la préfecture. Les ateliers proposés ont permis des échanges historiques et citoyens autour de la première guerre mondiale. Les différentes sessions ont rassemblé, à chaque fois, une centaine d’élèves. Un autre projet départemental autour de la lecture de récits de la Grande Guerre dans toutes les écoles a reçu une labellisation. Il a permis d’amener les élèves du cycle 3 à mieux comprendre les principaux événements de cette période à travers la littérature de jeunesse.
Monsieur Xavier Papillon, Directeur académique des services de l’Éducation nationale du Lot. 88
Référent départemental,
Jean-Pascal Rivano
Les Archives départementales du Lot
Afin de valoriser les fonds dédiés au centenaire de la Première Guerre mondiale, les Archives départementales du Lot ont conduit différentes actions de formation et conçu des dossiers pédagogiques particulièrement intéressants. Dans le cadre du plan académique de formation, une journée autour de la Grande Guerre a été organisée à Cahors, aux Archives départementales du Lot le 30 mai 2017. Lors de ce moment d’échange, nous avons présenté les ressources pédagogiques réalisées par le Service éducatif : un atelier « les blessures d’un poilu » et deux dossiers sur les civils et la Grande Guerre dans le Lot. Nous avons choisi d’appréhender les répercussions matérielles et humaines du conflit sur la société rurale dans ce département car ce dernier présentait des caractéristiques originales : il était éloigné des zones de combat, très faiblement industrialisé et peu peuplé (205 000 habitants à la veille du conflit). Le premier dossier, Les premiers mois de la Grande Guerre : la vie dans les villages lotois, révèle les répercussions engendrées par la guerre pour les civils. Dès l’annonce de la mobilisation du 1er août 1914, la société lotoise est bouleversée. Les hommes quittent les campagnes pour rejoindre le régiment auquel ils sont affectés. Les femmes, les enfants et les vieillards doivent assurer le quotidien et poursuivre les travaux des champs indispensables à la vie de la communauté villageoise. Ces changements sont racontés par les instituteurs, témoins directs de la vie au village. Ces sources sont complétées par le rapport journalier du préfet du Lot et par des documents officiels. Plusieurs thématiques sont abordées : le rôle des instituteurs comme relais entre le village et l’État, la réaction des villageois lors de l’annonce de la mobilisation générale, la vision optimiste des premiers temps du conflit, les modes d’informations et les messages véhiculés, le village confronté aux deuils et à l’absence des hommes, le nouveau contexte économique, le climat anxiogène dans certains villages, l’arrivée et l’accueil des réfugiés fuyant les zones de combat, les réquisitions et leurs effets pervers…. Ce dossier permet de saisir la réalité de la vie au village dans les premiers mois de la guerre à travers le regard de témoins directs. Le second dossier, Les civils et la Première Guerre mondiale : l’implication sur le plan financier, montre comment l’État sollicite la population sur le plan financier et permet de découvrir quelques actions solidaires effectués par les Lotois pour soutenir l’effort de guerre.
9Fi-3000, Archives départementales du Lot
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2R74, Archives dĂŠpartementales du Lot
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Grand angle Classes de troisième + 2015-2016
« Avoir vingt ans pendant la Grande Guerre » Collège « Les Castors » de Bagnac sur Célé, annexe du collège Marcel Masbou de Figeac Le projet labellisé du collège « Les Castors » de Bagnac sur Célé, annexe du collège Marcel Masbou de Figeac, sous la direction de Sébastien Laude, professeur d’histoire-géographie, est remarquable à plus d’un titre. Un an durant, les élèves de troisième ont dépouillé les 609 fiches matricules des conscrits des classes 1914 à 1918 (numérisées et consultables sur le site des Archives départementales du Lot). Une fois entrées dans un tableur, les données statistiques obtenues ont ensuite été mises en perspective avec les apports historiographiques et ont permis aux élèves d’appréhender le « goût de l’archive » et la méthode critique. Le fascicule édité avec le soutien du ministère des Armées (DPMA) à l’issue du projet dresse un portrait des conscrits (taille, degré d’instruction, profession,…), retrace leurs parcours (morts, blessés, prisonniers, présence au front,…) et s’intéresse à l’après guerre à travers le sort des blessés et le cas des soldats mobilisés pendant la Seconde Guerre mondiale. Les extraits ci-dessous reviennent ainsi sur la question des engagés volontaires et donnent un aperçu de la richesse du projet.
Professeurs,
Sébastien Laude, Eric Ambite, Fabien Bertrand, Georges Chaumar, Marie-Paule Dansac, Sébastien Stalla, Florence Stalla, Sylvie Vigier
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Classes de troisième PEP + 2017-2018
« Champollion célèbre le centenaire de l’armistice » Lycée Professionnel Champollion à Figeac En 2017, un projet labellisé par la Mission du Centenaire a conduit des élèves de 3e PEP (préparatoire à l’enseignement professionnel) du lycée professionnel Champollion de Figeac à réaliser une mosaïque de 2,50 x 1,22 m sur le thème de la Première Guerre mondiale. Installée dans le hall de l’hôpital, qui accueillait des blessés en 1914-1918, cette œuvre souligne le lien entre le front et l’arrière et entre le passé et le présent. Elle a été inaugurée le 14 juin 2018.
Intervenants,
Gérard Carneiro, Max Giovannini, Laurent Nonorgues, Franck Mani, Bernard Marc
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« La boîte à souvenirs du poilu » (2015) IME Château de Blazac, Vic-sur-Lot Classe des pré-professionnels de Mme Sailcié.
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Liste des projets labellisés
« Les marraines de guerre et les indigènes » (2014) Mise en voix théâtrale de textes autobiographiques, exposition. Lycée professionnel Clément Marot, Cahors
« Mémoire des Poilus morts pour la France » (2014) Édition d’un livret et voyage pédagogique. Collège Marcel Masbou, Figeac
« Les Figeacois et la Grande Guerre : essai de micro-histoire » (2014) Exposition itinérante. Lycée Jeanne d’Arc, Figeac
« La Première Guerre mondiale en mémoires et en images » (2014) Exposition. Collège Jean Monnet, Lacapelle-Marival
« Commémorer la Première Guerre mondiale » (2014) Exposition itinérante. Collège du Puy d’Issolud, Vayrac
« Revivre 14/18 : notre collège se souvient » (2015) Exposition, spectacles vivants. Collège Georges Pompidou, Cajarc
« Un parcours mémoriel sur les traces de la Grande Guerre » (2015) Réalisation d’un court métrage. Lycée professionnel Léo Ferré, Gourdon En Quercy
« Avoir 20 ans pendant la Grande Guerre » (2016) Enquête statistique sur les registres matricules. Collège Marcel Masbou, Figeac
« Mémoire de la Grande Guerre : souvenirs des familles » (2017) Exposition. Collège Léon Gambetta, Cahors
« Champollion célèbre le centenaire de l’armistice » (2018) Réalisation d’une fresque. Lycée professionnel Champollion, Figeac
« Dire la guerre après la guerre » (2018) Exposition autour des monuments aux morts du sculpteur qui a donné son nom à l’établissement. Collège Émile Mompart, Salviac
« Les civils et la Première Guerre mondiale » (2018) Enquête sur les civils à partir de fonds conservés aux Archives départementales du Lot. Collège Puy d’Issolud, Vayrac
« Mots pour maux » (2019) Réalisation d’un film. Collège des sept tours, Martel
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65 Département des Hautes-Pyrénées
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Le mot de monsieur l’inspecteur d’académie, Dasen Je souhaite remercier vivement tous les élèves des Hautes-Pyrénées ainsi que tous les adultes de la communauté éducative qui les ont aidés à mener à bien leurs projets autour du Centenaire de la Première Guerre mondiale. J’ai constaté un travail riche, construit et réfléchi autour des parcours citoyens.
Pendant cinq ans, la direction des services départementaux de l’Éducation nationale des Hautes Pyrénées a accompagné les initiatives multiples prises au cours de ce cycle commémoratif.
Je remercie également nos partenaires proactifs auprès de nos élèves : l’ONAC-VG et le réseau Canopé.
Le nombre et la qualité des projets soumis à la labellisation attestent de la mobilisation de la communauté éducative sur ce dossier.
Je me réjouis de voir la jeunesse conduire des projets labellisés et participer activement aux cérémonies commémoratives, témoignant de l’attachement aux valeurs citoyennes de Paix et d’Unité. Dans tout le département des Hautes-Pyrénées, des cérémonies POUR et PAR les élèves ont fait vivre cette mémoire encore vive de la guerre.
Le centenaire de la Première Guerre mondiale a été l’occasion de découvrir les traces du conflit dans l’espace proche des élèves à commencer par les établissements possédant une plaque commémorative où les élèves ont pu participer à des cérémonies commémoratives en mémoire des élèves et professeurs morts à la guerre à l’instar de celles organisées au lycée Théophile Gautier de Tarbes ou dans la cité scolaire Pierre Mendès France de Vic-en-Bigorre.
Pendant les quatre années du Centenaire, la jeunesse des Hautes-Pyrénées a montré qu’elle avait pris la mesure du sacrifice réalisé pendant la guerre, elle a commémoré la Victoire, célébré la Paix, rendu hommage à tous ceux qui ont défendu notre pays jusqu’au sacrifice de leur vie.
L’institution Notre-Dame de Garaison a également mené un projet valorisant l’utilisation du lieu comme camp d’internement des ressortissants de pays ennemis (Allemands, Austro-Hongrois). Ils ont pu s’appuyer pour cela sur le service éducatif des Archives départementales des Hautes-Pyrénées, particulièrement actif.
Monsieur Thierry Aumage, Directeur académique des services de l’Éducation nationale des Hautes-Pyrénées. 98
Dépôt de gerbes par des élèves, cérémonie du 11 novembre 2018, Tarbes
La cérémonie du 11 novembre 2018 a mis à l’honneur le travail des élèves. Elle s’est ainsi ouverte par une représentation au théâtre Le Pari à Tarbes devant l’ensemble des jeunes participants. Intitulée « Les amis d’en face » et mise en scène en partenariat avec l’association « Mémoire des deux guerres en Sud-Ouest », cette pièce en un acte raconte la fraternisation de soldats français et allemands au mois de juin 1915 et propose une réflexion sur l’amitié qui unit leurs familles un siècle après. Elle a symboliquement été jouée par des collégiens de Tarbes et des collégiens de Ratingen. Une cérémonie s’est également tenue devant le monument aux Morts de la DSDEN à Tarbes le 13 novembre 2018. Elle a permis de valoriser l’investissement des élèves de la ville : lectures de lettres par les élèves du collège Desaix, interprétation de la chanson « le soldat » de Florent Pagny et de La Marseillaise par les élèves des classes à horaires aménagés « musique » du collège Victor Hugo ont ainsi rythmé cette commémoration.
Cérémonie du souvenir des personnels de l’Éducation nationale morts pour la France, 13 novembre 2018, Tarbes
Si les professeurs d’histoire-géographie dans le second degré ont souvent été à l’initiative des projets, ceux-ci ont généralement donné lieu à des travaux interdisciplinaires. Ainsi, le collège de la Barousse (Loures-Barousse) a œuvré pendant cinq ans à l’élaboration d’un mémorial du centenaire impliquant l’histoire, l’EMC, le français, les arts plastiques, l’éducation musicale et l’occitan. De même, des projets artistique et culturels comme la pièce de théâtre jouée par des élèves du lycée Jean Dupuy de Tarbes à l’Abbaye de l’Escaladieu ont permis d’off rir une autre approche de la Grande Guerre et d’aborder des thèmes marquants de l’année 1917 : la propagande, les grèves à l’Arrière, les mutineries au front, les fusillés pour l’exemple…
Interprétation de chants par les élèves des classes à horaires aménagés « musique » du collège Victor Hugo de Tarbes lors de la cérémonie organisée dans la ville le 13 novembre 2018
Autre exemple de cet engagement collectif au service de la compréhension de la Grande Guerre et de ses traces dans l’environnement quotidien des élèves, un atelier vidéo a été organisé au collège Pyrénées de Tarbes pour la réalisation d’un film documentaire de 15 à 30 minutes sur la ville de Tarbes pendant la Première Guerre mondiale (de 1914 jusqu’à l’inauguration de la statue équestre du maréchal Foch le 27 Octobre 1935). La participation du premier degré aux cérémonies du 11 novembre ou au concours des Petits Artistes de la Mémoire tout au long de ce cycle commémoratif a également été remarquable. De même, les élèves de la voie professionnelle se sont investis dans le centenaire à l’instar de l’exposition sur l’alimentation des soldats en 1914-1918 pour laquelle les élèves de terminale CAP cuisine et restaurant du lycée des métiers Lautréamont de Tarbes ont reproduit des saynètes de la vie des poilus dans les tranchées et réalisé la soupe. Ainsi, l’ensemble de la communauté éducative a su porter pendant cinq ans la mémoire de la Première Guerre mondiale sur l’ensemble du territoire.
Référents départementaux, Lecture de lettres de soldats par des élèves du collège Desaix, de Tarbes. Cérémonie du 13 novembre 2018
Christine Hermantier, Franck Montebello 99
Archives départementales des Hautes-Pyrénées
Dans le cadre des commémorations du centenaire de la Première Guerre mondiale, le Service éducatif a participé aux actions de valorisation conduites par les Archives départementales des Hautes-Pyrénées, par, notamment, l’élaboration de supports et d’ateliers pédagogiques et par des interventions en classes.
1. Réalisation de deux expositions
Couverture du livret d’exposition La Grande Guerre à la Une ! Les Hautes-Pyrénées de 1914 à 1918 dans la presse
L’exposition « La Grande Guerre à la Une ! Les HautesPyrénées de 1914 à 1918 dans la presse » proposée de mai à décembre 2017 à l’abbaye de l’Escaladieu. 1 310 élèves ont été accompagnés dans leur visite par les agents du Service éducatif des Archives départementales et par les médiatrices du Service des abbayes (dont 815 collégiens). À cette occasion, un catalogue d’exposition a été publié et systématiquement distribué aux élèves en visite. Ce support illustré par des documents d’archives reprenait l’ensemble des textes de l’exposition. Un support pédagogique à exploiter par les enseignants lors de la visite ou en classe a également été élaboré en collaboration avec Thomas Ferrer, professeur d’histoire-géographie au lycée Jean Dupuy (Tarbes) et membre du comité scientifique de ce projet de valorisation. Les médiatrices de l’abbaye de l’Escaladieu ont enfin proposé des ateliers ludo-éducatifs autour du conflit (atelier Dadaïsme, frise chronologique).
L’exposition intitulée « parcours d’internés » par des élèves de 3e (projet conçu par les agents du Service éducatif et Jean-Michel Delavault, professeur d’histoire-géographie de l’établissement). En se fondant sur les dossiers individuels d’internés conservés par les Archives départementales, ceux-ci ont dû reconstituer les parcours d’Austro-Allemands internés à Garaison. 32 portraits ont ainsi élaborés et présentés en différents lieux du département. Une séance de travail a d’ailleurs été filmée et intégrée au documentaire Loin de Verdun. Garaison, un camp d’internement de la Première Guerre mondiale réalisé par Xavier Delagnes en 2014.
2. Élaboration de deux ateliers pédagogiques
Exemple de panneau réalisé par des élèves de 3e de l’Institution Notre-Dame de Garaison dans le cadre du projet « Parcours d’internés »
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L’atelier « Parcours de Poilus ». Fondé sur l’exploitation de différentes sources (monuments aux morts, fiches « morts pour la France » disponibles sur le site Mémoires des Hommes, registres matricules conservés par les Archives départementales), cet atelier a eu pour objectif de faire retracer aux élèves, le parcours de Poilus d’une commune durant la Première Guerre mondiale. Nos registres matricules ayant été numérisés, celui-ci pouvait donc être mis en œuvre à distance par l’enseignant. Cette dématérialisation n’a pas empêché des interventions en classe de la part du Service éducatif. En effet, celles-ci se sont élevées à 50 entre 2014 et 2018.
Articulé autour d’un support d’accompagnement élaboré par les agents du Service éducatif et des membres de la DSDEN 65 (Jean-Louis Lavit, Aurélia Médan, Pascal Nodenot), cet atelier a été intégré à la formation M@gistère axée sur la Première Guerre mondiale et destinée aux professeurs des écoles. L’atelier « La Grande Guerre dans les Hautes-Pyrénées en archives » Élaboré par l’enseignant du Service éducatif (Jean-Michel Pondebat) et les agents des Archives départementales, cet atelier a reposé sur une sélection de documents originaux (affiches, presse, cartes postales, correspondance de Poilus) qui permettait d’aborder et décrire les réalités d’un département de l’arrière tels que la mobilisation des enfants dans la Guerre. Après une présentation des pièces, un échange avec les élèves avait lieu. Cet atelier a souvent été associé au précédent en apportant en effet un cadre général pour les élèves, complémentaire du cours.
3. Mais aussi…
Un projet autour du camp d’internement de Garaison. Dans le cadre du centenaire de la Première Guerre mondiale, l’institution éducative privée Notre-Dame de Garaison a lancé un projet pédagogique axé sur le camp d’internement ouvert dans ses locaux qui accueillit plusieurs milliers de ressortissants civils Allemands et Autrichiens entre 1914 et 1918. Celui-ci a inclus plusieurs volets : Conception d’une page wikipédia autour de l’histoire du camp par des élèves de 1re (projet conçu par les agents du Service éducatif et Gilles Courtin, professeur de management de l’établissement). Réalisation de panneaux thématiques par des élèves de 1re (projet conçu par les agents du Service éducatif et Fabienne Laran, professeur d’histoire-géographie de l’établissement). Une partie de ces panneaux dédiés à des aspects du camp (nationalités, métiers exercés par les internés, vie quotidienne, vie culturelle…) a été intégrée à l’exposition « Parcours d’internés », une autre consacrée à des lieux du camp constitue un parcours mémoriel au sein de l’établissement.
Affiche Nous saurons nous en priver par Camille Boutet (1916) Archives départementales des Hautes-Pyrénées, 53 Fi 2
Un dossier pédagogique « Les Hautes-Pyrénées dans la Grande Guerre ». Conçu par le professeur du Service éducatif (Stéphane Abadie) en collaboration avec les agents des Archives départementales, ce dossier pédagogique compile une sélection de documents conservés par le service. Ceux-ci permettent à l’enseignant d’aborder la question de la Première Guerre mondiale, en particulier les réalités de l’arrière en se fondant sur des sources locales et proches des élèves.
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Grand angle Classes de troisième + 2013-2019
« 100 ans après... Regards artistiques de jeunes citoyens Baroussais sur leurs aïeuls de la Première Guerre mondiale. » Collège de la Barousse, Loures-Barousse Au collège de la Barousse, les élèves de troisième sont immergés depuis 5 ans dans l’étude de la Première Guerre mondiale et de ses traces au travers d’un travail interdisciplinaire mêlant enjeux historiques, mémoriels et artistiques. Sur les traces de leurs aïeuls, des lieux de mémoire (monuments aux morts de la Barousse, champs de bataille,…) aux lieux de pouvoir f rançais et européens dans le cadre de voyages pédagogiques. Les élèves ont donné du sens à leurs apprentissages, travaillant différentes compétences du socle commun de connaissances, de compétences et de culture :
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e repérer et comprendre un événement complexe S tel que la Première Guerre mondiale ; echercher et exploiter les traces de la Première Guerre R mondiale repérées dans le patrimoine local ou collectées dans l’environnement familial des élèves ; laborer et créer une trace artistique traduisant le regard É porté par de jeunes citoyens sur le premier conflit mondial.
Exposés, expositions, réalisation de bandes dessinées, rédaction de lettres de poilus, chorégraphies, représentations musicales, chants, sculpture… Autant de travaux qui ont contribué au fil des ans à bâtir un mémorial du centenaire, fortement ancré dans un territoire. Le projet a ainsi fédéré de nombreux partenaires, des élèves de l’école primaire de la Barousse aux acteurs locaux (élus, associations, artistes). En 2018, l’inauguration du mémorial de la Barousse du Centenaire de la Première Guerre mondiale a ainsi permis de mettre en relief les travaux réalisés depuis 6 ans par plus de 250 élèves avec l’exposition de leurs travaux.
2 1 La pratique artistique au service de la compréhension historique 2 Inauguration du mémorial de la Barousse à l’occasion du centenaire de la Première Guerre, mondiale, en présence de M. Thierry Aumage, IA-DASEN des Hautes Pyrénées (2018) 102
Parole d’élèves et d’enseignants « Cette année, l’œuvre phare, a été la réalisation d’un monument sculptural. Il représente une colombe de la paix qui surplombe une base pyramidale constituée de bas-relief représentant des visages, sculptés dans des blocs de Talc, venant rappeler les Gueules cassées de 14-18.
La colombe de la paix, composée de visages de « gueules cassées », une des œuvres collectives réalisées depuis 2014
Hervé Péréfarres, enseignant d’histoire, responsable du projet, souligne que « les enjeux civiques et artistiques de ces productions contribuent au devoir de mémoire essentiel à notre époque ». « La symbolique, c’est la colombe brisée reconstituée par les nouvelles générations 100 après », indique Claire Jauze, enseignant d’arts plastiques, qui circule entre les tables et suit l’avancée des sculptures d’un blanc soyeux. Limes, marteaux, maillets, burins, râpes et rifloirs passent d’une main à l’autre. Pierre et ses camarades de classe prennent du plaisir lors de ces séances. « C’est simple à sculpter », lance Mattéo. « Jean-Jacques nous donne beaucoup de conseils techniques. Il respecte ce que l’on fait et nous valorise. C’est une expérience à vivre », ajoute Élisa, ravie. « Jean-Jacques nous accompagne dans un cheminement artistique », reprend Laure, tout aussi impliquée. « Les élèves prennent à cœur la tâche qui leur a été confiée. Ils martèlent la pierre et s’amusent même à se couvrir le visage de poudre blanche en provenance de l’usine de talc Imerys de Luzenac dans l’Ariège, partenaire essentiel du projet. Cette roche a l’avantage d’être tendre, facile à travailler, mais attention à ne pas taper trop fort », précise Jean-Jacques Abdallah, tailleur de pierre qui intervient auprès des jeunes et les accompagne dans leur création. « Ils sont motivés, intéressants et intéressés », souligne l’artiste sculpteur. Comme le souligne la principale, Mme Cordoba Gallo : « L’originalité du projet n’est pas uniquement une rencontre avec des œuvres. En créant, les élèves jouent les apprentis artistes au service de la mémoire et du monde de demain » Documentaire sur le projet réalisé en collaboration avec l’atelier CANOPE 65 : https://www.emaze.com/@AOLZLLZRO/epi-centenaire-dela-premiere-guerre-mondiale
Professeurs,
Hervé Péréfarrès, Sandrine Damada, Aygline Dolce, Cécile Dupuy, Claire Jauze, Cyrille Perrot, Frédérique Vertuel
Visages sculptés par les élèves et fixés sur ce socle surmonté d’une colombe (2018)
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« Charles Courage » (2015) Écoles d’Argelès-Gazost Classe de CM de Mme Jaffré (école de Jean Bourdette), de M. Roullier-Gall (école Notre Dame) et de M. Bordes (école Parc Suzanne)
« Ma chère Louise, par une triste journée de décembre,
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je ne sais que faire de moi-même car depuis hier il fait un temps affreux, une véritable tempête de pluie et un vent à ne pas tenir debout.
Inutile de te dire que je me terre dans ma chambre presque toute la journée. »
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Liste des projets labellisés
« Garaison, un camp d’internement en Hautes-Pyrénées. 1914-1919 » (2014) Réalisation d’un documentaire dans un établissement qui a servi de camp d’internement pendant le conflit. Institution Notre-Dame de Garaison, Monleon-Magnoac
« 1914, une entrée en guerre. Histoire, littérature, mémoires » (2014) Exposition, concours ONAC-VG et AMOPA et représentation théâtrale. Lycée Jean Dupuy, Tarbes
« La 3D, la Der des Ders » (2014) Représentation théâtrale et réalisation de costumes. Lycée professionnel Lautréamont, Tarbes
« Traces de la guerre 14-18 à Tarbes » (2014) Réalisation d’un documentaire. Collège Massey, Tarbes
« Les traces de la Grande Guerre dans mon village » (2014-2019) Réalisation d’un mémorial du centenaire de la Première Guerre mondiale. Collège de la Barousse, loures-barousse.
« L’entrée en guerre en France et dans les Hautes-Pyrénées... » (2015) Exposition. Cité scolaire, Argelès-Gazost
« 1916 : héros et anti-héros. Histoire, littérature et mémoires. » (2016) Exposition, concours ONAC-VG et AMOPA et représentation théâtrale. Lycée Jean Dupuy, Tarbes
« 1917 : un tournant dans la guerre ? » (2017) Création d’une pièce de théâtre. Lycée Jean Dupuy, Tarbes
« Tarbes, une ville de l’arrière pendant la guerre » (2019) Réalisation d’un documentaire sur l’histoire et les lieux de mémoire de la ville. Collège Pyrénées, Tarbes
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81 DĂŠpartement du Tarn
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Le mot de monsieur l’inspecteur d’académie, Dasen Si l’année 2018 a marqué le dernier temps fort des commémorations du centenaire de la Première Guerre mondiale en France, c’est tout au long de ces cinq dernières années qu’un travail de fond a été réalisé par les élèves et les enseignants. Eloignée et si proche, toujours inscrite dans le paysage local et parfois encore présente, souvent indirectement, dans les mémoires des plus anciens ou les mémoires familiales, la Première Guerre mondiale a été l’objet de nombreux travaux associant élèves, parents, communes, département et associations, sous l’égide de la Mission Centenaire. L’étude de la vie au front, de la vie à l’arrière, des lieux de mémoire et des histoires individuelles articulées au récit collectif a permis aux élèves d’aborder la réalité complexe et violente de la guerre, de donner sens aux lieux de mémoire et de réfléchir sur les enjeux de la citoyenneté, du civisme et de la paix. L’engagement du département dans le centenaire et la dynamique créée à cette occasion furent remarquables, comme l’attestent les 24 projets labellisés dans le Tarn, la participation sans exclusive de tout le réseau scolaire (écoles, collèges, lycées généraux et technologiques, lycées professionnels), la forte implication des équipes enseignantes, de vie scolaire, de direction pour aider à mener les projets et pour faciliter les déplacements et l’encadrement lors des cérémonies, la diversité et l’originalité des projets ayant favorisé l’interdisciplinarité, la découverte du patrimoine local (plus d’une dizaine de contribution au site Canopé «monuments de mémoire») mais aussi la découverte d’un patrimoine plus lointain lors de voyages scolaires à Paris (visite du musée de l’Armée, présence au ravivage de la flamme sur la tombe du soldat inconnu à l’Arc de triomphe, visite du Val de Grâce par les étudiants prothésistes du lycée Anne Veaute) ou encore à Verdun et dans sa région (collège Bellevue).
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Cérémonie du 11 novembre 2018 à Lacaune
Le centenaire a aussi été l’occasion d’une approche du thème dans une dimension civique, citoyenne et de la valorisation de l’esprit de paix. Les écoles et les établissements, les enseignants et les élèves ont très largement participé aux cérémonies commémoratives par des chants (La marseillaise, l’Hymne européen, Le chant des partisans) et des lectures de textes (poèmes, lettres de poilus, noms des soldats morts au combat, extraits de texte littéraires). L’étude du monument aux morts de la commune, les visites d’expositions proposées par les archives ou la bibliothèque départementales, les lectures, les rencontres avec des représentants d’associations d’anciens combattants, la confrontation aux documents historiques, la participation aux reconstitutions proposées par les communes ont permis aux élèves, parfois très jeunes, d’accéder peu à peu à la réalité d’une époque et au sens attaché aux monuments aux morts, objet de mémoire. Certaines commémorations, plus singulières, ont proposé de planter des arbres de paix pour porter les messages écrits par les élèves. D’autres ont fait l’objet d’un travail partenarial exigeant avec des associations de musiciens professionnels telle que
Harp à Puycelsi et à Gaillac. D’autres encore ont permis aux élèves de participer à des travaux d’écriture pour raconter et décrire l’histoire d’un soldat ou de réaliser des cartes interactives permettant de suivre le parcours des soldats de la commune. Une commémoration, enfin, a été l’objet d’une initiative originale qui montre l’implication de chacun dans ce travail de mémoire : dans le village de Grazac, le nom de l’école « P. Galaup », nom inscrit sur le monument aux morts du village, a été conjointement choisi par les élèves, les enseignants, les parents et les élus communaux pour rendre hommage aux soldats morts à la guerre. Gageons que la commémoration du centenaire de la Première Guerre mondiale, qui aura traversé comme un fil rouge une partie substantielle de la scolarité de nos élèves tarnais, aura été l’occasion pour eux de prendre la mesure de la durée, de la profondeur et de l’importance de cette période historique, en effet déjà lointaine et cependant, à bien des égards, constitutive de notre présent.
Monsieur Jérôme Bourne Branchu, Directeur académique des services de l’Éducation nationale du Tarn.
Dans un département loin du front marqué par la figure de Jean Jaurès, défenseur de la paix assassiné à la veille du conflit, le cycle commémoratif pour le Centenaire a fait l’objet de nombreuses initiatives très diverses tant sur les thèmes abordés que sur les formes adoptées. De nombreux projets ont ainsi été labellisés par la Mission Centenaire dans le département du Tarn et des dizaines d’autres ont été menés au sein des établissements pour faire vivre la mémoire de 14-18 et découvrir l’histoire de cette guerre (expositions, cérémonies, EPI, séances de cinéma…). L’appel à projets lancé par la Mission du centenaire, le succès de la « Grande collecte » et la prise de conscience de l’importance des enjeux commémoratifs et historiques ont stimulé les énergies et la créativité des équipes enseignantes qui ont proposé à des milliers d’élèves de découvrir, souvent à partir du patrimoine local (monuments aux morts, lettres et objets des poilus…), une partie de l’histoire du conflit. La volonté de rendre la plus concrète possible l’étude des conditions de vie des combattants au front s’impose comme un trait saillant des projets déposés. C’est ainsi que les écoles de Roquecourbe et des Vignals, entre autres, ont produit des abécédaires de la Grande Guerre. Dans de nombreux établissements du premier et du second degrés, la lecture et l’étude de lettres de poilus ont servi de points d’appuis pour mener des travaux interdisciplinaires avec des productions diverses allant de la reconstitution d’une bataille en 3D (diorama) au lycée professionnel Aucouturier de Carmaux à la création de murs virtuels d’exposition au lycée Anne Veaute de Castres, en passant par des « war games » au lycée de la Borde Basse à Castres. Chaque discipline s’est efforcée d’apporter à la compréhension de l’événement son regard singulier : les sciences physiques ont ainsi travaillé sur la dangerosité du gaz moutarde à l’instar du collège Balzac d’Albi ; les arts plastiques ont travaillé à la modélisation de masques et de visages de « gueules cassées » comme au collège de Labruguière. Grâce à l’éducation musicale, la chanson de Craonne, la Marseillaise et des lettres mises en musique ont donné aux cérémonies de commémoration une dimension pédagogique particulièrement forte ; les Langues
Cérémonie du 11 novembre 2018 à Albi
vivantes ont abordé le conflit dans les pays belligérants à travers l’étude de poèmes (« In Flanders f ields ») ou de symboles (« Poppy day »). Les élèves ont donc pu développer des compétences scolaires mais également faire preuve de coopération et d’esprit d’initiative. Ils ont également pu rencontrer des partenaires institutionnels impliqués dans le cycle commémoratif (élus des territoires, Onac, Archives départementales, le délégué militaire…), des écrivains, des journalistes, des metteurs en scène, des médecins militaires dans le Tarn ou lors de voyages scolaires. Ainsi, les élèves du collège Bellevue d’Albi par exemple, ont pu se rendre sur les lieux des combats à Verdun et dans des lieux de mémoire comme l’ossuaire de Douaumont, d’autres ont pu aller à Paris visiter l’hôpital militaire du Val de Grâce (terminales CAP ortho-prothèse) ou se rendre sur la tombe du soldat inconnu. Enfin, l’année 2018 et en particulier les commémorations du 11 novembre, loin de clore le cycle mémoriel, ont permis de relancer des projets et de susciter une réflexion sur l’importance de conserver la Paix célébrée. Un grand nombre d’élèves tarnais ont participé activement aux cérémonies célébrant le centenaire de l’armistice à l’image des collégiens de Lacaune déguisés en Poilus et défilant en tête du cortège communal ou des 200 élèves qui ont chanté sur les marches du monument aux morts d’Albi. Tous montraient par leur engagement et leur enthousiasme que l’esprit et la dynamique insufflés à l’occasion de ce centenaire dépassaient le cadre de la classe. En effet, l’ensemble des actions menés ces cinq dernières années dans le Tarn ont permis d’aborder des enjeux historiques, mémoriels et civiques, de développer des compétences, d’acquérir des connaissances et de s’ouvrir culturellement mais ces actions ont aussi permis d’aller au-delà en insufflant un esprit de responsabilité vis-à-vis du sacrifices des soldats pour le retour de la paix.
Référents départementaux,
Benoist Couliou, Guillaume Bouloc, Emmanuelle Herdwig
Cérémonie du 11 novembre 2018 à Lacaune
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Archives départementales du Tarn
La valorisation des fonds conservés aux Archives départementales du Tarn par le service éducatif a permis de mettre à disposition des enseignants et des élèves des outils et des ressources portant sur le front et sur l’arrière.
1. Ateliers pédagogiques Les sources issues de la Grande collecte – plus de 440 dossiers personnels – ont permis d’améliorer et de préciser l’offre pédagogique. Ainsi, l’atelier consacré à la vie d’un combattant dans la Grande Guerre a profité de cet enrichissement documentaire et a favorisé une approche plus serrée, sinon intime, de la réalité combattante. Les ateliers conçus par le service éducatif des Archives départementales du Tarn ont insisté sur la vie à l’arrière, dans un département certes éloigné du front, mais qui subissait, comme les autres, les conséquences de la guerre totale, notamment à travers la condition des enfants et des femmes. L’atelier consacré aux monuments aux morts a fourni l’occasion d’insister sur l’impact local de la guerre, notamment d’un point de vue démographique, mais aussi social et culturel, et d’aborder la notion de « sortie de guerre ». Comment passe-t-on de la guerre à la paix ?
2. Expositions Deux expositions – empruntables par les établissements scolaires – ont encadré la commémoration. La première, intitulée « À travers les lignes. 14-18 », proposée dès fin 2014 présenta en 37 panneaux un panorama complet de la Grande Guerre vue à travers les archives tarnaises, mettant déjà à profit les premiers apports de la Grande Collecte, lancée en novembre 2013. La seconde exposition clôt le cycle commémoratif. Sous le titre attendu « 1918 : la guerre est finie », elle insiste paradoxalement sur le fait que l’année 1918 a été surtout marquée par la guerre et que l’armistice, suspendant seulement les combats, n’entraîne donc pas un retour immédiat des soldats. Le dossier pédagogique, disponible en ligne, rappelle opportunément par une sélection de documents, accompagnés d’un questionnaire approprié, que l’année 1918 ne marque pas la fin de la guerre et que de nombreux soldats, et donc leur famille, porteraient au creux de leur foyer et toute leur vie durant la marque indélébile de la Grande Guerre. Rendre accessible et lisible la complexité de la Première Guerre mondiale et des enjeux liés à sa commémoration a été ainsi le fil conducteur du travail réalisé au sein du service éducatif du Tarn. http://grandeguerre.tarn.fr/ http://archives.tarn.fr/index.php?id=5938.
Guillaume Gras Carte de Pierre Vivier à Louis Calas, datée du 6 janvier 1918 (ADT, 123_J_62)
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Professeur chargé de mission auprès du service éducatif des Archives départementales du Tarn
Intérieur de l’hôpital de Réalmont (Tarn) aménagé par la municipalité dans une maison particulière (ADT, 4NUM_374_46)
Dessin des tranchées à Tahure (Marne) où Gaston Briguier trouve la mort le 19 octobre 1915 (ADT, 4NUM_54_9)
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Grand angle Classes de seconde + 2013-2018
« Lecteurs de la guerre, écrire la guerre » Lycée Las Cases de Lavaur
Chaque année, dans le cadre de l’enseignement « Littérature et Société », une soixantaine d’élèves de seconde ont rédigé deux séries de textes intitulées « Des tombes et de l’encre » et « Amitié meurtrière ». S’inspirant de faits réels, chaque élève devait rédiger une lettre, un poème, un journal intime, un rapport administratif, et l’intégrer à une trame romanesque. L’ensemble compose ainsi un tableau éclairant sur la vie des soldats et leurs relations avec l’arrière. Ce travail s’est appuyé sur des œuvres classiques d’après-guerre (Maurice Genevoix, Henri Barbusse, Rolland Dorgelès, Jean Giono, Erich-Maria Remarque, Ernst Jünger,…), sur des romans plus contemporains (Sébastien Japrisot, Laurent Gaudé,...), des témoignages (Les carnets de guerre de Louis Barthas), la série « La Guerre » d’Otto Dix, des œuvres cinématographiques (les deux versions d’À l’ouest rien de nouveau, Joyeux Noël, Le Pantalon), ainsi que les archives familiales des élèves. Bénéficiant du soutien et des conseils du service éducatif des Archives départementales du Tarn animé par Aude Michaud et Stéphanie Corso, les élèves ont pu consulter divers documents (affiches, journaux, rapports de police, lettres censurées, registres matricules …) et ainsi nourrir leurs écrits de faits réels. La série « Des tombes et de l’encre » a fait l’objet d’un enregistrement audio diffusé sous la forme d’un feuilleton radiophonique quotidien de cinq épisodes diffusé par la radio associative R’d’AUTAN (Lavaur).
Exposition et vente des livrets et présentation de ressources, lycée Las Cases de Lavaur
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2 Une séance de travail et de recherche au service éducatif des Archives départementales du Tarn
Travail d’élève « Mercredi 17 Février 1915 : Chère Camille Je commence peu à peu à croire que cette guerre ne va jamais cesser. Chaque jour qui passe, je vois des soldats, des camarades, mourir, mourir pour notre mère patrie ! A chaque pas, je vois des soldats, des corps à demi-enfouis, parfois juste des membres, qui sont ensevelis sous une épaisse couche de boue. Certains morts ne sont même pas signalés, et leurs familles vivent dans l’espoir de les revoir un jour. Je m’aperçois aussi que les nouveaux soldats sont de plus en plus jeunes. Ils sont tous effrayés par l’atrocité de cette guerre, par toutes ces tueries pour finir coincés dans des trous humides, tout comme moi lors de mes premiers jours. Mais comme si cette maudite guerre ne suffisait pas, j’apprends que ma fiancée Marianne est morte, il y a un mois de cela, emportée par la tuberculose. Je n’ai même pas pu lui dire adieu ! Elle me manque tellement, vous savez… Mais en réalité si je vous ai adressé cette lettre, c’est pour vous demander de devenir ma marraine de guerre afin que je puisse garder un contact humain. Les lettres de ma fiancée m’ont beaucoup aidé à surmonter cette maudite guerre, jusqu’à aujourd’hui. J’aimerais vraiment conserver une relation humaine normale avec quelqu’un qui ne vit pas dans cette horreur froide et boueuse. Je sais que comme moi, vous êtes blessée par le décès de la personne que vous aimiez, que vous vouliez épouser... Nulle autre que vous ne peut comprendre que ce que je ressens soit aussi intense, aussi douloureux en émotions, et vous êtes la seule et unique personne sur qui je peux compter. Je voulais aussi vous dire qu’Émile me manque beaucoup, je pense à lui chaque jour qui passe. Répondez vite car mes forces diminueront chaque jour qui passe dans l’attente de votre réponse. Votre ami dévoué, Bernard Bouissou. »
Lettre rédigée par Driss Oulhiyane, extrait de la brochure Des tombes et de l’encre. Saison 2, janvier 2015.
Professeurs, « Des tombes et de l’encre », recueil de textes écrit par les élèves. Saison 5, mars 2018
Françoise Burellier, Stéphane Garrigues et Nicolas Rostaing 113
« Le carnet d’Émilien » (2017) École Saint-Pierre de Trevisy Classe de CE2-CM2-CM2 de Mme Dalila Yousfi
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Liste des projets labellisés
« Jaurès, le pacifisme à l’aune de la Grande Guerre » (2014) Spectacle. Lycée des métiers Toulouse-Lautrec, Albi
« Les Tarnais au coeur des combats de la Grande Guerre » (2014) Réalisation d’un diorama reconstituant une scène de bataille. Lycée professionnel Aucouturier, Carmaux
« La Grande Guerre et le métier de prothésiste » (2014) Exposition virtuelle et flashmob sur ce thème. Lycée professionnel Anne Veaute, Castres
« Mémoires croisées de la Première Guerre mondiale entre quatre nations » (2014) Mémoires héritées, histoire partagée. Lycée de la Borde Basse, Castres
« Une histoire partagée avec l’Allemagne » (2014) Mémoires héritées, histoire partagée. Collège Val Cérou, Cordes-Sur-Ciel
« Albany-Gaillac friendship » (2014) Mémoires héritées, histoire partagée. Collège Albert Camus, Gaillac
« Mémoires et paroles de Poilus » (2014) Exposition et échange avec un lycée d’Afrique du Sud. Collège Renée Taillefer, Gaillac
« École de l’arrière, école du front » (2014) Exposition. Collège Louis Pasteur, Graulhet
« Mon ancêtre était à Verdun » (2014) Exposition, édition d’une brochure. Collège du Montalet, Lacaune
« Jaurès 14-18 : chansons, témoignages et héritage... » (2014) Spectacle. Collège Jacques Durand, Puylaurens
« Lecteurs de la guerre, écrire la guerre » (2014-2018) Publication de livrets composés et rédigés par les élèves. Lycée Las Cases, Lavaur
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« Incarner le combattant albigeois mort pour la France » (2015) Exposition, élaboration et création d’un monument. Collège Honoré Balzac, Albi
« La guerre chimique et son impact sur les soldats » (2015) Exposition et spectacle. Collège Honoré Balzac, Albi
« Produire un journal collégien dans le cadre du centenaire » (2015) Publication d’un périodique au sein de l’établissement en lien avec la Grande Guerre. Collège, Brassac
« 1914-1918, Mémoire d’ici et d’ailleurs » (2015) Collecte, exposition, comparaison avec le cas britannique. Collège de la Montagne Noire, Labruguiere
« Les traces de guerre » (2015) Travaux d’écriture, exposition. Collège Les Clauzades, Lavaur
« Sur les traces des poilus » (2015) Réalisation d’une maquette et d’une exposition. Collège Pierre Suc, Saint-Sulpice
« La participation des colonies aux deux guerres mondiales : les travailleurs indochinois en région toulousaine » (2016) Élaboration d’un parcours pédagogique à partir d’une exposition conçue par l’université Toulouse Jean Jaurès. Collège A. Camus, Albi
« Deux démocraties fraternelles, de leur naissance aux grands conflits mondiaux (1776-2017) » (2017) Mémoires héritées, histoire partagée. Lycée la Borde Basse, Castres
« Sur les traces de la Grande Guerre » (2017) Exposition. Ensemble scolaire Notre-Dame, Castres
« Construire la paix en Europe centrale, construire un État indépendant en Tchécoslovaquie (1918 - 1920) » (2019) Mémoires héritées, histoire partagée. Lycée de la Borde Basse, Castres
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« Du 11 novembre 2018 au 11 novembre 1918 » (2019) Collecte et exposition d’archives familiales. Collège du Montalet, Lacaune
« Les soldats du canton de Rabastens durant la Grande Guerre » (2019) Travaux d’écriture sur les soldats morts pour la France de la commune de Rabastens. Collège Léon Gambetta, Rabastens
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82 DĂŠpartement du Tarn-et-Garonne
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Le mot de monsieur l’inspecteur d’académie, Dasen « Centenaire de la Grande Guerre : quel avenir pour ma mémoire ? », tel fût le 1er appel lancé le 6 juin 2013 par la DSDEN de Tarn-etGaronne, dans son bulletin hebdomadaire. Les 5 années dédiées nationalement à cette partie encore vibrante de notre patrimoine, ont permis à nos élèves d’entrer pleinement dans l’histoire des hommes, des femmes et des lieux qui ont fait la Première Guerre mondiale, sur le front comme dans son sillage, par une approche sensible, réflexive et aussi locale. Nos élèves ont pris leur part du devoir de mémoire. Ils se sont inscrits le plus souvent dans le cadre d’une approche interdisciplinaire. La place accordée au centenaire constitue un des éléments de notre projet départemental inter-degrés de l’éducation artistique et culturelle, centré sur la découverte du patrimoine. Une partie du plan départemental de formation a été consacrée par la DSDEN à la sensibilisation et au soutien de professeurs des écoles y ayant souscrit. Les commémorations du Centenaire de la Première Guerre mondiale se sont inscrites dans la durée avec, comme point d’orgue, la commémoration du dimanche 11 novembre 2018. Nombreuse et très active a été la participation des élèves des écoles, des collèges et des lycées, par classes entières, entourés de leur famille, de leurs professeurs, soutenus par les équipes de direction et d’encadrement, divers membres de la communauté éducative et, bien sûr,
Inauguration de l’exposition consacrée au centenaire de la Première Guerre mondiale dans le hall du collège de Montech, le 13 novembre 2018, en présence de M. François-Xavier Pestel, IA-DASEN du Tarn-et-Garonne
en concertation étroite avec nos partenaires et nos élus locaux. La plaque commémorative offerte à tous les collèges par le Conseil départemental et aux écoles par les mairies volontaires symbolise ce beau travail de proximité. L’ensemble des projets ne pouvant f igurer dans ce livret, seuls quelques-uns vous sont présentés dont l’un réalisé dans le cadre du concours « Les petits artistes de la mémoire ».
Exposition élaborée par les établissements de Castelsarrasin du premier et du second degrés. 11 novembre 2018
Monsieur François-Xavier Pestel, Directeur académique des services de l’Éducation nationale du Tarn-et-Garonne. 120
Inauguration de l’exposition consacrée au centenaire de la Première Guerre mondiale dans le hall du collège de Montech, le 13 novembre 2018, en présence de M. François-Xavier Pestel, IA-DASEN du Tarn-et-Garonne
Exposition élaborée par les établissements de Castelsarrasin du premier et du second degrés. 11 novembre 2018
Commémorer le 11 novembre 2018 : le cas de Castelsarrasin À l’initiative de la municipalité de Castelsarrasin, l’ensemble des écoles, collèges et lycée de la ville ont été mobilisés autour de la commémoration du centenaire de l’Armistice de 1918. Par le biais des instances de pilotage telles que le Conseil École-Collège, les enseignants du premier et du second degrés ont élaboré un programme de travail conjoint afin de proposer, pour le jour de la commémoration, diverses actions. Une exposition est ainsi née mêlant productions plastiques et travaux de recherches autour de soldats castelsarrasinois. Avec l’appui de l’école de musique de la ville, une chorale inter-degrés a interprété des chants originaux créés pour l’occasion, ponctués par la lecture de textes proposés par les collégiens. Intégrée pleinement aux cérémonies officielles prévues par la municipalité, cette manifestation a rencontré un large succès auprès des personnes présentes.
De leur côté, de nombreux élèves de l’école et du collège de Beaumont-de-Lomagne se sont réunis devant les monuments aux morts, le 11 novembre 2018. Dans le cadre du projet pédagogique « Souvenons-nous », labellisé Centenaire 14-18, les travaux menés au sein du groupe scolaire Pierre de Fermat et du collège Théodore Despeyrous ont été exposés dans les vitrines des commerçants de cette ancienne bastide, au cinéma et dans le hall de la maison Fermat, lieu culturel central, tout au long du mois de novembre 2018.
Référents départementaux,
Maryse Radovitch, Xavier Da Prato, Julien Bely, Jean-Claude Fourtanet
Une offre de formation à destination des enseignants du premier degré Dès 2014, la DSDEN du Tarn-et-Garonne a souhaité mettre en œuvre une série de formations à destination des enseignants du premier degré sur la thématique de la commémoration du centenaire de la Grande Guerre. Ces stages ont eu pour objectifs d’apporter aux professeurs des écoles des connaissances historiques essentielles à l’enseignement des évènements advenus au cours de cette période mais aussi de promouvoir des projets pluridisciplinaires dans le cadre de l’éducation artistique et culturelle. En 2018, cette formation a également permis de valoriser de nouvelles approches pédagogiques par le biais d’un « escape game » présenté et mis en œuvre par l’atelier CANOPE Montauban.
Stage de formation organisé par la DSDEN du Tarn-et–Garonne, Montauban, 2018
Interroger et mobiliser le patrimoine urbain À Caylus, en 2015, les élèves de CM2 ont travaillé toute l’année autour de 14-18. Ils ont effectué une randonnée culturelle dans leur village en interrogeant les traces laissées par la Grande Guerre. Du monument aux morts est née chez les enfants de la curiosité : qui sont ces noms gravés dans la pierre ? Pourquoi que des hommes ? Ont-ils encore de la famille dans le village ? Pourquoi la guerre ? Ces questions ont entraîné des recherches, des interviews, des rencontres, la réalisation de portraits photographiques sur le thème des « gueules cassées » et l’écriture d’une pièce de théâtre jouée à plusieurs reprises dans la commune.
Panneau de présentation d’un « escape game » par CANOPE à l’occasion d’un stage de formation. Montauban, 2018
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Archives départementales du Tarn-et-Garonne
Pendant plus de quatre ans, le service éducatif des Archives départementales du Tarn-et-Garonne s’est particulièrement investi dans la commémoration de la Première Guerre mondiale, au travers de plusieurs projets. En étoffant l’off re éducative, de nombreux fonds portant sur cette période ont été valorisés auprès de nombreuses classes du primaire et du secondaire.
La vie quotidienne des enfants du Tarn-et-Garonne a fait l’objet d’un travail spécifique pour appréhender les bouleversements induits par la Grande Guerre ; la mobilisation de l’École, la participation aux travaux agricoles pour pallier la pénurie de main d’œuvre, la multiplication des orphelins, l’arrivée de familles de réfugiés offrent autant d’éclairages sur les expériences de guerre des civils. Celles des combattants sont également étudiées à travers des lettres et des dessins de poilus. Le service éducatif a participé aux projets initiés par les Archives départementales par exemple à travers le questionnaire mis à disposition lors de la très belle exposition sur les étrangers dans le Tarn-et-Garonne pendant la Grande Guerre. Cette dernière est toujours disponible pour les établissements scolaires dans une version itinérante. L’année scolaire 2018-2019 a amené le Conseil départemental à proposer au service éducatif d’accompagner les classes et leurs professeurs dans un nouveau projet : la réalisation d’une exposition collaborative d’affiches sur le thème de la paix. Ce thème est l’occasion d’amener les élèves à réfléchir sur la construction de la paix, du Moyen Age à la construction européenne, grâce à divers documents.
3 4 Carte postale, recto-verso, intitulée « dépôt des prisonniers de guerre à Montauban – prisonniers au travail » (Ed. Daynes, 1914), Archives départementales du Tarn-et-Garonne
À la fin de l’année 2019, l’ensemble du personnel des Archives départementales proposera une autre exposition, sur l’aprèsguerre, période de paix si fragile. Le service éducatif proposera alors des ateliers pédagogiques à partir de documents de la période et accompagnera les projets en mettant à disposition des enseignants un ensemble de ressources.
1 2 Extraits de témoignages numérisés à l’occasion de la Grande collecte de 2014, Archives départementales du Tarn-et-Garonne 122
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Grand angle Classes de troisième + 2013-2018
« L’Histoire et la Mémoire qui témoignent pour le Présent » Collège Jean Lacaze, Grisolles Comment amener des élèves à établir un dialogue entre passé et présent en conciliant démarche historique et approche artistique ? Dans un dialogue fécond entre histoire et mémoires, chaque thème a fait l’objet d’un traitement pluridisciplinaire – réunissant vingt professeurs de huit disciplines différentes – pour s’intégrer, à travers un site dédié, à l’élaboration d’un monument du centenaire de la Première Guerre mondiale. Six cohortes d’élèves de troisième ont ainsi développé et enrichi un espace numérique multiforme comprenant actuellement une centaine de pages de productions, de témoignages, de rencontres, de découvertes. Ouvert sur l’étude du patrimoine de la Grande Guerre à l’échelle locale, le projet s’est rapidement orienté vers une étude comparée d’une région de l’arrière – le midi toulousain – et de régions de l’ancienne zone de front grâce à des partenariats avec des établissements scolaires de Picardie, des Ardennes et de l’Aisne. Cet échange s’est poursuivi à l’échelle internationale, amenant les élèves de Grisolles à travailler avec leurs homologues anglais, allemands, ukrainiens, américains et australiens sur des sujets se prêtant à la comparaison, des monuments aux morts (avec les élèves de Sele School d’Herford au nord de Londres) aux artistes de la Grande Guerre (avec les étudiants du Gœthe Institut) en passant par l’étude des témoignages écrits de combattants français, britanniques et ukrainiens. Les productions d’élèves présentent ainsi, année après année, une grande richesse : production de capsules vidéos, réalisation d’un spectacle commun en visioconférence avec Kiev... Affichée dans le hall de l’établissement, l’exposition « Un abécédaire de la guerre et de la paix » constitue d’une certaine manière un aboutissement permettant aux élèves de troisième de cette année 2018-2019 de revisiter les travaux réalisés par leurs prédécesseurs. Ils ont ainsi choisi cent mots et ont réalisé autant d’affiches rappelant à tous l’engagement remarquable du collège Jean Lacaze de Grisolles dans ce cycle commémoratif.
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Page d’accueil du site dédié au projet
« travailler avec leurs homologues anglais, allemands, ukrainiens, américains et australiens sur des sujets se prêtant à la comparaison. »
Chanson écrite et interprétée par les élèves de 3e en 2015 : « À toi, mon poilu Louis, mon très cher et tendre époux je vous écris Tant de mois sans nouvelles de vous, je m’en inquiète Une lettre de vous à chaque instant je guette Votre longue absence me pèse tant, je vous languis. Croiser histoire et mémoires de la Grande Guerre avec des élèves de Kiev à travers un spectacle commun (extrait du site internet dédié au projet)
Refrain La guerre, la mort, les combats se dressent entre nous Mais de toute mon âme, je ne pense qu’à vous. Fier de servir la France votre bien aimée patrie Sans cesse vous vous battez dans cette maudite guerre Pour votre vie j’ai peur, je me fais du souci Je voudrais retrouver nos moments de naguère. Refrain La guerre, la mort, les combats se dressent entre nous Mais de toute mon âme, je ne pense qu’à vous. J’ai confiance en vous, vous reviendrez de là-bas Bientôt je sais, je vous reprendrai dans mes bras Alors je vous couvrirai de tout mon amour Quand bien même vous reviendriez aveugle ou sourd. Refrain La guerre, la mort, les combats se dressent entre nous Mais de toute mon âme, je ne pense qu’à vous. Jules et moi sommes en bonne santé, grâce à Dieu ! Notre fils marche et vous envoie de beaux sourires J’espère que vous aurez le temps de nous écrire Je dois à mon plus grand regret vous dire adieu. Refrain La guerre, la mort, les combats se dressent entre nous Mais de toute mon âme, je ne pense qu’à vous. »
Professeurs,
D’une région du front à une région de l’Arrière, les élèves échangent sur les traces et les mémoires de la Grande Guerre en France (extrait du site internet dédié au projet)
Brotons Christophe, Knight Frédérique, Rousse Line, Rollin Séverine, Morales Sophie, Boutonnet Aurore, Sablayrolle Magali, Morales Béatrice, Massip Dominique, Berry Géraldine, Reboulet Sylvie, Cassagneau Gregory 125
« Jean-Marie Touge, soldat de la Grande Guerre » (2017) École de Beaumont de Lomagne Classe de CM2 de Mme Guillou
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« Gabriel Bouffies. Carnet de poilu » (2018) École Paul Point à Corbarieu Classe de CM2 de Carline Bouteiller Lauréat académique.
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Liste des projets labellisés
« Une histoire commune : exposition, commémoration, voyage franco-allemand à Verdun » (2014) Mémoires héritées, histoire partagée. Lycée Bourdelle, Montauban
« La mémoire et l’histoire qui témoignent pour le présent » (2014-2019) Mémoires héritées, histoire partagée. Collège Jean Lacaze, Grisolles
« 14-18 : généalogie, souvenirs, histoire : amener les élèves à appréhender le passé » (2015) Spectacle et projection d’œuvres cinématographiques. École Jules Ferry, Castelsarrazin
« L’activité des hôpitaux militaires et des hôpitaux de campagne de Castelsarrasin durant la Grande Guerre » (2015) Exposition. École Sabine Sicaud, Castelsarrazin
« Les voix des tranchées » (2015) Production théâtrale. Collège Pierre Flamens, Castelsarrazin
« La Grande Guerre dans le sud-ouest : le centenaire » (2015) Exposition. Collège Notre-Dame, Montauban
« Le Lycée Ingres et la Grande Guerre » (2015) Exposition et publication d’une plaquette sur l’histoire de l’établissement dans la Grande Guerre. Collège Ingres, Montauban
« 1914-1918 : sous les masques » (2015) Exposition, élaboration d’un monument commémoratif. Collège Honoré Fragonard, Negrepelisse
« La Grande Guerre à l’épreuve de la bande dessinée » (2016) Élaboration et réalisation d’une bande dessinée. Collège Jeanne d’Arc, Moissac
« Connaître un soldat de la Grande Guerre, aller au-delà de la propagande » (2017) Site collaboratif et création de carnets de route. Collège Pierre Darasse, Caussade
« De Saint Antonin au chemin des Dames : mémoires familiales et patrimoine local » (2017) Collecte d’objets et exposition. Collège Pierre Bayrou, Saint-Antonin Noble Val
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« Salut à toi Poilu de ma commune » (2018) Travaux artistiques autour de la Grande Guerre. Collège T. Despeyrous, Beaumont de Lomagne
« Souvenons-nous » (2019) Exposition. Groupe scolaire Fermat, Beaumont de Lomagne
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Directrice de la publication
Anne-Bisagni-Faure, rectrice de l’académie de Toulouse, chancelière des Universités Responsable de l’édition
François Icher, inspecteur d’académie, inspecteur pédagogique régional histoire-géographie, référent académique mémoire et citoyenneté Suivi de la rédaction
Cédric Marty, inspecteur d’académie, inspecteur pédagogique régional histoire-géographie, chargé de mission centenaire de la Première Guerre mondiale Conception et réalisation
Julie Rolland, direction de la communication du rectorat de l’académie de Toulouse 130
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