24heures | Samedi-dimanche 11-12 août 2012
22
INTÉRIEUR EXTÉRIEUR
Des granges centenaires au design chic
Dans les 50 m2 du salon de la grange Le Barbey, un tabouret signé Tom Dickson côtoie un long canapé en cuir. Autour de la table en orme, les visiteurs profitent de la vue en mangeant.
Rénovées avec goût, elles allient confort et tradition Rebecca Mosimann Textes Florian Cella Photos
L
e temps semble s’être arrêté dans le paisible hameau valaisan de Commeire. Accrochés à la pente, ses raccards et vieilles maisons de pierre, serrés les unes contre les autres, bordent des ruelles étroites et sinueuses. Seuls le chant des grillons et le glouglou de la fontaine troublent la quiétude des lieux. Ce petit village préservé est situé dans le val d’Entremont, perché à 1450 mètres sur la commune d’Orsières. C’est dans ce havre de paix valaisan que le Belge Ludovic Orts et ses deux associés, Benoît Greindl et Eduardo Ramos, ont développé leur concept de Montagne Alternative il y a trois ans: des granges centenaires restaurées dans le respect du patrimoine local et aménagées en maisons d’hôte luxueuses. «Ce ne sont pas des chalets. Elles restent des granges, mais habitables», précise Ludovic Orts. Au total, quatre d’entre elles et une maison en pierre, composées de 4 à 10 chambres, d’une cuisine et d’un salon, accueillent les touristes en quête de tranquillité. Chacune porte le nom d’un sommet de la région: le Six-Blanc, le Rogneux, le Barbey ou encore le Creta Vella. Ludovic Orts a découvert par hasard le hameau en 2005 lors d’une sortie en ski de VC6
Contrôle qualité
randonnée. Il achète une première grange, qu’il rénove lui-même avec un ami. Les suivantes seront réalisées par l’architecte Patrick Devanthéry (lire ci-contre). «Notre but est de préserver le patrimoine et d’offrir un endroit où les gens peuvent se retrouver en harmonie avec la nature et au calme dans un authentique village alpin. Nous ne voulons surtout pas transformer le hameau en complexe touristique. Une douzaine d’habitants y résident à l’année. Nos clients apprécient de les croiser au détour d’une ruelle», explique Eduardo Ramos, installé lui aussi à Commeire. 50% de la clientèle est composée d’entreprises qui viennent se mettre au vert le temps d’un séminaire. Une grande salle de réunion est à disposition au centre du village pour organiser toutes sortes d’activités, du cours de yoga au stage de photo-
graphie. Les autres visiteurs sont des familles ou des couples qui privatisent une grange entière ou louent une chambre à la nuit. Chez Montagne Alternative, la tradition s’accompagne d’un confort au design chic et sobre. La majorité des chambres bénéficient d’une salle de bains privée. Les cuisines, contemporaines et équipées (on trouve même un fromage, du saucisson et des bières belges dans le frigo), s’ouvrent sur un salon muni d’une cheminée à récupération de chaleur. Mais le vrai luxe de ces granges est la vue imprenable sur le Mont-Velan ou le massif du Mont-Blanc, que l’on peut admirer à travers les nombreuses ouvertures vitrées, caractéristiques de la rénovation. Côté déco, Ludovic Orts a misé sur un style «minimaliste et contemporain, afin que les gens prennent rapidement possession des lieux». Le mobilier, principalement vintage, a été acheté chez des antiquaires en Belgique. On y trouve des couvre-lits indiens comme un tabouret fluorescent du designer danois Tom Dickson ou une grande table en orme sur mesure. «J’ai opté pour des environnements dépouillés car c’est la vue sur les sommets qui fait le reste!» conclut-il. www.montagne-alternative.com. Prix d’une chambre double (sans petitdéjeuner): dès 250 fr.
Socle en pierre, façades en madrier et balcons suspendus caractérisent les granges.
Bois et verre se mélangent U «Nous avons souhaité garder les caractéristiques originales d’une grange: beaucoup de bois et une grande charpente», explique Patrick Devanthéry, du bureau d’architecture Devanthéry & Lamunière. Pour conserver les fentes dans les façades en madrier, qui offraient à l’époque une ventilation naturelle à la grange, l’architecte a intégré le verre dans le bois. Dans les faces sud, de grandes fenêtres apportent de la lumière et permettent d’admirer le paysage depuis chaque pièce. Les matériaux, principalement du mélèze et de la
pierre, sont d’origine. «Seul le lambris est neuf, mais conçu avec du bois de la région», ajoute-t-il: «Nous avons redressé la charpente de l’intérieur.» Les ardoises du toit ont été remplacées par des bardeaux sur lesquels ont été posés des panneaux solaires. Les travaux de restauration continuent puisque l’équipe a déjà racheté une autre maison du village, qui se muera en restaurant et salles de conférences. Un spa et d’autres logements verront aussi bientôt le jour dans la partie sud du hameau.