Robert doisneau

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Une poétique A poetic du regard gaze Virginie Devillers

Professeur de philosophie, de littérature contemporaine et d’histoire de la photographie Professor of philosophy, contemporary literature and the history of photography


Une poétique A poetic du regard gaze Virginie Devillers

Professeur de philosophie, de littérature contemporaine et d’histoire de la photographie Professor of philosophy, contemporary literature and the history of photography


Dans un livre désormais célèbre, La chambre claire (1980), Roland Barthes se penche sur la question du photographique. Il tente de comprendre ce que la photographie est en soi, ce qui n’appartient qu’à elle. « Ce que la photographie reproduit à l’infini n’a lieu qu’une seule fois : elle répète mécaniquement ce qui ne pourra jamais plus se répéter existentiellement… » « Une photographie se trouve au bout du geste ; elle dit : ça, c’est ça, c’est tel. » La photographie atteste donc qu’incontestablement, « cela a été », contrairement à la peinture, par exemple, qui n’emporte aucun référent avec elle, qui n’a pas le même rapport au réel. Plus loin, Barthes précise pourtant que « quoiqu’elle donne à voir et quelle que soit sa manière, une photographie est toujours invisible : ce n’est pas elle qu’on voit », ce qui laisserait sous-entendre que le regard serait toujours au-delà de la photographie : son dehors. Ou ce qu’elle engendre de fiction, ce qu’elle contient de potentialités poétiques, de fragments d’imaginaire, au-delà de l’image et grâce à elle. Accepter qu’une photographie soit toujours invisible la libère de la lecture « unaire » ou de la lecture univoque, la rend à sa sauvagerie. Elle permet de refuser la vision nostalgique à laquelle nous invite spontanément cette œuvre. Car il est facile de classer (jeu auquel

In his famous book, La Chambre claire or Camera Lucida (1980), Roland Barthes attempted to understand the nature and essence of photography, what is so unique about it. ‘What the Photograph reproduces to infinity has occurred only once: the Photograph mechanically repeats what could never be repeated existentially’. ‘A photo is a culmination of a gesture. It clearly states: this is this and that is that.’ Essentially, the photo’s undeniable message is ‘that has been’, unlike a painting for example, which contains no referent, which does not have the same relationship to reality. Elsewhere, Barthes stipulates that ‘whatever it grants to vision and whatever its manner, a photograph is always invisible. It is not it that we see’, which implies that the gaze always extends beyond the photo, outside of it. Or what it creates in terms of fiction, what it contains in terms of poetic potentiality, and fragments of the imaginary, beyond the image and because of it. Accepting that a photo is always invisible releases it from any ‘unary’ or univocal reading, returning it to its savage state. It allows us to refuse the nostalgic vision which the photo spontaneously seems to encourage us to have. Because it is easy to categorise (and the photographer also did this) the thousands of negatives that represent over fifty years of work, to

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Dans un livre désormais célèbre, La chambre claire (1980), Roland Barthes se penche sur la question du photographique. Il tente de comprendre ce que la photographie est en soi, ce qui n’appartient qu’à elle. « Ce que la photographie reproduit à l’infini n’a lieu qu’une seule fois : elle répète mécaniquement ce qui ne pourra jamais plus se répéter existentiellement… » « Une photographie se trouve au bout du geste ; elle dit : ça, c’est ça, c’est tel. » La photographie atteste donc qu’incontestablement, « cela a été », contrairement à la peinture, par exemple, qui n’emporte aucun référent avec elle, qui n’a pas le même rapport au réel. Plus loin, Barthes précise pourtant que « quoiqu’elle donne à voir et quelle que soit sa manière, une photographie est toujours invisible : ce n’est pas elle qu’on voit », ce qui laisserait sous-entendre que le regard serait toujours au-delà de la photographie : son dehors. Ou ce qu’elle engendre de fiction, ce qu’elle contient de potentialités poétiques, de fragments d’imaginaire, au-delà de l’image et grâce à elle. Accepter qu’une photographie soit toujours invisible la libère de la lecture « unaire » ou de la lecture univoque, la rend à sa sauvagerie. Elle permet de refuser la vision nostalgique à laquelle nous invite spontanément cette œuvre. Car il est facile de classer (jeu auquel

In his famous book, La Chambre claire or Camera Lucida (1980), Roland Barthes attempted to understand the nature and essence of photography, what is so unique about it. ‘What the Photograph reproduces to infinity has occurred only once: the Photograph mechanically repeats what could never be repeated existentially’. ‘A photo is a culmination of a gesture. It clearly states: this is this and that is that.’ Essentially, the photo’s undeniable message is ‘that has been’, unlike a painting for example, which contains no referent, which does not have the same relationship to reality. Elsewhere, Barthes stipulates that ‘whatever it grants to vision and whatever its manner, a photograph is always invisible. It is not it that we see’, which implies that the gaze always extends beyond the photo, outside of it. Or what it creates in terms of fiction, what it contains in terms of poetic potentiality, and fragments of the imaginary, beyond the image and because of it. Accepting that a photo is always invisible releases it from any ‘unary’ or univocal reading, returning it to its savage state. It allows us to refuse the nostalgic vision which the photo spontaneously seems to encourage us to have. Because it is easy to categorise (and the photographer also did this) the thousands of negatives that represent over fifty years of work, to

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Bain Berretrot, Joinville-le-Pont 1934

Saint-Quay-Portrieux 1935

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Bain Berretrot, Joinville-le-Pont 1934

Saint-Quay-Portrieux 1935

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Équipe de football de la rue des Panoyaux, Paris 1936

Le saut, Paris 1936

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Équipe de football de la rue des Panoyaux, Paris 1936

Le saut, Paris 1936

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Place de la Gare Ă Ivry, 1946

Le clairon du dimanche, Antony 1947

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Place de la Gare Ă Ivry, 1946

Le clairon du dimanche, Antony 1947

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La mariée chez Gégène, Joinville-le-Pont 1946

Le garde et les ballons, Paris 1946

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La mariée chez Gégène, Joinville-le-Pont 1946

Le garde et les ballons, Paris 1946

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Place de la Concorde, Paris 1973

Les piĂŠtons de la Concorde, Paris 1973

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Place de la Concorde, Paris 1973

Les piĂŠtons de la Concorde, Paris 1973

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En partenariat avec

CATALOGUE

MASTHEAD CATALOGUE

Direction scientifique

Scientific coordination

Atelier Robert Doisneau et le Musée d’Ixelles

Atelier Robert Doisneau en het Museum van Elsene

Coordination

Coordination

Claire Leblanc, Conservatrice du Musée d’Ixelles

Claire Leblanc, conservatrice van het Museum van Elsene

Auteurs

Authors

Jacques Véry Dominique Dufourny Yves de Jonghe d’Ardoye Claire Leblanc Danielle Leenaerts Virginie Devillers

Jacques Véry Dominique Dufourny Yves de Jonghe d’Ardoye Claire Leblanc Danielle Leenaerts Virginie Devillers

Responsable éditoriale

Editor

Michelle Poskin

Michelle Poskin

Suivi éditorial

Editorial follow-up

Anne Brutsaert, Michelle Poskin

Anne Brutsaert, Michelle Poskin

Traduction en néerlandais

Translation into Dutch

Katrien Meuleman

Katrien Meuleman

Traduction en anglais

Translation into English

Sandy Logan

Sandy Logan

Relectures et corrections

Proofreading and corrections

Catherine Meeùs Conception et réalisation graphique

Catherine Meeùs and David and Jonathan Michaelson

Lisa Boxus, inextenso.be

Design and production

Lisa Boxus, inextenso.be

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