Learning Cities - Un voyage étudiant à travers la Smart City

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LA SMART CITY

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Notre point de départ fut de donner une définition précise à la notion de Smart City. Un concept particulièrement difficile à définir, tant il a évolué avec le temps. Née à la fin des années 2000, la Smart City faisait d’abord référence à un ensemble de solutions numériques développées par des grandes entreprises technologiques pour les villes. Pour ces Cisco et autres IBM, en quête de nouveaux marchés après la crise de 2008, la ville était considérée comme un système informatique unique à optimiser. Mais avec le temps, confrontées à la complexité d’un monde urbain qu’elles ne connaissaient pas, ces entreprises se sont éloignées du concept1. Et ont laissé les acteurs plus classiques de l’urbain se l’approprier : énergéticiens, constructeurs, opérateurs de services et de transport... Aujourd’hui, IBM n’a plus d’offre Smart City, mais Toyota ou Veolia en ont une ! Pour finir, les villes elles-mêmes se sont emparées du concept dans leur stratégies et leur marketing, lui conférant souvent une dimension plus large que la simple optimisation des services urbains2. Cette évolution historique du concept et des acteurs qui l’emploient s’est accompagnée de débats, souvent porteurs de critiques. De nombreux experts, professionnels et élus, voudraient que l’on considère la Smart City de manière plus large et moins techno-centrée. On peut citer par exemple le rapport « Human Cities – pour en finir avec les “smart” cities »3, publié en 2019 par l’Amcham France, Ipsos et Cisco : « Le développement de smart cities doit se départir d’un aspect technique trop prépondérant (…) Il convient de collectivement repenser la Smart City et les enjeux qu’elle couvre au profit d’une vision plus large et inclusive. » Le jour de sa publication à Paris, nous avons même été témoins d’une discussion enflammée autour du concept de Smart City et de sa traduction en français. Comme si parler de « ville intelligente » était un moyen de dépasser la technologie et de désigner l’approche collaborative que doivent adopter les villes. Pour nous défaire de ce faux débat, nous préférons ne pas utiliser le terme flou de « ville intelligente », et nous cantonner à celui de Smart City. Cette Smart City, nous la définissons comme l’utilisation généralisée des données numériques pour optimiser le fonctionnement de la ville et améliorer la vie des citadins. Une définition qui s’approche grandement de celle du chercheur Antoine Courmont4, directeur scientifique de la chaire « Villes et Numérique » de Sciences Po. Orientée « tech », elle reste fidèle à l’origine du concept : pour être smart, un projet urbain doit avant tout impliquer des échanges de données. Mais elle reste assez large. Que ce soit pour optimiser le fonctionnement de la ville ou améliorer la vie des citadins, l’utilisation des données est uniquement un moyen. Ce n’est pas une fin en soi. Grâce à elle, la ville peut devenir plus performante, plus efficiente, plus verte, plus inclusive, plus résiliente… L’agenda politique fixe les objectifs et les technologies exploitant les données tentent d’apporter les solutions pour les atteindre.


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