Learning Cities - Un voyage étudiant à travers la Smart City

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Pourquoi des projets aussi ciblés ? Tout simplement car les villes et les fournisseurs de capteurs cherchent encore à tester leurs solutions digitales, valider leur technologie, trouver les bons business models et démontrer leur utilité. Pour désigner de tels projets expérimentaux, on parlera de démonstrateurs (en anglais test-bed). Seulement, cette phase de test prend beaucoup de temps. Et coûte pas mal d’argent. Jurgo Preden, CEO et fondateur de Thinnect, nous l’explique à Tallinn : pour lui, les solutions à base de capteurs n’ont pas encore trouvé leur équilibre économique. « Dégager de la rentabilité et identifier la réelle valeur de la donnée pour les villes est très compliqué. Cela prend du temps. » À un moment où le véritable potentiel des données urbaines n’est pas encore connu, il est difficile pour les municipalités d’investir dans des projets d’ampleur, surtout si ces derniers, exigeant tout un processus de visualisation et d’analyse de la donnée, les obligent à changer leur manière de travailler. Jurgo poursuit à l’aide d’une métaphore originale, le paradoxe de l’œuf et de la poule. Avides d’économies, les villes ne veulent déployer les objets connectés que s’ils leur permettent effectivement de réduire leurs coûts. Mais pour montrer que leurs solutions génèrent des économies, les startups ont précisément besoin… de déployer leurs solutions ! Avec des technologies non encore totalement matures, et des municipalités qui peinent parfois à se les approprier, cette approche test-bed fait donc figure de compromis. Elle permet à la fois aux solutions digitales de s’améliorer, et aux villes d’apprendre à les utiliser.

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HISTOIRES DE CAPTEURS — LES PREMIERS TÉMOINS D’UNE SMART CITY EN PHASE DE TEST Difficultés techniques, illisibilité des données, problèmes de maintenance… Au cours de notre voyage, nous avons croisé plusieurs agents publics mécontents des capteurs qu’ils venaient d’installer. Preuve que, sur le terrain, collecter des données aussi, ça s’apprend. Rio — Mais où vont les données ? Rodrigo est fier d’avoir installé son capteur, censé alerter et prédire les inondations. Mais pour ce qui est de l’utilisation des données, ce n’est pas son problème. « Mon travail consiste à produire des données… À eux {la municipalité} de voir s’ils l’utilisent ou pas ! » Toronto — Finalement, on s’en sort très bien sans. Parfois, la tech est trop sophistiquée. Le Centre de gestion des transports de Toronto l’a compris à ses dépens. Après avoir installé des nouveaux capteurs pour suivre les flux routiers, les agents ont été contraints d’en désactiver certaines fonctionnalités, faute de parvenir à les utiliser. Stockholm — Ça fonctionne tout seul (à condition de s’en occuper). Pour évaluer la qualité de l’eau de ses lacs, la ville de Stockholm avait déployé des capteurs sous-marins. Ils fonctionnaient... à condition d’être remontés à la surface et réparés tous les jours. À ce rythme-là, autant faire des prélèvements manuels ! Singapour — Moitié moins de capteurs… Pour le même résultat. Pour son ambitieux projet de Punggol Digital District, la ville de Singapour envisageait au départ de déployer plus de 5 000 capteurs… avant de se rendre compte qu’il existait d’autres moyens de faire circuler les informations à l’échelle du quartier. En réduisant le nombre de capteurs prévus de moitié, ils pourront obtenir les mêmes résultats.


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