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Migration : vers un nouveau départ n Une volontaire d'une ONG dans les rues du quartier de Ain Shams
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L’Egypte étant pour beaucoup de migrants un pays de transit, certains attendent un départ quelconque pour une nouvelle destination, peut-être à l’autre bout du monde. Pour mieux gérer les flux migratoires et accompagner les transitions en Egypte, en Tunisie et en Libye, l’UE a lancé le projet Start : la communauté soudanaise au Caire en bénéficie, notamment les migrants du quartier Ain Chams. Une journaliste du Centre d’Information pour le Voisinage Européen a visité le quartier. Elle nous envoie ce reportage. Texte par : Dalia Chams Photos de : AFP © EU / Neighbourhood Info Centre CAIRE – Une nuée de tables et de chaises de jardin en plastique recouvre les lieux. Les cafés de la rue Africani débordent, car les clients sont venus nombreux regarder le match diffusé uniquement par des chaînes payantes. Comme l’indique le nom de la rue, ici les ressortissants africains sont majoritaires, d’ailleurs tout le quartier d’Ain Chams où elle se situe, à l’Est du Caire, est réputé pour une haute concentration de migrants, notamment soudanais. « Ce sont nos ancêtres, les soldats soudanais du bataillon, appelé autrefois Haganah, qui ont instauré ce quartier autour de 1916 », lance Ibrahim Issaq, un leader de sa communauté et un vétéran de la migration, depuis son arrivée au Caire en 2007. Il est aussi un collaborateur volontaire du projet Start, financé depuis le 1er janvier 2012 par l’Union européenne et mis en œuvre par l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), afin de renforcer la gestion des migrations et de stabiliser les communautés à risque. Cette publication ne représente pas 80 réseaux de volontaires « santé » l'opinion officielle de A chacun sa version de l’Histoire, et peut-être cette anecdote sur les la CE ou les « origines » du quartier informel d’Ain Chams est surtout une EU Neighbourhood Info Centre institutions de l'UE. manière de s’approprier l’endroit où l’on vit, ne sachant pas trop de La CE n'assume Reportage no. 131 quoi demain sera fait. L’Egypte étant pour de nombreux migrants un aucune responsabilité Ceci est une série de reportages sur pays de transit, certains attendent un départ quelconque pour une quelle qu'elle soit les projets financés par l'UE, élaborée nouvelle destination, peut-être à l’autre bout du monde. L’essentiel, quant à son contenu. par des journalistes et des c’est d’échapper à la précarité de la situation où ils se retrouvent, photographes sur le terrain ou par après avoir quitté le Darfour ou le Soudan du Sud, les deux grandes l' EU Neighbourhood Info Centre. communautés qui investissent Ain Chams. Les uns ont été © 2014 EU/Neighbourhood Info Centre enregistrés auprès du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les
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EU Neighbourhood Info Centre – Reportage no. 131
« Récemment, plus de 200 000 Egyptiens et 82 000 Tunisiens sont rentrés dans leur pays d’origine, en raison du conflit en Libye. On a essayé de leur venir en aide grâce à des initiatives génératrices de revenus et aux bureaux d’emplois qu’on est en train d’ouvrir »
« Les migrants vivent en cercles fermés et nous voulons briser cet étau, en organisant des activités avec des locaux ».
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Une femme refugiée reçoit l’assistance des volontaires
Réfugiés, alors que d’autres refusent de le faire, aspirant à un départ qu’ils espèrent prochain. L’OIM travaille surtout avec ces derniers, qui ne bénéficient pas du statut de réfugiés. Et dans le cadre du projet Start, il s’agit notamment d’accompagner les transitions en Egypte, en Tunisie et en Libye, qui ont eu sans doute un impact sur les mouvements de déplacement. Journaliste originaire du Darfour, Ibrahim Issaq s’est introduit en Egypte par le ferry Wadi HalfaAssouan pour se joindre aux quelques 600 000 migrants soudanais en Egypte. « Ils étaient disséminés dans de petites associations communautaires à droite et à gauche, mais avec l’arrivée des migrants syriens ces trois dernières années, ils ont vu combien ceux-ci étaient organisés et ont voulu se réunir dans des entités plus larges », explique Naseem Hashim, coordinatrice du projet Start, chargée de la sensibilisation communautaire et de l’encadrement de proximité. Somalienne et érythréenne, ayant grandi en Egypte, elle a le profil parfait pour mieux cerner le facteur humain au sein des 80 réseaux de volontaires « santé » mis en place dans tout le Caire par l’OIM. En dehors de la capitale, les services sont offerts par convois médicaux spéciaux. Il faut rompre l’isolement social Houda Hassan, une soudanaise installée à Ain Chams depuis une dizaine d’années, a bénéficié de ces stages de formation médicale fournis aux volontaires afin d’aider leurs semblables. Ceci lui a permis d’être mieux intégrée et d’assister Issaq, en travaillant tout d’abord au sein de l’association du Darfour fondée par ce dernier dès son arrivée au Caire, ensuite à l’association de l’amitié égypto-soudanaise, lancée il y a deux mois environ pour servir tous les membres de la communauté soudanaise, sans distinction géographique. « L'association vise également à rompre l’isolement social des Soudanais, en englobant des membres égyptiens. Car les migrants vivent en cercles fermés et nous voulons briser cet étau, en organisant des activités avec des locaux. D’ailleurs, le nouveau réseau de volontaires, actuellement en formation, comprend 50 personnes dont 15 Egyptiens », souligne Naseem Hashim, du projet Start.
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Le site internet Bosla, (www.bosla-egypt.info) qui signifie en arabe boussole, a été lancé dans le cadre du projet
Les conflits (re)poussent les travailleurs dans leur pays d’origine Les boubous soudanais sont partout à Ain Chams ainsi que les salons de coiffure effectuant des coupes suivant la dernière mode africaine. Bienvenue parmi la communauté des « Sultans » du Darfour ! Pourtant, il y a moins de 2 ans, ce n’était pas évident d’avoir l’allure d’un ressortissant africain dans les rues du Caire. La crise avec l’Ethiopie sur l’eau du
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Une mère refugiée avec ses enfants: ils sont assistés par les volontaires
« Le nouveau réseau de volontaires, actuellement en formation, comprend 50 personnes dont 15 Egyptiens »
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Nil battait son plein et les petites gens ne faisaient aucune distinction entre les différents migrants africains.« On a par ailleurs aidé les Syriens à obtenir des visas de six mois, au lieu de trois, tout en surveillant les conditions de ceux qui ne sont pas enregistrés en tant que réfugiés. Le site internet Bosla, (www.bosla-egypt.info) qui signifie en arabe « boussole », a été lancé dans le cadre du projet Start pour servir de référentiel en matière d’informations sur les services disponibles pour les migrants en Egypte. Ainsi, nous permettons à ces derniers d’accéder aux directives les concernant », précise Amr Taha, chef de l’OIM (Egypte) et directeur du programme régional Start. « Start œuvre également à transformer la n Des enfants réfugiés migration en un outil de développement, en coopération avec les autorités locales », ajoute Amr Taha. « Récemment, plus de 200 000 Egyptiens et 82 000 Tunisiens sont rentrés dans leur pays d’origine, en raison du conflit en Libye. On a essayé de leur venir en aide grâce à des initiatives génératrices de revenus et aux bureaux d’emplois qu’on est en train d’ouvrir dans les provinces les plus touchées par le rapatriement ». De même, les responsables du projet travaillent avec les ministères libyens afin de mieux définir les besoins du marché du travail là-bas et d’arranger les flux migratoires en fonction des prévisions et des demandes. Car, en dépit de la conjoncture politique, la Libye continue d’attirer la main d’œuvre des pays voisins. Les ouvriers égyptiens, à titre d’exemple, tentent toujours d'émigrer clandestinement. Les conflits s’étalent et les frontières sont de plus en plus poreuses. L’OIM tente de mieux cibler la recherche d’emplois. «En ces temps de conflit interne – dit Amr Taha - la Libye a besoin de personnel médical, un fait qu’on doit communiquer aux autorités égyptiennes et tunisiennes, tout en surveillant les conditions d’envoi de cette main d’œuvre : contrats, assurances, taxes ».
Stabiliser les communautés à risque et renforcer la gestion de la migration pour permettre une transition en douceur en Egypte, en Tunisie et en Libye (START) http://www.egypt.iom.int/Doc/START%20Regional%20EN.pdf Le projet START soutient les gouvernements libyen, égyptien et tunisien dans leurs efforts pour renforcer la gestion de la migration et stabiliser les communautés à risque et vulnérables à la migration illégale et/ou non planifiée, tout en aidant à établir les préconditions requises pour permettre un processus de transition en douceur et une reprise économique durable et complète dans les trois pays concernés. Délais : 2012-2015 Budget: 9,9 millions d’euros
Pour en savoir plus : Programme START: fiche du projet http://www.enpi-info.eu/mainmed.php?id=603&id_type=10&lang_id=469 BOSLA: Comment orienter les migrants en Egypte http://www.bosla-egypt.info/ EU Neighbourhood Info Centre : MIGRATION http://www.enpi-info.eu/thememed.php?subject=2
EU Neighbourhood Info Centre An ENPI project Le Centre d'information pour le voisinage européen est financé par l'UE dans le cadre du programme régional d'information et de communication en vue de mettre l’accent sur le partenariat entre l'UE et les pays voisins. Le projet est géré par Action Global Communications.
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