SANTÉ > ISRAËL
Les plantes médicinales pour stimuler l’industrie locale en Méditerranée Le secteur des plantes médicinales www.enpi-info.eu pourrait-il un jour catalyser le développement dans la région méditerranéenne ? C’est ce qu’espèrent les chercheurs du projet Bio-Xplore, qui s’emploient à identifier et à isoler des composés végétaux susceptibles d’être un jour commercialisés. Ce projet – mis en œuvre dans le cadre du Programme de coopération transfrontalière « Bassin Maritime Méditerranée » financé par l’UE au titre de l’IEVP – a pour objectif final de créer des emplois et de stimuler le secteur local de l’agriculture, de l’alimentation, des cosmétiques, des compléments pharmaceutiques et des biotechnologies, tout en protégeant les ressources naturelles. Un journaliste du Centre d’information pour le voisinage européen a visité le laboratoire où travaillent des chercheurs (et des étudiants). Texte par: Marc Weiss Photos par: AFP © EU/Centre d’information pour le voisinage JÉRUSALEM – On dénombre quelque 25 000 espèces végétales dans le bassin méditerranéen mais moins d’1 % d’entre elles ont fait l’objet d’études scientifiques. Lorsqu’on sait que l’aspirine et un quart environ de tous les médicaments utilisés aujourd’hui sont d’origine végétale, on comprend mieux l’énorme potentiel des plantes, au-delà de leur seul usage médicinal. Le secteur des produits naturels – plantes médicinales, thés, cosmétiques et parfums – est d’ailleurs en plein essor partout dans le monde. Le projet Bio-Xplore a précisément été lancé pour exploiter ce potentiel, en identifiant et en développant de précieux produits naturels à partir de la flore méditerranéenne. Sous la coordination du président du Collège Hadassah, le ProCette publication ne fesseur Bertold Fridlender, le projet a réuni des partenaires de quatre pays : le Collège Hadassah en Israël, le Centre de représente pas recherche sur la biodiversité et l’environnement (Autorité palestinienne), l'opinion officielle de le Centre technologique Leitat (Espagne) et le Centre hellénique de déla CE ou les veloppement régional (Grèce) ainsi que deux partenaires associés, l’UniEU Neighbourhood Info Centre institutions de l'UE. versité Rutgers (New Jersey) et l’Université de Caroline du Nord La CE n'assume Reportage no. 97 (États-Unis). aucune responsabilité Ceci est une série de reportages sur quelle qu'elle soit les projets financés par l' EU, Tester les familles de végétaux pour savoir quelle plante tue quant à son contenu. élaborée par des journalistes et des quel organisme Bio-Xplore utilise une technique mise au point par l’Université Rutgers photographes sur le terrain ou par pour passer au crible une centaine d’échantillons végétaux à la fois. En l' EU Neighbourhood Info Centre. avril 2012, les équipes de Grèce, d’Espagne et de l’Autorité palestinienne © 2013 EU/Neighbourhood Info Centre se sont rendues en Israël pour apprendre cette technique. Les plantes
Les plantes médicinales pour stimuler l’industrie locale en Méditerranée
p.2
EU Neighbourhood Info Centre – Reportage no. 97
n
Prof. Bertold Fridlender, président du Collège académique Hadassah (à droite) et Gili Joseph (PhD), directrice du projet BioXplore (à gauche)
sont cueillies, broyées et transformées en extrait liquide. Cet extrait végétal est ensuite déposé sur une plaque spéciale recouverte de bactéries, champignons et autres parasites. Ainsi, lorsqu’un extrait de plante tue, par exemple, des échantillons de vers déposés sur la plaque, les chercheurs savent que des composés pourront être développés, pour leurs propriétés médicinales, à partir de cette plante. Le Docteur Gili Joseph, directrice du projet Bio-Xplore et titulaire d’un diplôme de post-doctorat de l’Université Rutgers, explique qu’il y a environ 2 800 espèces végétales différentes en Israël. Et pour en étudier un maximum, la rapidité est de mise. « Une fois par semaine, nous partons explorer le terrain avec des étudiants et un éminent botaniste. Nous devons extraire la plante immédiatement et l’utiliser dans les 24-48 heures car elle perd ensuite ses substances actives. Si nous sommes loin de notre laboratoire de Jérusalem, nous devons donc procéder aux tests sur le terrain. » Les quatre membres permanents de l’équipe de Jérusalem sont aidés par les 16 étudiants attachés au projet Bio-Xplore, parmi lesquels cinq Arabes israéliens et Palestiniens de Jérusalem-Est. L’équipe israélienne a déjà testé plus d’un millier d’échantillons végétaux depuis le lancement, en novembre 2011, de ce projet d’une durée de deux ans. Certaines familles aux perspectives prometteuses et au potentiel commercial ont déjà été mises en évidence. Les plantes se développement sur des milliers d’années, s’adaptent aux conditions climatiques et synthétisent de nouveaux composés pour se protéger contre les nuisibles, les parasites et les champignons. Pour les chercheurs de Bio-Xplore, le défi consiste à identifier et à isoler les composés susceptibles de présenter un potentiel commercial. De l’identification à la « dose-effet » Dans le laboratoire du Collège Hadassah, au centre de Jérusalem, le Professeur Fridlender parle du formidable potentiel des plantes. « Nous avons déjà découvert des composés que nous allons pouvoir utiliser pour lutter contre les infections chez l’homme et contre le diabète. Nous avons aussi découvert des antioxydants susceptibles d’être utilisés dans l’industrie cosmétique et des compléments alimentaires. Une fois les composés végétaux identifiés, nous pouvons nous lancer dans la culture contrôlée des plantes qui nous intéressent et la fabrication du produit final. Une fois que les plantes présentant un potentiel ont été identifiées, les chercheurs déterminent leur « dose-effet », et diluent à cette fin l’extrait végétal afin de déterminer jusqu’à quelles concentrations il reste actif. Les chercheurs doivent aussi garantir la non-toxicité du composé. La dernière phase consiste à cultiver le composé actif, en laboratoire ou en extérieur, en quantités commerciales. Le coût total du projet Bio-Xplore (24 mois) s’élève à deux millions d’euros, dont 90 % sont financés par l’Union européenne au titre de l’instrument européen de voisinage et de partenariat (IEVP) dans le cadre du Programme de coopération transfrontalière « Bassin Maritime Méditerranée ». Les 10 % restants sont financés par les quatre partenaires. Des contacts ont déjà été établis avec des entreprises pharmaceutiques et cosmétiques en Israël, en Palestine, en Espagne et en Grèce afin d’utiliser leur expertise et leur soutien financier pour le développement des produits. L’objectif est de créer des emplois et de stimuler le secteur local de l’agriculture, de l’alimentation, des cosmétiques, des compléments pharmaceutiques et des biotechnologies tout en protégeant les ressources naturelles. Les quatre partenaires ont décidé que les éventuelles royalties seraient réparties équitablement entre les pays bénéficiaires. Les équipes israéliennes et palestiniennes travaillent main dans la main Une coopération scientifique israélo-palestinienne, comme celle générée par le projet Bio-Xplore, est relativement rare dans une région où le conflit fait généralement obstacle aux initiatives conjointes de développement. Toutefois, dans le cadre de ce projet, les deux parties ont décidé de mettre la politique de côté et de se concentrer sur les activités du projet, dont pourraient bénéficier les populations des deux régions. L’équipe palestinienne, qui travaille au sein du Centre de recherche sur la biodiversité et l’environnement à Naplouse, la plus grande ville de Cisjordanie, a déjà étudié près de 1 500 extraits de plantes poussant en Cisjordanie. L’équipe est pratiquement en contact quotidien avec ses partenaires israéliens de Jérusalem. Le personnel de Naplouse s’est ainsi rendu du Collège Hadassah – et vice versa – tandis que le
« Une fois par semaine, nous partons explorer le terrain avec des étudiants et un éminent botaniste. Nous devons extraire la plante immédiatement et l’utiliser dans les 24-48 heures car elle perd ensuite ses substances actives ».
« Nous avons déjà découvert des composés que nous allons pouvoir utiliser pour lutter contre les infections chez l’homme et contre le diabète. Nous avons aussi découvert des antioxydants susceptibles d’être utilisés dans l’industrie cosmétique et des compléments alimentaires ». n Des étudiants réalisent des expériences dans le laboratoire BioXplore du Collège académique Hadassah, au centre de Jérusalem.
Les plantes médicinales pour stimuler l’industrie locale en Méditerranée
p.3
EU Neighbourhood Info Centre – Reportage no. 97
« Toutefois, l’efficacité de ces produits n’a pas encore été scientifiquement confirmée et nous espérons que la recherche permettra un jour de lutter contre le diabète, le cancer, les douleurs abdominales et l’hypertension ».
centre israélien a acheté pour le laboratoire de Naplouse du matériel difficile à se procurer en Cisjordanie. «Il est très courant d’utiliser des extraits de plantes pour se soigner en Cisjordanie et dans la bande de Gaza. Ces produits sont vendus dans les herboristeries et les magasins de produits naturels, » explique le Docteur Rana Jamoos, directeur du département de biodiversité et de biotechnologies du Centre de recherche sur la biodiversité et l’environnement de Naplouse. « Toutefois, l’efficacité de ces produits n’a pas encore été scientifiquement confirmée et nous espérons n Flacon contenant un extrait végétal que la recherche permettra un jour de lutter contre le diabète, le cancer, les douleurs abdominales et l’hypertension ». Les équipes israéliennes et palestiniennes examinent également la possibilité d’étendre à l’avenir le projet pour inclure la Jordanie voisine.
BIO - XPLORE Une méthodologie innovante pour identifier de précieux produits naturels issus de la flore méditerranéenne
http://www.enpicbcmed.eu/documenti/29_153_20111028122848.pdf Le projet utilise des méthodologies de test efficaces pour identifier des composés naturels à valeur commerciale, issus de la flore méditerranéenne, très diversifiée et encore peu explorée. L’objectif final est d’améliorer les perspectives d’emploi et les échanges scientifiques, commerciaux et culturels transfrontaliers. Résultats escomptés : • Création de quatre centres de bio-exploration offrant un soutien scientifique et biologique • Identification de composés naturels présentant un potentiel pour le secteur alimentaire, des cosmétiques, des compléments alimentaires et des produits pharmaceutiques • Publications scientifiques conjointes • Amélioration des possibilités d’emploi et commerciales dans le secteur de l’agriculture, de l’alimentation, des cosmétiques, des compléments pharmaceutiques et des biotechnologies.
Budget : 1 999 400 euros Durée : 24 mois
Pour en savoir plus : Site du programme CT-MED http://www.enpicbcmed.eu/fr Programme IEVP CT Bassin maritime Méditerranée : fiche http://www.enpi-info.eu/mainmed.php?id=176&id_type=10&lang_id=469 EU Neighbourhood Info Centre : portail thématique : SANTÉ http://www.enpi-info.eu/thememed.php?subject=16&lang_id=469
EU Neighbourhood Info Centre An ENPI project L’ENPI Info Centre est financé par l'UE dans le cadre du programme régional d'information et de communication en vue de mettre l’accent sur le partenariat entre l'UE et les pays voisins. Le projet est géré par Action Global Communications.
www.enpi-info.eu