Magazine south fr final

Page 1

VoiSinAGE EURoPEEn SUd

Projets en marche 3 LA CooPERAtion REGionALE dE L’UE VUE PAR LES JoURnALiStES Edition 2014-15

Société

Environnement

Innovation

Économie CE PROJET EST F I N A N C É PA R L’UNION EUROPÉENNE


EU Neighbourhood Info Centre An ENPI project


VoiSinAGE EURoPEEn SUd

Projets en marche 3 LA CooPERAtion REGionALE dE L’UE VUE PAR LES JoURnALiStES

La Politique Européenne de Voisinage (PEV) - Les Voisins du Sud La Politique Européenne de Voisinage est un partenariat privilégiéproposé par l'Union européenne à ses Voisins, visant à réaliser à la fois l'association politique la plus étroite possible et le degré d'intégration économique le plus important possible. Elle est construite sur un engagement à des valeurs communes et le soutien de l'UE pour atteindre leurs objectifs - des valeurs telles que la démocratie et les droits de l'homme, l’Etat de droit, l'intégration sociale, l'économie de marché et le développement durable. La portée de la relation dépend de la façon dont ces valeurs sont partagées. Les Voisins du Sud de l’UE couverts par la PEV sont: L’Algérie, l’Egypte, Israël, la Jordanie, le Liban, la Libye, le Maroc, la Palestine*, la Syrie** et la Tunisie. En 2011, l'UE a adopté un «Partenariat pour la démocratie et une prospérité partagée avec le sud de la Méditerranée », à travers duquel elle a clairement indiqué son soutien à des sociétés plus démocratiques et ouvertes, et décrit une approche incitative - la notion de « plus pour plus » - pour appuyer les réformes politiques, économiques et sociales dans les pays méditerranéens partenaires. * Cette désignation n'implique aucune reconnaissance de la Palestine en tant qu’Etat et est sans préjudice des positions sur la reconnaissance de la Palestine comme Etat. ** La coopération de l'UE avec les autorités gouvernementales syriennes est actuellement suspendue.


Jeunes libanais de différents milieux lors d'un évènement financé par l"UE à Dhour El Choueir, organisé dans le but de développer le respect de la diversité dans une société pluraliste et briser les barrières entre les personnes. (photo AFP © UE/Neighbourhood Info Centre).


Sommaire

4 La société civile : un formidable catalyseur pour la démocratie Entretien avec Michael Köhler Directeur Voisinage 8 Le programme régional de communication 9 La politique régionale de l’UE vue par les journalistes 10 Notre réseau de journalistes

Société 13 Apprendre (par la pratique) à devenir des leaders de jeunesse et des moteurs du changement Par Mohammad Ben Hussein 16 Le nouveau visage de la Libye Par Zainab Tarbah and EU Neighbourhood Info Centre 19 La société civile à l’épreuve de la démocratie Par EU / Neighbourhood Info Centre 23 Je suis citoyen, donc j’ai mon mot à dire Par Tarik Hafid 26 La culture du débat s’enracine Par Kamel Bouaouina 29 Mettre des couleurs sur l'isolement Par Elias Zananiri 32 Attention, danger ! Par Reda Fhelboom 35 Une école pour les enfants de la guerre Par Antoine Ajoury 38 Un déjeuner au restaurant pédagogique Par Safi Naciri 42 L’Union européenne et le Conseil de l’Europe soutiennent des réformes ambitieuses au lendemain du Printemps arabe Entretien avec Gabriella Battaini-Dragoni Cette publication ne représente pas l'opinion officielle de la CE ou les institutions de l'UE. La CE n'assume aucune responsabilité quelle qu'elle soit quant à son contenu.

Environnement 45 Les hôtels aussi se mettent au vert Par Dalia Chams 48 Transformer les déchets d’huile d’olive en bénéfices, tout en protégeant la nature Par Mohammad Ben Hussein 51 Qui sont les ambassadeurs de l’énergie durable ? Les enfants! Par Hicham Houdaïfa 54 Un hôpital alimenté en énergie éolienne Par Elias Zananiri 57 Halte aux fuites d’eau ! Par Dalia Chams

Innovation 61 Le complexe solaire le plus grand d’Afrique Par Safi Naciri 65 La technologie pour se promener dans l’histoire Par Antoine Ajoury 68 Aladin au secours des théâtres antiques Par Mohammad Ben Hussein 71 Les plantes médicinales pour stimuler l’industrie locale en Méditerranée Par Marc Weiss 74 LibyaBlog, la parole aux jeunes Par Reda Fhelboom 77 Penser web, écrire web, filmer web Par Antoine Ajoury

Économie 81 Monter mon entreprise ? C'est possible ! Par Elias Zananiri 84 Un passeport pour l’export Par Tarik Hafid 88 La voiture de demain Par Dalia Chams 91 Vignobles, artisanat et agro-tourisme dans les collines bibliques d’Israël Par Marc Weiss 94 Transition formation-emploi et insertion professionnelle Entretien avec Madlen Serban 96 Pour en savoir plus


La société civile : un formidable catalyseur pour la démocratie

Les femmes peuvent-elles créer une entreprise ? Elles le font à Ramallah, en Palestine. Ici quelques jeunes participantes à une session de formation d’un projet financé par l'UE « Jeunes femmes créatrices d'emplois ». (photo AFP © UE/Neighbourhood Info Centre).


Entretien avec Michael Köhler, Directeur pour la Politique européenne de voisinage à la DG Développement et Coopération de la Commission européenne

« L'Union européenne attache une grande importance à la société civile, car celle-ci permet aux citoyens d'exprimer leurs préoccupations. Elle contribue également à l'élaboration de politiques démocratiques solides et oblige les gouvernements à rendre des comptes », a déclaré Dr Michael Köhler, directeur Voisinage à EuropeAid, dans un entretien avec le Centre d’information pour le voisinage européen.

La société civile a joué un rôle important dans les soulèvements qui ont eu lieu dans les pays du sud de la Méditerranée. Est-ce que cela a eu un impact sur les relations de l'UE avec les OSC de la région ? Je dois dire que les soulèvements arabes se sont révélés être un tournant dans les relations de l'Europe avec les pays du sud de la Méditerranée, entraînant une refonte majeure des politiques et des partenariats avec les différents acteurs de la région. En effet, les acteurs tels que la société civile, les femmes, les jeunes et les médias se sont rapprochés du cœur des discussions. Le rôle de la société civile dans la satisfaction des attentes pour un avenir meilleur est particulièrement important. Pour notre part, en tant qu’Europe, nous devons agir plus que comme un simple témoin des efforts visant à transformer les sociétés de la région. Bien que la situation dans chaque pays soit différente, nous déploierons tous les efforts pour soutenir ce qui nous semble être un élément primordial d'une culture de paix : le dialogue entre les principaux acteurs de la société, dont la société civile fait partie. Dans l'ensemble, la voix de la société civile est maintenant plus écoutée par les gouvernements partenaires. En outre, les relations de l'UE avec la société civile méditerranéenne se sont renforcées. Les consultations publiques s’intensifient en Tunisie et au Liban. Cependant, dans des pays comme l'Egypte, les attentes n'ont pas été satisfaites par des avancements concrets, comme en témoigne la loi controversée de 2013 sur les ONG. La progression vers la liberté d'association et de réunion est irrégulière. Plusieurs pays connaissent l'éclosion de nouvelles organisations de la société civile, tandis que dans d'autres, l'enregistrement des OSC continue de faire l'objet d'un pouvoir discrétionnaire. Existe-t-il une dimension régionale à cet effort? Il est à présent clair qu’un dialogue renforcé et global avec et entre la société civile au niveau régional, mais aussi avec les autorités en Europe, est une nécessité. Nous sommes déterminés à consolider la voix de la société civile dans la politique et le dialogue politique. Cela devrait permettre des échanges entre les autorités et la société civile sur leurs préoccupations, leurs priorités et les défis auxquels elles sont confrontées, afin de favoriser une meilleure entente entre les acteurs. Notre dialogue avec la société civile dans le Sud s’est renforcé et nous sommes à présent en train de discuter de structures plus permanentes et complètes qui pourraient être mises en place à un niveau régional. À cette fin, une réunion s'est tenue à Malte en décembre 2013, en présence d’OSC de la région sud, de responsables gouvernementaux, de journalistes, de fonctionnaires de l'UE, etc. Ces rencontres et ces échanges se sont poursuivis depuis, et des idées concrètes ont été lancées sur la façon de créer des réseaux, de renforcer le dialogue et de consolider la société civile. Comment voyez-vous le rôle des OSC dans chaque pays partenaire, et leurs relations avec les autorités ? La société civile agit comme un pont entre la société et les autorités. Notre point de vue

Projets en marche 3 – Voisinage Européen Sud

5


« La société civile représente un formidable catalyseur pour la démocratie et un outil de surveillance essentiel de la vie publique, favorisant la responsabilité et la gouvernance. »

« Nous déploierons tous les efforts pour soutenir ce qui nous semble être un élément primordial d'une culture de paix : le dialogue entre les principaux acteurs de la société, dont la société civile fait partie. »

6

est que la société civile représente un formidable catalyseur pour la démocratie et un outil de surveillance essentiel de la vie publique, favorisant la responsabilité et la gouvernance. Son rôle dans le contrôle de la gouvernance publique, en particulier la gestion des finances publiques, l’équilibre du pouvoir, la lutte contre la corruption, etc. est essentiel. Nous soutenons fermement le dialogue actif et structuré entre la société civile et les autorités de nos pays partenaires. La tâche pour les gouvernements consiste à s'engager aux côtés de la société civile pour aider à s'assurer que les programmes de réforme reflètent et ont le soutien de la société. Ceci est nécessaire pour un changement des mentalités des deux côtés et la création d'un cadre réglementaire favorable. Un partenariat renouvelé devrait être mis en place. Quelles sont les actions concrètes menées par l’UE pour soutenir la société civile? L'UE apporte un soutien supplémentaire à la société civile, en ligne avec la nouvelle approche de la Politique Européenne de Voisinage (PEV) et son bras financier, l'Instrument Européen de Voisinage (IEV). Permettez-moi d'illustrer ce soutien à travers des outils que nous avons développés : La Facilité de soutien à la Société Civile (FSC): Nous rendons le soutien de l'UE plus accessible aux OSC à travers une Facilité de soutien à la Société Civile spécialement dédiée. L'objectif principal de ce Fonds, créé en 2011, est de renforcer les OSC afin qu'elles puissent jouer leur rôle dans le changement et être de véritables acteurs dans le processus de démocratisation. Cela se fait par le renforcement de leur contribution à l'élaboration des politiques, et par le développement accru de leurs capacités de défense des intérêts, de mise en réseau et de contrôle. Depuis sa création, le programme de FSC a bénéficié au Sud à hauteur de 33 millions d’euros. Le Fonds européen pour la Démocratie (FEDEM): Comme autre message de solidarité, l'Union européenne a mis en place le FEDEM pour aider les acteurs politiques du changement qui se trouvent confrontés à des obstacles quant à l'accès au financement tels que les journalistes, les bloggeurs, les ONG non enregistrées, les mouvements politiques. Ce Fonds offre un mécanisme de financement rapide et souple pour les bénéficiaires qui sont insuffisamment, ou pas du tout soutenus, en particulier pour des raisons juridiques ou administratives. Le FEDEM dispose d’une subvention de 6 millions d’euros pour aider à sa mise en place et son fonctionnement. La Fondation Anna Lindh (FAL): Le dialogue interculturel est l'un des principaux outils de prévention et de résolution des conflits. C'est pour cette raison que nous sommes fermement engagés à soutenir la FAL comme l'un des principaux promoteurs du dialogue interculturel. La contribution de l'UE à la FAL s'élève à 10 millions d’euros pour la période 2012-2014, 7 millions d’euros pour aider au fonctionnement de la Fondation et à son programme de travail 2012-2014, et 3 millions d’euros dédiés au programme «Citoyens pour le dialogue (Dawrak)» qui fournit aux OSC des outils et des compétences pour le dialogue interculturel, l'échange et la mise en réseau. L'Instrument Européen pour la Démocratie et les droits de l’Homme (IEDDH) : Nous continuons également à promouvoir la liberté des médias en favorisant l'accès sans entrave des OSC à l'Internet et à l'utilisation des technologies de communication électroniques. Ce soutien se fait principalement à travers l'IEDDH, notre principal instrument pour aider à lutter contre les violations des droits de l'homme. Depuis les soulèvements arabes, l'IEDDH a doublé son investissement dans la région. Projets en marche 3 – Voisinage Européen Sud


Existe-t-il une aide financière pour les OSC, au travers de programmes de coopération, par exemple ? Il existe essentiellement deux approches différentes : l'une est de renforcer réellement la société civile, la rendre plus viable, faire des ONG des partenaires dans le dialogue, et ceci grâce à une aide financière, des conseils, et en les mettant en contact avec les organisations de l'UE. Dans le même temps, bien sûr, nous voulons faire de la société civile un élément de gouvernance, nous voulons qu'elle scrute les gouvernements, nos programmes de coopération. Ainsi, nous l’associons également à la programmation, à la planification, au suivi de la mise en œuvre des opérations dans les pays.

“L'UE soutient et inclut la société civile dans le voisinage méditerranéen ...”

Comment sélectionnez-vous les projets et les OSC? Nous devons faire la distinction entre la sélection des projets et le travail avec la société civile. Nos projets sont généralement déterminés par la demande. Il y a donc des appels d’offres, des appels à propositions et les organisations de la société civile, aussi bien dans nos pays partenaires que dans les États membres de l'UE peuvent soumettre leurs propositions. Dans le même temps, il est tout aussi important d'avoir un dialogue politique avec la société civile, mais nous ne sélectionnons pas les organisations. Nos délégations dans les pays sont en contact permanent avec les ONG, les organisations de la société civile qui souhaitent ce contact, et nous les invitons régulièrement, par exemple, à discuter de nos programmes, comme les opérations d'appui budgétaire. Ce dialogue se déroule toujours à la demande de la société civile. Un dernier aspect important est que lors de l'évaluation annuelle des relations avec chaque pays, les Délégations invitent les OSC locales à soumettre leur point de vue. Pourriez-vous nous donner quelques exemples concrets de soutien à la société civile qui ont généré des résultats? Je ferai référence à deux exemples. Dans le cadre du Fonds régional de soutien à la société civile pour le voisinage sud, qui vise à faciliter la participation de la société civile dans l'élaboration des politiques et des réformes, un projet régional pour les personnes handicapées a été financé en Egypte, en Jordanie et en Palestine. Le financement a été effectué via le FSC et le projet a été mis en œuvre par Handicap International et le réseau régional des Organisations des Personnes Handicapées (OPH). L'objectif était de les aider à jouer un rôle actif dans les réformes législatives et politiques actuelles au Moyen-Orient, en assurant l'insertion des droits des personnes handicapées dans ces processus. L'objectif pour l'OPH est d'être reconnue par les autorités et les autres OSC comme des acteurs légitimes de la société civile dans les processus politiques nationaux. Un autre programme, très réussi et dynamique qui promeut la culture du dialogue, est "DAWRAK - Citoyens pour le dialogue» mis en œuvre par la Fondation Anna Lindh depuis 2012. DAWRAK répond au nouveau contexte défini par les processus démocratiques et les réformes dans les pays arabes, et l'impact de la crise économique et sociale dans la région. Il donne aux OSC des outils et des compétences nécessaires pour les activités de dialogue interculturel, l’échange, la mise en réseau, les activités de partenariat pour développer une culture de la citoyenneté et la participation démocratique dans la coopération euro-méditerranéenne. En conclusion, je dois dire que la leçon retenue de l'éveil du monde arabe, et dans certains cas, des révolutions, c'est que nous ne pouvons pas avoir la stabilité et la prospérité sans la démocratie, la bonne gouvernance et la croissance inclusive. Les espoirs pour un avenir meilleur restent grands et l'UE considère comme particulièrement important le rôle de la société civile pour satisfaire ces attentes. Projets en marche 3 – Voisinage Européen Sud

« Notre dialogue avec la société civile dans le Sud s’est renforcé et nous sommes à présent en train de discuter de structures plus permanentes et complètes qui pourraient être mises en place à un niveau régional. »

7


Le programme régional de communication Le programme régional de communication, financé par l’UE pour la période 2011- 2014 avec un budget total de 14 millions d’euros, vise à améliorer les connaissances de l'Union européenne et de sa politique de voisinage. Le programme contribue à une meilleure compréhension des politiques de l'UE et met en exergue les actions de coopération menées dans la région. Le programme fonctionne sur le développement des réseaux de communication durables et vise à renforcer la capacité et les compétences des journalistes dans les affaires européennes. Il fait suite à la précédente phase du programme régional d'information et de communication.

Le programme couvre trois projets Le Centre d’information pour le voisinage européen http://www.enpi-info.eu/index.php?lang_id=469 https://www.facebook.com/enpi.eu Media Neighbourhood – Projet de formation et de mise en réseau des journalistes http://www.medianeighbourhood.eu/ https://www.facebook.com/MediaNeighbourhood Sondage d’opinion et veille médiatique dans les pays bénéficiaires de l’IEVP (Baromètre de l’UE sur le voisinage) http://euneighbourhood.eu/ Pays participants Arménie, Azerbaïdjan, Biélorussie, Géorgie, Moldavie, Russie, Ukraine (Est); Algérie, Egypte, Israël, Jordanie, Liban, Libye, Maroc, Palestine, Syrie, Tunisie (Sud).

Un artiste en train de peindre dans les rues de Beyrouth. L'UE soutient l’émergence d'une culture urbaine et la présence des arts dans les lieux publics (photo AFP © UE/Neighbourhood Info Centre).


Raconter l’histoire d’un Partenariat La politique régionale de l’UE vue par les journalistes La coopération entre l'UE et les pays du voisinage s’exerce sur deux niveaux. Le premier est politique : les réunions au cours desquelles les fonctionnaires discutent de la politique. Le deuxième consiste en la mise en application de ces décisions politiques en actions sur le terrain, pour le bénéfice des citoyens, à travers des projets concrets dans les pays partenaires. Ce magazine contient des reportages sur ces projets et sur les personnes actives sur le terrain. Ils donnent un simple aperçu des centaines de projets soutenus par l'UE dans le voisinage.

Les reportages sont écrits par des journalistes locaux qui ont rencontré les personnes concernées, accompagnés de photographes qui ont immortalisé le partenariat à travers leur objectif. Plus de photos et de reportages similaires se trouvent sur le site du Centre d’information pour le voisinage européen.

Raconter l'histoire d'un Partenariat : les journalistes ont recherché les activités des projets et discuté avec les bénéficiaires de leurs expériences, ce qu'ils ont acquis, leurs considérations et leurs réflexions sur l'avenir. De leur côté, les photographes ont immortalisé l'histoire avec leur objectif.

Les reportages contenus dans ce magazine ont été réalisés en 2013-2014, et proposent un avant-goût de la coopération de l'UE sur le terrain, dans la région du Voisinage. Les reportages sont divisés en quatre principales catégories : société, environnement, innovation, économie.

Tous les reportages sont disponibles dans la section «Reportages » du site du Centre d’information http://www.enpi-info.eu, en anglais, français, russe et arabe, selon le pays.

Projets en marche 3 – Voisinage Européen Sud

9


Notre réseau de journalistes Hicham HOUDAIFA Maroc Journaliste freelance à Casablanca, Hicham a travaillé pour l’« Hebdomadaire » où il a publié des articles et des reportages sur les droits de l'homme et les faits de société. Entre 1999 et 2003, Hicham Houdaifa a été le correspondant à New York du magazine international français « Jeune Afrique ». Il collabore actuellement avec un certain nombre de magazines, de sites internet et de chaînes de télévision et intervient dans la communication de projets financés par l'UE.

Safi NACIRI – Maroc Journaliste et intervenant dans une émission de radio politique, Safi Naciri a récemment publié un livre intitulé « L'extrême gauche au Maroc : une lutte noble contre l'impossible ». Il enseigne dans une école de journalisme à Casablanca et est aussi formateur au « Media Diversity Institute ».

Tarik HAFID – Algérie Lauréat du Prix du Journalisme Euromed Heritage 2007 pour son article « Si la grande poste nous était contée », Tarik Hafid écrit, depuis 2002, dans l'un des principaux journaux en langue française en Algérie « Le Soir d'Algérie ». Depuis 2011, il est formateur en sécurité professionnelle au sein de la Fédération Internationale des Journalistes (FIJ). Il a contribué au précédent Centre d’information Euromed, financé par l’UE, avec des articles et des reportages.

Kamel BOUAOUINA – Tunisie Journaliste indépendant, Kamel Bouaouina a travaillé au journal « Le Temps » où il a publié des reportages sur les droits de l'homme et des faits de société. Il collabore actuellement avec un certain nombre de magazines (Tourisme Info), des sites internet (Investir en Tunisie) et une chaîne de télévision (Tunisie nationale). Il est correspondant de la radio Cap Fm en Tunisie et directeur du site touristique www.tourismnewstu nisie.com

Zainab TARBAH – Libye Journaliste freelance, elle a travaillé comme correspondante au magazine « Times » Libye, dont elle a été rédactrice en chef d'octobre 2011 à mai 2012. Elle a collaboré avec la radio FM Tripoli. Elle travaille comme chargée de communication à l'Initiative Civile Libye et elle écrit actuellement pour plusieurs sites et magazines.

Journalistes collaborant avec l’EU Neighbourhood Info Centre.

10

Projets en marche 3 – Voisinage Européen Sud


Reda FHELBOOM Libye Journaliste indépendant, il a travaillé au journal « Tripoli Post», puis comme présentateur télé et producteur de contenu sur la Chaîne Libyenne Internationale, traitant de sujets tels que les droits des femmes et de l'homme, la corruption et l'abus de pouvoir. Il travaille comme correspondant pour le magazine allemand (D @ C), et Al-Fanar Media. Depuis novembre 2012, il est engagé dans le programme de formation des journalistes Media Neighbourhood, financé par l'UE et mis en œuvre par BBC Media Action, à titre de mentor. Il est actuellement à la tête de la section Actualités au bureau de presse de la commission préparatoire du Dialogue National Libyen.

Dalia CHAMS – Egypte Dalia Chams a débuté en tant que journaliste de télévision et présentatrice. Elle a travaillé dans les pages art, profils et culture du journal francophone « Al-Ahram Hebdo » pendant de nombreuses années. Elle travaille également à la section faits de société du quotidien arabophone AlChourouq. Elle a remporté le Prix du Journalisme Euromed Heritage en 2005.

Projets en marche 3 – Voisinage Européen Sud

Antoine B. AJOURY – Liban Journaliste au quotidien libanais francophone « L'Orient Le Jour » depuis 2003 et chef de sa section Actualités internationales depuis 2008, M. Ajoury a contribué au projet Eurojar financé par l'UE avec plusieurs articles sur la coopération entre l'Union européenne et les pays méditerranéens partenaires.

Elias ZANANIRI Palestine Elias Zananiri possède 35 ans d'expérience des médias en tant que journaliste, rédacteur, enseignant/formateur, producteur d’émission de radio / télévision, et consultant en relations publiques à travers le Moyen-Orient. Il est actuellement PDG de « MAHARAT PR and Media Talents Empowerment », une société de relations publiques et de formation média créée en Palestine en 2005.

Mohammad BEN HUSSAIN – Jordanie Mohammad Ben Hussain est le correspondant de l'agence de presse italienne ANSA et ANSAmed en Jordanie, où il travaille également comme producteur de télévision pour Thomson Reuters. Il écrit également dans le « Jordan Times ». M. Ben Hussein était finaliste pour le prix Lorenzo Natali 2007 pour le monde arabe, Israël et l’Iran.

11


Société

Un marocain marchant sur la route de Chefchaouen à Oued Laou, restaurée dans le cadre d'un projet financé par l'UE visant à améliorer les infrastructures et créer des emplois pour la population locale. (photo AFP © UE/Neighbourhood Info Centre).


SOCIÉTÉ > JORDANIE

Apprendre (par la pratique) à devenir des leaders de jeunesse et des moteurs du changement

Ils veulent aider leurs pairs à affronter le chômage et le sexisme, à s'occuper de la justice sociale et de l'environnement, ainsi qu'à éviter les attitudes politiques négatives. Ces animateurs de jeunesse jordaniens sont en voie de devenir des leaders de jeunesse. Leur participation à un atelier organisé par le programme Euromed Jeunesse à Amman constitue une étape importante qui leur permettra de décupler l'impact du programme au sein de leur société. En partageant leurs propres expériences et bonnes pratiques, ils peuvent motiver et aider d'autres jeunes et animateurs de jeunesse à se servir du programme Euromed Jeunesse IV comme d'un outil efficace dans le cadre de leurs activités. Un journaliste du Centre d'information pour le voisinage européen a participé au séminaire et nous en dévoile les détails. AMMAN – « J'ai appris des choses sur moi-même dont je n'étais même pas conscient », affirme Mamoun al-Rufou, un défenseur de la jeunesse qui vient de Tafilah, une ville située à 180 km d'Amman. Originaire d'une communauté pauvre et négligée, Mamoun al-Rufou brûlait d'envie d'aider les jeunes hommes à faire face à l'impact des défis économiques et des récentes révolutions arabes sur leur avenir. Mais il n'avait pas Projets en marche 3 – Voisinage Européen Sud

le sang-froid, les compétences ni les connaissances techniques nécessaires pour mobiliser du soutien pour sa cause. Mamoun al-Rufou voulait aider ses pairs à s'attaquer aux problèmes sociaux qui pèsent sur leur vie, comme le chômage et la violence sociale. C'est pourquoi il a rejoint le « Youth Work Training Seminar for Multipliers », organisé par le programme Euromed Jeunesse IV en Jordanie.

Des méthodes de formation attractives « Les jeunes peuvent être au cœur des troubles sociaux. Lorsqu'ils sont au chômage, démotivés, en colère et désabusés, il faut les aider à devenir des forces positives de la société », explique Mamoun al-Rufou, qui s'est exprimé en marge de cet événement visant à enseigner le concept de citoyenneté active à des animateurs de jeunesse, pour qu'ils puissent 13


SOCIÉTÉ > JORDANIE

« Les jeunes peuvent être au cœur des troubles sociaux. Lorsqu'ils sont au chômage, démotivés, en colère et désabusés, il faut les aider à devenir des forces positives de la société. » ensuite décupler l'impact du programme. Depuis qu'il a rejoint le séminaire, Mamoun al-Rufou dit qu'il est une autre personne. Autrefois timide et réservé, il respire désormais la confiance lorsqu'il parle du programme Euromed Jeunesse devant un public de jeunes animateurs de jeunesse qui jouent le rôle de représentants officiels, de journalistes ou du grand public. Tels des acteurs, les participants sont encouragés à s'exprimer librement et avec confiance lorsqu'ils jouent un rôle. « Lors de la séance d'aujourd'hui, j'ai interprété un conférencier. C'était la première fois de ma vie que je faisais une présentation PowerPoint. Je n’ai jamais su comment cela fonctionnait », raconte Mamoun al-Rufou. « La méthode utilisée pour cette formation sert à répondre aux changements politiques, économiques et culturels des so-

n Depuis 2008, le programme Euromed Jeunesse a atteint des milliers de

jeunes au Moyen-Orient, en Afrique du Nord et en Europe.

ciétés modernes, qui ont affecté la capacité d'apprentissage des jeunes », indique Bernard Abrignani, en charge de l'assistance technique du programme. Le programme vise à stimuler et à encourager la compréhension mutuelle entre les jeunes de la région, à lutter contre les stéréotypes et les préjugés et à promouvoir la solidarité entre les jeunes en soutenant la citoyenneté active. Il entend également contribuer à la création d'organisations et de politiques de la jeunesse dans les pays méditerranéens partenaires. L'objectif du séminaire est de donner aux participants l'opportunité de développer certaines compétences afin qu'ils puissent travailler dans le domaine de la jeunesse, et ce, en utilisant des méthodes de formation intéressantes. Lentement mais sûrement « Dans ce séminaire, nous appliquons le concept d'apprentissage par la pratique. C'est tout l'opposé de l'ancienne méthode académique, où un professeur récite des

informations devant des étudiants qui l'écoutent. Ici, les participants sont actifs. Je suis seulement là pour les observer et les guider », explique M. Abrignani. « L'idée est de laisser les participants s'exprimer. Ainsi, ils apprennent lentement mais sûrement. La qualité est déjà présente. Notre travail consiste à la laisser s'exprimer. » Les participants améliorent aussi leurs capacités de communication et, à travers l'exposition à des valeurs universelles comme la tolérance et le respect, ils sont incités à être plus solidaires avec leurs voisins. Les experts de l'UE utilisent une méthode de formation innovante dans l'espoir que le programme atteigne la portion la plus large possible de la population. Mamoun al-Rufou est l'un des 40 représentants des organisations non gouvernementales (ONG) locales liées à la jeunesse, dont la mission est d'agir en tant qu'ambassadeurs du programme Euromed Jeunesse et de « semer » des connaissances au sein des communautés locales.

« Les participants à cet atelier décupleront l'impact du programme : ils guideront, formeront et aideront les volontaires qui désirent s'impliquer dans le travail avec la jeunesse. » n Shahrazad Abu Tayeh durant la formation.

14

Projets en marche 3 – Voisinage Européen Sud


SOCIÉTÉ > JORDANIE

« Malgré toutes les informations disponibles et le peu de distance qui nous sépare, les populations de la Méditerranée ne se connaissent pas suffisamment. Nous vivons sur l'autre rive d'une même mer ou à côté d'un pays qui parle notre langue et pourtant nous nous connaissons si peu... » Échanger des connaissances et nouer des contacts Les organisateurs affirment que le programme – qui en est à sa quatrième phase – est un succès car le retour sur investissement est très élevé : des centaines d'ONG de la région euro-méditerranéenne se sont en effet réunies pour échanger des connaissances et nouer des contacts. Le programme couvre 35 pays, dont les 27 États membres de l'UE et les 8 pays méditerranéens partenaires, signataires de la déclaration de Barcelone : l'Algérie, l'Égypte, la Jordanie, le Liban, le Maroc, l’Autorité palestinienne, la Tunisie et Israël.

« Depuis 2008, nous avons atteint des milliers de personnes au Moyen-Orient, en Afrique du Nord et en Europe. Malgré les difficultés, ce résultat est très encourageant », se réjouit M. Abrignani. « Nous nous connaissons très peu » Sana al Imam, de l'Arab Women Media Centre, pense que ce genre de programme pour la jeunesse aide à révéler le potentiel des jeunes Jordaniens. Elle affirme que l'atelier lui a fait découvrir un nouveau type de formation et lui a permis d'apprendre à s'exprimer avec plus de confiance. Elle pense que le programme Euromed Jeunesse constitue un outil idéal pour rapprocher les populations de pays voisins et des deux rives de la Méditerranée. « Malgré toutes les informations disponibles et le peu de distance qui nous sépare, les populations de la Méditerranée ne se connaissent pas suffisamment. Nous vivons sur l'autre rive d'une même mer ou à côté d'un pays qui parle notre langue et pourtant nous nous connaissons si peu... », déplore Sana al Imam. Les représentants jordaniens espèrent que les jeunes formés deviendront de véritables ambassadeurs du projet et le feront connaître à travers les gouvernorats du pays. Le programme a dégagé 460 000 euros pour la mise en œuvre de la phase IV dans le Royaume. Une enveloppe supplé-

mentaire de 800 000 euros a été allouée récemment par l'UE et permettra l'approbation de davantage de projets des organisations jordaniennes de la jeunesse. Les responsables jordaniens actifs dans le domaine du travail avec les jeunes sont ravis de cette augmentation. Texte par Mohammad Ben Hussein Photos par AFP © EU/Neighbourhood Info Centre

Euromed Jeunesse IV

http://www.euromedyouth.net/Francais-.html Vise à soutenir et à renforcer la participation et la contribution des organisations de jeunesse et des jeunes de la région euro-méditerranéenne au développement de la société et de la démocratie tout en encourageant le dialogue et la compréhension mutuelle. Pays participants : Algérie, Égypte, Israël, Jordanie, Liban, Maroc, Syrie, Territoire palestinien occupé, Tunisie Durée : 2010 – 2013 Budget : 5 millions d’euros Objectifs : Ce programme vise à stimuler et à encourager la compréhension mutuelle entre les jeunes de la région euro-méditerranéenne, à lutter contre les stéréotypes et les préjugés et à promouvoir la solidarité entre les jeunes en soutenant la citoyenneté active. Il entend également contribuer à l’élaboration de politiques de la jeunesse dans les pays méditerranéens partenaires. Pour en savoir plus : Site internet du programme EUROMED JEUNESSE http://euromedyouth.net/-Francais-.html Fiche du projet EUROMED JEUNESSE par l'EU Neighbourhood Info Centre http://www.enpiinfo.eu/mainmed.php?id=335&id_type=10&lang_id=469 Page SALTO YOUTH sur la JORDANIE http://www.salto-youth.net/rc/euromed/tceuromed/tceuromed2013/youthworkjordan/ Portail thématique de l'EU Neighbourhood Info Centre : JEUNESSE http://www.enpiinfo.eu/thememed.php?subject=13&lang_id=469

n Bernard Abrignani s'adresse au public lors du séminaire.

Projets en marche 3 – Voisinage Européen Sud

15


SOCIÉTÉ > LIBYE

Le nouveau visage de la Libye

Le régime de Mouammar Kadhafi a complètement anéanti les institutions publiques et le tissu social en Libye. Mais les organisations de la société civile du pays se sont rapidement attelées à réparer les dégâts causés à ce niveau. À ce jour, plus de 300 structures se sont enregistrées comme des organisations de la société civile et poursuivent des programmes de formation afin de contribuer au processus de développement de la nation et à sa transition vers un État démocratique. L’UE n’a pas tardé à apporter son soutien au peuple libyen. Ainsi, plusieurs programmes ont été lancés afin de renforcer la participation de la société civile, un élément clé de toute démocratie naissante. Voici un rapport de la situation sur le terrain. TRIPOLI – Les Libyens ont découvert la notion de « société civile » pour la première fois en février 2011, lorsque le soulèvement a débuté. À l’époque, les efforts pour créer une jeune société civile libyenne étaient axés sur des questions telles que l’approvisionnement en nourriture et l’hébergement des réfugiés, ou encore le soutien aux défenseurs de la liberté et à leur familles. À l’issue du conflit, le changement a été perceptible et le débat s’est alors déplacé vers des sujets tels que les droits humains, l’éducation, la politique, etc. La Libye traverse actuellement une période de transformation profonde. Non seulement le pays connaît une transition 16

démocratique, à l'instar d'autres pays du « printemps arabe », mais il doit également passer par un processus de développement de la nation. Le régime de Kadhafi a ravagé les institutions publiques et le tissu social du pays. Pour réparer ces dégâts, la société civile a un rôle crucial à jouer dans la Libye d'aujourd'hui. Aucun gouvernement ne peut être vraiment transparent s’il n’a pas tissé des liens constructifs avec une société civile forte et activement impliquée dans le processus démocratique. L’UE a mis en place un programme de soutien aux ministères dans leurs relations avec la société civile. Dans la pratique, cela signifie que des conseillers as-

sistent les ministères dans la révision des règlementations, la formation du personnel et les conseils sur le financement des organisations de la société civile. Si le gouvernement doit encourager l'essor de la société civile, il ne peut la créer. Des fonds européens ont donc permis de financer un programme de mise en place de centres de ressources de la société civile dans les communautés des quatre coins de la Libye. Les fonds seront utilisés pour la formation et l’octroi de petites subventions. « La Libye est un pays tout neuf pour les organisations de la société civile européennes. Les partenaires de développement internationaux sont en terrain inconnu », déclare FaProjets en marche 3 – Voisinage Européen Sud


SOCIÉTÉ > LIBYE

« Les ONG libyennes sont atypiques, elles sont de plus en plus nombreuses mais la plupart ne sont pas structurées. C’est pourquoi nous les soutenons. » bienne Bessonne, Desk Officer pour la Libye à la direction générale EuropeAid de la Commission européenne. « Les ONG libyennes sont atypiques, elles sont de plus en plus nombreuses mais la plupart ne sont pas structurées. C’est pourquoi nous les soutenons. Nous avons déjà lancé sept programmes en faveur de la société civile et, en 2012, nous avons organisé un forum UE-Libye de la société civile à Tripoli et à Benghazi, afin d’améliorer la connaissance mutuelle des organisations de la société civile de l’UE et de Libye. » « Le forum a été plutôt profitable et a rassemblé plus de 300 organisations de la société civile libyennes et 30 européennes », ajoute Mme Bessonne. « L’échange d’idées a été fructueux et a donné naissance à quelques nouveaux partenariats. » Quatre centres de formation à Tripoli, Benghazi, Misrata et Sabah L’UE soutient l’établissement de centres de ressources de la société civile, les activités de développement des capacités des organisations de la société civile (par exemple à travers la formation aux actions de sensibilisation et à la collecte de fonds, à la gestion de projets et à la gestion financière), la mise en place de plans de développement locaux associant autorités locales et société civile et les échanges entre les organisations de la société civile libyennes et européennes/régionales. Ainsi, le programme « Civil Initiatives Libya », qui en est à sa deuxième année grâce au financement de l’UE et mis en œuvre par un consortium d’ONG internationales telles qu’ACTED, CESVI et PIN, propose des sessions Projets en Marche 3 – Voisinage Européen Sud

n Femmes libyennes membres d’une ONG dans les années 50 : image accrochée au mur du

Forum libyen pour une citoyenneté et une démocratie efficaces.

de formation et une série de services aux ONG locales afin de faciliter leurs activités. Quatre centres de formation menant des activités diverses en faveur des organisations de la société civile émergentes ont été créés à Tripoli, Benghazi, Misrata et Sabah. « L’ouverture du centre de Sabah constitue une avancée énorme compte tenu des problèmes de sécurité », ajoute Mme Bessonne. « Le centre est un lieu de rencontre indispensable, où l’on peut interagir et même recevoir des visiteurs. Le centre de Sabah collaborera étroitement avec l’université et aidera vraiment les organisations de la société civile des régions reculées à surmonter leur isolement. » « Le simple fait que ces organisations de la société civile existent, est en soi un grand pas en avant », déclare Remy Reymann, directeur de projets d’ACTED. « Ces organisations payent à présent le prix de 42 ans d’isolement, en particulier au niveau de leur gestion. Mais elles sont parfaitement capables de s’améliorer. Certaines connaissent un développement rapide. Selon moi, les organisations de la société civile libyenne vont rapidement s’améliorer. » Le centre de formation de Tripoli comprend une petite salle réservée aux séminaires et aux tables rondes, trois salles de réunion, un centre média avec un espace réservé aux femmes, une petite mosquée, deux bureaux et une petite bibliothèque. Le centre est opérationnel depuis juin 2012. Selon Hisham Al Werfalli, directeur adjoint du programme

« Civil Initiatives Libya », le centre de Tripoli a atteint un pic d'activité début septembre, avec l’inscription de presque 500 organisations non gouvernementales. D’après lui, les centres de Benghazi et de Misrata sont tout aussi actifs. « La société civile libyenne se renforce de jour en jour même si nombreux sont ceux qui doutent des capacités des ONG dans ce pays. Mais la réponse de la population a été impressionnante », déclare-t-il. Parmi les nombreuses activités menées à bien, un programme de « formation des formateurs » a été mis en place à Tripoli et 10 participants sont à présent prêts à former à leur tour d’autres personnes dans diverses villes. Zoran Krtinic, de Chypre, était en charge du processus de formation. Ses connaissances en la matière sont étendues. De plus, il est originaire d’un pays avec une expérience récente en termes d’organisations de la société civile et de la pratique de la démocratie. « L’expérience m’a beaucoup apporté », affirme-t-il. « Les participants libyens étaient très disposés à travailler,

« Notre engagement en faveur du peuple libyen est un investissement dans l’avenir. Cette coopération renforcera non seulement la Libye, mais également l’UE. » 17


SOCIÉTÉ > LIBYE

n Les participants à une formation des formateurs exhibent leur diplôme.

très impliqués et dévoués, même si tout cela est très nouveau pour eux. Leur niveau d’anglais était par ailleurs assez bon, car nombre d’entre eux ont étudié à l’étranger. » Des visites en Europe sont également organisées, en particulier vers des pays ayant récemment connu un processus de transition démocratique. Un groupe de huit citoyens libyens, quatre hommes et quatre femmes de diverses villes du pays et organisations de la société civile, a ainsi été envoyé à Prague, Bruno et Ostrava, en République tchèque, afin de mieux comprendre les grandes étapes de la croissance et du développement de la société civile. Partage de connaissances entre l’Europe et la Libye Le Forum libyen pour une citoyenneté et une démocratie efficaces est l’une des organisations de la société civile les plus actives en Libye. Le forum a été fondé à Al Bayda, une petite ville libyenne située à l’est du pays, et a ouvert ses portes en mai 2011 afin de se consacrer à l’éducation de la société. Le bureau de Tripoli a organisé ses premiers ateliers en février 2012, et a mis l’accent sur le droit d’observation des élections juste après la déclaration de la constitution. « Les principaux problèmes auxquels sont confrontées la plupart des organisations de la société civile sont trouver des locaux adaptés pour les réunions et 18

obtenir le soutien financier nécessaire pour démarrer leurs activités », affirme Awatif Al Khabouli, coordinatrice du bureau de Tripoli. « Notre gouvernement ne dispose pas de ces moyens mais heureusement, l’UE palie à ces lacunes… Nous sommes très reconnaissants envers l’Europe », conclut-elle. « Elle nous a beaucoup appris. Elle nous a aidés à formuler nos idées et à orienter nos efforts. Nous partageons à présent ses connaissances. » « L’UE n’a pas tardé à apporter son soutien au peuple libyen. À présent, il faut surfer sur cette vague de changement », déclare Suzanne Kodsi, en charge de la coopération au sein de la délégation de l’UE en Libye. « Notre engagement en faveur du peuple libyen est un investissement dans l’avenir. Cette coopération renforcera non seulement la Libye, mais également l’UE. C’est le moment idéal pour aider ce pays. Nous avons le sentiment que la Libye est en bonne voie vers une démocratie dynamique. Nous sommes là pour aider le peuple libyen à montrer son nouveau visage au reste du monde. » Texte par Zainab Tarbah et EU Neighbourhood Info Centre Photos par Zainab Tarbah et le Forum libyen pour une citoyenneté et une démocratie efficaces

Principaux programmes de l’UE en Libye Outre le programme « Civil Initiatives Libya », les programmes suivants sont financés par l’IEVP : • Programme en faveur de la réforme du secteur de la sécurité et de l’État de droit (10 millions d’euros) afin de soutenir le développement des capacités dans le secteur de la police et de la justice. • Un programme d’enseignement et de formation techniques et professionnels (6,5 millions d’euros) améliorera la qualité de la formation proposée, ainsi que son adaptation aux exigences du marché de l’emploi. De plus, la réintégration des personnes sans emploi participera à l’intégration des anciens combattants. • L’UE a toujours envisagé le secteur de la santé comme une priorité pour l’aide future en Libye. Une assistance supplémentaire de l’UE dans ce domaine (programme de 8,5 millions d’euros) sera axé sur les soins de santés primaires, afin d’assurer la fourniture immédiate de ces services et d'améliorer la qualité de soins. • Un instrument de renforcement des capacités de l’administration publique (4,5 millions d’euros) pour le développement d’une administration publique démocratique et efficace. • Un programme d’éducation (2,4 millions d’euros) pour la rescolarisation des enfants et le soutien psychologique et social aux élèves et aux enseignants. • Un programme migratoire (10 millions d’euros) afin de répondre aux besoins de base et de protéger les droits fondamentaux des migrants étrangers en Libye et des migrants libyens en Tunisie et en Égypte. Pour en savoir plus : Fiche de voisinage de l’UE sur l’assistance à la Libye http://enpiinfo.eu/mainmed.php?id=27491&id_type=1&lang _id=469 Soutien de l’UE à la Libye http://europa.eu/rapid/press-release_MEMO-11779_en.htm?locale=FR Page sur la politique de voisinage de l’UE en Libye http://www.enpiinfo.eu/countrymed.php?country=11&lang_ id=469 Page thématique sur la politique de voisinage de l’UE : société civile et autorités locales http://www.enpiinfo.eu/thememed.php?subject=14&lang_ id=469

Projets en marche 3 – Voisinage Européen Sud


SOCIÉTÉ > TUNISIE

La société civile à l’épreuve de la démocratie

n Les journalistes tunisiens de Radio Jeunes pendant leur réunion du matin.

Entre juin 2011 et juin 2012 l’UE a débloqué près de 6 500 000 euros pour appuyer la société civile tunisienne dans le but de concrétiser la transition démocratique et diffuser la culture des droits de l’homme. Notre journaliste a rencontré les bloggeurs, les journalistes, les acteurs de cette transition. Voici leur témoignage.

TUNIS – Quelques jours avant la révolution du 14 janvier 2011, le jeune tunisien Sofien Belhaj croupissait dans les geôles du ministère de l’Intérieur de son pays. Son seul crime était d’avoir défié le pouvoir en place en communiquant, à travers son ordinateur avec ses compatriotes et le monde entier pour dénoncer la dictature. Il a osé dire tout haut, depuis son blog, ce que beaucoup pensaient tout bas. Le parcours de ce jeune blogueur est révélateur d'un état d'âme d'une jeunesse avide de changement et de volonté de vivre sa vie autrement. Qui aurait pu imaginer qu'un groupe de jeunes aient pu contribuer à faire chanceler et vaciller l'un des régimes les plus despotes des pays arabes ? « I have a dream : Tunisie démocratique » Sofiene – qui fait partie aujourd’hui de l’Association Bloggeurs Tunisiens,

Projets en marche 3 – Voisinage Européen Sud

appuyé par l’Union européenne raconte son expérience : "Au début nous étions un groupe de jeunes qui avaient décidé en Belgique d'entamer une opération d'évaluation et de critiques de l'activité gouvernementale, mais par la suite j'ai décidé de repartir en créant mon propre espace sur Facebook «I have a dream : Tunisie démocratique». Il choisit comme nom d'emprunt « Hamadi Kaloutcha ». Pourquoi justement ce nom et prénom? Sofiene explique :"Je ne pouvais pas dévoiler mon identité pour les raisons que vous connaissez, alors j'ai choisi le prénom Hamadi parce qu’il est commun. Le nom de Kaloutcha, c'est celui d'un pêcheur du coté de Radès (10 km de Tunis), connu pour son francparler et sa bravoure. J'ai voulu «démolir» l'approche gouvernementale de la démocratie par l'argumentation. Il était difficile de travailler à visage découvert avant le 14 janvier 2011. Le gouver19


SOCIÉTÉ > TUNISIE

« Il est remarquable que l'UE ait pu financer des actions rétroactivement, ou mobiliser d’importantes sommes d’argent de façon si rapide, ou encore changer les règles pour permettre à différents sujets politiques de participer pleinement à la vie politique et sociale du pays » Renforcement de la transparence dans le domaine électoral L'Association Tunisienne pour l'éveil démocratique a rencontré des difficultés aux premiers jours de la révolution et a pu contribuer à sa manière et avec des moyens limités, au renforcement de la transparence dans le domaine électoral. Cette association fut créée dès le début de la révolution du 14 janvier, par un groupe de bénévoles. Aujourd’hui elle bénéficie d’un soutien financier de l’Union européenne. Son objectif, comme l'explique son président, Rafik Halouani, était de «concrétiser la transition démocratique et la diffusion de la culture des droits de l’homme, ainsi que des libertés fondamentales» et il ajoute : «L’un des plus grands succès de l’association est la mise en place du réseau Mourakiboun (observateurs) pour l’observation des élections de l’Assemblée constituante du 23 octobre 2011. Nous avons pu former et déployer 4000 observateurs. Il faut préciser que sans l’appui de l’UE qui, je le dis, ne s’immisce pas dans les projets, nous n’aurions pas pu obtenir ces résultats». Deux époques, avant et après la révolution L’appui de l’UE à la société civile en Tunisie date de plusieurs années, avant même le

déclenchement de la révolution. M. Michel Mouchiroud, responsable de gestion des projets société civile à la délégation européenne à Tunis, explique l’évolution du processus: «L'appui de l'UE à la société civile en Tunisie peut se caractériser en deux époques, avant et après la révolution. Avant la révolution on peut dire que le processus était bloqué. On se limitait à quelques actions dans le domaine du monde rural et des zones reculées de la Tunisie. En 2010 on disposait de plus de fonds. Nous avions pensé travailler sur la jeunesse et la recherche, mais la révolution a tout changé ». Comme l'UE disposait de mécanismes souples, des fonds pour accompagner la transition ont été mobilisé. Le secteur des droits de l'homme a été identifié pour appuyer les acteurs clefs et asseoir les acquis de la révolution. « Un de nos objectifs est de dynamiser la vie politique et d'accompagner la réforme politique - continue M. Mouchiroud - notamment en aidant la Ligue tunisienne des droits de l'homme à mettre en place ses sections. Nous aidons également le Syndicat national des journalistes tunisiens à reprendre son rôle phare dans le domaine médiatique à travers des formations en déontologie. Nous avons appuyé une quarantaine d'associations émergentes, directement et indirectement. Je peux citer à titre

n Ouerghi Awatef, une journaliste de

n Meher Ferchichi, un journaliste de la

n La journaliste Hende Askri pendant

Radio Jeunes au travail.

Radio Jeunes au travail.

sa transmission quotidienne.

n Le blogueur Sofien Belhaj.

« …. nous avons du être extrêmement flexibles dans nos approches et notre travail avec des partenaires qui parfois n'avaient aucune expérience dans la gestion de projets » nement a été très sensible à la publication dans mon blog des révélations de Wikileaks sur la Tunisie. L’impact était grand par référence au nombre de visites. La police a pu m’identifier le 5 janvier 2011 et m’arrêter le lendemain. Elle a confisqué tout mon matériel et tous mes documents. C’était un coup dur pour moi ».

20

Projets en marche 3 – Voisinage Européen Sud


SOCIÉTÉ > TUNISIE

gestion organisationnelle et gestion de projets ». Durant la période de juin 2011 à juin 2012, la FEMDH a octroyé des appuis au démarrage de 16 associations pour un montant de 350.000 euros (environ 700.000 dinars tunisiens). L’activité de la société civile en Tunisie est plus que jamais prospère. Elle est devenue un acteur incontournable de la vie politique, mais aussi un contrepoids de taille à même de créer une nouvelle dynamique post-révolutionnaire. n Rfik Halouani avec son équipe.

Texte par EU / Neighbourhood Info Centre Photos par EPA © EU / Neighbourhood Info

« Avant la révolution on peut dire que le processus d’appui de l'UE à la société civile était bloqué. Après, tout a changé » d'exemple les associations qui ont travaillé sur l'observation démocratique des élections, l'association des blogueurs tunisiens (ABT) ou le Forum Tunisien des Droits Economiques et Sociaux, que nous appuyons à travers la Fondation EuroMéditerranéenne pour les Droits de l'Homme. Nous les accompagnons dans le but de tracer une visibilité pour le citoyen.». Et il termine : « Nous avons dû être extrêmement flexibles dans nos approches et notre travail avec des partenaires qui parfois n'avaient aucune expérience dans la gestion de projets." Le respect des droits de l’Homme «par tous» et «pour tous» La Fondation euro-méditerranéenne de soutien aux défenseurs des droits de l’homme FEMDH, basée à Tunis, a joué un rôle fondamental dans l’appui à la société civile. Créée en 2004, la Fondation contribue au respect et à la promotion des lignes directrices de l’Union européenne et de la déclaration des Nations Unies sur les défenseurs des droits de l’homme, adoptée en 1998. « Notre vision est basée sur le principe du Projets en marche 3 – Voisinage Européen Sud

respect des droits de l’homme «par tous» et «pour tous» dans plusieurs domaines – explique M. Ramy Salhi, responsable régional de la FEMDH - Je cite entre autres, la lutte contre l’impunité, les droits de la femme, la citoyenneté et les élections, le droit des migrants et des réfugiés, les droits économiques, sociaux et culturels… ». Avant la révolution, continue M. Salhi, les menaces contre les libertés étaient réelles, ce qui a contraint l’Association d’agir dans des conditions difficiles pour accompagner les défenseurs des droits de l’homme. Après, la situation a changé, les menaces n’existaient plus. Mais il fallait faire vite pour soutenir la vague du changement… "Nous avons été obligés d'établir des plans d'action dans des délais très courts, pour pouvoir accorder aux jeunes associations des financements imprévus préalablement » dit-il. « Il est remarquable que l'UE ait pu financer des actions rétroactivement, ou mobiliser d’importantes sommes d’argent de façon si rapide, ou encore changer les règles pour permettre à différents sujets politiques de participer pleinement à la vie politique et sociale du pays… ». Aujourd’hui, la situation a encore changé. « Nous avons donc réadapté notre politique – il continue - dans le but d’accompagner les nouvelles associations par l’écoute, le coaching et l’encadrement personnalisé en matière de

Centre

Le développement de la société civile après le Printemps Arabe : l’appui de l’UE Après la révolution, l’attente de la société tunisienne de voir se concrétiser l’appui européen était assez forte. L’UE a donc procédé pour appuyer des organisations émergentes tunisiennes, soit directement en ouvrant l'éligibilité des appels à propositions à toute association sans nécessité d'ancienneté, en 2011, soit à travers les subventions en cascades à de plus petites organisations, qui étaient données par les partenaires tunisiens de l’UE dans le cadre des projets en cours. Entre juin 2011 et juin 2012 l’UE a débloqué près de 6 500 000 euros pour appuyer la société civile tunisienne, dans le but de concrétiser la transition démocratique et diffuser la culture des droits de l’homme. Pour en savoir plus : Coordination pour l'appui à la société civile tunisienne http://eeas.europa.eu/delegations/tunisia/projects/overview/civil_society_fr.htm Développer la société civile après le Printemps Arabe: les enseignements de la Délégation de l'UE en Tunisie http://capacity4dev.ec.europa.eu/article/developing-civilsociety-after-%E2%80%98arab-spring%E2%80%99lessons-learned-eu-delegation-tunisia Fiche thématique de l’EU Neighbourhood Info Centre : Société Civile et autorités locales http://www.enpi-info.eu/thememed.php? subject=14&lang_id=469

21


La coopération en photos Demain commence aujourd’hui La Politique européenne de voisinage

Tomorrow starts today The European Neighbourhood policy

A la recherche d’une photo particulière illustrant les activités sur le terrain ? www.enpi-info.eu PHOTOS

Neighbours Connect

Nos photos sur Flickr

Animations et vidéos sur You Tube


SOCIÉTÉ > ALGERIE

Je suis citoyen, donc j’ai mon mot à dire Ils ont bénéficié d’une série de formations et après l’élection d’un bureau exécutif, ils ont organisé plusieurs activités, des visites dans un hospice, une journée d’animation ainsi qu’un festival de la jeunesse : c’est le Conseil consultatif des jeunes de la commune des Eucalyptus, dans la banlieue d’Alger. Un espace de dialogue et d’apprentissage dont l’objectif – entre autres – est de donner la parole à la jeunesse et de l’impliquer dans la gestion des problématiques au niveau local. Soutenue par l’Union Européenne, l’initiative fait partie d’un programme de «Renforcement du dialogue démocratique et de la participation citoyenne des jeunes dans la gestion des politiques de développement local ». Un concept en cours de démultiplication à travers d’autres régions d’Algérie. Reportage d’un journaliste du Centre d’Information pour le Voisinage européen.

Découvrez les reportages photo du Centre d’information pour le voisinage européen sur YouTube Projets en marche 3 – Voisinage Européen Sud

ALGER – Khawla, Hiba, Meriem et Toufik sont nerveux. En ce mardi, ils ont pour mission de présenter aux membres de l’association Jeunesse Plus et aux collégiens de la ville de Draria une initiative pilote : le Conseil consultatif des jeunes (CCJ) de la commune des Eucalyptus. La rencontre se déroule au lycée sportif national de Draria. Les «Eucalyptussiens», issus de quartiers défavorisés, ne se laissent pas impressionner. Micro à la main, droit face à l’assistance, Toufik Kourtaa se lance en premier : «J’ai fait connaissance avec les initiateurs du Conseil consultatif lors d’une journée d’information : au début, je ne comprenais pas très bien certaines notions, mais j’ai fini par prendre conscience que mon statut de citoyen me permet de peser sur le devenir de ma commune. Aujourd’hui, j’ai mon mot à dire», souligne-t-il. Khawla Ghalem, lycéenne en classe de gestion, prend le relais pour expliquer les

différentes étapes qui ont conduit à la constitution du Conseil : «Nous avons bénéficié d’une série de formations pour parfaire nos connaissances. C’est sur cette base théorique que nous avons élaboré le règlement intérieur et pu organiser l’élection du Bureau exécutif». Au fond de la salle, Selma Khelif, responsable de projet au Comité international pour le développement des peuples (CISP), esquisse un sourire en écoutant Meriem Attia, habituellement très réservée, dresser le bilan du Conseil – «Nous avons organisé plusieurs activités, notamment une visite dans un hospice pour personnes âgées, une journée d’animation à l’occasion de la journée du Savoir ainsi qu’un festival de la jeunesse». La séance de débat débute. Les questions fusent. Les membres du Conseil répondent à toutes les interrogations. Les «Drariens» sont convaincus par le concept de CCJ. 23


SOCIÉTÉ > ALGERIE

n En l’espace de quelques mois, près de 250 jeunes prennent part aux différentes activités du Conseil consultatif des Jeunes (CCJ).

Le besoin de prendre la parole La constitution de ce Conseil est l’aboutissement d’un long processus. «La ville des Eucalyptus se caractérise notamment par la jeunesse de sa population – explique Selma Khelif – puisque 70% de ses habitants ont moins de 30 ans». Commune à vocation agricole jusqu’au milieu des années 80, les Eucalyptus a fini par se transformer en une grosse agglomération suite à l’exode rural provoqué par le terrorisme. Bien que située à une quinzaine de kilomètres de la capitale, les conditions de vie y sont parfois difficiles. La violence est souvent le seul mode d’expression des jeunes de cette cité. «Le Conseil permet de transmettre des préoccupations locales tout

n Ghalem Khawla, lycéenne en classe de gestion, membre

du Conseil consultatif des jeunes (CCJ) de la commune des Eucalyptus.

24

« J’ai fini par prendre conscience que mon statut de citoyen me permet de peser sur le devenir de ma commune. Aujourd’hui, j’ai mon mot à dire » en faisant des propositions pour trouver des solutions aux problématiques. Aux Eucalyptus, la première étape consistait à construire un partenariat solide avec les acteurs locaux. Nous avons pu rencontrer le maire, Abdelghani Ouicher, qui porte un intérêt particulier à la participation citoyenne. Avec l’association El Manar (Le Phare), notre partenaire local, nous avons ensuite procédé à la phase de sensibilisation et d’adhésion des jeunes. Ces actions se sont déroulées dans plusieurs espaces, notamment la bibliothèque, la maison de Jeunes ainsi qu’au sein du Centre de formation professionnelle». 250 jeunes participent aux activités En l’espace de quelques mois, près de 250 jeunes prennent part aux différentes activités du CCJ. Un noyau fort de 20 membres se constitue. Pour les accompagner et renforcer leurs capacités, ils participent à un cycle de formations. Adaptées à la réalité du terrain, ces sessions abordent des sujets liés à la participation citoyenne, les élections, la Projets en marche 3 – Voisinage Européen Sud


SOCIÉTÉ > ALGERIE

« A court terme, l’objectif de notre Conseil consultatif sera d’encadrer les porteurs de projets et de les mettre en contact avec les élus et l’administration » Mohamed Amine ont des avis partagés sur la question. Aujourd’hui, leur priorité n’est pas d’intégrer un parti politique, mais de jouer pleinement leur rôle de citoyen. n Selma Khelif, responsable de projet au Comité interna-

tional pour le développement des peuples (CISP).

n Mohamed Amine Seghir , président de l’Association Jeunesse Plus.

Texte par Tarik Hafid Photos par Farouk Batiche, AFP © EU/Neigh-

Déclaration universelle des Droits de l’Homme, le Code de la famille, la gestion des conflits… La réussite de cette phase a été primordiale pour la suite du processus et, surtout, pour l’instauration d’une cohésion de groupe. Aussi, l’action de l’association El Manar a facilité le travail dans un cadre de mixité. Durant l’été, les «Eucalyptussiens» se sont rendus à Oran, principale ville de l’ouest algérien, pour débattre de leur expérience avec les membres de l’association Le Petit Lecteur, également engagée dans le programme. La tenue des élections locales du 29 novembre 2012 et la campagne électorale qui les a précédées, ont été un excellent champ d’apprentissage pour les membres du Conseil. Ils ont rencontré les représentants des partis politiques en lice, pris connaissance des différents programmes et eu l’opportunité de faire part des attentes

« Le Conseil permet de transmettre des préoccupations locales tout en faisant des propositions pour trouver des solutions aux problématiques » Projets en marche 3 – Voisinage Européen Sud

des jeunes de la ville. A la suite des élections Abdelghani Ouicher, le maire qui a facilité la création du Conseil, est réélu. Puis, au mois de février, c’est au tour des jeunes d’élire leurs instances. Le Conseil consultatif des jeunes des Eucalyptus se dote d’un bureau exécutif, d’un président et d’un vice-président. L’initiative lancée par le CISP avec l’appui financier de la Commission Européenne, ne tarde pas à faire des émules. Et c’est précisément le cas de l’Association Jeunesse Plus de Draria, qui a bénéficié d’une subvention en cascade dans le cadre du renforcement des compétences des associations locales. Mohamed Amine Seghir, président de l’Association Jeunesse Plus ne cache pas sa satisfaction. «Le concept de CCJ a été une réussite aux Eucalyptus et cela nous a encouragé à reproduire cette expérience à Draria. Nous avons exposé le projet au maire, car nous estimons que l’implication des pouvoirs publics est primordiale pour la réussite de cette initiative. A court terme, l’objectif de notre Conseil consultatif sera d’encadrer les porteurs de projets et de les mettre en contact avec les élus et l’administration. Pour l’heure, nous avons sensibilisé une soixantaine de jeunes citoyens. C’est très encourageant». Et l’engagement politique ? Khawla, Hiba, Meriem, Toufik et même

bourhood Info Centre

« Renforcement du dialogue démocratique et de la participation citoyenne des jeunes dans la gestion des politiques de développement local dans les communes d’Oran et des Eucalyptus »

https://www.facebook.com/LeCon seilConsultatifDesJeunes Dans les wilayas d'Alger et d'Oran la qualité de la participation citoyenne dans l'amélioration de la politique de décentralisation est soutenue grâce à une meilleure définition, monitoring et mise en œuvre de projets de développement local. Les partenaires : CISP (Comité International pour le Developpement des Peuples), Petit Lecteur, EL Manar (Eucalyptus) et en association avec l’APC des Eucalyptus. Durée : 2 ans (2012-2013) Budget : 131 556,84 euros Pour en savoir plus : Page thématique de l’EU Neighbourhood Info Centre : jeunesse http://www.enpi-info.eu/thememed.php?subject=13 Délégation de l’Union Européenne en Algérie http://eeas.europa.eu/delegations/algeria/index_fr.htm

25


SOCIÉTÉ > TUNISIE

La culture du débat s’enracine Qu’est-ce-qui se passe quand deux groupes ne partagent pas le même avis ? Il faut qu’ils apprennent, sinon à se convaincre, au moins à s’écouter. Sur la rive sud de la Méditerranée, un des grands défis c'est d'apprendre à vivre dans la différence. Le projet « Young Arab Voices » initié et piloté par la Fondation Anna Lindh et le British Council, vise à enraciner la culture du débat parmi les jeunes et à développer leur sens de la critique. Après avoir participé à une formation ‘au débat’, un journaliste du Centre d'information pour le voisinage européen nous livre ses impressions.

26

TUNIS – Faut-il être intolérant envers un être intolérant ? Faut-il tuer un être qui tue ? Dans un contexte social où la violence gagne chaque jour du terrain, il est normal que l'on s'interroge sur ses origines. Selon la loi dite du talion : « œil pour œil » on devrait combattre le mal par le mal et l'injustice par l'injustice. « Je crois que Gandhi avait parfaitement raison en disant: ‘L’ œil pour œil rendra le monde entier aveugle’ », affirme Souad Yakoubi, étudiante à l’Institut des langues Ibn Charaf. « La vengeance a pour première fonction l’élimination du délinquant - contrebat Jed Ben Aoun, étudiant à l’IHEC - c’est une mesure de protection sociale pour préserver l’ordre public et empêcher la récidive ». Ce passionnant débat est organisé au British Council à Tunis dans le cadre du projet « Young Arab Voices » initié et piloté conjointement par la Fondation

Anna Lindh pour le Dialogue entre les Cultures et le British Council. Cette rencontre est inédite, car on peut sentir à quel point le sujet tient à cœur aux six jeunes étudiants tunisiens venus participer et s’interroger sur cette loi. Durant cette matinée flotte dans l’atmosphère un exaltant parfum d’échange. Et pourtant ces deux groupes ne partagent pas le même avis. Le plaidoyer ? Ca s’apprend C’est justement l’intérêt du projet « Young Arab Voices » qui vise à enraciner cette culture de débat et à offrir aux jeunes des meilleurs techniques, entre autres, oratoires, afin qu’ils aient un meilleur plaidoyer pour défendre leurs avis concernant les questions qui sont au centre de leurs intérêts. «Ce programme - comme le précise Hamza Kaabar, responsable du projet - tend notamment à développer le sens de la Projets en marche 3 – Voisinage Européen Sud


SOCIÉTÉ > TUNISIE

« La rue est encore chaude, un des grands défis de la Tunisie, c'est d'apprendre à vivre dans la différence. Nous n'avons pas l'habitude d'échanger des opinions, d'opposer des styles de vie » critique chez nos jeunes, à renforcer leurs connaissances en politique, à développer leurs capacités d’analyse, promouvoir la culture du débat démocratique et créer un lien entre les jeunes et les organes de décision politique ». « La rue est encore chaude - constate Souhir Chaari, activiste tunisienne - un des grands défis de la Tunisie, c'est d'apprendre à vivre dans la différence. Nous n'avons pas l'habitude d'échanger des opinions, d'opposer des styles de vie ». La volonté du British Council et de la Fondation Anna Lindh est de multiplier ce genre de débats, afin que le brassage des opinions soit toujours plus enrichissant. «On doit donner la parole aux jeunes pour leur permettre d’avancer dans cette aventure démocratique»: Wissem Boudrigua, étudiant à l’institut

n Souhir Chaari, activiste tunisienne.

Projets en marche 3 – Voisinage Européen Sud

n Chamsseddine Abdelhafidh , un des participants au projet Young Arab Voices.

supérieur des sciences humaines de Tunis, estime que ce plaidoyer consiste à adopter une position afin d’amener un changement positif. « On doit écouter les propositions, préparer les contrearguments et lorsqu’on opposera les idées, il faut savoir répondre et faire preuve de respect et de maturité, car une personne qui possède une idée différente de toi n’est pas contre toi. Un bon

débat – il conclut – est une argumentation structurée par laquelle deux discours opposés essaient de convaincre l'auditoire ». C’est exactement ce qui se passe dans le débat sur l’«œil pour œil». La première équipe qui s'exprime en faveur de la loi du talion a donc le fardeau de la preuve et doit préparer une argumentation rigoureuse. La seconde s'oppose à l’idée proposée, mais doit défendre sa position. Dense, riche, instructif, passionné, le débat est parfois tendu. Souhir Chaari défend bien sa cause. « On doit appliquer dans certaines occasions cette loi du talion, l’une des lois les plus anciennes de l’histoire de l’humanité. C’est de la légitime défense ». Basma Ghali, étudiante à l’institut des langues Ibn Charaf de Tunis, ne l’admet pas: « Ce concept fait référence à une philosophie de la justice dépassée et barbare, relevant de la vengeance privée et non de la justice où chaque acte en entraînait un autre ». Ce dialogue initié par Young Arab Voices éveille l’esprit à de nouvelles perceptions de la réalité, ajoute Souad Yakoubi. « La jeunesse tunisienne - dit-elle - a joué un 27


SOCIÉTÉ > TUNISIE

n Wissem Boudrigua, étudiant à l’institut supérieur des sciences humaines de Tunis.

rôle important pour provoquer le changement démocratique et il est essentiel qu’elle continue à pouvoir participer et à faire entendre sa voix . Je suis ravie que la Fondation Anna Lindh et le British Council soutiennent cette initiative remarquable ». La jeunesse au cœur du changement Il est vrai que cette jeunesse a constitué le principal acteur du changement au cours des événements qu’ont traversé les pays arabes depuis 2011 et elle restera indispensable dans les nouveaux systèmes politiques demandés par les sociétés, mais aussi dans la conception de nouveaux modèles de développement centrés sur la création d’emplois, le développement local et la durabilité. «Ces jeunes - conclut Hamza Kaabar, responsable du projet - sont appelés à devenir des acteurs de leur propre destin dans la sphère politique et économique tunisienne, et là un agenda commun de développement Nord-Sud est nécessaire pour consolider ce partenariat et redéfinir la coopération Euro-

«On doit donner la parole aux jeunes pour leur permettre d’avancer dans cette aventure démocratique» 28

Young Arab Voices

« Un bon débat est une argumentation structurée par laquelle deux discours opposés essaient de convaincre l'auditoire »

méditerranéenne ». Selon Mr Kaabar, les programmes de la Fondation Anna Lindh comme Young Arab Voices pourront contribuer à réaliser tous ces objectifs, en considération du fait qu’ils visent à donner plus de poids aux voix de la jeunesse tunisienne et à fournir à cette dernière une tribune pour être entendue. « C’est uniquement à travers le dialogue, le rapprochement des peuples, la confrontation et la compréhension réciproque qu’il est possible de combattre les préjugés et les esprits fermés à la diversité – il conclut - et c’est seulement en faisant tomber les barrières de l’ignorance qu’il est possible de s’ouvrir à la curiosité envers autrui, au besoin de connaissance et à l’enrichissement mutuel nourri par l’échange Nord-Sud ». Texte par Kamel Bouaouina Photos par AFP © EU/Neighbourhood Info

http://www.youngarabvoices.org/ Le programme Young Arab Voices a été lancé conjointement en 2011 par la Fondation Anna Lindh et le British Council en réponse aux changements politiques historiques et sociaux qui ont eu lieu dans toute la région arabe. Le but de ce programme est de renforcer les compétences des jeunes en matière de débat et de faciliter la participation des jeunes dans les nouveaux processus de transition démocratique et de réforme. Il a conduit à la création de clubs de débats portant sur un large éventail de sujets, dans les écoles et universités ainsi que dans les espaces culturels et les ONG locales. Young Arab Voices est soutenu par la Commission européenne et la Ligue des États arabes et co-financé par l'Initiative de l'Office britannique des Affaires étrangères en faveur du partenariat arabe. La Fondation Anna Lindh pour le dialogue entre les cultures promeut la connaissance, le respect mutuel et le dialogue interculturel entre les populations de la région euro-méditerranéenne, grâce à un réseau de plus de 3 000 organisations de la société civile réparties dans 43 pays. Son budget est co-financé par l'UE (7 millions d'euros) et par les États membres de l'UE (6 millions d'euros). Pour en savoir plus : Fondation Anna Lindh http://www.enpiinfo.eu/mainmed.php?id=387&id_type=10&lang_id=469 Fondation Anna Lindh http://www.euromedalex.org/fr EU Neighbourhood Info Centre – fiche thématique: JEUNESSE http://www.enpi-info.eu/thememed.php?subject=13

Centre

Projets en marche 3 – Voisinage Européen Sud


SOCIÉTÉ > PALESTINE

Mettre des couleurs sur l'isolement Armés de pinceaux, de pots de peinture et de bêches, ils arpentent les écoles de Cisjordanie. Un groupe de jeunes volontaires palestiniens et européens se déplace en car d'une région rurale à une autre pour rénover les écoles et transmettre un message de solidarité aux communautés isolées. Ces visites s'inscrivent dans le cadre de l'initiative « Yalla Shabab » de l'Union européenne, qui inclut plusieurs activités pour les jeunes de Cisjordanie et de Gaza, comme des conférences sur les affaires courantes dans les universités locales, des journées du volontariat, une série d'activités culturelles et un concours pour les jeunes journalistes palestiniens. Un journaliste du Centre d’information pour le voisinage européen a accompagné les volontaires à bord d'un car se dirigeant vers le village d'Al Auja. Il nous livre son reportage. RAMALLAH – Les pluies torrentielles du matin ne sont certainement pas le réveil le plus agréable, mais le déluge contraste grandement avec l'enthousiasme débordant des 50 volontaires qui cherchent à s'abriter au point de rendezvous à Ramallah. Leur destination : le village d'Al Auja, dans la vallée du Jourdain, pour une journée de volontariat. Quelques minutes après 10 heures, le car prend la route en direction de

Projets en marche 3 – Voisinage Européen Sud

Jéricho. En chemin, la pluie finit par s'arrêter et plus nous nous rapprochons de notre destination, plus le soleil tape. Quand le car s'arrête devant la crèche Jeel Al Jadid, il fait déjà assez chaud pour pouvoir prédire que les volontaires finiront la journée légèrement bronzés. L'armée de jeunes gens se rassemble dans le hall de la crèche pendant qu'Ibrahim Abu Alfa, l'adjoint au maire d'Al Auja, accueille chaleureusement les volontaires impatients.

Découvrez les reportages photo du Centre d’information pour le voisinage européen sur YouTube

« Nous, les Palestiniens, souffrons tous de l'occupation d'Israël. Mais ici, les conditions sont encore plus terribles car les colonies juives s'élargissent autour de nous et le désert s'étend sur nos champs », indique-t-il. « Je vous remercie énormément pour le travail que vous êtes venus réaliser ici. » Un groupe de peintres professionnels donne quelques instructions de dernière minute aux volontaires, qui enfilent des T-shirts et casquettes bleus avec le logo

29


SOCIÉTÉ > PALESTINE

« Je suis vraiment ravie de consacrer une partie de mon temps libre à quelque-chose d'utile, pas pour moi personnellement, mais pour la société dans son ensemble » de l'UE et se mettent au travail. Ils ont une échéance à respecter : le travail doit être fini avant la tombée de la nuit. Un rôle de premier plan pour les jeunes L'initiative « Yalla Shabab » fait partie d'une campagne de sensibilisation promue par l'Union européenne, en coordination avec Young Entrepreneurs Palestine (YEP, « jeunes entrepreneurs de Palestine »), dans le but de promouvoir des valeurs de l'Union européenne comme la solidarité et le volontariat. Cette initiative passionnante, qui a commencé en mars et durera jusqu'en juin, est planifiée, organisée et mise en œuvre par des jeunes et offre aux jeunes de la région et de l'étranger une opportunité idéale de joindre leurs forces dans des activités de volontariat en Palestine. La journée à Al Auja fait partie d'une longue série de visites dans des districts ruraux et des villages de Cisjordanie pour y rénover des écoles et des crèches, dans un esprit de solidarité avec les communautés isolées. Les autres activités incluent l'organisation de séminaires politiques dans des universités palestiniennes et de journées d'information sur les études dans les pays de l'UE, ainsi que le lancement d'un concours de journalisme au début du mois d'avril, qui cible les étudiants en journalisme et les jeunes diplômés et récompensera le meilleur article et le meilleur court métrage documentaire sur la question de l'eau en Palestine. 30

n Des volontaires palestiniens et étrangers se réunissent au village d'Al Auja pour repeindre le club des jeunes d'Al Auja.

« Yalla Shabab » : une journée de travail, des années d'impact Les volontaires se répartissent en différents groupes, avec chacun une tâche spécifique. Pendant que certains peignent l'extérieur et font des dessins sur les murs, d'autres nettoient le hall principal et peignent les murs intérieurs. Un troisième groupe creuse des trous le long de l'allée qui sépare la cour de récréation de la rue et y plante de petits arbres, pour renforcer la séparation qui protège les enfants jouant à l'intérieur. Les volontaires ne perdent pas de temps et achèvent leur travail sous les yeux

n Les volontaires se répartissent en différents

groupes, avec chacun une tâche spécifique.

satisfaits de Mahmoud, un habitant de la région d'un peu plus de 70 ans. Assis à l'ombre d'un grand arbre, il regarde les volontaires qui suent sous le soleil de midi, bêche à la main. « Je me demande si ces jeunes reviendront un jour visiter Al Auja avec leurs enfants », dit-il. « Je ne serai plus là, mais je les imagine dire quelque-chose comme : “Tu vois ces beaux arbres ? Il ne nous a pas fallu plus d'un jour de travail pour les planter, il y a longtemps. Mais aujourd'hui ils sont toujours là, beaux et droits, et pour longtemps encore.” » Mahmoud est si fier qu'on dirait qu'il a lui-même planté les arbres. Les volontaires partagent son point de vue. Ils savent que le travail qu'ils accomplissent en une journée aura de l’impact pendant des années. « Je suis vraiment ravie de consacrer une partie de mon temps libre à quelquechose d'utile, pas pour moi personnellement, mais pour la société dans son ensemble », explique Aya Haridi, une jeune volontaire d'une vingtaine d'années.

« Nous ne sommes pas des peintres ou des ouvriers professionnels, mais cette journée de travail aura certainement un impact durant des années » Projets en marche 3 – Voisinage Européen Sud


SOCIÉTÉ > PALESTINE

« Je suis sûre que les habitants d'Al Auja se rappelleront toujours de ces visages inconnus qui sont arrivés de nulle part pour réaménager la crèche. Nous ne sommes pas des peintres ou des ouvriers professionnels, mais cette journée de travail aura certainement un impact durant des années », conclut-elle. Texte par Elias Zananiri Photos par Ahmed Mesleh © UE

n Un troisième groupe creuse des trous le long de l'allée qui sépare la cour de récréation de la rue et y plante de petits arbres.

« Des efforts conjoints essentiels pour construire les sociétés » Pour Fatima, il est particulièrement encourageant de voir le soutien de l'UE en action. « Cet engagement de l'UE est un signe que le partenariat entre les nations n'a pas de frontières », déclare-t-elle. La journaliste Ruba Mehdawi confirme que tout tourne autour du partenariat. « Ce genre d'activité envoie un message fort : des efforts conjoints sont essentiels pour construire les sociétés. Nous ne parlons pas seulement de travail ponctuel de rénovation ou de réaménagement, mais nous faisons réellement comprendre aux gens à quel point un partenariat collectif peut lever les obstacles de la vie quotidienne », explique-t-elle. D'après un volontaire lituanien qui travaille avec des Palestiniens depuis plus d'un an, il y a de réels signes de progrès : « La situation progresse et nous tirons tous des enseignements des précédentes missions ».

Shadi Zama’reh, de « Journalists Without Borders », est un célèbre activiste de la communauté des jeunes palestiniens. Il confirme : « Nous tirerons des leçons et des conclusions de ce travail de volontariat, dans l'espoir que ce programme devienne un projet à long terme au bénéfice de plus larges segments de la société palestinienne ». Zama’reh a rejoint les volontaires en tant que coordinateur et il ne cache pas sa fierté pour ce qui a été accompli. À trois heures de l'après-midi, tout est fini. Au premier coup d'œil, il est difficile de se rappeler à quoi ressemblait la crèche en début de journée. Le déjeuner, une assiette de Maqlouba, un plat traditionnel composé de riz, d'aubergine et de chou-fleur, est servi pendant que les volontaires se promènent dans la crèche et admirent fièrement leur travail. Alors que la journée touche à sa fin, Aya Haridi résume le point de vue des volontaires.

« Ce genre d'activité envoie un message fort : des efforts conjoints sont essentiels pour construire les sociétés. Nous ne parlons pas seulement de travail ponctuel de rénovation ou de réaménagement, mais nous faisons réellement comprendre aux gens à quel point un partenariat collectif peut lever les obstacles de la vie quotidienne » Projets en marche 3 – Voisinage Européen Sud

“Yalla Shabab" Des volontaires européens et palestiniens mettent la Palestine en couleurs L'initiative « Yalla Shabab » fait partie d'une campagne de sensibilisation promue par l'Union européenne, en coordination avec Young Entrepreneurs Palestine (YEP, « jeunes entrepreneurs de Palestine »), dans le but de promouvoir des valeurs de l'Union européenne comme la solidarité et le volontariat. L'initiative a commencé en mars et durera jusqu'en juin 2013. Elle est planifiée, organisée et mise en œuvre par des jeunes et offre aux jeunes de la région et de l'étranger une opportunité idéale de joindre leurs forces dans des activités de volontariat en Palestine. Les jeunes volontaires visitent des districts ruraux et des villages de Cisjordanie, pour y rénover des écoles et des crèches, dans un esprit de solidarité avec les communautés isolées. Les autres activités incluent l'organisation de séminaires politiques dans des universités palestiniennes, de journées d'information sur les études dans un pays de l'UE, et d'un concours de journalisme qui cible les étudiants en journalisme et les jeunes diplômés. Pour en savoir plus : Page web du projet https://www.facebook.com/photo.php?fbid=3500379884 30593&set=a.328844070549985.60202.28014101542029 1&type=1&theater Assistance de l'UE aux Palestiniens http://eeas.europa.eu/delegations/westbank/index_en.htm EU Neighbourhood Info Centre – page thématique : JEUNESSE http://www.enpiinfo.eu/thememed.php?subject=13&lang_id=469

31


SOCIÉTÉ > LIBYE

Attention, danger ! Malgré la fin officielle du soulèvement libyen, les restes explosifs de guerre et les armes légères continuent de menacer la vie de la population civile, et des enfants en particulier. L’Union européenne et l’Unicef soutiennent les efforts de sensibilisation et les mesures de préservation de la sécurité des enfants déployés par la Libye. Au total, plus de 240 enseignants ont assisté à des séances de formation de formateurs et sont désormais maîtres formateurs. Et 650 000 personnes – pour la plupart, des enfants – ont bénéficié de leurs messages de sensibilisation. Un journaliste du Centre d’information pour le voisinage européen a mené l’enquête.

32

n Enfants en pleine discussion sur le danger de manipuler des armes.

TRIPOLI – « Quand c’est arrivé, je n’ai rien senti : j’ai attrapé cette balle, je voulais jouer, et j’ai commencé à frapper le sol avec. Alors, elle a explosé et tout est devenu noir… » Mahmoud a neuf ans et, l’an dernier, une explosion a emporté sa main droite. Victime d’une guerre dont les conséquences continuent de faire des ravages. Depuis la Seconde Guerre mondiale, la Libye est littéralement infestée de restes explosifs de guerre. Différents conflits régionaux ont laissé derrière eux des mines terrestres non explosées, mais la situation s’est considérablement aggravée depuis le déclenchement de la révolution du 17 février : roquettes, grenades, mines jonchent les lieux et le pays est inondé d’armes légères et de petit calibre. Malgré la fin officielle du soulèvement libyen, des restes explosifs de guerre et des armes légères continuent de menacer la vie de la population civile, et des enfants en particulier. « Les enfants risquent plus d’être blessés parce que ces objets sont souvent très

colorés et brillants ; ils les prennent pour des jouets, explique Lucille Knight, spécialiste de la protection des enfants auprès de l’Unicef. Quant aux armes de petit calibre, le fait qu’elles soient constamment exposées à leur vue dans les maisons, dans les rues et au cinéma les classe pratiquement au rang d’objets ordinaires, ce qui accroît le risque que des enfants trouvent normal de s’en emparer et de les utiliser. » En ce qui concerne la prolifération des armes et leur accessibilité aux enfants, la responsabilité des adultes est élevée : « Il est essentiel que les adultes comprennent qu’ils doivent ranger les armes en lieu sûr, poursuit Mme Knight. Qu’ils vérifient qu’elles ne soient pas chargées et que les munitions soient rangées à part. » Selon la spécialiste de l’Unicef, il n’existe aucun système officiel de recensement des incidents concernant les armes légères et de petit calibre. Néanmoins, le simple examen des médias et des rapports de sécurité a permis de dénombrer 87 Projets en marche 3 – Voisinage Européen Sud


SOCIÉTÉ > LIBYE

« Désormais, quelque 650 000 enfants et adultes connaissent mieux les risques induits par les mines et les munitions non explosées. »

n Abdullah Abdul Salam Al Husoma (g.) et Taher Abu Nawara, deux enseignants, examinent différents types d’armes.

« Les enfants risquent plus d’être blessés parce que ces objets sont souvent très colorés et brillants ; ils les prennent pour des jouets. Quant aux armes de petit calibre, le fait qu’elles soient constamment exposées à leur vue dans les maisons, dans les rues et au cinéma les classe pratiquement au rang d’objets ordinaires… » nouvelles victimes de mars à mai 2013. « Tripoli est perçue comme la région la plus exposée aux accidents impliquant des armes de petit calibre », ajoute-t-elle. Des enseignants forment des enseignants à sensibiliser les enfants : une chaîne pour sauver des vies humaines En mai 2011, l’Unicef a commencé à déployer des initiatives d’éducation aux risques que posent les mines, dans l’est de la Libye, ainsi que dans la région de Misrata. « Début 2012, plus de cent écoles libyennes ont été débarrassées des débris de guerre et réhabilitées, explique Carel de Rooy, représentant de l’Unicef. Projets en marche 3 – Voisinage Européen Sud

Parallèlement, un grand nombre d’enseignants et de membres d’ONG locales ont suivi une formation afin d’assurer des séances d’éducation aux risques auprès des enfants et de diffuser du matériel de sensibilisation en vue d’assurer la sécurité des enfants libyens. » En décembre 2011, l’Union européenne a alloué, par l’intermédiaire de l’Unicef, une enveloppe de 2,4 millions d’euros à un programme d’éducation destiné à améliorer la qualité de l’enseignement primaire, via notamment l’élaboration de matériel didactique et la formation des enseignants. Ce programme met particulièrement l’accent sur les enfants les plus vulnérables. Face au risque majeur que continuent de poser les mines, l’Union européenne a par ailleurs décidé d’octroyer un financement de 2 millions d’euros aux opérations de déminage. Ces fonds ont permis l’élimination d’obus non explosés et autres engins piégés dans de nombreuses zones de combat du pays. Cela dit, la nécessité de sensibiliser au danger se faisait sentir en maints endroits. En 2011 et 2012, deux ateliers d’éducation aux risques des mines ont été organisés à Tripoli, sous l’égide du ministère libyen de l’éducation et avec le soutien de l’Unicef et de l’Union européenne. Y ont pris part le ministère libyen de la défense, le service de l’action antimines des Nations unies et des organisations non gouvernementales actives dans le déminage et l’élimination des

restes explosifs de guerre. Ces ateliers ont débouché sur l’élaboration d’un programme global à destination de l’ensemble des écoles libyennes. « Des séances de formation des formateurs et des séances à destination des enseignants et des inspecteurs de différentes régions du pays ont été organisées en 2012/2013 en vue de les préparer à être maîtres formateurs, explique Najia Sabkha, coordinatrice au ministère de l’éducation. Aujourd’hui, on compte 243 maîtres formateurs actifs dans la formation d’autres enseignants partout dans le pays. » Des milliers de chansons pour relayer le message Après avoir suivi une formation intensive en décembre 2011, Khiare Bilhaj,

n Matériel pédagogique destiné à expliquer aux

collégiens les risques liés à la manipulation d’armes abandonnées dans les zones post-conflit.

33


SOCIÉTÉ > LIBYE

n Hossam Bassem Flute examine avec un camarade de classe différents types de restes explosifs de guerre.

coordinateur pour la ville de Zawiya, a invité les autorités locales de l’éducation à désigner deux enseignants dans chaque école de la ville. « Vingt-quatre enseignants issus de douze écoles ont répondu à l’appel, ont suivi la formation, et sont désormais prêts à transmettre leurs connaissances à leurs confrères et aux enfants », déclare M. Bilhaj. « J’ai moi-même suivi cette formation, confie Taher Abu Nawara, enseignant à l’école Shibani Bin Nasrat de Zawiya. Je suis prêt à partager ce que j’ai appris avec mes collègues et j’attends impatiemment le kit pédagogique conçu par le ministère de l’éducation, en coopération avec l’Unicef et Handicap International. » « Nous avons distribué des millions de dépliants et d’affiches dans les écoles primaires et secondaires, ajoute Mme Sabkha, ainsi que plus de 6 000 CD reprenant des chansons de sensibilisation. Dans le cadre de ce programme, nous avons aussi apposé des messages sur la couverture des manuels scolaires. Désormais, quelque 650 000 enfants et adultes connaissent mieux les risques induits par les mines et les munitions non explosées. » Pour assurer un meilleur soutien dans les salles de classe, un kit pédagogique composé de différents modules sur les mines antipersonnel, les munitions non explosées et les armes légères et de petit calibre est en cours de réalisation. « Ce kit, qui est en phase de finalisation, sera constitué d’un manuel de l’enseignant et d’un livre d’activités pour les enfants. Il sera distribué dans toutes les écoles du pays, précise Mme Sabkha. 34

« Aujourd’hui, je suis conscient du danger, déclare Hosam Nayif, élève à l’école Shibani Bin Nasrat. Les affiches qu’on voit dans l’école disent bien de ne pas toucher ou approcher les objets étranges qu’on aperçoit dehors et de rester à distance des armes et des explosifs. »

« Aujourd’hui, je suis conscient du danger. Les affiches qu’on voit dans l’école disent bien de ne pas toucher ou approcher les objets étranges qu’on aperçoit dehors et de rester à distance des armes et des explosifs. » l’émergence d’un environnement scolaire plus attentif à l’enfant. Autant d’actions qui poseront les bases d’une meilleure gouvernance et d’une meilleure administration de l’enseignement. » Texte par Reda Fhelboom

Des enseignants mieux formés : la clé d’un enseignement de qualité Dans le cadre des efforts constamment déployés pour améliorer la qualité de l’enseignement en Libye, l’Union européenne et l’Unicef soutiennent les autorités en vue d’assurer l’accès à un enseignement de qualité à tous les enfants – et notamment aux plus vulnérables. « Ainsi, plus de 140 enseignants ont bénéficié d’une formation consacrée aux droits de l’enfant, à un enseignement centré sur l’enfant et à la discipline positive », explique Katharina Imhof, représentante adjointe de l’Unicef en Libye. L’un des axes du projet vise à étudier différents aspects du système éducatif libyen, comme la qualification, la motivation, le recrutement, le déploiement et la gestion des enseignants. Les visites en classe visent quant à elles à entreprendre des actions destinées à améliorer l’enseignement. « Au préalable, nous avons procédé à une évaluation nationale des 4 800 écoles du pays, précise Mme Imhof. Les données recueillies et l’analyse des deux études permettront d’établir une feuille de route de haut niveau en vue de mieux gérer le corps enseignant, de créer un bon système d’information et de gestion de l’enseignement et d’œuvrer à

Photos par AFP © EU/Neighbourhood Info Centre

Éducation aux risques des mines Le projet vise à sensibiliser la population au danger posé par les restes explosifs de guerre et les armes de petit calibre et à réduire le risque d’exposition des populations civiles – notamment des enfants – en assurant des séances de formation des formateurs à destination des enseignants et de membres d’ONG locales et en distribuant du matériel d’information. Durée : Mai 2012 – Septembre 2013 Budget : 335 000 euros Pour en savoir plus : UNICEF en Libye : http://www.unicef.org/french/infobycountry/laj.html Aide de l’Union européenne à la Libye : http://europa.eu/rapid/press-release_MEMO-11779_en.htm?locale=FR EU Neighbourhood Info Centre – Libye : L'UE adopte un « paquet » de 10 millions d’euros pour soutenir l’éducation, l’administration et la société civile : http://enpi-info.eu/mainmed.php?id=27491&id_ type=1&lang_id=469 EU Neighbourhood Info Centre – Libye : http://www.enpiinfo.eu/countrymed.php?country=11&lang_id=469

Projets en marche 3 – Voisinage Européen Sud


SOCIÉTÉ > LIBAN

Une école pour les enfants de la guerre Les enfants syriens ont subi « le plus rapide et le plus net déclin éducatif » jamais vu au Moyen-Orient, ont annoncé l'ONU et plusieurs ONG dans un rapport publié récemment. Les enfants refugiés sont confrontés à plusieurs difficultés liées au manque de place, à l'insécurité, à la pauvreté, aux tensions communautaires, aux différents dialectes. Au Liban, le programme de l’Unicef « Back to learning », financé par l’UE essaie de pallier à ces difficultés. Un journaliste du Centre d’information pour le voisinage européen a visité quelques écoles, et il nous envoie ce reportage. BEKAA - Il est 15 heures. Les élèves de l’école publique de Jarrahiyeh, à Marj, dans la région de la Bekaa au Liban, attendent patiemment le début des cours de l’après-midi. Il s’agit en effet d’un cursus spécial pour les enfants syriens dans le cadre du programme « Back to learning », financé par l’Union européenne (UE). « Uniquement dans la région de la Bekaa, on estime à plus de 65.000 le nombre d’enfants syriens en âge d’aller à l’école, de 4 à 14 ans explique César Al Fakih, responsable éducatif de l’Unicef dans la Bekaa -

Environ 25 000 ne sont pas intéressés par les activités scolaires, certains travaillent déjà . Il reste donc 40 000 jeunes syriens qui ont émis le souhait de s’inscrire dans les écoles publiques. Mais uniquement dix écoles ont la capacité d’admettre plus d’élèves, et ils ne peuvent que prendre 18 000 individus, » ajoute-t-il. L’école dans les camps Une des solutions a donc été de monter des cours dans l'après-midi pour décongestionner le cursus normal de la matinée. En gros, il y a les enfants qui

suivent le cursus scolaire normal le matin et qui ont été intégré avec les élèves libanais ; il y a ceux qui suivent un cursus spécial l’après-midi dans les écoles; ceux qui bénéficient du programme ALP (Accelerated Learning Programme) toujours dans les écoles ; et ceux qui vivent à l’intérieur des camps et qui ne sont pas scolarisés, mais qui sont la cible d’actions spécifiques de l’UNICEF. Le but du programme ALP est de permettre aux enfants qui ont quitté l'école en Syrie, de se remettre au niveau et de rattraper ce qu’ils ont perdu.

n Jeunes élèves syriens en classe à l’école publique d’El Jarrahiyeh.

Projets en marche 3 – Voisinage Européen Sud

35


SOCIÉTÉ > LIBAN

« Outre le volet purement éducatif, il y a aussi un volet psycho-social qui vise les parents et qui est d’une importance capitale »

Il consiste aussi à leur apprendre les notions de base d’anglais ou de français en vue de leur insertion dans les écoles libanaises. En outre, une session de deux semaines a été assurée aux enseignants syriens pour préparer avec eux le programme ALP dans une trentaine de camps de réfugiés syriens dans la Bekaa. Le programme « Back to learning » dont l'ALP fait partie - prend en charge la scolarité des enfants, les livres et fournitures et dans certains cas une petite collation. « Outre le volet purement éducatif, il y a aussi un volet psychosocial qui vise les parents et qui est d’une importance capitale, puisque le changement d’environnement, la pauvreté, la violence et les abus de toutes sortes ont créé beaucoup de problèmes à ces niveaux. Des familles entières vivent dans une seule chambre, ou sous une seule tente », explique de son côté Amina Kleit, directrice de

n Tentes de bédouins libanais.

36

n Les élèves syriens montrent leur travail.

programme à l’association Iqra’, chargée par l’Unicef de l’application du programme. Ce volet touche tout ce qui a rapport avec la santé, la nutrition, l’hygiène. « En effet, beaucoup de progrès ont été accomplis dans ce domaine, en fournissant un soutien pédagogique, une campagne de prévention, et même en offrant des shampoings, médicaments et autres provisions nécessaires aux familles syriennes », ajoute-t-elle.

« Les habitants de la région sont pauvres, qu’il s’agisse des autochtones ou des bédouins qui y vivent. Les élèves libanais bénéficient eux aussi des prestations et du soutien apporté par ce programme »

Un manteau oublié pour rester en classe Gretta enseigne à l’école publique de Jarrahiyeh. Ils sont 27 élèves en bas âge

dans sa classe. Elle les réunit en cercle autour d’elle. Chacun doit dire son nom, l’écrire sur un bout de papier (chaque lettre avec une couleur différente) et dire de combien de syllabes il est formé. « Avec ce jeu simple, les élèves apprennent à lire, à compter et à connaitre les couleurs », explique Gretta. Ensuite, le vrai divertissement éducatif commence : A l’instar du jeu « tu oses ou tu dis la vérité », les jeunes Syriens doivent dirent ce qu’ils aiment, ce qui les dérange, ce qu’ils souhaitent, etc. Majd, avec son malicieux sourire, récite un poème d’amour à Gretta. Ahmad, lui, raconte qu’il aime plier le linge à la maison. Aya par exemple adore venir à l’école, mais espère quand même retourner chez elle en Syrie pour poursuivre ses études. Gretta se dit extrêmement heureuse de Projets en marche 3 – Voisinage Européen Sud


SOCIÉTÉ > LIBAN

qu’il s’agisse des autochtones ou des bédouins qui y vivent. Les élèves libanais bénéficient eux aussi des prestations et du soutien apporté par ce programme ». Pour confirmer ces paroles, Amina Kleit fait appel à la femme de ménage de l’école. Celle-ci était analphabète. Grâce au programme éducatif, elle sait lire et écrire. « Maintenant, quand j’ai un papier à signer, j’écris mon nom, alors qu’avant je signais avec mon empreinte », affirme fièrement cette mère de quatre enfants qui les encourage désormais à aller à l’école pour étudier. Texte par Antoine Ajoury Photos par AFP ©EU/Neighbourhood Info n La spécialiste en Communication d’UNICEF Liban Miriam Azar avec de jeunes élèves syriens.

« Le changement d’environnement, la pauvreté, la violence et les abus de toutes sortes ont créé beaucoup de problèmes. Des familles entières vivent dans une seule chambre, ou sous une seule tente » prendre soin de ces enfants qui risquent de devenir une génération perdue si personne ne se penche sur leur éducation. Elle raconte ainsi l’histoire de ce jeune garçon qui oubliait chaque jour son manteau en classe pour remonter le reprendre après la fin des cours. « A chaque fois, ses parents montaient le chercher pour le trouver endormi en classe. Il préférait rester à l’école que rentrer à la maison », ajoute Gretta, les larmes aux yeux. Le poids du conflit Le programme donne également beaucoup d’espoir à des jeunes un peu plus âgés. Dans une autre classe, des élèves commencent à apprendre l’anglais. Certains d’entre eux travaillent déjà dans la matinée, pour pouvoir suivre ensuite les cours de l’aprèsProjets en marche 3 – Voisinage Européen Sud

midi. Le poids du conflit syrien pèse déjà sur eux. Ils ont peur de donner leur nom, ils appréhendent l’objectif de la caméra de crainte qu’ils ne soient reconnus par des hommes du régime qui traquent leurs parents. Mais malgré toutes les difficultés, ils étudient avec assiduité et détermination. Mohammad (son nom a été changé) a onze ans. Le matin, il aide son grand frère dans une ferme de la région. Malgré la fatigue, le chemin à faire pour venir à l’école, il participe activement au cours, et espère un jour, lui aussi, enseigner l’anglais en Syrie. Il est à noter par ailleurs que ce programme qui a commencé initialement dans un contexte d’urgence pour combler les besoins des réfugiés, sera poursuivi dans un but de développement durable qui vise le système éducatif libanais en général. « Les formations accordées aux personnels et aux enseignants seront bénéfiques pour l’ensemble des élèves libanais. Et tout le matériel éducatif utilisé restera dans l’école pour un usage au-delà du contexte actuel », affirme sur un autre plan Miriam Azar, spécialiste de la communication d’urgence à l’Unicef. « C’est donc un investissement à long terme qui vise non seulement les élèves, mais également les parents qui sont invités à être des partenaires dans ce projet », ajoute-t-elle. Abondant dans le même sens, Riad al Kadri, le directeur de l’école de Jarrahiyeh affirme que « les habitants de la région sont pauvres,

Centre

“Retour à l’école”

http://www.unicef.org/french/infobycountry/lebanon.html L’objectif du programme d’éducation informelle d’UNICEF Liban est de fournir des opportunités d’apprentissage adaptées aux besoins des enfants déscolarisés et touchés par la crise syrienne. Le projet vise à identifier et inscrire jusqu’à 50 000 enfants déscolarisés dans les écoles primaires classiques, tandis que jusqu’à 150 000 enfants et adolescents seront inscrits dans les programmes d’éducation informelle pour une population ciblée d’enfants déscolarisés de 200 000. Cette opération couvre les 6 gouvernorats du Liban, sur une durée prévue d’une année, entre Septembre 2013 et Août 2014. Pour en savoir plus : L’UE & l’UNICEF http://www.unicef.org/french/eu/ Délégation de l’Union Européenne http://eeas.europa.eu/delegations/lebanon/index_en.htm UNICEF http://www.unicef.org/french/infobycountry/lebanon.html Dossier de presse L’UE & L’UNICEF http://www.enpi-info.eu/mainmed.php?id= 471&id_type=3&lang_id=469 EU Neighbourhood Info Centre - page thématique http://www.enpi-info.eu/thememed.php?subject= 11&lang_id=469

37


SOCIÉTÉ > MAROC

Un déjeuner au restaurant pédagogique

n Le chef Ibrahim Raji explique comment cuisiner un plat de couscous.

Il y a 32 ans, des parents d’enfants trisomiques, des médecins et des personnes de bonne volonté ont fondé l’Association Marocaine de Soutien et d’Aide aux Personnes Trisomiques, l’AMSAT. Objectif : assurer l’accompagnement quotidien des familles. Aujourd’hui, aussi grâce au soutien de l’Union européenne, un projet de formation professionnelle permet l’encadrement de 40 jeunes aux métiers de la restauration. A l’AMSAT on croit fermement que le travail est une valeur fondamentale, qui assure une intégration sociale et une indépendance aux jeunes trisomiques. Un journaliste du Centre d’Information pour le Voisinage Européen a pris un (succulent) repas au restaurant pédagogique de l’Association. Et il nous envoie ce reportage. RABAT – En cette journée ensoleillée, à quelques encablures de la gare de la capitale, dans une ruelle calme, j’arrive au siège de l’Association Marocaine de Soutien et d’Aide aux Personnes Trisomiques, l’AMSAT. Le bâtiment attire les passants par l’originalité de son architecture. Tout y est en harmonie, le style et les couleurs. Une harmonie qui vous intrigue sur la particularité des résidents 38

de ce lieu à deux étages. Mariam Nekkach est la responsable du projet Restaurant Pédagogique -AMSAT. Elle me parle de l’Association et ses objectifs, avant de me convier à une visite guidée des lieux, animés par cette ambiance conviviale des enfants trisomiques accompagnés par leurs mères. « C’est une journée spéciale », annonce Mme Nekkach. A la question sur la création de l’AMSAT,

la responsable du projet remonte le temps, 32 ans auparavant, lorsque l’Association a vu le jour, à l’initiative de parents d’enfants trisomiques, de médecins et de personnes de bonne volonté, d’acteurs de la société civile. Et le pas a été franchi pour une longue aventure. Un acte fondateur d’une noble mission humaine. Ce long parcours, riche en expériences et apports en compétences, ne Projets en marche 3 – Voisinage Européen Sud


SOCIÉTÉ > MAROC

n Les jeunes trisomiques âgés de 16 à 23 ans

préparent le repas du déjeuner.

tarde pas à donner ses fruits avec la mise sur pied du projet du restaurant pédagogique. Le travail, valeur fondamentale Un projet cher au Docteur Hassan Benkhlafa, spécialiste de la médecine physique et la réadaptation et membre du Conseil d’Administration de l’AMSAT. « L’idée de lancer ce projet de formation professionnelle qui s’adapte aux spécificités des enfants trisomiques, a germé dans nos esprits à travers les expériences acquises par l’association depuis le démarrage du centre, jusqu’à la mise en place de cette formation, en passant par la construction du centre SAR Le Prince Moulay Rachid », raconte Dr Benkhlafa. Il souligne, au passage, le rôle important du partenariat avec l’Union européenne en vue de la concrétisation de ses objectifs. La partie européenne assure le financement du restaurant

« Le restaurant pédagogique sera opérationnel à la fin de 2014 pour ouvrir ses portes au public. Quatre des diplômés du centre feront partie du personnel » Projets en marche 3 – Voisinage Européen Sud

n Le restaurant pédagogique présente les lundis, mardis et jeudis quelques

40 plats auxquels sont conviés le personnel du centre et des amis de l’AMSAT.

pédagogique et l’activation du cycle de formation professionnelle, centré sur les métiers de bouche pour la promotion de la situation des jeunes trisomiques. Ici, au sein de ce milieu convivial et courtois des enfants trisomiques et du personnel en charge de son encadrement, le travail est une valeur fondamentale. Dans la culture du centre, il assure une intégration sociale et une indépendance aux jeunes trisomiques. Et c’est à partir de ce constat que le centre a lancé des ateliers de formation dans les métiers de la cuisine et de la restauration, ou de jardinage. La formation prendra fin en 2014, et 40 jeunes trisomiques en bénéficient. Par ailleurs, 30 éducateurs techniques spécialisés suivent une formation au sein du centre. Les différents ateliers mis à disposition des enfants apportent une preuve irréfutable de la capacité d’adaptation du jeune trisomique à ces métiers. Le personnel du centre s’attelle à sa mission avec beaucoup de dynamisme et conviction. Khadija, animatrice de l’atelier cuisine, Oussama, responsable des activités éducatives, et Nihad, assistante du projet : un trio au service de ces jeunes, des opérateurs qui donnent le meilleur

« L’idée de lancer ce projet de formation professionnelle qui s’adapte aux spécificités des enfants trisomiques, a germé dans nos esprits à travers les expériences acquises par l’association depuis le démarrage du centre, jusqu’à la mise en place de cette formation » de soi dans cette opération humaine et sociale. A la fin de 2014 portes ouvertes au public Dans le sous-sol du bâtiment, Khadija, entourée de 8 jeunes trisomiques âgés de 16 à 23 ans, nous accueille avec le sourire, dans une ambiance bon enfant. Ces jeunes font preuve de sérieux et d’application. Ils sont tenus de préparer le repas du déjeuner qui doit être prêt dans quelques heures. Le restaurant pédagogique présente les 39


SOCIÉTÉ > MAROC

« Le problème de la stigmatisation ? Un véritable handicap qu’il faut combattre pour permettre aux personnes trisomiques de s’intégrer dans la vie sociale » lundis, mardis et jeudis quelques 40 plats auxquels sont conviés le personnel du centre et des amis de l’AMSAT. Un exercice grandeur nature. Mais le résultat parait concluant. Un avant-goût de ces plats confirme le savoir faire de ces jeunes trisomiques de la filière restauration. « Le restaurant pédagogique – confirme Mariam Nekkach – sera opérationnel à la fin de 2014 pour ouvrir ses portes au public. Quatre des diplômés du centre feront partie du personnel, et des promesses ont été faites par des entreprises à caractère social, en vue de recruter d’autres candidats formés par le centre. C’est de bon augure pour l’ensemble de nos diplômés, » conclut la responsable du projet sur un ton optimiste. Le centre de l’AMSAT c’est également ces 30 jeunes éducateurs techniques spécia-

lisés, embauchés par le centre au terme d’un concours. Des jeunes aussi dynamiques qu’engagés, et dont le rendement en matière d’encadrement des personnes trisomiques répond aux attentes des responsables du centre. Un encadrement qui accuse un déficit dans d’autres centres de ce genre dans des villes marocaines. D’où l’importance de la formation des ressources humaines spécialisées dans ce domaine. Le Docteur Hassan Benkhlafa est de cet avis. Cet acteur associatif insiste aussi sur les droits légitimes des personnes trisomiques à l’enseignement, à la formation spécifique et à l’accès au travail à travers l’accompagnement. Dans son analyse, Dr Benkhlafa fait référence au problème de la stigmatisation. « Un véritable handicap qu’il faut combattre pour permettre aux personnes trisomiques de s’intégrer dans la vie sociale, » souligne-t-il.

services leurs sont proposés par des psychologues, orthophonistes, kinésithérapeutes, éducateurs et éducateurs techniques. Et pour combattre les limites et les incapacités liées à l’handicap, l’AMSAT propose des séances précoces au sein de groupes de bébés, de la rééducation et un suivi spécifiques, ainsi que des ateliers éducatifs. Un accompagnement est également assuré en matière de scolarité dans des classes intégrées. A l’heure du déjeuner, je suis convié à partager le repas avec le staff du restaurant pédagogique. Chacun de nous s’acquitte du prix de son ticket repas. Un repas succulent. Je suis conquis par le talent des jeunes trisomiques de la filière restauration. Et désormais, je fais partie, avec fierté, des amis de leur restaurant pédagogique. Texte par Safi Naciri

Un repas succulent Le centre de l’Association Marocaine de Soutien et d’Aide aux Personnes Trisomiques ressemble à une fourmilière qui grouille d’activité. Un espace propre et convivial. L’Association assure l’accompagnement quotidien de 40 familles dont des enfants ou membres sont trisomiques. Des séances et des prestations leurs sont consacrées, des

Photos par l’AFP © EU / Neighbourhood Info Centre

Création d’un Restaurant Pédagogique et activation d’un curriculum de formation professionnelle centré sur les métiers de bouche pour la promotion de la situation des jeunes trisomiques

http://www.amsat.ma/?Id=1&lang=fr L’objectif du projet est la formation professionnelle de 40 jeunes trisomiques aux métiers de bouche et de la restauration ainsi que la formation de 30 éducateurs techniques spécialisés dans l’encadrement des jeunes handicapés aux métiers de la restauration Durée : 24 mois Budget: 149 600 euros Pour en savoir plus : EU Neighbourhood Info Centre - Maroc http://www.enpi-info.eu/countrymed.php?country= 6&lang_id=469 Délégation de l’UE au Maroc http://eeas.europa.eu/delegations/morocco/index_fr.htm

n Dans la cuisine on trouve le chef Ibrahim RAJI, Safaa NMILA , Anas LAMGHABER, Mariam NEKKACH,

Délégation de l’UE au Maroc https://www.facebook.com/DELEGATIONUEauMaroc

responsable du projet, Sami YAOUISS, Nihad RHANEM assistante du projet, Latifa LAGHLID, Oussama CHAHBI responsable des activités éducatives , Ayoub SALHI ,Yassir BASRAOUI, et le chef Khadija SEBBAH.

40

Projets en marche 3 – Voisinage Européen Sud


Bibliothèque du voisinage européen Notre base de données électronique Plans d’action Accords Rapports pays Déclarations

www.enpi-info.eu/library

Résolutions Documents de stratégie


L’Union européenne et le Conseil de l’Europe soutiennent des réformes ambitieuses au lendemain du Printemps arabe

Jeunes travaillant sur une mosaique construite pour mettre en avant la diversité culturelle et le patrimoine. L'activité est mise en oeuvre au Liban par des membres des clubs Citoyenneté et Paix, originaires de différentes régions et d'appartenances politiques differentes, dans le cadre du projet financé par l'UE "Windows to participation, Door to peace". (photo AFP © UE/Neighbourhood Info Centre).


Entretien avec Gabriella Battaini-Dragoni Secrétaire Général adjoint du Conseil de l'Europe

Pourquoi l’UE et le CdE ont-ils uni leurs forces pour promouvoir la démocratie dans le voisinage européen ? L’Union européenne et le Conseil de l’Europe sont bâtis sur des valeurs communes qu’ils partagent – les droits de l’homme, l’État de droit et la démocratie. Certains des voisins de l’Est les plus proches de l’UE ont rejoint le CdE il y a dix ans. Depuis 2011, le Parlement marocain et le Conseil national palestinien bénéficient du statut de « Partenaire pour la démocratie » auprès de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe (APCE), tandis que le Parlement israélien y jouit du statut d’observateur. Nous voulons que ces deux régions du voisinage – le Sud et l’Est – bénéficient de la stabilité et de la prospérité, qui ne feront que renforcer la stabilité de l’Europe. La meilleure façon d’y contribuer est de promouvoir la sécurité démocratique en encourageant le respect de nos valeurs communes. L’UE et le CdE ont donc tout naturellement uni leurs forces vers cet objectif, afin d’envoyer ensemble un message fort aux pays partenaires et de maximaliser notre impact, assurant ainsi la complémentarité nécessaire. Quel est l’objectif de cet effort commun ? Nous nous employons à accompagner le processus de transition démocratique ou à soutenir la consolidation de la démocratie en fonction des progrès réalisés dans les différents pays. Pour ce faire, nous mettons à leur disposition l’expertise et certains outils utiles du CdE. L’utilité de ces outils a été démontrée par le fait qu’ils ont contribué au changement démocratique dans d’autres pays membres du CdE. Certains ont depuis lors rejoint l’UE tandis que d’autres s’apprêtent à le faire. Quels sont les domaines clés de la coopération UE-CdE ? Cette coopération couvre de nombreux domaines. Les domaines prioritaires de coopération dépendent de l’évolution propre à chaque pays et de l’évaluation réalisée par les organismes de contrôle du CdE. Notre coopération avec l’UE n’a cessé de se renforcer. Au niveau budgétaire, elle s’élève à plus de 20 millions d’euros par an. Au cours de ces dix dernières années, la coopération UE/CdE s’est concentrée sur le renforcement de l’indépendance et de l’efficacité du système judiciaire, sur la lutte contre la corruption et Projets en marche 3 – Voisinage Européen Sud

le crime organisé et sur la promotion de la bonne gouvernance, de la diversité, de la tolérance et du dialogue interculturel. Notre coopération vise aussi à relever des défis qui dépassent les frontières, comme la traite des êtres humains, la contrefaçon de médicaments ou la cybercriminalité. La participation de tous les pays de la région reste indispensable pour lutter contre ces menaces internationales. Quel impact peut-on attendre du programme « Renforcer la réforme démocratique dans les pays du voisinage méridional » sur les citoyens ? Ce programme entend essentiellement renforcer l’indépendance et l’efficacité du système judiciaire, promouvoir la bonne gouvernance en luttant contre la corruption et le blanchiment des capitaux ainsi que le respect des droits de l’homme, en accordant une attention particulière à la prévention de la traite des êtres humains. Il inclut également des actions visant à promouvoir les valeurs démocratiques par le biais d’une approche régionale et à aligner la législation nationale sur les normes européennes et internationales. Une justice plus indépendante et plus efficace, une meilleure gouvernance et un plus grand respect des droits de l’homme bénéficieront en définitive aux citoyens de la région. Un environnement respectueux des droits de l’homme, de l’État de droit et des valeurs démocratiques permettra en effet de créer un contexte plus favorable au développement économique. Quels sont selon vous vos principales avancées dans le Sud à ce jour ? Tout d’abord, nous avons réussi à établir un climat de confiance et de respect mutuel dans nos relations avec les autorités des pays partenaires. Permettez-moi de vous donner quelques exemples. Un des organismes spécialisés du CdE, la Commission européenne pour l’efficacité de la justice (CEPEJ) a procédé à une évaluation du système judiciaire marocain et s’apprête à achever l’évaluation du système judiciaire tunisien. Ces évaluations sont tout à fait fondamentales pour répondre aux besoins de réforme du système judiciaire des pays partenaires. Un exercice similaire est actuellement réalisé dans le domaine de la lutte contre la

corruption et le blanchiment d’argent au Maroc et en Tunisie, sur la base des méthodologies spécifiques utilisées par le GRECO (Groupe d’États contre la corruption) et le MONEYVAL (Comité d’experts sur l’évaluation des mesures de lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme). Citons enfin, et surtout, l’inauguration récente de l’École d’études politiques tunisiennes, une organisation de la société civile soutenue par le CdE qui fait partie du réseau de la CdE et qui forme les futures générations de dirigeants politiques, économiques et sociaux. L’École d’études politiques tunisiennes est la première structure de ce type dans la région – ainsi que la première école de ce genre à s’ouvrir dans un pays nonmembre du CdE. Cette école a déjà formé, entre autres, un nombre important de jeunes leaders de l’Assemblée nationale constituante et de partis politiques. La seconde École d’études politiques dans la région, l’École marocaine, a officiellement ouvert ses portes en mars 2013. Quel est le principal défi auquel vous devez faire face dans le Sud ? Dans le Sud, un des principaux défis concerne l’adaptation de nos instruments et de notre savoir-faire au contexte socioculturel et politique spécifique des pays partenaires. Une adaptation essentielle si nous voulons offrir au Sud des réponses adaptées à ses besoins. Dans certains cas, ces réponses doivent être élaborées dans le contexte de l’instabilité politique, qui reste également un défi majeur. Nous savons tous que les réels changements ne se font pas du jour au lendemain et que les progrès ne seront pas identiques dans tous les pays de la région. Nous devons être prêts à accepter qu’il en soit ainsi, tout en restant résolument engagés à poursuivre notre soutien. De nouveaux projets vont-ils bientôt être lancés dans le Sud ? « Renforcer la réforme démocratique dans les pays du voisinage méridional » peut être considéré comme un programme pilote. Il a déjà abouti à des résultats concrets et nous supposons dès lors qu’il sera suivi d’autres programmes, qui s’appuieront sur notre précieuse expérience et sur les progrès réalisés à ce jour.

43


Environnement

Paysage entre Chefchaouen et Oued Laou. Cette région du nord du Maroc souffre d'un manque important d'infrastructures et l'UE soutient les autorités locales dans leurs efforts de construction. (photo AFP © UE/Neighbourhood Info Centre).


ENVIRONNEMENT > EGYPTE

Les hôtels aussi se mettent au vert Le projet européen Shmile 2 vise à diffuser l'écolabel auprès des services d'hébergement touristique en Méditerranée, notamment dans six pays: l'Egypte, l'Italie, la France, la Jordanie, la Grèce et la Tunisie. Visite du correspondant du Centre d’Information pour le voisinage européen au seul hôtel d'Alexandrie à avoir obtenu un certificat environnemental. Un site où se croisaient autrefois espions, diplomates et armateurs grecs…

Découvrez les reportages photo du Centre d’information pour le voisinage européen sur YouTube

Projets en marche 3 – Voisinage Européen Sud

ALEXANDRIE – C'est beaucoup plus qu'un hôtel de luxe, c'est le premier lieu d'hébergement touristique alexandrin titulaire d'un écolabel, dans cette ville mythique de la Méditerranée. Son certificat, il l'a obtenu officiellement en fin 2011 du système environnemental australien, EarthCheck. Car le groupe Accor – dont dépend l'hôtel Cecil, fondé en 1929 – figure parmi les clients de ce système de benchmarking et de certification le plus utilisé dans l'industrie du voyage et du tourisme. Cela dit, l'établissement s'engage à employer des produits d'entretien et d'hygiène particuliers, à réduire sa consommation en énergie et en eau, à avoir une faible production de déchets, à fournir des boîtes de triage et de recyclage, à utiliser des sources d'énergie renouvelables et des substances moins nocives pour l'environnement, etc…

Ecolabel ? Comme les normes ISO en matière d’industrie La chambre 209 donne sur la mer et sur les souvenirs. Elle porte le nom d'Elvis Presley; c'est là qu'il a été logé autrefois. Partout, des indications tentent d'éduquer les clients en matière d'environnement: si vous ne souhaitez pas changer les serviettes et draps de bain, veuillez les remettre à leur place ; merci de fermer les portes, la chambre est munie d'un système de climatisation automatique. Les robinets et les pommeaux des douches sont conçus afin de réduire la pression et par conséquent de gaspiller moins d'eau… « Ces mesures écologiques constituent aussi pour nous un outil de marketing à long terme. Car partout dans le monde, les clients optent de plus en plus pour les hôtels amis de l'environnement. Dans peu de temps, l'écolabel constituera un 45


ENVIRONNEMENT > EGYPTE

n Un employé de l’hôtel Cecil Sofitel utilise des bacs de recyclage des déchets.

« Dans peu de temps, l'écolabel constituera un critère de choix pour les hôtes, ce sera comme les normes ISO en matière de l'industrie » critère de choix pour les hôtes, ce sera comme les normes ISO en matière de l'industrie », souligne Nabil Kahil, directeur du Cecil, qui s'est rendu en novembre 2012 à Nice, afin de participer à l'atelier d'échanges sur les bénéfices d'une démarche environnementale pour les hébergements touristiques. M. Kahil a dû partager son expérience avec d'autres professionnels du tourisme venus notamment des six pays participants au projet Shmile 2 financé par l'Union Européenne au titre de la coopération transfrontalière dans le bassin méditerranéen, à savoir: l'Egypte, l'Italie, la France, la Jordanie, la Grèce et la Tunisie. La phase 2 du projet, lancé en 2011, vise à diffuser l'écolabel auprès des services d'hébergement touristique en Méditerranée. Le projet rassemble 11 partenaires et est piloté par la Chambre de Commerce et de l'Industrie Nice-Côte d'Azur.

n Les employés de l’hôtel Cecil Sofitel adoptent des comportements

respectueux de l’environnement dans leur travail quotidien.

L’écolabel européen ne constitue pas le seul intérêt du projet : à côté du travail de sensibilisation des opérateurs de la Méditerranée sur l’importance de l’écotourisme, il y a aussi le travail avec les communautés locales, l’entrainement du personnel, et le partage d’expériences comme celle faite à Nice – où M. Kahil a expliqué aux participants comment son hôtel a réduit en un an 45 % de sa consommation en eau (le coût aussi a diminué de 12%) et 31% de sa consommation en électricité (donc le coût a diminué de 21%). En prenant le vieil ascenseur en bois, direction du lobby, il montre les lustres en cristal avec leurs ampoules d'éclairage économes: « Les ampoules classiques coûtent 3 LE l'une, alors que celles de basse consommation coûtent 30 LE (€1 = 8 LE environ), mais c'est un investissement à long terme; elles ont une plus longue durée de vie et nous permettent de faire des économies en énergie ». La côte méditerranéenne mise hors jeu Colonnades ornées, porte à tambour en bois et cuivre poli, le directeur se pro-

« Ces mesures écologiques constituent aussi pour nous un outil de marketing à long terme. Car partout dans le monde, les clients optent de plus en plus pour les hôtels amis de l'environnement » mène dans son hôtel immortalisé par Le Quatuor d'Alexandrie, roman en 4 tomes de l'écrivain britannique Lawrence Durrell. Celui-ci a compté parmi les nombreux visiteurs des lieux, tout comme Winston Churchill, Joséphine Baker ou Agatha Christie. Mais la ville côtière est bien loin de ces temps cosmopolites. Aujourd’hui, 80% des touristes qui viennent en Egypte se dirigent plutôt vers la Mer Rouge, pour la plongée sous-marine, les coraux et les réserves naturelles, alors que la côte nord méditerranéenne, malgré ses atouts, n'attire qu'un pourcentage minime.

n Les employés de l’hôtel Cecil Sofitel adoptent des comportements respectueux de l’environnement dans leur travail quotidien.

46

Projets en marche 3 – Voisinage Européen Sud


ENVIRONNEMENT > EGYPTE

n Un employé de la blanchisserie de l’hôtel Cecil Sofitel a rempli

une machine à laver avec du savon respectueux de l'environnement dans la cave de l'hôtel.

Et lorsqu'il y a plus de trois ans, l'écotourisme a commencé à avoir le vent en poupe, on a surtout pensé à transformer la ville balnéaire de Charm Al-Cheikh (dans le Sinaï) en une cité verte. La côte nord - avec ses belles villes telles Alexandrie et Marsa Matrouh - était mise horsjeu en ce qui concerne les écolabels. C'est ce qui explique les données fournies par Ahmed El-Dorghamy, l'expert en affaires d'environnement et d'énergie, auprès du CEDARE, centre pour l'environnement et le développement dans la région arabe et l'Europe, créé en 1992, lequel collabore avec le projet Shmile 2: « Notre travail consiste à sensibiliser le monde de l'hôtellerie et de lui permettre de prendre connaissance des bonnes pratiques pour accéder à l'écolabel, tout en s'engageant auprès des communautés locales. Nous avons donc recensé 94 hôtels labellisés d’une façon ou d’une autre en Egypte, tous situés sur la Mer Rouge, sauf un à Alexandrie (Le Cecil) ». El-Dorghamy poursuit: « Etant donné que 72% des visiteurs de la Mer Rouge sont européens, les propriétaires des sites d'hébergement veulent plaire à leur clientèle en appliquant les normes écologiques internationales. Ils ont cherché à obtenir des certificats environnementaux reconnus, allemands ou australiens pour la plupart ». Projets en marche 3 – Voisinage Européen Sud

Panneaux photovoltaïques sur les bateaux-croisière Le CEDARE tente alors en ce moment de coopérer avec la Chambre et le Ministère du tourisme en Egypte pour diffuser les écolabels dans les sites méditerranéens, avec l'espoir de parvenir à étendre des normes propres au pays, ou un écolabel national. « Nous sommes encore loin de fournir un écolabel égyptien, ou d’imposer un écolabel européen, mais nous essayons d'aider les professionnels à se repérer et à mieux choisir les certificats et produits qui leur conviennent sans rien imposer. Ils comprennent que c'est dans leur intérêt, pour une économie plus efficace. Par exemple, les bateaux-croisière entre Louxor et Assouan peuvent se munir de panneaux photovoltaïques pour subvenir à leurs besoins en énergie à un moindre coût. Le ministère est en train d'étudier la possibilité de changer les normes d'évaluation des sites touristiques, de manière à inclure les écolabels dans nos critères », précise Mahmoud El-Kaïssouni, membre du Conseil suprême du tourisme et chef de l'unité Verte (sur le tourisme écologique), fondée il y a juste quatre mois. La crise actuelle que connaît le secteur pousse tous ses professionnels à vouloir atteindre une plus grande compétitivité, en passant par la voie de l'écotourisme et des sites labellisés. Texte par Dalia Chams Photos par AFP©EU/Neighborhood Info Centre

« Nous sommes encore loin de fournir un écolabel égyptien, ou d’imposer un écolabel européen, mais nous essayons d'aider les professionnels à se repérer et à mieux choisir les certificats et produits qui leur conviennent sans rien imposer »

IEVP CTMED

http://www.enpicbcmed.eu/ Le Programme multilatéral de coopération transfrontalière "Bassin Maritime Méditerranée" fait partie de la nouvelle Politique Européenne de Voisinage et de son instrument financier (IEVP) pour la période 2007-2013: il inclut les régions de l'UE et celles des pays partenaires situées le long des côtes de la mer Méditerranée. De l’expérimentation à la diffusion de l’Ecolabel en Méditerranée

http://www.enpicbcmed.eu/docu menti/30_153_20120316174130. pdf Le projet vise à promouvoir l’écolabel européen et la gestion environnementale auprès des services d’hébergement touristique du bassin méditerranéen. Le projet entend notamment informer, sensibiliser et accompagner les professionnels du tourisme (en particulier les hébergeurs) dans une démarche de certification environnementale. Durée : 24 mois Budget : 1 998 998 euros Objectifs : • Acteurs clés du secteur touristique informés et sensibilisés aux atouts de l’Ecolabel pour les services d'hébergement touristique • Professionnels des hébergements touristiques sensibilisés à l'Ecolabel et engagés dans une démarche de certification • Institutions publiques et parties prenantes informées et sensibilisées sur les instruments de diffusion et mise en place de l’Ecolabel • Grand public sensibilisé à la question de l'Ecolabel • Augmentation de 10% du nombre de certifications environnementales dans les territoires des pays impliqués Pour en savoir plus : Coopération transfrontalière - Fiche projet: http://www.enpi-info.eu/mainmed.php?id= 176&id_type= 10&lang_id=469 Portail thématique de l’EU Neighbourhood Info Centre : ENVIRONNEMENT http://www.enpi-info.eu/thememed.php?subject=6

47


ENVIRONNEMENT > JORDANIE

Transformer les déchets d’huile d’olive en bénéfices, tout en protégeant la nature Ce n’est pas un secret : la région méditerranéenne produit l’écrasante majorité (97 %) des réserves d’huile d’olive du monde. Ce que l’on sait moins, cependant, c’est que les deux millions de tonnes d’huile d’olive que l’on produirait annuellement, génèrent quelques neuf millions de déchets. Compte tenu des dégâts environnementaux qu’ils peuvent causer, les scientifiques de la région réfléchissent ensemble à la méthode parfaite qui permettrait de minimiser l’impact environnemental des eaux usées issues des moulins à huile et, en même temps, de produire des bioproduits à des fins commerciales. Grâce au projet MEDOLICO – financé par l’UE à travers son initiative de coopération transfrontalière – l’Université jordanienne des sciences et de la technologie servira de terrain d’essai. Le Centre d’information pour le voisinage européen a demandé à l’un de ses journalistes d’en apprendre plus sur le projet.

Découvrez les reportages photo du Centre d’information pour le voisinage européen sur YouTube 48

IRBID, NORD DE LA JORDANIE – Les oliveraies luxuriantes et pittoresques du nord de la Jordanie sont certainement une preuve de la qualité de l’huile d’olive produite dans cette partie du monde. Pourtant, même si la situation semble idyllique, un véritable danger environnemental rôde sous ces arbres bibliques : le processus de transformation de l’huile d’olive rejette en effet des tonnes de produits chimiques toxiques et non dégradables. Connues dans la région sous le nom de zebar, les eaux usées des moulins à huile sont très résistantes à la biodégradation et nocives pour les plantations, les ressources en eau et l’homme. Rejet d’eaux usées dans le bassin méditerranéen Alors que se poursuit la ruée vers « l’or liquide », comme l’appelait le poète épique grec Homère, de plus en plus de tonnes d’eaux usées contaminées sont illégalement déversées dans le bassin méditerra-

néen. C’est le cas en Jordanie, où la production d’huile d’olive augmente de cinq pour cent par an. Les responsables du département des ressources naturelles du ministère jordanien de l’agriculture citent une ville du gouvernorat d’Ajlun, dans le nord du pays, où les habitants ont arrêté de boire de l’eau du robinet après que la source principale a été contaminée par des produits chimiques à trois reprises depuis 2009. « Autrefois, on rejetait souvent les eaux usées au bord des champs. Dans le passé, ce n’était pas un problème. Le sol était meilleur et nous avions de l’eau en abondance. Mais avec la raréfaction croissante des ressources en eau et l’augmentation des taux de production, la nature n’est plus capable d’absorber les eaux usées », explique le professeur Munir Rusan de l’Université jordanienne des sciences et de la technologie et représentant du projet MEDOLICO (Mediterranean Cooperation in the Treatment and Valorisation of Olive Projets en marche 3 – Voisinage Européen Sud


ENVIRONNEMENT > JORDANIE

« Le problème des eaux usées issues de la production d’huile d’olive est un casse-tête environnemental et financier. Nous ne pouvons stocker cette eau près du moulin car elle est toxique et très dangereuse. Nous devons nous en débarrasser, mais cela coûte très cher. » Mill Wastewater, Coopération méditerranéenne en matière de traitement et de valorisation des eaux usées des moulins à huile). MEDOLICO est un projet financé par l’UE qui a pour objectif de réduire l’empreinte environnementale des moulins à huile, en assurant la mise en œuvre élargie de solutions pratiques et rentables de traitement et de gestion des eaux usées provenant des moulins à huile dans la région. Le projet entend utiliser les eaux traitées comme source d’irrigation et espère compenser le coût des technologies de traitement des eaux usées, grâce au développement de produits dérivés en quantité et de qualité suffisantes. Le projet vise aussi à l’amélioration de la coopération des scientifiques et des autorités impliqués dans les recherches relatives à l’industrie de l’huile d’olive. Ce projet - d’une durée de trois ans - n’en est qu’à ses balbutiements : les parties essayent de découvrir quel est le meilleur traitement à adopter et la Jordanie sert de terrain d’essai à quelques technologies innovantes. « Nous

essayons de nous attaquer aux coûts de production de la meilleure huile d’olive du monde de façon réaliste et efficace », indique le professeur Rusan. Neuf millions de tonnes d’eaux usées sont générées lors du processus de production de l’huile d’olive. Près de 60 pour cent des eaux usées urbaines s’écoulent dans la Méditerranée sans avoir été traitées ; 48 pour cent des grandes villes côtières n’ont pas de système d’épuration des eaux et moins de la moitié des déchets industriels liquides est purifiée, indique le programme IEVP de coopération transfrontalière « Bassin Maritime Méditerranée » pour 2007-2013, au titre duquel est financé MEDOLICO. « Pour moi, le principal est de pouvoir nourrir mes enfants » Trônant au-dessus d’une montagne de déchets solides, Jassem Mahmoud Abdullah, propriétaire d’un moulin à huile, nous parle avec enthousiasme du projet. « Le problème des eaux usées issues de la production d’huile d’olive est un casse-

tête environnemental et financier. Nous ne pouvons stocker cette eau près du moulin car elle est toxique et très dangereuse. Nous devons nous en débarrasser, mais cela coûte très cher », déplore Abdullah. Un propriétaire de moulin aurait payé 15 000 dinars jordaniens (16 000 euros) pour transporter ses eaux usées vers une décharge publique. Un montant considéré comme astronomique. « Ce serait génial qu’ils trouvent une solution nous permettant de générer des revenus supplémentaires en ces temps difficiles », ajoute Adbullah, membre actif de l’Association jordanienne des propriétaires de moulins. « Tous les propriétaires de moulins ne peuvent pas se permettre de dépenser une telle somme. Le facteur économique joue un rôle dans la décision de se débarrasser légalement de ses eaux usées », conclut-il. Abdullah n’est pas le seul à prendre en compte les implications financières. « Les eaux usées sont mauvaises pour l’environnement mais, sincèrement, j’ai des préoccupations plus importantes, en particulier vendre mon huile d’olive et nourrir mes enfants », affirme Ebrahim Sweirki (56 ans), propriétaire d’une oliveraie dans l’ancienne cité romaine de Jerash. Même si nourrir sa famille reste la priorité de M. Sweirki, avoir de l’eau potable sûre est aussi l’une de ses préoccupations. « Les eaux usées tuent nos plantations. La nuit,

n Vue d’un moulin à Irbid (Jordanie) : les eaux usées issues de la récolte des olives sont rassemblées dans

un bassin d’où elles peuvent facilement s’écouler, ce qui est dangereux pour l’environnement.

Projets en marche 3 – Voisinage Européen Sud

49


ENVIRONNEMENT > JORDANIE

des gens vont déverser leurs eaux usées en-dehors de la ville, ce qui détruit les cultures et cause de mauvaises odeurs. Le gouvernement devrait être vigilant », ajoute ce père de six enfants. Le gouvernement reconnaît avoir de grandes difficultés à enrayer le rejet illégal des eaux usées et a demandé la coopération de la communauté locale. Les agriculteurs ont aussi appelé le gouvernement à les protéger contre les déversements illégaux, mais les responsables du ministère de l’agriculture ont du mal à trouver une méthode d’élimination écologique et rentable. Ils soulignent aussi leur incapacité – due à un manque de financements – à créer une usine de traitement centralisée ou un centre d’élimination commun pour les 116 moulins du pays. Terrain d’essai en Jordanie Jusqu’à présent, le traitement des eaux usées provenant des moulins à huile n’a été abordé que dans quelques études isolées. Aujourd’hui, un effort harmonisé au niveau du bassin méditerranéen est nécessaire. C’est l’un des objectifs clés de l’initiative MEDOLICO. Le gouvernement jordanien s’est dit ravi de rejoindre ce projet financé par l’UE et a accepté de servir de terrain d’essai pour les technologies développées par les autres pays participants, à savoir l’Italie, Israël et le Portugal. Le partenariat est dirigé par le Centre international de recherche sur l’eau (Nireas) de

« Autrefois, on rejetait souvent les eaux usées au bord des champs. Dans le passé, ce n’était pas un problème. Mais avec la raréfaction croissante des ressources en eau et l’augmentation des taux de production, la nature n’est plus capable d’absorber les eaux usées. » 50

l’Université de Chypre. À l’instar de toutes les initiatives de coopération transfrontalière soutenues par l’UE, ce projet entend relever les défis communs aux États membres et aux pays partenaires en jetant les bases de véritables échanges et coopérations entre les peuples. Il s’agit du principe de base du concept de coopération transfrontalière : l’impact doit se faire sentir des deux côtés de la frontière ou sur les deux rives du bassin maritime. Les bénéfices pour tous les partenaires impliqués sont concrets. Dans ce cas-ci, la Jordanie sert de terrain d’essai pour des technologies innovantes qui pourraient bénéficier à tous les partenaires du projet. Le Portugal devrait en fait envoyer une première centrifugeuse en Jordanie pour qu’elle puisse entamer le processus de test, qui impliquera une série d’essais sur différentes centrifugeuses. Les résultats seront étudiés par des scientifiques, qui essayeront de déterminer la technologie la plus adaptée à chaque pays, qui devra ensuite être appliquée par les autorités. Les centres de traitement seront installés à proximité des grandes décharges et, éventuellement, des moulins. Idéalement, les eaux usées traitées devraient être renvoyées vers des exploitations irriguées. Dans une région qui souffre du manque de ressources en eau, la réutilisation des eaux usées traitées dans l’agriculture est considérée comme une source d’irrigation alternative idéale. Par ailleurs, les produits chimiques restants seront transformés en bioproduits à des fins commerciales, par exemple en amendements synthétiques, en biocombustibles, en engrais et en antioxydants. Le programme inclut également des campagnes d’orientation et de sensibilisation pour informer les agriculteurs et les propriétaires de moulin à propos de l’importance de ce projet et les former à exploiter chaque goutte d’huile d’olive. Le but ultime ? Transformer les déchets en bénéfices, tout en protégeant la nature. Texte par Mohammad Ben Hussein Photos par AFP © EU/Neighbourhood Info Centre

IEVP CTMED Coopération transfrontalière en Méditerranée

http://www.enpicbcmed.eu/ Le Programme multilatéral de coopération transfrontalière « Bassin Maritime Méditerranée » fait partie de la nouvelle Politique européenne de voisinage et de son instrument financier (IEVP) pour la période 2007-2013 : il inclut les régions de l'UE et celles des pays partenaires situées le long des côtes de la mer Méditerranée. MEDOLICO - Coopération méditerranéenne en matière de traitement et de valorisation des eaux usées des moulins à huile

http://www.enpicbcmed.eu/documenti/29_153_20110930144130.pdf Le projet cible en particulier le problème des eaux usées issues des moulins à huile, qui sont extrêmement résistantes à la biodégradation. Étant donné que le traitement de ces eaux usées n’a été que partiellement abordé dans des études isolées, un effort harmonisé au niveau du bassin méditerranéen est nécessaire pour réduire de façon significative leur impact environnemental. Pays participants : Chypre, Italie, Israël, Jordanie, Portugal Durée : 36 mois Budget : 1 964 500 euros Objectifs : • Réduction des niveaux de substances toxiques contenues dans les eaux usées issues des moulins à huile avant et après leur rejet dans l’environnement • Produits dérivés de qualité et en quantité suffisantes pour compenser les coûts des technologies de traitement des eaux usées issues des moulins à huile • Développement de manuels/directives méthodologiques et techniques faciles à utiliser à destination des personnes utilisant un moulin à huile • Programmes de formation accessibles et efficaces pour les propriétaires de moulin à huile sélectionnés en vue des essais pilotes • Information des intervenants concernés à propos des résultats du projet Pour en savoir plus : Site web du projet MEDOLICO http://www.medolico.com Fiche projet de l’EU Neighbourhood Info Centre sur la Coopération transfrontalière (CTF): http://www.enpi-info.eu/mainmed.php?id= 176&id_type=10&lang_id=469 Portail de l’EU Neighbourhood Info Centre sur l’ENVIRONNEMENT: http://www.enpi-info.eu/thememed.php?subject=6

Projets en marche 3 – Voisinage Européen Sud


ENVIRONNEMENT > MAROC

Qui sont les ambassadeurs de l’énergie durable ? Les enfants!

Etre éco-responsable , c’est avant tout un acte civique: voici le message véhiculé par les journées de l’énergie organisées à Salé, première ville d’Afrique et du monde arabe à avoir signé la Convention des Maires. Dans le cadre du projet SURE financé par l'Union européenne– qui vise à soutenir les collectivités locales dans leurs efforts vers l’intégration dans leur planification urbaine de solutions pour une énergie durable - une approche fortement participative de la part de la population locale a été envisagée. Le but ? Faire du citoyen un partenaire responsable, utilisant les énergies renouvelables. SALE – «Avant de quitter la maison, quand nous ne regardons plus la télé, je pars tout de suite l’éteindre. L’énergie, cela n’a pas de prix! ». Fadela, 12 ans, a tout compris: être éco-responsable, c’est avant tout un acte civique de citoyen responsable. Voici le message véhiculé par les journées de l’énergie organisées par Salé, la ville Projets en marche 3 – Voisinage Européen Sud

jumelle de Rabat. Salé est devenue en 2011 la première ville du monde arabe à signer la Convention des Maires, qui l'engage, d’ici 2020 à réduire de 20 % ses émissions de CO2. Salé a aussi été choisie pour accueillir les journées de sensibilisation organisées par le projet européen SURE sur le thème des énergies renouvelable en milieu urbain.

«Cet évènement contribue à attirer l’attention de la population locale sur l’importance de préserver l'environnement et de changer ses habitudes de consommation énergétiques», explique Anass Laâlou, coordinateur au Maroc du projet SURE, développé dans le cadre du programme régional CIUDAD financé par l'Union européenne. Grâce à ce projet, deux villes de 51


ENVIRONNEMENT > MAROC

« Les enfants sont l’avenir du pays. Si on les accompagne dès leur plus jeune âge à avoir un comportement responsable vis-àvis de l’énergie, le pari sera certainement gagné » n Le théâtre plein d’enfants venus de plusieurs quartiers de Salé.

« Notre travail consiste à aller chez les femmes aux foyers et à les sensibiliser sur ces gestes quotidiens qui font la différence, notamment en terme de consommation de l’électricité afin de minimiser leur facture énergétique ». l’Union européenne, Murcie (Espagne) et Friedrichshafen (Allemagne), jouissant toutes deux d’une large expérience en matière de planification énergétique urbaine durable, ont guidé et soutenu les villes de Polotsk (Belarus) et Salé dans le processus d’adhésion à la Convention des Maires. La Convention des Maires est un accord volontaire signé par plus de 4.500 villes dans le monde qui favorise le développement d’une planification énergétique durable du milieu urbain. Qu’est-ce que cela signifie concrètement ? En signant cette convention, la ville s'engage à élaborer un plan d’actions visant à la réduction des émissions de CO2 et ce, en recourant à des moyens favorisant l'efficacité énergétique et l'usage d'énergies renouvelables. Les gestes quotidiens qui font la différence Nous sommes à la mairie de Salé : c’est là 52

où les citoyens affluent chaque jour pour demander des extraits d’acte de naissance et autres certificats de résidence. Le choix s’est porté sur cet endroit pour organiser les activités de sensibilisation. Un choix qui se justifie pleinement: la signature que la ville de Salé a apposée à la Convention des Maires a une conséquence majeure, elle engage la ville à atteindre les objectifs fixés par l’Union européenne, qui consistent à mettre en œuvre un plan d’action en faveur de l’énergie durable au sein de son territoire, avec le but de réduire les émissions de CO2 d’au moins 20 % d’ici 2020 . Les journées sur l’énergie sont donc une occasion pour la ville de Salé de partager son expérience avec d' autres villes intéressées par le développement durable, afin de permettre leur adhésion au réseau international que constitue la Convention des Maires.

A côté de la mairie, dans un espace spécialement aménagé, ont lieu des ateliers de sensibilisation pour femmes au foyer. Un programme très interactif animé par les formatrices de l’association « Femmes, eau et environnement », de véritables ambassadrices de l’énergie durable. « Notre travail consiste à aller chez les femmes aux foyers et à les sensibiliser sur ces gestes quotidiens qui font la différence explique Mme Hasnaa Chihabi, présidente de l’association - notamment en terme de consommation de l’électricité afin de minimiser ainsi leur facture énergétique ». La journée voit les formatrices enregistrer des micros trottoirs avec des femmes aux foyers et des jeunes. « L’objectif de ce genre d’activité, c’est d’ouvrir le débat et à partir de là, générer une discussion avec les citoyens. Avec toujours la même finalité, les sensibiliser sur l’importance de l’efficience énergétique », ajoute M. Laâlou.

n Salé ville verte, plus qu’un slogan pour les enfants de l’association Yasmine.

Projets en marche 3 – Voisinage Européen Sud


ENVIRONNEMENT > MAROC

portance d’une consommation modérée de l’énergie. Comme quoi, la sensibilisation des plus jeunes reste la clé pour former des citoyens de demain éco-responsables. Texte et photos par Hicham Houdaïfa

CIUDAD – Développement urbain durable

http://www.ciudadprogramme.eu/index.php Vise à aider les gouvernements locaux de la région de l’IEVP à s’attaquer durablement aux problèmes de développement urbain, en encourageant la coopération entre les acteurs locaux et leurs homologues de l’UE.

n L’entrée du théâtre de la Commune.

« Il faut éteindre l’ordinateur quand on n’y travaille pas … » Deuxième population cible, les enfants. « Ils sont l’avenir du pays. Si on les accompagne dès leur plus jeune âge à avoir un comportement responsable vis-à-vis de l’énergie, le pari sera certainement gagné », tranche M. Laâlou. Les enfants sont bien contents d’être de la fête dans l' espace d’exposition organisé dans la ville de Salé ainsi que dans le grand théâtre de la commune. Chants et activités artistiques, compétition de peinture, atelier de théâtre sur l’énergie: autant d'activités ludiques qui profitent à une cinquantaine d’enfants, dépendant en grande partie d’une association très active sur le terrain, l’association Yasmine. Arborant fièrement un tee-shirt frappé aux initiales de SURE, les enfants ont donné une dimension plus large aux journées de l’énergie. La raison : « Cela fait plus de sept ans que l’on travaille sur la thématique de l’énergie - explique Mme Fouzia El Harrati, Secrétaire générale de l’association Yasmine - On a organisé des dizaines de campagnes de sensibilisation au profit des enfants de Salé, surtout dans les quartiers défavorisés de Hay Salam, Sidi Moussa et Btana ». Nous rencontrons des enfants dans le théâtre de la commune. Fadela, 12 ans, le feu aux yeux, raconte : « Quand on Projets en marche 3 – Voisinage Européen Sud

« Avant de quitter la maison, quand nous ne regardons plus la télé, je pars tout de suite l’éteindre. L’énergie, cela n’a pas de prix! »

Pays participants : Algérie, Égypte, Israël, Jordanie, Liban, Maroc, Territoire palestinien occupé, Syrie, Tunisie, Arménie, Azerbaïdjan, Belarus, Géorgie, Moldavie, Russie, Ukraine Durée : 2009-2013 Budget : 14 millions d’euros

SURE- Énergie durable en contexte urbain dans la région IEVP- En vue de la Convention des Maires

http://www.ciudad-programme.eu /grant_profile.php?lang=4&sector _id=21&grant_id=40 sort d’une chambre à la maison, je pars tout de suite éteindre la lumière pour ne pas gaspiller de l’énergie». En ce qui concerne, Samah, 11 ans, il a pu finalement convaincre son grand frère d’éteindre l’ordinateur quand il n’y travaille pas. Quant à Zakaria, 15 ans, sa logique est celle du « portefeuille » : « Quand on pense à ce qu’on peut économiser en faisant attention à notre consommation d’énergie, le choix est vite fait. » Ne pas allumer l’électricité le matin quand il y a la lumière du soleil, faire attention à ne pas laisser la porte du frigo trop longtemps ouverte et, la télé allumée quand on ne la regarde plus, adopter des lampes à LED ou encore faire le choix d'utiliser des énergies renouvelables sont autant d'habitudes à prendre pour assurer une consommation responsable de l'énergie. Les enfants sensibilisés montrent ainsi qu’ils sont conscients de l’im-

Pays où les activités ont lieu: Maroc, Belarus Durée : 30 mois Budget : 791 725 euros Contribution EU : 616 725 euros Pour en savoir plus : Fiche projet http://www.ciudad-programme.eu/grant_profile.php? lang=1&country_id=10&grant_id=14 CIUDAD – fiche http://www.enpiinfo.eu/mainmed.php?id=336&id_type=10 CIUDAD – site web http://www.ciudad-programme.eu/about.php?lang=1 Convention des Maires http://www.eumayors.eu Info Centre – Société civile et autorités locales http://www.enpi-info.eu/thememed.php?subject= 14&lang_id=469

53


ENVIRONNEMENT > PALESTINE

Un hôpital alimenté en énergie éolienne Promouvoir l'énergie renouvelable est une chose, mais qui aurait cru que l'on pourrait faire fonctionner un hôpital grâce au vent ? C'est pourtant possible : preuve en est à Hébron, où l'hôpital Al Ahli entend utiliser l'énergie éolienne pour couvrir environ 40 % de ses besoins énergétiques. Le projet, le premier de ce type dans le pays, est soutenu par l'Union européenne et inclura l'installation d'une éolienne d'une capacité de 225 kilowatts. Notre journaliste a visité le site et vous explique ce qu'il a vu.

n Le chef de projet palestinien Mohammad Tamimi (G) et le journaliste

Elias Zananiri (d) visitent le site d'installation de la future éolienne.

HÉBRON – « Tout tourne autour de l'énergie verte et propre », explique Mohammad Tamimi, ingénieur en chef du projet d'énergie éolienne à l'hôpital Al Ahli d'Hébron, en Cisjordanie. Il nous entraîne sur le bord du toit de l'hôpital, d'où il nous indique l'endroit où les travaux ont commencé. Grâce au financement de l'Union européenne, M. Tamimi espère que l'éolienne sera opérationnelle avant la fin de l'année. Elle alimentera alors l'hôpital en énergie, lui permettant ainsi d'économiser 35 % de sa facture énergétique actuelle (électricité et combustibles). L'éolienne, explique-t-il, fournira 330 MW d'électricité par an à l'hôpital, tandis que le système solaire thermique lui fera économiser 100 000 litres de diesel par an. La consommation annuelle de diesel de l'hôpital s'élève 54

exactement à 200 000 litres. Une fois que le projet sera opérationnel, il devrait permettre d'en économiser la moitié grâce à l'énergie renouvelable. La nouvelle solution aux pénuries d'énergie Situé sur le plus haut mont de la région, l'hôpital Al Ahli dessert 600 000 Palestiniens vivant dans le district d'Hébron, au Sud de la Cisjordanie. Dans un avenir proche, sa capacité sera de 365 lits dans des conditions normales mais, dans des situations d'urgence, elle pourra être portée à 500 lits. En 2001, quelques mois après le début de la deuxième Intifada, la sécurité en Cisjordanie s'est détériorée. Le personnel hospitalier a dû trouver des solutions pour relever les nouveaux défis, notamment les pénuries de carbuProjets en marche 3 – Voisinage Européen Sud


ENVIRONNEMENT > PALESTINE

n Le directeur palestinien des relations publiques Basem AL-Natsheh (D) et le journaliste Elias Zananiri (G) examinent un modèle de conception d'éolienne.

n Le chef de projet palestinien Mohammad Tamimi et le directeur des relations publiques Basem

Al-Natsheh discutent du plan d'installation de la future éolienne.

« Nous avons installé des stations à travers la Cisjordanie pour mesurer la vitesse et la force du vent et décider ainsi des régions propices à la production d’énergie éolienne ou solaire. » rant, d'électricité et de réserves d'oxygène. Une équipe dirigée par M. Tamimi a élaboré un projet complet visant à développer des ressources énergétiques alternatives pour l'hôpital. Ils ont pensé à creuser un puits pour stocker l'eau, ils ont mis en œuvre un projet visant à produire l'oxygène nécessaire pour tous les services de l'hôpital (dont le bloc opératoire) et ils ont construit un immense réservoir pouvant contenir jusqu'à 50 000 litres de combustible pour alimenter les générateurs d'électricité et autres machines. Leur quatrième idée consistait à utiliser l'énergie éolienne. Dans la vie, il faut parfois le voir pour le croire. Et c’est précisément le cas du site éolien que nous avons visité en juin, sous un soleil de plomb. Le vent qui soufflait sur l'hôpital était si rafraîchissant que nous avions peine à croire que nous Projets en marche 3 – Voisinage Européen Sud

étions en été et que la température s'élevait à 38 degrés Celsius. La nature était à l'œuvre. Et dans moins de six mois, ce phénomène naturel allait être transformé en énergie. Les projets d'énergie renouvelable dans le Territoire palestinien occupé remontent aux années 80. M. Tamimi explique qu'il a été ému de voir ces Palestiniennes venant en ville pour charger des batteries et les ramenant dans leur village reculé afin de faire fonctionner leur petite télé et des éclairages de secours. « Je me suis dit qu'il fallait faire quelque chose pour aider ces femmes », raconte-t-il. « J'ai pensé à l'énergie solaire. J'ai installé de simples capteurs solaires pour transformer l'énergie du soleil en électricité, que l'on stocke le jour et utilise la nuit. » Le système a fonctionné. Et M. Tamimi a remporté une importante victoire sur deux fronts. D'une part, il a vendu pas mal de capteurs, mais, d'autre part, il a développé la conviction que l'énergie renouvelable était une option que les Palestiniens devraient envisager dans le futur. M. Tamimi est entré en contact avec l'hôpital Al Ahli et a monté une équipe d'experts composée de différents acteurs palestiniens, dont l'université Najah, la compagnie électrique d'Hébron, l'Autorité de l'énergie et de l'environnement de l'AP et l'université polytechnique d'Hébron, ainsi que

l'université de Twente aux Pays-Bas. Ensemble, ils ont mené une étude complète sur l'énergie éolienne en Palestine. Des contacts ont ensuite été pris avec l'UE. Ils ont abouti à un accord stratégique : l'Union européenne financerait 80 % du coût global du projet avec une enveloppe de 1,6 million d'euros. Le projet a été officiellement inauguré en mai 2009. Renforcement des capacités et diffusion de l'information L'un des principaux objectifs du projet est de renforcer les capacités dans les domaines de l'énergie et l'environnement. En tant que partenaire européen, l'université de Twente contribue à la conception et à la réalisation d'une formation technique et managériale sur différents sujets liés à l'énergie. Les stagiaires viennent de différentes institutions palestiniennes en rapport avec l'énergie et les technologies vertes, dont des universités, des municipalités

« La consommation annuelle de diesel de l'hôpital s'élève à 200 000 litres. Une fois que le projet sera opérationnel, il devrait permettre d'économiser la moitié grâce à l'énergie renouvelable. » 55


ENVIRONNEMENT > PALESTINE

de Palestine et de la région. « Le coût est élevé aujourd'hui, déclare-t-il, mais il l'était bien plus dans le passé. Plus nous progressons dans ce domaine, plus le coût diminue. » Texte par Elias Zananiri Photos par EPA © EU / Neighbourhood Info Centre

Système intégré de production d'énergie éolienne pour l'hôpital Al-Ahli

n Le chef de projet palestinien Mohammad Tamimi.

et des ONG. En plus des activités de renforcement des capacités internes, le projet a envoyé deux ingénieurs étudier des questions liées à l'énergie à l'université de Twente aux Pays-Bas, où ils ont décroché un Master. En outre, le projet se compose de cinq ateliers, dont deux ont déjà eu lieu et deux autres se dérouleront dans un avenir proche. Le cinquième atelier sera la cérémonie de fermeture du projet. Ces ateliers sont conçus pour sensibiliser la communauté aux énergies renouvelables et aux questions environnementales. La phase de planification est désormais terminée et l'installation de l'éolienne devrait débuter cet automne. Il s'agit d'un projet pilote conçu pour faire connaître l'énergie renouvelable à travers la Palestine, un pays qui bénéficie d'un climat tempéré en hiver et en été. La consommation énergétique en Cisjordanie est estimée à environ 600 mégawatts. L'Autorité de l'énergie et de l'environnement de l'Autorité nationale

« Le coût est élevé aujourd'hui, mais il l'était bien plus dans le passé. Plus nous progressons dans ce domaine, plus le coût diminue. » 56

http://www.awep.ps/index.php palestinienne compte produire pas moins de 15 mégawatts d'énergie grâce au vent d'ici 2020. Selon le Dr Imad Ibrik de l'université Najah, l'institut a décidé de mobiliser ses ressources pour contribuer à la promotion de l'énergie renouvelable. « Dans cette optique, nous avons installé des stations à travers la Cisjordanie pour mesurer la vitesse et la force du vent et décider en conséquence des régions propices à l'énergie éolienne ou solaire », explique-t-il. Le Dr Rdwan Tahboub, de l'université polytechnique d'Hébron, précise que son équipe de chercheurs a coopéré étroitement avec les collaborateurs de M. Tamimi. Il indique que les centrales à combustibles émettent d'énormes quantités de CO2, ce qui entraîne des problèmes de santé majeurs et des dommages environnementaux et il souligne que l'énergie renouvelable prend de l'ampleur en Palestine comme dans le reste du monde. Le Dr Tahboub a d'autres objectifs qu'il souhaite atteindre grâce à ce projet. « Nous devons renforcer les capacités des femmes et les impliquer dans la promotion de l'énergie propre et verte. L'ANP doit aussi nous fournir une législation appropriée pour encadrer l'expansion des énergies renouvelables dans le futur. » Le Dr Tahboub exprime sa profonde gratitude envers l'UE pour son soutien au projet. Il espère faire de ce projet pilote un exemple que suivront d'autres villes

Installer un système durable et rentable de production énergétique, avec un faible coût environnemental ; sensibiliser le public aux formidables opportunités offertes par les technologies vertes. Pays participants : Territoire palestinien occupé, Pays-Bas Durée : Janvier 2009 - décembre 2012 Budget : 1,6 million d'euros (contribution de l'UE à hauteur de 80 % du coût total) Objectifs : a. Réduire la facture énergétique de l'hôpital d'environ 30 - 40 % par an. b. Minimiser le risque de dégâts aux équipements fragiles et onéreux à la suite de pannes électriques répétées (c.-à-d. fiabilité accrue). c. Réduire le coût environnemental, tel que les émissions de gaz carbonique, de la production énergétique. d. Offrir à l'hôpital une source d'énergie alternative qui sera intégrée au réseau électrique et aux systèmes existants de production d'énergie à partir de combustibles fossiles. e. Sensibiliser davantage la communauté locale, y compris les compagnies de distribution d'électricité, les grandes industries, les centres de soins de santé, à l'utilisation d'énergie verte et durable. f. Développer les capacités du personnel hospitalier et de ses collaborateurs dans le domaine de la gestion énergétique et des techniques. Pour en savoir plus : Site internet du projet http://www.awep.ps/index.php Portail thématique de l'EU Neighbourhood Info Centre : énergie www.enpi-info.eu/thememed.php?subject= 5&lang_id=469

Projets en marche 3 – Voisinage Européen Sud


ENVIRONNEMENT > EGYPTE

Halte aux fuites d’eau !

n Filtration de l’eau à l’usine de traitement des eaux de Nozha, Alexandrie.

Pour atteindre une optimisation de la consommation d’eau et la minimisation des pertes en région méditerranéenne, l'UE déploie des compteurs d'eau intelligents à travers cinq projets pilotes en Egypte, en Jordanie, en Tunisie, en Italie et à Chypre. Cela se passe dans le cadre du projet Aquaknight, qui fait partie du programme multilatéral de coopération transfrontalière « Bassin Maritime Méditerranée ». Une première conférence internationale sur les fuites d'eau s'est déroulée à Alexandrie, en présence des opérateurs de réseau de distribution. La journaliste du Centre d'Information pour le voisinage européen nous envoie ce reportage. ALEXANDRIE – Des immeubles modestes de huit à dix étages se dressent sur une superficie d'environ 5 km carrés, abritant quelque 10 000 personnes. C'est le quartier populaire d'Aarama, à l'Est d'Alexandrie, où se situe le projet pilote d'Aquaknight en Egypte, qui – entre autres – porte sur la détection des fuites d'eau dans les réseaux de distribution. Au seuil du quartier, se trouve une sorte de trappe laquelle s'ouvre sur une salle avec un conduit de béton, un compteur d'eau à ultrasons et un capteur de pression. Il s'agit des équipements nécessaires afin de tester les fuites d'eau potable sur le quartier à partir de la Projets en marche 3 – Voisinage Européen Sud

conduite principale, sous la route. « Nous avons coupé tous les autres tuyaux d'alimentation, ne laissant que cette conduite, afin de pouvoir contrôler et mesurer les pertes via le compteur à ultrasons - explique l'ingénieur, Ahmed Gaber Chéhata – Ensuite, nous avons installé à l'entrée de chaque immeuble ou dans la cage d'escalier, des compteurs volumétriques qui permettent un comptage à très faible débit. Ceux-ci sont munis aussi d'un régulateur de pression, afin de mieux gérer les retours et fuites d'eau. De même – il continue - nous avons eu recours à des compteurs intelligents, disposant de technologies avan-

cées dites AMR (automated meter reading ndr) qui identifient de manière détaillée et précise la consommation des foyers et la transmettent par téléphone au gestionnaire des données à la station d'eau potable ». M Gaber Chéhata est le PDG d'AlexWater, la compagnie alexandrine d'eau potable partenaire égyptienne du projet. Elle verse 10% du budget totalisant 178 230,22 euros, alors que l'Union Européenne se charge du reste, dans le cadre d'une tentative régionale visant à optimiser la consommation d’eau, à minimiser les pertes et à réduire la Non Revenue Water (l’eau qui ne peut pas 57


ENVIRONNEMENT > EGYPTE

être mesurée et facturée). Ce, à travers des projets pilotes dans la Méditerranée: en Egypte (Alexandrie), en Tunisie (Tunis), en Jordanie (Aqaba), en Italie (Gènes) et à Chypre (Limassol). Et c'est toujours aux opérateurs locaux de décider de la zone où l'on installe le projet pendant deux ans, pour à la fin récolter les résultats, après plusieurs tests réguliers, basés sur la comparaison des lectures et prélèvements des divers compteurs mis en place. Jusqu'à 50% de perte de l’eau distribuée Car à l'aide de simples calculs et en faisant l'historique des index, les opérateurs parviennent à repérer et réparer les fuites. « Le projet a commencé il y a un an et demi environ – ajoute Ahmed Gaber Chéhata – nos partenaires nous ont indiqué les meilleures dispositions à suivre et les nouvelles générations de compteurs d'eau et c'est ainsi que nous sommes arrivés à réduire nos pertes naturelles de 2%, celles dues aux branchements anciens, aux tuyaux etc.., au niveau du quartier sélectionné ». M. Chéhata précise aussi que l'Egypte est déjà sous le seuil de pauvreté hydraulique, la part du citoyen en eau ne dépassant pas 700 mètres cubes par an. Justement la plupart des réseaux de distribution, dans les pays émergents, perdent 50% de l'eau distribuée, contre 20% dans les pays développés, dit-on. Mais les habitants d'Aarama, à l'Est d'Alexan-

« Le projet a commencé il y a un an et demi, nos partenaires nous ont indiqué les meilleures dispositions à suivre et les nouvelles générations de compteurs d'eau » drie, sont loin de s'en rendre compte. Les uns se plaignent de la réduction de la pression d'eau chez eux, alors que d'autres disent que l'installation des nouveaux compteurs a augmenté les charges des usagers. Car évidemment, les nouveaux compteurs enregistrent jusqu'à des infimes consommations d'eau (de 0 à 25 litres). « L'eau n'arrive plus au troisième étage! », grogne l'un d'entre eux, devant une fromagerie de la rue Al-Mohaguérine. Riadh Jelassi , chef du district de Tunis nord (la Marsa), est parmi la délégation du projet Aquacknight CBC, ayant visité le site d'Aarama. Comme pas mal d'autres experts de la région, il est venu prendre part à la première conférence internationale sur les fuites d'eau en Méditerranée, tenue à Alexandrie, outre les deux ateliers spécialisés et les visites de chantier, organisés dans ce même cadre. A l'écoute de la plainte de l'habitant, il va vérifier le compteur, en bas de l'immeuble, et constate: « Il y a un petit étranglement singulier qui peut influencer un grand tirage. En Tunisie,

n Alessandro Bettin lors d’un exposé sur la détection et la réparation des pertes d’eau.

nous avons un compteur par ménage. » Un problème commun, une recherche de solutions partagées Le contexte change d'un pays à l'autre, et l'objectif de ces rencontres alexandrines, a été de partager les expertises, transférer les savoir-faire. C’est exactement le but du programme multilatéral de coopération transfrontalière « Bassin Maritime Méditerranée » , dont Aquaknight fait partie, programme qui vise à renforcer la coopération entre les régions de l’Union européenne et celles des pays partenaires situées le long des côtes de la mer Méditerranée. Le projet vise à fournir aux groupes cibles (opérateurs de

« La Grèce s’est attaqué à ce genre de problèmes depuis les années 70 ; le pays était doté d’un réseau très ancien qui a été mis en place progressivement et donc contenait plusieurs types de tuyaux et de techniques… Cela ressemble un peu au cas de l’Egypte, il y a des leçons à en tirer ».

n Ancien compteur à eau du quartier d’Aarama.

58

Projets en marche 3 – Voisinage Européen Sud


ENVIRONNEMENT > EGYPTE

pilotes, Aquaknight établira un manuel de bonne pratique pour la détermination de la valeur des pertes administratives dans les réseaux d’eau dans le bassin méditerranéen. Ici ou là-bas, chaque goutte d'eau compte. Texte par Dalia Chams Photos par AFP © EU/Neighbourhood Info Centre

n Laboratoire central de l’usine de traitement des eaux de Nozha.

l’eau dans chaque pays) les connaissances et les outils pour améliorer la gestion de leurs systèmes et de réduire les volumes des eaux sans retour. Dans les différents pays, les opérateurs de réseaux sont formés aux techniques du bilan d’eau dans l’utilisation des systèmes de comptage avancés. Le projet favorise donc l’adoption des meilleures pratiques internationales dans la région méditerranéenne, en aidant à établir des normes communes pour la gestion et l’analyse comparative des systèmes d’approvisionnement en eau de toute la région. Pendant les ateliers Alessandro Bettin fait son exposé sur le projet Palm en Italie, à buts similaires. Marios Milis, de Signal Generix à Chypre, fait une intervention détaillée sur les compteurs intelligents. Angelos Amditis, le coordinateur grec du projet prend note attentivement; les résultats de cette première phase soumettront l'agenda de la prochaine. Il s’agit de transférer le savoir faire de certains pays comme l’Italie, Chypre et la Grèce qui ont plus d’expé-

« Nous sommes arrivés à réduire nos pertes naturelles de 2%, celles dues aux branchements anciens, aux tuyaux etc.., au niveau du quartier sélectionné » Projets en marche 3 – Voisinage Européen Sud

La coopération transfrontalière en Méditerranée

rience en la matière, ayant commencé plus tôt. « Par exemple la Grèce qui assume les travaux techniques et la coordination du projet – explique M. Amditis - s’est attaqué à ce genre de problèmes depuis les années 70 ; le pays était doté d’un réseau très ancien qui a été mis en place progressivement et donc contenait plusieurs types de tuyaux et de techniques… Cela ressemble un peu au cas de l’Egypte, il y a des leçons à en tirer ». Et Goffredo La Loggia, professeur d'hydraulique à l'Université de Palerme, fait le point sur la situation dans tous les pays du projet. « Le Ramadan, mois du carême musulman, sera une période intéressante dans les pays arabes pour tester s'il y aura une consommation excessive ou plus de fuites apparentes », fait-il remarquer. Le Jordanien Mohammad AlShafey, chef du département de la planification stratégique, auprès de la compagnie d'eau à Aqaba, pense qu'il n'y a pas lieu de s'inquiéter, même si son pays est l'un des plus arides, à comparer avec les autres participants. « Les canalisations du réseau jordanien sont modernes, l'eau potable est conforme aux normes les plus strictes, mais notre problème est les réservoirs d'eau sur les terrasses des maisons, ce qui n'est pas le cas de l'Egypte et l'Italie. Le débit est faible – il continue – du coup les compteurs utilisés n'indiquent pas minutieusement le volume d'eau prélevé. Donc l'introduction des compteurs AMR nous a beaucoup aidés ». Sur la base des cinq projets

http://www.enpicbcmed.eu/ Le Programme multilatéral de coopération transfrontalière "Bassin Maritime Méditerranée" fait partie de la nouvelle Politique Européenne de Voisinage et de son instrument financier (IEVP) pour la période 2007-2013: il inclut les régions de l'UE et celles des pays partenaires situées le long des côtes de la mer Méditerranée. AQUAKNIGHT

http://www.aquaknight.eu/?page_ id=1065 AQUAKNIGHT vise à faciliter le dialogue entre les institutions de l’eau et les opérateurs de différentes régions de la zone méditerranéenne, et de promouvoir des solutions durables pour lutter contre la pénurie d’eau dans la région. Les objectifs généraux de AQUAKNIGHT sont les suivants: • contribuer à la protection de l’environnement par la réalisation d’une utilisation plus efficace des ressources en eau; • construire un cadre de coopération entre les parties prenantes des services d’eau dans l’EUMC et le MPC pour favoriser les initiatives visant à améliorer l’efficacité des réseaux d’eau. Pour en savoir plus : EU Neighbourhood Info Centre – fiche du programme de coopération transfrontalière (CBC) : http://www.enpiinfo.eu/mainmed.php?id=176&id_type=10&lang_id=469 Portail thématique de l’EU Neighbourhoud Info Centre: Environnement http://www.enpi-info.eu/thememed.php?subject=6

59


Innovation

Une employée à l'usine d'eau de Nozha en Egypte. Dans un effort pour optimiser la consommation d'eau et minimiser les fuites dans la région méditerranéenne, l'UE utilise des compteurs d'eau intelligents dans le cadre de cinq projets pilotes en Égypte, Jordanie, Tunisie, Italie et à Chypre. (photo AFP © UE/Neighbourhood Info Centre)


INNOVATION > MAROC

Le complexe solaire le plus grand d’Afrique

Dans un espace désertique à perte de vue, l’Agence Marocaine de l’Energie Solaire – soutenue par l’Union Européenne – est en train d’aménager le premier complexe énergétique marocain, l’un des plus grands au monde, sur une superficie de 2400 hectares . Il s’agit du complexe de Ouarzazate, qui permettra de produire 500 MW, l’équivalent du volume de consommation en matière d’électricité d’une ville de 250 000 habitants. Les travaux de réalisation de la première tranche prendront fin en octobre 2015. Un journaliste du Centre d’Information pour le Voisinage Européen a visité le projet. Il nous envoie ce reportage. Ouarzazate, la cité ocre nichée dans une cuvette, dans le Sud marocain, à 150 mètres d’altitude dans le Haut Atlas, séduit ses nombreux visiteurs avec l’hospitalité légendaire de ses habitants, la splendeur de ses monuments historiques et surtout l’originalité de ses studios de cinéma, qui attirent les meilleures productions d’Hollywood. La charmante Nicole Kidman était passée par là, il y a quelques semaines, et l’acteur de Forrest Gump, Tom Hanks, s’apprête à débarquer à Ouarzazate pour un tournage. La ville se découvre aujourd’hui des voProjets en marche 3 – Voisinage Européen Sud

cations après avoir été longtemps marginalisée par le passé au point d’être associée au Maroc inutile. Un exemple révélateur: l’administration centrale n’hésitait pas à envoyer un fonctionnaire fautif à Ouarzazate en signe de punition. Quant aux investisseurs de Rabat ou Casablanca, la ville du Sud du Maroc est loin de faire partie de leurs projets. Ce qui n’est pas le cas des initiateurs de l’ambitieux Plan Maroc Solaire appuyé par l’UE, qui ont opté pour Ouarzazate pour l’aménagement du premier complexe

énergétique marocain, le premier du genre en Afrique du Nord. Quatre stations thermiques solaires Nous sommes à 10 km du Nord Est de la ville. L’espace est désertique, il s’étend à perte de vue. Seul signe de vie, la présence d’un jeune berger et ses quelques caprins. Ici, la quête du broutage est éternelle. Dans les locaux de l’Agence Marocaine de l’Energie Solaire, le jeune ingénieur Mamoune Badraoui explique : « Les travaux de réalisation de la première tranche prendront fin en octobre 61


INNOVATION > MAROC

2015, alors que la mise sur pied des sites 2, 3 et 4 est prévue pour 2017, date du bouclage de la réalisation du projet, qui permettra de produire 500 mégawatts (MW), l’équivalent du volume de consommation en matière d’électricité d’une ville de 250 000 habitants… L’un des avantages du projet est de réduire les émissions de dioxyde de carbone à hauteur de 110 000 tonnes annuellement. Ce projet sera l’un des plus grands au monde ». M. Badraoui rappelle que les travaux du complexe ont commencé au printemps 2013 sur une superficie de 2400 hectares. Il est composé de quatre stations thermiques solaires. La première, appelée Nour 1, dont les travaux sont en cours de réalisation, sera suivie des stations Nour 2, Nour 3 et Nour 4. Le complexe aura la particularité de réunir plusieurs technologies différentes. Ainsi, Nour 1 et 2 vont fonctionner sur la base de la technologie thermo-solaire avec des capteurs cylindro-paraboliques, alors que Nour 3 sera basé sur la technologie thermo-solaire avec ‘tour’. Nour 4 va fonctionner, lui, sur la base de la technologie photovoltaïque. Nour 1 est aménagé sur une superficie de 450 hectares. L'effectif de départ de 500 employés s'étoffera pour atteindre 1200 dans les prochaines étapes du projet. Et pour l’Agence Marocaine de l’Energie Solaire, la priorité est accordée à l’em-

n La préparation du terrain est en cours.

62

« L’un des avantages du projet est de réduire les émissions de dioxyde de carbone à hauteur de 110 000 tonnes annuellement » ploi de la main d’œuvre locale. Ainsi, 85 % du personnel administratif et technique est marocain, dont une bonne partie est issue de la commune rurale de Ghassate qui abrite le complexe. Le choix du site répond à plusieurs critères, qui prennent en considération les facteurs topographiques, la nature du sol, les risques sismiques sans oublier le niveau très élevé d’ensoleillement avec un rayonnement direct normal. Dans l’enceinte du complexe, le confort est de mise, dans les bureaux et dans la clinique avec ses trois médecins, son ambulance et ses équipements modernes. Un lieu de prière, une mosquée, est également aménagé. Tous les standards internationaux de qualité sont respectés dans ce chantier au grand bonheur du personnel. Une vision intégrée en matière d’énergie L’agence a tenu à accompagner la production énergétique solaire par un sou-

n Le site est équipé d’un

centre d’urgence.

tien à l’émergence d’une industrie intégrée. Cette politique s’est traduite par une gestion rationnelle au niveau des importations en vue d’économiser le change en devises et la création d’opportunités d’emplois. Pour notre accompagnateur, Mamoune Badraoui, cette vision intégrée en matière d’énergie devrait aboutir à l’horizon 2020 à produire 42 % d’énergie électrique dont 14 % de solaire, 14 % d’énergie éolienne et 14 % d’hydrique. Le Plan Solaire Marocain nécessite un investissement colossal de 6 milliards et demi d’euros. A l’horizon 2020, il permettra de produire 2000 MW (ce qui évitera 3,7 millions de tonnes de dioxyde de carbone) et de mettre en place un service d’énergie renouvelable, tout en augmentant la sûreté énergétique du Maroc. Il s’agit du premier projet solaire mis en œuvre en Afrique du Nord et qui bénéficie d’un très important soutien européen de 345 millions d’euros. Et c’est

« Ce projet sera l’un des plus grands au monde » Projets en marche 3 – Voisinage Européen Sud


INNOVATION > MAROC

n Première installation de panneaux solaires.

« Ce projet doit s’intégrer dans le cadre du partenariat entre le Maroc et l’Union Européenne dans les domaines de l’énergie, du transport et des infrastructures » la Banque Européenne d’Investissement qui représente le chef de file des institutions financières européennes. Son représentant à Rabat, Guido Prud’homme,

précise que la BEI appuiera le projet à travers un prêt de 100 millions d’euros. Le projet bénéficie également de prêts de l’Agence Française de Développement et de la KFW, une institution bancaire allemande de droit public, ainsi que d’une aide non remboursable de 30 millions d’euros de l’Union Européenne au titre de la Facilité d’Investissement pour le Voisinage, la FIV. Le responsable de la BEI met en avant le développement d’un marché Euro-Méditerranéen de l’énergie électrique d’avenir: « Ce projet doit s’intégrer dans le cadre du partenariat entre le Maroc et l’Union Européenne, notamment dans

les domaines de l’énergie, du transport et des infrastructures ». La dimension sociale du projet est au cœur de la vision de l’Agence Marocaine de l’Energie Solaire. Cet intérêt se traduit par des liens particuliers avec les habitants de la commune rurale de Ghassate, qui abrite le complexe de Ouarzazate. Ainsi, la route menant à la commune a été goudronnée et des colonies de vacances ont été organisées en faveur des enfants de la commune, de même qu’une caravane dentaire qui a fourni ses services pour les habitants de Ghassate. En fin de journée sur la route du retour, un paysage féerique présage des lendemains meilleurs pour Ouarzazate à la faveur de son complexe solaire. Texte et photos par Safi Naciri (© EU / Neighbourhood Info Centre)

Le complexe solaire de Ouarzazate Lancé en juillet 2008 comme l’un des six projets prioritaires de l’UpM (Union pour la Méditerranée), ce plan solaire s’est fixé un double objectif général : installer 2000 MW d’énergies renouvelables d’ici 2020 et renforcer les interconnexions entre les pays de la Méditerranée, avec l’objectif de créer un marché euro-méditerranéen de l’électricité verte. Concrètement, ce plan solaire vise à limiter les émissions de gaz nocifs et en même temps à promouvoir l'emploi. Il nécessite un investissement de 6 milliards et demi d’euros et bénéficie d’un soutien européen de 345 millions d’euros. Pour en savoir plus : Facilité d’investissement pour le Voisinage (FIV) http://ec.europa.eu/europeaid/where/neighbourhood/regi onal-cooperation/irc/investment_fr.htm EU Neighbourhood Info Centre - Facilité d’investissement pour le Voisinage http://www.enpi-info.eu/mainmed.php?id= 535&id_type=10&lang_id=469 EU Neighbourhood Info Centre - Maroc http://www.enpi-info.eu/countrymed.php?country= 6&lang_id=469 Délégation de l’UE au Maroc http://eeas.europa.eu/delegations/morocco/index_fr.htm

n Bassin d’eau utilisé pour la construction.

Projets en marche 3 – Voisinage Européen Sud

Délégation de l’UE au Maroc https://www.facebook.com/DELEGATIONUEauMaroc

63


EU Neighbourhood

Dossiers de presse Trouvez votre chemin dans la coopÊration de l’UE avec ses Voisins www.enpi-info.eu Dossiers de presse


INNOVATION > LIBAN

La technologie pour se promener dans l’histoire Peut-on visiter un amphithéâtre romain comme si on était sur place il y a des centaines d’années ? Pas pour l’instant, mais on le pourra bientôt. Un projet européen financé par le programme CBC MED vise à utiliser les technologies multimédias innovantes dans la gestion du patrimoine culturel et naturel du bassin méditerranéen. Un journaliste du Centre d'Information pour le voisinage européen était au port de Byblos quand le premier mapping vidéo sur l’histoire de la ville a été projeté sur l’ancienne forteresse du port. Il nous envoie ce reportage.

Découvrez les reportages photo du Centre d’information pour le voisinage européen sur YouTube

Projets en marche 3 – Voisinage Européen Sud

BYBLOS – « Au moins, l’argent du contribuable européen est dépensé ici sur des projets utiles et remarquables !» Nous sommes au port de Byblos, au Liban, et l’opinion de ce couple de touristes hollandais est exprimée au sujet d’un mapping vidéo sur l’histoire de la ville. Il s’agit d’une technologie multimédia tridimensionnelle projetant des vidéos sur des volumes, recréant ainsi des images de grande taille sur la vieille forteresse du port. La technique utilisée fait littéralement revivre les pierres centenaires. Mariant

une musique grandiose à un jeu de couleurs et de lumière, le show est époustouflant. Ebahis, les spectateurs tombent sous le charme d’une projection qui ne dure qu’une dizaine de minutes. Mais cela vaut l’attente. Noah, 10 ans, canadien, a les yeux qui brillent. Il trouve « le show magique ». « C’est un moyen qui permet de connaître rapidement l’histoire de la ville et de la mémoriser – dit un vieux résident de la ville – l’impact de la projection en 3D permet une assimilation qu’on ne trouve pas en lisant un livre ou une brochure ». 65


INNOVATION > LIBAN

« L’impact de la projection en 3D permet une assimilation qu’on ne trouve pas en lisant un livre ou une brochure » La forteresse maritime comme site pilote «Nous avons les sites archéologiques, le port, les souks - affirme Ayoub Bark, vice-président de la municipalité de Jbeil - mais il fallait encore un événement extraordinaire pour promouvoir le tourisme, créer de nouvelles opportunités, et générer du travail». C’est ainsi que la forteresse maritime qui se trouve aux abords du port, a été choisie comme site pilote. Il fallait ensuite choisir un sujet pour la projection. « Le projet étant étalé sur trois ans – continue M. Bark – nous avons opté cette année pour l’histoire millénaire de la ville de Byblos, des phéniciens à nos jours, en passant par les périodes hellénique, romaine, arabe, croisée et ottomane… » Le video mapping fait partie du projet International Augmented Med (I AM), qui a pour objectif l’application des technologies multimédias innovantes dans la gestion du patrimoine culturel et naturel. « Le projet comprend 14 partenaires venus de 7 pays différents. Il fait partie du programme CBC Med, une coopération transfrontalière financée par l’Union Européenne entre les pays membres de l'UE et les pays tiers du Bassin Méditerranéen», explique Daniel Asmar, professeur à l’American University of Beirut, un des partenaires au Liban, avec la municipalité de Jbeil (Byblos). Le projet a pour intérêt principal l’héritage cul-

66

n La projection en 3D proposée sur la vieille forteresse du port de Byblos.

turel des pays de la Méditerranée : autre que la forteresse de Byblos, les visiteurs auront l’occasion de redécouvrir différents sites et monuments – tels la Bibliotheca Alexandrina (Egypte) ou le musée archéologique de Dar-es-Saraya en Jordanie – sous une nouvelle perspective. « Le projet a vu le jour grâce à l’initiative de deux experts en IT/multimédia, Enzo Gentile et Paolo Servi qui, dans un premier temps, ont vu le potentiel de la technologie dans la valorisation de sites culturels de la Sardaigne, pour ensuite l’élargir au bassin de la méditerranée », explique Alma Cardi, membre du conseil municipal d’Alghero en Italie. « Le but de ces petits projets est aussi de renforcer l’amitié et le bon voisinage autour du bassin méditerranéen », renchérit Enzo Gentile. Ce qui est intéressant, c’est que chaque pays peut développer des idées selon les moyens et les capacités qu’il a. « Le but étant – insiste de son côté Paolo Servi – d’enrichir les compétences locales, avec l’aide des autres partenaires du projet, pour créer aussi des

« Le but de ces projets est d’enrichir les compétences locales, avec l’aide des autres partenaires du projet, pour créer aussi des liens transversaux entre les pays ». liens transversaux entre les pays ». Des lunettes spéciales pour voir le passé Il y a beaucoup de moyens technologiques utilisés pour arriver au résultat escompté. La première innovation est ‘l’architectural mapping’, mais aussi l’IAM (International Augmented Mapping), relatif à la reconstruction en 3D, sans oublier les systèmes interactifs. Mais quel est donc l’impact des technologies multimédia pour le tourisme ? Daniel Asmar explique : un touriste vi-

Projets en marche 3 – Voisinage Européen Sud


INNOVATION > LIBAN

n’est pas impressionnante, mais on peut avoir une idée déjà de l’intérêt du projet et de son fonctionnement. La deuxième étape sera de reconstituer en trois dimensions l’amphithéâtre romain qui se trouve près de la forteresse de Byblos. Une étude historique suivra. Le but ? Créer une pièce de théâtre avec des personnages d’époque, que le touriste pourrait voir comme s’il était présent sur place il y a des centaines d’années. Texte par Antoine Ajoury Photos par AFP © EU/Neighbourhood Info Centre

n Le public regarde la projection en 3D sur la vieille forteresse du port de Byblos.

« Nous avons les sites archéologiques, le port, les souks, mais il fallait encore un événement extraordinaire pour promouvoir le tourisme, créer de nouvelles opportunités, et générer du travail » site le site archéologique de Byblos. S’il n’est pas accompagné d’un guide et s’il

n’a pas des connaissances spécifiques sur le sujet, il ne va pas apprécier à leur juste valeur les vestiges qui s’y trouvent. Pour ce faire, le visiteur pourrait visualiser avec des lunettes spéciales le site tel qu’il était avant sa destruction, ou bien en utilisant sa tablette électronique, il pourrait reconstituer le site en question à travers une image virtuelle. Grâce à la technologie, le passé tel qu’il était n’aura plus de secrets. A l’AUB l’équipe spécialisée en science informatique a commencé avec un prototype : un vase antique brisé et retrouvé en mer. Evidemment son « augmented part »

La coopération transfrontalière en Méditerranée

http://www.enpicbcmed.eu/ Le Programme multilatéral de coopération transfrontalière "Bassin Maritime Méditerranée" fait partie de la nouvelle Politique Européenne de Voisinage et de son instrument financier (IEVP) pour la période 2007-2013: il inclut les régions de l'UE et celles des pays partenaires situées le long des côtes de la mer Méditerranée. International Augmented Med (I AM)

http://www.enpicbcmed.eu/sites/ default/files/i_am_final_0.pdf Le projet a pour objectif l’application des technologies multimédias innovantes dans la gestion du patrimoine culturel et naturel. Pays participants : Italie, Espagne, Egypte, Jordanie, Liban, Palestine, Tunisie Durée : Octobre 2012 – Octobre 2015 Budget : 3 060 000 euros Pour en savoir plus : Exemple de videomapping: http://www.youtube.com/watch?v=QjWJHEmFfPA Fiche projet de l’EU Neighbourhood Info Centre sur la Coopération transfrontalière (CTF) : http://www.enpiinfo.eu/mainmed.php?id=176&id_type=10&lang_id=469

n Voici la partie ‘augmentée’ d’un vase: il s’agit de la reconstruction en 3D grâce à un logiciel spécial.

Projets en marche 3 – Voisinage Européen Sud

Portail thématique: http://www.enpi-info.eu/thememed.php?subject=9

67


INNOVATION > JORDANIE

Aladin au secours des théâtres antiques Un projet, financé par l’UE afin de protéger et de préserver des théâtres romains dans cinq pays euro-méditerranéens, a fait appel à l’univers magique d’Aladin et du génie pour intéresser les enfants aux colisées et à l’importance du patrimoine culturel et les y sensibiliser. Le Centre d’information pour le voisinage européen a envoyé l’un de ses journalistes en visite sur le terrain. AMMAN – Vous vous souvenez certainement d’Aladin, le jeune héros du conte arabe « Les mille et une nuits » ? Avec son tapis volant, il se rend dans une caverne où il trouve une lampe magique qui abrite un génie… Et le voilà parti pour d’innombrables aventures, toujours à bord de son tapis volant, guidé par ses rêves. Un livre scolaire – Aladdin’s Magical Travels to Ancient eaters in the EuroMed Region (Les voyages magiques d’Aladin à la découverte des théâtres antiques de la région euroméditerranéenne) – ressuscite aujourd’hui la légende afin de préserver de l’oubli ces

68

théâtres romains et de leur permettre de continuer à jouer un rôle culturel majeur dans le futur. Ce nouveau livre raconte l’histoire d’un jeune aventurier qui voyage dans le temps et dans l’espace sur son tapis volant. Mais cette fois, c’est pour explorer des théâtres antiques disséminés un peu partout le long des rives de la Méditerranée… et convaincre ainsi les plus jeunes qu’ils peuvent eux aussi préserver les colisées et assurer leur conservation. « Ce livre est bien plus qu’un simple livre d’histoires », explique son auteur, Mohammad aher, poète et écrivain déjà récompensé.

Découvrez les reportages photo du Centre d’information pour le voisinage européen sur YouTube

« J’ai voulu en faire un outil culturel pour sensibiliser les enfants à l’importance de préserver leur histoire passée. Membres de la plus jeune génération, les enfants sont les plus à même de perpétuer le message de respect et de protection des sites archéologiques. Devenus adultes, ils transmettront aux générations futures ce qu’ils auront appris », ajoute-il. Des arènes de gladiateurs aux prisons de détenus Ce livre a été produit par le projet ATHENA (eaters Enhancement for

Projets en marche 3 – Voisinage Européen Sud


INNOVATION > JORDANIE

n Théâtre Sud de Jerash, Jordanie: des élèves montent sur scène durant une activité éducative organisée par ATHENA dans le cadre des campagnes de sensibilisation du projet.

« Nous voulons montrer aux écoliers qu’ils peuvent être fiers des merveilles et trésors, tant dans leur propre pays que dans le reste du monde. » New Actualities, Amélioration et adaptation des théâtres antiques aux réalités nouvelles) au titre du programme Euromed Heritage IV. L’idée est d’en faire l’un des principaux outils de sensibilisation des enfants aux théâtres antiques de Jordanie, de Tunisie, d’Algérie, d’Italie et d’Espagne. ATHENA entend aller à la rencontre des jeunes générations et créer un lien entre celles-ci et leur patrimoine culturel, dans l’espoir de préserver les colisées, « dont l’avenir est incertain, menacé par le monde moderne », explique le responsable du projet, Nizar Al Adarbeh. Car M. Al Adarbeh est convaincu qu’une bonne histoire a bien plus de chances de susciter des connaissances et un réel intérêt pour des thèmes culturels que des

Projets en marche 3 – Voisinage Européen Sud

manuels d’histoire arides. « Le recours à de célèbres personnages de dessin animé et de légende, appréciés par les enfants du monde entier, captera l’attention et incitera ces jeunes à véhiculer le message éducatif du récit », poursuit-il. Riche en illustrations, couleurs et décors splendides, le livre mobilise en effet l’imagination des lecteurs. Avec son inséparable et fidèle génie, Aladin se retrouve dans le théâtre romain de Jerash, où des ouvriers construisent la scène et les loges des acteurs. On le retrouve ensuite à Petra, où des Romains reconstruisent sur les vestiges des constructions nabatéennes un théâtre qui pourra accueillir plus de 8 000 personnes… Le tapis magique traverse ensuite la Méditerranée et l’on voit Aladin faire escale dans le port de Cherchell, en Algérie. Le héros y visite les ruines du site antique, détruit par le feu lors d’un conflit. Il n’y reste pas longtemps et, toujours sur son tapis, met le cap sur Carthage, en Tunisie, où le génie parle de cette lointaine époque où les acteurs du monde entier se donnaient rendez-vous en grand nombre pour jouer sur la scène du théâtre de Carthage. Dernière étape :

Syracuse, en Italie, dont le théâtre romain a été reconverti en prison. Aladin rentre ensuite dans sa ville natale, Bagdad, où son périple avait commencé. Tout au long du récit, les personnages de légende se déplacent à travers l’histoire pour assister à la construction des colisées, leur destruction et leur réhabilitation. Le récit fait défiler des pages et des pages d’histoire, exhume des tragédies passées et revient sur des temps glorieux. Ces merveilles architecturales majestueuses ont connu leurs heures de gloire et d’abandon. Selon l’époque, beaucoup auront été des champs de bataille où les gladiateurs se sont affrontés ou des scènes accueillant des spectacles de musique, quand elles n’ont pas été transformées en cachots. « Avec cette histoire d’Aladin », ajoute encore M. aher, « nous voulons montrer aux écoliers qu’ils peuvent être fiers des merveilles et trésors, tant dans leur propre pays que dans le reste du monde ». « L’histoire d’Aladin montre à quel point il est important de protéger de tels trésors culturels et pourquoi les jeunes générations doivent absolument les préserver », explique M. Al Adarbeh. Distribution de 10 000 exemplaires en Jordanie 10 000 exemplaires du livre seront imprimés et distribués dans différentes écoles de Jordanie. Plusieurs organisations participantes ont déjà été identifiées, parmi lesquelles l’initiative pédagogique Madrasati. L’objectif est d’atteindre les enfants

« Membres de la plus jeune génération, les enfants sont les plus à même de perpétuer le message de respect et de protection des sites archéologiques. Devenus adultes, ils transmettront aux générations futures ce qu’ils auront appris. » 69


INNOVATION > JORDANIE

du royaume jordanien, dans les écoles et ailleurs. La publication sera également traduite en anglais, en espagnol, en italien et en français. Ecrit pour des élèves âgés de 10 à 12 ans, le texte parle à l’imagination de tous, « en raison de son style, divertissant et passionnant ». Des jeux éducatifs en ligne en rapport avec l’histoire – memory, puzzles et exercices interactifs – sont en cours de développement. « Quelle formidable initiative », explique Abel Razaq, enseignant à l’école de Jubeiha à Amman. « Le livre offre aux jeunes esprits suffisamment d’informations ainsi que la possibilité d’un voyage en images qui restera gravé dans l’esprit des jeunes comme des adultes. » Equilibre entre préservation et développement du patrimoine Le projet ATHENA a vu le jour en 2009. Il réunit des représentants de Jordanie, de Tunisie, d’Algérie, d’Italie et d’Espagne au sein d’une task force dédiée à la protection et à la mise en valeur de sites patrimoniaux. ATHENA vise à produire de nouvelles méthodologies, outils et techniques pour les gestionnaires de sites et pour les personnes qui travaillent sur le terrain. Le projet vise à trouver un équilibre entre la protection et la mise en valeur des théâtres. Les six sites archéologiques ont été passés au scanner en vue de recueillir des données historiques et techniques et d’identifier de possibles problèmes. Une

«Les sites anciens doivent être utilisés de manière appropriée, afin de garantir qu’ils puissent continuer à jouer un rôle culturel essentiel à l’avenir. » base de données a été construite et des études techniques sont actuellement réalisées afin d’analyser les risques environnementaux et sismiques auxquels doivent faire face les sites, mais aussi pour produire des plans de gestion axés sur le tourisme durable. « Nous devons informer le public et le sensibiliser à l’importance de la protection des sites archéologiques, qui présentent une valeur culturelle, esthétique et artistique ainsi que du point de vue de la civilisation, et pas seulement un atout économique ou commercial (génération de revenus) », explique Marwan Asmar, rédacteur en chef d’ATHENA. « Chaque citoyen est concerné par les théâtres antiques : ces anciennes structures font en effet partie de la communauté et doivent être considérées dans un contexte social plus général », poursuit-il, soulignant que l’utilisation moderne de ces sites de patrimoine devrait aussi impliquer la préservation de ces anciens joyaux pour les générations futures. « Les sites anciens doivent être utilisés de manière appro-

priée, afin de garantir qu’ils puissent continuer à jouer un rôle culturel essentiel à l’avenir. La gestion de théâtres est une activité complexe pour laquelle il faut trouver un équilibre entre conservation et mise en valeur », ajoute-il pour conclure. Texte par Mohammad Ben Hussein Photos par ATHENA

Euromed Heritage IV

www.euromedheritage.net Le programme facilite la coopération interdisciplinaire, l’échange de bonnes pratiques, la formation, la création de réseaux, les actions permettant de stimuler et de renforcer l’impact social et économique du patrimoine culturel et, enfin, l’amélioration des cadres institutionnels et législatifs du patrimoine culturel dans les pays partenaires. Une unité régionale de soutien et de gestion (RMSU) apporte son appui technique à 12 projets, dont ATHENA. ATHENA

www.athenaproject.eu Objectifs : • Minimiser le processus de dégradation progressive des théâtres antiques, sur le plan physique, culturel et socio-économique • Soutenir la remise en valeur des théâtres en contexte urbain ou au sein d’un site archéologique plus vaste • Mettre en place une stratégie générale axée sur les aspects matériels et immatériels du patrimoine Pour en savoir plus : Site internet d’ATHENA www.athenaproject.eu EU Neighbourhood Info Centre : fiche du programme http://www.enpi-info.eu/mainmed.php?id= 249&id_type=10&lang_id=469 Euromed Heritage IV : site internet du programme http://www.euromedheritage.net/index.cfm?lng=fr Description des projets Euromed Heritage II et III http://www.enpi-info.eu/mainmed.php?id= 73&id_type=10&lang_id=469

n Une légion romaine se produit lors d’un spectacle organisé

EU Neighbourhood Info Centre : portail thématique euro-méditerranéen sur la CULTURE http://www.enpi-info.eu/thememed.php?subject= 10&lang_id=469

par ATHENA au Théâtre Sud de Jerash, Jordanie.

70

Projets en marche 3 – Voisinage Européen Sud


INNOVATION > ISRAËL

Les plantes médicinales pour stimuler l’industrie locale en Méditerranée Le secteur des plantes médicinales pourrait-il un jour catalyser le développement dans la région méditerranéenne ? C’est ce qu’espèrent les chercheurs du projet Bio-Xplore, qui s’emploient à identifier et à isoler des composés végétaux susceptibles d’être un jour commercialisés. Ce projet – mis en œuvre dans le cadre du Programme de coopération transfrontalière « Bassin Maritime Méditerranée » financé par l’UE au titre de l’IEVP – a pour objectif final de créer des emplois et de stimuler le secteur local de l’agriculture, de l’alimentation, des cosmétiques, des compléments pharmaceutiques et des biotechnologies, tout en protégeant les ressources naturelles. Un journaliste du Centre d’information pour le voisinage européen a visité le laboratoire où travaillent des chercheurs (et des étudiants).

Découvrez les reportages photo du Centre d’information pour le voisinage européen sur YouTube Projets en marche 3 – Voisinage Européen Sud

JÉRUSALEM – On dénombre quelque 25 000 espèces végétales dans le bassin méditerranéen mais moins d’1 % d’entre elles ont fait l’objet d’études scientifiques. Lorsqu’on sait que l’aspirine et un quart environ de tous les médicaments utilisés aujourd’hui sont d’origine végétale, on comprend mieux l’énorme potentiel des plantes, au-delà de leur seul usage médicinal. Le secteur des produits naturels – plantes médicinales, thés, cosmétiques et parfums – est d’ailleurs en plein essor partout dans le monde. Le projet Bio-Xplore a précisément été lancé pour exploiter ce potentiel, en identifiant et en développant de précieux produits naturels à partir de la flore méditerranéenne. Sous la coordination du président du Collège Hadassah, le Professeur Bertold Fridlender, le projet a réuni des partenaires de quatre pays : le Collège Hadassah en Israël, le Centre de

recherche sur la biodiversité et l’environnement (Autorité palestinienne), le Centre technologique Leitat (Espagne) et le Centre hellénique de développement régional (Grèce) ainsi que deux partenaires associés, l’Université Rutgers (New Jersey) et l’Université de Caroline du Nord (États-Unis). Tester les familles de végétaux pour savoir quelle plante tue quel organisme Bio-Xplore utilise une technique mise au point par l’Université Rutgers pour passer au crible une centaine d’échantillons végétaux à la fois. En avril 2012, les équipes de Grèce, d’Espagne et de l’Autorité palestinienne se sont rendues en Israël pour apprendre cette technique. Les plantes sont cueillies, broyées et transformées en extrait liquide. Cet extrait végétal est ensuite déposé sur une 71


INNOVATION > ISRAËL

« Une fois par semaine, nous partons explorer le terrain avec des étudiants et un éminent botaniste. Nous devons extraire la plante immédiatement et l’utiliser dans les 24-48 heures car elle perd ensuite ses substances actives ». plaque spéciale recouverte de bactéries, champignons et autres parasites. Ainsi, lorsqu’un extrait de plante tue, par exemple, des échantillons de vers déposés sur la plaque, les chercheurs savent que des composés pourront être développés, pour leurs propriétés médicinales, à partir de cette plante. Le Docteur Gili Joseph, directrice du projet Bio-Xplore et titulaire d’un diplôme de post-doctorat de l’Université Rutgers, explique qu’il y a environ 2 800 espèces végétales différentes en Israël. Et pour en étudier un maximum, la rapidité est de mise. « Une fois par semaine, nous partons explorer le terrain avec des étudiants et un éminent botaniste. Nous devons extraire la plante immédiate-

« Nous avons déjà découvert des composés que nous allons pouvoir utiliser pour lutter contre les infections chez l’homme et contre le diabète. Nous avons aussi découvert des antioxydants susceptibles d’être utilisés dans l’industrie cosmétique et des compléments alimentaires ». 72

n Prof. Bertold Fridlender, président du Collège académique Hadassah

droite) et Gili Joseph (PhD), directrice du projet BioXplore (à gauche).

ment et l’utiliser dans les 24-48 heures car elle perd ensuite ses substances actives. Si nous sommes loin de notre laboratoire de Jérusalem, nous devons donc procéder aux tests sur le terrain. » Les quatre membres permanents de l’équipe de Jérusalem sont aidés par les 16 étudiants attachés au projet BioXplore, parmi lesquels cinq Arabes israéliens et Palestiniens de Jérusalem-Est. L’équipe israélienne a déjà testé plus d’un millier d’échantillons végétaux depuis le lancement, en novembre 2011, de ce projet d’une durée de deux ans. Certaines familles aux perspectives prometteuses et au potentiel commercial ont déjà été mises en évidence. Les plantes se développent sur des milliers d’années, s’adaptent aux conditions climatiques et synthétisent de nouveaux composés pour se protéger contre les nuisibles, les parasites et les champignons. Pour les chercheurs de Bio-Xplore, le défi consiste à identifier et à isoler les composés susceptibles de présenter un potentiel commercial. De l’identification à la « dose-effet » Dans le laboratoire du Collège Hadassah, au centre de Jérusalem, le Professeur Fridlender parle du formidable potentiel des plantes. « Nous avons déjà découvert des composés que nous allons pouvoir utiliser pour lutter contre les infections chez l’homme et contre le diabète. Nous

avons aussi découvert des antioxydants susceptibles d’être utilisés dans l’industrie cosmétique et des compléments alimentaires. Une fois les composés végétaux identifiés, nous pouvons nous lancer dans la culture contrôlée des plantes qui nous intéressent et la fabrication du produit final. Une fois que les plantes présentant un potentiel ont été identifiées, les chercheurs déterminent leur « dose-effet », et diluent à cette fin l’extrait végétal afin de déterminer jusqu’à quelles concentrations il reste actif. Les chercheurs doi-

n Flacon contenant un extrait végétal.

Projets en marche 3 – Voisinage Européen Sud


INNOVATION > ISRAËL

le développement des produits. L’objectif est de créer des emplois et de stimuler le secteur local de l’agriculture, de l’alimentation, des cosmétiques, des compléments pharmaceutiques et des biotechnologies tout en protégeant les ressources naturelles. Les quatre partenaires ont décidé que les éventuelles royalties seraient réparties équitablement entre les pays bénéficiaires.

n Des étudiants réalisent des expériences dans le laboratoire BioXplore

du Collège académique Hadassah, au centre de Jérusalem.

« Toutefois, l’efficacité de ces produits n’a pas encore été scientifiquement confirmée et nous espérons que la recherche permettra un jour de lutter contre le diabète, le cancer, les douleurs abdominales et l’hypertension ». vent aussi garantir la non-toxicité du composé. La dernière phase consiste à cultiver le composé actif, en laboratoire ou en extérieur, en quantités commerciales. Le coût total du projet Bio-Xplore (24 mois) s’élève à deux millions d’euros, dont 90 % sont financés par l’Union européenne au titre de l’instrument européen de voisinage et de partenariat (IEVP) dans le cadre du Programme de coopération transfrontalière « Bassin Maritime Méditerranée ». Les 10 % restants sont financés par les quatre partenaires. Des contacts ont déjà été établis avec des entreprises pharmaceutiques et cosmétiques en Israël, en Palestine, en Espagne et en Grèce afin d’utiliser leur expertise et leur soutien financier pour Projets en marche 3 – Voisinage Européen Sud

Les équipes israéliennes et palestiniennes travaillent main dans la main Une coopération scientifique israélo-palestinienne, comme celle générée par le projet Bio-Xplore, est relativement rare dans une région où le conflit fait généralement obstacle aux initiatives conjointes de développement. Toutefois, dans le cadre de ce projet, les deux parties ont décidé de mettre la politique de côté et de se concentrer sur les activités du projet, dont pourraient bénéficier les populations des deux régions. L’équipe palestinienne, qui travaille au sein du Centre de recherche sur la biodiversité et l’environnement à Naplouse, la plus grande ville de Cisjordanie, a déjà étudié près de 1 500 extraits de plantes poussant en Cisjordanie. L’équipe est pratiquement en contact quotidien avec ses partenaires israéliens de Jérusalem. Le personnel de Naplouse s’est ainsi rendu au Collège Hadassah – et vice versa – tandis que le centre israélien a acheté pour le laboratoire de Naplouse du matériel difficile à se procurer en Cisjordanie. « Il est très courant d’utiliser des extraits de plantes pour se soigner en Cisjordanie et dans la bande de Gaza. Ces produits sont vendus dans les herboristeries et les magasins de produits naturels, » explique le Docteur Rana Jamoos, directeur du département de biodiversité et de biotechnologies du Centre de recherche sur la biodiversité et l’environnement de Naplouse. « Toutefois, l’efficacité de ces produits n’a pas encore été scientifiquement confirmée et nous espérons que la recherche permettra un jour de lutter contre le dia-

bète, le cancer, les douleurs abdominales et l’hypertension ». Les équipes israéliennes et palestiniennes examinent également la possibilité d’étendre à l’avenir le projet pour inclure la Jordanie voisine. Texte par Marc Weiss Photos par AFP © EU/Centre d’information pour le voisinage

BIO - XPLORE Une méthodologie innovante pour identifier de précieux produits naturels issus de la flore méditerranéenne

http://www.enpicbcmed.eu/documenti/29_153_20111028122848.pdf Le projet utilise des méthodologies de test efficaces pour identifier des composés naturels à valeur commerciale, issus de la flore méditerranéenne, très diversifiée et encore peu explorée. L’objectif final est d’améliorer les perspectives d’emploi et les échanges scientifiques, commerciaux et culturels transfrontaliers. Durée : 24 mois Budget : 1 999 400 euros Objectifs : • Création de quatre centres de bio-exploration offrant un soutien scientifique et biologique • Identification de composés naturels présentant un potentiel pour le secteur alimentaire, des cosmétiques, des compléments alimentaires et des produits pharmaceutiques • Publications scientifiques conjointes • Amélioration des possibilités d’emploi et commerciales dans le secteur de l’agriculture, de l’alimentation, des cosmétiques, des compléments pharmaceutiques et des biotechnologies. Pour en savoir plus : Site du programme CT-MED http://www.enpicbcmed.eu/fr Programme IEVP CT Bassin maritime Méditerranée : fiche http://www.enpiinfo.eu/mainmed.php?id=176&id_type=10&lang_id=469 EU Neighbourhood Info Centre : portail thématique : SANTÉ http://www.enpiinfo.eu/thememed.php?subject=16&lang_id=469

73


INNOVATION > LIBYE

LibyaBlog, la parole aux jeunes

Les médias professionnels et indépendants peuvent jouer un rôle décisif dans le processus de restructuration de la société démocratique et civile d'un pays. Les nouveaux médias sociaux sont également concernés. L'Union européenne a décidé de soutenir la création d'une blogosphère libyenne jeune, responsable et active qui permet aux Libyens de s'exprimer librement et de nouer des liens avec d'autres blogueurs partout dans le monde. Dans ce but, 40 jeunes journalistes et activistes libyens ont reçu une formation, un site web a été mis en place et plus de 300 articles ont déjà été publiés, dont beaucoup traitent de thèmes controversés tels que le fédéralisme, la torture et les violations des droits de l’homme. Après s'être entretenu avec les formateurs et les participants, un journaliste du Centre d'information pour le voisinage européen nous livre ses impressions. TRIPOLI – Les choses ont commencé à changer avec la publication de vidéos et de photos révélant les atrocités commises par les forces loyales à Mouammar Kadhafi. C'était le début de la révolution du 17 février. Attirer l'attention du monde était la première étape d'un processus dont l'aboutissement a été le renversement de l'un des régimes les plus répressifs au monde. Le succès fulgurant des nouveaux médias indépendants qui a suivi la chute 74

de Kadhafi a prouvé que le peuple libyen avait besoin d'accéder à des informations indépendantes, après avoir été privé de toute liberté d'expression pendant tant d'années. Le paysage médiatique du pays était chaotique et continue d'ailleurs à évoluer : il subit de fréquents changements au niveau de ses structures dirigeantes et reste caractérisé par un manque de professionnalisme. Pour cette raison, de nombreux Libyens ont perdu confiance dans

les médias traditionnels et se sont tournés vers les réseaux sociaux pour s'informer. Toutefois, alors qu'un grand nombre d'organisations médiatiques offrent des formations à leur personnel de la télévision et de la radio, le monde des médias sociaux reste très instable et souffre d'un manque de compétences et de savoirfaire. C'est à ce niveau que l'Union européenne peut apporter son aide, d'autant plus que les médias sociaux peuvent Projets en marche 3 – Voisinage Européen Sud


INNOVATION > LIBYE

« Maintenant j'ai appris à travailler dans une équipe, je sais comment rédiger un article, comment l'éditer, comment prendre une bonne photo ou enregistrer une vidéo. Plus important encore, je sais ce qui doit être fait pour m'assurer que mes articles soient précis et crédibles. ». n Site web du LibyaBlog http://libyablog.org/.

avoir une influence réelle sur l'opinion publique, surtout parmi les jeunes. Une blogosphère libyenne jeune, responsable et active Les blogueurs libyens représentent aujourd'hui une source alternative d'information et de couverture de l'actualité. Néanmoins ils n'ont pour la plupart pas d'expérience dans le journalisme professionnel et méconnaissent certains concepts fondamentaux tels que la vérification de l'information ou la capacité à discerner ce qui constitue une diffamation, une atteinte à la vie privée ou une incitation à la violence. Afin que les blogueurs libyens prennent mieux conscience de l'impact que leurs déclarations peuvent produire sur leur lectorat, l'UE a décidé de leur offrir des activités de formation et de soutenir la création d'une blogosphère libyenne jeune, responsable et active qui leur permet de s'exprimer et de nouer des liens avec d'autres blogueurs à l'étranger. Le projet LibyaBlog soutenu par l'UE entend offrir aux jeunes blogueurs libyens un espace virtuel libre où ils peuvent s'exprimer via les médias électroniques. Pour ce projet, l'Union européenne a choisi France 24, Radio France Internationale et Radio Monte Carlo comme principaux partenaires. Ces organisations travaillent ensemble afin de créer un nouveau site web proposant des articles d'actualité et Projets en marche 3 – Voisinage Européen Sud

publiant des éditoriaux. De jeunes blogueurs libyens ont été sélectionnés pour bénéficier d'une formation en rédaction éditoriale, publication de textes, images et vidéos, aspects techniques et éditoriaux de la publication sur l'internet et autres sujets apparentés. À ce jour, 40 blogueurs des quatre coins du pays, de Benghazi à Tripoli en passant par Misrata, Sabha, Alqtroon, Brega et Mizdah, ont été recrutés et formés. De même, plus de 300 articles ont déjà été publiés sur le site web. La responsable du projet, Hadia Laghsini, est journaliste à Radio France International « En Libye, les blogueurs sont confrontés à de nombreux défis, à commencer par des menaces à l’encontre de leur sécurité personnelle. Les blessures de la guerre ne se sont pas encore refermées, le pays recèle d'énormes quantités d'armes, le niveau de violence reste élevé et les institutions de l'État ne fonctionnent pas encore de façon adéquate. Dans ce contexte, les blogueurs vont eux-mêmes sur le terrain pour couvrir les événements et courent donc des risques », explique Mme Laghsini. « Mais je suis contente de ce que nous accomplissons. En soi, l'existence du LibyaBlog est déjà une réussite. » Selon Mme Laghsini, qui est administratrice du blog ainsi que de ses pages Facebook et Twitter, « aucune exigence n'est

posée pour publier un article, poster des photos ou des vidéos sur le site, il n'y a pas de nombre minimal ou maximal de mots et l'accès au blog est libre ». L'équipe de formateurs compte notamment Ségolène Malterre, une journaliste à la radio, la télévision et sur l'internet qui travaille pour l'émission « Les Observateurs » de France 24. L'une de ses tâches consiste à apprendre aux blogueurs à s'assurer que les informations, photos et vidéos publiées sur le site soient correctes et précises. « Nous avons recruté des personnes de profils variés. Certaines sont des journalistes qui travaillent pour les médias de masse et d'autres sont des activistes ou des journalistes amateurs, des gens qui ne sont pas des professionnels mais ont une passion pour les nouveaux médias sociaux. » Pas de discours haineux, de discrimination ni d'incitation à la violence Mme Malterre tient à expliquer que le LibyaBlog n'admet pas de discours haineux, de discrimination ni d'incitation à la violence, attitudes fréquentes dans les médias sociaux libyens. Elle veille à ce que les formateurs n'imposent pas de priorité dans leur sélection de sujets et à ce que les blogueurs décident eux-mêmes du type d'article qu'ils veulent rédiger. « Nous leur apprenons l'importance des nouvelles, leur valeur et les différents élé75


INNOVATION > LIBYE

n La journaliste Ségolène Malterre (à gauche) et Hadia Laghisini parlent à des journalistes

et blogueurs libyens au cours d'un atelier de blogging et de construction de site web.

ments qui les composent, mais nous ne leur dictons pas ce qui doit être écrit. France 24 a déjà utilisé un article rédigé par un blogueur du site web, un signe qui montre que ce site est bien suivi, même par des médias professionnels, pour accéder à l'information », conclut-elle. Wisam Hasan, un jeune homme de 19 ans de la ville de Benghazi, est un rédacteur amateur qui a commencé à écrire dans un blog en 2009. À la fin de l'année dernière, après avoir entendu parler du projet, il a envoyé une demande pour y entrer et a été sélectionné. « Le fait d'avoir été sélectionné m'a motivé pour améliorer mon talent de rédacteur ; j'avais l'impression d'avoir des devoirs à faire », explique Wisam. « Maintenant j'ai appris à travailler dans une équipe, je sais comment rédiger un article, comment l'éditer, comment prendre une bonne photo ou enregistrer une vidéo.

« Le LibyaBlog est un lieu où les écrivains libyens libres se réunissent pour faire entendre la voix du peuple libyen partout dans le monde. Même si un nouveau dictateur devait prendre le pouvoir, le LibyaBlog restera la voix du peuple libyen. » 76

Plus important encore, je sais ce qui doit être fait pour m'assurer que mes articles soient précis et crédibles. J'ai appris à vérifier mes sources d'information avant de publier quelque chose. » « La voix du peuple libyen » Pour Wisam, le projet aura un impact durable. « Le LibyaBlog est un lieu où les écrivains libyens libres se réunissent pour faire entendre la voix du peuple libyen partout dans le monde. Même si un nouveau dictateur devait prendre le pouvoir, le LibyaBlog restera la voix du peuple libyen », affirme-til, confiant. Quand on lui demande quels sont les obstacles à son travail, Wisam est catégorique : le manque de reconnaissance de ce type de travail est la principale pierre d'achoppement dans ce domaine. « Pour beaucoup de gens, même des fonctionnaires, gérer un blog n'est pas assimilé à du journalisme. Ils refusent de communiquer avec nous et, parfois, nous empêchent même de filmer. Pourtant, de nombreuses chaînes de télévision considèrent le LibyaBlog comme l'une de leurs sources d'informations fiables. Nous avons publié de nombreux articles controversés sur des thèmes sensibles tels que le fédéralisme, la torture et les violations des droits de l’homme en Libye… Toutefois, on m'a souvent empêché de faire mon travail, ce que je trouve déplorable. » Texte par Reda Fhelboom Photos par AFP © EU/Neighbourhood Info

« Nous avons recruté des personnes de profils variés. Certaines sont des journalistes qui travaillent pour les médias de masse et d'autres sont des activistes ou des journalistes amateurs, des gens qui ne sont pas des professionnels mais ont une passion pour les nouveaux médias sociaux. » LIBYABLOG

http://libyablog.org/ https://www.facebook.com/Media Neighbourhood L'objectif général du projet est de développer les compétences des nouveaux médias afin de contribuer aux efforts de stabilisation en Libye qui déboucheront sur la tenue des prochaines élections. L'objectif spécifique du projet est de soutenir la création d'une blogosphère libyenne jeune et active qui permet aux Libyens de s'exprimer librement et de nouer des liens avec d'autres blogueurs partout dans le monde. Le projet entend créer un site web participatif en langue arabe afin d'accueillir les blogs des futurs bénéficiaires, sélectionner quelque 30 jeunes blogueurs et journalistes amateurs libyens et leur dispenser une formation qui leur permettra de couvrir les élections par le biais de ce site web. Durée : 6 mois Budget : 340 000 euros Pour en savoir plus : EU Neighbourhood Info Centre – dossier de presse : La réponse de l’UE au « Printemps arabe » : l’état des lieux deux ans après http://www.enpiinfo.eu/mainmed.php?id_type=3&id=363 EU Neighbourhood Info Centre - Soutien de l'UE à la Libye http://enpiinfo.eu/mainmed.php?id=27491&id_type=1&lang_id=469 EU Neighbourhood Info Centre - Libye http://www.enpiinfo.eu/countrymed.php?country=11&lang_id=469 EU Neighbourhood Info Centre - Page thématique : Culture et Média http://www.enpiinfo.eu/thememed.php?subject=9&lang_id=469

Centre

Projets en marche 3 – Voisinage Européen Sud


INNOVATION > LIBAN

Penser web, écrire web, filmer web Nous sommes de plus en plus connectés à deux écrans en même temps: nous regardons la télévision en ayant le portable ou la tablette à la main. Le ‘transmédia’ est une nouvelle forme d’écriture qui consiste à travailler sur un projet - artistique, ludique, ou d’information - en utilisant plusieurs médias en complémentarité. En prenant part au projet DIA SUD MED – financé par l’UE dans le cadre du programme Euromed Audiovisuel - des étudiants ont découvert cette idée pionnière, tellement innovante qu’au Liban, l’école de cinéma et de graphisme ALBA l’a intégré dans son cursus officiel. Après tout, il s’agit de la nouvelle direction que prend l’audiovisuel. Un journaliste du Centre d'Information pour le Voisinage européen a assisté à une formation organisée par le projet. Il nous envoie ce reportage.

Projets en marche 3 – Voisinage Européen Sud

n Le siège de l’Académie Libanaise des Beaux Arts, à Beyrouth.

Ils sont jeunes, pleins d’énergie et de projets d’avenir. Ils sont les pionniers de la future école méditerranéenne de transmédia. Mohamed, Nour, Bassam, Joy et Nivine sont cinq étudiants libanais, chacun dans une discipline différente, mais le projet DIA SUD MED les a tous réunis autour d’une idée pionnière, le transmédia. Le projet regroupe trois écoles de cinéma, de graphisme et de multimédia du sud de la Méditerranée (ALBA à Beyrouth, ISAMM à Tunis et ESAV à Marrakech). Cofinancé par l’Union Européenne, il vise le développement de l’industrie audiovisuelle sud-méditerranéenne par des formations d’excellence et des rencontres professionnelles. « Ce projet vise principalement la formation de jeunes à cette nouvelle forme d’écriture qu’on appelle transmédia », affirme d’emblée Vincent Melilli, directeur du projet et de l’ESAV Marrakech. Le transmédia consiste « à travailler sur un projet - artistique, ludique, ou d’information - en utilisant plusieurs médias en complémentarité

», explique Alain Brenas, directeur de l’école de cinéma et de graphisme à l’ALBA. « On peut ainsi produire un film, puis créer un jeu interactif relatif au film ». M. Brenas fait remarquer par ailleurs qu’il s’agit « d’un domaine pionnier. Même aux Etats-Unis et en Europe, ce domaine est encore en cours de développement. » L’ALBA a ainsi intégré dans son cursus officiel un module sur les transmédias dans l’école de cinéma et celle de graphisme. Un diplôme universitaire dans cette discipline verra le jour prochainement. « Ce projet nous a permis de maîtriser notre besoin afin de mettre en place un vrai contenu pédagogique, avec l’ambition de créer à long terme une école méditerranéenne de transmédia. On est en train de précéder un peu le marché », dit M.Brenas fièrement. Une façon pour contourner la censure « Nous étions sceptiques quant à l’idée et au contenu du programme, étant donné 77


INNOVATION > LIBAN

n Vincent Melilli, directeur du projet et

n Alain Brenas, directeur de l’école de cinéma et de graphisme à l’ALBA.

de l’ESAV Marrakech.

« Le transmédia consiste à travailler sur un projet artistique, ludique, ou d’information - en utilisant plusieurs médias en complémentarité » que le transmédia, pour nous cinéastes, tue le grand écran », avoue pour sa part Mohamed Sabbah, 23 ans, étudiant en Master réalisation cinéma. C’est d’ailleurs le cas de Joy Zeinoun, 24 ans, Master en production : « J’ai également eu une appréhension au début du projet : qui est la cible ? Le défi pour moi, c’est l’interaction et l’implication du spectateur ». Abondant dans le même sens, Nivine Yakzan, 24 ans, Master multimédia, estime être attirée « par la nouveauté et l’originalité du transmédia, mais aussi par la coopération avec les cinéastes, un côté que je n’imaginais pas auparavant ». « Après, nous sommes devenus très intéressés en découvrant que c’est la nouvelle direction que prend l’audiovisuel, c’est un nouveau monde qui nous permet d’avoir une plate-forme beaucoup plus large », admet Mohamed, en ajoutant malicieu-

sement : « Le transmédia va nous permettre aussi d’aborder des sujets que la censure dans notre pays nous interdit sur le grand écran ». Selon Mohamed, du point de vue artistique, « le transmédia nous pousse vers des défis encore plus grands, puisque nous associons ensemble plusieurs filières, entre les web designers, les cinéastes, le marketing. C’était une découverte formidable ». Même son de cloche chez Bassam Naous, 22 ans, Master multimédia : « Avec le transmédia, on a appris à utiliser notre formation pour faire des web documentaires, des séries sur internet, des web fictions, etc… Notre défi est de mélanger le côté design et interactivité avec le côté cinématographique pour faire sortir une œuvre utile et originale », ajoute-t-il. Mélange de cultures La coopération et l’interaction entre les écoles et les étudiants libanais, tunisiens et marocains constitue l'autre particularité du projet DIA SUD MED. « Ces écoles francophones qui se trouvent dans des pays arabophones ont la caractéristique d’avoir une double maîtrise des langues, une double culture. Ce qui permet des croisements très intéressants », estime ainsi Vincent Melilli. Pour Alain Brenas, « l’intérêt a été

­n Bassam Naous, 22 ans, Master

n Nivine Yakzan, 24 ans, Master

n Joy Zeinoun, 24 ans, Master

multimédia.

multimédia.

en production.

78

n Nour Tayeh, réalisatrice du projet

‘The tree of forbidden love’.

« Ceux qui ont suivi le programme vont continuer à se fréquenter…On cherchera par exemple le producteur à Beyrouth, mais on va fabriquer et tourner les films au Maroc… c’est ainsi que naîtront des habitudes de fonctionnement transnationaux » de collaborer avec des écoles qui partagent les mêmes problématiques. Nous étions donc à la recherche des mêmes solutions. Et c’est ce que ce projet nous a justement donné, avec l’apport d’expertises venues d’Europe ». Il ajoute: « Il y a un autre avantage qui concerne directement les étudiants, à savoir la découverte de talents dans la région du sud de la Méditerranée, et la création d’une sorte de synergie sur le plan humain et professionnel qui a été très important.» Le projet DIA SUD MED a permis de mettre en place des pôles d’excellence complé-

n Mohamed Sabbah, 23 ans, étudiant

en Master réalisation cinéma.

Projets en marche 3 – Voisinage Européen Sud


INNOVATION > LIBAN

n Table ronde à l’Académie Libanaise des Beaux Arts (ALBA).

mentaires de sorte à créer une activité qui se développe dans une relation sud-sud plus que nord-sud, créant ainsi une autre circulation. Ainsi, les trois écoles se spécialiseront chacune dans un domaine différent: la production au Liban, le contenu transmédia en Tunisie et la post-production numérique au Maroc. Dans chacune des écoles, il y aurait des étudiants de ces trois pays, invités à des salons professionnels pour créer des réseaux. Vincent Melilla insiste sur la pérennité et le caractère complémentaire du projet. « Ceux qui ont suivi le programme DIA SUD MED vont continuer à se fréquenter, parce qu’ils ont vécu ensemble. On cherchera par exemple le

« Le transmédia nous pousse vers des défis encore plus grands, puisque nous associons ensemble plusieurs filières, entre les web designers, les cinéastes, le marketing. C’était une découverte formidable »

producteur à Beyrouth, mais on va fabriquer et tourner les films au Maroc… c’est ainsi que naîtront des habitudes de fonctionnement transnationaux. Et forcement, ces gens-là travailleront sur des projets adaptés à la région, et non plus locaux. C’est un peu l’ambition du programme ». Un des projets libanais s’appelle « e tree of forbidden love ». Il propose des témoignages et des reconstitutions d'histoires d’amours interdits, qu’il s’agisse d’amours transconfessionnels, homosexuels, etc. « Ces histoires sont universelles, elles existent aussi bien au Maroc qu’au Liban ». Nour Tayeh est la réalisatrice du projet. Pour elle, DIA SUD MED a donné l’opportunité de découvrir de nouveaux horizons en faisant la connaissance d’autres pays. « Cela nous a permis de nous ouvrir à d’autres cultures aussi, et je suis sûre qu’il pourrait aussi nous ouvrir d’autres opportunités à l’avenir ». Elle conclut: « J’ai aussi réalisé l’importance d’internet dans mon travail : de savoir utiliser ma formation de réalisatrice en fonction du besoin du web. C’est toute une formation, pour penser web, écrire web et filmer web ! C’est le futur. » Texte par Antoine Ajoury

DIA SUD MED - Développement de l’Industrie Audiovisuelle Sud-Méditerranéenne par des formations d’excellence et des rencontres professionnelles

http://www.diasudmed.com/ DIA SUD MED est un projet basé sur le partenariat de trois écoles méditerranéennes spécialisées dans les domaines de l'audiovisuel, des arts et du multimédia. Ces écoles vont travailler ensemble afin de fournir aux étudiants et aux professionnels de la région des modules de formation sur la gestion de l’industrie audiovisuelle sur une période d'un an (10 participants par cycle et par pays pour un total de 90 participants). Le projet vise également à la création de trois bureaux de conseil pour la création d'entreprises de l'audiovisuel et de gestion dans les trois écoles partenaires situées en Tunisie, au Maroc et au Liban. Durée : 36 mois Pour en savoir plus : Euromed Audiovisuel http://www.euromedaudiovisuel.net/p.aspx?l=fr EU Neighbourhood Info centre - Euromed Audiovisuel http://www.enpi-info.eu/mainmed.php?id=334&id_type=10 Portail thématique: Culture et média http://www.enpi-info.eu/thememed.php?subject= 9&lang_id=469

Photos par AFP ©EU/Neighbourhood Info Centre

Projets en marche 3 – Voisinage Européen Sud

79


Économie

Les employés de la société Condor Electronics à Bordj Bou Ariridj, en Algérie. La société bénéficie du Programme de soutien aux petites et moyennes entreprises co-financé par l'UE et le gouvernement algérien. (photo AFP © UE/Neighbourhood Info Centre)


ÉCONOMIE > PALESTINE

Monter mon entreprise ? C'est possible ! Le pourcentage de femmes dans l'ensemble de la main-d'œuvre palestinienne ne dépasse pas les 14 %. Ce qui n'empêche pas certaines jeunes étudiantes d'avoir un objectif bien précis : devenir de brillantes femmes d'affaires. Pour apprendre à lancer une entreprise, elles ont besoin de formations, d'informations et de motivation. Un journaliste du Centre d'information pour le voisinage européen a participé à une formation soutenue par « Jeunes femmes créatrices d'emploi », un projet financé par l'UE. Voici ce qu'il nous en dit.

Projets en marche 3 – Voisinage Européen Sud

RAMALLAH – « Je sais que je n'ai même pas encore 20 ans, mais en termes d'ambition, je n'ai aucune limite », affirme Hiba Usama, une jeune palestinienne en troisième année à l'université. Hiba, 19 ans, vient de Ramallah en Cisjordanie et veut monter sa propre entreprise. Son objectif ? Ouvrir un restaurant et servir des plats sains. « Je trouve que les gens mangent vraiment n'importe quoi et c'est de là qu'est venue mon idée », explique-t-elle. « J'espère qu'à l'avenir, notre société souffrira de moins en moins de maladies liées aux mauvaises habitudes alimentaires. » Hiba fait partie de la centaine de jeunes universitaires – principalement des femmes – qui participent à l'atelier de la Journée de l'entrepreneuriat féminin (WED, Women Entrepreneurship Day), organisé dans le cadre du projet « Jeunes femmes créatrices d'emploi », qui a reçu le label de l'Union pour la Méditerranée. Le projet est promu par l'Association des organisations des femmes d'affaires mé-

diterranéennes (AFAEMME) et mis en œuvre en Palestine par le Club BPW (Business and Professional Women) de Ramallah. Il est financé par l'Union pour la Méditerranée, l'UE, le gouvernement norvégien et l'entreprise espagnole Gas Natural Fenosa. Le but de cette initiative ? Apprendre aux jeunes femmes à créer une entreprise. « L'atelier est très utile, il m'ouvre les yeux », raconte Hiba. « J'ai appris qu'il ne suffisait pas d'avoir une idée : il faut un plan bien élaboré, un minimum d'études de marché, des études de faisabilité pour savoir où l'on en sera d'ici trois, cinq ou dix ans... » Seules 14 femmes sur 100 ont un emploi « Jeunes femmes créatrices d'emploi » est un programme d'une durée d'un an lancé en avril 2013 pour former 10 000 jeunes étudiantes universitaires au Maroc, en Jordanie, en Espagne et en Palestine et leur apprendre comment devenir de brillantes femmes d'affaires et 81


ÉCONOMIE > PALESTINE

des employeurs. Le programme est promu par l'Association des organisations des femmes d'affaires méditerranéennes (AFAEMME) et soutenu par les 43 États membres de l’Union pour la Méditerranée (UpM).

« J'ai appris qu'il ne suffisait pas d'avoir une idée : il faut un plan bien élaboré, un minimum d'études de marché, des études de faisabilité pour savoir où l'on en sera d'ici trois, cinq ou dix ans... » Quelques étudiants masculins ont souhaité participer et le Club BPW de Ramallah a donné son accord. Le projet est axé sur les femmes pour plusieurs raisons. Le pourcentage de femmes dans l'ensemble de la main-d'œuvre palestinienne ne dépasse pas les 14 %. Un effort substantiel est donc nécessaire pour remédier à cette situation. Une autre raison est que le pourcentage de femmes instruites en Palestine est en augmentation ; il atteint actuellement les 89 %. Étonnamment, le taux de chômage est le plus élevé parmi les femmes ayant fréquenté l'école pendant 13 ans ou plus. Or, plus les femmes feront partie de la population active, plus leurs chances d'intégration dans la société seront élevées. C'est ce que pense l'ambassadeur Delphine Borione, secrétaire 82

générale adjointe du département Affaires sociales et protection civile de l'UpM. Elle est venue de Barcelone, où se trouve le Secrétariat de l’UpM, pour participer à l'atelier. Elle se dit très impressionnée par l'enthousiasme des participantes. « La plupart de ces femmes ne savent pas ce qu'elles vont faire après avoir obtenu leur diplôme », indique-telle, « mais certaines ont déjà une idée de ce qu'elles veulent faire de leur vie. Pour elles, des ateliers comme celui-ci sont des opportunités précieuses. » Apprendre de celles qui ont réussi L'atelier a lieu à la Chambre de commerce et d'industrie (CCI) de Ramallah, qui collabore avec le Club BPW de Ramallah, partenaire du projet. « Notre objectif est de soutenir ces jeunes femmes », explique le directeur de la

CCI, Khalil Rizeq. « Nous essayons de leur donner autant de conseils que possible. Nous avons même ouvert nos bureaux pour qu'elles puissent venir y faire des recherches pour leur entreprise. » Il se félicite de l'idée de faire lever des fonds auprès de grandes entreprises pour aider les jeunes à monter leur société. Durant l'atelier, les participants découvrent des success stories, dont celle de Noor Mohammad Taha, qui n'a que 21 ans. « Je suis allée à la CCI, ils m'ont conseillée et m'ont offert un espace qui est devenu mon petit bureau. J'ai commencé à créer un réseau et, finalement, j'ai monté mon entreprise il y a six mois », raconte-t-elle. Noor est une décoratrice d'intérieur diplômée. Elle semble satisfaite, bien qu'elle admette être encore confrontée à quelques défis.

n À la fin du séminaire, Hilda Awwad, présidente du Club BPW de

Ramallah (à droite) remet un certificat à Hiba Usama (à gauche).

Projets en marche 3 – Voisinage Européen Sud


ÉCONOMIE > PALESTINE

« Notre rôle est d'identifier les étudiantes qui ont du potentiel et de veiller à ce qu'elles comprennent que le leadership et la créativité dépendent de leur capacité à transformer une idée nouvelle en une réelle réussite professionnelle » n Delphine Borione (au centre), secrétaire général adjointe aux affaires sociales et à la protection civile au Secrétariat de l’Union pour

la Méditerranée et Mme Hilda Awwad (à droite), présidente de l'association, discutent avec des jeunes femmes lors de l'atelier.

« Réussir à adapter les talents des étudiants sur les besoins de la société est un bel accomplissement, non seulement pour les nouveaux diplômés, mais pour la société dans son ensemble. »

Ses parents voulaient qu'elle devienne avocate, médecin... Tout sauf décoratrice d'intérieur. Elle compte sur son succès pour les convaincre. « Plus j'aurais de succès, moins j'aurais de difficultés à persuader ma famille que j'ai pris la bonne décision et que je suis sur la bonne voie. » « Mon secret pour réussir, conclutelle, c'est ma persévérance. » La société doit adapter les talents des étudiants à ses besoins. Trois universités locales de Cisjordanie ont rejoint le programme. Hilda Awwad, présidente du Club BPW de Ramallah, espère que, grâce à tout cet intérêt et enthousiasme, le programme pourra être élargi et impliquer davantage d'universités de CisjorProjets en marche 3 – Voisinage Européen Sud

danie. « Réussir à adapter les talents des étudiants aux besoins de la société », déclare-t-elle, « est un bel accomplissement, non seulement pour les nouveaux diplômés, mais pour la société dans son ensemble. » Le Club BPW de Ramallah continuera à conseiller les participantes une fois le projet terminé, afin qu'elles disposent du soutien juridique et administratif nécessaire pour leur future entreprise. Les trois universités en question sont le Women’s Community College, dirigé par l'UNRWA, l'Université de Beir Zeit et le Palestine Technical Girls’ College, qui compte environ 600 étudiantes et dont sortent 200 diplômées chaque année. Fondée en 1952, cette école offre un large éventail de formations professionnelles assorties d'un diplôme : programmation informatique, conception graphique, architecture d'intérieur, etc... « Notre rôle est d'identifier les étudiantes qui ont du potentiel et de veiller à ce qu'elles comprennent que le leadership et la créativité dépendent de leur capacité à transformer une idée nouvelle en une réelle réussite professionnelle », affirme Sahab Zalmout, qui représente l'institut durant l'atelier. Texte par Elias Zananiri Photos par AFP © EU / Neighbourhood Info

Jeunes femmes créatrices d'emploi

http://www.afaemme.org/youngwoman-project/content Le projet encourage le travail indépendant et l'entrepreneuriat chez les jeunes étudiantes universitaires qui sont sur le point d'être diplômées et souhaitent créer leur propre entreprise. Pays participants : Maroc, Jordanie, Espagne et Palestine Durée : Αvril 2013 – Αvril 2014 Objectifs : Le projet est axé sur l'organisation des Journées de l'entrepreneuriat féminin (WED), qui consistent en une série de séminaires offrant gratuitement aux participantes des conseils pour créer leur propre entreprise. Les WED auront lieu dans plusieurs universités, facultés, instituts d'enseignement supérieur et agences similaires offrant des formations, des conseils, de la motivation, les bases pour créer une entreprise, des modèles et du soutien, tout en mettant l'accent sur les questions liées à l'égalité hommes-femmes. Pour en savoir plus : Union pour la Méditerranée http://ufmsecretariat.org/fr/ Union pour la Méditerranée - Jeunes femmes créatrices d'emploi - Fiche projet http://ufmsecretariat.org/fr/young-women-as-job-creators-2/ Association des organisations des femmes d'affaires méditerranéennes http://www.afaemme.org/ Page thématique du Centre d'information pour le voisinage : FEMMES http://www.enpi-info.eu/thememed.php?subject= 12&lang_id=469

Centre

83


ÉCONOMIE > ALGERIE

Un passeport pour l’export

n Ouvriers et techniciens au travail à la chaine de production des boissons chez NCA.

La création et le développement de petites et moyennes entreprises (PME) constituent un défi économique majeur pour les autorités algériennes. Ce processus se doit d’être accompagné de mécanismes permettant le renforcement des capacités des PME et l’amélioration de la compétitivité. C’est précisément l’objectif du Programme d’appui cofinancé par l’Union Européenne et l’Etat algérien. Un journaliste du Centre d’Information pour le voisinage européen a visité deux entreprises qui ont bénéficié des actions du programme, et qui ont amélioré aussi bien la qualité de leurs produits que leur niveau de conformité aux bonnes pratiques de fabrication. Il nous envoie ce reportage. ALGER – L’Algérie a mis en œuvre de multiples programmes visant l’émergence d’un tissu de petites et moyennes entreprises (PME) performantes et compétitives. Initié et cofinancé par l’Union Européenne, le programme PME II s’articule autour de 3 axes essentiels : l’aide directe aux Entreprises, l’appui à la qualité et l’appui institutionnel. Le directeur du programme, M. Abdeld84

jalil Kassoussi, estime nécessaire d’agir dans le cadre d’une approche globale qui prenne en compte les attentes des entreprises et celles des structures d’appui publiques et privées. « Le PME II est intervenu auprès de 162 entreprises – explique-t-il – à travers la réalisation de diagnostics et d’actions approfondies de mise à niveau, notamment dans les domaines de l’organisation industrielle, de la qualité et des systèmes d’informa-

tion. Une soixantaine d’entreprises supplémentaires ont bénéficié de formations et d’actions organisées en partenariat avec plusieurs associations professionnelles ». Une certification pour la sécurité des aliments Avec un effectif de 500 employés, la Nouvelle Conserverie Algérienne (NCA) est une des entreprises du secteur de l’agroaProjets en marche 3 – Voisinage Européen Sud


ÉCONOMIE > ALGERIE

sions d'audit ont confirmé la réussite de la démarche d’implémentation de la norme ISO 22000. Cependant, ces audits ont également décelé certaines insuffisances dans la gestion du laboratoire de l’entreprise. « Des actions ont été engagées dans le cadre du programme PME II – continue Mme Ferhat – pour mise en conformité du laboratoire selon la norme ISO 17025. Il est clair que ce fut un nouvel acquis pour l’entreprise ».

n Employés du laboratoire Pharmalliance, entreprise spécialisée

dans la production de médicaments génériques.

« Le PME II est intervenu auprès de 162 entreprises à travers la réalisation de diagnostics et d’actions approfondies de mise à niveau, notamment dans les domaines de l’organisation industrielle, de la qualité et des systèmes d’information » limentaire à avoir bénéficié des actions du programme PME II. « NCA n’est plus cette petite entreprise familiale créée en 1966. C’est aujourd’hui un groupe leader dans le secteur des boissons, qui connait un développement important. A court terme, l’objectif de NCA consiste à aller vers les marchés extérieurs, les pays d’Afrique du Nord notamment », explique M. Sahbi Othmani, Directeur général de NCA. Pour atteindre cet objectif, le groupe s’est engagé dans un processus de mise en œuvre de la certification ISO 22000, norme qui assure à l’entreprise une meilleure organisation collective de la sécurité des aliments. « Dans le secteur de l’agroalimentaire, l’ISO 22000 est considéré comme un passeport pour l’exportation. Avec cette certification, les entreprises peuvent placer les produits auprès des grandes enseignes de distribution», assure Mme Nadia Ferhat, Directrice audit et contrôle. L’entrée en action de la mission d’accompagnement à la certification a duré de septembre 2011 à mai 2012. Le proProjets en marche 3 – Voisinage Européen Sud

gramme s’est déroulé en trois étapes. La première consistait à former le personnel. Ainsi, 13 employés ont suivi des sessions sur la norme ISO 22000 et 96 sur les bonnes pratiques d’hygiène. Une série de sessions a également permis de former 8 auditeurs internes. «La seconde étape a permis à NCA de bénéficier d’une assistance à la mise en œuvre de la démarche du Système de Management de sécurité des denrées alimentaires (SMSDA) », note Mme Ferhat. Des mis-

« Dans le secteur de l’agroalimentaire, l’ISO 22000 est considéré comme un passeport pour l’exportation. Avec cette certification, les entreprises peuvent placer les produits auprès des grandes enseignes de distribution »

De 14 à 40 millions de boites par an Dans un secteur aussi sensible que la production pharmaceutique, la notion de qualité reste une préoccupation majeure. Spécialisé dans la production de médicaments génériques, Pharmalliance est un des dix premiers opérateurs locaux en pharmacie. « Nos installations permettent de fabriquer jusqu’à 50 millions de boites par an sous formes sèches, liquides et pâteuses », indique M. Adel Merzekani, le directeur des Opérations Industrielles. « Notre objectif essentiel – continue-t-il – consistait à augmenter notre niveau de production dans une démarche de haute qualité, tout en assurant des performances en matière de rentabilité ». Pour Pharmalliance, la solution à cette équation passait par la réalisation d’un plan de mise à niveau du management répondant aux normes de bonnes pratiques de fabrication européennes (BPF). Un processus réalisé grâce à PME II. « En début de parcours, l’audit a indiqué que notre site de production était à un niveau de conformité de 32% de BPF », explique M. Merzekani. Des actions ont été engagées pour réduire le coût de la non-conformité des produits et des opérations de contrôle, la mise en place d’un système de traitement des réclamations rapide et efficace, ainsi que l’institution d’un processus de Risk Assessment permettant une évaluation plus performante des risques pour les produits et les installations. La formation du personnel et l’acquisition de matériel de production ont été des axes importants de ce programme, 85


ÉCONOMIE > ALGERIE

vers une nouvelle étape? Pour M. Abdeldjalil Kassoussi, un programme dédié à l’accompagnement du déploiement de la politique nationale de relance industrielle constitue désormais « une priorité pour l’économie de notre pays ». « Je ne l’appellerais pas PME III –dit-il – mais plutôt PADI, Programme d’Appui au Développement Industriel. Ce nouveau programme devrait avoir comme objectif de contribuer à la structuration du secteur industriel privé algérien par le biais du renforcement du tissu associatif, la concrétisation du programme des centres techniques industriels et le renforcement des compétences nationales dans le domaine de l’ingénierie industrielle ».

n NCA est aujourd’hui un groupe leader dans le secteur

des boissons. Texte par Tarik Hafid

« Notre production est passée de 14 millions de boites par an en octobre 2010 à 40 millions de boites par an en mars 2013, lors de la finalisation du programme » dont le coût est évalué à 6 millions d’euros. Et les résultats n’ont pas tardé à se faire sentir. « Notre production est passée de 14 millions de boites par an en

octobre 2010 à 40 millions de boites par an en mars 2013, lors de la finalisation du programme. A cette date, le niveau de conformité avait alors atteint 88% de BPF », précise le directeur des Opérations Industrielles. « L'objectif d’avoir un site de production opérationnel et efficient a donc été atteint », assure-t-il avec satisfaction. Vers l’appui au développement industriel Le programme PME II a donc permis à des entreprises algériennes d’atteindre des objectifs concrets. Ce projet ayant pris fin, ne serait-il pas judicieux d’aller

Photos par AFP © EU / Neighbourhood Info Centre

Programme d’Appui aux PME/PMI

http://www.algerie-pme2.dz/ Mis en place par l’Algérie et l’Union européenne en 2009, le Programme d’Appui aux PME/PMI et à la Maîtrise des Technologies d’Information et de Communication (PME II) vise à contribuer à la modernisation et au développement du secteur des petites et moyennes entreprises algériennes. Intervenant sous la tutelle du Ministère du Développement Industriel et de la Promotion de l’Investissement, le PME II est doté d’un budget de 44 millions d’euros destiné au financement d’activités de conseil, de formation et d’études dans les domaines de la mise à niveau des PME, de la qualité et du développement institutionnel. Pour en savoir plus : Délégation de l’Union Européenne en Algérie http://eeas.europa.eu/delegations/algeria/index_fr.htm EU Neighbourhood Info Centre : Algérie http://www.enpi-info.eu/countrymed.php? country=1&lang_id=469

n Des actions ont été engagées pour réduire le coût de la non-

Page thématique de l’EU Neighbourhood Info Centre : économie http://www.enpi-info.eu/thememed.php?subject=4

conformité des produits et des opérations de contrôle.

86

Projets en marche 3 – Voisinage Européen Sud


EU Neighbourhood

Manuels Une mine de connaissances à votre disposition, en un simple clic sur : www.enpi-info.eu NOS MANUELS

Perdu dans le jargon de l’UE ? Jetez un œil sur le site internet du Centre d’information pour le voisinage européen GLOSSAIRES


ÉCONOMIE > EGYPTE

La voiture de demain Quatre prototypes de véhicules qui roulent exclusivement à l'énergie solaire stationnent dans la station balnéaire de Charm El-Cheikh, à l'atelier de l'entreprise Airtec. Celle-ci a obtenu, en 2008, une allocation du programme bilatéral Recherche, Développement et Innovation (RDI), financé par la Commission Européenne. Et aujourd’hui, on commence déjà à modifier le circuit électrique pour améliorer la prestation de cette voiture de demain, qui marche avec le soleil. Notre journaliste s’est déplacée pour la tester elle-même…

88

CHARM EL CHEIKH – Du jour au lendemain, son destin a basculé. Le 1er janvier 2010, l'entreprise italienne Comcor et son partenaire égyptien Airtec, recrutent un nouvel ingénieur électrotechnique. Ahmed Abdel-Hafez n'avait alors que trente ans. Depuis, il est entré de plain pied dans le monde des voitures à l'énergie solaire. «L'entreprise était à la recherche d'un ingénieur électronicien qui maîtrisait l'italien, après la mort subite de l'ancien responsable de son projet visant à produire des véhicules adaptés à un rechargement solaire. L'ami d'un ami m'en a parlé et j'ai posé ma candidature. J'avais un peu ras le bol d'enseigner à l'Institut technique de Don Bosco où j'ai fait mes études en italien», racontet-il dans l'atelier d'Airtec, situé dans la ville de Charm El-Cheikh, à la pointe sud du Sinaï. Le chantier se trouve à environ 15 km de l'aéroport, dans la zone industrielle d'Al-Rowayssat. A l'arrière cour,

stationnent les quatre prototypes réalisés dans le cadre du projet cofinancé par le programme bilatéral Recherche, Développement et Innovation ( RDI), établi entre la Commission Européenne et l'Egypte depuis 2007 . Une ligne spéciale devait fabriquer au moins deux modèles parmi ces prototypes, afin de les commercialiser, vers septembre 2012. Mais, on a décidé autrement. Car il y aura probablement une phase II. Vers le stockage de l'énergie produite alors que la voiture est en marche Ahmed Abdel-Hafez, qui vit ces derniers temps entre l'Egypte et l'Italie, effectue des études en management des usines à l'Université de Modène et travaille aussi à l'unité photovoltaïque de Comcor. Les frais de ses études sont pris en charge par l'entreprise qui cherche à installer une nouvelle usine du côté d'Hurghada, Projets en marche 3 – Voisinage Européen Sud


ÉCONOMIE > EGYPTE

«En se partageant les tâches avec d'autres partenaires on est parvenu à concevoir les quatre prototypes actuels, durant 18 mois environ» en Egypte, sur la mer Rouge, pour mettre en ligne des véhicules à l'énergie solaire, mais cette fois-ci après avoir introduit quelques changements. «Actuellement pour charger les batteries de la voiture, il faut qu'elle soit en position d'arrêt. Mais j'ai dû opérer quelques modifications au niveau du design et du circuit électrique, pour pouvoir stocker l'énergie produite par les panneaux photovoltaïques installés sur le toit de la voiture, alors qu'elle est en marche», dévoile l'ingénieur Abdel-Hafez, ajoutant que ces changements permettront d'augmenter l'énergie fournie, passant de 270 W à 500 W. Géré par le ministère égyptien de l'éducation et de la recherche scientifique, le programme RDI a reçu 11 millions d'euros entre 2007 et 2011 afin de promouvoir la recherche et l'innovation. Ensuite,

n Un des prototypes.

le programme a bénéficié d'une allocation de 20 millions d'euros pour la période de 2011 à 2015. Les partenaires égypto-italiens attendent la réponse du programme pour savoir s'ils pourront compter sur son aide afin d'entamer leur phase II de la voiture solaire. Car pour la première phase du projet, le programme RDI a versé environ 75% du budget qui s'élève à plus de 330 000 euros. Mais le financement européen n’est pas une subvention, il faut le gagner en participant a des appels d’offres : et en ce moment, le projet attend de savoir s’il a gagné.

n Quatre prototypes stationnent à Charm El-Cheikh, en attente de la phase II.

Projets en marche 3 – Voisinage Européen Sud

Quatre prototypes qui peuvent rouler jusqu’à 50 km Le directeur du RDI, Ahmed Saleh, indique comment concrètement le programme peut constituer une plateforme de communication et un point d'informations pour les chercheurs, inventeurs, universitaires et le secteur industriel: "Un professeur de l'université du Canal de Suez, Hussein Ezz Eddine, avait installé des panneaux photovoltaïques sur le toit d'une Fiat 128. Les résultats étaient plus ou moins satisfaisants. D'ailleurs, il a collaboré, dans un premier temps, avec la société égyptienne Airtec laquelle a obtenu une allocation de l'UE en 2008, via le programme RDI. La société était déjà active à Charm El-Cheikh, dans le domaine de la plongée sous marine. En se partageant les tâches avec d'autres partenaires - les Universités de Mansoura, du Canal de Suez et de Modène, ainsi que l'entreprise Comcor

«Actuellement pour charger les batteries de la voiture, il faut qu'elle soit en position d'arrêt. Mais j'ai dû opérer quelques modifications pour pouvoir stocker l'énergie produite alors qu'elle est en marche» 89


ÉCONOMIE > EGYPTE

Programme Recherche, Développement et Innovation

http://www.rdi.eg.net/Pages/D efault.aspx Le Programme Recherche, Développement et Innovation (RDI) vise à renforcer les liens existants entre la recherche et l’industrie, tout en valorisant la culture du transfert de technologie et de l’innovation. Par ailleurs, ce programme œuvre à soutenir l’intégration progressive de l’Egypte dans l’Espace Européen de la Recherche. Financé par l’Union européenne grâce à une subvention de 11 millions d’euros sur trois ans, le programme RDI est géré par un bureau de mise en œuvre des projets créé par le ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique.

n L’ingénieur Ahmed Abdel-Hafez conduit un des prototypes.

Engineering et le centre Royal scientific society de Jordanie - on est parvenu à concevoir les quatre prototypes actuels, durant 18 mois environ". Les voitures n'arborent pas un look futuriste, mais ressemblent plutôt à ces véhicules qui servent à se déplacer dans les hôtels et colonies de vacances. Une sorte de jouet ludique qui porte les couleurs du drapeau de l'Union Européenne: bleu et jaune d'or. Leur poids varie entre 300 et 800 kg. Et leur mensuration? Entre 360 cm de longueur et 150 cm de largeur. Le pilote dispose d'une pédale d'accélérateur, d'une pédale de freins, de phares et d'un klaxon. Sur le toit, sont placés des panneaux pho-

«On est en délibération avec le gouvernorat d'Hurghada, depuis 3 mois, lui proposant d'adapter nos prototypes aux besoins de la ville touristique: un train pour le déplacement des visiteurs, un bateau avec des panneaux photovoltaïques… » 90

tovoltaïques de 1,20 m x 1,40 m. L'un des prototypes est conçu pour les safaris; il est baptisé le "corsaire du désert". Et le plus petit à trois roues, bénéficiant de 10 km d'autonomie, s'appelle Jambo. Tandis que les deux autres servent à transporter des biens et des passagers pendant des trajets courts; leurs batteries sont chargées en 8 à 10 heures et ils roulent avec une autonomie de 40 à 50 km. " On est en délibération avec le gouvernorat d'Hurghada, depuis 3 mois, lui proposant d'adapter nos prototypes aux besoins de la ville touristique: un train pour le déplacement des visiteurs, un bateau avec des panneaux photovoltaïques… Juste pour tester nos véhicules dont le prix de vente s'élève à 80 000 L.E. par unité (c'est a dire approximativement 10 700 euros). On envisage aussi d'installer notre usine à Hurghada, car les ateliers fabriquant les châssis en fibres de verre se trouvent par là-bas", précise Ahmed Abdel Hafez, parfaitement conscient que l'expérimentation et la réalisation de voitures solaires vont bon train de par le monde, mais qu'elles n'aboutiront probablement que lorsqu'il n'y aura plus de combustibles fossiles… Texte et photos par Dalia Chams

Voiture Solaire Financé par le programme Recherche, Développement et Innovation (RDI), le projet vise à contribuer à la réalisation d’un développement durable en Egypte grâce à l’amélioration de l’innovation technologique dans les secteurs du transport et de l’énergie renouvelable. Pays participants : Egypte, Italie, Jordanie Durée : Août 2009 – Février 2011 Budget : 329 300 euros Objectifs : conception et construction d’une flotte de prototypes de véhicules qui roulent exclusivement à l'énergie solaire, pour le transport de passagers et des marchandises. Pour en savoir plus : Sunny vehicles - wordpress http://sunnyvehicles.wordpress.com/ Fonds d'innovation UE-Egypte http://www.rdi.eg.net/InnovationFund/DocumentLibrary/Documents/projects_catalogue.pdf Programme de Recherche, Développement et Innovation http://www.rdi.eg.net Portail thématique de l'EU Neighbourhood Info Centre: Energie http://www.enpi-info.eu/thememed.php?subject=5

Projets en marche 3 – Voisinage Européen Sud


ÉCONOMIE > ISRAËL

Vignobles, artisanat et agro-tourisme dans les collines bibliques d’Israël Le nombre de personnes employées dans l’agriculture traditionnelle n’arrêtant pas de diminuer, le ministère israélien de l’agriculture a encouragé les membres de communautés agricoles à se tourner vers des sources de revenus alternatives. Vignobles, laiteries, micro-brasseries, maisons d’hôtes à la campagne, vente d’artisanat sont autant de nouvelles pistes exploitées. Grâce à la longue expérience de l’Union européenne en matière de diversification rurale, Israël a intégré le programme de jumelage de l’UE qui doit l’aider à élaborer une nouvelle politique de développement rural, essentiellement axée sur l’agro-tourisme. Un journaliste du Centre d’information pour le voisinage européen a visité plusieurs activités de diversification rurale, voici son récit.

Projets en marche 3 – Voisinage Européen Sud

n Des tonneaux de vin dans un vignoble du moshav de Mata, non loin de Jérusalem.

JÉRUSALEM – Tout commence en 2001, lorsque Leah, qui vit dans une communauté agricole du conseil régional de Mateh Yehuda, demande à son neveu, Névo Haza, si elle peut aller cueillir le raisin que le voisin de Névo avait laissé après la récolte. Léah avait dans l’idée d’en faire du vin et sa production remporte un franc succès. Léah n’en démord pas : si elle a pu guérir de son cancer, c’est grâce à l’amour et à la dévotion qu’elle a mis dans la fabrication de son vin. Névo, en bon croyant, y voit plutôt une intervention divine, et promet à sa tante de continuer à produire du vin. Il entame ainsi des études de viticulture dans le but de mettre sur pied une entreprise familiale. Douze années s’écoulent. Presque chaque jour, le petit domaine viticole de Nevo, à Mata, un moshav (communauté agricole) situé à une demi-heure de Jérusalem, accueillent des excursions en car et d’autres

visiteurs. Après une visite guidée, qui comprend une dégustation et des explications sur le processus de vinification, les touristes sont invités à visiter cette exploitation typiquement campagnarde. Ils peuvent y déguster un délicieux repas concocté par la femme de Névo, Iris, à partir de produits frais cultivés localement, le tout arrosé, bien évidemment, d’un ou deux verres du vin de la maison. Les vins de Névo sont élevés durant 20 mois en fûts de chêne français, placés dans un ancien abri anti-bombe, avant de le vendre environ 25 euros la bouteille. Aujourd'hui, la région compte plus de 30 vignobles artisanaux. Une nouvelle politique de développement rural De plus en plus de membres des communautés agricoles israéliennes cherchent à développer des moyens de subsistance al91


ÉCONOMIE > ISRAËL

n Mouton fabriqué à partir de restes de laine dans le moshav de Tzafririm, non loin de Jérusalem.

« l’UE a énormément à apporter en termes de diversification : en essayant de soutenir des nouvelles industries et entreprises agro-touristiques en zones rurales. Mais il s’agit d’un échange à double sens : l’Europe peut également apprendre de l'expérience israélienne. » ternatifs étant donné que le nombre de personnes travaillant dans l’agriculture traditionnelle n’arrête pas de diminuer. Le ministère israélien de l'agriculture et du développement rural (MADR) a vu le potentiel de l'agro-tourisme et a encouragé les habitants des communautés agricoles à s'investir dans de nouveaux secteurs, tels que les vignobles et les laiteries, les micro-brasseries, les chambres d’hôtes rurales et la vente d’artisanat. Les États membres de l'Union européenne jouissent d’une longue expérience en matière de diversification rurale et, dans cette optique, Israël s’est tourné vers le programme de jumelage de l'UE qui doit l’aider à élaborer une nouvelle politique de développement rural, essentiellement axée sur l'agro-tourisme. Lars Faaborg-Andersen, l’ambassadeur de l’UE en Israël, a déclaré que le programme de jumelage de l’UE visait à faire partager l’expérience de l’Europe dans des domaines d’intérêt et ce, notamment, à ses voisins directs, tels qu’Israël : 92

« À première vue, dit-il, cela peut paraître surprenant que nous puissions offrir quelque chose à Israël, étant donné sa riche tradition de kibboutzim et de moshavim. Pourtant, l’UE a énormément à apporter en termes de diversification : en essayant de soutenir des nouvelles industries et entreprises agro-touristiques en zones rurales. Mais il s’agit d’un échange à double sens : l’Europe peut également apprendre de l'expérience israélienne : une sorte de fertilisation croisée pour employer la terminologie agricole, bénéfique aux deux parties. Les entrepreneurs israéliens qui tentent de développer des initiatives agro-touristiques, qu’ils résident dans des kibboutzim, des moshavim ou, par exemple, dans les communautés de Bédouins du Néguev, se heurtent aux mêmes défis administratifs, poursuit l’ambassadeur. Je suis fasciné par la manière dont toutes ces initiatives contribuent au développement des zones rurales, tout en maintenant en vie les

différentes traditions qui enrichissent la diversification de la société israélienne. » Dans le cadre du projet de jumelage, le MADR a choisi des experts italiens et allemands pour aider Israël à développer son programme de développement rural, en vue d'harmoniser la politique israélienne de développement rural avec la législation européenne en vigueur et de réaliser ainsi l'un des objectifs du plan d'action UE-Israël, au titre de la politique européenne de voisinage. Le ministère italien des politiques agricoles, alimentaires et forestières, a désigné Giuliano Polenzani (Ombrie) comme conseiller résident de jumelage (CRJ). M. Polenzani apporte une expérience de terrain pour mobiliser les meilleurs experts italiens et allemands en la matière afin d’aider Israël à relever ces défis. Sa coopération quotidienne avec le personnel du MARD facilite l'adoption du programme de développement rural de l'UE par Israël. « Les agriculteurs européens et israéliens

« Les agriculteurs européens et israéliens ont les mêmes besoins et sont à la recherche de nouvelles sources de revenus. » Projets en marche 3 – Voisinage Européen Sud


ÉCONOMIE > ISRAËL

« Dans le cadre du projet de jumelage, l’UE nous apprend comment aider les nombreuses initiatives très diversifiées, telles que le vignoble de Névo et la Galerie d’art de Grand-père. » ont les mêmes besoins et sont à la recherche de nouvelles sources de revenus », déclare M. Polenzani. « La politique de développement rural est l'outil le plus approprié pour promouvoir la diversification agricole et le développement des communautés rurales. Grâce au jumelage, le MARD élabore un nouveau programme visant à soutenir l'agro-tourisme et les idées novatrices des entrepreneurs agricoles locaux qui cherchent des sources alternatives de revenus. » La Galerie d’art de Grand-père Nissim Lévy naît dans la région kurde de l'Irak en 1941 et émigre en Israël avec sa famille, à l'âge de 10 ans. Il travaille comme agriculteur dans le moshav de Zafririm, non loin de Mata, mais rencontre des difficultés pour joindre les deux bouts. À l'âge de 58 ans, il décide de consacrer plus de temps à sa véritable passion : la ferronnerie. Il découvre ra-

pidement qu'il possède un rare talent pour transformer de vieux objets abandonnés en œuvres d'art. Sa famille, ses amis et ses voisins commencent à affluer à l’atelier en plein air de Nissim, que ses petites-filles surnomment « la Galerie de Grand-père », afin d’admirer chaque objet en métal, bois et vieux plastique, recyclé en sculptures d’animaux, en instruments de musique et bien plus encore. La Galerie de Grand-père se transformera vite en attraction touristique. Afin d’offrir un service optimal aux visiteurs de plus en plus nombreux, Ziona, la femme de Nissim, propose désormais une cuisine ethnique à l’irakienne, et Galia, la fille de Nissim, organise des ateliers de fabrication de chocolats. La famille a aussi consacré une pièce au patrimoine kurde, dans laquelle vous pouvez voir de vrais costumes et tapis kurdes, ainsi que des photos. Aujourd’hui, la famille Lévy génère environ la moitié de ses revenus grâce au tourisme, et la Galerie de grand-père est devenue un brillant exemple d’une initiative soutenue par le MADR visant à encourager la diversification des activités en zones rurales. Shai Dotan, directeur du projet agro-touristique du MARD et homologue du CRJ, pense que la diversification est l’un des outils les plus importants pour le développement rural. « Dans le cadre du projet de jumelage, l’UE nous apprend comment aider les

nombreuses initiatives très diversifiées, telles que le vignoble de Névo et la Galerie d’art de Grand-père », déclare-t-il. Étant donné que le MARD développe un cadre intégré pour le développement agricole durable, l’UE continuera de fournir des conseils et un soutien financier afin de renforcer les communautés rurales israéliennes. Texte par Marc Weiss Photos par AFP © EU/Neighbourhood Info Centre

JUMELAGE Le jumelage est un instrument de coopération entre les administrations publiques des États membres de l'Union européenne et des pays bénéficiaires.

http://ec.europa.eu/enlargement/t enders/twinning/index_fr.htm Le jumelage est une initiative lancée par la Commission européenne, initialement destinée à aider les pays candidats à se doter des capacités et de l'expérience nécessaires pour adopter, appliquer et faire respecter la législation européenne. Depuis 2004, le jumelage s’est également étendu à la région de l’IEVP. Sur la base d’une demande, les projets permettent d’unir les compétences du secteur public des États membres de l’EU et des pays partenaires, dans le but de renforcer les activités de coopération. Les projets de jumelage sont des projets communs, partagés par les deux administrations partenaires. Le pays partenaire en conserve la propriété. Pour en savoir plus : EU Neighbourhood Info Centre – Fiche sur le jumelage http://www.enpiinfo.eu/mainmed.php?id=173&id_type=10&lang_id=469 Twinning News http://ec.europa.eu/europeaid/where/neighbourhood/over view/twinning_fr.htm EU Neighbourhood Feature – reportage http://www.enpiinfo.eu/mainmed.php?id=383&id_type=6&lang_id=469

n L’ambassadeur de l’UE en Israël Lars Faaborg-Andersen (C) écoute un propriétaire de

Instruments de coopération internationale http://www.enpiinfo.eu/mainmed.php?id=339&id_type=10&lang_id=469

vignoble lors d’une visite dans un domaine du moshav de Mata.

Projets en marche 3 – Voisinage Européen Sud

93


Transition formation-emploi et insertion professionnelle

Des jeunes diplômées de l’initiative « Jeunes femmes créatrices d'emplois » travaillant dans une boutique de Ramallah, en Palestine. L'atelier a été organisé dans le cadre du projet de l’Union pour la Méditerranée. (photo AFP © UE/Neighbourhood Info Centre).


Entretien avec Madlen Serban directrice de la Fondation européenne pour la formation

Si le nom de l’organisation – Fondation européenne pour la formation (ETF, European Training Foundation) – apparaît tout à fait explicite, il peut aussi être trompeur : l’ETF n’est pas une fondation, elle n’est pas active dans l’Union européenne et ne s’occupe pas de formation ! Cette agence européenne aide par contre les pays partenaires à développer leurs systèmes d’enseignement et de formation professionnels (EFP) et leurs systèmes d’organisation du marché du travail en vue d’améliorer l’emploi et l’employabilité. C’est ce qu’explique Madlen Serban, sa directrice, dans un entretien exclusif accordé au Centre d’information pour le voisinage européen. Comment l’ETF réalise-t-elle son objectif : aider les pays partenaires à développer leurs systèmes d’enseignement et de formation professionnels et leurs systèmes d’organisation du marché du travail dans l’optique de l’emploi ? Nous essayons de nous assurer que chaque pays mette en place des politiques et stratégies publiques appropriées dans ces domaines, qu’il dispose d’un cadre législatif pour les soutenir et que les parties prenantes bénéficient d’un appui à la mise en œuvre. Le cycle repose donc sur l’élaboration, l’adop-

Projets en marche 3 – Voisinage Européen Sud

tion et la mise en œuvre des politiques. Par parties prenantes, j’entends ici les gouvernements, mais comme les politiques doivent être inclusives, nous travaillons aussi en coopération avec les employeurs et les associations syndicales nationales et sectorielles, ainsi qu’avec les organisations de la société civile. Nos 35 pays partenaires sont regroupés en fonction des instruments extérieurs de l’UE dont ils bénéficient – élargissement, voisinage méridional et oriental et Asie centrale. Quels sont les bénéficiaires de vos activités ? L’ETF opère au niveau systémique, et aide les pays partenaires à renforcer leurs instituts d’enseignement et de formation professionnels et leurs organismes du marché du travail. Nos premiers bénéficiaires sont donc les décideurs politiques, c’est-à-dire les gouvernements et leurs partenaires – les associations patronales, les syndicats et les organisations de la société civile, mais aussi les établissements spécialisés dans l’enseignement et la formation professionnels comme les centres ou le Conseil d’EFP. Nous encourageons les pays à mettre en place un processus décisionnel inclusif, qui associe la société civile. Prenons l’exemple de l’initiative Jeunes leaders de la Méditerranée, dans le Sud du voisinage, une région où les jeunes représentent plus de la moitié de la population. Nous ne pouvons pas élaborer des politiques pour eux. Nous devons le faire avec eux. En 2012, nous avons ainsi organisé un concours afin de sélectionner des jeunes leaders de moins de trente ans, avec une expérience en gestion publique, en vue de les associer au processus de décision dans le secteur de l’EFP. C’est ce qu’on appelle le processus de Turin (ville où l’ETF est basée). Quelles sont les sources de financement de l’ETF? Nous ne sommes pas une société commerciale, nous n’allons donc pas chercher nous-mêmes des fonds. Nous sommes un organe de l’UE compétent dans le domaine des politiques européennes de l’éducation, de la formation et de l’emploi. Nous sommes donc financés par l’UE et les fonds nous sont octroyés sur codécision du Parlement européen (PE) et du Conseil. L’ETF opère selon un cadre de financement pluriannuel. Le programme pour 2014-2020 est actuellement en examen. Il repose sur un plan stratégique pluriannuel, avec une évaluation à mi-parcours en 2017. Nous soumettons aussi chaque année un plan de travail annuel. Notre stratégie et nos fonds doivent d’abord être adoptés par notre Conseil de direction, avant d’être approuvés par le Parlement européen. La Commission européenne, représentée par la direction générale de l’éducation et de la culture, et chaque État membre ont une voix au sein du Conseil de

direction. Ce dernier compte aussi six observateurs – trois experts indépendants nommés par le PE et trois représentants pour les pays partenaires. L’ETF apporte-elle une contribution intellectuelle ou financière aux initiatives locales ? L’ETF ne finance aucune initiative. Ce n’est d’ailleurs pas l’argent qui intéresse les pays, les régions ou les établissements. Ce qui compte pour eux, c’est que l’EFP fasse vraiment la différence pour leurs communautés et ils en sont convaincus. Toutefois, nos partenaires ne disposent pas toujours des compétences nécessaires, nous essayons donc de les renforcer en leur faisant bénéficier de notre propre expertise. Nous pouvons aussi mobiliser l’expertise des États membres de l’UE, des pays partenaires eux-mêmes ou des organisations internationales. Quelles sont selon vous les principales réalisations de l’ETF ? C’est d’abord et surtout notre capacité à agir lorsqu’une action s’impose. Aux premiers jours du Printemps arabe par exemple, nous étions la seule agence de l’UE active dans le domaine du développement des ressources humaines dans des pays comme la Tunisie et la Libye. Nous étions là pour soutenir les sociétés dans leur développement systémique. Nous avons aujourd’hui de bonnes relations avec les autorités et les acteurs libyens, ce qui constitue une réussite stratégique. Malgré un certain climat de violence, nous continuons à coopérer avec le gouvernement afin de garantir un avenir aux citoyens, une fois que la situation se sera normalisée. Il en va de même en Égypte. Autre réalisation majeure, nous ouvrons actuellement la voie à un financement européen à grande échelle en participant à l’identification des domaines politiques nécessitant un soutien sous la forme d’expertise et d’assistance, financée par le budget de la DG du développement et de la coopération (DEVCO). Nous avons par exemple mobilisé un projet à hauteur de 50 millions d’euros en Égypte. Quels sont les principales difficultés rencontrées ? Dans le Sud, le principal défi reste la stabilité. Ensuite, dans les deux régions, nous continuons à nous heurter aux préjugés, nourris par les autorités et les citoyens qui considèrent l’EFC comme un second choix. Les gens pensent qu’un diplôme universitaire est la garantie d’un emploi à vie. Certes, ce genre d’ambition est un atout, mais ce n’est pas suffisant. Il y a aujourd’hui une pléthore de diplômés universitaires, ce qui crée un déséquilibre entre l’offre et la demande sur le marché de l’emploi. Un autre défi est la forte centralisation du système d’enseignement et de formation professionnels. Les initiatives régionales restent très rares, mais nous sommes fiers de les soutenir.

95


PEOPLE > JORDAN

Pour en savoir plus La Politique Européenne de Voisinage (PEV) Elle a été développée après l'élargissement de l'Union européenne à 10 nouveaux pays en 2004, afin d'éviter l'émergence de nouvelles lignes de division en Europe. Avec la PEV, l'UE propose à ses voisins une relation privilégiée, basée sur un engagement mutuel en faveur de valeurs communes – la démocratie et les droits de l'homme, l’Etat de droit, la bonne gouvernance, les principes d'économie de marché et de développement durable. La PEV offre une relation politique et une intégration économique approfondie grâce aux réformes en tant que moyen de parvenir à la paix, la stabilité et la prospérité économique. Après un réexamen complet, l'UE a proposé en 2011 une Politique Européenne de Voisinage révisée, cherchant à renforcer les liens à travers l’approche « plus pour plus» qui fournit des fonds supplémentaires aux pays les plus engagés dans les réformes. Les pays participants sont : l'Algérie, l'Arménie, l'Azerbaïdjan, la Biélorussie, l'Egypte, la Géorgie, Israël, la Jordanie, le Liban, la Libye, la Moldavie, le Maroc, la Palestine, la Syrie, la Tunisie et l’Ukraine. Bien que la Russie soit également un voisin de l'UE et bénéficie des avantages de l'IEVP, les relations sont développées via un Partenariat Stratégique. http://eeas.europa.eu/index_fr.htm

L’Union pour la Méditerranée (UpM) Le « Processus de Barcelone : Union pour la Méditerranée» a été lancé à Paris le 13 juillet 2008 dans une volonté de donner un nouvel élan au processus de Barcelone, le cadre qui gère les relations entre l'UE et ses voisins du Sud. En novembre 2008, il a été rebaptisé simplement « Union pour la Méditerranée » (UpM). En mars 2010, le siège du Secrétariat de l'UpM à Barcelone a été inauguré et son mandat a été défini comme étant l'identification, le traitement, la promotion et la coordination de projets qui améliorent et renforcent la coopération, et ont un impact direct sur la vie des citoyens. L'UpM regroupe de façon proactive des projets transnationaux, régionaux, sous-régionaux dans des secteurs tels que les transports, l'énergie, l'eau, la protection de l'environnement, l'enseignement supérieur et la mobilité, la recherche, les affaires sociales, l'autonomisation des femmes, la promotion de l'emploi et le développement des entreprises. Bien que la taille et la portée des projets peuvent varier – allant des micro-projets sur l'emploi et l'entreprenariat des femmes aux initiatives macroéconomiques comme le Plan Solaire Méditerranéen - ils revêtent tous un grand intérêt politique et économique. http://ufmsecretariat.org/fr/

Commission Européenne Direction Générale Développement et Coopération – EuropeAid B-1049 – Bruxelles – Belgique http://ec.europa.eu/europeaid

Liens utiles Commissaire à l’élargissement et PEV http://ec.europa.eu/commission_2010-2014/fule/ Site internet de la PEV http://eeas.europa.eu/enp/index_fr.htm Développement et Coopération – EuropeAid http://ec.europa.eu/europeaid/index_fr.htm Service d’Action Extérieure (SEAE) http://eeas.europa.eu/index_fr.htm

96

Projets en marche 3 – Voisinage Européen Sud


L’Instrument Européen de Voisinage (IEV) 2014-2020 L'UE est un bailleur essentiel du Voisinage. L’appui à la région est principalement acheminé par l'intermédiaire de la Direction Générale du développement et de la coopération – EuropeAid L'un des principaux outils est le nouvel IEV (Instrument Européen de Voisinage), doté de 15,4 milliards d’euros pour la période 20142020, et qui fournira l'essentiel du financement des pays de la PEV. Il permettra également aux citoyens du Voisinage de participer à des programmes internes de l'UE qui ont réussi, dans des domaines tels que la mobilité des étudiants, la jeunesse et le soutien à la société civile. Une attention particulière sera accordée à l'engagement avec la société civile. L'IEV remplace l’Instrument Européen de Voisinage et de Partenariat (IEVP) qui a bénéficié d'un financement de 11,2 milliards d’euros pour la période 2007-2013. Les six objectifs :

Octroi du soutien

Les mots clés de l’IEV

• Renforcer les droits de l'homme et les li-

Le soutien de l'IEV est programmé et octroyé de trois façons différentes :

Plus rapide et plus flexible : réduire la complexité et la longueur du processus de programmation pour ne pas compromettre la pertinence de l'aide. Afin d'augmenter encore la capacité de l'UE à réagir aux événements imprévus, de nouveaux mécanismes ont été mis en place pour réviser les instruments afin d’accroître la flexibilité.

bertés fondamentales, l'État de droit, l'égalité, la démocratie durable, la bonne gouvernance et la prospérité de la société civile.

• Réaliser l'intégration progressive dans le marché intérieur de l'UE et améliorer la coopération notamment à travers le rapprochement des législations et la convergence des règlementations, le développement des institutions et les investissements.

• Créer des conditions propices à la bonne gestion de la mobilité des personnes et à la promotion des contacts interpersonnels.

• Encourager le développement, la réduction de la pauvreté, la cohésion économique, sociale et territoriale interne, le développement rural, les actions contre le changement climatique et la résilience aux catastrophes.

• Promouvoir l'instauration d'un climat de confiance et d'autres mesures contribuant à la sécurité ainsi qu'à la prévention et à la résolution des conflits.

• Améliorer la collaboration sous-régionale, régionale et à l'échelle du voisinage, ainsi que la coopération transfrontalière.

Projets en marche 3 – Voisinage Européen Sud

• Les programmes bilatéraux couvrant le soutien à un pays partenaire ; • Les programmes multi-pays qui répondent aux défis communs à tous les pays partenaires ou à un certain nombre d'entre eux, et la coopération régionale et sous-régionale entre au moins deux pays partenaires ; • Les programmes de coopération transfrontalière entre des États membres et des pays partenaires qui partagent une frontière commune, le long de la frontière extérieure de l'UE (y compris la Russie).

Des incitations pour de meilleures performances : l’utilisation de l'approche plus-pour-plus permet à l'UE d'accroître son soutien à ces partenaires qui mettent véritablement en œuvre ce qui a été convenu conjointement. Le principe du plus-pour-plus : introduit lors de la dernière révision de la PEV en 2010-11, ce principe signifie que l'UE développera des partenariats plus solides et offrira davantage d'incitations aux pays qui montreront un plus fort engagement dans les réformes démocratiques - élections libres et équitables, liberté d'expression, de réunion et d'association, indépendance de la justice, lutte contre la corruption et contrôle démocratique des forces armées. Responsabilité mutuelle : cela signifie que l'UE est responsable envers ses partenaires pour le soutien promis, et les partenaires à leur tour sont responsables envers l'UE pour leurs progrès dans les réformes politiques et économiques. En ce qui concerne l’attribution de l’aide, le soutien de l’IEV prend davantage en compte les droits de l'homme, la démocratie et la bonne gouvernance.

97


EU Neighbourhood Info Centre An ENPI project

www.enpi-info.eu abonnez-vous

Le Centre d'information pour le voisinage européen / EU Neighbourhood Info Centre est un projet de communication régional financé par l'UE qui vise à mieux faire connaître le partenariat entre l'UE et ses pays voisins.

graphic design Michela Scibilia layout www.fbrh.eu printed by Grafiche Vianello – Treviso, Italy

2014

A project implemented by

Photo de couverture: une journaliste qui participe au programme européen “Média communautaires: pour informer les citoyens” au Maroc. Photos AFP © EU / Neighbourhood Info Centre

Restez connectés Restez connectés Restez connectés


Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.