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La culture du débat s’enracine www.enpi-info.eu
Qu’est ce qui se passe quand deux groupes ne partagent pas le même avis ? Il faut qu’ils apprennent, si non à se convaincre, au moins à s’écouter. Sur la rive sud de la Méditerranée, un des grands défis c'est d'apprendre à vivre dans la différence. Le projet « Young Arab Voices » initié et piloté par la Fondation Anna Lindh et le British Council, vise à enraciner la culture du débat parmi les jeunes et à développer leur sens de la critique. Après avoir participé à une formation ‘au débat’, un journaliste du Centre d'information sur le voisinage européen nous livre ses impressions. Texte par: Kamel Bouaouina Photos par: AFP © EU/Neighbourhood Info Centre
TUNIS - Faut-il être intolérant envers un être intolérant ? Faut-il tuer un être qui tue ? Dans un contexte social où la violence gagne chaque jour du terrain, il est normal que l'on s'interroge sur ses origines. Selon la loi dite du talion : « œil pour œil » on devrait combattre le mal par le mal et l'injustice par l'injustice. « Je crois que Gandhi avait parfaitement raison en disant: ‘L’ œil pour œil rendra le monde entier aveugle’ », affirme Souad Yakoubi, étudiante à l’Institut des langues Ibn Charaf. « La vengeance a pour première fonction l’élimination du délinquant - contrebat Jed Ben Aoun, étudiant à l’IHEC - c’est une mesure de protection sociale pour préserver l’ordre public et empêcher la récidive ». Ce passionnant débat est organisé au British Council à Tunis dans le cadre du projet « Young Arab Voices » initié Cette publication ne et piloté conjointement par la Fondation Anna Lindh pour le Dialogue entre les Cultures et le British Council. représente pas Cette rencontre est inédite, car on peut sentir à quel point le sujet tient l'opinion officielle de à cœur aux six jeunes étudiants tunisiens venus participer et s’interla CE ou les EU Neighbourhood Info Centre institutions de l'UE. roger sur cette loi. Durant cette matinée flotte dans l’atmosphère un La CE n'assume Reportage no. 101 exaltant parfum d’échange. Et pourtant ces deux groupes ne partaaucune responsabilité Ceci est une série de reportages sur gent pas le même avis. quelle qu'elle soit les projets financés par l' EU, quant à son contenu. élaborée par des journalistes et des Le plaidoyer ? Ca s’apprend photographes sur le terrain ou par C’est justement l’intérêt du projet « Young Arab Voices » qui vise à enl' EU Neighbourhood Info Centre. raciner cette culture de débat et à offrir aux jeunes des meilleurs tech© 2013 EU/Neighbourhood Info Centre niques, entre autres, oratoires, afin qu’ils aient un meilleur plaidoyer
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EU Neighbourhood Info Centre – Reportage no. 101
n Chamsseddine Abdelhafidh , un des participants au projet Young Arab Voices
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Hamza Kaabar, responsable du projet
« La rue est encore chaude, un des grands défis de la Tunisie, c'est d'apprendre à vivre dans la différence. Nous n'avons pas l'habitude d'échanger des opinions, d'opposer des styles de vie »
pour défendre leurs avis concernant les questions qui sont au centre de leurs intérêts. «Ce programme - comme le précise Hamza Kaabar, responsable du projet - tend notamment à développer le sens de la critique chez nos jeunes, à renforcer leurs connaissances en politique, à développer leurs capacités d’analyse, promouvoir la culture du débat démocratique et créer un lien entre les jeunes et les organes de décision politique ». « La rue est encore chaude - constate Souhir Chaari, activiste tunisienne - un des grands défis de la Tunisie, c'est d'apprendre à vivre dans la différence. Nous n'avons pas l'habitude d'échanger des opinions, d'opposer des styles de vie ». La volonté du British Council et de la Fondation Anna Lindh est de multiplier ce genre de débats, afin que le brassage des opinions soit toujours plus enrichissant. «On doit donner la parole aux jeunes pour leur permettre d’avancer dans cette aventure démocratique»: Wissem Boudrigua, étudiant à l’institut supérieur des sciences humaines de Tunis, estime que ce plaidoyer consiste à adopter une position afin d’amener un changement positif. « On doit écouter les propositions, préparer les contre-arguments et lorsqu’on opposera les idées, il faut savoir répondre et faire preuve de respect et de maturité, car une personne qui possède une idée différente de toi n’est pas contre toi. Un bon débat – il conclut – est une argumentation structurée par laquelle deux discours opposés essaient de convaincre l'auditoire ». C’est exactement ce qui se passe dans le débat sur l’«œil pour œil». La première équipe qui s'exprime en faveur de la loi du talion a donc le fardeau de la preuve et doit préparer une argumentation rigoureuse. La seconde s'oppose à l’idée proposée, mais doit défendre sa position. Dense, riche, instructif, passionné, le débat est parfois tendu. Souhir Chaari défend bien sa cause. « On doit appliquer dans certaines occasions cette loi du talion, l’une des lois les plus anciennes de l’histoire de l’humanité. C’est de la légitime défense ». Basma Ghali, étudiante à l’institut des langues Ibn Charaf de Tunis, ne l’admet pas: « Ce concept fait référence à une philosophie de la justice dépassée et barbare, relevant de la vengeance privée et non de la justice où chaque acte en entraînait un autre ». Ce dialogue initié par Young Arab Voices éveille l’esprit à de nouvelles perceptions de la réalité, ajoute Souad Yakoubi « La jeunesse tunisienne dit-elle - a joué un rôle important pour provoquer le changement démocratique et il est essentiel qu’elle continue à pouvoir participer et à faire entendre sa voix . Je suis ravie que la Fondation Anna Lindh et le British Council soutiennent cette initiative remarquable ». La jeunesse au cœur du changement Il est vrai que cette jeunesse a constitué le principal acteur du changement au cours des événements qu’ont traversé les pays arabes depuis 2011 et elle restera indispensable dans les nouveaux systèmes
«On doit donner la parole aux jeunes pour leur permettre d’avancer dans cette aventure démocratique»
n Souhir Chaari, activiste tunisienne
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politiques demandés par les sociétés, mais aussi dans la conception de nouveaux modèles de développement centrés sur la création d’emplois, le développement local et la durabilité. «Ces jeunes - conclut Hamza Kaabar, responsable du projet - sont appelés à devenir des acteurs de leur propre destin dans la sphère politique et économique tunisienne, et là un agenda commun de développement Nord-Sud est nécessaire pour consolider ce partenariat et redéfinir la coopération Euro-méditerranéenne ». Selon Mr Kaabar, les programmes de la Fondation Anna Lindh n Wissem Boudrigua, étudiant à l’institut supérieur des sciences humaines de Tunis comme Young Arab Voices pourront contribuer à réaliser tous ces objectifs, en considération du fait qu’ils visent à donner plus de poids aux voix de la jeunesse tunisienne et à fournir à cette dernière une tribune pour être entendue. « C’est uniquement à travers le dialogue, le rapprochement des peuples, la confrontation et la compréhension réciproque qu’il est possible de combattre les préjugés et les esprits fermés à la diversité – il conclut - et c’est seulement en faisant tomber les barrières de l’ignorance qu’il est possible de s’ouvrir à la curiosité envers autrui, au besoin de connaissance et à l’enrichissement mutuel nourri par l’échange Nord-Sud ».
« Un bon débat est une argumentation structurée par laquelle deux discours opposés essaient de convaincre l'auditoire »
Young Arab Voices http://www.youngarabvoices.org/ Le programme Young Arab Voices a été lancé conjointement en 2011 par la Fondation Anna Lindh et le British Council en réponse aux changements politiques historiques et sociaux qui ont eu lieu dans toute la région arabe. Le but de ce programme est de renforcer les compétences des jeunes en matière de débat et de faciliter la participation des jeunes dans les nouveaux processus de transition démocratique et de réforme. Il a conduit à la création de clubs de débats portant sur un large éventail de sujets, dans les écoles et universités ainsi que dans les espaces culturels et les ONG locales. Young Arab Voices est soutenu par la Commission européenne et de la Ligue des États arabes et co-financé par l'Initiative de l'Office britannique des Affaires étrangères en faveur du partenariat arabe. La Fondation Anna Lindh pour le dialogue entre les cultures promeut la connaissance, le respect mutuel et le dialogue interculturel entre les populations de la région euro-méditerranéenne, grâce à un réseau de plus de 3 000 organisations de la société civile réparties dans 43 pays. Son budget est co-financé par l'UE (7 millions d'euros) et par les États membres de l'UE (6 millions d'euros).
Pour en savoir plus
Fondation Anna Lindh – fiche et actualités Fondation Anna Lindh – site internet Eu Neighbourhood Info Center – fiche thematique: JEUNESSE http://www.enpi-info.eu/thememed.php?subject=13
EU Neighbourhood Info Centre An ENPI project L’ENPI Info Centre est financé par l'UE dans le cadre du programme régional d'information et de communication en vue de mettre l’accent sur le partenariat entre l'UE et les pays voisins. Le projet est géré par Action Global Communications.
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