3 minute read
L’Alvis Graber Super du président
«Un monument historique suisse»
Hermann Graber a carrossé 130 Alvis au cours de sa longue carrière. Mais pour le président de la section vaudoise de l’ACS, l’avocat Jean-David Pelot, cette TE 21 Super de 1964 est unique à plus d’un titre. Par Pierre Thaulaz
Advertisement
AUTO: Pourquoi avoir craqué pour cette voiture?
Jean-David Pelot: Le coup de cœur, je l’ai eu l’année dernière. Frustrés de ne pas avoir pu participer au British Meeting Car sur les quais à Morges, on a organisé une petite sortie dissidente entre amis. Lorsque j’ai vu arriver Christoph Grohe (réd.: professionnel et amoureux de voitures de collection) au volant de cette Alvis T21 Série 3, j’ai vu très vite que c’était une «Graber». Le dessin est bien plus moderne que les autres de la même époque. Les châssis Alvis qui étaient carrossés par Willowbrook ou Park Ward étaient beaucoup plus traditionnels et plus lourds. On est en 1964, pas beaucoup d’années après la Seconde guerre mondiale, la Grande-Bretagne se remet à peine d’une économie ravagée. Ce qui veut dire que la conception de base de cette voiture est ancienne. Le génie de Graber est de faire d’une espèce de vieux châssis traditionnel une voiture sexy des années 60. J’ai toujours aimé la manière de Graber de poser le pavillon, lequel effleure le reste de la carrosserie. J’adore aussi les phares superposés façon Facel Vega, Mercedes Pagode ou W109. Je trouve ça d’une suprême élégance, au même titre que les trois petits phares à l’arrière qui donnent l’impression d’avoir affaire à une DB5, moins chère cela dit…
Le renflement sur le capot comme sur la DB5?
Absolument. C’est une œuvre d’art, un monument historique suisse. Cette voiture a été entièrement tapée sur des moules en bois, c’est aussi l’une des raisons pour lesquelles j’ai craqué. Le jour même j’ai dit à Christoph: «Mais elle est à vendre?» Et puis on a discuté le bout de gras!
L’intérêt, c’est aussi la rareté de l’objet?
Une dizaine d’exemplaires ont été carrossées par Graber sur les 353 exemplaires de TE 21 Série 3 qui ont été fabriquées entre 1964 et 1966. Leur prix était apparemment rédhibitoire.
On s’y attache de plus en plus?
Oui. Hermann Graber a viré le start à la manivelle sur tous les modèles TE. Même si je suis plus attaché à l’esthétique qu’à la mécanique, j’adore les 6- cylindres, une caractéristique chez les Anglais, contrairement aux V8 d’origine américaine. Je n’ai avalé que 1100 kilomètres à son volant, mais elle tourne magnifiquement bien. La boîte ZF à 5 vitesses en fait une voiture moderne, même si celle-ci est privée de direction assistée. Cela dit, la position de conduite rappelle encore une fois que c’est une voiture de conception ancienne, puisque la colonne de direction n’est pas réglable.
Les châssis arrivaient nus de Grande-Bretagne?
Non. Quand on regarde la commande de l’époque, on constate que Graber choisit certains éléments, comme par exemple les roues Borrani ou les pneus Dunlop. Il économise 4 livres sterling en renonçant à
«Un monument historique suisse»
la batterie. Normal puisqu’elle serait morte le temps de la fabrication. C’est toujours intéressant de fouiller dans les papiers, ça donne une âme à la voiture. Celle-ci a connu cinq propriétaires avant moi, mais j’avoue que dans mes coups de cœur automobiles, la position d’amant ne me gêne pas!
Hermann Graber, le plus grand carrossier suisse?
Je pense. D’abord, il a eu une grande longévité, il a carrossé une multitude de Bentley et il a littéralement boosté Alvis. Sur Internet, on découvre des vidéos relatives à ses créations jusqu’en Nouvelle-Zélande.
FICHE SIGNALÉTIQUE
Alvis: marque anglaise fondée en 1919, disparue en 1967 Dernier modèle produit TF 21
TE 21 Graber Super
Cylindrée Puissance
2993 cm3 136 ch
Carburateurs
2 xSU HD6 Châssis 27030 1ère mise en circulation 1.1.1964 Poids à vide 1475 kilos
Comme l’indique le «carnet du lait» de Graber, l’Alvis portant le numéro de châssis 27030 a été livrée le 14 mai 1964 à son premier propriétaire, M. Dieziger.