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Les frères Genecand : à eux les petites anglaises
A eux les petites anglaises…
Une citation célèbre dit «Quand on aime, on ne compte pas», c’est sans doute en vertu de ces mots que s’est nourrie cette passion des frères Didier et Gislain Genecand pour les voitures anglaises et plus particulièrement la marque TVR. Par Gérard Vallat
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En allant à la rencontre de Didier et Gislain Genecand, les deux frères nous ont non seulement ouvert la porte de leurs garages respectifs, mais aussi celles de leurs passions pour l’automobile en général, avec peut-être quand même cette petite affinité particulière pour les voitures anglaises et notamment pour la marque TVR. L’origine d’une passion, quelle qu’elle soit, est-elle banale ? La réponse à cette question est évidemment négative, chaque centre d’intérêt si intenses que l’on nomme passion trouve généralement sa source dans des moments d’émotions, souvent vécus dans l’enfance. Des émotions qui ont également amenés les deux frères sur les pistes et circuits de compétition auto et moto.
ACS : Pouvez-vous situer l’origine de cette passion commune pour l’automobile ?
Didier Genecand : Tout ça remonte à l’enfance. Notre génération faisait le compte à rebours pour être prêts le jour de nos 18 ans à aller chercher le permis de conduire provisoire. Au même moment, on s’inscrivait pour passer ce permis. A cette époque, le casque n’était pas obligatoire pour la moto, pas davantage que la ceinture de sécurité et la limitation de vitesse n’existait pas. Pour mon intérêt des voitures anglaises, c’est arrivé très tôt, puisque je me suis acheté pour 1’500 francs une vieille Jaguar Type E vers mes 18 ou 19 ans. Personne ne voulait de ces vieilles caisses. J’ai toujours cette Jaguar, à laquelle j’ai agrandi ma collection en faisant l’acquisition de quelques autres anciennes, achetées dans le même esprit. Ensuite, il y a quelques années, j’ai commencé de m’intéresser à TVR en achetant au salon de l’occasion mon premier modèle, une Chimaera cabriolet.
ACS : Comment s’est faite cette rencontre avec TVR ?
DG : J’avais entendu parler de TVR, mais je ne peux pas dire que j’en rêvais. Ce qui m’a plu, c’est le fait que ces voitures soient très atypiques dans tous les sens du terme. De la conception au design, tout est spécial sur une TVR. Dès que j’ai pris possession de ma Chimaera je l’ai emmenée en Angleterre chez Power performance, un spécialiste de la marque. Cette voiture avait le moteur V8 Rover 4 litres, je l’ai fait améliorer en 5 litres. A l’époque de sa production, la Chimaera pouvait concurrencer une Porsche 911, avec 350 chevaux pour 1000 kilos. Et petit détail important, ce modèle a été produit à plus de 6800 exemplaires, ce qui en fait la TVR la plus répandue. Le point fort de cette voiture est donc ce moteur connu et éprouvé, mais malheureusement TVR s’est mis a fabriquer son propre moteur V8, copie conforme du Hart F1. Un moteur de compétition donc, léger et très particulier qui, de par sa conception prend des tours comme un 4 cylindres, avec le handicap de manquer de couple. Mais cela ne m’a pas empêché d’acquérir une Cerbera, qui est la TVR la plus rapide, avec une inscription sur le permis de circulation qui indique que la vitesse maximale est de 308 km/h. Pour mes autres TVR, chaque acquisition a sa propre histoire, qui découlent de rencontres avec des amateurs et spécialistes anglais.
Gislain Genecand : Mon frère a acheté sa première TVR il y a bientôt dix ans, personnellement, je ne savais même pas que
cette marque existait. C’est après avoir vu sa Chimaera que je me suis intéressé à la marque et que je me suis offert cette Tuscan que je trouve très belle.
ACS : D’ailleurs vous possédez d’autres modèles équipés de moteurs TVR ?
DG : Oui, j’ai une Sagaris qui est a le moteur «Speed six» un six cylindres en ligne de 4000 cm3 qui a causé passablement de soucis au début. La société connaissait des problèmes financiers, ce qui l’a poussé à sous-traiter des éléments en Inde, tels que le vilebrequin et les arbres à cames. Le résultat a été que ce moteur consommait de l’huile et à 20’000 kilomètres les arbres à cames étaient foutus. Et puis j’ai aussi une T350 qui a ce moteur en 3600 cm3 .
GG : Pour ma part, ma Tuscan est équipée de ce moteur en 4300 cm3. Pour expliquer en partie les raisons de cette hécatombe de moteurs sur les premières Sagaris, il faut préciser que ces voitures étaient livrées à leurs propriétaires sans avoir vraiment été testées, ce qui fait que les premiers acheteurs jouaient un peu le rôle de cobaye. Par la suite, ces problèmes ont été identifiés et ce moteur est maintenant fiable. Néanmoins, une TVR reste une TVR, avec le charme, ou les problèmes qu’implique le fait que tous la majorité des composants sont faits maison.
ACS : Comment décrivez-vous la conduite de vos TVR
GG : Pour ma part je parlerais davantage de pilotage que de conduite, ce sont des voitures «viriles» sans aucune assistance, pas d’antipatinage ni d’ABS. Pour freiner une TVR, il faut appuyer fort. DG : Chacune a sa personnalité, la Cerbera est presque trop puissante, avec 420 chevaux aux roues arrières, la Sagaris est une voiture rare, seuls 198 exemplaires ont été produits. Elle a une apparence très agressive, c’est un kart avec une puissance de 406 chevaux pour à peine plus de 1000 kilos. Et la T350 est un peu dans la même lignée, avec également un très petit nombre de voitures produites. En résumé, ces TVR sont des voitures très particulières, dans leurs formes, leurs mécaniques, tout est spécial dans cette marque, donc rouler à leur volant reste toujours très spécial.
ACS : En parallèle de cet intérêt pour les voitures routières, vous avez et êtes encore actifs en sport motorisés ?
GG : Cet autre intérêt pour les sports motorisés nous vient de Gislaine, notre mère et de nos tantes qui étaient de grandes passionnées de voitures, de F1 et aussi de motos. Jeunes, elles habitaient à Eaumorte, où se courait le kilomètre lancé et elles nous parlaient de Toulo De Graffenried qui avait parqué sa voiture dans la grange familiale.
Notre père suivait, mais c’était une histoire de femmes. Elles se déplaçaient chaque année sur quelques Grands Prix, et nous emmenaient avec elles Didier et Suite page suivante
u MG-A v Jaguar Type-E w TVR Sagaris x Citroën SM y Rallyes historiques pour Didier Genecand... z ...et courses de Formule Ford Classic pour Gislain
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moi. J’ai un poster de Monaco 1968 dédicacé par Jackie Stewart, Dennis Hulme, Colin Chapman, Jacky Ickx etc.
DG : Je me souviens notamment d’être allé au Grand Prix d’Autriche quelques fois, dont l’année où Clay Regazzoni s’était classé deuxième derrière Jacky Ickx, avant de gagner à Monza deux semaines plus tard. J’étais aussi à Zeltweg lorsque Siffert a gagné avec sa BRM.
TVR UNE LONGUE HISTOIRE D’HOMMES
La marque TVR a été fondée à Blackpool en 1947 dans un ancien atelier de charron, par Trevor Wilkinson, qui a tout simplement utilisé trois consonnes de son prénom pour créer le nom de sa société. La première voiture est fabriquée en 1949. Ce premier châssis TVR avait l’essieu arrière d’une Morris Eight, avec suspension avant indépendante. Le moteur était un Ford à soupapes latérales de 1 172cm3 pour 35 chevaux. Quant à la carrosserie en aluminium, elle était peinte en British Racing Green. Hélas, cette TVR Number One n’existe plus. Dès 1953, la marque a inauguré le concept d’une carrosserie en fibres de verre reposant sur un châssis en acier tubulaire. Une conception qui perdure jusqu’à présent. Moins stable, la direction de TVR est passée en différentes mains depuis sa création. Le fondateur Trevor Wilkinson a veillé aux destinées de sa marque jusqu’en 1965, lorsqu’il a passé la main pour accueillir Martin Lilley qui quittera son poste en 1981, lorsque TVR est devenu la propriété de Peter Wheeler, jusqu’en 2004 lorsque Nikolai Smolensky tentera à son tour de redresser une marque toujours dans la tourmente. Finalement, en juillet 2012, Nikolai Smolensky annonce la cessation des activités de la marque, faute d’une rentabilité suffisante. L’accueil mitigé de la Sagaris est vraisemblablement une des causes de cet arrêt.
GÉNÉRATION ACTUELLE
Nouveau rebondissement dans l’histoire de TVR, lorsqu’en mai 2014, Nikolai Smolensky a accepté de vendre les droits de la marque au syndicat d’investisseurs «Syndicate of British Businessmen» dirigé par Les Edgard. Un ultime rebondissement qui a permis la création de la nouvelle TVR Griffith, présentée en première mondiale à Goodwood en 2017. Une voiture développée en étroite collaboration avec Gordon Murray, le légendaire ingénieur de F1, associé pour l’occasion au non moins légendaire constructeur de moteurs Cosworth. Basée sur la technologie «iStream Carbon» de Gordon Murray Design, l’utilisation d’un châssis tubulaire, avec des panneaux en carbone collés et une carrosserie légère, le tout propulsé par un moteur V8 Ford/ Cosworth placé à l’avant, cette nouvelle TVR Griffith reste fidèle aux premiers concepts de Trevor Wilkinson.
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