Grenoble : ville modulable et mesurable
Interstices spatio-temporels comme nouveau territoire du possible PFE ENSAG juin 2012
Directeur d’étude, Patrick Thépot Responsable du Master AedificationGrands territoires Villes, Françoise Véry Assistante, France Laure Labeeuw
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Laura Achard
Caroline Zaccariotto
Adeline Basty
PFE ENSAG juin 2012 Laura Achard Caroline Zaccariotto Adeline Basty
Grenoble : ville modulable et mesurable Interstices spatio-temporels comme nouveaux territoires du possible Les cabanes de la dalle Général Ferrié Le café de la poste Abbé de la Salle Les îles du square de Belmont La guinguette du marché de L’Estacade Le théâtre de la courette Ste Claire Le bureau du passage Stendhal
Membres du jury : Bénédicte Chardon architecte Guy Desgrandchamps architecte Hubert Guillaud architecte Halimatou Mama Awal architecte Alena Kubova architecte Hania Prokop architecte Pascal Rollet architecte
Patrick Thépot Directeur d’études Françoise Véry Responsable du Master
Aedification - Grands
territoires - Villes
France Laure Labeeuw Assistante
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Avant propos Toutes trois de dimensions et d’horizons différents partageons plus qu’une amitié, un lieu de vie et de citoyenneté, des envies et convictions qui nous ont amenées à travailler ces sujets ensemble. Animées par les voyages et les rencontres, c’est cette re-découverte de notre propre ville qui nous a attiré. Le plaisir et le partage comme maître-mots, vous avez entre les mains l’aboutissement de notre travail et de nos discussions. Trois jeunes femmes, donc, venues de Lyon, Varces et St Germain de Clairefeuille, villes et villages eux aussi de proportions différentes. Chacune a pu voyager et ainsi se confronter à la notion culturelle du « vivre-ensemble ». Caroline en 2009 part à Sao Paulo pour son année d’échange et c’est l’année d’après que Laura fera son propre voyage dans la ville de Porto Alegre. Adeline quant à elle a eu un aperçu des lieux communs du Sénégal oriental. Bien d’autres péripéties nous ont permis d’appréhender et d’occuper les espaces publics au sein même de la ville de Grenoble et d’ailleurs. Le Projet de Fin d’Études est pour nous le moyen de terminer cette étape en questionnant notre ville, Grenoble. Les études se finissant, en pleine définition de nos horizons futurs, que penser de cette ville qui nous a accueillies, abritées, mal-menées, et qui signifie aussi le lieu où nous nous sommes rencontrées !
5
p . 9 p.11
Introduction Problématique
p.12
I. Grenoble, à la reconquête d’une image
p.24
A. L’image de la ville
p.28
B. D’hier à aujourd’hui, de la capitale des Alpes au pôle scientifique rhônalpin 1- De l’automobile aux mobilités douces 2- De la marmite au Tupperware 3- Du bassin de vie à la ville archipel C. Demain, un autre regard sur Grenoble : « vivre ensemble séparément »
p.44
1- Les espaces publics dans les villes de demain 2- La notion de «vivre ensemble séparement» 3- L’urbanisme temporaire p.60
II. A vélo, partons à la chasse aux respirations urbaines
p.64
A. Privilégier le vélo, favoriser l’inattendu 1- Vélo/ville un tandem d’avenir 2- Liberté de déplacement et de temps
p.72
B. Privilégier l’individu, favoriser la rencontre 1- Corps humain, corps urbain 2- Acteur de l’espace à vivre C. Privilégier les interstices, favoriser l’espace public
p.78
1- Interstices urbains 2- Catalogue des espaces délaissés
6
Sommaire III. Expérimentation d’une méthode locale à portée globale
p.84
A. Le collectif
p.86
B. Les outils d’analyse, outils participatifs
p.88
C. Une architecture modulable : l’échafaudage
p.9 9
1- Définitions de l’échafaudage 2- Présentation des modules IV. Expérimentations In Situ
p.106
A. Des espaces traversant subis à des espaces choisis et appropriables
p.108
1-Les îles du square de Belmont 2-Le théâtre de la courette Ste Claire 3-Le bureau du passage Stendhal B. Des espaces vacants et oubliés à des espaces occupés et réactivés
p.158
1- Le café de la poste Abbé de la Salle 2- La guinguette du marché de l’Estacade 3- Les cabanes de la dalle Général Ferrié C. Aménagement des territoires d’expérimentations dans le temps Phase de construction / Phase d’expansion
p.210
Conclusion et ouverture Bibliographie
p.230 p.232
7
8
Introduction Dans le cadre des grands changements urbains qui vont intervenir sur Grenoble, nous choisissons cette ville comme premier territoire d’expérimentation d’une réflexion sur l’aménagement urbain. Ildefons Cerdà ne parle pas de hasard, mais de constitution urbaine reflétant les logiques contemporaines « La ville comme condensateur privilégié de modernité ». De grands projets impactants, tels que le projet de la presqu’île, la ZAC Flaubert ou encore la mise en place d’une cinquième ligne de tramway, participent à constituer, pour la ville, une image à visée nationale et internationale. Elle prône une citée faite d’éco-quartiers et revendique une renommée scientifique, vitrine de la nanotechnologie. Cependant cette image promulguée demeure incomplète car elle oublie son échelle locale. Grenoble est une ville populaire de taille moyenne. De nombreux événements culturels permettent à ses habitants de maintenir un mode de vie alternatif. Pourtant cette énergie locale n’est pas encore intégrée à la renomée territoriale. À l’heure des rénovations urbaines et des considérations qui en découlent il est essentiel de mettre en place une méthode afin de penser la ville de demain où l’habitant est au cœur des préoccupations. Ces outils se concrétisent notamment dans de nouveaux mouvements urbains, favorisant un développement et une reconstruction de la ville et de son image, partant de l’échelle locale vers le global et non l’inverse. De plus, concernant Grenoble, l’expansion de la ville est limitée du fait de son ancrage physique dans le territoire, il est donc important de continuer dans la pensée, d’ores et déjà mise en place par les décideurs, de « faire la ville sur la ville ». Il est essentiel de venir s’interroger sur l’existant entant qu’espace vécu, sur son évolution dans le temps et dans l’espace. Créer des lieux qui permettent de vivre sa ville et ainsi lui conférer un vécu au regard de ses propres usages. Comment par des actions locales pouvons-nous agir et influencer la vision globale de ce territoire en mutation ? 9
10
Problématique
En considérant, l’homme entant qu’habitant, les délaissés urbains résultants des aménagements principaux et le vélo comme nouvelle mobilité, comment pouvons-nous modifier l’image de cette ville partagée ?
11
Comment « vivre ensemble séparément »?
LA VILLE ACTUELLE HORS DU TEMPS Comment la conscience de l’individu pourrait INTELLI G I B LE servir la communauté? Comment ces
réseaux
d’appartenance
Q u ’ e s tce qu’un
écoquartier? Aménagement : un acte culturel?
nous
permettent
au
le
sentiment
territoire?
Qu’en est il de la dimension affective, de l’identité sociale? ensemble vivre Comment
beauvert «un triangle de verdure à l’articulation des quartiers»
Comment faire cohabiter « la nuit attractive » et « la nuit du repos »?
teisseire une r é n o v a t i o n urbaine du q u a r t i e r
Comment la conception urbaine pourrait alors associer les temps individuels et collectifs, en minimisant les temps contrains?
centre historique bordé par l’isère et accompagné de nombreuses places
esplanade future entrée de ville
p o l y g o n e scientifique
C o m m e n t « vivre ensemble séparément »?
europole villeneuve l’île verte
Comment l’Homme, peut-il se construire et s’épanouir entant qu’individu habitant un territoire, son territoire?
et
chacun
chez
soi?
r ?
I. GRENOBLE, à la reconquête d’une image
I. Grenoble, à la rec Tout d’abord, un bref clin d’œil sur l’Histoire pour comprendre la formation de la ville de Grenoble. C’est à l’époque antique que nait la bourgade autrefois appelée Cularo. La Cité porte ensuite le nom de Gratianopolis sous l’Empire Romain. Située au carrefour des reliefs montagneux de la Chartreuse, du Vercors et de Belledonne, Grenoble est un lieu stratégique. Les rivières de l’Isère et du Drac, avant d’être complètement maîtrisées, ravagèrent à plusieurs reprises les constructions. Ainsi, avant de devenir la ville que chacun peut parcourir actuellement, Grenoble connu différents statuts et visages directement liés à son histoire. Pour la petite anecdote, à l’époque de la Révolution, on rebaptisa la ville: Grelibre.
«Cularo»
«Gratianopolis»
N
Antiquité III ème siècle Bourgade Romaine
N
Fin XVI ème siècle Enceinte Lesdiguère
Evolution de l’emprise bâtie de Grenoble,de l’antiquité à nos jours
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onquête d’une image On s’intéresse plus particulièrement à l’image de la ville contemporaine. La topographie significative de la vallée grenobloise lui donne une image unique. Mais c’est aussi au travers de son architecture signale que l’image de Grenoble est véhiculée. La Bastille, la Tour Perret, les trois tours et plus récemment la MC2 sont, parmi d’autres, des édifices notables qui induisent un imaginaire propre à la ville. Par ailleurs, les espaces publics sont vécus comme des respirations, des lieux de rencontre, des vides urbains qui participent à rendre compte de l’image de la ville. Ainsi on s’interroge sur les potentialités qu’ont les «temps morts» de la ville à créer une image évocatrice.
«Grelibre»
«Grenoble»
N
N
Milieu XIX ème siècle Enceinte Haxo 0
1 km
2 km
Fin du XIX ème siècle Enceinte 4 km
15
45°10 N GRENOBLE NATURE 0
l’Is
èr e
5°43 E
le ac Dr
N
Capitale des Alpes
35 ha de forêts 21 parcs et fontaines + de 260 ha d’espaces verts publics = 2,6km² = 14,3% du territoire
réseau cyclable
:
300km
37 000 x
Chartreuse
204m min / 475m max Vercors
superficie : 316,
72km²
45°10 N GRENOBLE URBAIN 0
l’Is
èr e
5°43 E
Campus Europole
Ensag + IUG
le ac Dr
N
Capitale technologique
157 900 habitants
6 secteurs
19 quartiers Polygone scientifique Esplanade Bastille
1 3
8 710 hab/km²
Europole
2 4
L’ile verte St Laurent
Fontaine Chorier Berriat
5
6
Grands Boulevards Seyssinet Payet
Capuche
Eaux claires
6,
7% 61 000 étudiants Inte rnati onn aux
Seyssins
Exposition Bajatière Teisseire
Mistral
1 Grenoblois sur 7 est étudiant
La Tronche
Hyper centre
Alliés Alpins Vigny musset
Le Rondeau
Ebeyns
Villeneuve Alpexpo Grand’Place
Echirolles
le astil
t la B les e
ul
les b
Tour Perret
éléments constitutifs/ représentatifs les 3 tours MC2
I. Grenoble, à la rec
«A Grenoble, j’Y vis!»
«L’Y Grenoblois, c’est d’abord un territoire qui doit son nom à la figure que dessinent les vallées de l’Isère et du Drac, entouré par les massifs de Chartreuse, Belledonne et du Vercors.»
«La génération Y désigne les personnes ayant grandi avec internet ce qui représente 1/5 ème de la population.»
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onquête d’une image
« mieux comprendre les territoires urbains avec l’idée que l’on ne peut plus les appréhender comme à l’habitude» André Corboz
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I. Grenoble, Ă la rec
Extrait de la vidĂŠo des meilleurs voeux 2012 de la ville de Grenoble
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onquête d’une image
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I. Grenoble, à la rec A. L’image de la ville Nous ne sommes plus dans une époque où la perspective, à un ou deux points de fuite, ordonnait la représentation du monde. Nous sommes à une époque où l’image prime, et où nous évoluons dans une société régie par le système iconographique. À l’heure de la circulation universelle, tout à déjà été vu et lu. La connaissance du monde coïncide dès lors, plus que jamais, avec la connaissance de son empreinte visuelle. Depuis l’époque de la renaissance italienne, les représentations occidentales de la ville sont structurées par un code technique. Elles permettent de fabriquer une image coïncidant avec celle que produit la vision naturelle. Une vision s’approchant davantage d’une réalité objective au regard des représentations antérieures. À cette époque l’Homme est considéré comme le centre de l’univers et est inventée une perspective rationaliste dans laquelle le monde s’organise à partir de son œil. La ville, à l’époque, est représentée d’un seul point de vue et est communiquée au travers d’une vision figée. L’exemple le plus marquant est celui du tableau «la Città Ideale». Incarnation intellectuelle et matérielle de l’utopie, la Cité Idéale est une conception urbaine visant à la perfection architecturale et humaine. Ce n’est pas seulement une iconographie, elle aspire à bâtir et à faire vivre en harmonie une organisation sociale singulière, basée sur certains préceptes moraux et politiques.
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Tableau «città Ideale» d’abord attribuée à Piero della Francesca puis à Luciano Laurana et maintenant à Francesco di Giorgio Martini.
onquête d’une image «La ville n’est pas un espace mais une accumulation de pleins de petits bouts d’espaces de tailles et de caractéristiques différentes» Georges Pérec, Espèces d’espaces, p.14
Architectes, urbanistes, maîtres d’ouvrage, constructeurs, chercheurs, politiques : ces champs disciplinaires saisissent tous la ville contemporaine par un angle différent. Si, aujourd’hui, la ville fait débat, se prête à la conceptualisation ou au constat, il est difficile d’en obtenir une image globale, ou en tous cas, une image qui fasse l’unanimité. Champ conceptuel mouvant, forme urbaine en mutation constante et rapide, ce qu’on appelle « la ville » est devenu indéfinissable. Le plus déstabilisant est le hiatus entre l’image traditionnelle de la ville comme objet fini, protecteur et rassurant, et ce qu’elle est devenue, à la réalité quotidienne et aux occupations usuelles. «Triste bilan : nous assistons à un véritable feu d’artifice des génies de l’architecture ; mais où sont passés ceux qui devraient s’occuper de la ville comme d’un bien public, ce qu’elle est avant tout ?» s’exclame Franco La Cecla, dans son livre Contre l’architecture. La ville, dans sa morphologie et dans son concept a évolué, sa représentation, quant à elle, reste à déterminer. La définition d’un territoire est importante, on doit pouvoir se qualifier en tant qu’habitant d’un espace, d’un lieu. À la différence des villes de la Renaissance, la ville contemporaine ne se caractérise plus par un ou deux symboles architecturaux, mais par une multitude d’informations et d’éléments. Grenoble, par exemple n’est plus uniquement défini par la Bastille et la tour Auguste Perret, mais aussi par des architectures modernes, des infrastructures,etc. Il est nécessaire mais difficile d’énoncer et de communiquer aux autres, le lieu de nos quotidiens. Une ville définie, est une ville que l’on habite, que l’on cerne, que l’on rêve. Rêver sa propre ville, l’inscrire dans le réel, sans utopie aucune, si ce n’est celle de faire que la ville devienne pour chacun SA ville1.
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1. « Nous sommes faits de l’étoffe
de nos rêves », disait Shakespeare. L’étoffe de Christian de Portzamparc est celle d’un héros de la condition métropolitaine. Une ville rêvée, pensée, dessinée. Donner de l’énergie au mot « habiter », et du souffle au noble vocable de « construire ». Le lieu est le lien ; par François Rambert, directeur de l’Institut Français d’Architecture Cité de l’architecture & du patrimoine.
I. Grenoble, à la rec
Boulevard Gambetta et croisement Avenue Alsace Lorraine
Place Jaqueline Marval
Cours Jean Jaurès et croisement Avenue Alsace Lorraine
Rue Felix Poulat - 1906 et 2012
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onquête d’une image
Pont de l’Esplanade et concession milita ire
VIVRE SON TEMPS
l’image que l’on garde
« Nous sommes toujours à un moment donné de la ville. Vivre son temps, c’est constater la fin d’un modèle, que l’on peut de fait caractériser, et essayer de le faire muter ou d’en dégager un autre. Le paradoxe est que l’image que l’on garde de la ville est directement issue de ces modèles précédents. Il ne s’agit pas de dire : la ville contemporaine est tel nouveau modèle, mais plutôt : la ville contemporaine est la contestation et la mutation de tels modèles, au profit de tel ou tel autre. La ville a ses époques et ses générations, tout comme nous.» Julien Doré
Place Grenette -
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I. Grenoble, à la rec B. D’hier à aujourd’hui, de la capitale des Alpes au pôle scientifique rhônalpin 1. De l’automobile aux mobilités douces : Toujours plus vite. Toujours plus vite ! Gagner du temps, accélérer les choses. Aller plus loin et arriver plus vite. «La technique colonise le corps comme elle a colonisé le corps de la Terre. Les autoroutes, les voies ferrées, les lignes aériennes ont colonisé, en l’organisant, le corps territorial. Elles réduisent et miniaturisent les distances de l’environnement.»1 La conscience du point de départ, la pensée du point d’arrivée, sont constantes, mais où est la réalité du trajet? Quelles étapes franchissons-nous? Quels chemins empruntons-nous? Historiquement, l’homme pour se déplacer utilisait son premier transport qui est son propre corps. Outil de déambulation mais aussi, d’appréhension et de perception du territoire qui devient sien. En effet, l’Homme par sa nature, a besoin de s’identifier et de s’approprier le territoire dans lequel il vit et dans lequel il est mobile. Comme le dit Paul Virilio, « la vitesse donne à voir, la vitesse change la vision du monde »1. 1. Cybermonde, la politique du pire,
Paul Virilio, page 22
Depuis le XIXème siècle, la vision du monde devient objective, c’est à dire qu’il n’y a plus de perception subjective. En effet le territoire parcouru est plus étendu. Avec les nouvelles technologies, c’est la connaissance du monde dans lequel on vit qui apparaît. C’est en voulant atteindre les Indes par l’Ouest que l’on a découvert les Amériques. De même, une nouvelle représentation, liée aux nouvelles technologies, est née. Ainsi, il nous est possible de faire le tour de la terre en un clic.
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onquête d’une image La perception d’un espace vécu est différente suivant celui qui le parcourt. On appelle cela la « carte mentale»2 (Lynch 1960). C’est la représentation des citadins de la ville telle qu’ils la connaissent. On observe alors que les cartes géographiques sont complètement déformées. À l’heure actuelle, nous sommes à une époque de synchronisation des cartes mentales. Le mode de déplacement influence la représentation que chacun se fait du territoire. Celle des automobilistes est plus générale que celle des piétons qui ne retiennent, principalement, que les façades des rues et non le réseau routier. La rapidité confère une meilleure vue d’ensemble.
2. La cartographie mentale est le
processus cognitif par lequel on acquiert et on utilise l’information se rapportant à l’environnement spatial, elle comporte aussi la dimension affective: -orientation dans l’espace – communication avec autrui – identité sociale.
« La connaissance du monde traditionnelle, construite par l’homo erectus à partir des données qu’il rencontre en face de lui et incarnée par la perspective centrale, se modifie avec les moyens de locomotions » Le paysage, Michael Jacob, page 143
1.3 m/s 400 m
4 m/s 1200 m
8.3 m/s 2490 m
N 15.5 m/s 4648 m
Carte de Grenoble représentant la distance parcourue suivant les différents transports urbains en 5 minutes
0
1 km
2 km
4 km
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I. Grenoble, à la rec Depuis moins de 200 ans, la vitesse transforme notre société, jusqu’à notre manière de penser. L’horizon de notre réflexion s’est raccourci. C’est le concept du «court-termisme» énoncé par Jean-Louis Servan-Schreiber. Le territoire parcouru n’est plus appropriable car la vitesse ne permet plus d’interactions avec le paysage traversé. Pour les sociétés modernes, le «mouvement» est un moyen d’avancer. Les échanges individuels ou collectifs sont les fondements de la ville contemporaine soit, de l’individualité, de la globalisation et de la diversité de vie urbaine. C’est également un moyen de maintenir leur équilibre dans un contexte spatial et temporel toujours plus fluide. L’espace public se définit alors comme un espace géré par les flux, qu’ils soient de nature humaine, marchande ou informative. Lors des transformations haussmanniennes, l’espace public s’est conçu autour des dimensions du transport moderne : l’automobile. Aujourd’hui il peut être hiérarchisé selon différents modes de déplacement: transports en commun, mobilités douces et piétons.
« la première caractéristique de l’espace public est l’accessibilité » Michel Lussault, Géographe Français
3. Jérome Grange, Directeur Général
de l’Agence de Développement et d’Urbanisme du Grand Amiénois (ADUGA) depuis 2010, et Directeur de l’Agence d’Urbanisme de la Région Grenobloise (AURG)
« L’aménagement du territoire est aussi une gestion du temps »3. La notion du temps est un corollaire de la notion de mouvement; le mouvement comme temps parcouru, comme temps vécu. Dans cette notion de parcours, il y a un rapport avec le contexte dans lequel l’action se déroule. Les perceptions du territoire dans lequel on se meut, diffèrent en fonction de notre propre mouvement. Il est donc important pour nous de redonner à chacun la possibilité de s’approprier son propre parcours et donc de vivre son temps.
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onquête d’une image 1660 L’accessibilité est renforcée mais à quel prix? Cadrage sur le quartier St Bruno. Endiguement du Drac et augmentation des voies de circulation. L’automobile est souveraine. Elle occupe une place de plus en plus importante.
1841
1902
2008
N
0
0.5 km
1 km
2 km
31
Pr ur em ba ier in té «l lép es h bu éri lle qu s» e
1944
1934
75 000
Arrivée massive de la voiture en ville 110 000
1965
1916
1914
1908
2014
2007
2006
2000 1987 1990
155 000
E ne -L ig D
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-L ig
ne
C
Cycle comme transport urbain
Frise chronologique des moyens transports urbains grenoblois
I. Grenoble, à la rec 2. De la marmite au Tupperware : Traditionnellement en France, dans le champ de la réflexion et de l’action publique, l’approche du temps vécu a été dissociée de celle de l’espace. Cependant, les pouvoirs publics, à l’échelon du gouvernement comme à celui des collectivités locales, portent une attention nouvelle aux questions temporelles et à leur inscription territoriale. En effet, depuis quelques années, nous observons des difficultés à combiner les différentes activités quotidiennes comme le travail rémunéré et celles situées dans la sphère familiale et sociale. Ce qui engendre une multiplication et une diversification des usages et des mobilités. Tout cela contribue à la croissance d’une sensibilité au regard des questions temporelles appréhendées tant en termes quantitatifs (réduction du temps de travail) que qualitatifs (maîtrise par chacun de ses propres structures temporelles). Ces nouvelles manières de vivre le temps sont, à l’heure actuelle, des leviers d’actions intéressants. En effet, apparaissent de plus en plus, des « bureaux des temps », concepts destinés à ré-organiser les rythmes de la ville autour des rythmes des citoyens. Le temps peut être considéré sous deux aspects: −l’aspect circadien : cycle des jours, des saisons, de la vie. −l’aspect linéaire : évolution, transformation irréversible, passage de la naissance à la mort. Ce sont ces deux aspects que la ville met en scène : le temps de l’Homme et le temps de la Nature. Une société doit se confronter à l’articulation des temporalités de chaque individu, ce qui nous plonge en tant qu’homme, dans des rythmes pendulaires synchronisant alors les temporalités. Temporalité qui signifie littéralement «le temps en fonction de».
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onquête d’une image Ainsi, on remarque que dans les zones urbanisées, le temps individuel est très souvent sacrifié par des contraintes que nous partageons tous (aller plus vite, à un autre rythme, tout de suite et maintenant). Dans son développement accéléré, la société prend le risque d’altérer durablement son rapport avec le temps. Les temps changent, nos rythmes de vie évoluent. Nous nous rapprochons de plus en plus du temps continu c’est à dire 24 heures sur 24, 7 jours sur 7 et 365 jours sur 365. Ce nouveau rythme de vie se heurte au fonctionnement de la ville traditionnelle. En effet, nos activités ne sont plus rythmées par les alarmes des usines ou les cloches des églises. Notre génération est obligée de bouger d’un espace de logement, d’achat, de loisir ou de travail, de plus en plus vite et de plus en plus loin. On « zappe » nos espaces de vie en passant de l’un à l’autre par des tunnels, « des non lieux ». La pause de midi, la sieste, les grandes vacances et la nuit apparaissent comme des temps morts, des contretemps qu’il faut optimiser. De plus, la nuit n’est plus perçue par tous comme le temps du repos social mais comme un espace temps en friche et convoité. On observe donc un phénomène : la conquête de la nuit. De ce fait, les entreprises et industries fonctionnent en continu, certains services sont ouverts 7 jours sur 7, 24 heures 24. La lumière, l’éclairage urbain autorise la poursuite des activités. De cette manière, la fête et les loisirs envahissent la nuit, les transports sont maintenus jusque tard. D’ailleurs, les français s’endorment en moyenne à 23 heures au lieu de 21 heures il y a 50 ans.
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I. Grenoble, à la rec En somme, ces constats nous poussent à repenser le temps de la nuit comme un temps de plus en plus vécu et actif induisant donc une architecture 24 heures sur 24 qui répond aux attentes des usagers.
« La plus forte expérience que nous puissions faire de l’espace urbain comme milieu est sans doute de le parcourir la nuit, non pas une nuit de fête mais une nuit de silence.[...] La nuit où le regard se brouille, où nos perceptions sont faites d’odeurs, de bouffées de chaleur ou d’ombre, de rythmes étouffés qui résonnent étrangement à l’intérieur de notre corps, mais où l’épaisseur de la nuit est ressentie comme totalité dans laquelle nous sommes immergés. […] » La ville en creux ; Chap. Le corps et l’invention de l’espace, Claude Thiberge, page 180
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onquête d’une image
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I. Grenoble, à la rec Dans la vie on réserve un temps pour ...
manger
En 2012
En 1900
«le filet de vapeur s’échappait à longueur de journée de la marmite en fonte noire» 3h/ jour
dormir
«Nos vies étaient réglées aux rythmes des clochers des églises et des alarmes des usines» 9h/ jour
aimer
travailler
s’amuser
«Les français consomment plus de 2 milliards de sandwichs par an.» 40 min/ jour «Nos acitivités s’étendent sur les temps morts, la nuit est grignotée» 7h/ jour
«Mariages de raison, d’argent»
«17% des jeunes mariés se sont rencontrés sur internet»
«4000 divorces au début du siècle»
«363 divorces qui sont prononcés chaque jours soit 132 594 divorces par an.»
«La journée de travail ne doit pas dépasser 10 heures»
«39,20 h de travail par semaine» 14% des Français travaillent plus de 11 heures
«S’amuser pour oublier la guerre»
«4h de temps libre par jour.»
INSV
http Tableau comparaison des temps 1900 2000
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onquête d’une image Le tableau ci-joint recueille des citations tirées de nos lectures. Ces petites phrases explicites mettent l’accent sur les différences qui existent entre les pratiques quotidiennes 100 ans auparavant et actuellement. On remarque également qu’il y a eu des modifications dans l’occupation des temps. Nos emplois du temps ont changés. En effet, il était convenable de dormir 9h par nuit dans les années 1900. Aujourd’hui, il semblerait que la plupart d’entre nous courent après ce temps qui file sans cesse.Dormir 7h serait donc «meilleur pour la santé». Manger est une formalité qui occupe en moyenne 40 minutes de nos journées contre 3 heures il y 100 ans. Le temps du travail est toujours aussi important et il a même muté. En effet, nous sommes ancrés dans une économie sans relâche provoquant pour certaines entreprises un fonctionnement 24 heures sur 24. Des personnes travaillent de nuit et les loisirs et les moments de détentes viennent investir nos temps libres à des heures de en plus décousues. Les soirées sont plus longues, la nuit est un espace temps actif. En réalité, il nous faudrait une journée de 27 heures pour parvenir à faire entrer nos emplois du temps surchargés. La génération du tout, tout de suite bouscule les habitudes conventionnelles et la gestion du temps en est affecté.
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I. Grenoble, à la rec 3. Du bassin de vie à la ville archipel : Un siècle en arrière, les familles vivaient ensemble et évoluaient au sein du même bassin de vie. Les cloches des églises, les alarmes des usines, les saisons et d’autres marqueurs temps, rythmaient la vie de chacun et la ville de tous. C’est sur une superficie d’environ 8 km2 que les activités s’organisaient. Subvenir à ses besoins et à ceux de sa famille ne nécessitait pas d’aller plus loin. De nos jours, les règles ont bien changés. La spécialisation des espaces en zones de logement, d’achats, de loisirs, de formation ou de travail nous oblige à bouger, à nous déplacer de plus en plus loin. La pratique de l’espace est de plus en plus discontinue. Bien sûr, ceci n’est rendu possible que grâce aux progrès réalisés au niveau des modes de transport. Ainsi, notre territoire vécu s’étend et il est de plus en plus difficile d’en fixer ses limites. Notre ville est un archipel fait d’îles d’activités qui entrent en action alternativement. La ville est donc pensée par pulsations. C’est à dire, les distances maison-travail, travail-maison sont rallongées. Lorsque que l’île travail s’active, l’île maison s’éteint. L’humain serait donc le pouls de la ville. De la même manière, nos activités de détente et de loisirs n’ont pas de limites kilométriques. Ainsi, l’accroissement de la mobilité à fait exploser les cadres de vie. Par ailleurs, l’ouverture du bassin de vie est accompagnée d’une ouverture d’esprit générale. Elargir ses horizons, découvrir une nouvelle ville pour construire ses repères ailleurs sont devenus choses communes. Les autres éléments liés à la ville éclatée sont : le temps du trajet et l’espace parcouru. Il s’avère que ces temps de déplacements apparaissent comme subis pour une majorité. Le moment du transport est vécu comme un interstice spatio-temporel, on ferait abstraction de ce qui nous entoure, du contexte dans lequel on évolue jusqu’à sa destination et la durée du voyage paraîtrait comme du temps perdu. 40
onquête d’une image C’est un malaise sociétal sur lequel quelques associations de personnes se sont penchées comme notamment Tout va bien dans le métro de New York4 qui s’attèle à rendre plus agréable le moment du voyage dans le métro new yorkais. Pour se faire, les organisateurs du mouvement animent le wagon du métro en invitant les passagers à se sourire, se regarder, interagir ou tout simplement à vivre ensemble ! Ce phénomène réactionnaire fait échos à une société individualiste qui oublie la dimension collective.
4. http://www.youtube.com/ watch?v=9Y3hWXoBTU0
Ville archipel O 30 KM2
Bassin de vie O 8 KM2
2012
1900
temps
Schéma de l’évolution du bassin de vie à la ville archipel.
« Nous zappons les territoires de la « ville à la carte » passant de l’un à l’autre par des tunnels, des « non-lieux » que nous investissons peu affectivement. La cartographie de notre espace vécu ressemble plus à un archipel aux limites floues relié par des réseaux qu’à un bassin de vie idéal ou à un quartier d’une ville. » Luc Gwiazdzinski, A quel territoire appartenons-nous? Une pratique de l’espace discontinue, La Croix, 4 avril 2008
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I. Grenoble, à la rec
1 semaine
1 Laura
1 Caroline
1 Adeline
1 jour 2 à 3 jours 4 à 5 jours
tous les jours
N
0
0.5 km 1 km
2 km Carte synthèse de nos villes archipels
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onquête d’une image Carte archipel de Laura
Nous avons voulu expérimenter ce phénomène de ville archipel à l’échelle de Grenoble, en se basant sur nos agendas hebdomadaires. Nous avons repéré nos pôles d’activités au cours d’une semaine type au sein de Grenoble intramuros. La carte ci-contre est la synthèse des trois relevés.
N
Carte archipel de Caroline
Cette étude regroupe des lieux de commerce, de travail, de loisir et de détente, traversés et vécus. Malgré nos ressemblances socio-professionnelles nous ne fréquentons pas toujours les mêmes lieux. Cette carte illustre notre ville archipel, un exemple que l’on peut adapter à chaque grenoblois.
N
Carte archipel de Adeline
Chaque individu a sa propre perception de la ville, son propre ressenti en fonction de ses usages et des lieux qu’il traversent.
N
0
1 km
43
2 km
4 km
I. Grenoble, à la rec C. Demain, un autre regard sur Grenoble : « vivre ensemble séparément » Afin de retrouver des temps collectifs et des lieux de pauses urbaines, nous nous basons sur la théorie du vivre ensemble et sur le développement des espaces publics de l’urbanisme temporaire. Ces notions sont les nouveaux outils de pensée de la ville de demain, encore trop peu expérimentés à Grenoble.
1. L’importance de l’espace public dans les villes de demain « L’espace public représente dans les sociétés humaines, en particulier urbaines, l’ensemble des espaces de passage et de rassemblement qui est à l’usage de tous, soit qui n’appartient à personne » Définition de l’espace public tiré du site web WIKIPEDIA
Cette expression française est à double sens. En effet son singulier relève plus de la philosophie politique, alors que son pluriel, de l’urbanisme. Si l’on retrace son histoire, on s’aperçoit que ce n’est qu’au début des années 1980 qu’il trouve un usage urbain. Malgré cette évolution, cette notion est encore aujourd’hui dans nos sociétés, floue et imprécise. Effectivement de plus en plus de professionnels (architectes, urbanistes, élus, fonctionnaires territoriaux ou municipaux, sociologue, etc.) utilisent cette expression comme synonyme de réseau viaire, de voirie. Ce terme est constitué de rues, de boulevards, de places, d’esplanades, de jardins, mais aussi par extension d‘espaces couverts, parkings, marchés, et d’espaces naturels.
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onquête d’une image Espace public rédigé par Pierre Merlin et Patrice Noisette, dans le Dictionnaire de l’urbanisme et de l’aménagement, commence ainsi: «D’usage assez récent en urbanisme, la notion d’espace public n’y fait cependant pas toujours l’objet d’une définition rigoureuse. 0n peut considérer l’espace public comme la partie du domaine public non bâti, affectée à des usages publics.»1
1.Merlin, Pierre et Patrice Noisette, 1988, Espace public, Dictionnaire de l’urbanisme et de l’aménagement, Paris, Presses universitaires de France, p. 320-322
Il représente donc un maillage savant des différents modes de déplacement, à différents niveaux - chaussée, au dessus, en dessous -, des différentes fonctions - commerces, marché, détente-, différentes échelles et vitesses qui le traversent. Michel Lussault écrit « la première caractéristique de l’espace public est l’accessibilité »2.
2.Lévy, Jacques et Michel Lussault (coord.), 2003, Dictionnaire de la géographie et de l’espace des sociétés, Paris, Belin, p. 333, 336 et 339.
«Painting reality» de IEPE & the anonymous crew © 2010 directed by AKIZ, Rosenthaler Platz, Berlin. 500 litres de gouache écologiques sont jetés sur l’asphalte d’un carrefour. 2000 véhicules étalent la peinture créant ainsi une carte intéractive des flux dans l’espace public.
L’espace public est le lieu de l’urbanité, le lieu générateur de l’identité de la ville , une urbanité intersticielle3 : «il est le reflet de la complexité urbaine, à la fois espace technique, social et culturel, espace vécu et espace rêvé » . 45
3.Le piéton dans la ville, l’espace public partagé, Jean-Jacques Terin, Parenthèse, 2011, p.52
I. Grenoble, à la rec Nous utiliserons, au sein de notre travail, ces espaces publics interstitiels comme un moyen de vivre la ville, de faire la ville sur la ville, de réinventer le local en utilisant le rez-de-chaussée de la ville, afin d’offrir une nouvelle expérience possible participant à son attractivité. L’espace public doit demeurer le lieu de « l’être ensemble ».
« S’il y a une solution, elle est dans la réorganisation du lieu de vie en commun. »
Paul Virilio, Cybermonde la politique du pire, conversation avec Philippe Petit, Paris, 2007, p.52
4.LEVY, Bertrand, 2008, La place urbaine en Europe comme lieu idéal
Si l’espace public reste difficile à définir, la place publique est une entité remarquable qui symbolise la rencontre et la contemplation. Les places sont des respirations au sein d’un contexte bâti. Leur proportion participe au ressenti. Si l’espace est trop étendu on perd la sensation d’intimité. La place de Verdun par exemple devient intimidante de par sa superficie généreuse. Au contraire, dans une place trop exigüe on se sent écrasé par l’architecture. Le secret dévoilé par Camilo Sitte est de suffisamment « dégager le centre de la place pour libérer le regard et l’esprit. »4 De plus, l’attrait des façades bordant la place est important. La qualité de la mise en œuvre de celles ci, l’activité générée au rezde-chaussée et leur connexion avec la place sont des points clés qui rendent une place attractive. D’autre part, le traitement du sol joue un rôle majeur. L’association des chemins minéraux et des monticules plantés de la place Victor Hugo créent une ambiance de jardin, offrant une pause agréable aux usagers.
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onquête d’une image Par ailleurs, l’installation du mobilier urbain se révèle primordial. L’orientation des assises, la présence de tables, d’aires de jeux ou encore d’éléments décoratifs, comme les statues de la place Victor Hugo, participent à l’ambiance du lieu et invitent les usagers à vivre l’espace. Pour finir, l’élément végétal, en l’occurrence la présence d’arbres induisant des ombres, des qualités visuelles et environnementales, changent radicalement l’impression produite. Au delà de sa définition physique en tant que creux dimensionné et traité, la place publique occupe des fonctions sociales, ludiques, culturelles et festives. En effet, les places Victor Hugo et Verdun accueillent différents événements tout au long de l’année tel que le marché de Noël et le défilé du 14 juillet. Ces places, réceptacles d’occasions, induisent des rencontres et génèrent des souvenirs. Pour Jean-Bernard Racine, «la place urbaine est clairement un espace du co- (de la communauté, de la communication, de la communion, de la continuité), plutôt qu’un espace du dis- (de la discrimination, des disparités, de la discontinuité)»
47
I. Grenoble, à la rec
à partir des différents points énoncés, on réalise une comparaison critique entre ces deux places significatives de la ville de Grenoble : Place Victor Hugo et Place Verdun. Le but de cette analyse comparative est de faire ressortir les atouts majeurs des places publiques.
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onquête d’une image Place Victor Hugo
Place Verdun
100 m x 80 m = 8000 m2
110 m x 80 m = 8800 m2
Forme
.rectangulaire aux abords .ovale au centre .cheminements courbes
.rectangulaire .cheminements rectilignes
Contexte
.ligne de tram juxtaposée à la place .rue automobile et stationnements .commerces et terrasses de cafés en rez-dechaussée qui investissent la place
.ligne de tram juxtaposée à la place .rue automobile et stationnements .bâtiments administratifs, culturels et pédagogiques, aucune intéraction avec la place
Traitement du sol
.chemins en gravier et pavés .carrés de pelouse surélevés .fontaine centrale en béton
.chemins en gravier .carrés de pelouse plats .fontaine centrale en béton
.bancs .statues .kiosques .lampadaires .eau potable
.bancs .lampadaires .eau potable
.divers arbres aux multiples essences qui pontuent la place
.jeunes arbres
Dimensions
Mobilier urbain
Végétation
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I. Grenoble, à la rec Dimensions généreuses Formes travaillées
Facilité d’accès Proximité des services Connexions avec le rez-de chaussée
Larges chemins pratiquables à pied ou à vélo Pelouse entourée d’une petite clôture empêchant l’accès direct
Du mobilier divers et varié justement installé et orienté pour permettre la discussion
Plusieurs grands arbres invitent le passant à marquer une pause ombragée
Place Victor Hugo
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onquête d’une image Dimensions généreuses géométrie claire
Les voies de circulation autour de la place créées un espace tampon et déconnectent la place de son contexte bati Pas de liaison directe
Larges chemins pratiquables à pied ou à vélo Pelouse accessible
16 bancs sont orientés vers la fontaine centrale
Des jeunes arbres sont concentrés au centre de la place
Place Verdun
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I. Grenoble, à la rec 2. La notion de «vivre ensemble séparement» 5. Architecte sociologue L’habitat: flexible, adaptable, réversible?
6.Président du pôle des Arts urbains, docteur en géographie et diplômé de l’Institut des hautes études en aménagement et développement du territoire européen. expert des questions « de temps sociaux,de mobilité et de nuit urbaine ». Auteur de La ville 24 heures sur 24, L’Aube,2004, et Les villes malléables in Futur 2.0,Fyp édition, 2007.
La notion de « vivre ensemble séparément », qui pourrait être le slogan du 20ème siècle, selon Monique Eleb5, a été définit par Luc Gwiazdzinski6, docteur en géographie. Il développe dans plusieurs de ces ouvrages des liens étroits entre l’espace et le temps et analyse l’évolution de la société que nous habitons. Ces deux données sont indissociables et pourtant, de manière récurrente, sont réfléchies indépendamment l’une de l’autre ; dans leur aménagement, dans leur conception, ou encore leur us et coutumes. Actuellement, notre société possède son propre fonctionnement issu de l’évolution technique, technologique, et autres avancées qui ont modifiées notre rapport à l’espace et au temps. Au regard de l’évolution des transports et la croissance des villes, la mobilité est questionnée de manière contradictoire. Les sociétés urbaines doivent garantir un droit à la mobilité (multiplication des réseaux de transports, accessibilité, etc.) afin de vivre au mieux notre «ville archipel» ou encore notre propre «société hypertexte». Cette métaphore décrit bien le principe d’appréhender son environnement en navigant d’un espace à l’autre, d’un média à l’autre. Le territoire est devenu un espace parcouru individuel et non un lieu vécu et partagé. Enfermés dans cette routine dictée par l’économie de notre société moderne, nous observons depuis quelques années, le besoin des citadins de s’octroyer de nouveaux temps pour les pratiques ludiques et festives. Cela révèle un réel besoin de se prendre en considération entant qu’humain, que corps, que personne socialement intégrée dans la vie de la ville.
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onquête d’une image Cependant, le fait de se créer de nouvelles plages horaires participe à cette course effrénée du temps que chacun entreprend malgré lui. Or, une ville dans sa définition est un espace qui regroupe habitats, entreprises et lieux de liens que sont les espaces publics. Ces derniers sont le ciment de la ville, pourtant faiblement traités en tant que tel. Investir ces espaces communs reviendrait à déterminer de véritables lieux de la confrontation sociale. Le « vivre ensemble séparément » serait une méthode et une solution aux problèmes que rencontre notre société. Il s’agit, par cette considération de l’échelle locale de prendre en compte l’individu dans dans son contexte sociétal.
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I. Grenoble, à la rec 3. L’urbanisme temporaire Dans nos sociétés contemporaines, l’imprévu, l’inattendu ou l’extraordinaire sont des notions recherchées par les néo-urbanistes, dans le but de créer de nouvelles morphologies urbaines. En effet, en créant des lieux à l’existence éphémère et à l’identité distincte du quotidien, on opère une mise en intrigue de la ville. L’urbanisme temporaire s’exprime à travers différentes formes, structurelles ou plus artistiques. Il se met en place entant que support à l’expérimentation et aux questionnements relatifs à l’espace urbain.
7. « A propos », site web du collectif etc, support d’expériementations urbaines participatives, www.collectifetc.com, 2011
De plus, un des fondements de l’urbanisme temporel est la participation spontanée. De ce fait, la création d’une certaine mixité sociale entre les penseurs, les manuels et les usagers, au sein même du projet. Or, aujourd’hui, «la manière de construire la ville, en France, suit essentiellement une logique verticale et hiérarchique faisant intervenir les différents acteurs de l’aménagement urbain dans des temps et des espaces déterminés et figés»7. Ces actions promulguent un retour à des valeurs collectives et fédératrices. C’est grâce à cette dimension participative, d’échange et de stimulation de la population, que ces événements projettent une ville en mouvement. L’objet et l’intérêt de ces expérimentations urbaines n’est pas seulement dans le résultat, mais surtout dans le processus qui le génère et dans le nouvel environnement et les nouveaux comportements qu’il engendre. En effet, ces installations temporaires permettent de déclencher un processus de réflexion sur les usages de la ville, qui permetteront par la suite de répondre à des questionnements de l’orde de l’urbanisme péren, ceux des besoins à long terme.
L’ATELIER D’ARCHITECTURE AU plate-forme collective de recherc mutations urbaines et des pratiqu et politiques émergentes de la vil
Créé en 2001, aaa fonctionne à t et extra-disciplinaire ouvert à de architectes, artistes, étudiants, c politiques, chômeurs, militants, h concernés.
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Nous proposons des « tactiques u accompagner les micro-processu urbains où les décisions sont pris économiques privés et de mécan centralisés inadaptés aux mobilit globales, informelles, multicultur
onquête d’une image
UTOGÉRÉE (aaa) est une che et d’action autour des ues culturelles, sociales lle contemporaine.
travers un réseau intermultiples points de vue : chercheurs, retraités, habitants et tous usagers
urbaines » pour us locaux dans les milieux ses au nom d’intérêts nismes politiques tés territoriales actuelles : relles…
«Une bonne acupuncture urbaine favoriserait la connaissance de chacun sur sa ville». Acupuncture urbaine, Jaime LERNER, page 49
activation civique savoirs faire locaux recyclage éco-architecture autogestion urbaine micro-politiques plate-forme de production trans-locale pratiques du quotidien équipement urbain mobile catalyseur de rencontres usages alternatifs des contextes institutionnels dynamiques migrantes « rez-de-chaussée » des métropoles quotidien post-conflictuel reterritorialisation partagée l’eau comme enjeu citoyen compétences précaires autogestion du travail expertise civique sur la ville créativité diffuse
ATELIER D’ARCHITECTURE AUTOGÉRÉE
www.urbantactics.org aaa@urbantactics.org
Plaquette du collectif Atelier d’Architecture Autogérée Nous explorons la réappropriation des espaces urbains délaissés et la création de nouvelles formes d’urbanité par des aménagements réversibles, des pratiques du quotidien, par l’implication des habitants et des usagers en tant que porteurs de différents savoirs faire. Plus accessibles, ces espaces constituent un potentiel d’expérimentation urbaine et d’exploration à rebours de l’accroissement de la densité et du contrôle. Notre démarche consiste à critiquer pour libérer le désir d’agir mais aussi à rassembler des compétences partagées et des dynamiques collaboratives pour aller plus loin. En valorisant la position d’habitant et d’usager comme condition politique nous développons ensemble des outils d’appropriation symbolique des espaces de proximité et nous renforçons le pouvoir de décision et d’action des acteurs de terrain dans la ville. Ces outils
L’« architecture autogérée » provoque des agencements de personnes, de désirs, de manières de faire… Ces mises en relation ne sont pas toujours consensuelles, le rôle de l’architecte étant aussi de construire à partir des confrontations et d’accompagner des productions subjectives. Une telle architecture ne correspond pas à une pratique libérale, ne passe pas par des contrats bâtiment après bâtiment ; elle s’inscrit dans des nouvelles formes d’association et de collaboration, basées sur des échanges et des réciprocités tant avec les habitants qu’avec les institutions intéressées, à quelqu’échelle qu’elles se situent. Notre architecture est à la fois politique et poétique car elle est d’abord une « mise en relation entre des mondes ».
THE ATELIER D’ARCHITECTURE AUTOGÉRÉE / STUDIO OF SELF-MANAGED ARCHITECTURE (aaa) is a collective platform, which conducts actions and research concerning urban mutations and cultural, social and political emerging practices in the contemporary city. The interdisciplinary network was founded in 2001 in Paris by architects, artists, students, researchers, unemployed persons, activists and residents. We develop urban tactics to accompany microprocesses and enable rifts within the standardised urban contexts, which are regulated by private economic interests or centralised policies. These policies are incompatible with the global, informal and multicultural mobilities that characterise the present-day metropolis.
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We encourage the re-appropriation of derelict spaces and the creation of new forms of urbanity by local residents through reversible designs and lived everyday practices, which make use of their skills
Our approach involves not only critical analysis but also the process of making and acting through shared competencies and collaborations. We valorise the position of the resident/user as political condition and develop tools cooperatively to re-territorialise their spaces of proximity and empower their decisions and actions within the city. These tools include among others trans-local networks, catalyst processes, nomad architectures, self-managed spaces and platforms for cultural production. A “self-managed architecture” provokes assemblages and networks of individuals, desires and different manners of making. It is a relational practice, which is not always consensual but at times conflictual, and it is the role of the architect to locate confrontations and accompany subjective productions. Such an architecture does not correspond to a liberal practice but asks for new forms of association and collaboration, based on exchange and reciprocity.
Quelques exemples d’urbanismes temporaires... Projet «Au four banal» étape à Busséol, village d’Auvergne à une trentaine de kilomètres de Clermont-Ferrand, du collectif etc, en novembre 2011. «En se basant sur les échanges de la journée pendant lesquels nous avons ressenti une envie de retrouver des lieux de convivialité dans le village, nous avons imaginé un usage possible que pourraient prendre quatre lieux différents. Ces derniers ayant perdu l’usage pour lesquels ils avaient été construits ainsi que la sociabilité qu’ils provoquaient. Ainsi, le four à pain devient un café baptisé « le four banal », l’église devient une salle de cinéma, le lavoir une piscine et la cabine téléphonique une bibliothèque.»
Projet « D-Pl[i]age », lauréat du concours Mini Maousse 3, du collectif 3RS, 2008. D-pl[i]age est un équipement public dont la vocation est de rassembler autour d’un panel d’activités estivales. Il réhabilite le rituel un peu oublié du partage. Le projet, paravent à géométrie variable, révèle dans chaque panneau une activité dépliable particulière. Il métamorphose le site de son implantation et établit une relation forte entre l’architecture, son utilisateur et le lieu.
Projet « Metavilla », 10ème Biennale Internationale d’Architecture , du collectif EXYZT et de Patrick Bouchain, architecte invité à investir le pavillon français En réponse à la thématique proposée: la METACité, Ils proposent d’y construire la META-Villa. Ils ont investi la moitié du pavillon par une structure en échafaudage qui abritait un hôtel pouvant accueillir une quarantaine de personnes, une cuisine collective, un bar, un salon de lecture et un espace de travail ainsi que des sanitaires, un sauna et une mini-piscine olympique sur le toit…
«Aujourd’hui on veut des fêtes tout le temps» «Pas le temps «Ils grignotent tout le temps» «Avant on prenait le temps «Ils veulent tout, tout de suite et tout le temps» «Maintenant on vend des tomates et des fraises tout le temps» «Je gère mon temps «Parfois je dois ralentir pour laisser un client le temps «Le zéro papier, c’est du temps «J’ai pas de temps «L’important c’est le temps «Bison futé se trompe tout le temps» «Prendre le temps «Le temps «Les temps
Marc, responsable d’un parc d’attraction
de manger» Sophie, employée de commerce Paul, vendeur de sandwichs
d’écosser ensemble les petits pois et de discuter» Rose, retraitée Edith, parent d’élève Pierre, maraîcher
impuissant» Jacques, condamné à perpétuité d’emballer ses courses» Nathalie, caissière gagner» Paul, responsable de collectivité à perdre» Z, une chanteuse pressée d’accès, pas la distance en km» Georges, transporteur Saïd, automobiliste coincé dans les bouchons
d’aller vite» Slogan d’un transporteur ferroviaire est devenu un luxe» Evelyne changent»
moyen de transport
Comment « vivre ensemble séparément »?
vitesse à échelle intermédiaire
une
possibilité
de
f a v o r i s e l’innatendu
liberté de contact avec le territoire parcouru
percevoir
la
ville
a u t r e m e n t
m o b i l i t é s douces
respect des temps de pauses
l’homme au coeur des préoccupations
urbaines vivre»
i n t e r s t i c e s s p a t i a u x t e m p o r e l s investir ces « h o r i z o n s d ’ a t t e n t e »
corps humains corps urbains
vides urbains forment territoire à part entière
dents creuses d é l a i s s é s u r b a i n s
ces un
à
l’individ u p r e m i e r é l é ment constitutif de la ville, de la vie
l’espace public est un intérieur à l’extérieur
« l’ e s pa c e
de
l’homme entant qu’habitant d’un espace, mais aussi comme pourvu d’une enveloppe : son propre corps
acteurs
le corps c o m m e outils de m e s u r e
Comment l’Homme, peut-il se construire et s’épanouir entant qu’individu habitant un territoire, son territoire?
r
ii. à vélo, partons à la chasse aux respirations urbaines
De manière à répondre aux problèmes et aux questionnements soulevés par l’état actuel de l’image de la ville de Grenoble, nous avons mis en place une stratégie territoriale. Elle s’articule autour de trois leviers d’action qui sont : le vélo, l’individu et les interstices. En favorisant ce mode de déplacement doux, en prenant en compte la dimension de l’homme comme outil de mesure adaptable et en révélant ces horizons d’attentes, nous offrons une possibilité de percevoir la ville autrement.
II. A vélo, partons à la chas A. Privilégier le vélo, favoriser l’inattendu Autrefois, le vélo était le mode de déplacement par excellence dans une large part de tous nos pays. Là où il y avait une route ou un chemin, le vélo était le roi, du nord au sud de l’Europe. Et aujourd’hui? Roule-t-on à vélo ailleurs qu’aux Pays-Bas et au Danemark? Roule-t-on à vélo là où il fait doux et sec la plupart du temps? Quelles sont ces villes où le vélo fait partie d’une nouvelle approche de la mobilité?
1. Vélo/ville un tandem d’avenir Depuis une dizaine d’années le vélo est devenu le mode de déplacement urbain le plus efficace et le plus adapté. En effet, de nombreuses villes européennes (Amsterdam, Barcelone, Brême, Copenhague, Édimbourg, Ferrare, Graz, Strasbourg, etc.) font la démonstration, chaque jour, qu’une diminution de l’usage de la voiture, transport individuel, est un objectif non seulement souhaitable, mais aussi raisonnable. Ces villes appliquent des mesures incitatives en faveur des transports publics, du partage de véhicules et du vélo, mais aussi des mesures restrictives à l’usage de la voiture individuelle dans le centre-ville. Il existe deux enjeux favorables au choix du vélo dans nos villes contemporaines. Le premier concerne les aspects techniques et économiques, le second est de nature comportementale et sociale. à la fois écologique et rapide, il satisfait les besoins individuels et les besoins collectifs des citoyens. Pour le citadin ce véhicule à deux roues est rapide, souple, économique, évite les embouteillages et les problèmes de stationnement.
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se aux respirations urbaines Pour la ville, le vélo est un avantage économique et écologique : le vélo n’est pas source de pollution sonore et atmosphérique, un avantage social avec une démocratisation des mobilités, et un avantage politique. Il prend peu de place et génère des aménagements relativement peu coûteux. Le vélo est surtout plus rapide que la voiture sur de courts trajets urbains. En Europe, 30 % des trajets effectués en voiture couvrent des distances de moins de 3 km, et 50 % sont inférieurs à 5 km ! Dans ce seul créneau, le vélo peut avantageusement remplacer la voiture pour une part importante de la demande, contribuant ainsi directement à la résorption des embouteillages. Le potentiel du vélo ne peut pas être négligé, ni pour les déplacements quotidiens vers le lieu de travail ou vers l’école (40 % du total des déplacements), ni pour les autres motifs de déplacement.
Graphique tiré de la présentation de l’ OFFICE DES PUBLICATIONS OFFICIELLES DES COMMUNAUTÉS EUROPÉENNES, Luxembourg,1999 « Nombre de personnes circulant en une heure sur un espace de 3,5m de large en milieu urbain »
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II. A vélo, partons à la chas Dans l’idée de développer une réelle culture de la marche et du vélo en ville, on peut parler d’une nouvelle expérience urbaine où prime un rythme plus lent, un sentiment de sécurité et de confort qui donne envie aux gens de changer leurs habitudes.
100 90 80 70 60 50
Graphique tiré de la présentation de l’ OFFICE DES PUBLICATIONS OFFICIELLES DES COMMUNAUTÉS EUROPÉENNES, Luxembourg,1999 « Influence des conditions atmosphériques sur l’usage du vélo»
40 30 20
Pluie
Nuit
Vent
Froid
Chaleur
0
Neige
10 Humidité
1.Helle Soholt, architecte au sein de Gehl Architects à Copenhagen
C’est ce second aspect des choses qu’il est difficile de faire comprendre aux décisionnaires. «Quand nous devons organiser des rues, nous tenons compte du fait que, piétons, cyclistes, transports publics, livraisons, etc doivent cohabiter dans ce seul et même lieu public. Il s’agit alors de rééquilibrer l’espace disponible pour chacune de ces activités. Souvent la place des voitures est trop importante», explique Helle Soholt1. Et c’est là que le vélo a toute sa place à tenir. Contrairement à l’automobiliste, le cycliste ne s’abstrait pas de ce qui l’entoure. Il est visible, en contact direct avec la rue. Les chiffres montrent que lorsque le nombre de cyclistes atteint la masse critique, il y a moins d’accidents et les gens se sentent plus en sécurité grâce à cette proximité, cette dimension sociale.
Dans nos villes encombrées, polluées et bruyantes, ce mode de déplacement qui a tant d’avantages, devrait logiquement avoir toute sa place. Les cyclistes potentiels sont nombreux, car presque tout le monde éprouve du plaisir à rouler à vélo quand un minimum de bonnes conditions sont réunies.
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se aux respirations urbaines 60 usagers en voiture
60 usagers en bus
60 usagers à vélo
Poster in city Muenster Planning office, Août 2011, Allemangne
Prendre son à Grenoble c’est: «facile, la ville est l’une des plus plate de France» «gratuit, je ne paye ni le carbuant ni le stationnement» «rapide, j’évite les bouchons» «bénéfique, je fais mon sport quotidien» «écologique, je carbure au naturel» «la découverte, je profite du paysage et je m’arrête ou je veux» «la liberté, je me faufille partout et je gére mon temps»
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II. A vélo, partons à la chas 2. Liberté de déplacement et de temps La pratique du vélo en milieu urbain est un mode de déplacement doux, adapté et avantageux. La vitesse de ce transport est qualifiable de «vitesse intermédiaire» comparée à l’automobile et au piéton. Celle-ci permet à la fois de gagner du temps dans les déplacements et une liberté de mouvement, mais aussi de multiplier les moments de hasard et d’inattendu et d’interagir avec l’environnement. Grâce aux investissements mis en œuvre par les municipalités, en vue d’améliorer et de démocratiser les mobilités douces, les aménagements en faveur des cyclistes se multiplient. Grenoble est un bon exemple de cette politique verte avec son réseau de pistes cyclables et la mise en place des Métro vélos, vélos à louer pour tous, est à prix plus que raisonnable.
Graphique tiré de la Fédération Française des Usagers de la bicyclette
Etant donné que le cycliste est en contact direct avec l’extérieur, il est facile d’avoir une interaction avec le monde qui l’entoure et donc de pouvoir s’adapter à ses envies sur le moment présent. Il pourra s’arrêter et se garer devant un commerce pour acheter une baguette de pain, devant une terrasse de bistrot pour célébrer des retrouvailles inattendues, faire demi-tour, changer d’idée et de direction. La Fédération Française des Usagers de la Bicyclette parle même d’un instrument de reconquête du centre ville.
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se aux respirations urbaines
N
0
1 km
2 km
4 km
Carte du rĂŠseau des pistes cyclables et voies vertes de Grenoble
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L’habitude de «penser vélo» s’étant perdue, il faut suggérer et rappeler que le vélo peut constituer un mode de déplacement quotidien performant et agréable. Pour faire penser au vélo, il faut montrer la voie. C’est le caractère inattendu et libre du vélo qui nous a permis de nous faufiler dans le centre ville de Grenoble afin de dénicher nos sites, lors de ballades urbaines.
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II. A vélo, partons à la chas B. Privilégier l’individu, favoriser la rencontre L’individu, premier élément constitutif de la ville, de la vie. Une société, en somme, n’est qu’un ensemble d’individu. Alors, que devient cette réalité lorsqu’il s’agit de concevoir de l’espace communautaire ? Comment chaque unité peut être considérée dans un processus d’aménagement de masse ? Comment cette ville projectuelle peut se concevoir de part son humanité ?
1.Corps humain, corps urbain «L’expérience, écrit Merleau-Ponty, révèle sous l’espace objectif, dans lequel le corps finalement prend place, une spatialité primordiale, dont la première n’est que l’enveloppe, et qui se confond avec l’être même du corps. […] La spatialité du corps est la manière dont il se réalise comme corps, [...] c’est dans l’action que la spatialité du corps s’accomplit». L’Homme, donc, entant qu’habitant d’un espace, mais aussi comme pourvu d’une enveloppe : son propre corps devient un outil de mesure. Prendre en compte nos capacités sensorielles et les développer permet de créer et d’aménager l’espace à vivre. Le corps humain, dépersonnalisé, devient alors un «patron», un gabarit permettant de mesurer, de comparer, en s’approchant de l’objectivité la plus neutre possible. Léonard de Vinci a noté que divers rapports du corps humain respectaient le nombre d’or et il l’utilisait dans ses tableaux. Plus tard, Le Corbusier termine en 1948 un ouvrage intitulé Le Modulor.
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se aux respirations urbaines
L’échelle du Modulor revient aux mesures basées sur celles du corps humain, que le système métrique dans son abstraction a fait oublier, alors que le système anglo-saxon pied-pouce, en garde encore la trace. Le Corbusier tente de réconcilier ces deux systèmes de mesure : le système métrique, qui est pratique, logique mais abstrait, et le système anglo-saxon, qui est moins pratique, mais qui a conservé ses divisions en relation avec le corps humain et le nombre d’or. Préoccupé par cette « harmonie visuelle »1 qui puisse guider l’action de l’architecte, Le Corbusier s’attache à une certaine exactitude mathématique. Il définit un standard répondant aux mesures types d’un homme de 1,83 m pour la conception des ses architectures et de ses meubles, ce qui base sa théorie sur ce module bien précis.
1.La mesure harmonique à l’échelle humaine applicable universellement à l’architecture et à la mécanique, Le Corbusier, Le Modulor
« La ville est un espace relativement grand, dense, peuplé d’individus physiquement et socialement hétérogène.»
Louis Wirth
Il est alors nécessaire d’avoir cette «dimension» modulable des aménagements proposés, afin que chacun puisse s’approprier sa ville. Voilà donc l’intérêt premier de la conception et du projet urbain : l’Homme.
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II. A vélo, partons à la chas 2. Acteur de l’espace à vivre :
Parce qu’il est le premier élément constitutif de la ville, l’Homme est aussi le premier acteur du lieu qu’il habite, le premier décideur du chemin qu’il trace et des actions qu’il mène. Nous avons tous conscience de cela dans notre sphère privée. Qu’en est-il réellement dans ces lieux que nous partageons ? Georges Pérec, principalement dans son livre Espèces d’espaces, fait des aller-retours entre l’espace intime et l’espace de la ville. Son œuvre montre les principales caractéristiques de ces deux types d’espaces : l’espace intime qui fait appel à la mémoire, aux souvenirs, à l’affectif, alors que l’espace urbain est dans le présent, l’expérience. Une manière de questionner l’espace public serait alors de transformer cette «expérimentation» en appropriation. Faire que cet espace que l’on partage avec d’autres permette de se créer des souvenirs, que ces lieux que l’on nomme oubliés, délaissés, deviennent alors des lieux condensateurs d’humanité. Ce que l’on nomme l’appropriation, peut aussi se définir en terme de territorialité. Cette notion a pour fonction la régulation de l’intimité; se sentir dans son lit comme dans un cocon, se sentir bien chez soi derrière ces rideaux qui laissent entrer la lumière mais pas les regards. Se sentir bien dans sa ville, où les coins de rues sont des souvenirs passés et où pourtant les perspectives sont encore présentes.
2. Territoire possédé par un individu ou un groupe sur une longue période. 3. Territoire utilisé fréquemment mais partagé avec d’autres.
En 1975, Irving Altman a distingué 3 sortes de territoires : le territoire primaire2, le territoire secondaire3 et le territoire public. C’est ce dernier que nous approfondissons ici. Altman le définit comme un territoire que peut s’approprier temporairement un individu, mais par rapport auquel il n’a pas une prétention de propriété. 74
se aux respirations urbaines Tout le monde y a un droit d’accès égal, l’appropriation d’une portion n’est que temporaire. Cet espace est complexe et essentiel car il est le lieu de sociabilisation, de rencontre, d’échanges plus ou moins courtois. Chacun vit et perçoit sa ville à sa manière. Dans le regard de l’enfant, par exemple, tout paraît grand et loin. Chaque élément qu’il observe a ses propres dimensions qui se trouvent modifiées lorsque cet enfant grandit. L’enfant, devenu adulte, s’élève et alors son territoire et son champ d’investigation s’accroient. Ainsi la carte mentale de la ville se dessine par expérience, par le parcours et la découverte.
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II. A vélo, partons à la chas
Aperçu su
Le corps humain comparé au corps urbain
r nos ouƟ
175 cm
165 cm
155 cm
> Se réapproprier l’échelle de la ville > Replacer l’homme au centre du projet
102 cm
97 cm
155 cm
107 cm
165 cm
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175 cm
ls d’analy se
se aux respirations urbaines
Notre travail nous amène à penser l’Homme comme élément déterminant pour un projet d’architecture aussi bien à échelle locale que globale. Une ville à dimension humaine, une ville à sa propre mesure, une ville à son image. Plusieurs visages, plusieurs perceptions liées aux usages de chacun. Qualifier et quantifier sa présence dans le lieu que l’on habite : sa chambre, son jardin, sa cage d’escalier, son école, sa rue, sa ville. Une ville où le moindre recoin ne fait plus peur, parce qu’il devient lieu d’expérimentations, la ville comme territoire appropriable.
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II. A vélo, partons à la chas C. Privilégier les interstices, favoriser l’espace public
1. Pascal Nicolas-Le Strat, Expérimentations politiques.
«L’interstice constitue certainement un des espaces privilégiés où des questions refoulées continuent à se faire entendre, où certaines hypothèses récusées par le modèle dominant affirment leur actualité, où nombre de devenirs minoritaires entravés, bloqués, prouvent leur vitalité.»1
1. Les interstices urbains Après l’époque industrielle , le processus de l’étalement urbain s’est amplifié, constituant des villes non continues et éclatées. Nos territoires décousus sont peu à peu colonisés par des espaces délaissés et oubliés, en attente d’une éventuelle occupation immobilière. En effet, à cause de leur statut provisoire et incertain, les terrains en friche ne sont pas valorisés par les procédures administratives et urbaines habituelles. Or, aujourd’hui, ces lieux à l’avenir incertain sont sources de possibles et de nouvelles urbanités échappant à la politique des villes modernes. Ils «représentent ce qui résiste encore dans les métropoles, ce qui résiste aux emprises réglementaires et à l’homogénéisation. Ils constituent en quelque sorte la réserve de disponibilité de la ville»1. Indispensables à l’évolution de la ville, ces espaces doivent être pensés et projetés comme des respirations, des temps de pause. De plus, en interrogeant «la disponibilité» d’une ville, et en inventant des types de dispositifs urbains issus des dynamiques spontanées et des pratiques quotidiennes, ces «interstices temporaires» créent de nouveaux types de projet. Ils se manifestent à travers des agencements temporaires, des dispositifs nomades et des micro-dynamiques urbaines. 78
se aux respirations urbaines « Le rez-de-chaussée de la ville représente lui aussi un interstice, à la fois un espace intermédiaire entre l’intimité d’une habitation et la globalité de la ville, à la fois le seuil d’un immeuble qui, une fois franchi, ouvre sur la multiplicité et la transversalité des rues, à la fois, également, une des parties communes, ni espace privé, ni espace public, mais effectivement une part de commun partagée par l’ensemble des résidents ». Constantin Petcou et Doina Petrescu, «Au rez-de-chaussée de la ville», revue Multitudes, n°20, 2005, p. 75 à 87.
Le «temporaire» peut ainsi devenir un principe fondamental, car il peut permettre, par exemple, d’alléger la structure d’un projet, de dépasser les interdictions. La transgression des fonctionnalités données d’un espace peut être possible du fait de ce statut temporaire. Ces terrains vagues, ces « horizons d’attentes », ces vides urbains, forment donc aujourd’hui un territoire à part entière, un territoire disponible et appropriable, au sein même du territoire contrôlé et saturé des villes contemporaines. D’où l’hypothèse de leur donner un certain statut d’espaces provisoires, flexibles, et permettant une intervention avec un minimum d’aménagement. Ils permettent de développer un rapport nouveau à l’urbain et à la société dans le sens où ils offrent l’occasion de nouveaux temps collectifs, aujourd’hui en voie de disparition du mode de vie métropolitain. L’interstice est communément utilisé en sociologie urbaine pour désigner des lieux d’altérité et de pratiques informelles. Il peut donc être défini d’un point de vue urbain, comme un espace sans affectation précise, immiscé pour une période indéterminée entre des configurations fonctionnelles déterminées. à la fois fait urbain concret et vecteur théorique, l’interstitiel s’associe donc à un ensemble conceptuel varié, qui appelle à penser différemment les modalités architecturales, paysagères, et les impacts sur la société du projet urbain. 79
II. A vélo, partons à la chass I. Grenoble, rec 2. Catalogue des espaces délaissés Après avoir choisi le type d’espace sur lequel nous voulions travailler, nous sommes partis à la chasse aux interstices, à vélo, au sein de la ville de Grenoble. Ce safari urbain est basé sur l’inattendu, le hasard et la surprise. Cela nous a permis d’établir un catalogue non exhaustif, à l’image d’un herbier, que l’on a complété au fur et à mesure des recherches et qui sera la base de notre analyse. Espace couvert, toit terrasse, allée d’immeuble, dalle de parking ou parc urbain, tous ces horizons d’attentes ont des qualités spécifiquement urbaines différentes et complémentaires, laissant imaginer une installation architecturale.
45°11 30’’N 5°43 33’’E
45°11 27’’N 5°43 31’’E
45°10 86’’N 5°43 55’’E
45°11 04’’N 5°43 09’’E
80 78
seonquête aux respirations urbaines d’une image
45°10 34’’N 5°43 31’’E
45°11 13’’N 5°42 48’’E
45°10 43’’N 5°43 88’’E
45°11 04’’N 5°43 09’’E
45°10 96’’N 5°43 05’’E
45°10 88’’N 5°43 75’’E
45°10 17’’N 5°43 03’’E
45°11 19’’N 5°42 37’’E
81 79
Rue abbĂŠ de la Salle
Il s’agira alors de proposer, tant aux habitants qu’aux passants, des espaces publics reconvertis, requestionnés par l’installation de microarchitectures et ouverts à la libre appropriation de chacun.
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Comment « vivre ensemble séparément »?
m i x i t é pro gr a m mat i q ue
la longueur de l’étrier varie en fonction du diamètre du tube afin de conserver l’entreaxes entre des poteaux
l’outil permettant de penser le projet d’architecture
participe à la
s i g n a létique
p o u t r e s à treillis
l’ é c h a f a u d a g e f i x e évolutif dans le temps, modulable et appropriable
t r a v e r s e s intermédiaires de pénétration
p l a n c h e r s b a s t a i n g s m a d r i e r s p l at e a u x p r é fa b r i q u és
maines
nos techniciens sont à votre disposition pour vous communiquer tous les renseignements
les panacier se fixe par 4 crochets avec dispositif de blocage et d’antibasculement
m o i s e s proporr e n f o r c é e s tions hutouréchaf potelet console m o i s e gardec o r p s
se composent d’un tube Ø 48,3 * 2,7 mm ép. nominale
les échafaudages fixes devront être moisés et contreventés de manière à supporter les charges auxquelles ils sont soumis et à résister aux efforts de poussée au vent
iii. Expérimentation d’une methode
III. Expérimentation Une méthode qui s’articule autour de 3 actions principales : - la constitution de notre collectif - le repérage de ces horizons d’attente - la réalisation Chacun de ces moments permet la divulgation et la sensibilisation auprès des acteurs de la ville (institutions et habitants) de cette démarche.
A. Le collectif
ÉCHAFAUDE TA VI[LL]E
> Pourquoi ? 1. C’est un ensemble de personnes qui se réunissent pour réfléchir et agir devant une situation face à laquelle ils sont conscients qu’agir individuellement ne serait pas efficace.
Dans une hypothèse projectuelle, afin de mettre en place la «machine à penser la ville», nous montons notre collectif Échafaude ta vil[l]e. Le modèle collégial de l’association nous permet à chacune d’entre nous d’avoir les mêmes responsabilités. Le statut d’association loi 1901 nous donne des droits (possibilités d’agir en tant que personne morale). La constitution de ce collectif1 est une réponse à la logique de notre démarche.
86
d’une méthode > Comment ? Pour se constituer entant que collectif, il est nécessaire de déposer un dossier auprès de la préfecture de Grenoble, d’ouvrir un compte en banque et de souscrire à une assurance sous le nom de Échafaude ta vi[ll]e. Afin d’entrer dans la vie de quartier, nous devons communiquer notre présence et nos objectifs de travail auprès des associations de quartiers, d’autres collectifs, etc. Il est nécessaire de présenter un dossier de subvention à La Métro, communauté d’agglomération Grenoble-Alpes Métropole), dans le but de mettre en place un partenariat financier. Nous venons travailler, interagir et réfléchir avec les acteurs locaux de la fabrique citoyenne de la ville. > Par quels moyens ? Au regard de l’acquisition des parcelles convoitées, nous avons plusieurs possibilités : - concernant les espaces actuellement publics ; il nous faut demander, à la mairie de Grenoble, une autorisation d’intervention dans l’espace public pour une durée déterminée (hypothétiquement, 5 ans) - concernant les espaces actuellement privés ; soit un accord au préalable établit avec les propriétaires (un seul ou une copropriété, suivant les titulaires) nous permet alors d’installer la structure ; soit nous mettons en place un accord avec la mairie de Grenoble qui viendrait acheter ces espaces afin de leur conférer le statut d’espace public sur lequel nous agirons.
87
III. Expérimentation B. Les outils d’analyse, outils participatifs Dans un premier temps, nous sommes donc parties à la «chasse aux interstices» sur nos vélos. L’analyse des sites étudiés nécessite plusieurs outils que nous avons au préalable mis en place, afin de systématiser le processus.
Feuille pré-remplie avec informations à compléter sur place > Descriptions objective des caractéristiques et potentiels du lieu
> Diagramme réalisé à l’aide des informations récoltées
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d’une méthode Ensoleillement Ombragé
Moyennement ensoleillé
Très ensoleillé
Accessibilité Pas accessible
Moyennement accessible
Accessible
Végétation Minéral
Plantés
Arbres
Privé / Public Privé
Privé commun
Public
Entretien Sale
Moyennement entetenu
Bien entretenu
Attractivité Répulsif
Moyennement attractif
Très attractif
Fréquentation Désert
Moyennement fréquenté
Très fréquenté
Niveau sonore Calme
Moyennement bruyant
Bruyant
Degré d’intensité 89
III. Expérimentation 0
Relevés à la main In-situ
1
> Descriptions objectives des interstices
2 3 4 5
Croquis spatiaux et d’ambiances >Regard sensible sur l’interstice
Adeline
Dent creuse Abbé de la Salle
90
d’une mÊthode
Adeline
91
Passage Stendhal
III. Expérimentation Le corps humain comparé au corps urbain > Se réapproprier l’échelle de la ville > Replacer l’Homme au centre du projet Courette Ste Claire
Témoignages In-Situ > Faire parler le lieu au travers des usagers > Un espace, même délaissé, possède une histoire, Aperçu su un présent et un futur rn
os ouƟls
Témoignages in situ
- Bonjour, auriez vous le temps de répondre à 4 ques�ons? - Oui - Comment allez vous... ? - Paul, je vais bien merci. - Vous passez souvent à pied par ici? - Oui tous les jours, c’est mon raccourci. - Avez une histoire, une anecdote à nous raconter dans ce lieu ou aux alentours? - J’ai déjà trébuché à cet endroit et je me suis senƟ ridicule. - Qu’est ce que cet endroit vous inspire? l’imagineriez vous différent? - Avec des bancs pour lire ce serait bien. - Merci
Atelier le
cture
de A�en�on danger
chute
1 min Halle Saintee Claire
92
Passé
Présent
d’analyse
Futur
Passé
d’une méthode Reportage photographique > Base de donnée iconographique > Impressions et perceptions du site
Passage Stendhal
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Dans un deuxième temps, la standardisation de la démarche nous permet de mettre en place un outil participatif qui est la fiche «pense ta ville». C’est une manière de rendre accessible les outils que nous même utilisons. Ce qui nous amène à une mutualisation des informations, et au fait que chaque habitant puisse s’approprier la ville et la méthode. Ces fiches sont disponibles au sein de chaque interstice aménagé. Une fois remplies, elle sont déposées dans la «boite à suggestions» au local du collectif, passage Stendhal.
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«Pense ta ville» équipez vous !
Appareil photo
Stylo
Vous voilà fin prêt pour partir à la découverte de la ville...
Coloriez le graphique suivant les caractéristiques observées
Privé / Public
Ensoleillement
Fréquentation
Accessibilité
Végétation Attractivité Entretien
Niveau sonore
a et
oto
ici
ph
ll
Co
Notez ici vos idées ou vos attentes
«Éclaircir le débat consiste à garder présent à l’esprit le fait que la ville ne recouvre pas conceptuellement la même réalité pour tous.» Robert FERRAS
Repérez sur la carte le lieu découvert
Quelques renseignements : L’adresse: ........................................................................................................................................... Ce qu’il se passe autour (commerces, équipements culturels, institutionnels,...) : ........................................................................................................................................... .......................................................................................................................................... Comment m’y rendre (n° de bus, nom de l’arrêt, parking vélo) : ........................................................................................................................................... ...........................................................................................................................................
Vos coordonnées : .................................................................. .................................................................. .................................................................. .................................................................. .................................................................. .................................................................. N’oubliez pas d’ouvrir grands les yeux afin d’accueillir l’imprévu!
Notes : .......................................................................................................... .......................................................................................................... .......................................................................................................... .......................................................................................................... .......................................................................................................... .......................................................................................................... .......................................................................................................... .......................................................................................................... .......................................................................................................... .......................................................................................................... ..........................................................................................................
Si vous aussi vous avez repéré des lieux dans la ville prêt à être investis, décrochez le livret et déposez le dans notre «boîte aux suggestions» à notre local situé au passage Stendhal.
C. Une architecture modulable : l’échafaudage 1- Définitions de l’échafaudage La structure échafaudage comme principe d’expérientation. « Inattendu » du point de vue de l’usager. Dans l’esprit du plus grand nombre, la structure échafaudage s’avère être une déception. On parcourt des kilomètres pour témoigner de la splendeur de l’architecture de la Sagrada Familia de Gaudi à Barcelone et on se retrouve impuissant face à un parasite de métal qui grignotte l’édifice. Une déception du regard parce que ce n’est pas ce à quoi on s’attendait. Une suprise cependant, quand ces structures tridimensionnelles prennent l’allure de véritables œuvres d’art. Exploit défiant les lois de la gravité ce sont des chocs visuels créateurs d’étonnement. Bizarre et déconcertante la structure échafaudage est traquée depuis 1966 par l’artiste photographe Deiji von schaewen1. Elle collectionne les photos d’échafaudage à la manière d’un herbier prouvant ainsi que cette architecture pauvre présente en fait du potentiel esthétique. Bache colorée, gonflée, vivante qui respire et se meut procure des qualités visuelles et sonores. Etais sveltes, légers ou chancelant bousculent l’ordonnance des façades. La structure échafaudage ne serait donc pas si décevante mais au contraire incarnerait une invitation au rêve, une source d’imaginaire. « Honnête » du point de vue de l’ouvrier. C’est au moment de la construction ou de la réhabilitation que l’on voit pousser ces structures échafaudages. Elles sont constituées de planchers, soutenues par des étais assemblés. Ancrages, contreventements et bases participent à sa mise en place et à sa stabilité. Les matériaux constitutifs existent en grande quantité,
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1. «Échafaudages structures éphémères» par Deiji von schaewen, 1991
III. Expérimentation sont facilement transportables et extremement simples et rapides à mettre en oeuvre. Fixe ou mobile, en bois ou en métal, la structure se décline sous plusieurs formes. Par ailleurs, il n’existe pas de normes européennes cependant des normes françaises relatives aux échafaudages préconisent, entre autre, que la structure soit auto-portante. De plus, une notice technique et une fiche informative guident les monteurs et démonteurs formés au préalable. Sur le chantier, l’échafaudage permet l’accès des artisans et du matériel en tous points d’un bâtiment pour l’édifier ou le réparer. Ainsi, il apparaît comme une réalité constructive nécessaire à la mise œuvre d’un édifice. « Combinatoire et protéiforme » du point de vue de l’architecte. Les éléments de l’échafaudage sont standardisés. Ainsi le concepteur est libre d’assembler les pièces entre elles à la manière d’un jeu de construction. La structure échafaudage peut prendre différentes formes, elle s’adapte au lieu dans lequel elle s’inscrit. Ce qui représente un atout du point de vue de l’architecte qui peut ainsi rêver à des structures aux allures changeantes et évolutives, en relation directe avec le contexte. En effet un dialogue est créé entre la structure et le bâti. L‘échafaudage est comme une double peau qui habille la façade d’un bâtiment en respectant ses dimensions. Véritablement aux yeux de la majorité des architectes, l’échafaudage est l’outil permettant la mise en œuvre ou la réhabilitation des projets. Cependant, plusieurs collectifs tel que Exyzt ou 3RS ont su tirer partie des avantages que représentent la structure échafaudage dans leur projet public.
100
d’une méthode « Nomade et impertinent » du point de vue l’urbaniste. Les structures échafaudage, de par leurs déplacements constants d’un moment du chantier à un autre, sont des formes nomades. Installations et démontages sont exécutés dans des temporalités courtes. La durée de vie d’un échafaudage est intiment liée au temps du chantier. En effet, c’est au rythme des travaux urbains que se montent, se démontent et se déplacent ces structures. On retrouve ces assemblages d’étais un peu partout dans la ville, ils apparaissent, disparaissent, migrent d’une rue à l’autre comme s’ils formaient à eux seuls une communauté en mouvement perpétuelle. De plus, en grignotant les trottoirs et en brisant les alignements de façades, la structure s’impose et provoque une transformation de la perception. C’est en ne respectant pas les règles d’urbanisme que l’échafaudage est caractérisé comme rebelle.
101
III. Expérimentation 2- Présentation des modules Nous nous basons sur les pièces standardisées mises en place par l’entreprise «entrepose» Plinthes
Moises
Moises renforcées
Planchers
Diagonales
Poutres de franchissment entrepose échafaudages
102
d’une mÊthode
Montants
Embouts
Berceau de stockage
103
III. ExpĂŠrimentation
104
d’une méthode
De notre point de vue, ce principe constructif constitue l’outil d’expérimentation adéquat. Nous avons fait le choix de développer la structure de l’échafaudage fixe. Les éléments constitutifs tel que les bases, les étais, les planchers, les contreventements et autres modules sont utilisés et déclinés suivant les projets. De plus, l’installation est auto-portante et vient ainsi frôler le contexte sans l’altérer. D’après nous, c’est une combinaison évolutive dans le temps, modulable et appropriable. Ces trois atouts, nous permettent d’imaginer des espaces à vivre ancrés dans une temporalité. Par ailleurs, de par sa forme inattendue et son rapport en marge vis à vis du contexte, elle constitue une architecture signale qui participe à la communication du projet. Afin de signifier notre intervention et la rendre remarquable, les éléments de l’échafaudage sont peints en orange. Nous avons choisi cette couleur car elle est vive et donc capte les regards tout en s’inscrivant dans l’imaginaire du chantier. En outre, la structure échafaudage ne nécessite pas de fondations. L’impact au sol est donc minime et n’affecte que légèrement la circulation. Finalement, l’échafaudage est la méthode permettant de penser le projet en terme d’expérimentation des espaces et du temps.
105
Comment la« vivre ensemble séparément »?
Entre la rue voltaire Quai créqui direction la première et abbé de la salle le Laa tronche, droite après le long de la rue bayard boulevard édouard rey «tu
mets
à
prendre
Square de Belm o n t hé
magnolia!
peu
près
le
10
minutes
à
tandem
vélo!»
«hey»!
réactiver les délaissés urbains et les rendre a p p r o p r i a bl e s
deux familles : les espaces traversants et les espaces stagnants
Récréer un sol, bousculer les h o r i z o n ta l e s e t créer du relief
nappe général férié Lesespacesoubliés, au hasard de balades urbaines
oh temps s ’a r r ê t e r ! ! Couvrir Plugger Stratifier G u i d e r S’a d o s s e r P l i e r
Accompagner et révéler
le
passage volumétrie
La ville ne s’écrit pas seulement dans de grands gestes architecturaux mais aussi à travers un vocabulaire miniature qui fait signe et sens.
Créer une couverture sur l’espace public afin de créer un « entre-deux »
n
Iv. ExpĂŠrimentations in situ
Pour commencer notre ballade urbaine dans le centre ville de Grenoble, nous allons visiter le premier site repéré, en bordure des quais de l’Isère et du jardin de ville :
les îles du square de Belmont Ce site appartient à la première famille d’espaces délaissés qui sont les espaces traversés
108
Téléphérique
Jard
in de
ville
Cours Jean Jaures
109
110
111
Plan de contexte
112
Superficie L’espace total atteint une superficie de 1 100 m2. D’après l’analyse des flux on se rend compte que le square est accessible directement en voiture. Les voies de chemins de fer : train et tram ainsi que les pistes cyclables sont toutes proches cependant les voies piétonnes ne dominent pas.
1100 m2
Université Inter-âge
Au Sud et à l’Est, le bâti accueille des logements, au Nord, on trouve l’université Inter-âge et à l’Ouest, un bâtiment GEG. En résumé, le square est un espace public en partie ensoleillé, peu bruyant. D’une manière générale, les passants traversent mais ne s’arrête pas. Quelques personnes viennent promener leur chien et de temps en temps, des jeunes investissent l’aire de jeu pour jouer au ballon. On se rend compte que cet espace ne marche pas. Malgré les différentes installations présentent sur le site, elles sont peu ou pas utilisées. Finalement, actuellement le passage est subi et l’espace traversé est nié et n’apparaît en rien agréable.
Rosace d’analyse
113
Donner une dynamique et une unité
Le square est composé d’une galerie en rez de chaussée. D’un côté, elle longe le bâti et de l’autre, elle est rythmée par des arcades ouvertes sur le carré d’herbe. Le square présente un tracé au sol rigide et organisé autour d’un carré de verdure central et des chemins juxtaposés, pavés. En plein milieu, une fontaine en forme d’huitre trône fièrement, elle a une emprise d’un peu plus de 4m2 au sol. Le pourtour est ponctué d’arbres feuillus, de bancs, d’un jeu pour enfants, d’une fontaine à eau, de parkings à vélos et d’un espace pour chien.
0 2m 4m
114
8m
N
0 2m 4m
8m
115
«Les chemins du désirs» et les entre-deux
116
Le projet répond à deux objectifs : le premier, offrir une unité à l’ensemble du square et le deuxième, donner du relief. Pour se faire, on s’appuie sur les « lignes de désirs » c’est à dire les chemins tracés naturellement par les usagers, les plus courts pour atteindre leur but. A la manière des empreintes de pas dans la neige, on peut lire et retracer ces lignes naturelles. Contrairement aux urbanistes qui décident de la taille et de l’emplacement des circulations, ce principe, comme le pense Gaston Bachelard, philosophe dans son ouvrage « la poétique de l’espace », soulève l’idée que l’homme, par expérience du lieu, préfère un petit sentier de terre et d’herbe au chemin clairement conçu en béton. Sur le site, ces lignes sont dessinées comme les tracés les plus courts reliant deux points. Ils induisent des entre deux, des poches, dans lesquels la programmation est injectée.
Tentative d’aménagement des chemins du désirs courbes: conflit avec l’orthogonalité du plancher de l’échafaudage.
Les «planchers-mobilier» investissent à la fois les chemins et les entre-deux: composition complexe.
Les chemins sont traités avec un autre matériau que le mobilier, ces derniers sont agencés au milieu des entre-deux.
L’aménagement est relié à son contexte, les chemins courbes restent encore trop compliqué et brouillent la lecture. N 0
10 m
20 m
117
40 m
Kelly Shannon « Topographical overpass »
Cha ise
long
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Table et banc
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rton
118
Par ailleurs, dans cette recherche de mouvement et de dynamisme qui font actuellement défaut dans le square, à la manière de Kelly Shannon, architecte, dans son projet « Topographical overpass », on vient bousculer les horizontales et créer du relief. Le projet prend alors la forme d’une grille qui, dès qu’elle touche le sol, vient se déformer, prendre du relief et adopter la forme du mobilier urbain tels que bancs, assises, tables de pique-nique, jeux pour enfants ou abris. Les îles programmatiques qui composent le square sont mises en oeuvre à partir des planchers de l’échafaudage en métal perforé. A des moments, les bandes sont planes pour permettre la circulation, à d’autres moments, les bandes se plient occasionnant le mobilier ou alors les bandes disparaissent et révèlent l’élément eau ou végétal.
Lampadaire
Les îles programmatiques
ique
Ilot p
Ilot galerie
ique
n
Ilot enfants
Ilot bain
de soleil
ue t piq
e
niqu
Ilo
119
Mobilier échafaudage
Le square est composé d’une galerie en rez de chaussée. D’un côté, elle longe le bâti et de l’autre, elle est rythmée par des arcades ouvertes sur le carré d’herbe. Le square présente un tracé au sol rigide et organisé autour d’un carré de verdure central et des chemins juxtaposés, pavés. En plein milieu, une fontaine en forme d’huitre trône fièrement, elle a une emprise d’un peu plus de 4m2 au sol. Le pourtour est ponctué d’arbres feuillus, de bancs, d’un jeu pour enfants, d’une fontaine à eau, de parkings à vélos et d’un espace pour chien.
100 cm
100
cm 80
cm 65
cm 80
cm
0 2m 4m
120
8m
N
0 2m 4m
8m
121
Ambiances
122
assise
banc
table de pique nique
chaise longue
bain de soleil
jeu pour enfant
123
Nous continuons dans le centre ville de Grenoble, avec la visite du deuxième site, en lien direct avec les halles Sainte Claire et le quartier Notre Dame :
le théâtre de la courette Sainte Claire Ce site appartient à la première famille d’espaces délaissés qui sont les espaces traversés
124
Mais
on d
u to
uris
me
rme
LycĂŠe Stendhal
Platefo
Place Verdun fecture
PrĂŠ
125
126
127
Plan de contexte
128
Superficie
Ce passage est bien connu des grenoblois, il relie rapidement la rue voltaire au marché des halles. Ce site est aussi très proches du bureau du passage Stendhal et du café de la poste abbé de la salle. C’est un lieu très attractif au regard de sa position dans la ville.
600 m2
Il s’agit d’un passage exclusivement piéton, actuellement très peu emprunté pour ses caractéristiques propres entant qu’espace clos. Il est relativement ensoleillé et calme, bien entretenu, mais possédant peu de végétation. Pour des raisons de sécurité, les pompiers ont récemment interdit l’accès des automobilistes.
Rosace d’analyse
C’est un espace public qui fonctionne de la même manière qu’une cours d’immeuble. Cependant, aucune assise, ni aucun lieu de pose ne sont prévus. Cet espace possède beaucoup de qualités peu exploitées, d’où l’attente des habitants du quartier.
129
Renforcer la centralité de ce lieu afin qu’il devienne « un espace délibérément choisi, appropriable et vécu entant que tel ».
s’adosser investir la périphérie
Il est question ici d’investir la périphérie et ainsi modifier ces façades arrières actuelles. Un jeu sur la perception du dedans-dehors est ainsi créé par les structures.
130
Avant d’arriver à cette proposition finale, nous avons expérimenter l’échafaudage dans ce lieu sous différentes formes.
Réflexions spatiales
Appropriation centrale de l’espace - Installation d’une extension de marché Mise en place de balcons privés - Installation d’une structure contre le mur aveugle Disposition aléatoire des boîtes - Réflexions sur l’orientation des sols
Réflexion sur l’orientation de l’escalier - Désaxé du mur, à 2 volées
Réflexion sur l’orientation de l’escalier - Désaxé du mur, à 1 volée
Réflexion sur l’orientation de l’escalier - Désaxé et centré par rapport au mur, à 1 volée
Bloc de services et de circulation parallèle au mur - niveaux émergents 131
Il y a ici, deux niveaux d’interventions, un premier qui consiste en la requalification du sol et des limites existantes, afin de révéler les potentialités mal exploitées. Le deuxième niveau d’intervention réside dans le montage d’un échafaudage : espace public à différents niveaux et support de spectacles vivants.
132
Un mur aveugle présent dans l’angle devient le principal support à l’assemblage, un bloc de circulation et de services y est appuyé. C’est de cette façade que les éléments émergent et complètent la dynamique des volumes présents dans cet interstice Il est composé de 3 niveaux principaux et de demi-niveau dits coursives techniques. Chacun des niveaux est donc libre d’accès, seules les boîtes sont sécurisées.
Plan masse
133
0 1
2
5m
On peut voir ici le plan du premier niveau qui accueille les deux première boîtes, la boite à outils qui sert de stockage pour les éléments d’échafaudage et de jauge, et de la buvette mise à disposition pour des barbecues, apéro ou pendant les spectacles.
Rez de Chaussée Niveau 1
9m²
La «boîte à outils» .la jauge .le stock des éléments d’échafaudage
134
9m²
La «buvette»
5,2m
Hauteur sous scène
64m²
Surfance couverte
Rez de ChaussĂŠe 0
135
1
2m
Ce plan nous montre le deuxième niveau, l’espace scénique principal qui fonctionne avec les niveaux supérieurs et inférieurs. La boite à sons est installée à ce niveau, elle abrite le stock des éléments sonores et la régie.
Espace scénique Niveaux 1bis et 2
4 m²
Coulisses
36 m²
Espace scénique principal
9 m2
La «boîte à sons» .la régie .le stock du matériel
5m
136
Hauteur sous Grill sur scène
Espaces scĂŠniques 0
137
1
2m
Les coursives techniques peuvent accueillir les coulisses, les installations sonores et lumineuses, peuvent fonctionner comme extensions de la scène ou encore comme des balcons accueillant du public. La boite à image située, à ce niveau, abrite le stock de la technique liée aux lumières et à la projection. Le grill, 4 niveau couvre les niveaux inférieurs et accueil les installations sonores et lumineuses.
Coursives techniques et grill Niveaux 2bis, 3, 4 et 5
Le belvédère est l’ultime niveau qui offre un point de vue sur la totalité de l’espace. Ils fonctionnent tous deux comme espaces publics.
15 m² 12 m²
Coursives techniques
9 m2
La «boîte à images» .le stock du matériel de projection et des luminaires
2,5 m 138
Hauteur sous Grill
Coursives techniques 0
139
1
2m
Ambiance
La courette comme cœur d’îlot réactivé où il fait bon vivre de se retrouver après le marché ou lors d’un concert d’une soirée estivale.
140
141
En continuité du site précédent, nous arrivons maintenant à notre troisième site, au pied du lycée Stendhal, en plein coeur de la ville :
le bureau du passage Stendhal Ce site appartient à la première famille d’espaces délaissés qui sont les espaces traversés
142
Mais
on d
u to
uris
me
rme
Platefo
Place Verdun fecture
PrĂŠ
143
144
145
Plan de contexte
146
Superficie Nous continuons notre promenade au niveau du passage Stendhal. C’est un lieu de passage très peu emprunté. Il est considéré comme une appendice urbaine qui n’a jamais été pensée entant que volume d’une surface de 80m² sur 5m de hauteur.
80 m2
Il s’agit d’un espace rendu public au moment de l’installation de la ligne A de tramway en 1987, pour des questions de sécurité de passage. On remarque que 25 ans plus tard cet espace n’est toujours pas considéré par les usagers en tant que tel.
Rosace d’analyse
Un espace sombre, peu entretenu qui ne possède pas de végétation. Il est accessible à pied ou à vélo et se situe dans un milieu attractif, en plein centreville de Grenoble, dans la continuité des collèges et lycées Stendhal. Sa position géographique centrale, nous amène à le penser comme point de départ de notre démarche.
147
La plupart des passants, traversent la rue en évitant cet endroit malgré le danger de la route et du tramway.
guider révéler la volumétrie
L’intervention ici agit de manière à ce que le passage devienne un choix. Par cette intervention, le passage Stendhal devient alors, un espace vécu et appropriable, révélant sa volumétrie.
148
Lieux de pause plus importants que le lieu de passage Faire que le passage devienne secondaire par rapport à l’espace appropriable.
Par leurs dimensions, les espaces de pauses deviennent alors secondaires.
Lieux de pause et de passage de même importance
Modifier les habituces de démanbulation au sein de l’espace.
Déambulation plus logique au vu du volume traversé.
149 Comment traverser?
Le passage relie physiquement les rues Condillac et Raoul Blanchard par la mise en place d’une toile tendue (de type précontraint) sur échafaudage, qui nous couvre, nous guide, nous accompagne. Venir chercher le passant depuis les différents axes et créer un lieu clos pour les associations, collectifs, acteurs de la ville,... permettant de questionner ensemble ces horizons du possible que nous offre la ville.
150
Plan masse 0 1
151
2
5m
Nous mettons en place, ici le bureau de notre collectif, Échafaude ta vi[ll]e. C’est ici que nous organisons, évènements, réunions, rencontres, pique-nique et autres évènements regroupant les collectifs, habitants,etc. Le local occupe la moitié de la surface au sol soit 40m² sur une hauteur de 2,5m, et permet de créer un deuxième niveau public de même dimensions. Ce dernier est accessible par un large escalier parallèle à la structure invitant le passant à modifier sa déambulation.
152
Plan Rez de ChaussĂŠe 0
1
2m
153 0
1
2m
Ambiance
154
155
Ambiance
156
157
Pour finir la ballade au Nord Est de la ville, nous allons visiter le quatrième site repéré, en bordure du quartier des Antiquaires :
le café de la poste Abbé de la Salle Ce site appartient à la deuxième famille d’espaces délaissés qui sont les poches urbaines, les espaces vacants.
158
Halle Maison du
Sainte
Claire
tourisme
rme
LycĂŠe Stendhal
Platefo
Place Verdun fecture
PrĂŠ
159
160
161
Plan de contexte
162
Superficie C’est un espace qui n’a jamais été pensé comme un vide ou un creux mais comme un élément à part entière du bâtit. En effet jusque dans les années 1960, il y avait une écurie de la poste, qui a été finalement réduit en cendres. Depuis, la copropriété n’a jamais réussi à ce mettre daccord sur un éventuel ré-aménagement ou une hypothétique reconstruction. Le voisinage a tout de même opté pour une solution précaire de sécurité : une barrière de 2m de hauteur constituée de palettes de bois et de matelas. Il est donc, à l’heure d’aujourd’hui, impossible de pénétrer dans l’espace.
300 m2
Rosace d’analyse
Les relevés, les témoignages des habitants du quartier et de la copropriété ainsi que nos expéditions, nous ont permis de tirer une conclusion sur les qualités urbaines du lieu. C’est un espace désert car il n’est ni accessible par les passants ni par les habitants de l’ilôt. Peu ensoleillé à cause de la hauteur des logements alentours, et fait office de déchetterie. 163
Afin de récativer ce lieu et de le rendre habité et appropriable, le processus du projet est divisé en deux temps. En premier lieu, nous venons ouvrir l’espace, en abattant les murs de copropriétés, afin de le rendre traversant et public.
ouvrir stratifier
Puis nous venons investir le devant de la dent creuse en pignon de la rue Abbé de la Salle et le stratifier grâce à une structure échafaudage.
image d’intentions jour et nuit
164
Proposition pour l’arrière cour
première esquisse : L’espace est colonisé par différentes structures échafaudages, au statut privé ou public.
deuxième esquisse : La structure est placé sur le devant de l’interstice accompagnant le piéton à un jardin public.
Au cours de la mise en forme du projet, la question de l’arrière cour a été souvent soulevée. Est- ce un jardin public, un espace commun, un espace privé, une cour urbaine?
croquis projectuelle de l’élévation rue
165
Plan rez-de-chaussée
Au rez-de-chaussée un repavage de l’ensemble de la dent creuse crée une unité et marque le lieu comme un espace public remarquable. Les nouveaux pavés respectent les dimensions et la couleur du pavage existant. L’ajout d’un pourtour en damier marque et renforce la morphologie du lieu. Le traitement du sol permet de requalifier le lieu entant que véritable cour urbaine.
N
166
0m
2.5m
5m
10m
N
0m
2.5m
5m
N
10m
0m
2.5m
5m
10m
Plan niveau 1 cafétéria
Plan niveau 2 salle de télétravail
15.5 11.5 9.3
8.5
6 3.8
7.5
Dimensions de la structure en m
0 5
2.5
0
4.2
0
167
5.2
Plan masse
Au niveau supérieur, l’espace est laissé libre au public. Des toiles tendues, accrochées aux étais du garde corps, permettent d’apporter de l’ombre et d’abriter de la pluie. La terrasse offre une perspective à la fois sur la cour urbaine et sur la rue Abbé de la Salle, grâce à ces 8.50 mètres de hauteur.
N
168
0m
2.5m
5m
10m
0m
2.5m
169
5m
10m
Ambiance
170
171
Dans l’espace ouvert comme dans la structure, il y a un jeu entre l’espace privé et l’espace public, permettant au lieu d’être vécu 24h/24. En effet l’espace privé est matérialisé par la cafetéria et la salle de télétravail. Ce sont des volumes en tôle ondulée rouge, sécurisées, appartenant au gérant de la cafetéria. Le reste de la structure est ouverte au public en permanence. On peut alors parler
d’espace public vertical. 80.5 m2
espace terrasse
80.5 m2
espace fermé TELETRAVAIL : 17.5 m2 espace ouvert TELETRAVAIL : 63 m2
80.5 m2
espace fermé buvette : 17.5 m2 espace ouvert buvette : 63 m2
172
0m
1m
2m
4m
173
Nous allons visiter le cinquième site repéré, au coeur du cours Jean Jaures, face à la voie ferrée, en face du marché de l’Estacade :
La guinguette du marché de l’Estacade Ce site appartient à la deuxième famille d’espaces délaissés qui sont les poches urbaines, les espaces vacants.
174
Voie ferrée Marché de l’Estacade
Places de parking
Collège de l’Aigle ld’s Macdona
175
176
177
Plan de contexte
178
Superficie Actuellement le triangle est une propriété privée à l’abandon et squatté sur une superficie de 140 m2. Au rezde-chaussée, une alcôve sert d’abri à un sdf. Récemment, une murette à été construite et marque la limite de la parcelle. Juxtaposant cet espace oublié, des travaux sont en cours de réalisation. En effet, derrière des rideaux de fer ajourés, on arrive à deviner ce qui se trame à l’intérieur. Tout laisse penser qu’en réalité ces fermetures sont les prochaines vitrines d’une ou deux boutiques. Par ailleurs, au dessus de ces éventuels magasins, se trouve une terrasse à caractère privé. D’une surface totale de 40 m2 (a verifier), cette terrasse est accessible depuis les logements R+1 voisins. La rue Camille Desmoulins qui longe le site est en sens unique et une piste cyclable la parcourt. En face du site, on retrouve le marché de l’estacade et au dessus la voie de chemin de fer.
140 m2
Rosace d’analyse
En résumé, c’est un espace privé, très ensoleillé, dépourvu de végétation, bruyant et pas du tout entretenu provoquant une fréquentation quase nulle.
179
L’intention est de venir créer une guinguette. Au rez -de-chaussée, on favorise le contact avec l’ambiance du marché. Au niveau de la terrasse, on cherche à renforcer le lien avec le train.
Créer du lien avec le marché et le train
180
On propose de venir habiter le rez-dechaussée. Des panneaux amovibles sont installés aux limites de l’alcôve. Cet espace pourrait servir de stock et par la même occasion générer une table et des bancs pour vivre le lieu.
Propositions aménagement de l’alcôve
181
Maquette d’étude réalisé
e en capellini
Test maquette
182
La structure longe le bâti existant et investit la terrasse
Propositions d’impantation
Large nappe qui se déploie jusqu’ au dessus du trottoir
Nouveau essai de nappe aux proportions changées
Deux orientations différentes en terrasse et au rez-de-chaussée
L’orientation de la structure est unique et parallèle au trottoir
N
La structure est greffée à la murette, à cheval sur les limites de la parcelle.
0
183
10m
20m
40m
La structure échafaudage vient se greffer à la murette existante de part et d’autre de cette dernière. 7 places de parkings sont céder aux piétons afin d’agrandir le trottoir. La structure ne respecte pas l’alignement des façades et de cette manière crée un appel et renforce le lien avec le marché.
Projet
0
184
2m
4m
8m
N
0
2m
4m
8m
Plan de la terrasse
185
Projet
La terrasse publique s’établit au-dessus de la terrasse privé. La première est en relation avec la voie de chemin de fer participant ainsi à la scénographie du lieu et la seconde est préservée et garde son statut privé. Le mobilier installé en terrasse rapelle celui du train. participe à la scénographie du lieu. Pour gérer la limite entre le public et le privé, des plaques de plexi glass translucide sont fixés à la structure côté bâti
0
186
2m
4m
8m
N
0
2m
4m
8m
Plan masse
187
La tour escalier participe à la stabilité de l’ensemble de la structure et forme une architecture signale.
Ambiance
16.50
4.
50 m
9.50m
m
188
189
Nous arrivons enfin au sixième et dernier site, situé au coeur du quartier de la capuche, au centre de Grenoble:
la cabanes de la dalle Général Ferrié Ce site appartient à la deuxième famille d’espaces délaissés qui sont les poches urbaines, les espaces vacants.
190
Ligne de Tramway C
IntermarchĂŠ
191
192
193
Plan de contexte
194
Superficie Cet estpace est divisé en deux parties indépendantes : un parc faisant office de cour commune pour les immeubles alentours, et une dalle de parking souterrain de 170 m2, accessible à pied mais complétement inutilisée.
1200 m2
Rosace d’analyse C’est un lieu très ensoleillé, fréquenté uniquement par les habitants de l’ilôt. Ce site est régulièrement entretenu par le service d’entretient de la ville.
195
Afin de faire de lieu, un espace vécu et rassembleur, nous tilisons un geste architectural simple mais efficace. Nous venons couvrir, abriter l’espace à l’aide d’une couverture en structure échafaudage.
couvrir habiter l’entre-deux
Cet interstice bénéficie de deux niveaux d’intervention. Dans un premier temps, un ré-aménagement du sol est mis en place, puis nous installons une nappe de 5 mètres de hauteur abritant des cabanes pour enfants. Recréer un coeur de quartier. image d’intentions
196
Propositions de formes de la nappe Il a fallut tout d’abord penser à la forme de la couverture et à sa stabilité. la couverture est stabilisée aux deux extrémités : un poteau ramifié à la moitié de la structure.
la couverture est sous-tendue par un poteau à l’extrémité droite de la structure, à l’image d’un arbre.
la couverture est suspendue par un poteau central.
la couverture est en porteà-faux.
l’ensemble des poteaux portants est répartie sur la longueur de la couverture. Hyperstatique.
les poteaux portants sont rabattus à l’extrémité droite de la structure.
0m
197
10m
20m
40m
Maquette d’expÊrimentation
Traitement de la nappe
N
0
10
20
40
198
Propositions d’orientation de la nappe Le but de cette expérimentation est de trouver l’orientation et l’implantation de la structure échafaudage adéquates. La reflexion est basée sur la préservation des éléments remarquables du lieu : l’arbre, marquant l’entrée du parking souterrain, le mur aveugle au fond du site, le chemin principal et la distance avec la rue Général Ferié.
arbre
d. rue
% dalle
1
2
3
4
5
6
7
8
9
10
chemin
1
0K
8m
10%
souligné
2
rasé
1m
2%
pas souligné
3
rasé
2m
6%
pas souligné
4
0K
3m
10%
pas souligné
5
rasé
4m
25%
pas souligné
6
0K
3m
10%
pas souligné
7
0K
6m
80%
souligné
8
0K
6m
30%
souligné
9
rasé
2m
10%
souligné
10
0K
15m
6%
pas souligné
11
0K
4m
40%
pas souligné
11
199
Plan rez-de-chaussĂŠe
N
200
0m
2.5m
5m
10m
Le ré-aménagement de l’espace consiste à réorganiser l’espace dans le but de définir de nouvelles activités afin de rendre le lieu plus dynamique. Dans le prolongement des escaliers existants, trois marches de 40 cm de hauteur, épousant la forme arrondie de la dalle, créent un amphithéâtre. Celui-ci est orienté vers le mur aveugle à l’arrière du site, devenant support de projection ou d’intervention artistique. AMPHITHEATRE TERRASSE CHEMIN
AIRE DE JEUX
AIRE DE DETENTE ET PIQUE NIQUE
La dalle, jusqu’à lors inutilisée devient une terrasse, pouvant accueillir des tables fixes, pour créer un lieu de rassemblement à l’heure du déjeuner ou du café, ou des événements ponctuels tels que des cours de danse. Le chemin central est privilégié et souligné par la lumière projetée des ouvertures zenithales de la nappe. L’ancien carré de pelouse est élargie et adapté à la morphologie du site, offrant un espace plus large pour un pique-nique. Il est agrémenté d’une aire de jeux, matérialisée par une dalle armotissante rouge. La forme organique de celle-ci est volontairement organique afin de renforcer l’orthogonalité de la nappe.
201
Plan masse
N
202
0m
2.5m
5m
10m
La seconde intervention consiste donc à l’installation d’une nappe en structure échafaudage de 15m x 22.5m. Elle vient abriter une partie de la dalle et de l’aire de jeux. Cette couverture est renforcée par une toiture en plancher d’échafaudage, contreventant le tout et donnant de l’épaisseur visuelle. L’épaisseur de la nappe est égale à l’épaisseur de la dalle de parking.
2.5
m
1.9 m
2.5
m
2.4 m
0.6 m
2.4 m
22.5
m
15 m
203
0m
2.5m
5m
10m
L’élément fort de ce projet ce sont les cabanes pour enfants de 1.90m de hauteur qui viennet habiter la nappe. L’accès se fait soit par un escalier, pour les parents, soit par trois murs d’escalades fixés à la structure, pour les plus casse-cou. Un jeu sur les façades permet aux parents installés sur la terrasse de profiter du jeux d’ombres chinoises et de couleurs créer par des parois translucides.
205
0m
2.5m
5m
10m
La programmation tournée vers les petits citoyens de la ville répond aux intentions projectuelles de départ qui sont de s’adapter aux proportions humaines et de moduler l’espace. L’enfant construit par le jeu et l’imaginaire un lieu où tout lui est possible. Les cabanes renvoient à une notion de rêverie. Lieux à part, incubateur d’utopie où les limites s’estompent, où le temps est rompu, contraintes sociétaires et spatiales se relâchent. Ce sont des espaces pensés pour la pensée. « Penser l’imagination comme une puissance majeure de la nature humaine.»1 1. Gaston Bachelard, La poétique de l’espace, éd. PUF, 1961,
207
208
209
210
Dans le but d’ancrer concrètement notre démarche dans le territoire, nous avons mis en place un scénario hypothétique de l’installation du projet. Les six territoires d’actions s’activent au fur et à mesure, offrant ainsi à la ville de Grenoble de nouveaux espaces publics, questionnant la notion de vivre ensemble. Fonctionnant comme une nouvelle couche de temps et d’aménagement, ces lieux de rassemblement viennent s’insérer dans les temporalités des grandes transformations de l’agglomération. En effet, depuis quelques années, Grenoble connaît un réaménagement d’un grand nombre de ses quartiers, tels que le projet «coeur de ville, coeur d’agglo», l’esplanade, le cours Jean Jaures ou encore la ZAC Flaubert. Le projet vient alors compléter ses modifications majeures en apportant une dimension locale et participative à l’aménagement urbain de leur quartier. Par ailleurs, ces nouveaux territoires du possible sont reliés aux événements culturels grenoblois, afin de signifier les liens programmatiques qui les raccrochent à la vie de quartier. Les festivals de musiques, de théâtres et de jeux sont aux rendez-vous mais aussi les conférences thématisées autour des questions urbaines et les ateliers d’éveils pour enfants. Cette période de mise en action des points d’impulsions serait de 1 an, à compter du 12/06/2012. Chaque installation se monte sur une période de 2 semaines à 2 mois, suivant le degré et le niveau d’aménagement. Une fois actif, les nouveaux terrains d’expérimentation rayonnent à l’échelle du quartier et plus encore, à l’échelle de la ville entière, grâce à la participation précieuse de la population. En effet, le projet est utilisé comme déclencheur de nouvelles initiatives auprès des espaces délaissés. Dénichés et analysés avec les habitants, ces horizons d’attente viendront compléter la liste, de manière à réactiver et renforcer l’échelle locale de la ville de Grenoble. 211
> Légende
Liste des grands projets futures > L’Esplande et la presquile > Les quais et l’hyper centre > La ZAC Flaubert > Le quartier Blanche Monier > Nouvelle ligne de tramway E > Le quartier Mistral-Eaux-Claires.
Liste des évenements annuels grenoblois
> Festivals de musique, cinéma, théâtre > Jeux pour enfants, cirques, foires > Marchés, salons gastronomiques > Salons et festivals du jeux > Conférences et brocantes
212
> Mise en place des expérimentations in situ : .temps 0 : 12/03/12 .temps 1 : Collectif «Echafaude ta vi[ll]e» + installation du «bureau du passage Stendhal»
N
> Mise en place des expérimentations in situ : .temps 2 : Installation du second site «Le théâtre de la courette Ste claire», communication
N
> Mise en place des expérimentations in situ : .temps 3 : Installation du troisième site «les cabanes de la dalle Général Ferrié»
N
> Mise en place des expérimentations in situ : .temps 4 : Installation du quatrième site «Les îles du square de Belmont»
N
> Mise en place des expérimentations in situ : .temps 5 : Installation du cinquième site «la guingette du marché de l’Estacade»
N
> Mise en place des expérimentations in situ : .temps 6 : Installation du sixième site «la café de la poste Abbé de la Salle»
N
> Mise en place des expĂŠrimentations in situ : terminĂŠe .temps 7 : Les sites en actions sont autonomes et rayonnent
N
Une fois que les territoires d’expérimentations fonctionnent en tant qu’espaces publics à part entière, une mise en réseau de ces liens communautaires se met en place. Rien de physique ni de matériel, ces traits d’unions permettent d’étendre ces actions dans le temps et dans l’espace mettant en route une machine à pensée la ville.
226
> Expansion du territoire d’action et lien communautaire : Les grilles d’analyses sont traitées par le bureau et de nouveau projet emmergent
8
.temps 8 +
N
Conclusion La planification urbaine peut prendre beaucoup de temps à se mettre en place et donc à transformer l’image de la ville. C’est souvent par des interventions locales rapides et par l’energie qu’elles provoquent, à l’échelle du quartier, que nos territoires vécus sont réactivés. L’acupuncture appliquée à l’architecture, est alors la réponse la plus pointue, puisqu’elle cible et stimule des points névralgiques. Un nouveau square ici, un théâtre de ce côté-là. Des cabanes pour les enfants. Une guinguette. Un bureau peut-être? Les expérimentations menées grâce à l’outil théorique de l’échafaudage, permettent de requestionner et ré-investir ponctuelement les interstices spatio-temporels. L’expérience faite apporte simplement une modification forte. Ce sont ces structures échafaudages mises en oeuvre, microarchitectures adaptables et modulables, qui transforment tout spatialement. En somme, cette démarche de la conception urbaine, nous a amené à refléchir ensemble, sur ces considérations qui font défaut dans l’aménagement et les usages de la ville, sur notre statut de concepteur et d’aménageur et sur nos horizons professionels et personnels. Ce travail de projet de fin d’études est une première reflexion qui nous donne envie de faire plus.
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« Toutes les lectures qu’on aime ne sont rien d’autre que des prétextes à projections. » Gérard Bessette
Lectures « Expériences du lieu : architecture, paysage, design » // Patrick Barrès // ed. Archibooks, 2008 // 123 pages « Construire en habitant » // Patrick Bouchain, Exyzt // ed. Actes sud, Barcelone 2011 // 111 pages « le paysage, c’est l’endroit où le ciel et la terre se touchent ! » // Michel Corajoud // ed. Actes sud, 2010 // 271 pages « Espacements, L’évolution de l’espace urbain en France » // Françoise Choay // ed. Skira, Milan, 2003 // 127 pages « Pour un nouvel urbanisme, la ville au cœur du développement durable » // D.Clerc, C.Chalon, G.Magnin et H.Vouillot // ed. Yves Michel, Gap – ed. Adels, Paris, Mars 2008 // 157 pages « Psychologie sociale » // David G.Myers, Luc Lamarche // ed. Chenelière, MC Graw-Hill, Canada, 1992 // 550 pages « Life between buildings, Using Public Space » // Jan Gehl // ed. Fifth, The danish Architectural Press, 2001 // 202 pages « Si la ville métait contée... » // Luc Gwiazdzinski // ed. Eyrolles, Paris 2005 // 247 pages « La ville 24h/24 » // Luc Gwiazdzinski // ed. L’aube, Paris 2003 // 253 pages « Contre l’architecture » // Franco La Cecla // traduit de l’italien par Ida Marsiglio // ed. Arléa, Paris 2010 // 175 pages « Acupuncture urbaine » // Jaime Lerner // traduit du portugais brésilien par Paula Liberato et Marianna Deforge // ed. L’Harmattan, 2007 // 119 pages
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Bibliographie
« Epèces d’espaces » // Georges Pérec // ed. Galilée, 1974 // 100 pages « L’art de bâtir les villes, l’urbanisme selon ses fondements artistiques » // Camillo Sitte // traduit par Daniel Wieczorek // ed. du Seuil Mai 1996, première édition 1980 // 188 pages « La dimension cachée » // Edward T. Hall // traduit de l’anglais par Amélie Petita // ed. originale Doubleday & C° à New-York, 1966 – ed. du Seuil, à Lonrai, 1971 // 254 pages « Le piéton dans la ville, l’espace public partagé » // J.J Terrin // ed. Parenthèses, Marseille 2011 // 279 pages « La ville en creux » // Claude Thiberge // ed. du Linteau, Paris 2002 // 335 pages « Petit traité des villes à l’usage de ceux qui les habitent » // Sibylle Vincendon // ed. Hachette Littératures, St Amand Montrond, 2008 // 178 pages « L’espace critique » // Paul Virilio // ed. Christian Bourgois, 1984 // 187 pages « Cybermonde, la politique du pire, Conversation avec Philippe Petit » // ed. Textuel, Paris, 2007 // 108 pages
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Articles « Cœur de ville / Cœur d’agglo, Programme de requalification et d’extension du centre-ville 2007-2017 » // Publié par la Mairie de Grenoble Le catalogue « Graines de quartiers ; Cultivons des idées pour la ville de demain » // Publié par l’agence d’urbanisme de Grenoble, 2009 « Esplanade, l’entrée de ville va changer de visage » « Circulation, limiter les nuisances » « Du nouveau en gare de Grenoble » // Les nouvelles de grenoble, n°147, Journal d’informations de la ville, janvierfévrier 2012 // Chap. « habiter à Grenoble » Sites internet Rendre la ville à l’homme ; http://www2.cnrs.fr/journal/2937.htm Action : comment s’approprier la ville ? ; http://fr.apolliner.com/2008/12/exposition-actions/ Le nombre d’or ; www.pileface.com « Less is not enought » ; http://www.freaksfreearchitects.com/ Collectif « zoom architecture » ; http://www.zoomarchitecture.fr/blog/ Collectif « ETC » ; http://www.collectifetc.com/ Agence « AP5 » ; http://www.ap5.fr/spip.php?rubrique3 « Super-flux », échafaudage du réel, Festival des architectures vives ; http://fav2004.free.fr/f-echafaudage.htm
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Bibliographie Espace temporaire, Art dans l’espace public; http://www.espacetemporaire.com/page/2/ Site de la société Entrepose-Echafaudage ; http://www.entrepose-echafaudages.fr/index2. php?goto=detail_produit&cat_id=1&id=3 Cyrielle Duprez, designer d’environnement ; http://cyrielleduprez.ultra-book.com/portefolio http://becheau.bourgeois.free.fr/phonemes/index.php/ Expositions http://www.archiproducts.com/fr/produits/23285/pontstours-echafaudages-condor-group.html Conférence « La densification urbaine: quels enjeux? » ; Le 17 janvier 2012 ; Café des Arts, 36 rue St Laurent, Grenoble Yves Chalas, professeur d’urbanisme à l’université, Luc Gwiazdzinski, docteur en géographie, enseignant-chercheur à l’université Joseph Fourier de Grenoble, Michel Albouy, économiste, professeur des finances à l’université ; Projets de fin d’études « Aménagement d’un interstice urbain »Yann Blanchi « La ville maléable » Pauline Suhr « Des territoires de l’entre Lyon-Turin comme théâtre du quotidien » Pauline Gaudet, Alice Lathoud
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Remerciements à Françoise Véry et Patrick Thépot pour leur enseignement. à France-Laure Labeeuw pour ses corrections via skype. à Julie Martin, architecte, pour ses bons conseils. à Nos proches et amis avec qui on rigole bien. Merci Charlie, Lenny, Toco & Co... Merci à Eric pour son regard expert et ses conseils avisés. à nos parents pour leur soutient. ...et merci à chacune d’entre nous de croire en nous, pour les moments d’échange, pour la raison et la déraison.
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Laura Achard achard.laura@gmail.com Caroline Zaccariotto carolinezaccariotto@gmail.com Adeline Basty adeline.basty@gmail.com
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La ville ne s’écrit pas seulement dans de grands gestes architecturaux mais aussi à travers un vocabulaire miniature qui fait signe et sens. Plier. Récréer un sol, bousculer les horizontales et créer du relief. S’adosser. Investir la périphérie de l’espace afin de révéler le vide et de renforcer la centralité. Guider. Accompagner le passage et révéler la volumétrie. Stratifier. Habiter et exploiter verticalement. Greffer. S’accrocher sur l’existant et rendre accessible les différents niveaux. Couvrir. Créer une couverture sur l’espace public afin de créer un « entre-deux » et de délimiter un espace de vie appropriable.