ENTRETIEN
ENTRETIEN LMG : Que retenez-vous de cette rencontre avec les Français de l'Étranger des Émirats ?
entretien avec
Edouard Cour tial Secrétaire d’Etat aux Français de l’Etranger
« Je trouverais particulièrement pertinent que le Secrétariat aux Français de l’Etranger subsiste après 2012, quel que soit le résultat des élections… » A l’occasion de sa visite officielle aux Emirats, Edouard Courtial a répondu aux questions du Mag du Golfe PAR LAURENT DEGEORGES LMG : Quelle est le but de votre visite dans les Émirats ? Edouard Courtial : A chacun de mes déplacements, mon but est d’aller www.lemagdugolfe.com
à la rencontre de nos compatriotes installés hors de France, afin de mieux comprendre leurs attentes, leurs besoins, leurs préoccupations. Je ne veux en effet pas qu’on
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m’explique la réalité de leur vie dans mon bureau à Paris. Je veux m’en rendre compte moi-même sur le terrain. En cinq mois, j’ai ainsi visité 26 pays.
E. Courtial: J’ai rencontré une communauté particulièrement dynamique et bien intégrée dans un pays au cœur de la mondialisation. Nos compatriotes installés à Abu Dhabi, à Dubai et dans les Émirats du Nord participent au rayonnement de la France (culturel, économique) dans une région du monde en plein développement. Je les ai trouvés particulièrement heureux et combatifs ! J’ai également apprécié l’esprit d’entreprise de nos jeunes VIE, très nombreux dans ce pays (ils sont 163, ce qui fait des Émirats Arabes Unis la 9ème destination de nos VIE au plan mondial). Ils mettent en exergue la présence de nos entreprises dans cette fédération qui constitue notre 3ème solde commercial positif au monde et notre premier débouché dans la région. LMG : Quelles sont, selon vous, les principales mesures à mettre en place les concernant ? E Courtial : Accompagner les besoins de scolarisation qu’ils expriment pour leurs enfants. Que ce soit à Abu Dhabi ou à Dubai, la communauté française est en pleine expansion. Par conséquent, les capacités d’accueil de nos écoles françaises doivent être développées. J’ai ainsi inauguré le nouveau bâtiment du lycée Louis Massignon d’Abu Dhabi. A Dubai, le Comité de Gestion m’a présenté le projet de construction d’un nouveau site, juste à côté du lycée Georges Pompidou afin d’y rassembler toutes les classes élémentaires. Je vais intervenir pour que le projet puisse bénéficier de la garantie de l’État. Par ailleurs, nos compatriotes souhaitent être accompagnés dans leurs projets professionnels, que ce soit dans le domaine de la culture ou des affaires. Il faut donc renforcer
nos dispositifs d’appui dans ce pays (l’ouverture d’un nouveau consulat général à Dubai plus fonctionnel va dans ce sens) mais également réfléchir plus largement à un organisme qui accompagnerait nos compatriotes installés à l’étranger tant dans leurs démarches d’expatriation que de retour au pays. LMG : En cette période électorale, y a-t-il des éléments du programme de Nicolas Sarkozy spécifiques à la situation des Français de l'Étranger? E Courtial : Il convient tout d’abord de rappeler les réalisations concrètes du Président de la République en faveur des Français de l’Étranger. Il leur a donné une plus forte visibilité institutionnelle avec la création de 11 postes de députés des Français de l’Étranger. Il a surtout très significativement augmenté les aides à la scolarisation. Je veux naturellement parler de la prise en charge des frais de scolarité des enfants scolarisés au lycée mais aussi des bourses dont le montant a presque doublé entre 2007 et 2012 (passant de 50 à près de 100 millions d’euros). Concernant le programme du Président, vous comprendrez que je préfère lui en laisser la primeur. Mais à la lecture du discours qu’il a prononcé à Madrid le 16 janvier dernier, à l’intention des Français de l’Étranger, on peut comprendre qu’il étendra le dispositif de la PEC et mettra en place, comme je l’indiquais plus haut, un véritable service public d’accompagnement de l’expatriation et de la réinsertion. LMG : Vous avez souhaité revenir sur la « polémique » concernant le projet de Proposition de Loi concernant les binationaux ? E Courtial : Je ne souhaite pas particulièrement revenir sur cette polémique qui, pour moi, était close.
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Je m’en suis expliqué à plusieurs reprises. Mais il se trouve que j’ai été interrogé sur ce sujet, ici même, d’une manière assez politicienne d’ailleurs. Je veux simplement rappeler que je n’étais pas à l’initiative de cette proposition de loi. Je l’ai cosignée (en mai dernier) considérant qu’un débat sur cette question pouvait être intéressant. Cependant cette proposition de loi était très mal formulée. C’est pourquoi, j’ai retiré, comme le règlement de l’Assemblée Nationale me l’autorisait, ma cosignature. J’ai même indiqué que « le secrétaire d’État que je suis regrettait l’initiative prise par le député que j’étais ». La bi-nationalité est une richesse pour la France. C’est ce qu’a voulu dire le Président de la République quand il a indiqué que ce débat était clos. LMG : Selon vous qui avez la charge de ce Secrétariat d'État aux Français de l'Étranger, cette fonction est-elle technique ou politique ? E Courtial : Le Secrétariat d’État aux Français de l’étranger ne diffère pas de nombreux autres portefeuilles ministériels. Il est à la fois technique et politique, dans la mesure où il a vocation à conduire une politique en faveur d’une catégorie spécifique de Français (comme l’agriculture, comme l’Outre-Mer, comme les Anciens Combattants…). En tout état de cause, en cinq mois, j’ai acquis une certitude : celle que les Français de l’Étranger ont besoin d’un interlocuteur ministériel unique qui les accompagne dans leur situation particulière. Et en raison de leur augmentation constante depuis 10 ans (+ 58 % d’inscrits sur les registres des Français établis hors de France), ce besoin va aller grandissant. Par conséquent, je trouverais particulièrement pertinent que ce portefeuille subsiste après 2012, quel que soit le résultat des élections.
LMG Numéro 20 - Mars 2012