Mohamed Melehi

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Melehi



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Photo: K.Hardoz

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Mohamed Melehi

Exposition du 19 mai au 26 juin 2010

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Toute lumière est un vecteur de sensualité. Chez Melehi c’est une constante, une obsession féconde s’emparant de la couleur comme d’un masque pour répondre à d’autres masques, ceux-là qui encombrent la société et la détournent de la clarté infaillible de la vie. Melehi soulève les voiles, retire ce qui embrouille les yeux et les sens. C’est l’aboutissement d’au moins trois décennies de travail patient, rigoureux, entêté parce que d’un signe disant la vie, l’onde ou la vague, il est arrivé à une vision cosmique où le corps de la femme est suggéré sous la lumière bienveillante des astres. Longtemps la mer s’est inventée dans cet espace de liberté, la mer et ses vagues séparées puis mêlées dans un ordre qui contourne le réel. Le travail de Melehi, l’un des piliers de l’art plastique au Maroc, poursuit un chemin qui, à aucun moment, n’a cédé aux pressions de la mode ou de la facilité. Cultivant les manifestations de la lumière, du vent et de la passion de la couleur en tant qu’élément libre, signifiant par sa seule présence, il a porté la flamme vers des nuits et des cieux où les étoiles participent à la fête de la sensualité. Ce travail s’inscrit dans le mouvement des mentalités du pays : une sorte d’ambivalence entre un désir de sexualité libérée et une volonté de semer la société d’interdits multiples et absurdes. C’est le propre de toute société tentée par la modernité, c’est-à-dire par la reconnaissance de l’individu et par le respect des droits de la femme. Le rôle de l’artiste est de préserver les flamboyances de la vie, d’être au côté de la beauté et de sa magie surtout quand il y a blessure ou détournement. Quand on voile une chevelure, un visage, quand on dissimule un corps dans un linceul noir, l’artiste est de son devoir de rendre hommage à la beauté confisquée par des regards enténébrés. Il va au-delà et persévère dans son être. Comme écrit René Char « Celui qui veille au sommet du plaisir est l’égal du soleil comme de la nuit. » L’artiste est celui qui veille et ne se laisse pas berner par le discours et les clameurs vaines.

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Melehi a senti qu’au Maroc des interdits risqueraient de s’immiscer un jour dans l’intimité de chacun. Sa réaction est un engagement esthétique qui renforce la part oubliée de l’imaginaire, qui débusque la part maudite rôdant autour de la création. La couleur qui chante dans un concert de questions est une manifestation de cette résistance. La femme, le corps de la femme sont présents dans cette dernière série de travaux où l’aspect ludique, joyeux l’emporte sur tout autre message. Un chant lumineux habite ces formes et ces audaces. Melehi s’amuse et nous enchante. De l’onde quasi abstraite, il est passé aux rondeurs du corps et au désir poétique et paradoxale. L’onde devient un sein, la vague emporte dans son mouvement quelques étoiles, lesquelles nous indiquent la voie du plaisir et de l’enchantement visuel. En ce sens Melehi est resté un peintre classique. Il fait une œuvre pendant que d’autres font une carrière où ils barbouillent pour vendre. Le Maroc s’est mis à la peinture. Tant mieux. Dans la multitude, il en sortira certainement un ou deux grands artistes. Pour cela, il faut du temps, de la patience et que la confusion cesse, que l’eau devienne eau, que l’authenticité se manifeste et s’impose. Tout le reste n’est que bruit encombré de couleurs qui s’ennuient. La modernité ne se contente pas d’une gestuelle se voulant rupture. La modernité c’est du temps qui vieillit et creuse son sillon dans l’époque. Le travail de Melehi est en ce sens moderne, car ce qui nous est présenté aujourd’hui est un aboutissement patient, lent et réfléchi. Ce n’est pas un coup du hasard, un coup de chance. C’est un cheminement qui a commencé dans les années cinquante et qui s’est poursuivi malgré l’incompréhension ou les différents détournements dont a été victime cette création. Il est surtout sculpteur, concepteur de mouvement rappelant les éléments fondamentaux de la vie. Ces formes dérangent calmement. Elles ne racontent rien, elles célèbrent une poésie du bonheur, avec une référence aux constellations dont le mystère reste le secret de l’artiste. Il est évident qu’il faut regarder ce travail sous l’angle d’une mémoire chargée de bleu et de rencontres, tel un ciel favorable au rêve d’une belle résistance. Tahar Ben Jelloun

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Sans Titre, 2008 Acrylique sur toile 100 x 80 cm


Sans Titre, 2009 Acrylique sur toile 100 x 80 cm

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Sans Titre, 2008 Acrylique sur toile 140 x 200 cm (Dyptique)

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Sans Titre, 2009 Acrylique sur toile 100 x 80 cm


Sans Titre, 2008 Acrylique sur toile 100 x 80 cm

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Sans Titre, 2009 Acrylique sur toile 120 x 110 cm


Sans Titre, 2009 Acrylique sur toile 120 x 110 cm

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Sans Titre, Diptyque, 2010 Acrylique sur toile 120 x 110 cm


Sans Titre, 2010 Acrylique sur toile 120 x 115 cm

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Sans Titre, 2010 Acrylique sur toile 120 x 115 cm


Sans Titre, 2010 Acrylique sur toile 120 x 115 cm

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Sans Titre, 2010 Acrylique sur toile 120 x 115 cm


Sans Titre, 2009 Acrylique sur toile 150 x 150 cm

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Sans Titre, 2009 Acrylique sur toile 150 x 150 cm


Sans Titre, 2009 Acrylique sur toile 150 x 150 cm

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Sans Titre, 2009 Acrylique sur toile 163 x 105 cm


Sans Titre, 2010 Acrylique sur toile 163 x 105 cm

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Sans Titre, 2010 Acrylique sur toile 170 x 150 cm


Sans Titre, 2010 Acrylique sur toile 170 x 150 cm

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Sans Titre, 2003 Sculpture en bois de noyer Hauteur: 200 cm

Sans Titre, 2004 Sculpture en inox Hauteur: 170 cm


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Mohamed Melehi né en 1936 à Assilah, Maroc vit et travaille à Marrakech.

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Il a commencé ses études d’art en1953 à l’Ecole des Beaux-Arts de Tétouan, et les a ensuite poursuivies aux Beaux-Arts de Séville, à l’Académie Santa Isabel de Hongrie (1955-1956), à l’Académie San Fernando de Madrid (1956-1957), et à l’Accademia di Belle Arti de Rome (1957-1960) En 1960, il intègre la section de gravure de l’Ecole Nationale des Beaux-Arts de Paris ; et en en 1962, il occupe le poste de maître-assistant à la Minneapolis School of Art, aux Etats-Unis. De 1962 à 1964, il vit et travaille à New York, où il bénéficie des bourses des très prestigieuses Rockefeller Foundation et Columbia University. De retour au Maroc, il enseigne de 1964 à 1969 la peinture, la sculpture et la photographie à l’Ecole des Beaux-Arts de Casablanca. Dans les années 1960, il collabore avec les poètes Abdellatif Laâbi et Mostafa Nissabouri à la création de la revue « Souffles ». En 1968, il réalise une sculpture monumentale pour les Jeux Olympiques de Mexico. En 1969, avec ses collègues professeurs de l’Ecole des Beaux-Arts de Casablanca, il organise l’exposition manifeste qui marquera définitivement l’histoire d el’art au Maroc dans l’espace ouvert de la Place Jamaâ El Fna à Marrakech. Il fonde en 1972 avec Toni Maraini, Tahar Benjelloun et Mostafa Nissabouri la revue artistique et littéraire « Intégral ». Il est au reste co-fondateur avec Mohammed Benaissa du Moussem Culturel d’Assilah (1978) et président de l’Association Marocaine des Arts Plastiques (AMAP). De 1985 à 1992, il occupe le poste de chef de Cabinet et Directeur des Arts au ministère de la Culture. De 1988 à 1992 il est commissaire du pavillon marocain à l’Exposition Universelle de Séville. De 1999 à 2002, il est conseiller culturel au ministère des Affaires Etrangères et de la coopération. En 2008, il est décoré par sa majesté Mohammed VI de l’ordre du Mérite. Parallèlement à son œuvre picturale, Mohamed Melehi a exécuté de nombreuses commandes associées à des architectes. Les premiers à l’avoir sollicité sont : A. Faraoui, P. de Maz ières et Zevaco. Il a également réfléchi au rôle de l’artiste dans l’espace urbain. Il est intervenu à l’étranger. Il a habillé les façades de bâtiments en France : le centre commercial de Rungis et l’agence ED à Paris. Artiste à la conscience contemporaine aigüe, il aspire à « tirer plus l’œuvre vers le concept que vers l’artisanat ».


Principales expositions individuelles 2009 : 2008 : 2007 : 2002 : 2002 : 1997 : 1996 : 1995 : 1986 : 1985 : 1984 : 1980 : 1975 : 1971 : 1968 : 1967 : 1965 : 1963 : 1962 : 1958 :

Fondation Niebla, Casavels, Catalogne, Espagne Galerie Linéart, Tanger, Maroc Galerie Linéart, Tanger, Maroc Galerie Bab Rouah, Rabat, Maroc Matisse Art Gallery, Marrakech, Maroc Rétrospective à la galerie Bab Rouah, Rabat Invité d’honneur à la Biennale Internationale de Sharjah, Emirats Arabes Unis Roshan Fine Arts Gallery, Jeddah, Arabie Saoudite Rétrospective à l’Institut du Monde Arabe, Paris, France Duke University Gallery, Durham, North Carolina, USA La Banque Mondiale, Washington D.C. USA Galerie AlifBa, Casablanca Melehi, Recent Paintings, The Bronx Museum of Arts, New York, USA Galerie Al Kasbah, 3ème Moussem culturel d’Assilah, Maroc Galerie Nadar, Casablanca, Maroc Galerie L’Atelier, Rabat, Maroc / Sultan Gallery, Kuwait Pecanins Gallery, Mexico City, Mexique Galerie du Livre, Casablanca, Maroc Galerie Bab Rouah, Rabat, Maroc Galerie Municipale, Casablanca, Maroc The Little Gallery, Minneapolis Institute of Arts, Minneapolis, USA Galerie Trastevere di Topazia Alliata, Rome, Italie The American library, Tanger, Maroc

Principales expositions collectives 2010 : 2009 : 2006 : 1989 : 1988 :

Sculptures, galerie Arcanes, Marrakech, Maroc Corps et Figure des Corps, Société Générale, Casablanca, Maroc Signes et paysages, galerie LOFT, Casablanca, Maroc Fondation Mohamed VI,Rabat, Maroc Cinquantième Biennale d’Alexandrie, Egypte Peintres marocains à Madrid, Centre Conde Duque, Madrid 29 peintres marocains au Caire, Le Caire, Egypte

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1987 : 1986 : 1981 : 1967 : 1966 : 1965 : 1964 : 1963 : 1962 : 1960 : 1958 :

Biennale de Sao Paolo, Brésil Journées culturelles marocaines au Portugal. Dix ans à L’Atelier, Galerie Bab Rouah, Rabat, Maroc Petits formats, Galerie Nadar, Casablanca, Maroc The world show, pavillon du Maroc, Foire internationale de Montréal, Canada Belkahia, Chebaa, Melehi, hall du Théâtre National Mohammed V, Rabat, Maroc Knoll international Gallery, Rome, Italie. The world show, Washington Square Gallery, New York, USA Hard edge and geometric painting and sculpture, The Museum of Modern Art, New York, USA Trois peintres abstraits, Bertha Schaefer Gallery, New York, USA The Formalists, The Washington Gallery of Modern Art, Washington D.C., USA Eight contemporary artists from Rome, The Minneapolis Institute of Arts, Minneapolis, USA 5 Künstler aus Rom, galerie Suzanne Bollag, Zurich, Allemagne Art contemporain italien, Institute of Design, Chicago, USA Biennale d’Alexandrie, Egypte Deux peintres marocains,Melehi et Gharbaoui, Centro italo-arabo, Rome, Italie

Collections

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Académie Royale, Rabat, Maroc Aéroport de Djeddah, Emirats Arabes Unis Aéroport de Riyad, Arabie Saoudite Attijariwafa Bank C.D.G, Rabat C.G.I, Rabat Centre d’Art Pecanins, Mexico, Mexique Chambre des Représentants du Maroc Collection Royale du Maroc Crédit Agricole du Maroc Duke University Hospital, Durham, USA Faculté de Médecine, Rabat, Maroc Hôtel des Almoravides, Marrakech, Maroc Institut du Monde Arabe, Paris, France Ministère de la Culture du Maroc Ministère des Affaires Etrangères du Maroc Mémorial Mohammed V, Assilah, Maroc

Moholy-Nagy Institute of Technology, Chicago, USA Musée d’Art Contemporain, Amman, Jordanie O.C.P., Casablanca, Maroc Prince Hassan Ben Hamad Al Thani, Qatar Princesse Alliata Salaparuta, Rome, Italie Roshan Fine Arts, Djeddah, Arabie Saoudite Royal Air Maroc Société Générale Trésorerie Générale du Maroc Union Carbide, New York, USA


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Ce catalogue est édité par Loft Art Gallery Casablanca, mai 2010

Textes du catalogue : Tahar Ben Jelloun Conception Graphique et Impression : Europrint

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13, rue Al Kaissi - Triangle d’Or - Casablanca - Maroc Tél : +212 (0) 522 94 47 65 - loftartgallery@yahoo.fr www.loftartgallery.net



‫املليحــــــــــي‬


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