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Le Nigeria lance sa propre monnaie numérique

La mise en œuvre de l’eNaira doit permettre d’accompagner la forte digitalisation de l’économie, amplifiée par la pandémie, sécuriser les échanges et contrer les cryptomonnaies, très prisées par les jeunes.

La Banque centrale du Nigeria (CBN) a lancé, le 25 octobre 2021, une monnaie numérique, l’eNaira. « Nous sommes devenus le premier pays d’Afrique, et l’un des premiers au monde, à avoir introduit une monnaie numérique pour nos citoyens », s’est félicité le président Muhammadu Buhari.

Émis par la CBN, l’eNaira est une version électronique du naira papier, de valeur égale, suivant le taux de change officiel et qui doit devenir un moyen de paiement « alternatif, sûr et efficace. » Les Nigérians peuvent se doter d’un portefeuille électronique en téléchargeant sur leur téléphone mobile l’application eNaira Speed Wallet. Godwin Emefiele, le gouverneur de la CBN, a relevé « un intérêt débordant et une réponse encourageante », ajoutant que 33 banques, 2 000 clients et 120 commerçants ont déjà adopté l’eNaira avec succès.

La première économie du continent devance ainsi le Ghana, qui teste depuis septembre l’eCedi, tandis que l’Afrique du Sud, le Maroc, la Tunisie, le Kenya ou Madagascar envisagent aussi de se doter d’une devise numérique. Dans le monde, « 80 % des banques centrales étudient le sujet, quand 10 % en sont au stade du projet pilote », recensait en 2020 une étude de la Banque des règlements internationaux (BRI).

Au Nigeria, il s’agit de soutenir l’économie et de pallier la chute de l’utilisation de l’argent liquide au profit des paiements en ligne, une tendance qui s’est accélérée avec la pandémie. Selon le spécialiste des paiements numériques WorldPay, le commerce électronique via mobile doit croître de 26 % dans les cinq prochaines années au Nigeria. Dans un pays qui se digitalise très vite, c’est aussi un moyen de lutter

contre les cryptomonnaies, très prisées des jeunes, qui permettent d’échapper à la dévalorisation continue du naira et facilitent les transferts d’argent. Selon une étude de 2020 du cabinet de recherche Statista, le Nigeria est le troisième utilisateur de monnaies virtuelles au monde, après les États-Unis et la Russie. Émises de façon décentralisée ou par des entreprises, échappant au contrôle des banques centrales, les cryptomonnaies sont proscrites dans le secteur bancaire depuis 2017 au Nigeria, où elles sont vues comme un vecteur de corruption, de blanchiment d’argent et de financement du terrorisme. On peut se doter d’un portefeuille électronique en téléchargeant À l’inverse, « l’eNaira sur son téléphone mobile l’application eNaira Speed Wallet. vise à faciliter les échanges en ligne », anticipe Muhammadu Buhari. La monnaie numérique « devrait amener de plus en plus de personnes et d’entreprises au sein du secteur formel, permettre le versement de prestations sociales directes et même d’augmenter l’assiette fiscale, et donc les recettes de l’État ». L’eNaira pourrait faire « croître l’économie de 29 milliards de dollars sur dix ans », prédit le chef de l’État. ■

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