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L’Afrique a (enfi n son plan pour le climat

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L’Afrique a (enfi n) un plan pour le climat

À la Cop26, les dirigeants du continent sont montés au créneau pour mobiliser la communauté internationale afin de financer le Programme d’accélération de l’adaptation. Soit 33 milliards de dollars à trouver par an.

Le sommet de la dernière chance. La Cop26, la conférence sur le changement climatique qui a regroupé 200 pays à Glasgow (Écosse), du 1er au 13 novembre 2021, n’a pas échappé au qualificatif d’ultime rendez-vous avant la catastrophe finale qui rendra improbable la présence humaine sur terre. Pour le secrétaire général de l’ONU, António Guterres, la Cop26 devait parvenir à éviter un « aller simple vers le désastre. »

Dans ce climat de fin du monde, les Africains étaient fermement décidés à faire valoir leurs droits. « Le temps des projets pilotes est terminé. Nous devons agir ensemble et vite. Le financement de l’adaptation qui est alloué à l’Afrique est nettement insuffisant par rapport aux énormes ressources dont le continent a besoin pour s’adapter au changement climatique. Nous ne pouvons plus attendre », a fustigé le président congolais Félix Tshisekedi, président en exercice de l’Union africaine (UA).

Une manière directe de peser sur l’un des enjeux de la Cop26 : inciter les États développés à tenir leur engagement, pris en 2015 dans le cadre de l’accord de Paris, de fournir aux pays en développement 100 milliards de dollars par an d’ici à 2020 pour financer leur adaptation climatique. Mais selon l’OCDE, seulement 79,6 milliards ont été mobilisés en 2019.

Or, l’heure est grave. Si l’Afrique ne génère que 3 % à 4 % des émissions de gaz à effet de serre de la planète, elle est en première ligne. Pendant que les chefs d’États discouraient à Glasgow, 1,3 million de personnes étaient en détresse alimentaire à Madagascar, confrontées à la première famine climatique, après quatre années sans pluie.

Et le pire est à venir. Selon le rapport du Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE) du 26 octobre 2021, la planète est « sur la voie d’une augmentation de la température de 2,7 °C d’ici la fin du siècle » et « pour maintenir le réchauffement de la planète en dessous de 1,5 °C au cours de ce siècle, l’objectif ambitieux de l’accord de Paris, le monde doit réduire de moitié les émissions annuelles de gaz à effet de serre au cours des huit prochaines années ».

Pour mieux être entendus, les pays africains ne sont pas arrivés en Écosse. les mains vides. Afin d’intensifier la lutte contre le changement climatique, la Banque africaine de développement (BAD) a annoncé en janvier dernier le lancement

Félix Tshisekedi et Boris Johnson à Glasgow, le 2 novembre 2021.

du Programme d’accélération de l’adaptation en Afrique (PAAA), avec l’appui du Centre mondial pour l’adaptation (GCA). Il doit mobiliser 25 milliards de dollars sur cinq ans en plus des 12,5 milliards de dollars déjà engagés par la BAD.

Le PAAA veut pousser l’utilisation des technologies numériques intelligentes pour contrer le dérèglement climatique dans l’agriculture et la sécurité alimentaire ; accélérer la résilience des infrastructures, soutenir les jeunes dans la création d’entreprises et d’emplois tournés vers l’adaptation au climat et la résilience et favoriser les financements innovants dans ces domaines. « Avec le programme, nous prévoyons de toucher 40 millions d’agriculteurs. Nous comptons les aider à produire 100 millions de tonnes de nourriture, ce qui sera suffisant pour nourrir 200 millions de personnes et réduire la faim de 80 % », a souligné Akinwumi Adesina, président de la BAD.

« Les partenaires du développement se cachent toujours derrière l’excuse qu’il n’y a pas de plan. Eh bien maintenant, il y a un plan », a lancé à Glasgow Patrick Verkooijen, président du GCA, qui chiffre à 33 milliards par an les besoins du continent.

Quant à Félix Tshisekedi, il a expliqué que ce programme « appartient à l’Afrique et est piloté par l’Afrique. Les nations africaines l’ont approuvé comme étant le mécanisme privilégié pour déployer le financement en faveur des projets d’adaptation ». Le président de l’UA a par ailleurs précisé que les pays du continent se sont engagés à apporter 6 milliards de dollars en soutien du PAAA et a appelé « le reste du monde à réunir les 27 milliards de dollars supplémentaires dont l’Afrique a besoin chaque année ». Il faudra attendre la COP27, qui aura lieu en Égypte en 2022, pour espérer avoir une réponse. ■

LES MOTS

« En Afrique subsaharienne, le changement climatique pourrait entraîner jusqu’à 3 % de baisse supplémentaire du produit intérieur brut d’ici à 2050. »

JOSEFA LEONEL CORREIA SACKO, COMMISSAIRE À L’ÉCONOMIE RURALE ET À L’AGRICULTURE DE LA COMMISSION DE L’UNION AFRICAINE

à

« En raison de l’absence, à ce jour, d’un réseau bancaire propre à notre pays, l’Algérie bénéfi cie peu des envois de fonds de notre communauté à l’étranger.

Il est devenu nécessaire de changer cette situation dès que possible. »

AÏMENE BENABDERRAHMANE, PREMIER MINISTRE ALGÉRIEN

« La dette publique sera maîtrisée et les techniques de fi nancement innovantes seront privilégiées. » ent

ALAMINE OUSMANE MEY, MINISTRE CAMEROUNAIS DE L’ÉCONOMIE, DE LA PLANIFICATION ET DE L’AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE

« Le Togo se digitalise à grands pas. Les pays africains se digitalisent à grands pas. C’est le moment pour nous de faire d différemment. Nous aimerions voir des data centers adossés à de l’énergie solaire. »

CINA LAWSON, MINISTRE TOGOLAISE DE L’ÉCONOMIE NUMÉRIQUE ET DE LA TRANSFORMATION DIGITALE

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