BUSINESS
L’Afrique a (enfin) un plan pour le climat À la Cop26, les dirigeants du continent sont montés au créneau pour mobiliser la communauté internationale afin de financer le Programme d’accélération de l’adaptation. Soit 33 milliards de dollars à trouver par an.
126
Or, l’heure est grave. Si l’Afrique ne génère que 3 % à 4 % des émissions de gaz à effet de serre de la planète, elle est en première ligne. Pendant que les chefs d’États discouraient à Glasgow, 1,3 million de personnes étaient en détresse alimentaire à Madagascar, confrontées à la première famine climatique, après quatre années sans pluie. Et le pire est à venir. Selon le rapport du Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE) du 26 octobre 2021, la planète est « sur la voie d’une augmentation de la température
de 2,7 °C d’ici la fin du siècle » et « pour maintenir le réchauffement de la planète en dessous de 1,5 °C au cours de ce siècle, l’objectif ambitieux de l’accord de Paris, le monde doit réduire de moitié les émissions annuelles de gaz à effet de serre au cours des huit prochaines années ». Pour mieux être entendus, les pays africains ne sont pas arrivés en Écosse. les mains vides. Afin d’intensifier la lutte contre le changement climatique, la Banque africaine de développement (BAD) a annoncé en janvier dernier le lancement
Félix Tshisekedi et Boris Johnson à Glasgow, le 2 novembre 2021.
ALBERTO PEZZALI/POOL VIA REUTERS
L
e sommet de la dernière chance. La Cop26, la conférence sur le changement climatique qui a regroupé 200 pays à Glasgow (Écosse), du 1er au 13 novembre 2021, n’a pas échappé au qualificatif d’ultime rendez-vous avant la catastrophe finale qui rendra improbable la présence humaine sur terre. Pour le secrétaire général de l’ONU, António Guterres, la Cop26 devait parvenir à éviter un « aller simple vers le désastre. » Dans ce climat de fin du monde, les Africains étaient fermement décidés à faire valoir leurs droits. « Le temps des projets pilotes est terminé. Nous devons agir ensemble et vite. Le financement de l’adaptation qui est alloué à l’Afrique est nettement insuffisant par rapport aux énormes ressources dont le continent a besoin pour s’adapter au changement climatique. Nous ne pouvons plus attendre », a fustigé le président congolais Félix Tshisekedi, président en exercice de l’Union africaine (UA). Une manière directe de peser sur l’un des enjeux de la Cop26 : inciter les États développés à tenir leur engagement, pris en 2015 dans le cadre de l’accord de Paris, de fournir aux pays en développement 100 milliards de dollars par an d’ici à 2020 pour financer leur adaptation climatique. Mais selon l’OCDE, seulement 79,6 milliards ont été mobilisés en 2019.
AFRIQUE MAGAZINE
I
423- 424 – DÉCEMBRE 2021-JANVIER 2022