3 minute read
La stratégie Nord
Plus que jamais, le développement économique et social des régions septentrionales s’intègre dans la problématique de sécurisation du pays.
par Francine Yao
Nialé Kaba, la ministre du Plan et du Développement, a planté le décor dans une présentation intitulée « Synthèse de la stratégie de développement des régions du septentrion ». C’était lors de l’assemblée générale constitutive du Grand Nord, le 12 novembre dernier, à Korhogo, dans le chef-lieu du district des Savanes. La ministre, députée de Bouna, a rappelé : « Le Grand Nord s’étend sur 164 861 km² et occupe 51,12 % de la superficie du territoire national, avec une population estimée à 4 106 735 millions d’habitants en 2014. Il est composé de 11 régions (Bafing, Bagoué, Béré, Bounkani, Folon, Gontougo, Hambol, Kabadougou, Poro, Tchologo et Worodougou). Cet espace comprend les régions les plus pauvres du pays, avec une faible densité de population au km², un faible développement humain et un niveau d’infrastructures socio-économiques insuffisant. »
L’économie de cette vaste zone est essentiellement articulée autour d’une agriculture de produits de rente (cajou, mangue, coton et canne à sucre) et de produits de subsistance, dont le riz, le maïs, le mil, l’igname, le manioc et l’arachide. À cela s’ajoutent les élevages de bovins, de porcins, d’ovins, de caprins, de volailles, ainsi que quelques activités halieutiques. Par ailleurs, ces régions renferment d’importantes ressources naturelles (cuivre, or, manganèse, nickel, bauxite, monazite, colombo-tantalite).
La Côte d’Ivoire, qui partage, au nord, plus de 1 000 kilomètres de frontière avec le Mali et le Burkina Faso, est désormais en alerte face à la contagion terroriste. La double attaque de Kafolo, à la frontière des deux pays, les 11 et 12 juin 2020, menée contre l’armée ivoirienne et ayant tué 14 soldats, a été attribuée aux terroristes. Cette situation rappelle, si besoin est, la nécessité pour l’État d’agir vite contre le terrorisme, notamment dans la région septentrionale, qui constitue une sorte de point névralgique que les djihadistes pourraient tenter d’utiliser et de radicaliser.
Korhogo, située à 635 km d’Abidjan, est la plus grande ville de la région.
Face au péril, la lutte contre le chômage des jeunes s’impose comme l’une des solutions. Dans ce sens, le Premier ministre Patrick Achi a procédé, le 22 janvier à Tougbo, dans la région du Bounkani, au lancement d’un programme d’appui à l’insertion de la jeunesse des zones frontalières du Nord. Ce programme spécial, dont le coût global est de plus de 8 milliards de francs CFA, permettra d’offrir des occasions de formation et d’insertion à 19 812 jeunes. Ainsi, 1 800 d’entre eux seront recrutés dans le programme Travaux à haute intensité de main-d’œuvre (THIMO), pour un coût de 1,035 milliard de francs CFA. Quelque 3 350 autres bénéficieront de formations qualifiantes complémentaires et d’apprentissage, pour un coût de 1,341 milliard de francs CFA. Le programme prévoit également que 6 362 jeunes bénéficient de financement d’activités génératrices de revenus et de micros et petites entreprises pour un coût de 4,070 milliards de francs CFA.
Des subventions seront octroyées à 8 000 jeunes à travers le Fonds d’appui aux acteurs du secteur informel (FASI), pour une enveloppe globale de 2 milliards de francs CFA. Le projet prévoit également que 300 jeunes volontaires communautaires soient missionnés et bénéficient d’une enveloppe globale d’un montant de 158 millions de francs CFA.
OPTIMISER LE POTENTIEL CONCURRENTIEL
Par ailleurs, le gouvernement a entrepris d’importants travaux de réalisation d’infrastructures socio-économiques de base, afin de permettre aux régions de cette zone d’optimiser leur potentiel concurrentiel. Ainsi, concernant notamment la filière anacarde, qui est devenue un produit de rente majeur pour les agriculteurs, des zones industrielles réservées à la transformation des noix de cajou sont en construction à Korhogo et Bondoukou.
Aussi, plusieurs voies importantes ont été et seront bitumées dans le nord du pays, afin de permettre aux agriculteurs d’écouler leurs produits. ■