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La carte électricité le facteur eau

Une ligne électrique reliant Anani à Bingerville.

L'accès à l'énergie et à l'eau potable représente une richesse commune.

par Francine Yao

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Le pays, qui a connu durant trois mois, en 2021, une brève crise énergétique, semble être revenu sur le bon chemin. Selon Côte d’Ivoire Énergies (CI-Énergies) – la société d’État chargée d’assurer le suivi de la gestion des mouvements d’énergie électrique ainsi que la réalisation des travaux de développement des réseaux électriques –, cette crise était due à la conjugaison de plusieurs faits imprévus, comme de multiples pannes successives survenues sur de grosses machines de production ou une saison sèche particulièrement rude qui a vidé de leur eau les barrages hydroélectriques. Pour faire face à cette situation, il a été rapidement mis en place un système de rationnement, consistant à approvisionner les clients en électricité de façon tournante.

Depuis la fin de ces restrictions, selon

Serge Ahoussou, directeur central de la planification et de l’ingénierie de CI-Énergies, il n’y a pas lieu de s’inquiéter, la crise est finie. « Le rationnement est derrière nous, et plus rien ne pourra contrarier la marche du pays vers son objectif de devenir un hub énergétique », a-t-il affirmé avec assurance. Le pays, qui a augmenté sa capacité de production de 60 % entre 2011 et 2019 (passant de 1 391 MW à 2 229 MW) ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. Plusieurs investissements sont prévus afin d'accroître ses capacités de production énergétique. Dans le cadre des mesures de renforcement de la résilience du système électrique, 240 MW seront installés sur la période 2021-2022 (avec une centrale de réserve et l’amélioration de la centrale Aggreko). Selon le directeur de la planification, Koissi Louis

Brou, sur la période 2021-2030, plusieurs

« Plus rien ne pourra contrarier la marche du pays vers son objectif :

devenir un hub énergétique. »

autres projets verront le jour pour renforcer la production d’énergie. La construction des barrages hydroélectriques de Singrobo (44 MW en 2023), et de Gribo-Popoli (112 MW en 2024) est prévue.

Concernant les producteurs indépendants de gaz, Koissi Louis Brou annonce l’extension de la centrale d’Azito 4 (253 MW en 2021-2022) et la construction de Ciprel 5 (390 MW en 2022-2023). S’agissant du solaire, il est prévu de construire une centrale à Boundiali (30 MW en 2022). Par ailleurs, trois centrales thermiques, une de biomasse et deux hydroélectriques sont d’autres projets en cours, qui s’achèveront d’ici à 2030.

Le volet distribution ne sera pas non plus en reste. Plusieurs projets sont en cours afin de favoriser l’accès à l’électricité dans tout le pays. « Ces projets ont pour but de sécuriser l’alimentation et d’améliorer la qualité du produit à Abidjan et à l’intérieur du pays à l’horizon 2030. Le centre de dispatching de Yamoussoukro est déjà opérationnel et a été inauguré le 25 février 2022 », souligne le directeur de la planification.

Quant à l’électrification rurale, les différentes initiatives aideront à faire passer le taux de couverture nationale à 100 % avant 2025. Dans cette optique, le Programme national d’extension de réseaux (PRONEX) sera mis en œuvre afin de densifier le réseau de distribution dans toutes les localités au bénéfice des populations et en soutien des activités socio-économiques. Ce programme vise les chefs-lieux de région, les chefs-lieux de département et les sous-préfectures dans sa première phase.

DES RÉALISATIONS IMPORTANTES EN DIX ANS

Le taux d’accès à l’électricité a explosé de 2011 à fin juin 2020. En 2011, 34 % de la population était raccordée au réseau ; ils sont près de 94 % aujourd’hui. Le nombre de clients bénéficiant du courant est passé de 1 111 533 en 2011 à 2 915 688 en 2020, soit une hausse de 162 %.

Autre fait majeur, dans le cadre de l’électrification, le taux de couverture national a plus que doublé de 2011 à 2020. Les statistiques indiquent que de 33,1 % fin 2011, ce taux de couverture est passé à 69 % fin 2019, pour se situer à 80 % en 2020. L’objectif étant d’atteindre 100 % d’ici à 2025. De plus, sur la période 2019-2020, ce sont 319 000 ménages qui ont bénéficié d’un nouveau branchement au réseau électrique, dans le cadre du programme électricité pour tous (PEPT). Environ 5,3 millions d’Ivoiriens en ont bénéficié entre 2014 et fin juin 2020, pour plus de 411 localités.

Sans oublier que les populations les plus vulnérables sont abonnées au tarif domestique social 5A. Elles profitent ainsi d’une réduction de 20 % du prix du kWh. Et à la fin du mois de juin 2020, environ 1 200 000 ménages (soit 7 millions de personnes) bénéficiaient de cette aide. Enfin, le taux moyen de coupure est passé de 47 heures en 2011 à 16,37 en 2020.

DES PROJETS AMBITIEUX

Depuis quelques années, l’État s’est engagé à améliorer les conditions de vie de sa population en lui fournissant de l’eau potable. Ainsi, en 2021, neuf châteaux d’eau ont été mis en service à l'intérieur du pays.

Le nombre de branchements sociaux subventionnés par le Fonds de développement de l’eau (FDE) est passé de 10 000 en 2009 à 128 964 en 2020. En 2021, un total de 105 000 branchements sociaux a été réalisé à Abidjan et sa périphérie, grâce au projet Amélioration des performances techniques et financières du secteur de l’eau potable (APTF), lancé le 8 mai 2020 par le ministre de l’Hydraulique Laurent Tchagba. D’un coût global de 47 milliards de francs CFA, entièrement financée par l’État, l’initiative a pour but de résoudre le problème du manque d’eau dans 155 quartiers et sous-quartiers du grand Abidjan, et de lutter contre la fraude sur le réseau.

Ce programme qui, à terme, touchera 1,6 million de personnes, permet aux ménages bénéficiaires d’avoir accès à l’eau potable à un coût de 10 000 FCFA,

au lieu de 167 000 FCFA, dans le cadre du programme « Eau pour tous ».

Par ailleurs, à l’intérieur du pays, ce sont 40 unités de production d’eau potable préfabriquées qui ont été mises en service dans 31 localités pour régler le problème de l’approvisionnement. Il s’agit, entre autres, des localités de Dabakala, Niakara, Tengrela, Boundiali, Daloa, Divo, Duékoué, Issia et Guiglo. D’un coût global de 42 milliards de francs CFA, le projet s’inscrit également dans le programme « Eau pour tous ».

Ces résultats ont permis à Alassane Ouattara, dans son message à l’occasion de la nouvelle année, de souligner que le gouvernement a donné l’accès à l’eau potable à des millions d’habitants : « Aujourd’hui, plus de 80 % des Ivoiriens vivant dans nos villes et plus de 70 % en zones rurales ont accès à l’eau potable », a-t-il indiqué. Il a ainsi réaffirmé sa volonté de poursuivre le renforcement de la desserte nationale en eau potable, autant dans les villes que dans les villages. ■

L'usine de traitement d'eau potable de La Mé, à 40 kilomètres au nord d'Abidjan.

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