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Gandoul et la connectivité Orange en Afrique
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Gandoul et la connectivité Orange en Afrique
Il y a cinquante ans, les communications par satellite sur le continent passaient par le Sénégal. C’est naturellement que ce pays accueille le portail d’accès vers une constellation satellitaire d’envergure, une avancée historique. par Emmanuelle Pontié
Ce 17 mai, journée internationale des télécommunications, la petite localité de Gandoul, située à 50 kilomètres à l’est de Dakar, est à la fête. Elle procède à une double cérémonie. Tout d’abord, la commémoration du cinquantenaire du site historique de la première station terrienne des télécommunications par satellite implantée en Afrique, inaugurée le 5 avril 1972 par le président Léopold Sédar Senghor, et qui a rendu possibles les premières communications par satellite au Sénégal et en Afrique. Un mémorial sera érigé autour du périmètre de l’ancienne grande antenne de 50 mètres de haut, qui pèse 350 tonnes. Le village de Gandoul bénéficiera aussi du Projet village de la fondation Sonatel, soutenu par les fondations Orange et Société européenne des satellites (SES), avec notamment la construction d’infrastructures de santé et d’éducation. L’ancien ministre d’État Alassane Dialy Ndiaye, premier Africain spécialisé dans les communications spatiales, ingénieur et chef du projet de construction de la station de Gandoul, a partagé ses souvenirs devant les applaudissements de l’assemblée réunie pour l’occasion. Mais la journée devait aussi marquer le lancement d’une nouvelle ère pour le téléport : le déploiement du premier gateway 03b mPower en Afrique, fruit d’un partenariat entre les sociétés Orange, SES et Sonatel. En plus clair : le Sénégal deviendra la porte d’entrée du continent pour une constellation initiale de 11 satellites de haute performance, mobiles et situés en moyenne orbite, à 8 000 kilomètres de la Terre. En accueillant l’une des huit stations de ce type existant dans le monde, le Sénégal garde sa position de leader dans le domaine. L’Afrique bénéficiera ainsi d’un accès facilité à des services de connectivité à des débits de plusieurs gigabits par seconde. Dans son discours, le ministre de l’Économie numérique et des Télécommunications, Yankhoba Diatara, a souligné, célébrant entre autres le thème de la 53e édition de la journée internationale des télécommunications, « l’amélioration de la vie des personnes âgées et de leurs familles par l’accessibilité et l’inclusivité numériques. […] L’enjeu est de faire en sorte qu’elles puissent avoir accès à ces technologies et d’éviter une fracture numérique qui ne les prendrait pas en compte. C’est un devoir pour nous, notre responsabilité morale, de tirer le
Christel Heydemann dirige le groupe Orange depuis le 4 avril. meilleur parti des possibilités offertes par la 5G, l’intelligence artificielle, l’Internet des objets, l’informatique en nuages, la santé numérique et d’autres technologies ». À la manœuvre, la société Nous française Orange a pour projet de se connecter aux investissons constellations satellites massivement afin de couvrir l’ensemble pour le mobile des zones blanches. et en faveur Avec une couverture mobile de 99 % de la du réseau fixe population sénégalaise entre les pays. et un service 4G offert à 90 % des habitants, elle lancera les premiers tests 5G cette année. Selon Jérôme Barré, CEO d’Orange Wholesale & International Networks : « Le trafic international
La fameuse antenne de Gandoul, érigée en 1972 sous Léopold Sédar Senghor. Haute de 50 mètres, elle pèse 350 tonnes. Ci-dessus, de gauche à droite (en costume) : Jérôme Barré, CEO d’Orange Wholesale & International Networks ; Jean-Luc Vuillemin, directeur des réseaux et des services internationaux d’Orange ; Sékou Dramé, DG de Sonatel ; et Yankhoba Diatara, ministre de l’Économie numérique et des Télécommunications.
en gigaoctets augmente de 35 % chaque année. Un groupe comme le nôtre a pour enjeu d’accompagner les besoins en connectivité de plus en plus forts que connaît l’Afrique. C’est pourquoi nous investissons massivement sur le continent, à hauteur de 1 milliard par an, pour le mobile, mais aussi en faveur du réseau fixe et de l’interconnectivité entre les pays, à travers trois axes. Tout d’abord, le câble sous-marin, afin d’accéder à des contenus éloignés, comme les géants du Web. L’Afrique doit être raccordée en sécurité, avec deux ou trois câbles, comme au Sénégal. Nous essayons ainsi de mailler tous les pays côtiers. En ce qui concerne le terrestre, le réseau Djoliba dessert huit États d’Afrique de l’Ouest : le Sénégal, le Ghana, le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, le Liberia, la Guinée, le Mali et le Nigeria. C’est le premier réseau totalement interconnecté, avec un seul interlocuteur, technique, commercial, etc. Et enfin, le satellite, qui est une solution de connexion directe. Nous pouvons y accéder avec un portable lambda. » Avec une triple solution de connectivité, enrichie par le nouveau téléport de Gandoul, qui devrait être opérationnel d’ici à la fin de cette année, l’Afrique devrait bénéficier d’une réelle amélioration de son accès aux communications et aux nouvelles technologies. Grâce, en partie, au rôle de pionnier historique du Sénégal. ■