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Kanazoé Orchestra GRIOT SPIRIT

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FAITES LA FÊTE !

FAITES LA FÊTE !

Toujours sous la houlette du Burkinabé Seydou Diabaté, cet EXALTANT ORCHESTRE enrichit son langage musical avec ce troisième album, qui marie tradition et modernité.

ALORS QU’IL SAVAIT à peine marcher, Seydou Diabaté, dit Kanazoé, était déjà musicien. En effet, il appartient « à l’ethnie griot des Samblas qui ont comme particularité de s'exprimer en jouant du balafon, explique-t-il. Ce langage musical est précisément compris par les membres de la communauté ». Après la disparition de son père, il part à la quête du monde, ce qui le mène jusqu’en France. C’est là qu’il lance le Kanazoé Orchestra, baptisé d’après son surnom, avec Madou Dembélé au balafon et au n’goni, Thomas Koenig au saxophone et à la flûte, Stéphane Perruchet aux percussions, Elvin Bironien à la basse et Laurent Planells à la batterie. Après deux disques remarqués, le groupe réinvente sa grammaire sonore avec l’arrivée de la chanteuse et rappeuse Gaëlle Blanchard, qui introduit l’anglais, le créole et le français sur des morceaux à l’origine majoritairement chantés en dioula, mais aussi en moré et en sambla.

« Nous avons voulu nous ouvrir, dans le but de toucher un public non initié à la musique africaine. » Mais pas de risque que Kanazoé oublie ses racines. En témoignent « Kassi » et « Folikadi » sur ce nouvel album, qui utilisent des gammes typiques des Samblas. « Hommage », lui, est dédié à son père, qui lui a appris le balafon : « C'est un instrumental, mais l’hommage en ici en toutes lettres. » L’esprit griot imprègne l’ensemble de ce disque généreux, solaire… mais qui assume également ses parts d’ombre : « Le rôle du griot est multiple, il s'agit de connaître l'histoire, les familles, de régler les conflits, de transmettre une sorte de sagesse et de connaissance, et d'améliorer la vie de la société. Les prises de position de “Kassi” au sujet de la condition des femmes, de “Ma Kalan” par rapport aux responsabilités des jeunes Africains venus en France pour étudier, ou encore de “Hero”, chanté en anglais, qui parle d'un enfant inquiet pour le monde dans lequel il devra vivre, vont dans ce sens. » Quant au titre de l’opus, c’est en référence au « cri du cœur » de son chanteur, à la suite des confinements de 2020. « Être artiste, c'est se mettre à nu et donner aux autres un concentré de soi-même, une émotion pure transmise en musique. En échange, on reçoit l'émotion et l'énergie du public. Sans concerts, les artistes perdent leur équilibre émotionnel… “Folikadi” signifie littéralement “Jouer nous fait du bien”. La musique comme les paroles sont une invitation à la fête : quand on l'entend, on ne peut pas s'asseoir tant qu'on n'a pas dansé ! » Alors, dansons ! ■ Sophie Rosemont

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