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Oumy Bruni

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FAITES LA FÊTE !

FAITES LA FÊTE !

Garrel LE GRAND ÉCART

Pour son premier grand rôle au cinéma, à 14 ans, la JEUNE ACTRICE CRÈVE L’ÉCRAN ! Née au Sénégal, fille adoptive de deux grands noms du cinéma d’auteur français, les comédiens et cinéastes Valeria Bruni Tedeschi et Louis Garrel, elle incarne avec aplomb dans Neneh superstar une fillette noire qui veut conquérir le monde très formaté de la danse classique…

AM : Qui est Neneh ?

Oumy Bruni Garrel : C’est une petite fille de 12 ans qui habite en banlieue et veut rentrer à l’Opéra de Paris, parce que c’est son plus grand rêve. Sauf que là-bas, les Noirs et les Arabes, jamais de la vie on va en voir ! Mais elle y rentre, et genre c’est incroyable, sauf qu’elle est en conflit avec une prof qui est super méchante avec elle, et on ne sait pas pourquoi elle déteste Neneh. Je fais de la danse tous les jours, je suis en sport-étude de danse, et je me suis bien vue dans cette petite fille. Mais il n’y a pas que de la danse classique dans le film, il y a aussi du hip-hop. Et ça montre que c’est difficile, qu’il y a plein de choses qui sont dures pour les danseuses. Est-ce que tu as rencontré les mêmes problèmes qu’elle ?

Pas aussi fort, mais oui, bien sûr, parce que je suis noire, et qu’en France, les danseuses classiques noires, c’est vraiment hyper rare, parce que c’est un « monde de Blancs ». Par exemple, dans mon cours de danse classique, je suis la seule personne noire, alors que ce n’est pas le cas en hip-hop. Au départ, pour moi, c’était comme pour toutes les petites filles : les mères qui les poussent à aller à la danse, sauf que normalement, elles arrêtent au bout de cinq ans, et moi j’ai continué ! À un moment, Neneh dit : « J’en ai marre d’être noire, je voudrais être blanche comme tout le monde »…

C’est sûr que je l’ai déjà dit dans ma vie, parce que… c’est chiant, on est la seule Noire, on se sent de trop ! Heureusement, j’ai la chance d’être dans une école qui est super ouverte, qui accueille tous les physiques, toutes les couleurs, pas comme l’Opéra. D'ailleurs, je ne veux pas du tout faire l'Opéra ! Par exemple, cette année, je vais tenter le Conservatoire national de Paris en danse contemporaine, parce que j’ai envie de changer du classique, et aussi parce que c’est plus ouvert. Quels rapports entretiens-tu avec ton pays d’origine ?

Je suis née au Sénégal, mais je n’y suis retournée que deux fois, j’en suis partie à l’âge de 4 mois, j’étais toute petite !

C’est assez loin pour moi, mais j’adore Dakar, ma ville natale. Et j’y retourne pour Noël cette année pendant quelques jours.

As-tu l’habitude des plateaux de cinéma, grâce à tes parents ?

Je les ai parfois suivis sur des tournages, mais ça ne m’a pas donné envie d’être actrice. Du coup, faire un film, c’est marrant, mais c’est pas du tout pour faire comme eux. Et j’ai fait ça de mon côté, pas avec eux. Je ne veux pas être danseuse non plus d’ailleurs, j’aimerais être avocate à l’ONU, donc vraiment rien à voir ! Dans la société, il y a beaucoup de choses qui m’énervent, comme le racisme, l’homophobie… On va dire que c’est basique, mais non, c’est pas du tout basique, je le vois tous les jours encore maintenant. ■ Propos recueillis par Jean-Marie Chazeau

NENEH SUPERSTAR (France), de Ramzi Ben Sliman. Avec Maïwenn, Aïssa Maïga, Steve Tientcheu. En salles.

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